Monsieur le Curé,
Je ne veux rien vous cacher, mais au contraire vous faire connaître
tout ce que je vois, tout ce que j’entends, tout ce que j’éprouve.
Je viens vous soumettre ce que m'a dit sur le bon exemple celui qui
me parle de temps en temps durant mon oraison ou pendant la sainte
messe. " Ma fille, m’a-t-il dit, je vous ai souvent répété cette
parole : Je vous ai donné le premier l’exemple, afin que vous
fassiez comme j’ai fait. Aujourd'hui, je veux vous entretenir du bon
exemple que vous devez donner à autrui.
« Donner le bon exemple, ma fille, c'est comme l’indique le mot
lui-même, servir d’exemple aux autres pour le bien. Je suis la
première forme exemplaire du bien; je suis le bien par excellence;
je me suis incarné pour montrer le bien aux hommes. Toutes mes
actions ont été pendant ma vie une manifestation du bien. J’ai
toujours agi selon le bien, je ne pouvais agir autrement sans cesser
d'être Dieu. Voilà pourquoi j'ai dit avec autorité au monde entier :
je vous ai donné le premier l’exemple afin que vous fassiez comme
j'ai fait, et dans une autre circonstance, m’adressant aux
pharisiens, je leur dis : qui, parmi vous, pourra m’accuser de
péché? Les hommes sont tenus d’agir comme moi, c'est-à-dire de
soumettre toujours leur volonté à la volonté de Dieu, de chercher
toujours ce qui peut être agréable à Dieu, de vivre unis avec Dieu
par l’accomplissement fidèle de sa loi et par la plus ardente
charité.
Ma fille, vous devez donner le bon exemple, et vous le donnerez en
marchant sur mes traces, en suivant celui que je vous ai donné.
Donner le bon exemple, c'est servir de modèle à autrui, non
seulement en évitant le mal, mais encore en faisant le bien, et par
l’accomplissement de ce bien porter les autres à faire bien aussi.
Une bonne action est comme une lumière brillante qui montre le
bien aux yeux de ceux qui agissent selon le bien et les maintient
dans cette voie, et qui le montre aussi à ceux qui agissent mal pour
leur faire comprendre leur malheur d’agir de cette sorte.
Une bonne action est un soutien et un appui pour les bons comme
pour ceux qui ne le sont point : pour les bons parce qu'elle les
retient dans la voie droite; pour les mauvais, afin de les retirer
du mal et de les aider à marcher vers le bien.
Une bonne action a une force et un crédit plus puissant que les
paroles les plus fortes et les plus accréditées; voilà pourquoi j'ai
commencé par donner le bon exemple avant d’enseigner.
Le bon exemple est la meilleure prédication. Or, tous peuvent et
doivent prêcher, non point par la parole, mais par l’exemple. Je
n’ai choisi que quelques âmes pour prêcher par la parole, mais j’ai
fait un ordre à tous les hommes de prêcher par le bon exemple, et
ceux qui prêchent par la parole doivent faire comme moi, prêcher
d’abord par l’exemple.
Vous devez donner le bon exemple dans toutes vos actions
extérieures, en vous tenant partout dans la réserve et la modestie,
veillant sur vos yeux pour ne les porter jamais sur rien d’indécent
ou de déshonnête; en observant vos paroles pour ne jamais rien dire
qui puisse offusquer le prochain ni offenser Dieu, mais pour dire
toujours des choses conformes à la charité, à l’amour de Dieu et du
prochain; en marchant sans cesse d'après les lumières de la foi dans
vos entreprises, dans vos œuvres, dans vos déterminations; en
éloignant tout ce qui manifeste adhésion au parti du démon, du
monde, de la chair et du péché, et observant tout ce qui plaît à la
vertu, à la sainte Église, à votre Sauveur, à votre Dieu.
N’agissez jamais, ma fille, afin d'être vue, considérée ou
approuvée par les hommes; n’agissez jamais par amour-propre ou
satisfaction personnelle, mais agissez toujours dans l’intention de
n'être point pour autrui une pierre d’achoppement, dans l’intention
de ramener à Dieu autant que vous le pourrez, par vos actions bonnes
et conformes à la volonté divine, ceux qui s’éloignent de lui. Vous
acquerrez ainsi un double mérite, celui de vos actions et celui des
actions bonnes que vous inspirerez à autrui. »
Je termine, Monsieur le Curé, en me recommandant à vos prières, et
vous renouvelant l’assurance de mes sentiments les plus respectueux.
Votre très humble servante,
Marie.
Mimbaste, 2 juin 1842.
SOURCE : http://jesusmarie.free.fr/
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