Monsieur le Curé,
Voici le second entretien du Sauveur Jésus. Il m'a appris dans cet
entretien de quelle manière je devrais me conduire vis-à-vis de mon
directeur.
« Ma fille, me dit-il, je veux vous apprendre comment vous devez
vous conduire vis-à-vis de votre directeur. Il y a en vous deux
manières d’agir, l’une intérieure, l’autre extérieure : la première
consiste dans les sentiments intimes de votre âme, la seconde dans
vos actes ou relations extérieures.
Quelle doit être votre conduite intérieure par rapport à votre
directeur? Par quoi doit-elle être réglée? Ma fille, c'est par des
sentiments de foi et de religion.
Votre directeur est revêtu de mon sacerdoce, c'est-à-dire de la
dignité la plus grande qu’il soit possible de communiquer à un
homme. Il est prêtre, il tient ma place, il agit comme j’agirais
moi-même, il a tous mes pouvoirs. Vous devez par conséquent me
regarder comme vivant en sa personne; vous devez m’honorer en
l’honorant, me respecter en le respectant; écouter ma voix en
écoutant sa voix, m’être soumise en lui donnant votre soumission;
vous devez enfin avoir pour lui les sentiments de la plus grande et
de la plus sincère reconnaissance : vous devez l’aimer comme le père
spirituel de votre âme, comme votre guide, votre conseiller et votre
sauveur, car il continue près de vous le rôle de sauveur que je lui
ai communiqué, comme je le communique à tous mes prêtres.
Ces sentiments seront aussi la règle de votre conduite extérieure.
Si vous agissez avec foi et religion, vous vous ferez connaître à
votre directeur avec simplicité, lui disant tout ce que vous savez,
ne lui cachant rien, lui communiquant vos secrets et vos peines les
plus intimes, vous lui parlerez comme à Dieu, que vous ne voudriez
point tromper, parce qu'il connaît tout, même les plus secrètes
pensées; vous lui parlerez comme à Dieu, c'est-à-dire comme à votre
père, avec confiance et abandon, espérant tout de lui, et vous
abandonnant à lui avec cette persuasion qu'il agira le mieux
possible pour vous éclairer, pour vous secourir et vous aider dans
les combats ou les épreuves de votre vie.
Vous vous soumettrez à sa volonté comme à ma propre volonté. Vous
ne discuterez point avec lui. Vous vous en rapporterez à sa sagesse.
Vous serez entre ses mains comme un instrument plein d’intelligence
pour accomplir ce qui lui aura été prescrit.
Il vous est permis, néanmoins, en certains cas, d’exposer
humblement avec déférence une observation, mais il fait le faire
toujours avec l’intention de ne point vous obstiner, et d’agir
ensuite selon la volonté de votre directeur quand il aura reçu votre
observation.
En agissant ainsi, ma fille, votre conduite sera irréprochable,
votre conduite sera pleine de mérites, et vous obtiendrez la
récompense que j’ai promise à ceux qui écoutent ma parole. Je
viendrai en vous et je ferai en vous ma demeure. »
C’est ainsi que le Sauveur Jésus m'a dit d’agir vis-à-vis de mon
directeur.
Je ne sais si en toute circonstance j’ai agi ainsi; mais mon désir
le plus vrai est de me conformer toujours à cet enseignement.
Oui, Monsieur, je veux me soumettre en toutes choses à ce qu'il vous
plaira de me conseiller ou de m’ordonner. Je veux n’avoir point
d’autre volonté que la vôtre.
Pour ce qui concerne la franchise ou la simplicité avec laquelle je
vous découvrirai tout ce qui se passe en moi, je vous assure que mon
intention bien formelle est de ne vous rien cacher, et si je ne vous
dis pas tout, c'est que je l’aurai oublié.
Permettez-moi, Monsieur le Curé et très vénéré Père en
Notre-Seigneur Jésus-Christ, de vous offrir tous les sentiments de
respect et de piété filiale que le Sauveur m'a recommandé d’avoir
pour vous.
Votre très humble et très obéissante servante,
Marie.
Mimbaste, 5 mai 1842.
SOURCE : http://jesusmarie.free.fr/
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