“Perfectæ
caritatis”
Dès l’origine de l’Église, il y eut des
hommes et des femmes qui voulurent vivre les conseils évangéliques, pour
suivre et imiter le Christ. Certains vécurent dans la solitude, d’autres
fondèrent des familles religieuses approuvées par l’Église. Tous
contribuèrent à enrichir l’Église et à l’embellir des dons de ses
enfants. Tous ceux que Dieu appelle à la pratique des conseils
évangéliques et en font profession se vouent au Seigneur en suivant le
Fils, Christ chaste, pauvre et obéissant “Ils vivent toujours
davantage pour le Christ et pour son Corps qui est l’Église.” (1)
Ce qui est statué par le Concile concerne
les Instituts religieux, les Sociétés de vie commune sans vœux, et les
Instituts séculiers.
Les principes de la rénovation sont le
retour continu aux sources de toute vie chrétienne ainsi qu’à
l’inspiration originelle des Instituts et la correspondance de ceux-ci
aux conditions nouvelles d’existence.(2)
— Norme
ultime et règle suprême: suivre le Christ.
— Pour
le bien de l’Église: maintenir fidèlement l’esprit des fondateurs et les
saines traditions qui constituent le patrimoine de chaque Institut et
communier à la vie de l’Église.
— Brûler
de zèle apostolique pour porter les secours nécessaires aux hommes
d’aujourd’hui.
“Il faut bien voir que les meilleures
adaptations aux exigences de notre temps ne produiront leur effet
qu’animées par une rénovation spirituelle.”
(2)
Les critères de la rénovation
L’organisation de la vie, de la prière et
de l’activité doit être adaptée aux conditions physiques et psychiques
des religieux et aux besoins de l’apostolat.
“Une rénovation efficace et une juste
adaptation ne peuvent s’obtenir qu’avec le concours de tous les membres
de l’Institut.” (3) Toutefois,
les membres de tout Institut se rappelleront qu’ils ne vivent plus que
pour Dieu seul, qu’ils ont dédié leur vie entièrement à son service,
qu’ils ont renoncé au monde, et qu’ils sont morts au péché. Comme cette
donation d’eux-mêmes a été acceptée par l’Église, ils sont également
liés à son service.
“C’est pourquoi il faut que les membres de
tout institut ne cherchant avant tout que Dieu seul, unissent la
contemplation par laquelle ils adhèrent à Lui de cœur et d’esprit, et
l’amour apostolique qui s’efforce de s’associer à l’œuvre de la
Rédemption et d’étendre le Royaume de Dieu.”
(5)
Les religieux doivent donc aimer Dieu
avant tout, Lui qui nous a aimés le premier. Ils “cultiveront...
l’esprit d’oraison et l’oraison elle-même...” Ils liront chaque jour
la Sainte Écriture et “célébreront la sainte Liturgie, surtout le
Mystère de la Très Sainte Eucharistie, priant selon l’esprit de
l’Église, du cœur et des lèvres, et ils alimenteront leur vie
spirituelle à cette source inépuisable.” (6)
Les Instituts de vie
apostolique
Ils sont très nombreux dans l’Église. Dans
ces Instituts, à la nature même de la vie religieuse, appartient
l’action apostolique et bienfaisante qui leur est confiée par l’Église
pour être exercée en son nom. “C’est pourquoi toute la vie religieuse
de leurs membres doit être pénétrée d’esprit apostolique... animée par
l’esprit religieux... Il faut que leur activité apostolique dérive de
leur union intime avec Dieu.“ Il faut que, dans les différents
instituts, “la vie des religieux au service du Christ soit soutenue
par les moyens qui leur sont propres et qui leur conviennent.”(8)
La vie religieuse
laïque
Cette vie constitue un état complet de la
profession des conseils évangéliques. Elle est particulièrement utile à
la charge pastorale de l’Église, dans l’éducation, le soin des malades,
etc... et le Concile, qui la tient en grande considération, exhorte ses
membres à adapter leur vie aux exigences du monde actuel.(10)
Les Instituts
séculiers
Ces Instituts ne sont pas des Instituts
religieux, mais ils comportent cependant une vraie profession des
conseils évangéliques dans le monde. Ils sont reconnus par l’Église, et
leurs membres, qui se donnent totalement à Dieu par leur consécration,
doivent tendre à la charité parfaite.“Qu’ils sachent bien cependant
qu’ils ne pourront accomplir cette tâche que s’ils reçoivent une solide
formation dans les choses divines et humaines afin d’être, dans le
monde, un levain pour la vigueur et l’accroissement du Corps du Christ.
Que les supérieurs veillent donc sérieusement à ce qu’une formation
surtout spirituelle leur soit donnée et se poursuive ultérieurement.”
(11)
La chasteté
La chasteté pour le Royaume de Dieu évoque
l’union par laquelle l’Église a le Christ comme unique Époux. La
chasteté “dont les religieux font profession doit être regardée comme
un grand don de la grâce. Elle libère le cœur de l’homme pour qu’il
brûle de l’amour de Dieu et de tous les hommes... C’est un moyen très
efficace pour le religieux de se consacrer sans réserve au service divin
et aux œuvres de l’apostolat.” Pour rester fidèles à leur
profession, les religieux doivent, entre autres choses, “ ne pas
présumer de leur forces, pratiquer la mortification et la garde des
sens... et il repousseront tout ce qui peut mettre en péril la
chasteté.” Ne seront admis à la profession de la chasteté que ceux
ayant la maturité psychologique et affective nécessaire.(12)
La pauvreté
“La pauvreté volontaire, en vue de suivre
le Christ... doit être pratiquée soigneusement par les religieux et
même, au besoin, s’exprimer sous des formes nouvelles... Il ne suffit
pas seulement de dépendre des supérieurs dans l’usage des biens, mais il
faut que les religieux soient pauvres effectivement et en esprit, ayant
leur trésor dans le ciel.”
Le travail est fortement recommandé aux
religieux pour qu’ils puissent se procurer le nécessaire à l’entretien
personnel et aux œuvres, mais ils doivent rejeter tout souci excessif,
et se confier à la Providence du Père des cieux. D’une manière générale
“il faut éviter tout luxe, tout gain immodéré ou cumul de biens.”
(13)
L’obéissance
À l’exemple du Christ qui “est venu
pour faire la volonté du Père”, les religieux font, par leur
profession, l’offrande totale de leur propre volonté comme sacrifice
d’eux-mêmes à Dieu. “Sous la motion de l’Esprit-Saint, ils se
soumettent dans la foi à leurs supérieurs, représentants de Dieu... Loin
de diminuer la dignité de la personne humaine, l’obéissance religieuse
la conduit à la maturité en faisant grandir la liberté des enfants de
Dieu.
Les supérieurs responsables exerceront
l’autorité dans un esprit de service pour leurs frères.”
(14)
La vie commune
La vie commune doit conduire “à
persévérer dans la prière et la communion d’un même esprit, nourrie de
la doctrine évangélique, de la Sainte Liturgie et surtout de
l’Eucharistie... Membres du Christ, les religieux se préviendront
d’égards mutuels, dans une vie de fraternité, portant les fardeaux les
uns des autres,... car la charité est la plénitude de la loi et le lien
de la perfection.” (15)
L’habit religieux
L’habit religieux est le signe de la
consécration à Dieu: il doit être simple et modeste, “pauvre et
décent,... adapté aux besoins de l’apostolat.” (17)
La formation des
sujets
“... on poursuivra la formation
spirituelle, doctrinale et technique des sujets, en prévoyant même
l’obtention de diplômes appropriés... Il faut également leur donner...
une connaissance suffisante des règles en vigueur ainsi que les manières
de voir et de penser dans la vie sociale actuelle.”
La formation doit ainsi aboutir chez le
religieux, à l’unité de la vie. Cette formation devra se poursuivre tout
au long de l’existence. (18)
Le maintien,
l’adaptation ou l’abandon des œuvres propres à l’institut
“Les Instituts doivent conserver
fidèlement et poursuivre leurs œuvres spécifiques”
tout en les adaptant, au besoin, aux
nécessités des temps et des lieux. Mais “il faut absolument conserver
dans les Instituts religieux l’esprit missionnaire... pour que
l’Évangile soit prêché plus efficacement parmi tous les peuples.”
(20)
Le Concile traite ensuite des instituts en
décadence et des unions entre Instituts religieux.(21 et 22) Des
conférences ou conseils de Supérieurs majeurs seront organisés.
Les vocations religieuses
“Les prêtres et les éducateurs chrétiens
doivent faire de sérieux efforts pour donner, à proportion des besoins
de l’Église, un nouvel accroissement des vocations religieuses choisies
avec soin et discernement... Il est permis aux Instituts de se faire
connaître pour favoriser les vocations et de chercher des candidats,
pourvu qu’ils le fassent avec la prudence requise et en observant les
normes établies par le Saint-Siège et l’Ordinaire du lieu.”
(24)
Conclusion
Le Concile tient les Instituts religieux
en grande estime et “met un ferme espoir dans la fécondité de leurs
œuvres, obscures ou connues de tous. Que les religieux... répandent le
Bonne Nouvelle du Christ dans l’univers entier, et que leur témoignage
soit visible à tous, et que notre Père qui est aux cieux soit glorifié.
Ainsi, par l’intercession de la très douce
Vierge Marie, Mère de Dieu, dont la vie est pour tous une règle de
conduite, ils connaîtront de continuels accroissements et porteront des
fruits de salut plus abondants.”
(25)
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