“Unitatis
Redintegratio”
L’un des buts
essentiels que s’était fixés le Concile Vatican II c’est la restauration
de l’unité entre tous les chrétiens. Le Christ n’a institué qu’une seule
Église, mais, au cours des temps, certaines Communions chrétiennes ont
adopté des chemins différents. “Une telle division s’oppose
ouvertement à la volonté du Christ; elle est pour le monde un objet de
scandale.” Aussi le Saint-Esprit soufflant un esprit de repentir et
un désir d’union a-t-il fait naître le mouvement œcuménique. “C’est
pourquoi le Concile... après avoir déclaré la doctrine relative à
l’Église,... veut proposer à tous les catholiques les secours, les
orientations et les moyens qui leur permettront à eux-mêmes de répondre
à cet appel divin.” (1)
Les principes
catholiques de l’œcuménisme
Avant de s’offrir
au Père comme victime immaculée sur l’autel de la Croix, le Christ Lui
adressa cette prière pour tous ceux qui croiraient en lui. “Que tous
soient un comme Toi, Père, Tu es en Moi et Moi en Toi; qu’eux aussi
soient un en nous afin que le monde sache que Tu M’as envoyé.” C’est
alors que Jésus institua le sacrement de l’Eucharistie qui “ exprime
et réalise l’unité de l’Église... Il n’y a qu’un corps et qu’un Esprit,
comme il n’y a qu’une seule espérance... Un seul Seigneur, une seule
foi, un seul Baptême... Baptisés dans le Christ, vous ne faites qu’un
dans le Christ Jésus.”
Pour établir son
Église, l’enseigner, la sanctifier, le Christ la confia à ses apôtres et
choisit Pierre sur lequel Il l’édifia et lui confia toutes ses brebis.
Jésus veut que l’Église soit l’unique troupeau de Dieu. “De ce
mystère sacré, le modèle suprême et le principe sont l’unité dans la
Trinité des Personnes, d’un seul Dieu Père, Fils et Esprit-Saint.”
(2)
Dès l’origine, des
scissions se manifestèrent, nées de la faute de personnes individuelles
ou des communautés. Elles furent généralement réprouvées avec vigueur
par l’Apôtre, comme condamnables. Mais les chrétiens qui naissent
aujourd’hui dans des communautés séparées, ne peuvent être tenus
responsables de ces divisions et L’Église catholique les entoure de
respect. Cependant les dissensions parfois graves sont un obstacle à la
pleine communion ecclésiale.
C’est le rôle du
Mouvement œcuménique d’essayer de surmonter les obstacles. Malgré des
éléments positifs et de valeur réelle chez nos frères séparés, “leurs
Églises ne jouissent pas de l’unité que le Christ a voulu dispenser à
tous ceux qu’Il a régénérés et vivifiés pour former un seul corps en vue
d’une vie nouvelle.” Et, affirme le Concile, c’est “par la seule
Église catholique du Christ que peut s’obtenir toute la plénitude des
moyens de salut. Car c’est au seul collège apostolique, dont Pierre est
le chef, que furent confiées, selon notre foi, toutes les richesses de
la Nouvelle Alliance, afin de constituer sur la terre un seul Corps du
Christ.” (3)
Aujourd’hui, on
constate que le Saint Esprit souffle en diverses parties du monde.
“Le Concile exhorte tous les fidèles catholiques à reconnaître les
signes des temps et à prendre une part active à l’effort œcuménique.”
Il est souhaitable
qu’un dialogue s’instaure entre les diverses communautés afin que naisse
une estime plus juste. “On peut aussi, à l’occasion, se réunir pour
une prière unanime.” Peu à peu, les obstacles seront surmontés et
tous les chrétiens pourront ”se trouver rassemblés dans une
célébration eucharistique unique, dans l’unité d’une seule et unique
Église.“
Cependant, chacun,
au sein de l’Église “doit conserver la liberté voulue, soit dans les
formes diverses de la vie spirituelle et de la discipline, soit dans la
variété des rites liturgiques... Il faut en tout cultiver la charité.”
Le décret insiste
sur la nécessité, pour les catholiques, de reconnaître les valeurs
réellement chrétiennes de nos frères séparés. (4)
Les moyens de
l’œcuménisme
On doit
reconnaître que les membres de l’Église catholique n’ont pas toujours
été fidèles à leur vocation. Aussi sont-ils appelés à une réforme
permanente de leurs manières d’agir.(6) Il faut sans cesse se rappeler
“qu’il n’y a pas de véritable œcuménisme sans conversion intérieure.
En effet, c’est du renouveau de l’âme, du renoncement à soi-même et
d’une libre effusion de charité, que partent et mûrissent les désirs de
l’unité... Par une humble prière, nous devons demander pardon à Dieu et
aux frères séparés, de même que nous pardonnons à ceux qui nous ont
offensés.” L’union des chrétiens ne se réalisera que dans la mesure
où ils vivront toujours mieux les valeurs de l’Évangile.(7) La prière en
commun est souhaitable, mais selon les instructions de l’autorité
épiscopale.(8)
Des études
sérieuses et objectives sont indispensables pour connaître l’état
d’esprit de nos frères séparés ainsi que leur théologie. Car pour
traiter de questions théologiques, il faut vraiment être compétent.(9)
Aussi faut-il que les pasteurs et les prêtres soient correctement
formés, “car c’est de la formation des prêtres que dépendent surtout
la nécessaire éducation et la formation spirituelle des fidèles et des
religieux.” (10)”Il faut absolument exposer clairement la
doctrine intégrale... Dans le dialogue œcuménique, les théologiens
catholiques... doivent procéder en conduisant leurs recherches sur les
divins mystères, en union avec les frères séparés, dans l’amour de la
vérité, la charité et l’humilité.” (11)
Tous les hommes
sans exception sont appelés, de nos jours, à l’œuvre commune de
l’œcuménisme. C’est pourquoi la collaboration de tous les chrétiens, à
cause du nom du Christ en qui ils croient, exprime déjà l’union existant
entre eux, révélant ainsi le visage du Christ. (12)
Pratiquement
Il existe deux
sortes de scissions qui ont détruit l’unité de l’Église:
― les
ruptures avec l’Église orientale: contestation de formules dogmatiques,
ruptures entre les Patriarches et le siège romain.
― divers
événements qui ont constitué ce que l’on a appelé la Réforme.
D’où certaines
règles de prudence (13 et 14)
Considérations
relatives aux églises orientales
“Il ne faut pas
oublier que les Églises d’Orient possèdent depuis l’origine un trésor
auquel l’Église d’Occident a puisé beaucoup d’éléments de la liturgie,
de la tradition spirituelle et du droit... Les dogmes fondamentaux de la
foi chrétienne sur la Trinité, sur le Verbe de Dieu qui a pris chair de
la Vierge Marie, ont été définis dans des Conciles œcuméniques tenus en
Orient.”
(14)
En Orient, la
liturgie, et surtout l’Eucharistie, est source de vie pour l’Église. Par
elle, les fidèles unis à leurs évêques, trouvent accès auprès de Dieu,
“entrent en communion avec la Très Sainte Trinité, et deviennent
participants de la nature divine.” Dans ce culte liturgique, Marie,
proclamée Mère de Dieu par le Concile d’Éphèse, détient une place
importante et est célébrée avec faste.
Il convient de
noter que le rapprochement avec les Églises orientales est chaudement
recommandé, d’une part en raison du fait que leurs sacrements de l’Ordre
et de l’Eucharistie sont valides, et d’autre part à cause des richesses
spirituelles du monachisme qui se sont largement répandues en Orient
d’abord, puis en Occident.(15)
“Il n’est pas du
tout contraire à l’unité de l’Église qu’il y ait diversité de mœurs et
de coutumes... Aussi, pour enlever tous les doutes possibles, le Concile
déclare-t-il que les Églises d’Orient, conscientes de la nécessaire
unité de toute l’Église, ont le pouvoir de se régir selon leurs propres
lois plus conformes au caractère de leurs fidèles et plus aptes à
promouvoir le bien des âmes. L’observance de ce principe traditionnel
est une des conditions préalables absolument nécessaires pour rétablir
l’union.”
(16)
En ce qui concerne
les questions doctrinales, il faut reconnaître “que les diverses
formules théologiques sont souvent plus complémentaires qu’opposées...
Et les traditions authentiques des Orientaux sont enracinées de façon
excellente dans la Sainte Écriture.”(17)
Considérations
relatives aux Églises occidentales séparées
Du fait de leurs
origines, il existe entre les Églises séparées et l’Église Catholique
des différences considérables, non seulement de caractère historique
mais également en ce qui concerne l’interprétation de la vérité révélée.
“Quelques points, cependant, peuvent et doivent servir de base et
de point de départ au dialogue œcuménique.” (19)
Il faut citer tout
particulièrement:
― La
foi au Christ (20)
Jésus-Christ est
reconnu comme Dieu et Seigneur, unique Médiateur entre Dieu et les
hommes, pour la gloire du seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Mais
des différences importantes existent concernant le Christ, Verbe
incarné, l’œuvre de la Rédemption, le ministère de l’Église et le rôle
de la Vierge Marie dans l’œuvre du salut.
― L’interprétation
de l’Écriture (21)
“Si les Chrétiens
séparés de nous affirment l’autorité divine des Saints livres, ils ont
une opinion différente de la nôtre au sujet de la relation entre
Écritures et Église.”
Chez les
catholiques, l’interprétation authentique des Écritures relève du seul
magistère.
― La
vie sacramentelle (22)
Le Baptême est le
seul lien sacramentel entre les communautés réformées et l’Église
catholique. L’absence du Sacrement de l’ordre dans les communautés
ecclésiales séparées fait “qu’elles n’ont pas conservé toute la
réalité propre du Mystère Eucharistique... Il faut donc que la doctrine
sur la Cène du Seigneur, les autres sacrements, le culte et les
ministères de l’Église, fassent l’objet du dialogue.”
― La
vie dans le Christ (23)
“La vie chrétienne
des frères séparés se nourrit de la foi au Christ. Elle bénéficie de la
grâce du Baptême et de la prédication de la Parole de Dieu... À cela
s’ajoute un sens très vif de la justice et une sincère charité à l’égard
du prochain.”
“Le Concile
déclare avoir conscience que ce projet sacré: la réconciliation de tous
les Chrétiens dans l’unité d’une seule et unique Église du Christ
dépasse les forces et les capacités humaines. C’est pourquoi il met
entièrement son espoir dans la prière du Christ pour l’Église, dans
l’amour du Père à notre égard, et dans la puissance du Saint-Esprit.”
(24)
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