”Optatam Totius”
“Le renouveau tant désiré de
toute l’Église dépend en grande partie d’un ministère sacerdotal animé
par l’Esprit du Christ.”
D’où l’importance donnée par le Concile à la formation des prêtres. Le
Concile affirme en outre quelques principes fondamentaux de cette
formation, lesquels confirment les lois “déjà éprouvées par une
expérience séculaire.” (Préambule)
Principes de la
formation sacerdotale
Compte tenu de la diversité
des peuples et des régions, le Concile ne peut donner que des lois
générales qui seront adaptées pour chaque pays par les conférences
épiscopales.(1)
Tout d’abord, il faut
redoubler d’efforts en faveur des vocations sacerdotales.
“L’aide la plus précieuse est
fournie par les familles animées d’un esprit de foi, d’espérance et de
charité qui sont comme le premier séminaire, et par les paroisses qui
font participer les jeunes à toutes les richesses de leur vie... Que
tous les prêtres fassent preuve du plus grand zèle apostolique pour
aider les vocations... Les évêques doivent encourager les fidèles à
susciter des vocations et à répondre à l’action de la Providence pour
qu’elle accorde les dons voulus aux hommes choisis par Dieu...”
Pour obtenir les vocations
désirées, le Concile recommande les moyens traditionnels: prière
instante, pénitence chrétienne, formation toujours plus profonde des
fidèles, ainsi que des actions et des œuvres pastorales en faveur des
vocations.(2) Le Concile demande aussi que, dans les petits séminaires,
une formation religieuse particulièrement solide et une direction
spirituelle adaptée soient données aux élèves. Cependant, “il faut
organiser les études des élèves de telle sorte qu’ils puissent les
poursuivre ailleurs, s’ils viennent à choisir un autre état de vie.”
(3)
La
vie des grands séminaires
Toute la formation dans les
grands séminaires est orientée vers la formation des prêtres qui doit
tendre à faire d’eux de vrais pasteurs d’âmes. Ils doivent être préparés
au ministère de la parole, au ministère du culte et de la
sanctification, et au ministère pastoral. “Aussi les directeurs et
les professeurs de séminaires seront-ils choisis parmi une élite et
soigneusement préparés par une solide doctrine, par l’expérience
pastorale qui convient, ainsi que par une formation spirituelle et
pédagogique particulière... Que l’évêque ait particulièrement à cœur
d’animer ceux qui consacrent leur travail au séminaire, et que pour les
séminaristes eux-mêmes il apparaisse véritablement comme un père.”
(5)
La sélection sera rigoureuse.
“Qu’on oriente à temps ceux qui n’y sont pas aptes vers d’autres
professions...” (6) En cas de nécessité “on créera et
entretiendra des séminaires communs à plusieurs diocèses, à toute une
région ou à toute une nation.” (7)
La
formation spirituelle
La formation spirituelle
essentiellement orientée vers la vie d’union à Dieu, ouvrira à
l’attachement et à la soumission à l’Église et au renoncement à la vie
conjugale.
“Les séminaristes apprendront
à vivre continuellement dans la familiarité du Père, par son Fils Jésus-Christ,
dans l’Esprit-Saint... Qu’on leur enseigne à chercher le Christ dans la
méditation fidèle de la Parole de Dieu, dans la communion active aux
très saints mystères de l’Église -en premier lieu dans l’Eucharistie et
l’office divin- dans l’évêque qui les envoie et dans les hommes à qui
ils sont envoyés... Qu’avec une filiale confiance ils aiment et honorent
la bienheureuse Vierge Marie que le Christ Jésus, mourant sur la croix,
donna comme Mère à son disciple... Le séminariste doit apprendre à vivre
selon le modèle du Christ.”
(8)
Les séminaristes devront être
imprégnés du mystère de l’Église, “de façon à rendre témoignage de
l’unité qui attire les hommes au Christ, d’abord par un attachement
humble, filial et aimant au vicaire du Christ... et par leur adhésion à
l’évêque... Les séminaristes doivent être bien convaincus qu’ils ne sont
pas destinés à la domination et aux honneurs, mais tout entiers voués au
service de Dieu et au ministère pastoral. Qu’on apporte un soin
particulier à développer en eux l’obéissance sacerdotale, la vie de
pauvreté et l’esprit d’abnégation.” (9)
À cause du Royaume des cieux,
les séminaristes renoncent à la vie conjugale “pour s’attacher au
Seigneur par un amour sans partage... Qu’ils sachent bien avec quel cœur
reconnaissant cet état doit être embrassé, non seulement comme une
prescription de la loi de l’Église, mais comme un don précieux qui doit
être humblement demandé à Dieu... Les séminaristes doivent avoir
conscience de la prééminence de la virginité consacrée au Christ, de
sorte que s’ils décident de se consacrer totalement au Seigneur, corps
et âme, ce soit par un choix généreux et mûrement réfléchi.” (10)
La formation doit donc
cultiver chez les séminaristes une nécessaire maturité humaine:
stabilité du caractère, jugement droit, capacité de prendre des
décisions réfléchies et de dominer son tempérament. La discipline dans
les séminaires leur permettra d’acquérir la maîtrise de soi et la
maturité personnelle indispensable. “Que toute l’atmosphère du
séminaire, imprégnée d’amour de la piété et du silence ainsi que du
souci de s’entr’aider, soit orientée de façon à constituer comme une
initiation à la vie que devra mener le prêtre.”(11)
Le Concile aborde ensuite la
délicate question des études ecclésiastiques. Outre le bagage humaniste
et scientifique de base ouvrant aux études supérieures, les séminaristes
“devront acquérir une connaissance du latin leur permettant de
comprendre et d’utiliser tant de sources scientifiques et de documents
de l’Église. On doit tenir pour nécessaire l’étude de la langue
liturgique propre à chaque rite et encourager une connaissance
convenable de la langue de la Sainte Écriture et de la Tradition.”
(13)La philosophie et l’histoire de la philosophie doivent être
enseignées. “Qu’on porte une grande attention au lien unissant la
philosophie avec les véritables problèmes de vie et avec les questions
qui préoccupent les élèves.” (15)
L’Écriture Sainte sera comme
l’âme de la théologie tout entière, laquelle doit toujours être
enseignée à la lumière de la foi.(16)
Après avoir été formés, en
théologie dogmatique, aux thèmes bibliques et aux vérités révélées
transmises par les Pères de l’Église d’Orient et d’Occident, les
séminaristes étudieront l’histoire du dogme et apprendront à
“pénétrer plus profondément au moyen de la spéculation, sous la conduite
de Saint Thomas... ILs apprendront ensuite à chercher la solution des
problèmes humains à la lumière de la Révélation... On apportera un soin
particulier à l’enseignement de la théologie morale... et de la sainte
Liturgie.” (16) La formation doctrinale des séminaristes
doit tendre à une véritable éducation intérieure.(17)
Enfin, les jeunes ayant des
aptitudes particulières d’intelligence pourront être envoyés dans des
universités afin de préparer “dans les sciences sacrées mais aussi
dans les autres sciences où cela paraît nécessaire, des prêtres qui
auront une formation scientifique approfondie et pourront répondre aux
diverses exigences de l’apostolat...” (18)
La
formation pastorale proprement dite
Il est impératif de former
les séminaristes à leur ministère futur, notamment à “la catéchèse et
à la prédication, au culte liturgique et à l’administration des
sacrements, aux œuvres de Charité et au devoir d’aller au-devant de ceux
qui sont dans l’erreur ou l’incroyance... Il devront également recevoir
une formation soignée en ce qui concerne la direction spirituelle.. On
doit leur apprendre à aider les religieux et les religieuses à
persévérer dans la grâce de leur vocation propre...” (19) Ils
devront aussi être formés “et avec grand soin à susciter et soutenir
l’action apostolique des laïcs.” (20)
Les séminaristes ne doivent
pas seulement être formés d’une manière théorique à l’art de l’apostolat,
ils doivent aussi apprendre pratiquement. “Aussi, déjà pendant leurs
études, ainsi que pendant les vacances, doivent-ils s’initier à la
pratique de l’apostolat par des activités bien choisies.” (21) Enfin,
il convient que la formation sacerdotale soit continue tout au long de
la vie du prêtre. (22)
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