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Chez Anne et Caïphe
Il convient
tout d’abord de noter que “les peines de
cet adorable Seigneur ne furent point communes, et il n’y aura jamais de douleur
semblable à la sienne... il ne souffrit point pour lui-même, ni pour ses péchés,
mais pour nous et pour nos propres crimes.” (1256)
Jésus est conduit chez Anne
“Le très doux agneau
Jésus-Christ, ayant été pris et garroté dans le jardin, fut amené chez les
pontifes et d’abord chez Anne.”
Les soldats étaient
secrètement irrités par Lucifer et ses princes afin qu’ils traitassent le
Seigneur avec une cruauté impie et un mépris sacrilège et pour exercer sur Jésus
toutes les inhumanités possibles.
Ce premier chemin douloureux
du Seigneur rejoint celui que décrira plus tard A.C. Émmerick. Marie d'agreda
écrit: “Ils le lièrent avec une fort longue chaîne d’une telle manière qu’ils
lui en firent divers tours à la ceinture et au cou, laissant deux bouts
libres... ils joignirent à cette pesante chaîne deux cordes assez longues; ils
en jetèrent une autour du cou du Sauveur, et, la lui croisant sur la poitrine
ils lui en entourèrent le corps et l’attachèrent avec des noeuds fort
serrés... Ils laissèrent les deux bouts pendre sur le dos, où il avait les mains
liées, afin que deux autres soldats pussent le tirer et le relever, (1257) les
uns le tirant par les cordes de devant, les autres par celles qui lui
assujettissaient les bras par derrière, et cela avec une violence
inconcevable... (1258) Ils le faisaient souvent tomber, et, comme il avait les
mains liées par derrière, il donnait de la tête contre terre, et sa face
vénérable en était toute meurtrie et toute couverte de poussière. Quand il
tombait, ils se jetaient sur lui, l’accablaient de coups et foulaient aux pieds
sa personne sacrée et jusqu’à son visage.”
À ces mauvais traitements se
mêlaient toutes sortes d’insultes et de sanglantes moqueries. (1258)
Jésus chez Anne
Arrivés chez Anne les
soldats présentèrent Jésus:”Nous vous amenons, Seigneur, ce méchant homme qui
a troublé tout Jérusalem et toute la Judée par ses sortilèges et par ses
méchancetés. (1260) L’interrogatoire auquel Anne soumit Jésus est connu par
l’Évangile. De même le dialogue avec le serviteur du grand-prêtre. “Pendant
ce temps, Pierre et Jean pénétrèrent dans la cour de la maison contigüe à la
salle du pontife, et Pierre s’approcha du feu où les soldats se chauffaient car
la nuit était froide.” (1263)
On assiste
ensuite au triple reniement de Pierre. Le récit de Maria d’Agreda, n’apporte
rien de nouveau par rapport à
l’Évangile, sauf les quelques commentaires qui suivent: “Le renoncement
(reniement) de Pierre causa une plus grande douleur à notre divin Maître que le
soufflet qu’il reçut... Jésus pria le Père Éternel pour son apôtre, et disposa
que la grâce et le pardon de ses trois reniements successifs lui seraient
ménagés par le moyen de l’intercession de la bienheureuse Marie...”(1264)
Marie, la Mère de Jésus,
ajouta sur ce sujet du reniement de Pierre: “Je vous le dis en vérité, ma
très chère fille, que mon intercession et les mérites que je représente au Père
éternel de son Fils et du mien, peuvent seuls apaiser sa juste colère, et
empêcher qu’il ne détruise le monde et qu’il ne punisse les enfants de l’Église,
qui savent la volonté du Seigneur et ne l’accomplissent point. Mais je suis fort
indignée d’en trouver si peu qui s’affligent avec moi et qui consolent mon Fils
dans ses peines...” (1266)
Marie se plaint
aussi de ce que l’orgueil et beaucoup d’autres péchés “sont autorisés et
applaudis; de ce que l’humilité, la vérité, la justice et les vertus sont
opprimées; et de ce qu’il n’y a que la cupidité et que la vanité qui
triomphent.” Et Marie regrette douloureusement que les conseils
évangéliques soient oubliés, les préceptes transgressés, la charité presque
éteinte. (1266) Et elle ajoute: “Que
l’exemple de Pierre vous fasse fuir les dangers auxquels exposent les créatures,
car vous n’êtes pas plus forts que cet apôtre.” (1267)
Remarque:
Les paragraphes 1265 à 1267 sont tellement importants qu’il faudrait les
transcrire dans leur intégralité. Il faut malheureusement savoir se limiter.
Jésus chez Caïphe
Anne envoya
Jésus, toujours lié à son gendre Caïphe qui remplissait cette année là les
fonctions de grand prêtre. “Le dragon
excitait tous les princes des prêtres,... à insulter et à maltraiter le Seigneur
de la façon la plus abominable... O ignorance diabolique et stupide aveuglement
des mortels!... c’est quand le Roi de gloire... triomphe des vices, de la mort
et du péché par les vertus de patience, d’humilité et de charité, que le monde
croit l’avoir vaincu par son orgueil!” (1269)
On assiste chez Caïphe aux
scènes avec les faux témoins rapportées dans les Évangiles, à la profession de
foi de Jésus, Fils du Dieu vivant, à la scène théâtrale de Caïphe déchirant ses
vêtements, et à la condamnation à mort de Jésus par les siens. Marie, toujours
au Cénacle ressentait tous les sanglants affronts que subissait le Sauveur.
(1270 à 1274)
Seule Marie a
connu ce que Jésus souffrit et pria durant le cours de sa terrible Passion. Il
renouvela en faveur de ses élus les béatitudes qu’il leur avait prêchées et
promises auparavant. (1275 et 1276) C’est chez Caïphe qu’eut lieu le reniement
de Pierre. “Lucifer employa toutes ses ruses et toutes ses forces pour perdre
Pierre” dont la force du reniement alla crescendo:
“Le premier renoncement de Pierre fut simple, le
second avec serment, et il ajouta au troisième des imprécations contre
lui-même... Mais le Seigneur excita Lui-même le cœur de Pierre et le reprit avec
douceur par le moyen de la lumière qu’il lui envoya, afin qu’il reconnut sa
faute et qu’il la pleura.” (1279)
Tous les
évènements présentés ci-dessus furent l’occasion, pour Marie, de donner quelques
instructions à Maria d’agreda: “La
divine philosophie consiste à comprendre et à aimer le bonheur inestimable du
sort de ceux qui sont pauvres, humbles, affligés, méprisés et inconnus parmi les
enfants de la vanité. Jésus établit cette école quand il prêcha et proposa à
tous les huit béatitudes sur la montagne.” (1280)
Durant la nuit du Jeudi
Saint au Vendredi Saint
“Comme minuit était déjà
passé, ceux du conseil déterminèrent que, pendant qu’ils dormiraient, Notre
Seigneur serait gardé dans un lieu de sûreté jusqu’au lendemain. C’est pourquoi
ils le firent mettre, garroté comme il était, dans une espèce de cave
souterraine qui servait de prison pour les plus grands voleurs et les plus
scélérats... On mena dont le Créateur du Ciel et de la Terre au fond de cet
immonde cachot..; dans lequel il n’avait pas la liberté de se redresser ni de
s’asseoir pour prendre le moindre soulagement.”
Cela ne suffisant pas, les
soldats descendirent dans le cachot, délièrent Jésus, le placèrent au centre du
cachot tout en le maltraitant et en blasphémant, et, après lui avoir bandé les
yeux, se mirent à lui donner des coups en lui demandant de deviner qui l’avait
frappé. Jésus se taisait toujours et priait... La nuit étant fort avancée, les
soldats lièrent de nouveau Jésus et sortirent du cachot. (1285 à 1291)
Quand notre Sauveur fut seul
il fut assisté par des esprits célestes et par la prière de Marie. (1292)
Marie donne de nouveau des
instructions à la voyante: au jour du jugement “éclatera au grand jour
l’immensité de la miséricorde avec laquelle les hommes ont été rachetés, et
l’équité de la justice avec laquelle ils seront condamnés.” Marie rappelle
aussi que la plus grande peine de son Fils et d’elle-même fut de savoir que
malgré les mérites infinis de la Passion, il se trouverait quand même beaucoup
d’hommes qui se damneraient. (1295)
Mais, ajoute
Marie, “Mon Fils et moi regardons avec
une complaisance particulière ceux qui nous imitent en cette douleur, et
s’affligent de la perte de tant d’âmes... Ne cessez pas de prier... Demandez au
Seigneur la patience, la douceur la tranquillité dans les souffrances et l’amour
de la croix. Unissez-vous à elle, prenez-la avec une pieuse affection, et suivez
Jésus-Christ votre époux afin que vous puissiez l’atteindre.” (1296)
Jésus de nouveau devant le
Conseil
Le vendredi matin le conseil
se tint dans la maison de Caïphe où Jésus était en prison. On amena Jésus. “Il
était si défiguré par les coups et par les crachats dont il n’avait pu se
nettoyer, qu’il causa de l’horreur à ceux du conseil, sans qu’ils en eussent la
moindre compassion.”
Suit le nouvel
interrogatoire rapporté dans les Évangiles au cours duquel Jésus confirme qu’Il
est véritablement le Fils de Dieu. Cette affirmation de Jésus fut considérée
comme un blasphème digne de mort et la décision fut prise d’emmener Jésus chez
Pilate. |