CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

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La PASSION de MARIE
selon
Anne-Catherine EMMERICH

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Le Chemin de Croix et la Crucifixion

 

Deuxième chute de Jésus sous la Croix  

“La mère de Jésus, toute navrée de douleur, avait quitté le forum près d’une heure auparavant, après le prononcé du jugement inique qui condamnait son fils... Elle avait visité plusieurs endroits sanctifiés par les souffrances du Seigneur, mais lorsque le son de la trompette... et la mise en mouvement du cortège annoncèrent le départ pour le Calvaire, elle ne put résister au désir de voir encore son divin Fils... Suzanne, Jeanne Chusa et Salomé de Jérusalem accompagnaient la Sainte Vierge.

On entendait déjà le bruit du cortège qui s’approchait. Marie pria et dit à Jean: “Dois-je voir ce spectacle? Dois-je m’enfuir? Comment pourrais-je le supporter?

— Si vous ne restiez pas, répondit Jean, vous vous le reprocheriez amèrement plus tard.”

... Le cortège était encore à quatre vingts pas de là. Beaucoup de gens de la populace, qui avaient quitté le forum, couraient çà et là pour trouver des places d’où ils pussent voir le cortège. Les gens qui portaient les instruments du supplice... accablèrent de moqueries la douloureuse Mère; ils la montrèrent du doigt, et l’un d’eux prit dans sa main les clous qui devaient attacher Jésus à la croix et les présenta à la Sainte Vierge d’un air moqueur. Elle regarda Jésus en joignant les mains, et brisée par la douleur, s’appuya pour ne pas tomber...

Les yeux de Jésus, éteints et ensanglantés, sous l’horrible tresse de la couronne d’épines, jetèrent sur sa douloureuse mère un regard triste et compatissant. Trébuchant sous son fardeau, iI tomba pour la seconde fois sur ses genoux et sur ses mains.... Marie, sous la violence de la douleur, ne vit plus ni soldats, ni bourreaux, elle ne vit que son Fils bien-aimé” réduit à ce misérable état: elle se précipita au milieu des archers qui maltraitaient Jésus, tomba à genoux près de Lui et Le serra dans ses bras.” 

La voyante entendit les mots: “Mon Fils! Ma mère!” ...”Il y eut un moment de désordre: Jean et les saintes femmes voulaient relever Marie. Les archers l’injurièrent. L’un d’eux lui dit: “Femme, que viens-tu faire ici? Si tu l’avais mieux élévé, il ne serait pas entre nos mains!” Les soldats repoussèrent la sainte Vierge en arrière, mais personne ne la toucha...”  [1] 

Véronique et le suaire  

“A peine Séraphia (Véronique) après avoir essuyé le visage de Jésus, était-elle rentrée dans sa chambre, qu’elle étendit le suaire, sur la table... et tomba sans connaissance: un ami qui venait la voir, la trouva ainsi près du linge déployé où la face de Jésus s’était empreinte d’une façon merveilleuse mais effrayante. Il fut très frappé de ce spectacle, la fit revenir à elle et lui montra le suaire devant lequel elle se mit à genoux... Ce suaire était de laine fine, trois fois plus long que large; on le portait habituellement autour du coup... C’était l’usage d’aller avec un pareil suaire au-devant des gens affligés, fatigués ou malades, et de leur en essuyer le visage en signe de deuil et de compassion. Véronique garda toujours le suaire pendu au chevet de son lit. Après sa mort, il revint, par les saintes femmes, à la Sainte Vierge, puis à l’Église par les apôtres.”

Anne-Catherine explique alors que Séraphia était cousine de Jean-Baptiste, donc apparentée à la Sainte Vierge. Elle avait au moins cinq ans de plus que Marie et avait assisté à son mariage avec Saint Joseph. Elle était aussi parente du vieillard Siméon. Toute sa parenté attendait le venue du Messie. Lorsque Jésus, âgé de douze ans, resta à Jérusalem et enseigna dans le Temple, elle n’était pas encore mariée, et c’est elle qui Lui envoyait sa nourriture dans une petite auberge où Il restait quand Il n’était pas dans le Temple. Cette auberge était une fondation pour les pauvres: Jésus et ses disciples venaient souvent y loger. [2] 

Marie et ses amis vont au Calvaire

Lorsque Marie eut été chassée par les soldats, ses amis la ramenèrent dans la maison, sans force. Mais le désir d’être près de son fils, et peut-être une des nécessités de la Rédemption, lui rendirent rapidement des forces. Elle alla donc avec ses compagnes chez Lazare, et de là partit, avec seize autres personnes pour suivre le chemin de la Passion. Indifférentes aux injures de la populace, les femmes traversèrent le forum, couvertes de leurs voiles, cherchant les traces des pieds de Jésus. “Marie, sentant et voyant tout à l’aide d’une lumière intérieure, les guidait sur cette voie douloureuse... C’est ainsi que le culte du Chemin Sacré de la Croix, prit naissance et fut inauguré pour ainsi dire sous les pieds mêmes de Jésus,... par suite des vues de Dieu sur son peuple, et non en vertu d’un dessein formé après coup..

Cette sainte troupe vint à la maison de Véronique et... elles regardèrent en pleurant le visage de Jésus empreint sur le suaire... Puis elle se dirigèrent toutes ensemble vers le Golgotha... Marie, quelques femmes et Jean s’avancèrent jusqu’à la plate-forme. Quel spectacle pour Marie que ce lieu de supplice, cette terrible croix, ces marteaux, ces cordes, ces clous effrayants, ces hideux bourreaux demi-nus, à peu près ivres, faisant leur affreux travail avec des imprécations! L’absence de Jésus prolongeait le martyre de sa mère: elle savait qu’Il était encore vivant, elle désirait Le voir, et elle tremblait à la pensée des tourments sans nom auxquels elle le verrait livré.” 

Pendant qu’on conduisait Jésus au supplice, le ciel s’éclaircit; mais vers midi, un brouillard rougeâtre voila le soleil.”  [3] 

Le crucifiement

    Jésus est dépouillé et attaché à la croix

Quand tout fut prêt, on arracha Jésus du cachot situé tout près du Calvaire, là où on L’avait mis pendant qu’on préparait la croix, sans ménagement et toujours sous les insultes et sous les coups. “Quand les saintes femmes Le virent, elles donnèrent de l’argent à un homme pour qu’il achetât des archers la permission de faire boire à Jésus du vin aromatisé apporté par Véronique. Mais ces misérables ne le Lui donnèrent pas et le burent eux-mêmes. Ils présentèrent au Sauveur un verre de vin mêlé de myrrhe et d’absinthe: Jésus y ayant posé ses lèvres n’en but pas.”

Jésus fut de nouveau dépouillé de tous ses vêtements, et la couronne d’épines lui fut de nouveau violemment arrachée. Toutes ses plaies se rouvrirent. “Son corps mis à nu était horriblement enflé et sillonné de blessures; ses épaules et son dos étaient déchirés jusqu’aux os... Les archers lui arrachèrent alors sa dernière ceinture; resté nu, il se courbait et se détournait tout plein de confusion. Comme Il était près de s’affaisser sur lui-même, ils Le firent asseoir sur une pierre, Lui remirent sur la tête la couronne d’épines et Lui présentèrent un vase plein de fiel et de vinaigre, mais Ll détourna la tête en silence.

Au moment où les archers Lui saisirent les bras dont Il se servait pour couvrir sa nudité et le redressèrent pour le coucher sur la croix, des murmures d’indignation et des cris de douleur s’élevèrent parmi ses amis, à la pensée de cette dernière ignominie. Sa mère priait avec ardeur, elle pensait à arracher son voile, à se précipiter dans l’enceinte, et à le Lui donner pour s’en couvrir, mais Dieu l’avait exaucée, car au même instant un homme qui, depuis la porte, s’était frayé un chemin à travers le peuple, arriva, tout hors d’haleine, se jeta au milieu des archers, et présenta un linge à Jésus qui le prit en remerciant et l’attacha autour de ses reins. Ce bienfaiteur de son Rédempteur que Dieu envoyait à la prière de la sainte Vierge avait, dans son impétuosité, quelque chose d’impérieux. Il montra le poing aux archers en leur disant: “Gardez-vous d’empêcher ce pauvre homme de se couvrir.”, puis il se retira aussi précipitamment qu’il était venu.” [4] 

Le crucifiement

Pendant qu’on crucifiait Jésus, “la Vierge gémissait faiblement et semblait avoir perdu connaisance... Elle ressentait toutes les douleurs de Jésus; elle était pâle comme un cadavre et des sanglots entrecoupés s’échappaient de bouche. Les pharisiens adressaient des insultes et des moqueries du côté où elle se trouvait, et on la conduisit à quelque distance près des saintes femmes...” 

Bientôt la sainte Vierge revint sur le lieu du supplice. “La dislocation des membres de son fils, le bruit des coups de marteau et les gémissements de Jésus pendant qu’on Lui clouait les pieds excitèrent en elle une douleur si violente qu’elle tomba de nouveau sans connaissance entre les bras de ses compagnes. Il y eut alors de l’agitation. Les pharisiens à cheval s’approchèrent et lui adressèrent des injures; mais ses amis l’emportèrent à quelque distance.”

Exaltation de la croix

“Lorsque les bourreaux eurent crucifié Notre Seigneur, ils attachèrent des cordes à la partie supérieure de la croix, et, faisant passer ces cordes autour d’une poutre transversale, fixée du côté opposé, ils s’en servirent pour élever la croix, tandis que quelques-uns d’entre eux la soutenaient et que d’autres en poussaient le pied jusqu’au trou qu’on avait creusé pour elle, et où elle s’enfonça de tout son poids avec une terrible secousse. Jésus poussa un cri de douleur, tout le poids de son corps pesa verticalement, ses blessures s’élargirent, son sang coula abondamment et ses os disloqués s’entre-choquèrent. Les archers, pour affermir la croix, la secouèrent encore et enfoncèrent cinq coins autour...”  Les mains tremblantes de Marie, de Jean et des saintes femmes se levèrent comme pour secourir Jésus élevé, balancé en l’air. “Mais quand la croix s’enfonça avec bruit dans le creux du rocher, il y eut un moment de silence solennel...”

Quand la croix fut relevée, Marie, Jean et ceux qui avaient le cœur pur saluèrent avec un accent douloureux, le Verbe fait chair, élevé sur la Croix. Il y eut ensuite le “moment de silence solennel... C’est alors qu’on entendit du côté du Temple le bruit des trompettes qui annonçaient l’immolation de l’agneau pascal prophétique...”  [5] 

Pendant que l’on crucifiait les deux larrons, ”les exécuteurs avaient fait plusieurs lots des habits de Jésus afin de les diviser entre eux... Ils déchirèrent le manteau en plusieurs pièces ainsi que sa robe blanche... Tous ces vêtements étaient imbibés du sang de Jésus. Ne pouvant tomber d’accord pour savoir qui aurait la robe sans couture dont les morceaux n’auraient pu servir à rien...,” ils la tirèrent au sort. “Mais un messager de Nicodème et de Joseph d’Arimathie ... leur dit qu’ils trouveraient, en bas de la montagne, des acheteurs pour les habits de Jésus... ce qui conserva aux chrétiens ces précieuses reliques.”  [6] 


[1]-Extraits de “La douloureuse Passion de N.S. Jésus-Christ” d’Anne-Catherine Emmerich - Chapitre XXXII “Deuxième chute de Jésus sous la Croix”.
[2]-Extraits de “La douloureuse Passion de N.S. Jésus-Christ” d’Anne-Catherine Emmerich - Chapitre XXXIV “Véronique et le suaire”.
[3]-Extraits de “La douloureuse Passion de N.S. Jésus-Christ” d’Anne-Catherine Emmerich - Chapitre XXXVII “Marie et ses amies vont au Calvaire”.
[4]-Extraits de “La douloureuse Passion de N.S. Jésus-Christ” d’Anne-Catherine Emmerich - Chapitre XXXVIII “Jésus dépouillé est attaché à la croix”.
[5]-Extraits de “La douloureuse Passion de N.S. Jésus-Christ” d’Anne-Catherine Emmerich - Chapitre XXXIX “Exaltation de la croix”.
[6]-Extraits de “La douloureuse Passion de N.S. Jésus-Christ” d’Anne-Catherine Emmerich - Chapitre XL “Crucifiement des larrons”.

 

   

 

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