“Sacrosanctum Concilium”
Le but du saint Concile est
de faire progresser la vie chrétienne chez les fidèles, d’où la
nécessité de veiller à la restauration et au progrès de la liturgie par
laquelle sont manifestés aux hommes le mystère du Christ et la nature de
la véritable Église. Dans cette Église, humaine et divine, riche de
réalités visibles et invisibles, fervente dans l’action et occupée à la
contemplation, ce qui est humain est ordonné et soumis au divin, ce qui
est visible à l’invisible, ce qui relève de l’action à la contemplation,
et ce qui est présent, à la cité future que nous recherchons. Compte
tenu de l’importance de la liturgie, le Saint Concile veut en rappeler
les principes et fixer des normes pratiques.
Obéissant à la tradition le
Saint Concile désire conserver tous les rites légitimement reconnus par
l’Église et souhaite, là où c’est nécessaire, les réviser avec prudence,
dans l’esprit d’une saine tradition. (1 à 4)
Nature de la liturgie et
son importance dans la vie de l’Église
“Lorsque vint la
plénitude des temps, Dieu envoya son Fils, le Verbe fait chair, oint par
l’Esprit, pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres et guérir les
cœurs brisés... Cette œuvre de la rédemption,... le Christ Seigneur l’a
accomplie par le mystère pascal de sa bienheureuse passion, de sa
résurrection du séjour des morts et de sa glorieuse ascension... (5)
De même que le Christ
fut envoyé par le Père, le Christ envoya ses apôtres... “
C’est autour du sacrifice
du Christ et des sacrements que gravite toute la vie liturgique, et dans
toutes les actions liturgiques, le Christ est présent. “C’est donc à
juste titre que la liturgie est considérée comme l’exercice de la
fonction sacerdotale de Jésus-Christ.” (7) Le Christ est toujours
présent auprès de son Église. Il en résulte que toute célébration
liturgique est une action sacrée.“C’est un avant-goût de la liturgie
céleste qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem...” Il
s’agit, bien sûr, de la Jérusalem céleste. (8)
La liturgie est “le
sommet auquel tend l’action de l’Église.” Elle incite les fidèles
nourris des mystères de la Pâque “à n’avoir plus qu’un seul cœur dans
la piété... Le renouvellement, dans l’Eucharistie, de l’alliance du
Seigneur avec les hommes attire et enflamme les fidèles à la charité
pressante du Christ.” La liturgie, et particulièrement
l’Eucharistie, est la principale source de la grâce.(10)
Cependant, malgré son
importance, la liturgie n’est pas toute l’activité de l’Église: l’Église
doit encore annoncer l’Évangile “pour que tous les hommes connaissent
le seul vrai Dieu et Celui qu’Il a envoyé, Jésus-Christ, et pour qu’ils
changent de conduite en faisant pénitence... Elle doit, en outre,
disposer les croyants aux sacrements, enseigner à observer tout ce que
Christ a prescrit, et les engager à toutes les œuvres de charité, de
piété et d’apostolat...” (9) Cependant, même si nous, les chrétiens,
sommes appelés à prier en commun, nous devons aussi savoir prier dans le
secret de notre chambre, à prier sans relâche, et “à porter dans
notre corps la mortification de Jésus, pour que la vie de Jésus se
manifeste aussi dans notre chair mortelle.” (12)
Le Concile recommande
également les exercices de piété. Toutefois ces exercices doivent être
réglés en ”tenant compte des temps liturgiques.” (13)
Afin que les fidèles
puissent utilement participer aux célébrations liturgiques, le Concile
estime “très nécessaire qu’on pourvoie en premier lieu à la formation
liturgique du clergé...” des religieux et de tout le peuple
chrétien. (14 à 20)
La réforme de la
liturgie
La liturgie comporte une
partie immuable d’institution divine et des parties sujettes au
changement. Afin que “le peuple chrétien puisse facilement saisir les
rites et y participer... le saint Concile a établi des normes générales”
(21) dont les modifications relèvent de la seule autorité de
l’Église.“On ne fera donc des innovations que si l’utilité de
l’Église les exige vraiment.” (22 et 23) De plus, le Concile met
l’accent sur l’importance de la Sainte Écriture.(24)
“Les actions liturgiques
ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église qui
est le Sacrement de l’unité.” (26) C’est pourquoi on préférera
généralement les célébrations communautaires aux célébrations
privées.(27) On notera aussi la valeur pédagogique de la liturgie.(33)
“Le sermon fait partie
de l’action liturgique... La prédication puisera en premier lieu à la
source de la Sainte Écriture et de la liturgie, puisqu’elle est
l’annonce des merveilles de Dieu dans l’histoire du salut qui est le
mystère du Christ, lequel est toujours là, présent et actif parmi
nous...” (35)
La
langue liturgique
“L’usage de la langue
latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins...
Toutefois, l’emploi de la langue du pays peut-être souvent très utile
pour le peuple; on pourra donc lui accorder une plus ample place,
surtout dans les lectures et les monitions, dans un certain nombres de
prières et de chants, conformément aux normes... Ces normes étant
observées, il revient à l’autorité ecclésiastique compétente de statuer
si on emploie la langue du pays et de quelle façon, en faisant agréer,
c’est-à-dire ratifier, ses actes par le Siège apostolique.” (36)
Les
adaptations
Les adaptations, qui sont
admises pourvu que l’unité du rite romain soit sauvegardée, relèvent de
l’autorité ecclésiastique compétente sur le territoire. Cette autorité
compétente “considérera avec attention et prudence ce qui, à partir des
traditions et de la mentalité de chaque peuple, peut opportunément être
admis.” (38 à 40)
“On veillera cependant à
ce que les fidèles puissent dire ou chanter ensemble en langue latine
les parties de l’ordinaire de la messe qui leur reviennent.” (54)
Le décret Sacrosanctum
Concilium traite également de la vie liturgique des diocèses, des
paroisses et des commissions liturgiques nationales et diocésaines ayant
compétence en matière de musique et d’art sacré. (43 à 46)
Le
Mystère de l’Eucharistie
Le décret consacre un long
chapitre à l’Eucharistie qui perpétue le Sacrifice de la Croix. Après un
bref rappel doctrinal, le décret insiste sur la participation nécessaire
des fidèles aux mystères sacrés: formation à la Parole de Dieu,
communion “à la table du Corps du Seigneur,” action de grâce.
Le décret Sacrosanctum
Concilium aborde le rituel de la messe des dimanches et des fêtes de
précepte:
— Simplification des rites,
(50)
— Lecture de la Sainte
Écriture. À ce propos il convient “d’ouvrir plus largement les
trésors bibliques.” (51)
— L’homélie “par
laquelle, au cours de l’année liturgique, on explique, à partir des
textes sacrés, les mystères de la foi et les normes de la vie
chrétienne.” (52)
— La prière commune
(ou Prière Universelle )en vue des supplications
– pour
l’Église
– pour ceux
qui détiennent l’autorité publique
– pour les
accablés
– pour tous
les hommes et le salut du monde entier.
Les deux parties de la
messe (liturgie de la parole et de l’Eucharistie)”sont si étroitement
unies entre elles qu’elles constituent un seul acte de culte. Aussi le
Saint Concile exhorte-t-il vivement les pasteurs à enseigner activement
aux fidèles, dans la catéchèse, qu’il faut participer à la messe
entière, surtout les dimanches et jours de fêtes de précepte.” (56)
Les
sacrements et les sacramentaux
Les sacrements ont pour
but:
— La sanctification
des hommes
— L’édification du
Corps du Christ
— La possibilité de
rendre un culte à Dieu
— L’enseignement
des fidèles.
Ils nourrissent, fortifient
et expriment la foi.(59)
Les sacramentaux, institués
par l’Église, sont des signes sacrés ayant des effets surtout spirituels
obtenus par la puissance de cette même Église.(60)
Mais
c’est du Christ que tous les sacrements et sacramentaux tirent leur
vertu.(61)
Dans l’administration des
sacrements et des sacramentaux, l’emploi de la langue du pays pouvant
être d’une grande utilité, on lui donnera une large place.(63)
Ce même chapître rappelle
les principaux rites des sacrements, des sacramentaux, de la profession
religieuse et des funérailles. Il demande également la restauration du
catéchuménat des adultes.(64 à 82)
L’office divin
L’office divin a pour but
la consécration du jour et de la nuit tout au long de leur déroulement.“Les
prêtres acquitteront ces louanges des Heures avec ferveur... car le
Seigneur seul peut assurer l’efficacité et le progrès de l’œuvre à
laquelle ils travaillent.” (84 et 86)
On observera les normes
suivantes: “Les Laudes, comme prière du matin, et les Vêpres, comme
prière du soir... doivent être tenues pour les heures principales... Les
complies seront organisées de façon à bien convenir à la fin de la
journée.” (89)
Le Concile “recommande
aux laïcs eux-mêmes la récitation de l’office divin, soit avec les
prêtres, soit lorsqu’ils sont réunis entre eux, voire individuellement.”
(100)
En ce qui concerne la
langue à employer “les clercs doivent garder la langue latine;
toutefois, pouvoir est donné à l’ordinaire de concéder l’emploi d’une
traduction en langue du pays... pour des cas individuels, aux clercs
chez qui l’emploi de la langue latine est un empêchement grave à
acquitter l’office divin comme il faut.” (101)
L’année liturgique
L’Église déploie tout le
mystère du Christ pendant le cycle de l’année, de l’Incarnation jusqu’à
la Pentecôte.(102) “En célébrant ce cycle annuel des Mystères du
Christ, la sainte Église vénère avec un particulier amour la
bienheureuse Marie, Mère de Dieu, qui est unie à son Fils dans l’œuvre
salutaire par un lien indissoluble; en Marie, l’Église admire et exalte
le fruit le plus excellent de la rédemption... (103) En outre
l’Église a introduit dans le cycle annuel les mémoires des martyrs et
des autres saints...” (104)
Le
jour du Seigneur
L’Église célèbre le Mystère
pascal chaque huitième jour, nommé jour du Seigneur ou dimanche. “Ce
jour-là, en effet, les fidèles doivent se rassembler pour que,
entendant la parole de Dieu et participant à l’Eucharistie, ils se
souviennent de la Passion, de la Résurrection et de la Gloire du
Seigneur Jésus et rendent grâces à Dieu... Aussi le jour dominical
est-il le jour de fête primordial qu’il faut proposer et inculquer à la
piété des fidèles... car il est le fondement et le noyau de toute
l’année liturgique.” (106)
Le
carême
Le Concile demande que soit
bien présenté le double caractère du Carême: commémoration et
préparation du Baptême, et pénitence. Il invite les fidèles à
— écouter la Parole
de Dieu et à vaquer à la prière, et à
— célébrer le
Mystère pascal.
Pour cela on fera
comprendre aux fidèles les conséquences sociales du péché, ainsi que la
nature propre de la pénitence qui déteste le péché, offense à Dieu. On
insistera sur le rôle de l’Église dans l’action pénitentielle, et la
prière pour les pécheurs. Pendant le Carême, on favorisera la pratique
de la pénitence... Le jeûne pascal, le vendredi de la Passion et de la
mort du Seigneur sera sacré; il devra être partout observé et, selon
l’opportunité, être étendu au Samedi Saint “pour que l’on parvienne
avec un cœur élevé et libéré aux joies de la Résurrection.” (109)
La musique et les arts
sacrés
La musique sacrée sera
d’autant plus sainte qu’elle sera en connexion plus étroite avec
l’action liturgique... (112) “Les scholæ cantorum seront assidûment
développées...” (114)
Le
chant grégorien
“L’Église reconnaît
dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine; c’est
donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales
d’ailleurs, doit occuper la première place...” sans cependant
exclure les autres genres de musique sacrée, pourvu qu’ils s’accordent
avec l’esprit liturgique. (116)“On achèvera l’éditiion typique des
livres de chant grégorien... Il convient aussi que l’on procure une
édition contenant des mélodies plus simples à l’usage des petites
églises.” (117)
Le chant religieux
populaire sera intelligemment favorisé pour que... “les voix des
fidèles puissent se faire entendre.” (118) On accordera aux musiques
traditionnelles une place convenable en formant le sens religieux des
peuples, surtout dans les pays de mission.(119)
L’art sacré et le matériel
du culte visent à exprimer, à travers les œuvres humaines, la beauté
infinie de Dieu.(122) “les ordinaires veilleront à ce que, en
promouvant et favorisant un art véritablement sacré, ils aient en vue
une noble beauté plutôt que la seule somptuosité.” (124)
“On maintiendra
fermement la pratique de proposer dans les églises des images sacrées à
la vénération des fidèles; mais elles seront exposées en nombre
restreint et dans une juste disposition, pour ne pas éveiller
l’étonnement du peuple chrétien et ne pas favoriser une dévotion mal
réglée.” (125)
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