CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

La PASSION de JÉSUS
selon
Maria de AGREDA
(1602-1665)

4
Jésus chez Pilate et Hérode

La ville de Jérusalem était déjà pleine de monde. Comme on conduisait chez Pilate, Marie, sortant de sa retraite rencontra Jean qui venait lui donner des nouvelles. Il sollicita d’abord le pardon de Marie puis il lui raconta tout ce qui se passait. Marie ordonna à Jean de la suivre avec les autres saintes femmes  pour retrouver Jésus. Sur le chemin, certaines personnes étaient émues de son malheur. D’autres, au contraire, l’accablaient en disant: “Que vous avez mal élevé votre fils!...” (1303)

Jésus chez Pilate

Jésus fut présenté à Pilate. Le premier interrogatoire chez Pilate est intégralement relaté dans les Évangiles. Pilate comprit tout de suite que Jésus était innocent et que c’était par jalousie qu’on le lui livrait. Quand il fut seul avec Jésus, Pilate le questionna davantage et s’étonna de la sagesse de ses réponses. Mais quand il lui eut répondu: “Qu’est-ce que la vérité?” il sortit du prétoire sans attendre la réponse de Jésus.” et retourna vers les juifs pour leur faire choisir celui qu’ils voudraient qu’on libère: Jésus ou Barabbas.

Le choix des juifs embarrassa beaucoup Pilate car ‘la force des paroles de Jésus portait Pilate à en faire une haute estime, et à croire qu’il renfermait en lui quelque mystère; c’est pourquoi il cherchait les moyens de le délivrer.”  En attendant, il envoya Jésus chez Hérode. (1305 à1308)

C’est à cet endroit du récit que Marie fait à Marie d’Agreda quelques remarques dont certaines nous touchent particulièrement:

— Si Jésus ne voulait pas donner de preuves de sa royauté “ni user de la puissance de roi temporel, lui, le Maître absolu de tout l’univers, c’était parce qu’il n’était pas venu dans le monde pour commander aux hommes, mais pour obéir.” (1309)

— Jésus veut que tous les hommes soient sauvés, s’ils ne mettent aucun obstacle de leur côté. “Personne n’a sujet de se plaindre de la misérocorde divine qui a été surabondante.” (1311)

— Généralement tous les hommes recherchent les honneurs et la vaine gloire, tous veulent être estimés, préférés. Ceux qui se croient savants veulent être vantés, applaudis... Les ignorants veulent paraître savants. Les riches se glorifient de leurs richesses, et veulent être honorés. Les pauvres aspirent à devenir riches... et briguent leurs faveurs. Les  puissants veulent qu’on les craignent, qu’on les respecte et qu’on leur obéïsse. Tous... tâchent de paraître ce qu’ils ne sont point, et ne sont pas ce qu’ils désirent paraître. (1312) La patience et le silence qu’eut, en sa Passion, mon Fils, permettant qu’on le traitât comme un insensé malfaiteur, brisèrent la tête du Dragon infernal et rabattirent sa superbe arrogance. (1313)

Jésus chez Hérode

Toujours ligoté, Jésus quitta la maison de Pilate pour aller chez Hérode, toujours accompagné des soldats, des scribes et des prêtres, toujours aussi maltraité et insulté. Marie suivait le cortège accompagnée des saintes femmes. Les scènes qui eurent lieu chez Hérode sont connues. Hérode irrité par le silence de Jésus le fit revêtir de la robe blanche des fous et le renvoya chez Pilate sans avoir pu trouver aucun crime en Jésus. (1317 et 1318) 

Sortant du tribunal d’Hérode, Jésus rencontra sa Sainte Mère. Leurs regards se rencontrèrent et exprimèrent une intense douleur. Le chemin du retour de Jésus  chez Pilate fut un nouveau chemin de croix; les soldats le firent tomber plusieurs fois et le malmenèrent avec une telle violence que le sang jaillissait de partout. (1319) Pourtant Jésus ne cessait de prier. Quand Jésus arriva de nouveau devant Pilate, ce dernier s’efforça de calmer les juifs, car l’émeute menaçait. C’est à ce moment que Pilate demanda  de l’eau pour se laver les mains et se déclarer innocent du sang de celui qu’il jugeait innocent, et délivra Barabbas. (1325)

Suivent de nombreuses considérations d’ordre moral et philosophique. La prière de Marie qui assiste à tous ces évènements, si douloureux pour elle, est également rapportée, car elle sollicitait le pardon des ennemis qui lui ravissaient son fils. Je ne rapporterai ici que quelques remarques concernant les prêtres et les religieux:

— “... les âmes accoutumées aux bienfaits de Dieu, ou par office comme les prêtres et les religieux, ou par habitude des vertus et des faveurs, comme les autres personnes adonnées à la spiritualité, pèchent ordinairement par le mépris qu’elles font de ces mêmes bienfaits, et par le mauvais usages des choses divines; car, par suite de leur fréquence, elles en viennent, par un aveuglement étrange, à estimer peu les dons du Seigneur... Bientôt elles perdent cette sainte crainte qui entretient la vigilance et excite la créature à faire le bien, à obéir à la volonté divine, et à profiter avec soin des moyens que Dieu a prescrits pour sortir du péché et acquérir son amitié et la vie éternelle. Ce danger est extrêmement grave pour les prêtres tièdes qui fréquentent l’Eucharistie et les autres sacrements sans crainte et sans respect.” (1332)

— ”... Vous comprendrez quel mal c’est d’offenser le Tout-Puissant... Le mystère de la Passion et de la mort de mon très saint Fils atteste cette vérité, en ce que les pontifes, les prêtres, les scribes et tout ce peuple étaient, comparativement aux gentils, plus redevables à Dieu, et leurs péchés les firent tomber dans un endurcissement plus aveugle et plus cruel que celui des gentils eux-mêmes, qui ignoraient la véritable religion.”  (1334)

La flagellation

Pilate était toujours hésitant. Il savait Jésus innocent et ne voulait pas le condamner à mort. Il crut, mais il se trompait, qu’en le faisant durement fouetter il apaiserait la fureur du peuple juif. On emmena donc Jésus sur un parvis de la maison entouré de colonnes dont les unes soutenaient l’édifice, tandis que les autres étaient à découvert et fort basses.

Remarque:

Maria d’Agreda est la seule à avoir vu des colonnes basses. Les autres mystiques ont noté qu’on avait attaché Jésus à une  colonne haute. Cependant, les petites différences qui existent entre les récits des diverses mystiques sont pratiquement normales. Tout le monde sait bien que, quand un événement grave se produit quelque part, les témoignages des personnes présentes diffèrent toujours, soit parce qu’elles ne se trouvaient pas dans le même de vision, soit parce que leurs niveaux d’émotivité n’étaient pas les mêmes.

Marie d’Agreda continue son récit.

Jésus fut dépouillé de ses vêtements et attaché à une colonne.par six bourreaux. qui se mirent à le flageller deux à deux:

“Les deux premiers fouettèrent le très innocent Seigneur avec de grosses cordes retorses... Par ces premiers coups ils couvrirent tout le corps... d’énormes tumeurs et de meurtrissures... Quand  ceux-la se furent lassés, deux autres bourreaux les remplacèrent et le frappèrent à l’envi avec de rudes lanières et avec tant de violence qu’ils firent crever toutes les tumeurs et toutes les ampoules que les premiers avaient causées... Ces deux bourreaux étant hors d’haleine se retirèrent et les derniers commencèrent à les frapper avec des nerfs aussi durs que des osiers déjà secs... Ces monstres déchirèrent la chair virginale de notre Rédempteur; ils en firent tomber plusieurs lambeaux par terre et lui dénudèrent les os en divers endroits de ses épaules.... En outre, ils le couvrirent de leurs immondes crachats... Ainsi, le souverain Seigneur devint pour nous et sous notre chair, comme l’avait prédit Isaïe, un homme de douleur, connaissant à fond, par sa propre expérience, toutes nos souffrances.”

Quand Jésus fut délié de la colonne, on lui ordonna de se revêtir... Jésus eut à souffrir une autre douleur que le froid lui causait, car la saison était froide.

Suivent les scènes de dérision: Jésus est recouvert d’un vieux manteau de pourpre, sale et tout déchiré, puis couronné d’épines. Dans sa main droite on lui mit un roseau en guise de sceptre. Mais ni les sanglantes railleries, ni les mauvais traitements ne purent apaiser la rage des juifs. (1342)

“Pilate crut que si le peuple voyait Jésus de Nazareth dans un état si pitoyable, il en aurait le cœur attendri et confus; c’est pour cela qu’il ordonna qu’on le fit paraître à une fenêtre du prétoire, afin que tous le vissent ainsi déchiré de coups, défiguré, couronné d’épines, et sous le costume ignominieux d’un roi imaginaire. Et alors, s’adressant au peuple, il lui dit: “Ecce Homo”: “voilà l’homme que vous regardez comme votre ennemi... Il est si abattu que vous n’avez plus sujet de le craindre. Je ne trouve rien en lui qui soit digne de mort.”  mais la haine des pontifes et des pharisiens était telle qu’ils répondirent à Pilate: “Crucifiez-le! Crucifiez-le!” (1346)

La suite est connue. Bien que très troublé et effrayé par les paroles de Jésus-Christ, Pilate céda devant les menaces des juifs et prononça la sentence de mort contre l’auteur de la vie. (1350)

La Sainte Vierge donne de nouveau des instructions à Maria d’Agreda: “Ce qui arriva au chef Jésus-Christ mon Seigneur et mon Fils, doit arriver jusqu’à la fin du monde aux membres de ce corps mystique qui sont les justes et les prédestinés... (1352) ...Et si après que votre Rédempteur, votre Époux et votre Chef a été maltraité, couronné d’épines et chargé d’opprobres, vous voulez être sa disciple et membre de son corps mystique... il faut que vous soyez persécutée sans que vous persécutiez personne, et opprimée sans opprimer qui que ce soit; que vous portiez la croix et souffriez le scandale sans le causer; que vous pâtissiez sans faire pâtir votre prochain; vous devez, au contraire, travailler à son salut autant qu’il vous sera possible, ne cessant de pratiquer la perfection de votre état et de votre vocation. C’est là le partage des amis de Dieu...” (1353)

   

 

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