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Jésus chez Pilate et Hérode
La ville de
Jérusalem était déjà pleine de monde. Comme on conduisait chez Pilate, Marie,
sortant de sa
retraite rencontra Jean
qui venait lui donner des nouvelles. Il sollicita d’abord le pardon de Marie
puis il lui raconta tout ce qui se passait. Marie ordonna à Jean de la suivre
avec les autres saintes femmes pour retrouver Jésus. Sur le chemin, certaines
personnes étaient émues de son malheur. D’autres, au contraire, l’accablaient en
disant: “Que vous avez mal élevé votre
fils!...” (1303)
Jésus chez Pilate
Jésus fut présenté à Pilate.
Le premier interrogatoire chez Pilate est intégralement relaté dans les
Évangiles. Pilate comprit tout de suite que Jésus était innocent et que c’était
par jalousie qu’on le lui livrait. Quand il fut seul avec Jésus, Pilate le
questionna davantage et s’étonna de la sagesse de ses réponses. Mais quand il
lui eut répondu: “Qu’est-ce que la vérité?” il sortit du prétoire sans
attendre la réponse de Jésus.” et retourna vers les juifs pour leur faire
choisir celui qu’ils voudraient qu’on libère: Jésus ou Barabbas.
Le choix des juifs
embarrassa beaucoup Pilate car ‘la force des paroles de Jésus portait Pilate
à en faire une haute estime, et à croire qu’il renfermait en lui quelque
mystère; c’est pourquoi il cherchait les moyens de le délivrer.” En
attendant, il envoya Jésus chez Hérode. (1305 à1308)
C’est à cet endroit du récit
que Marie fait à Marie d’Agreda quelques remarques dont certaines nous touchent
particulièrement:
— Si Jésus ne
voulait pas donner de preuves de sa royauté
“ni user de la puissance de roi temporel, lui, le
Maître absolu de tout l’univers, c’était parce qu’il n’était pas venu dans le
monde pour commander aux hommes, mais pour obéir.” (1309)
— Jésus
veut que tous les hommes soient sauvés, s’ils ne mettent aucun obstacle de leur
côté. “Personne n’a sujet de se plaindre
de la misérocorde divine qui a été surabondante.” (1311)
— Généralement tous les
hommes recherchent les honneurs et la vaine gloire, tous veulent être estimés,
préférés. Ceux qui se croient savants veulent être vantés, applaudis... Les
ignorants veulent paraître savants. Les riches se glorifient de leurs richesses,
et veulent être honorés. Les pauvres aspirent à devenir riches... et briguent
leurs faveurs. Les puissants veulent qu’on les craignent, qu’on les respecte et
qu’on leur obéïsse. Tous... tâchent de paraître ce qu’ils ne sont point, et ne
sont pas ce qu’ils désirent paraître. (1312) La patience et le silence qu’eut,
en sa Passion, mon Fils, permettant qu’on le traitât comme un insensé
malfaiteur, brisèrent la tête du Dragon infernal et rabattirent sa superbe
arrogance. (1313)
Jésus chez Hérode
Toujours ligoté, Jésus
quitta la maison de Pilate pour aller chez Hérode, toujours accompagné des
soldats, des scribes et des prêtres, toujours aussi maltraité et insulté. Marie
suivait le cortège accompagnée des saintes femmes. Les scènes qui eurent lieu
chez Hérode sont connues. Hérode irrité par le silence de Jésus le fit revêtir
de la robe blanche des fous et le renvoya chez Pilate sans avoir pu trouver
aucun crime en Jésus. (1317 et 1318)
Sortant du tribunal
d’Hérode, Jésus rencontra sa Sainte Mère. Leurs regards se rencontrèrent et
exprimèrent une intense douleur. Le chemin du retour de Jésus chez Pilate fut
un nouveau chemin de croix; les soldats le firent tomber plusieurs fois et le
malmenèrent avec une telle violence que le sang jaillissait de partout. (1319)
Pourtant Jésus ne cessait de prier. Quand Jésus arriva de nouveau devant Pilate,
ce dernier s’efforça de calmer les juifs, car l’émeute menaçait. C’est à ce
moment que Pilate demanda de l’eau pour se laver les mains et se déclarer
innocent du sang de celui qu’il jugeait innocent, et délivra Barabbas. (1325)
Suivent de nombreuses
considérations d’ordre moral et philosophique. La prière de Marie qui assiste à
tous ces évènements, si douloureux pour elle, est également rapportée, car elle
sollicitait le pardon des ennemis qui lui ravissaient son fils. Je ne
rapporterai ici que quelques remarques concernant les prêtres et les religieux:
— “... les âmes accoutumées
aux bienfaits de Dieu, ou par office comme les prêtres et les religieux, ou par
habitude des vertus et des faveurs, comme les autres personnes adonnées à la
spiritualité, pèchent ordinairement par le mépris qu’elles font de ces mêmes
bienfaits, et par le mauvais usages des choses divines; car, par suite de leur
fréquence, elles en viennent, par un aveuglement étrange, à estimer peu les dons
du Seigneur... Bientôt elles perdent cette sainte crainte qui entretient la
vigilance et excite la créature à faire le bien, à obéir à la volonté divine, et
à profiter avec soin des moyens que Dieu a prescrits pour sortir du péché et
acquérir son amitié et la vie éternelle. Ce danger est extrêmement grave pour
les prêtres tièdes qui fréquentent l’Eucharistie et les autres sacrements sans
crainte et sans respect.” (1332)
— ”... Vous comprendrez quel
mal c’est d’offenser le Tout-Puissant... Le mystère de la Passion et de la mort
de mon très saint Fils atteste cette vérité, en ce que les pontifes, les
prêtres, les scribes et tout ce peuple étaient, comparativement aux gentils,
plus redevables à Dieu, et leurs péchés les firent tomber dans un endurcissement
plus aveugle et plus cruel que celui des gentils eux-mêmes, qui ignoraient la
véritable religion.” (1334)
La flagellation
Pilate était toujours
hésitant. Il savait Jésus innocent et ne voulait pas le condamner à mort. Il
crut, mais il se trompait, qu’en le faisant durement fouetter il apaiserait la
fureur du peuple juif. On emmena donc Jésus sur un parvis de la maison entouré
de colonnes dont les unes soutenaient l’édifice, tandis que les autres étaient à
découvert et fort basses.
Remarque:
Maria d’Agreda est la seule
à avoir vu des colonnes basses. Les autres mystiques ont noté qu’on avait
attaché Jésus à une colonne haute. Cependant, les petites différences qui
existent entre les récits des diverses mystiques sont pratiquement normales.
Tout le monde sait bien que, quand un événement grave se produit quelque part,
les témoignages des personnes présentes diffèrent toujours, soit parce qu’elles
ne se trouvaient pas dans le même de vision, soit parce que leurs niveaux
d’émotivité n’étaient pas les mêmes.
Marie d’Agreda continue son
récit.
Jésus fut dépouillé de ses
vêtements et attaché à une colonne.par six bourreaux. qui se mirent à le
flageller deux à deux:
“Les deux premiers
fouettèrent le très innocent Seigneur avec de grosses cordes retorses... Par ces
premiers coups ils couvrirent tout le corps... d’énormes tumeurs et de
meurtrissures... Quand ceux-la se furent lassés, deux autres bourreaux les
remplacèrent et le frappèrent à l’envi avec de rudes lanières et avec tant de
violence qu’ils firent crever toutes les tumeurs et toutes les ampoules que les
premiers avaient causées... Ces deux bourreaux étant hors d’haleine se
retirèrent et les derniers commencèrent à les frapper avec des nerfs aussi durs
que des osiers déjà secs... Ces monstres déchirèrent la chair virginale de notre
Rédempteur; ils en firent tomber plusieurs lambeaux par terre et lui dénudèrent
les os en divers endroits de ses épaules.... En outre, ils le couvrirent de
leurs immondes crachats... Ainsi, le souverain Seigneur devint pour nous et sous
notre chair, comme l’avait prédit Isaïe, un homme de douleur, connaissant à
fond, par sa propre expérience, toutes nos souffrances.”
Quand Jésus fut délié de la
colonne, on lui ordonna de se revêtir... Jésus eut à souffrir une autre douleur
que le froid lui causait, car la saison était froide.
Suivent les scènes de
dérision: Jésus est recouvert d’un vieux manteau de pourpre, sale et tout
déchiré, puis couronné d’épines. Dans sa main droite on lui mit un roseau en
guise de sceptre. Mais ni les sanglantes railleries, ni les mauvais traitements
ne purent apaiser la rage des juifs. (1342)
“Pilate crut que si le
peuple voyait Jésus de Nazareth dans un état si pitoyable, il en aurait le cœur
attendri et confus; c’est pour cela qu’il ordonna qu’on le fit paraître à une
fenêtre du prétoire, afin que tous le vissent ainsi déchiré de coups, défiguré,
couronné d’épines, et sous le costume ignominieux d’un roi imaginaire. Et alors,
s’adressant au peuple, il lui dit: “Ecce Homo”: “voilà l’homme que vous regardez
comme votre ennemi... Il est si abattu que vous n’avez plus sujet de le
craindre. Je ne trouve rien en lui qui soit digne de mort.”
mais la haine des pontifes
et des pharisiens était telle qu’ils répondirent à Pilate: “Crucifiez-le!
Crucifiez-le!” (1346)
La suite est connue. Bien
que très troublé et effrayé par les paroles de Jésus-Christ, Pilate céda devant
les menaces des juifs et prononça la sentence de mort contre l’auteur de la vie.
(1350)
La Sainte
Vierge donne de nouveau des instructions à Maria d’Agreda:
“Ce qui arriva au chef Jésus-Christ mon Seigneur et mon Fils, doit arriver
jusqu’à la fin du monde aux membres de ce corps mystique qui sont les justes et
les prédestinés... (1352) ...Et si après que votre Rédempteur, votre Époux et
votre Chef a été maltraité, couronné d’épines et chargé d’opprobres, vous voulez
être sa disciple et membre de son corps mystique... il faut que vous soyez
persécutée sans que vous persécutiez personne, et opprimée sans opprimer qui que
ce soit; que vous portiez la croix et souffriez le scandale sans le causer; que
vous pâtissiez sans faire pâtir votre prochain; vous devez, au contraire,
travailler à son salut autant qu’il vous sera possible, ne cessant de pratiquer
la perfection de votre état et de votre vocation. C’est là le partage des amis
de Dieu...” (1353) |