“Dignitatis Humanæ”
De plus en plus
l’homme désire agir “en vertu de ses propres options et en toute
responsabilité... guidé par la conscience de son devoir.” Il
souhaite également “que soit juridiquement délimité l’exercice de
l’autorité des pouvoirs publics.... Cette exigence de liberté dans la
société humaine regarde principalement ce qui est l’apanage de l’esprit
humain, et au premier chef, ce qui concerne le libre exercice de la
religion dans la société.
Le Concile déclare
que Dieu a Lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle,
en Le servant, les hommes peuvent obtenir le salut dans le Christ et
parvenir à la béatitude. Cette unique vraie religion, nous croyons
qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique à qui le
Seigneur Jésus a confié le mandat de la faire connaître à tous les
hommes lorsqu’il dit aux apôtres: allez donc, de toutes les nations
faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit, et en leur apprenant à observer tout ce que je vous ai
prescrit.”
La vérité ne
s’impose que par la force de la vérité qui “pénètre l’esprit avec
autant de douceur que de puissance.” La liberté religieuse
revendiquée par les hommes concerne d’abord l’absence de toute
contrainte de la part de la société civile et garantit les droits
inviolables de la personne humaine... (1)
Fondement de la
liberté religieuse
Le concile
“déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse.”
Il est important que personne ne soit forcé d’agir contre sa conscience
en matière religieuse, car c’est par la médiation de sa conscience que
l’homme perçoit les injonctions de la loi divine. “Le droit à la
liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne
humaine.” Ce droit qui doit être reconnu constitue un droit civil.
“Les hommes sont tenus à adhérer à la vérité dès qu’ils la
connaissent et à régler toute leur vie selon les exigences de cette
vérité. Or, à cette obligation les hommes ne peuvent satisfaire, d’une
manière conforme à leur propre nature, que s’ils jouissent, outre la
liberté psychologique, de l’immunité à l’égard de toute contrainte
extérieure.” (2)
Les hommes ont
aussi le devoir, donc le droit, de chercher la vérité en matière
religieuse, mais, pour les catholiques,“la vérité doit être cherchée
avec l’aide du magistère, c’est-à-dire de l’enseignement, de l’échange
et du dialogue...” C’est d’ailleurs aux pouvoirs civils d’assumer
la protection de la liberté religieuse par des lois justes et tous
autres moyens appropriés.(6)
L’homme ne doit
pas être contraint à agir contre sa conscience. “C’est donc faire
injure à la personne humaine et à l’ordre même établi par Dieu pour les
êtres humains que de refuser à l’homme le libre exercice de la
religion... dès lors que l’ordre public est sauvegardé... Le
pouvoir civil dépasse ses limites s’il s’arroge le droit de diriger ou
d’empêcher les actes religieux. (3) Il n’est pas permis au
pouvoir public... d’imposer aux citoyens la profession ou le rejet de
quelque religion que ce soit, ou d’empêcher quelqu’un d’entrer dans une
communauté religieuse ou de la quitter... À fortiori est-ce agir contre
la volonté de Dieu... que d’employer... la force pour détruire la
religion ou lui faire obstacle.” (6)
Ce qui est valable
pour les individus l’est également pour les groupes religieux, dès lors
que les exigences de l’ordre public ne sont pas violées. “Et dans les
pratiques religieuses, on doit toujours s’abstenir de toute forme
d’agissements ayant un relent de coercition, de persuasions
malhonnêtes...” (4)
“Chaque famille a
le droit d’organiser librement la vie religieuse du foyer sous la
direction des parents... C’est pourquoi le pouvoir civil doit
reconnaître aux parents le droit de choisir en toute réelle liberté, les
écoles et autres moyens d’éducation.”
(5)
Limites de la
liberté religieuse
L’usage de la
liberté religieuse est soumis à certaines règles qui la tempèrent. La
loi morale exige que les individus ou les groupes tiennent compte des
droits d’autrui, des devoirs qu’ils ont envers les autres, et du bien
commun. C’est surtout au pouvoir civil qu’il revient d’assurer la
protection de tous et de chacun.(7)
“De nos jours
l’homme est exposé à toutes sortes de pressions et court le risque
d’être frustré de son libre jugement personnel. Mais nombreux sont,
d’autre part, ceux qui, sous prétexte de liberté, rejettent toute
sujétion et font peu de cas de l’obéissance requise. C’est pourquoi ce
Concile du Vatican s’adresse à tous, mais particulièrement à ceux qui
ont mission d’éduquer les autres, pour les exhorter à s’employer à
former des hommes qui, dans la soumission à l’ordre moral, sachent obéir
à l’autorité légitime...”
(8)
La liberté
religieuse à la lumière de la révélation
La doctrine de la
liberté religieuse prend ses racines dans la révélation divine. En
effet, “la révélation découvre dans toute son ampleur la dignité de
la personne humaine, elle montre en quel respect le Christ a tenu la
liberté de l’homme dans l’accomplissement de son devoir de croire à la
Parole de Dieu.” (9)
Tout
d’abord, la liberté de l’acte de foi
“La réponse de foi
donnée par l’homme à Dieu doit être volontaire... En matière religieuse
toute espèce de contrainte doit être exclue.”
(10) Certes Dieu
appelle chaque homme à Le servir mais ne le contraint pas. “Le Christ
notre Maître et Seigneur, doux et humble de cœur, a, dans la patience,
attiré et invité les disciples. Certes, il a appuyé sa prédication et il
l’a confirmée par des miracles, mais c’était pour susciter et fortifier
la foi de ses auditeurs, non pour exercer sur eux une contrainte...
Reconnaissant que de l’ivraie avait été semée avec le froment, il
ordonna lui-même de les laisser croître l’une et l’autre jusqu’à la
moisson, qui aura lieu à la fin des temps.”
Jésus, le parfait
Serviteur ne brise pas le roseau froissé et n’éteint pas la mèche qui
fume encore. Son Royaume n’est pas de ce monde, c’est seulement par
l’amour que Jésus, élévé sur la croix, attire à Lui tous les hommes.”Plus
tard les apôtres s’employèrent à amener les hommes à confesser le
Christ, mais avant tout par la puissance de la Parole de Dieu.” Ils
annonçaient le dessein de Dieu qui veut que tous les hommes soient
sauvés, mais tout en respectant les faibles. “en rejetant toutes les
armes charnelles, suivant l’exemple de douceur et de modestie donnée par
le Christ... Mais en même temps ils ne craignaient pas de s’opposer au
pouvoir public qui s’opposait lui-même à la volonté de Dieu: il faut
obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.” (11)
L’Église suit la
voie qu’ont suivie le Christ et les apôtres, reconnait le principe de la
liberté religieuse et elle “a toujours enseigné que personne ne peut
être amené par contrainte à la foi.” (12) Et pour elle-même,
l’Église revendique la même liberté. “La liberté de l’Église est un
principe fondamental dans les relations de l’Église avec les pouvoirs
civils et tout l’ordre civil.” L’Église revendique cette liberté au
titre d’autorité spirituelle. “Là où existe un régime de liberté
religieuse... là se trouvent fermement assurées à l’Église les
conditions, de droit et de fait, de l’indépendance nécessaire à
l’accomplissement de sa divine mission” (13)
L’Église est
maîtresse de vérité; sa fonction est d’enseigner la Vérité qui est le
Christ. D’où le conseil du Concile: “Que les chrétiens donc se
comportent avec sagesse à l’endroit de ceux du dehors, qu’ils
s’efforcent dans l’Esprit-Saint, avec une charité sans feinte, dans la
parole de vérité, de répandre la lumière de vie en toute assurance et
courage apostolique, jusqu’à l’effusion de leur sang.” Mais la
charité du Christ leur demande d’agir avec amour, prudence et patience
envers ceux qui sont dans l’erreur ou dans l’ignorance. (14)
En conclusion le
décret regrette qu’il y ait dans le monde trop de régimes qui ne
respectent pas la liberté religieuse bien que celle-ci soit inscrite
dans leurs constitutions. (15)
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