Monsieur le Curé,
Le Sauveur Jésus m'a ainsi parlé, ou bien si ce n'est point lui,
c'est quelqu'un que je ne connais pas et que je ne puis faire
connaître; je ne puis dire autre chose, si ce n'est qu'il a toujours
la même voix, toujours les mêmes traits et qu'il m’entretient depuis
l’époque que j’ai fixée.
Voici les paroles qu’il m'a adressées : " Ma fille, votre vie doit
être une vie de progrès dans le bien et l'amour de Dieu. Il faut
qu'elle ressemble à une lumière dont la clarté augmente de plus en
plus. Voilà pourquoi je recommandais, quand j’étais sur la terre, de
ne point regarder en arrière, mais d’aller toujours en avant.
« Je veux vous montrer la nécessité de ce progrès. Vous vous êtes
donnée à moi, vous m’avez consacré votre cœur, votre esprit, votre
âme, tout ce qui est en vous, tout ce qui vous appartient. Vous
m’avez promis de m’aimer tous les jours de votre vie, et de faire
tous vos efforts pour accroître et augmenter votre amour pour moi.
Ce que vous m’avez promis hier vous lie aujourd'hui, vous liera
demain et toujours. Une promesse comme celle que vous m’avez faite
ne peut et ne doit être résiliée.
Je vous ai comblée de mes grâces les plus insignes; je m’entretiens
avec vous dans la familiarité d’un père avec son enfant, je fais
briller la lumière dans votre âme, je vous console dans vos peines
et vos afflictions, je vous soutiens dans votre faiblesse, je me
découvre à vos regards, je vous laisse voir une partie de ma gloire
du ciel, je verse chaque jour sur votre tête mes plus paternelles
bénédictions, et je ne vous demande qu'une seule chose, que vous
avanciez dans la pratique du bien et l'amour de Dieu. Pourriez-vous
refuser ce que je vous demande, quand je ne vous refuse rien, quand
je préviens même vos désirs, quand je vous accorde ce que vous
n’auriez même jamais pu espérer d’obtenir, parce que vous en êtes
indigne?
Je vous ai donné le premier l’exemple, ma fille, afin que vous
fassiez comme moi, quand j’étais sur la terre; vous devez donc vivre
de telle manière qu'on puisse vous rendre un jour ce témoignage :
elle croissait en sagesse, en âge et en vertus devant Dieu et devant
les hommes; elle a passé en faisant le bien.
D’ailleurs, ma fille, une âme ne peut rester dans le même état, il
faut qu'elle avance dans le bien ou qu'elle décline par le péché;
car celui qui n’amasse point avec moi dissipe, et dissiper est une
injure qu’on me fait, qui arrête mes grâces et qui attire le
courroux et la vengeance de ma justice.
Vous devez avancer enfin et progresser dans le bien et l’amour de
Dieu, parce que je vous en ai fait un ordre. Je vous ai dit à
vous-même ce que j’ai dit à mes apôtres : soyez parfaite comme mon
Père céleste est parfait. Or, pour cela, il faut nécessairement que
vous progressiez toujours, parce que vous ne trouverez jamais sur la
terre un terme à votre perfection, et qu'il vous restera toujours un
long chemin à parcourir. Ne vous arrêtez donc jamais, marchez
toujours; ne craignez point la fatigue, vous trouverez le repos à
votre peine et à vos labeurs.
Or, pour cela, ma fille, vous devez chaque jour vous considérer
comme si vous étiez au commencement et n’aviez rien fait encore;
vous devez oublier ce que vous avez corrigé de défectueux pour ne
penser qu'à ce que vous devez corriger encore, ce que vous devez
faire encore, les marques d’amour que vous avez données à Dieu pour
chercher de quelle manière vous pourrez l’aimer davantage.
Pour progresser dans le bien et l'amour de Dieu, vous devez
correspondre à toutes les grâces qu'il vous donne, vous devez de
plus en plus vous détacher du monde et de vous-même et vous donner
plus entièrement à Dieu.
Pour progresser dans le bien et l’amour de Dieu, vous devez vous
défier de vous-même, avoir toujours sous les yeux votre faiblesse et
votre impuissance, pour ne compter que sur Dieu et le secours de son
bras.
Pour progresser dans le bien et l’amour de Dieu, il faut enfin le
vouloir; si vous le voulez, vous progresserez parce que Dieu le veut
aussi. Si Dieu le veut, il vous en donnera les moyens; si vous le
voulez, vous ne rejetterez aucun de ces moyens et votre vie sera
véritablement une vie de progrès. »
Telles sont les paroles que j’ai entendues, je vous les rapporte le
plus fidèlement que je le puis, et je vous prie, Monsieur le Curé,
d’agréer les sentiments de ma sincère vénération et de mon plus
profond respect.
Je ne saurais trop, Monsieur le Curé, me recommander à vos prières,
afin que Dieu veuille avoir pitié de moi et ne permette jamais que
je me sépare de lui et de l'amour que je lui dois.
Je suis, avec le plus entier dévouement, Monsieur le Curé,
Votre très humble servante,
Marie.
Mimbaste, 26 mai 1842.
SOURCE : http://jesusmarie.free.fr/
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