LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

3
La Sainte Liturgie

“Sacrosanctum Concilium”

Le but du saint Concile est de faire progresser la vie chrétienne chez les fidèles, d’où la nécessité de veiller à la restauration et au progrès de la liturgie par laquelle sont manifestés aux hommes le mystère du Christ et la nature de la véritable Église. Dans cette Église, humaine et divine, riche de réalités visibles et invisibles, fervente dans l’action et occupée à la contemplation, ce qui est humain est ordonné et soumis au divin, ce qui est visible à l’invisible, ce qui relève de l’action à la contemplation, et ce qui est présent, à la cité future que nous recherchons. Compte tenu de l’importance de la liturgie, le Saint Concile veut en rappeler les principes et fixer des normes pratiques.

Obéissant à la tradition le Saint Concile désire conserver tous les rites légitimement reconnus par l’Église et souhaite, là où c’est nécessaire, les réviser avec prudence, dans l’esprit d’une saine tradition. (1 à 4)

Nature de la liturgie et son importance dans la vie de l’Église

“Lorsque vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils, le Verbe fait chair, oint par l’Esprit, pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres et guérir les cœurs brisés... Cette œuvre de la rédemption,... le Christ Seigneur l’a accomplie par le mystère pascal de sa bienheureuse passion, de sa résurrection du séjour des morts et de sa glorieuse ascension... (5)

De même que le Christ fut envoyé par le Père, le Christ envoya ses apôtres... “

C’est autour du sacrifice du Christ et des sacrements que gravite toute la vie liturgique, et dans toutes les actions liturgiques, le Christ est présent. “C’est donc à juste titre que la liturgie est considérée comme l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus-Christ.” (7) Le Christ est toujours présent auprès de son Église. Il en résulte que toute célébration liturgique est une action sacrée.“C’est un avant-goût de la liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem...” Il s’agit, bien sûr, de la Jérusalem céleste. (8)

La liturgie est “le sommet auquel tend l’action de l’Église.” Elle incite les fidèles nourris des mystères de la Pâque “à n’avoir plus qu’un seul cœur dans la piété... Le renouvellement, dans l’Eucharistie, de l’alliance du Seigneur avec les hommes attire et enflamme les fidèles à la charité pressante du Christ.”  La liturgie, et particulièrement l’Eucharistie, est la principale source de la grâce.(10)

Cependant, malgré son importance, la liturgie n’est pas toute l’activité de l’Église: l’Église doit encore annoncer l’Évangile “pour que tous les hommes connaissent le seul vrai Dieu et Celui qu’Il a envoyé, Jésus-Christ, et pour qu’ils changent de conduite en faisant pénitence... Elle doit, en outre, disposer les croyants aux sacrements, enseigner à observer tout ce que Christ a prescrit, et les engager à toutes les œuvres de charité, de piété et d’apostolat...” (9) Cependant, même si nous, les chrétiens, sommes appelés à prier en commun, nous devons aussi savoir prier dans le secret de notre chambre, à prier sans relâche, et “à porter dans notre corps la mortification de Jésus, pour que la vie de Jésus se manifeste aussi dans notre chair mortelle.” (12)

Le Concile recommande également les exercices de piété. Toutefois ces exercices doivent être réglés en ”tenant compte des temps liturgiques.” (13)

Afin que les fidèles puissent utilement participer aux célébrations liturgiques, le Concile estime “très nécessaire qu’on pourvoie en premier lieu à la formation liturgique du clergé...” des religieux et de tout le peuple chrétien. (14 à 20)

La réforme de la liturgie

La liturgie comporte une partie immuable d’institution divine et des parties sujettes au changement. Afin que “le peuple chrétien puisse facilement saisir les rites et y participer... le saint Concile a établi des normes générales” (21) dont les modifications relèvent de la seule autorité de l’Église.“On ne fera donc des innovations que si l’utilité de l’Église les exige vraiment.” (22 et 23) De plus, le Concile met l’accent sur l’importance de la Sainte Écriture.(24)

“Les actions liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église qui est le Sacrement de l’unité.” (26) C’est pourquoi on préférera généralement les célébrations communautaires aux célébrations privées.(27) On notera aussi la valeur pédagogique de la liturgie.(33)

“Le sermon fait partie de l’action liturgique... La prédication puisera en premier lieu à la source de la Sainte Écriture et de la liturgie, puisqu’elle est l’annonce des merveilles de Dieu dans l’histoire du salut qui est le mystère du Christ, lequel est toujours là, présent et actif parmi nous...” (35)

          La langue liturgique

“L’usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins... Toutefois, l’emploi de la langue du pays peut-être souvent très utile pour le peuple; on pourra donc lui accorder une plus ample place, surtout dans les lectures et les monitions, dans un certain nombres de prières et de chants, conformément aux normes... Ces normes étant observées, il revient à l’autorité ecclésiastique compétente de statuer si on emploie la langue du pays et de quelle façon, en faisant agréer, c’est-à-dire ratifier, ses actes par le Siège apostolique.” (36)

          Les adaptations

Les adaptations, qui sont admises pourvu que l’unité du rite romain soit sauvegardée, relèvent de l’autorité ecclésiastique compétente sur le territoire. Cette autorité compétente “considérera avec attention et prudence ce qui, à partir des traditions et de la mentalité de chaque peuple, peut opportunément être admis.” (38 à 40)

“On veillera cependant à ce que les fidèles puissent dire ou chanter ensemble en langue latine les parties de l’ordinaire de la messe qui leur reviennent.” (54)

Le décret Sacrosanctum Concilium traite également de la vie liturgique des diocèses, des paroisses et des commissions liturgiques nationales et diocésaines ayant compétence en matière de musique et d’art sacré. (43 à 46)

          Le Mystère de l’Eucharistie

Le décret consacre un long chapitre à l’Eucharistie qui perpétue le Sacrifice de la Croix. Après un bref rappel doctrinal, le décret insiste sur la participation nécessaire des fidèles aux mystères sacrés: formation à la Parole de Dieu, communion “à la table du Corps du Seigneur,” action de grâce.

Le décret Sacrosanctum Concilium aborde le rituel de la messe des dimanches et des fêtes de précepte:

— Simplification des rites, (50)

— Lecture de la Sainte Écriture. À ce propos il convient “d’ouvrir plus largement les trésors bibliques.” (51)

L’homélie “par laquelle, au cours de l’année liturgique, on explique, à partir des textes sacrés, les mystères de la foi et les normes de la vie chrétienne.” (52)

La prière commune (ou Prière Universelle )en vue des supplications

                – pour l’Église

                – pour ceux qui détiennent l’autorité publique

                – pour les accablés

                – pour tous les hommes et le salut du monde entier.

Les deux parties de la messe (liturgie de la parole et de l’Eucharistie)”sont si étroitement unies entre elles qu’elles constituent un seul acte de culte. Aussi le Saint Concile exhorte-t-il vivement les pasteurs à enseigner activement aux fidèles, dans la catéchèse, qu’il faut participer à la messe entière, surtout les dimanches et jours de fêtes de précepte.” (56)

          Les sacrements et les sacramentaux

Les sacrements ont pour but:

        — La sanctification des hommes

        — L’édification du Corps du Christ

        — La possibilité de rendre un culte à Dieu

        — L’enseignement des fidèles.

Ils nourrissent, fortifient et expriment la foi.(59)

Les sacramentaux, institués par l’Église, sont des signes sacrés ayant des effets surtout spirituels obtenus par la puissance de cette même Église.(60)

          Mais c’est du Christ que tous les sacrements et sacramentaux tirent leur           vertu.(61)

Dans l’administration des sacrements et des sacramentaux, l’emploi de la langue du pays pouvant être d’une grande utilité, on lui donnera une large place.(63)

Ce même chapître rappelle les principaux rites des sacrements, des sacramentaux, de la profession religieuse et des funérailles. Il demande également la restauration du catéchuménat des adultes.(64 à 82)

L’office divin

L’office divin a pour but la consécration du jour et de la nuit tout au long de leur déroulement.“Les prêtres acquitteront ces louanges des Heures avec ferveur... car le Seigneur seul peut assurer l’efficacité et le progrès de l’œuvre à laquelle ils travaillent.” (84 et 86)

On observera les normes suivantes: “Les Laudes, comme prière du matin, et les Vêpres, comme prière du soir... doivent être tenues pour les heures principales... Les complies seront organisées de façon à bien convenir à la fin de la journée.” (89)

Le Concile “recommande aux laïcs eux-mêmes la récitation de l’office divin, soit avec les prêtres, soit lorsqu’ils sont réunis entre eux, voire individuellement.” (100)

En ce qui concerne la langue à employer “les clercs doivent garder la langue latine; toutefois, pouvoir est donné à l’ordinaire de concéder l’emploi d’une traduction en langue du pays... pour des cas individuels, aux clercs chez qui l’emploi de la langue latine est un empêchement grave à acquitter l’office divin comme il faut.” (101)

L’année liturgique

L’Église déploie tout le mystère du Christ pendant le cycle de l’année, de l’Incarnation jusqu’à la Pentecôte.(102) “En célébrant ce cycle annuel des Mystères du Christ, la sainte Église vénère avec un particulier amour la bienheureuse Marie, Mère de Dieu, qui est unie à son Fils dans l’œuvre salutaire par un lien indissoluble; en Marie, l’Église admire et exalte le fruit le plus excellent de la rédemption... (103) En outre l’Église a introduit dans le cycle annuel les mémoires des martyrs et des autres saints...” (104)

          Le jour du Seigneur

L’Église célèbre le Mystère pascal chaque huitième jour, nommé jour du Seigneur ou dimanche. Ce jour-là, en effet, les fidèles doivent se rassembler pour que, entendant la parole de Dieu et participant à l’Eucharistie, ils se souviennent de la Passion, de la Résurrection et de la Gloire du Seigneur Jésus et rendent grâces à Dieu... Aussi le jour dominical est-il le jour de fête primordial qu’il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles... car il est le fondement et le noyau de toute l’année liturgique.” (106)

          Le carême

Le Concile demande que soit bien présenté le double caractère du Carême: commémoration et préparation du Baptême, et pénitence. Il invite les fidèles à

        — écouter la Parole de Dieu et à vaquer à la prière, et à

        — célébrer le Mystère pascal.

Pour cela on fera comprendre aux fidèles les conséquences sociales du péché, ainsi que la nature propre de la pénitence qui déteste le péché, offense à Dieu. On insistera sur le rôle de l’Église dans l’action pénitentielle, et la prière pour les pécheurs. Pendant le Carême, on favorisera la pratique de la pénitence... Le jeûne pascal, le vendredi de la Passion et de la mort du Seigneur sera sacré; il devra être partout observé et, selon l’opportunité, être étendu au Samedi Saint “pour que l’on parvienne avec un cœur élevé et libéré aux joies de la Résurrection.” (109)

La musique et les arts sacrés

La musique sacrée sera d’autant plus sainte qu’elle sera en connexion plus étroite avec l’action liturgique... (112) “Les scholæ cantorum seront assidûment développées...” (114)

          Le chant grégorien

L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place...sans cependant exclure les autres genres de musique sacrée, pourvu qu’ils s’accordent avec l’esprit liturgique. (116)“On achèvera l’éditiion typique des livres de chant grégorien... Il convient aussi que l’on procure une édition contenant des mélodies plus simples à l’usage des petites églises.” (117)

Le chant religieux populaire sera intelligemment favorisé pour que... “les voix des fidèles puissent se faire entendre.” (118) On accordera aux musiques traditionnelles une place convenable en formant le sens religieux des peuples, surtout dans les pays de mission.(119)

L’art sacré et le matériel du culte visent à exprimer, à travers les œuvres humaines, la beauté infinie de Dieu.(122) “les ordinaires veilleront à ce que, en promouvant et favorisant un art véritablement sacré, ils aient en vue une noble beauté plutôt que la seule somptuosité.” (124)

“On maintiendra fermement la pratique de proposer dans les églises des images sacrées à la vénération des fidèles; mais elles seront exposées en nombre restreint et dans une juste disposition, pour ne pas éveiller l’étonnement du peuple chrétien et ne pas favoriser une dévotion mal réglée.” (125)

Pour toute suggestion, toute observation ou renseignement sur ce site,
adressez vos messages à :

 voiemystique@free.fr