“Lumen Gentium”
Le mystère de l’Église
“Le Christ est la Lumière des
nations. Aussi le saint Concile, réuni dans l’Esprit-Saint, désire-t-il
ardemment illuminer tous les hommes de la lumière du Christ qui
resplendit sur le visage de l’Église. Celle-ci, pour sa part, est dans
le Christ comme un sacrement, un signe, un moyen d’opérer l’union intime
avec Dieu et l’unité de tout le genre humain; elle se propose donc, en
suivant de près la doctrine des précédents conciles, de faire connaître
avec plus de précision à ses fidèles et au monde entier sa nature et sa
mission universelle.”
(1)
“Par une disposition tout à
fait libre et mystérieuse de sa sagesse et de sa bonté, le Père éternel
a créé l’univers. Il a voulu élever les hommes jusqu’au partage de la
vie divine. Et une fois qu’ils eurent péché en Adam, il ne les abandonna
pas; sans cesse il leur offrit des secours en considération du Christ
Rédempteur qui est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute
créature. D’autre part, ceux qu’il a choisis, le Père avant tous les
siècles les a d’avance connus et prédestinés à reproduire l’image de son
Fils, pour que celui-ci soit le premier-né d’un grand nombre de frères.
Et ceux qui ont foi dans le Christ, il a voulu les rassembler en la
Sainte Église qui, préfigurée dès l’origine du monde, admirablement
préparée dans l’histoire du Peuple d’Israël et l’ancienne Alliance,
établie en ces temps qui sont les derniers, a été manifestée par
l’effusion de l’Esprit et sera glorieusement achevée à la fin des
siècles...” (2)
Le Père nous a prédestinés à
être ses enfants adoptifs et nous a envoyé le Fils. “C’est pourquoi
le Christ, afin d’accomplir la volonté du Père, a inauguré ici-bas le
Royaume des Cieux, nous a révélé le mystère du Père et, par son
obéissance, a opéré la rédemption.” L’Église est le Royaume du
Christ; elle se développe visiblement dans le monde grâce à la puissance
de Dieu. Ce développement est signifié “par l’eau et le sang qui
sortent du côté de Jésus crucifié... Le sacrement du pain eucharistique
représente et produit l’unité des fidèles qui constituent un seul corps
dans le Christ.” (3)
L’Église
“Une fois accomplie l’œuvre
que le Père avait donné à faire au Fils, l’Esprit-Saint fut envoyé le
jour de la Pentecôte, afin de sanctifier l’Église en permanence et
qu’ainsi les croyants aient, par le Christ, en un seul Esprit, accès
auprès du Père... jusqu’à la vie éternelle.... L’Esprit habite dans
l’Église et dans les cœurs des fidèles comme en un temple; en eux il
prie et rend témoignage de leur adoption filiale... Cette Église qu’il
amène à la vérité tout entière... il l’édifie encore et la dirige vers
des dons variés, tant hiérarchiques que charismatiques... Il la
rajeunit par la force de l’Évangile, il la rénove perpétuellement et la
conduit enfin à l’union parfaite avec son Époux. Car l’Esprit et
l’épouse disent au Seigneur Jésus: “Viens!” Ainsi l’Église universelle
apparaît-elle comme un peuple rassemblé dans l’unité du Père, du Fils et
de l’Esprit-Saint.”
(4)
“Le mystère de la sainte
Église se manifeste dans sa fondation.”
tandis que le Seigneur Jésus
prêchait la Bonne Nouvelle, c’est-à-dire la venue du Royaume de Dieu
promis. La parole de Jésus est comme une semence jetée dans un champ;
elle germe et se développe jusqu’au temps de la moisson. Les miracles de
Jésus sont la preuve que le Royaume de Dieu est déjà parmi nous, sur la
terre. “Mais avant tout, le Royaume se manifeste dans la personne
même du Christ, Fils de Dieu et Fils de l’Homme.”
Jésus, mort et ressuscité est
le Prêtre éternel qui répand sur ses disciples l’Esprit promis par le
Père. L’Église “pourvue des dons de son Fondateur et attachée à ses
préceptes de charité, d’humilité et d’abnégation” reçoit la mission
d’annoncer et d’instaurer le Royaume de Dieu partout sur la terre.(5)
Pour présenter et définir
l’Église, on a utilisé toutes sortes d’images: c’est un bercail qui
accueille le troupeau guidé par le Christ, Bon Pasteur et Prince des
pasteurs. L’Église, c’est le champ de Dieu, la terre qu’il cultive,
c’est la vigne choisie. Jésus s’est comparé à la pierre angulaire de
l’édifice de Dieu qui est l’Église, maison de Dieu, temple sacré,
tabernacle, cité sainte, Jérusalem nouvelle. Nous, nous sommes les
pierres vivantes de l’Église.
Mais l’Église, la Jérusalem
d’en haut, c’est surtout l’épouse immaculée de l’Agneau sans tache.
Cette épouse, le Christ l’a aimée; il la nourrit, la soigne “et a
voulu, après l’avoir purifiée, qu’elle lui soit soumise dans l’amour et
la fidélité.” (6)
Enfin, l’Église c’est le Corps mystique du Christ
Par sa mort et sa
Résurrection le Christ a racheté l’homme et en a fait une créature,
nouvelle car, ”en communiquant son Esprit, il a mystiquement établi
ses frères, appelés d’entre toutes les nations, comme son propre corps.
Dans ce Corps la vie du Christ se diffuse en ceux qui croient et qui,
par les sacrements, sont unis, d’une façon mystérieuse mais bien réelle,
au Christ souffrant et glorifié... Baptisés dans un seul Esprit pour
former un seul corps, nous avons été ensevelis avec lui dans la mort; et
si nous avons été greffés sur lui par une mort pareille à la sienne, de
même le serons-nous par une résurrection pareille. Dans la fraction du
pain eucharistique nous avons réellement part au Corps du Seigneur... et
tous nous devenons membres de ce Corps et respectivement membres les uns
des autres.
La diversité des membres et
des fonctions se vérifie dans l’édification du Corps du Christ,”
mais “unique est
l’Esprit qui distribue ses dons... suivant les besoins des ministères.”
Le plus grand de ces dons, c’est la grâce des apôtres “à l’autorité
desquels l’Esprit soumet ceux qui ont reçu des charismes. C’est le même
Esprit qui unifie le Corps par sa propre puissance...” Au moyen de
ces dons que le Christ distribue à son Corps qui est l’Église, nous nous
aidons les uns les autres. “En conséquence, si un membre a quelque
souffrance à supporter, tous les membres, associés à ses souffrances
comme le corps à sa tête, souffrent avec lui; ou si un membre est
honoré, tous les membres partagent sa joie.”
De ce corps, le Christ, image
du Dieu invisible, est le chef. Principe, premier-né d’entre les morts,
et en lui tout a été créé. “Il comble des richesses de sa gloire son
corps tout entier dont les membres doivent tendre à lui ressembler
jusqu’à ce que le Christ soit formé en eux,“ et nous donne d’avoir
part à son Esprit.
Le Christ aime l’Église, son
corps et son plérôme, soumise à son Chef comme son épouse, et la comble
de ses dons divins. (7)
Le Christ est l’unique
médiateur entre Dieu et les hommes, et l’Église est son Corps mystique
composé de l’Église terrestre et de l’Église déjà pourvue des biens
célestes. Telle est l’unique Église du Christ, une, sainte, catholique
et apostolique, que “notre Sauveur, après sa résurrection, a remise à
Pierre, et à ses successeurs, pour qu’il la paisse.”
Il convient de noter ce qui
suit, qui est très important: “Le Christ a accompli son œuvre
rédemptrice dans la pauvreté et la persécution; ainsi l’Église est-elle
appelée à prendre la même voie pour communiquer aux hommes les fruits du
salut... L’Église n’est pas établie pour rechercher la gloire terrestre,
mais pour prêcher, même par son exemple, l’humilité et l’abnégation...
L’Église reconnaît dans les pauvres et en ceux qui souffrent l’image de
son Fondateur pauvre et souffrant. Elle s’emploie à soulager leur
détresse et veut servir le Christ en eux.”
Toutefois, alors que le
Christ était saint, innocent, sans souillure, l’Église de la terre, qui
est sainte, renferme cependant en son sein des hommes pécheurs, et doit
sans cesse être purifiée dans la pénitence et le renouvellement. (8)
Le Peuple de Dieu
Dieu n’a pas voulu sanctifier
et sauver les hommes individuellement, mais faire d’eux un peuple qui Le
serve. Il choisit d’abord le peuple des israélites qu’Il éduqua
longuement et avec qui Il conclut une alliance. Puis le Christ, le Verbe
de Dieu, le Messie annoncé, scella un nouveau Pacte, une nouvelle
Alliance en son sang, et constitua ”une race élue, un sacerdoce
royal, une nation sainte, un peuple acquis... qui a pour chef le Christ
livré pour nos fautes et ressuscité pour notre sanctification.” Le
peuple messianique, germe d’unité, d’espérance et de salut pour toute
l’humanité, a pour loi un commandement nouveau: celui d’aimer le Christ
comme Lui-même nous a aimés. “L’Église, nouvel Israël, le Christ
lui-même l’a acquise par son sang, remplie de son Esprit, pourvue e
moyens aptes à procurer une union visible et sociale,” et, munie des
moyens nécessaires pour se soutenir au milieu des embûches et des
tribulations, devenir l’épouse fidèle digne de son Seigneur, et
parvenir à la lumière qui ne connaît pas de déclin. (9)
Le Christ, Pontife suprême, a
fait de son Église un royaume de prêtres, de consacrés en vue d’offrir
des sacrifices spirituels. Les disciples du Christ sont donc appelés à
s’offrir eux-mêmes comme des hosties vivantes, saintes et agréables à
Dieu. Fidèles et prêtres participent de l’unique sacerdoce du Christ
“Le prêtre accomplit... le sacrifice eucharistique et l’offre à Dieu au
nom de tout le peuple.; les fidèles, en vertu de leur sacerdoce royal,
ont part à l’offrande eucharistique.” (10)
Les sacrements
“Après avoir été régénérés
par le Baptême pour devenir enfants de Dieu, les fidèles sont tenus à
professer publiquement la foi qu’ils ont reçue de Dieu par l’Église”
Dans cette foi,
ils ont été confirmés par le sacrement de Confirmation. Aussi
doivent-ils répandre la foi et la défendre par la parole et par les
œuvres. De plus, “en participant au Sacrifice Eucharistique, source
et sommet de toute la vie chrétienne, ils offrent à Dieu la divine
Victime et eux-mêmes avec elle.” En se nourrissant du Corps du
Christ, ils manifestent l’unité du Peuple de Dieu.
“Ceux qui s’approchent du
sacrement de Pénitence reçoivent de la Miséricorde de Dieu le pardon des
offenses qu’ils lui ont faites... et se réconcilient avec l’Église que
leur péché avait blessée... Par l’Onction des malades, l’Église
recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié... Les fidèles
revêtus d’un Ordre sacré sont établis au nom du Christ pour paître
l’Église par la Parole et la grâce de Dieu. Enfin, les époux chrétiens,
en vertu du sacrement de Mariage... expriment le mystère d’unité et
d’amour fécond entre le Christ et l’Église.”
Le décret insiste beaucoup ici sur l’importance de la famille et conclut:
“Munis de tant de moyens de salut si admirables, les fidèles, quels
que soient leur état et leur condition, sont appelés par le Seigneur...
à la perfection de cette sainteté dont le Père jouit en plénitude.”
(11)
Le Peuple des fidèles, ayant
reçu l’onction du Saint-Esprit, et uni au magistère sacré, ne peut pas
errer dans la foi. L’Esprit-Saint distribue ses dons à chacun comme Il
lui plaît et dispense des grâces spéciales adaptées aux services
spécifiques dans l’Église: ce sont les charismes qui “doivent être
accueillis avec gratitude et joie spirituelle.” (12)
“Tous les hommes sont appelés
à former le peuple de Dieu... qui doit s’étendre au monde entier et en
tous les siècles afin que s’accomplisse le dessein de Dieu: rassembler
en un seul corps ses enfants dispersés... À cette fin, Dieu envoya son
Fils... Maître et Roi de l’univers... et l’Esprit de son Fils, Seigneur
et Vivificateur... Principe d’unité dans l’enseignement des apôtres,
dans la communion, dans la fraction du pain et les prières.”
Le Peuple de Dieu intègre
toutes les nations puisque “c’est de toutes les nations qu’il tire
ses membres, citoyens d’un Royaume dont le caractère n’est pas terrestre
mais céleste.. Le Royaume de Jésus n’est pas de ce monde.” Aussi
l’Église, Peuple de Dieu, assume-t-elle, en les purifiant, et dans la
mesure où elles sont bonnes, les coutumes et les richesses culturelles
des peuples. “Ce caractère d’universalité qui distingue le Peuple de
Dieu est un don du Seigneur lui-même qui porte l’Église catholique à
s’employer efficacement et sans arrêt à rassembler toute l’humanité et
la totalité de ses biens sous le Christ Chef, en l’unité de son
Esprit... En conséquence, le peuple de Dieu non seulement se rassemble à
partir de divers peuples, mais il se compose lui-même de catégories
différentes.... De là vient l’exigence légitime... des églises
particulières qui jouissent de traditions propres, sans préjudice du
primat de la Chaire de Pierre... Tous les hommes sont appelés à cette
unité catholique du Peuple de Dieu, unité qui annonce et promeut la paix
universelle.” (13)
Le Saint Concile enseigne que
l’Église voyageuse est nécessaire au salut.”Seul, en effet, le
Christ est médiateur et voie du salut, lui qui se rend présent pour nous
dans son Corps qui est l’Église.” C’est la meilleure preuve de la
nécessité de l’Église, “dans laquelle on est introduit par le baptême
comme par une porte.” Sont pleinement incorporés à la communauté
ecclésiale ceux qui possèdent l’Esprit du Christ et acceptent les moyens
de salut établis par l’église, et qui reçoivent les sacrements. Ceci
n’est pas un privilège, mais une grâce spéciale du Christ.(14)
“Avec ceux qui, baptisés,
s’honorent du nom de chrétiens, mais ne professent pas intégralement la
foi ou ne conservent pas l’unité de la communion avec le successeur de
Pierre, l’Église se sait unie par de multiples rapports.”
Beaucoup vénèrent la sainte
Écriture, croient au Père, au Fils et à l’Esprit-Saint. “Plusieurs
parmi eux ont aussi l’épiscopat, célèbrent l’Eucharistie, et cultivent
la dévotion envers la Vierge Mère de Dieu.” L’Esprit “agit
également en eux par ses dons et ses grâces.” Pour obtenir l’unité
de tous les chrétiens, “l’Église ne cesse de prier, d’espérer et
d’agir. Elle exhorte ses fils à se purifier et à se renouveler, afin que
l’image du Christ resplendisse, plus nette, sur le visage de l’Église.”
(15)
Les peuples et hommes qui
n’ont pas encore reçu l’Évangile peuvent aussi être reliés au peuple de
Dieu. Ce sont:
— le Peuple juif
qui reçut les alliances et les promesses de Dieu,
— ceux qui
reconnaissent un seul Créateur, tels les musulmans,
— ceux qui
cherchent le Dieu inconnu,
— ceux qui, sans
faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ, et cherchent
cependant Dieu d’un cœur sincère.
“Aussi, en vue de promouvoir
la gloire de Dieu et le salut de tous ces hommes, l’Église, se souvenant
du commandement du Seigneur qui dit: “Prêchez l’Évangile à toute
créature.” s’emploie-t-elle avec sollicitude à développer les
missions... (16)
Allez donc, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant
au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder
tout ce que je vous ai commandé”, dit Jésus à ses apôtres. “Et
voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des
siècles.” L’Église a reçu ce mandat des apôtres, aussi
“continue-t-elle sans répit à envoyer des missionnaires jusqu’à ce que
les nouvelles églises soient pleinement établies et qu’elles poursuivent
à leur tour l’œuvre de l’évangélisation.” (17)
La hiérarchie dans
l’Église
“Le
Christ Seigneur, pour paître et accroître toujours davantage le Peuple
de Dieu, a établi dans son Église divers ministères qui tendent au bien
de tout le Corps.”
À la
suite du Concile Vatican I, le Concile Vatican II enseigne:
“Jésus-Christ, Pasteur éternel, a envoyé les apôtres comme lui-même
avait été envoyé par le Père... Il a mis à la tête des apôtres, le
bienheureux Pierre qu’il a établi comme principe et fondement perpétuel
autant que visible de l’unité de la foi et de la communion. Cette
doctrine de l’institution, de la perpétuité, de la valeur et de la
raison de la sacrée primauté du Pontife romain et de son infaillible
magistère, le saint Concile la propose de nouveau à tous les fidèles
pour qu’elle soit crue fermement.” (18)
C’est le
Seigneur Lui-même qui constitua ses Apôtres en collège ou corps stable,
à la tête duquel Il mit Pierre, choisi parmi eux. Puis Il les envoya
“pour qu’ils soient, sous sa conduite, les ministres et les pasteurs de
son Église. Ils furent pleinement confirmés dans cette mission, le jour
de la Pentecôte... (19) Cette mission divine confiée par le
Christ aux Apôtres durera jusqu’à la fin des siècles... C’est pourquoi
les Apôtres, dans cette société hiérarchiquement organisée, eurent soin
de se donner des successeurs... choisis parmi leurs collaborateurs
immédiats.” Plus tard d’autres hommes éprouvés prirent leur place.
“Ainsi, par l’intermédiaire de ceux que les Apôtres consacrèrent
évêques et de leurs successeurs jusqu’à nous, la tradition apostolique
est manifestée et conservée dans tout l’univers.”
Et le
saint Concile enseigne que les évêques, de par l’institution divine, ont
occupé, dans la succession, en tant que pasteurs de l’Église, la place
des Apôtres. “Et quiconque les écoute, écoute le Christ.” (20)
En la
personne des évêques assistés par les prêtres, le Seigneur Jésus-Christ
est présent au milieu de ses fidèles. Les évêques, enrichis par le
Christ des trésors de l’Esprit-Saint, sont les ministres du Christ.
“Le saint Concile enseigne que la consécation épiscopale confère la
plénitude du sacrement de l’Ordre... et qu’elle confère aussi avec la
charge de sanctifier, celle d’enseigner et de gouverner...” Mais ces
“charges ne peuvent être exercées que dans la communion hiérarchique
avec le Chef et les membres du collège.” (21)
“Pierre et les autres apôtres constituent, par ordre du Seigneur, un
seul collège apostolique...”
D’où le caractère et la
nature collégiale de l’ordre épiscopal, caractère confirmé au cours des
siècles, par les conciles œcuméniques. “Le Collège ou corps épiscopal
n’a cependant d’autorité que si on le conçoit uni à son chef, le Pontife
romain, successeur de Pierre.” Ce Collège “signifie l’unité du
troupeau du Christ. C’est à l’intérieur de ce Collège que les évêques,
tout en respectant la primauté et la prééminence de leur Chef, exercent
leur propre pouvoir pour le bien de leurs fidèles et même de toute
l’Église, tandis que le Saint-Esprit en assure constamment la cohésion
et la concorde.” (22)
Le
décret Lumen Gentium donne ensuite un certain nombre de règles
concernant:
—
les relations des évêques entre eux et avec le Pontife romain,
— le
fonctionement de l’ordre épiscopal et du Collège, notamment lors des
conciles œcuméniques,
—
le
gouvernement des évêques et leurs obligations,
—
le soin
d’annoncer l’Évangile partout dans le monde, et d’inculquer aux fidèles
l’amour de tout le Corps mystique,
—
l’aide
des missions, dans la mesure de leurs possibilités. (23)
“Les
évêques... reçoivent du Seigneur... la mission d’enseigner à toutes les
nations et de prêcher l’Évangile à toute créature.”
Cette charge est un service
“qui dans les saintes Écritures est précisément appelé “diakonia”
c’est-à-dire ministère.” (24)
“Parmi les principaux devoirs des évêques se distingue la prédication de
l’Évangile... Les évêques sont, en effet les hérauts de la foi... Ce
sont des docteurs authentiques, revêtus de l’autorité du Christ... Les
évêques, quand ils enseignent en communion avec le Pontife romain,
doivent être respectés par tous comme les témoins de la vérité divine et
catholique; et les fidèles doivent accepter l’avis donné par leur évêque
au nom de Jésus-Christ...
Considérés isolément, les évêques ne jouissent pas de la prérogative de
l’infaillibilité; cependant... “
lorsque, dans leur
enseignement “ils déclarent, d’un commun accord qu’il faut soutenir
sans hésiter tel point de doctrine, ils énoncent alors infailliblement
l’enseignement du Christ... Cela est encore plus évident lorsqu’ils sont
rassemblés en Concile ocuménique... Cette infaillibilté, le Pontife
romain la possède en vertu de son office, lorsque, en sa qualité de
pasteur et de docteur suprême... il proclame, en la définissant, une
doctrine de foi ou de morale.” (25)
Les
évêques ont une très importante fonction de sanctification des fidèles,
spécialement en ce qui concerne l’Eucharistie dont l’Église vit.“Toute
assemblée eucharistique relevant du ministère sacré de l’évêque est un
signe de cette charité et de cette unité du Corps mystique, sans
laquelle il ne peut y avoir de salut. Dans ces assemblées eucharistiques,...
le Christ est présent qui, par sa puissance rassemble l’Église une,
sainte, catholique et apostolique. En effet, la participation au corps
et au sang du Christ ne fait rien d’autre que de nous transformer en ce
que nous prenons.” (26)
“Les
évêques gouvernent les Églises locales qui leur sont confiées en qualité
de vicaires et légats du Christ; ils le font par leurs conseils, leurs
paroles persuasives, leurs exemples... par des décisions faisant
autorité, et par le pouvoir sacré... En vertu de ce pouvoir, les évêques
ont le droit sacré, et, aux yeux du Seigneur, la charge de légiférer
pour leurs sujets, de juger et de régler tout ce qui touche au domaine
du culte et de l’apostolat... Pour gouverner sa famille, l’évêque aura
devant les yeux l’exemple du Bon Pasteur qui est venu non pour être
servi, mais pour servir et donner sa vie pour ses brebis... Il se
montrera prompt à annoncer l’Évangile à tous et à exhorter ses fidèles à
l’activité apostolique et missionnaire. Les fidèles, de leur côté,
doivent adhérer à l’évêque comme l’Église adhère à Jésus-Christ et Jésus-Christ
au Père.” (27)
Le
ministère ecclésiastique est exercé par les évêques aidés par les
prêtres et les diacres:
—
Les
prêtres, bien qu’ils ne possèdent pas la plénitude du sacerdoce sont
unis à leur évêque dans la dignité sacerdotale et forment avec lui un
unique corps sacerdotal. Ils sont consacrés pour prêcher l’Évangile,
paître les fidèles et célébrer le culte divin, spécialement la synaxe
eucharistique, là où tenant la place du Christ, “ils le rendent
présent à nouveau... Ils exercent en outre le ministère de la
réconciliation et du réconfort auprès des fidèles repentants ou malades...
Les prêtres reconnaissent dans l’évêque leur père et lui obéissent avec
respect.”
Modèles
du troupeau qu’ils dirigent, les prêtres “doivent présenter aux
fidèles comme aux infidèles, aux catholiques et aux non catholiques, les
traits d’un ministère vraiment sacerdotal et pastoral.” 28)
—
Au degré
suivant se trouvent les diacres qui reçoivent l’imposition des mains en
vue du ministère qu’ils exercent de concert avec l’évêque et son clergé.
Ils sont principalement chargés du ministère de la prédication, des
secours de la charité. Ils peuvent administrer le Baptême, distribuer
l’Eucharistie, bénir les mariages, lire la Sainte Écriture aux fidèles,
exhorter le peuple, administrer les sacramentaux, accomplir les rites
des funérailles et de la sépulture.
À propos
des diacres, le Concile souhaite “que le diaconat soit rétabli comme
degré distinct et permanent de la hiérarchie.” (29)
Les laïcs
Tout ce qui a été dit du
Peuple de Dieu s’adresse aussi bien aux laïcs qu’aux clercs et aux
religieux. Sous le nom de laïcs, le Concile entend, à l’exception des
membres engagés, tous les fidèles incorporés au Christ par le Baptême.
Leur domaine propre est le temporel: “De par leur vocation propre, il
revient aux laïcs de chercher le Royaume de Dieu en administrant les
choses temporelles et en les ordonannt à Dieu.” Ils sont appelés par
Dieu à gérer les affaires du monde, et à travailler ce monde comme de
l’intérieur, à la manière d’un ferment. (30 et 31)
Le Peuple élu de Dieu est un:
“Un seul Seigneur, une seule foi et un seul Baptême.” La dignité
des membres est la même pour tous car “il n’y a plus ni juifs, ni
gentils.” Tous sont appelés à la sainteté, et tous sont égaux devant
Dieu. Ainsi, les évêques peuvent dire avec Saint Augustin: “Pour vous,
je suis évêque et avec vous je suis chrétien. Le premier titre est celui
de la dignité dont je suis revêtu, et le second, celui de la grâce. L’un
ne présente que des dangers, l’autre est pour moi un gage de salut.”
(32)
“Les laïcs, rassemblés
dans le peuple de Dieu et constitués en Corps unique du Christ sous un
seul chef, sont tous appelés, quels qu’ils soient, à contribuer comme
des membres vivants et de toutes les forces qu’ils ont reçues de la
bonté du Créateur et de la grâce du Rédempteur, à l’accroissement de
l’Église et à son ascension continuelle dans la sainteté. L’apostolat
des laïcs est donc une participation à la mission salvatrice de l’Église
elle-même... Cependant, les laïcs sont par-dessus tout appelés à rendre
l’Église présente et agissante en tout lieu et en toute circonstance où
elle ne peut devenir le sel de la terre que par leur intermédiaire...
Outre cet apostolat qui incombe à tous les fidèles sans exception, les
laïcs peuvent également être appelés, de diverses manières, à collaborer
plus immédiatement à l’apostolat de la hiérarchie... ils sont, en outre,
susceptibles d’être appelés par la hiérarchie à exercer certaines tâches
ecclésiastiques dans un but spirituel...
Que de toutes parts donc,
la voie leur soit ouverte afin que, selon leurs forces et les besoins
actuels, ils puissent, eux aussi, travailler avec ardeur à l’œuvre
salvatrice de l’Église.”
(33)
Les laïcs sont vivifiés par
l’Esprit du Christ de sorte que “voués au Christ et consacrés par
l’Esprit-Saint, ils soient... merveilleusement pourvus pour que les
fruits de l’Esprit croissent toujours en eux en plus grande abondance.”
Même leurs épreuves peuvent devenir des sacrifices spirituels
agréables à Dieu... “De cette manière, les laïcs, en une sainte et
universelle adoration, consacrent à Dieu le monde même.” (34)
Le Christ est notre grand
prophète. Il accomplit son office prophétique à la fois par le moyen de
la hiérarchie qui enseigne, et par le moyen des laïcs dont Il fait aussi
ses témoins et les hérauts de la foi aux choses que l’on espère. Cette
vocation du laïc est un état de vie de grande valeur sanctifié par le
sacrement du Mariage. Par le Mariage, “la religion chrétienne pénètre
la vie tout entière... La famille, par son exemple et par son témoignage
convainc le monde de péché et illumine les hommes en quête de vérité...
Le Seigneur, en effet, désire, même avec la collaboration des fidèles
laîcs, étendre son Royaume, Royaume de vérité et de vie, Royaume de
sainteté et de grâce, Royaume de justice, d’amour et de paix.” Pour
atteindre ce but, les fidèles doivent s’aider les uns les autres en vue
d’une vie plus sainte, même par des œuvres proprement profanes, et, afin
que le monde soit imprégné de l’Esprit du Christ, ils auront à cœur de
mettre en valeur les biens créés, d‘assainir les institutions humaines
et les conditions de vie, selon le commandement donné par le Créateur,
et à la lumière de sa Parole.
En toute chose temporelle,
les fidèles doivent se guider d’après la conscience chrétienne “De
même qu’on doit reconnaître qu’une cité terrestre aux prises -et à juste
titre- avec des problèmes terrestres, obéisse à des lois qui lui sont
propres, de même faut-il, et au même titre, rejeter la théorie néfaste
qui prétend construire la société sans tenir aucun compte de la
religion, et qui combat ou détruit la liberté religieuse des citoyens.”
(35 et 36)
En conclusion, il convient de
redire que “tout laïc doit être, à la face du monde, un témoin de la
résurrection et de la vie du Seigneur Jésus, un signe du Dieu vivant...
En un mot, ce qu’est l’âme dans le corps, que les chrétiens le soient
dans le monde.” (38)
La vocation de l’Église
à la sainteté
Par la foi, nous croyons que
l’Église est sainte. En effet, “le Christ, Fils de Dieu, qui avec le
Père et le Saint-Esprit est proclamé le seul saint, a aimé l’Église
comme son épouse et s’est donné pour elle afin de la sanctifier. Il l’a
unie à lui comme son corps et l’a ccomblée du don de l’Esprit-Saint,
pour la gloire de Dieu.” En conséquence tous les membres de l’Église
sont appelés à la sainteté. “La sainteté de l’Église, manifestée par
les richesses de la grâce du Saint-Esprit... apparaît proprement dans la
pratique des conseils que l’on appelle d’ordinaire évangéliques. Cette
pratique des conseils... porte, et doit porter dans le monde un
témoignage remarquable et un éclatant exemple de sainteté.” (39)
Jésus a prêché cette sainteté,
en a donné l’exemple, et a invité ses disciples à le faire. En effet
“il envoya à tous le Saint-Esprit qui les incite intérieurement à aimer
Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit et de
toutes leurs forces, et à s’aimer les uns les autres comme le Christ les
a aimés.” Les chrétiens sont devenus, par le Baptême, des fils de
Dieu. Ils doivent donc maintenir et perfectionner dans leur vie la
sainteté qu’ils ont reçue. “Et puique tous, nous commettons bien des
fautes, nous avons continuellement besoin de la miséricorde de Dieu et
devons demander chaque jour: remets-nous nos dettes... Quel que soit son
état ou son rang, chacun des fidèles est appelé à la plénitude de la vie
chrétienne et à la pefection de la charité, selon la mesure du don du
Christ.” Ainsi, devenus conformes à l’image du Christ et soumis à
la volonté du Père, les fidèles se consacreront à la gloire de Dieu et
au service du prochain. (40)
C’est une unique sainteté que
l’Esprit propose à tous ceux qui suivent le Christ pauvre, humble et
chargé de la Croix. “À l’image du Grand-prêtre éternel, pasteur et
évêque de nos âmes, les pasteurs du troupeau du Christ doivent, avant
toutes choses, accomplir leur ministère dans la sainteté, avec élan,
humilité et courage... À l’instar des évêques dont ils forment la
couronne spirituelle,... les prêtres doivent, par l’accomplissement de
leur devoir, grandir dans l’amour de Dieu et du prochain.” Les
prêtres, en s’acquittant du devoir de la prière et du Saint Sacrifice,
loin d’être arrêtés par les soucis et les fatigues de l’apostolat,
parviendront à une haute sainteté “s’ils ont soin de nourrir et
d’alimenter leur action aux sources inépuisables de la contemplation
pour la joie de l’Église de Dieu tout entière...”
Les prêtres peuvent être
aidés par les diacres qui participent, eux aussi, à la grâce du
sacerdoce suprême. “Adonnés à l’oraison, fervents dans la charité,
les diacres seront attentifs à tout ce qui est vrai, juste et de bonne
renommée, agissant uniquement pour la gloire et l’honneur de Dieu.”
Viennent ensuite les laïcs,
“époux et parents chrétiens qui doivent s’aider mutuellement dans la
grâce durant toute leur vie. Leurs enfants seront élevés dans la
doctrine chrétienne... Les personnes veuves et les gens non mariés
peuvent aussi contribuer notablement à la sainteté et à l’activité de
l’Église.”
Le décret Ad Gentes
n’oublie, ni les travailleurs manuels, ni ceux qui sont accablés par la
pauvreté, la faiblesse, la maladie, les persécutions. “Tous sont unis
de façon particulière au Christ souffrant pour le salut du monde.”(41)
Les
moyens de la sainteté
Dieu est Amour; et celui qui
demeure dans l’Amour demeure en Dieu et Dieu en lui. “Voilà pourquoi
le don primordial et souverainement nécessaire est la charité... mais
pour que la charité, comme le bon grain, croisse et produise des fruits,
chacun des fidèles doit s’ouvrir à la Parole de Dieu... recevoir
fréquemment les sacrements, surtout l’Eucharistie et participer souvent
aux célébrations liturgiques. Ils s’appliqueront constamment à la prière,
à l’abnégation d’eux-mêmes, à servir assidûment leurs frères... Ainsi la
charité envers Dieu et envers le prochain est-elle la marque distinctive
qui caractérise le vrai disciple du Christ.” Certes, le martyre,
“où le disciple devient semblable au Maître en acceptant volontiers la
mort pour le salut du monde, et où il lui devient conforme,” est le
lot d’un petit nombre. Mais tous les chrétiens doivent être prêts à
confesser le Christ devant les hommes.
Une mention spéciale est
réservée à ceux qui se consacrent à Dieu seul par la virginité ou le
célibat.
“La charité et l’humilité du
Christ ne peuvent en aucun moment se passer de l’imitation ou du
témoignage qu’en donnent ses disciples... Tous les fidèles donc, sont
invités -et même tenus- à rechercher la sainteté et la perfection de
leur état...” (42)
Les
religieux
Les conseils évangéliques de
la chasteté consacrée à Dieu, de la pauvreté et de l’obéissance,
“sont un don divin que l’Église a reçu de son Seigneur et qu’elle
conserve toujours avec sa grâce.” Les multiples genres de vie
consacrée: vie solitaire ou vie commune, “développent leurs
ressources tant pour le bien de leurs membres que pour celui de tout le
Corps du Christ.” Ces fidèles consacrés sont appelés par Dieu à
jouir d’un don spécial et à aider l’Église dans sa mission salvatrice.
(43)
Le fidèle qui s’engage à
observer les trois conseils évangéliques se donne totalement à Dieu dans
un suprême acte d’amour. Par cette profession, signifiant l’union
indissoluble du Christ avec l’Église, son épouse, le fidèle entend se
libérer des entraves qui pourraient diminuer chez lui la ferveur de la
charité autant que la perfection du culte divin, et se consacrer plus
intimement au service de Dieu. “Les conseils évangéliques unissent
d’une manière spéciale leurs adeptes à l’Église et à son mystère: aussi
convient-il que la vie spirituelle de ces derniers soit consacrée au
bien de toute l’Église. De là vient pour eux le devoir de travailler,
soit par la prière, soit par d’autres activités, à enraciner et à
consolider dans les âmes le Règne du Christ et à l’étendre à toutes les
parties du monde.”
La profession des conseils
évangéliques est un signe qui annonce la future résurrection et la
gloire du Royaume céleste ei qui manifeste la prééminence du Royaume de
Dieu sur toutes les choses terrestres. (44)
Docile aux impulsions du
Saint-Esprit, la hiérarchie de l’Église accueille les règles proposées
par les fondateurs, les examine, puis, les approuve ou demande des
modifications avant de donner son approbation. Les instituts de
perfection dépendent, soit de la juridiction de l’ordinaire du lieu,
soit du Souverain Pontife. Cependant tous les religieux doivent,
conformément aux lois canoniques, respect et obéissance aux évêques.
“L’Église... reçoit les vœux
de ceux qui font la profession, état consacré à Dieu; elle supplie Dieu,
par sa prière publique, de les aider et de leur acorder ses grâces, elle
les recommande à Dieu et leur impartit la bénédiction spirituelle, en
associant leur offrande au Sacrifice eucharistique.”
(45)
Les religieux sont des
témoins du Christ devant les hommes.“Tous auront égard au fait que la
profession des conseils évangéliques, qui comporte le renoncement à des
biens sans doute très estimables, loin de s’opposer au progrès véritable
de la personne humaine, cherche plutôt, par sa nature même, à le
promouvoir au plus haut point... Ces conseils... aident ... à la
purification du cœur et à la liberté spirituelle. Ils tiennent
continuellement en éveil la ferveur de la charité.” Les religieux,
de par leur consécration, ne deviennent ni étrangers aux hommes, ni
inutiles dans la cité terrestre. Au contraire, d’une manière cachée ou
visible, ils collaborent toujours avec leurs contemporains.(46)
En conclusion: “Chacun de
ceux qui sont appelés à la profession de conseils s’emploiera avec le
plus grand soin, à persévérer et à exceller davantage dans la vocation à
laquelle Dieu l’a appelé. Il en résultera pour l’Église une plus
abondante sainteté,” et une plus grande gloire pour la Sainte
Trinité. (47)
L’Église en marche
Caractère
eschatologique de la vocation chrétienne
“L’Église ne trouvera son
achèvement que dans la gloire céleste... En vérité le Christ, au jour de
son exaltation, attira tout à lui. Ressuscité des morts, il envoya aux
apôtres son Esprit vivifiant et, par lui, se constitua un Corps,
l’Église, sacrement universel du salut. Assis à la droite du Père, il
opère continuellement dans le monde pour conduire les hommes à l’Église
et, par elle, les unir plus étroitement à lui... La restauration promise
aux hommes progresse avec l’envoi du Saint-Esprit et, grâce à lui, nous
apprend le sens de notre vie temporelle, tandis que nous accomplissons,
dans l’espérance des biens futurs, l’œuvre que le Père nous a donné à
faire en ce monde...
... Le renouvellement de
l’univers a vraiment commencé dès ici-bas. Dès ici-bas l’Église est, en
effet, auréolée d’une sainteté véritable, si imparfaite qu’elle soit...”
Tant que les cieux
nouveaux et la nouvelle terre ne seront pas arrivés, “l’Église
voyageuse portera, dans ses sacrements et dans ses institutions, qui
appartiennent à l’ère présente, le reflet de ce monde qui passe;
elle-même vit au milieu des créatures qui soupirent et souffrent les
douleurs de l’enfantement en attendant la révélation des fils de Dieu.”
“Unis avec le Christ dans
l’Église et marqués par le Saint-Esprit... nous sommes appelés fils de
Dieu, et en vérité, nous le sommes,“
quoique nous vivions exilés
loin du Seigneur.“Aussi nous efforçons-nous de plaire au Seigneur et
nous revêtons-nous des armes de Dieu afin de pouvoir tenir ferme contre
les ruses du diable et, au jour mauvais résister. Mais comme nous ne
connaissons ni le jour ni l’heure, il nous faut... veiller assidûment
afin qu’au terme de notre unique vie terrestre nous méritions... d’être
comptés parmi les bienheureux... En effet, avant de régner avec le
Christ glorieux, nous comparaîtrons tous devant le tribunal du Christ
pour recevoir chacun le salaire du bien et du mal que nous aurons
accompli durant notre vie corporelle...” (48)
“En attendant que le
Seigneur... revienne dans sa gloire, certains de ses disciples cheminent
sur la terre tandis que d’autres, après cette vie, subissent la
purification et que d’autres jouissant de la gloire, contemplent
clairement Dieu un et trine, tel qu’Il est. Tous cependant... communient
dans le même amour de Dieu et du prochain.”
Nous sommes tous unis en une
seule Église, mais ”les bienheureux affermissent davantage dans la
sainteté l’Église tout entière... et ne cessent d’intercéder pour nous
auprès du Père... C’est en effet dans la vie de ceux qui, tout en
partageant notre condition humaine, reflètent pourtant davantage les
traits du Christ que Dieu se fait présent... Il convient donc que nous
aimions ces amis... nos frères et nos bienfaiteurs, et que nous leur
adressions des supplications et recourions à leurs prières et à leur
aide puissante pour obtenir de Dieu des grâces par son Fils Jésus-Christ,
qui seul est notre Rédempteur et Sauveur... Ainsi, quand nous célébrons
le sacrifice eucharistique, nous nous unissons très intimement au culte
de l’Église céleste...” (49 et 50)
Le vrai culte des saints
c’est de chercher “dans leur vie un exemple, dans leur communion une
participation à leurs biens et dans leur intercession un secours...”
Nos relations avec les bienheureux, vécues dans la foi, “ne diminuent
en rien le culte d’adoration rendu à Dieu par le Christ, dans l’Esprit,
mais au contraire l’enrichissent davantage... Et quand le Christ
apparaîtra et que se produira la glorieuse résurrection des morts, la
Cité céleste, dont l’agneau sera la lampe, s’illuminera de la clarté de
Dieu.” (51)
La bienheureuse Vierge
Marie, Mère de Dieu, dans le Mystère du Christ et de l’Église
Dieu a envoyé son Fils afin
de nous sauver, de nous libérer du péché et de faire de nous des fils
adoptifs. Le Fils de Dieu venu dans le monde est né d’une femme. Ce
divin mystère du salut, les fidèles “doivent en vénérer le souvenir,
et, avant tout, le souvenir de la glorieuse et toujours vierge
Marie, Mère de Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ...(52) La Vierge
Marie... accueillit dans son corps le Verbe de Dieu: elle est reconnue
et honorée comme la vraie Mère de Dieu et du Rédempteur... Elle est la
fille préférée du Père et le temple de l’Esprit-Saint.” Marie est
également la Mère de l’Église, et des membres du Corps mystique du
Christ. L’un des buts du Concile “est de mettre soigneusement en
lumière la fonction de la bienheureuse Vierge dans le mystère du Verbe
incarné et du Corps mystique, et, d’autre part, les devoirs des hommes
rachetés envers la Vierge, Mère du Christ et Mère des hommes.” (53
et 54)
Rôle
de la Sainte Vierge dans l’économie du salut
Les livres de l’Ancien
Testament, dès la Genèse, “mettent peu à peu, en une lumière toujours
plus claire la figure d’une femme: la Mère du Rédempteur.” Elle
accomplira la promesse faite à nos premiers parents: la Vierge concevra
et mettra au monde un Fils qui sera appelé l’Emmanuel.(55)
De même qu’une femme, Ève,
avait contribué à la mort, une femme, Marie, devait servir à redonner la
vie. Ainsi, “Marie, la Mère de Jésus a donné au monde la Vie qui
renouvelle tout, et elle a été enrichie par Dieu de dons correspondant à
une si haute fonction... Toute sainte, elle s’est consacrée totalement
comme servante du Seigneur à la personne et à l’œuvre de son Fils, toute
au service du mystère de la Rédemption en dépendance de son Fils et en
union avec Lui, par la grâce de Dieu tout puissant... Grâce à elle, le
nœud de la désobéissance d’Ève a été dénoué par l’obéissance de Marie,
la Mère des Vivants... (56) Cette union de la Mère et de son Fils
dans l’œuvre de la Rédemption se manifeste depuis le moment de la
conception virginale du Christ jusqu’à sa mort.” (57 et 58)
Préservée du péché, la Vierge
Immaculée fut, au terme de sa vie terrestre, élevée au ciel en son âme
et en son corps. (59)
Marie
et l’Église
Il n’y a qu’un seul Médiateur
entre Dieu et les hommes: l’Homme-Christ, Jésus. C’est Dieu Lui-même qui
a voulu l’action de la Vierge Marie sur les hommes, action qui facilite
l’union immédiate des croyants avec le Christ. “La maternité de Marie
dure sans cesse dans l’économie de la grâce... Dans sa charité
maternelle, elle s’occupe... des frères de son Fils qui sont encore des
pèlerins et qui sont en butte aux dangers et aux misères... Elle est
invoquée dans l’Église sous les titres d’Avocate,
d’Auxiliatrice,
d’Aide et de Médiatrice,”
car la médiation unique du
Rédempteur n’exclut pas la coopération de la Très Sainte Vierge, sa Mère.
(60 à 62)
La Mère de Dieu est
intimement liée à l’Église dont elle est la figure “dans l’ordre de
la foi, de la charité et de l’union parfaite avec le Christ.” (63)
Contemplant la charité et sainteté mystérieuse de Marie, l’Église qui
accomplit la volonté du Père devient mère, elle aussi. “À l’imitation
de la Mère de son Seigneur, elle conserve d’une façon virginale, par la
vertu de l’Esprit-Saint, une foi intacte, une espérance ferme et une
charité sincère.” (64) Marie est un modèle de vertu pour tous les
fidèles.(65)
Le
culte rendu à Marie dans l’Église
“L’Église honore, à juste
titre, d’un culte spécial, celle que la grâce de Dieu a faite inférieure
à son Fils, certes, mais supérieure à tous les anges et à tous les
hommes.” Le culte
rendu à Marie exista toujours dans l’Église, mais c’est surtout à partir
du Concile d’Éphèse qu’il grandit particulièrement selon la prophétie de
Marie elle-même:“Toutes les générations me diront bienheureuse.”
En conséquence, le Saint
Concile “exhorte tous les fils de l’Église à pratiquer généreusement
le culte, spécialement le culte liturgique, à l’égard de la bienheureuse
Vierge; à tenir en grande estime les pratiques et les exercices de
dévotion de caractère marial que le magistère de l’Église recommande
depuis des siècles...” en s’abstenant, cependant, tout autant de la
fausse exaltation que de toute étroitesse d’esprit. (66 et 67)
“Si la Mère de Jésus, déjà
glorifiée en son corps et en son âme, est l’image et le commencement de
ce que sera l’Église en sa forme achevée, au siècle à venir, eh bien!
sur la terre, jusqu’à l’avènement du jour du Seigneur, elle brille;
devant le peuple de Dieu en marche, comme un signe d’espérance et de
consolation...
(68) Que tous les fidèles adressent avec instance des prières à la
Mère de Dieu et à la Mère des hommes.” (69)
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