CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

Lettre XIII
Jésus en croix modèle de toutes les vertus.

Monsieur le Curé,

La considération de Jésus en croix comme modèle de toutes les vertus m’a retenue plusieurs jours dans le tabernacle admirable.

Chaque jour c'étaient des lumières et des connaissances diverses sur chacune de ces vertus données à mon âme et des désirs immenses de les posséder. Ce n’étaient point des instructions comme celles que je reçois ordinairement. Je vous l’ai déjà dit, dans le tabernacle admirable je n’entends ni la voix ni la parole du Sauveur; mais je vois, je comprends, j’ai l’intelligence de ce qui se présente à moi, et je voudrais toujours voir ces choses, toujours reposer mon intelligence sur elles et y prendre mon repos. Aussi, il est impossible que j’essaye de vous exprimer ce que j’ai éprouvé sur l’amour de Jésus-Christ pour son Père; amour qui lui fait prendre un corps et une âme semblable à notre âme, pour vivre d’une vie pareille à notre vie et qui le fait mourir sur la croix pour offrir à Dieu un sacrifice digne de lui; sur la soumission entière et parfaite du Sauveur Jésus à la volonté de son Père, par laquelle il lui sacrifie sa volonté pour accomplir la sienne; sur le désir infini de réparation de la gloire de son Père; sur l’abandon et la confiance sans bornes en Dieu son Père, entre les mains de qui il remet son âme pour mourir.

Il est impossible que j’essaye de vous exprimer ce que j'ai vu de l'amour de Jésus-Christ pour tous les hommes, pour ses bourreaux, pour moi, et de vous montrer le tableau de lumière qui s'est fait autour de cette parole que je voyais en caractères de feu dans le Cœur de Jésus : « J’ai soif. » C'était la soif de notre salut, du salut des pauvres pécheurs dont il était dévoré. Il aurait voulu pouvoir dire à tous comme il le dit au bon larron : « Aujourd'hui, vous serez avec moi dans le paradis. » c'était là le désir de son cœur, désir immense, qu'il manifestait dans cette parole d'un Dieu mourant pour la rédemption des hommes : « J’ai soif ! »

Il est impossible que j’essaye de vous exprimer l’humilité de Jésus en croix, de ce Dieu souverainement grand et élevé, anéanti dans les supplices et la mort. Il est impossible que j’essaye de vous exprimer son obéissance qui le soumet à ses bourreaux, sa patience qui l’empêche de se plaindre, sa douceur qui en a fait dans ses supplices l’agneau de Dieu effaçant les péchés des hommes.

Chacune de ces vertus de Jésus en croix m'a retenue un jour en oraison devant mon Sauveur. Je ne puis dire autre chose. Si je veux écrire, ma plume s’arrête, parce que l’expression lui manque; si je veux parler, ma langue est comme sans mouvement. On ne peut rendre par une parole extérieure, sensible une parole insensible et intérieure. Je ne puis exprimer un enseignement que j’ai reçu dans l’éclat d'une lumière sortie de la croix, par des signes de convention sortis de la langue de l'homme et qu'on appelle la parole.

Recevez, Monsieur le Curé, l’assurance de ma profonde reconnaissance, de mon respect le plus grand et de ma vénération la plus entière.

Monsieur le Curé,

J’ai l’honneur d’être votre très humble servante,

Marie.

Mimbaste, 9 août 1843.

   

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