CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

Lettre VIII
De la viduité. Devoirs et obligations d’une veuve.
L’église catholique modèle des femmes veuves

Monsieur le Curé,

Je viens soumettre avec confiance à votre jugement l’enseignement que j’ai reçu sur l’état de viduité.

« Ma fille, me dit le Sauveur Jésus, la femme est soumise à son mari et lui doit obéissance tant qu'il vit. La mort seule peut rompre ses liens, mais elle les rompt entièrement; de telle sorte qu'elle peut contracter un nouveau mariage, car elle est libre. Si cette femme ne peut garder la continence, si elle ne se sent point assez de force, de vigueur et de courage pour demeurer chaste en sa viduité, qu'elle se lie par un nouveau mariage. Mais qu'elle se garde de chercher cette nouvelle union uniquement pour satisfaire ses passions; qu'elle se marie pour plaire à Dieu dans l’observation de ses lois et de ses commandements, et la pureté de son âme. Pour cela, il lui est permis de chercher à plaire à celui qu'elle choisit pour son époux; mais dans cette recherche, qu'elle n’oublie pas qu'il doit y avoir en elle plus de gravité que si elle n’avait point été mariée, et que jamais elle ne doit permettre rien de contraire à la volonté de Dieu. Elle doit agir comme je vous l’ai indiqué dans les relations entre deux fiancés. Tel est, ma fille, le droit d’une veuve; elle peut se marier une seconde, une troisième, une quatrième fois si elle devient libre une, deux ou trois fois par la mort de son mari.

Néanmoins, ma fille, il est bien glorieux pour une veuve de ne point contracter un second mariage et de demeurer fidèle à son époux, même mort. D’ailleurs, si elle a une véritable affection pour celui qu'elle a perdu bien que les liens du corps soient rompus elle ne voudra pas rompre et briser les liens du cœur; elle n’usera de la liberté qui lui a été donnée que pour servir Dieu avec plus de fidélité et avancer de plus en plus dans la vertu.

Quelles raisons une veuve pourrait-elle donner afin de se marier de nouveau? Sa jeunesse, sa faiblesse, la recherche d’un appui et d’un soutien? Mais la jeunesse est-elle donc une obligation pour un second mariage? La faiblesse? Est-ce donc le mariage qui donne la force, ou bien le Très-Haut, qui s’appelle de Dieu fort, le Tout-Puissant? La recherche d’un appui et d’un soutien? Est-ce donc sur quelqu’un qui a lui-même besoin de soutien qu'elle espère pouvoir se soutenir suffisamment? Faut-il jamais préférer l’appui d’un homme, trop faible pour se soutenir lui-même, à celui de Dieu, qui soutient le monde entier?

Sans doute, comme je vous l’ai déjà dit, il est permis à une veuve de s’unir encore en mariage; mais en vérité je vous le dis, il est bien plus parfait qu'elle ne le fasse point et bien plus convenable qu'elle s’ensevelisse dans la retraite, au souvenir de son époux enseveli dans le tombeau.

Il en est peu qui comprennent ces paroles; heureuses celles qui les comprennent et les mettent en pratique!

Heureuses les veuves qui, dès le premier jour de leur veuvage, prennent des habits de deuil et de tristesse, qu'elles ne quittent que pour le suaire blanc de leur tombeau!

Heureuses les veuves qui vivent de telle manière que tous ceux qui les voient disent non-seulement : Voilà une veuve! Mais encore : Voilà une veuve chrétienne!

Heureuses les veuves qui sont ainsi en spectacle aux hommes et aux anges par leur retenue et leur modestie!

Une veuve ne doit point chercher à plaire au monde par ses ajustements, ni par la somptuosité de ses habits. Elle ne doit point vivre, comme vit le monde, dans le bruit et le tumulte. Elle ne doit point chercher les assemblées du monde, fréquenter les places, ni les promenades publiques. Son unique occupation doit être de chercher à plaire à Dieu. elle doit fuir toutes les pompes extérieures, toutes les parures, tous les ornements du corps et ne s’occuper que de rendre son âme de plus en plus belle, de plus en plus ornée de vertus, de plus en plus enflammée par l’amour de Dieu. Il faut que toute sa beauté soit intérieure. Peu importe que les hommes ne voient et ne pénètrent point cette lumière dont resplendira son âme. Dieu la verra bien, cela doit lui suffire.

Néanmoins il ne doit y avoir rien de désordonné dans une veuve. Qu'elle soit toujours vêtue d’une manière convenable à sa condition, mais avec simplicité et sans apprêt.

Une veuve, plus que personne, doit comprendre que les plaisirs de la vie sont passagers et fugitifs, que tout disparaît promptement sur la terre, qu'il n'y a point de joie de longue durée et que par conséquent elle ne doit point y attacher son cœur. Les joies, les satisfactions, le contentement, la paix ne doivent pourtant pas être éloignés d’elle; elle les trouvera non point dans la chair, non point dans les sens, non point dans le monde, non point dans la vie animale et terrestre, mais en Dieu, joie, félicité, bonheur, paix et consolation des âmes. Qu'elle s’attache à Dieu, et Dieu lui donnera dans sa vie chaste et pure les chastes et pures délices dont il enivre les âmes qui ont les yeux levés au ciel.

Dieu ne manque jamais aux âmes qui le prennent pour la part de leur héritage, qui s’abandonnent à lui, qui lui demandent secours et appui, qui lui donnent le nom de père et le regardent comme tel. Il est spécialement le Dieu des veuves et des orphelins, c'est-à-dire qu'il veille davantage sur eux. Les veuves et les orphelins ont en effet peu de secours et d’appui sur la terre, mais ils ont l’appui et le secours de Dieu; Dieu les garde, les protège et les délivre de tout danger. Qui donc affligera celui que Dieu console ? Qui attaquera celui que Dieu défend ? Qui menacera celui que Dieu protège ?

Une veuve doit mettre toute sa confiance en Dieu et s’abandonner à lui, marcher en sa présence et tendre avec un grand désir vers la perfection.

Pour cela elle doit veiller sur sa maison, sur ses intérêts temporels, non pour s'y attacher, mais pour en faire l’usage le plus convenable et le plus en rapport avec les sentiments pieux et charitables que Dieu met dans son cœur. Elle ne doit point rester oisive. Elle doit travailler selon sa condition. Elle doit nourrir son cœur de bonnes pensées, de saints désirs, de sentiments de charité envers Dieu et le prochain, faire de bonnes œuvres selon ses facultés et ses loisirs. Elle doit veiller soigneusement sur sa chasteté, fuir toutes occasions dangereuses, garder sa réputation intacte et à l’abri de toute détraction. Elle l’obtiendra si elle est vigilante, si elle s’observe, si elle est modeste, réservée, éloignée du monde. Toute détraction injuste, toute calomnie tombera d’elle-même, si jamais elle en était victime par la perversité des méchants.

Une veuve ne doit point oublier que la chasteté pour elle comme pour tous est un don de Dieu ; par conséquent, elle doit la demander à Dieu souvent, tous les jours, ne point se croire plus forte qu'elle ne l’est, se rappeler que toute chair est faible et que Dieu seul accorde la victoire sur les passions, et entretient le cœur humain dans le bien, la vérité et la vertu.

Dieu ne lui refusera pas ce qu'elle lui demandera avec un cœur pur et droit, il la fortifiera, il la rendra inébranlable comme une colonne d’airain.

Une veuve, ma fille, trouve un modèle accompli de la manière dont elle doit se comporter et agir pendant sa vie. L’Église, que j’ai acquise par mon sang et que j’ai établie sur la terre, est mon épouse. Je suis son époux. Or, depuis mon ascension, mon épouse est demeurée veuve parce que je suis monté au ciel. Je suis et je serai néanmoins avec elle par le sacrement de mon amour et par mes grâces, mais je ne serai avec elle d'une manière visible que dans le ciel. Or, ma fille, que fait l’église ? Elle a constamment les yeux fixés sur moi. Son cœur m’est uni par des liens indissolubles. Elle vit dans la fidélité de l'amour qu'elle m’a juré, et elle persévérera jusqu’à la fin. Elle ne s’attache point aux biens périssables de ce monde. Je suis sa richesse, son tout. Elle ne soupire qu’après le moment de ma possession. Elle ne demande que la consommation pour l’éternité de notre union dans le royaume de mon Père. Elle passe en faisant le bien.

Que les veuves agissent ainsi, qu'elles s’attachent à Dieu et coulent le reste de leur vie dans la pratique du bien.

Ce que je viens de vous dire, ma fille, d'une femme qui a perdu son époux, je le dis aussi d’un homme qui perdu son épouse. Il peut se marier de nouveau ; il fera mieux de ne pas contracter un second mariage.

Qu'il agisse comme je l'ai indiqué pour une femme veuve, car l'homme, comme la femme, a une âme à sauver, un Dieu à aimer et à adorer. Il a comme elle des devoirs à remplir. Heureux celui qui est fidèle et marche dans la crainte et l’amour de Dieu ! »

Telle est l’instruction que m'a donnée le Sauveur Jésus. Il me semble avoir dit à peu près toutes ses paroles.

Recevez, Monsieur le Curé, l’assurance de ma profonde vénération.

Votre très-humble servante,
Marie.

Mimbaste, 15 octobre 1842.

SOURCE : http://jesusmarie.free.fr/

   

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