CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

Troisième partie
LES Œuvres
DE Marie Lataste
(1822-1847)

 

Chapitre VII
 

La Sainte Vierge Marie,
Mère de Notre-Seigneur Jésus-Christ

  

5
Le Mystère de l'Incarnation
(Livre 3, chapitre 6)

 

5-1-L'annonce de l'ange

C'était un jour de fête de l’Annonciation. Marie Lataste implorait Jésus afin qu'Il lui expliquât ce mystère. Le Sauveur Jésus vint à elle et dit: "Ma fille, vous aimez que je vous parle de ma Mère, moi aussi j’aime. Pour vous éclairer sur le mystère de ce jour, je veux vous emmener avec moi. Venez, ma fille, suivez-moi." Marie Lataste se sentit élevée en l’air, et elle ne vit plus que Jésus. Ils arrivèrent à une immense plaine. Autour de cette plaine, Marie vit neuf immenses enceintes superposées. Chacune était occupée par une multitude de jeunes gens vêtus de blanc. Ils avaient tous deux ailes sur leurs épaules. Plus l’enceinte était élevée et plus les jeunes hommes de cette enceinte étaient éclatants de lumière. Au-dessus de ces enceintes il y avait un trône magnifique qui n’était que lumière... Autour du trône, sept jeunes hommes étaient prosternés à genoux...

Jésus dit: "Venez avec Moi." Marie Lataste raconte: "Le Sauveur Jésus me prit encore par la main, et nous arrivâmes... dans une petite cellule. Là, une jeune fille, d’une quinzaine d’années... priait, les yeux levés au ciel. Le jeune homme, celui que l'Évangile nomme: l'Ange du Seigneur, se prosterna devant elle et lui dit: 'Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes.' À ces mots, la jeune fille me parut troublée par la parole qu’elle venait d’entendre. Elle se demandait quel pouvait être ce salut..." Marie Lataste rapporte intégralement le texte de l'Évangile de Luc jusqu'à la célèbre phrase de Marie: "Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole." Puis, tout disparut aux yeux de Marie Lataste qui ne vit plus que le Sauveur Jésus, en face de l'autel.

Jésus explique la vision que vient d'avoir Marie Lataste: "Ma fille, j’ai voulu parler à vos yeux avant de parler à votre intelligence, parce que votre intelligence comprendra mieux maintenant ce que vos yeux auront aperçu, ce que vos oreilles auront entendu. Cette plaine que vous considériez, c'est le ciel; les neuf enceintes et ceux qui les occupaient, les neuf chœurs des anges; le trône de lumière, le trône de Dieu; les sept jeunes hommes qui entouraient ce trône, les sept anges qui sont toujours devant mon Père; celui qui s’est levé, qui est venu avec vous dans la cellule où nous sommes entrés, c'est l’ange Gabriel; celle à qui il a parlé, c'est Marie."

Jésus peut alors expliquer l'étonnant mystère de l'Annonciation: "Écoutez-moi avec la docilité d’un enfant. Mon incarnation était le chef-d’œuvre des manifestations extérieures de Dieu, au ciel et sur la terre... Quand l’heure fut venue Dieu envoya son ange, Gabriel, c’est-à-dire force de Dieu, ou bien Dieu et homme. Ce n'est pas sans dessein qu'il porte ce nom, force de Dieu, parce qu'il devait être le héros annonçant la grande manifestation de la force et de la puissance qui est en Dieu... parce qu'il devait annoncer la grande merveille d’un Dieu fait homme.

Gabriel est l’un des anges les plus puissants de la cour de mon Père, et il vient dans la cellule de Marie, que mon Père avait choisie pour me donner le jour sur la terre. C'est le ciel qui apprend cette grande nouvelle à la terre; c'est un ange qui l’apprend à une vierge... c'est l'ange de Dieu qui l’apprend à la mère de Dieu... Dieu vient lui dire que les temps sont accomplis, que le Messie va naître d’elle...

Vous avez contemplé ce spectacle admirable: l'ange venant au nom de Dieu... l'ange saluant Marie pleine de grâce, temple de Dieu, femme bénie parmi les femmes, servante de Dieu. Ce langage... était de Dieu, porté par un ange et reçu par Marie. Or, ma fille la parole de Dieu est lumière, une lumière incréée... qui reste en Dieu, mais dont les rayons viennent et descendent jusqu’à la créature pour lui montrer les choses de Dieu...

La vierge Marie Marie écouta la parole de Dieu... et contempla les desseins éternels de Dieu, contemplation pleine d’intelligence. L’ange, pénétré de respect, vénéra le silence de Marie et demeura en silence devant elle."

Comme pour s'assurer que Marie Lataste l'a bien compris, Jésus l'interroge sur le silence de Marie. Et Marie Lataste dit qu'elle avait reconnu le récit évangélique qui rapporte que Marie fut troublée par le discours de l'ange. Jésus répond: "Il en a été ainsi, ma fille. Marie était sainte et pleine de grâces, la pureté de son âme surpassait la pureté de tous les esprits célestes; la présence d’un ange sous une forme humaine ne pouvait la troubler... Pourtant Marie fut troublée dans la parole de l'ange. C'est qu'il y eut combat entre son humilité et la parole du messager céleste et ce combat produisit le trouble de Marie qui se demanda quelle pouvait être cette salutation et la signification de ces paroles. Ah! ma fille, l’humilité était si grande en Marie qu'elle ignorait les grandeurs qui étaient en elle... son humilité lui enlevait la parole... L’ange ajouta: 'Ne craignez point, Marie, vous avez trouvé grâce devant Dieu.'"

De nouveau Jésus interroge Marie Lataste:

– "Savez-vous, ma fille, quelle est cette grâce que Marie a trouvée devant mon Père?

– Non, Seigneur.

– Écoutez l’ange, il va vous l’apprendre: 'Voici, lui dit-il, que vous concevrez dans votre sein et que vous enfanterez un Fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus.'

La grâce que Marie a trouvée devant mon Père, c'est moi. Je suis la grâce de Dieu le Père, je suis la splendeur de sa gloire, et Marie m’a trouvé par sa sainteté, par sa vertu, par sa virginité... Elle m’a trouvé... je me donnerai à elle, et elle se donnera à moi. Ma divinité descendra en son humanité, son humanité voilera ma divinité. Ma divinité remplira son humanité; vierge, elle deviendra mère; vierge mère, elle sera Mère de Dieu, elle sera ma mère. Voilà la dignité que l'ange annonça à Marie... qui s’écria: 'Comment cela pourra-t-il s’opérer, je ne connais point d’homme?'

Jésus va insister fortement sur ce mystère puis il dira à Marie Lataste: "Je désire, ma fille, que vous compreniez bien ces paroles; écoutez-moi avec plus d’attention. Marie ne doute pas de la parole de l'ange: elle savait que je devais naître d'une vierge... Mais elle ne savait point de quelle manière je devais naître d’elle. Être vierge et mère en même temps, c'est là un mystère que nul ne comprendra jamais... Aussi Marie s’écrie-t-elle:

– Comment cela s’opèrera-t-il, je ne connais point d’homme?

Jésus poursuit: "Loin d’être une parole de doute, cette parole est pleine de croyance et de foi; une parole de croyance au pouvoir de Dieu, à sa maternité et aussi à la conservation de sa virginité.... Quel est ce mode nouveau que Dieu emploiera pour opérer son oeuvre? Quelle est cette nouvelle faveur que Dieu me réserve? Telle était la pensée de Marie. Vous devez remarquer aussi que cette parole n'est pas une parole uniquement de Marie, c'est une parole de Dieu... Dieu voulait par cette parole et sa conservation dans l’Évangile faire éclater la vérité de sa promesse, faire observer la réalisation des prophéties, tout en relevant la dignité, la pureté, la sainteté de la créature qu'il avait choisie pour être sa mère.

Marie, par sa virginité, a attiré Dieu en elle. Il fallait que cette virginité apparût toute brillante aux yeux de tous les hommes; et que cette vertu, manifestée en elle d'une manière si éclatante, demeurât parmi les hommes comme l’expression de ce qui pouvait être le plus agréable à Dieu... Dieu voulait que parmi les enfants des hommes je choisisse un peuple privilégié dont la pensée... méditât, dans une chair sujette à la corruption, le mystère de l’union incorruptible entre Dieu et l'homme...

Oui, ma fille, dans l’œuvre de mon incarnation en Marie, il n'y a eu que l’œuvre de Dieu... Tout a été divin dans cette nouvelle création. Le Saint-Esprit est venu lui-même opérer en Marie cette merveille, la vertu de mon Père a soutenu Marie dans la création de mon humanité en elle; mon humanité unie à la divinité a été sainte comme ma divinité, et j'ai été appelé parmi les hommes du nom que je portais dans le sein de mon Père, du nom qui désigne et exprime ce que je suis, le Fils de Dieu.

Voilà le prodige merveilleux, dont l’explication est donnée à Marie... qu’Élizabeth sa cousine, devenue mère malgré sa stérilité, annonçait, non pas dans sa totalité, mais comme signe de l’efficacité de la puissance de Dieu. Heureuses les âmes qui, comme Marie, suivent, dès leur enfance l'attrait que Dieu met dans leur âme, qui se consacrent à lui et ne désirent d’autre union que son union! En vérité... pendant l’éternité elles reposeront en moi... Ma fille, je vous appelle à moi, dites avec Marie:  'Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole.' Prononcez souvent ces mots... ne désirant que la volonté de Dieu."

Jésus, extraordinaire pédagogue va jusqu'au bout de ses explications. Il ajoute: "Quand l’ange eut fini de parler, il dut attendre la réponse de Marie. En effet, j’étais à même de m’incarner en Marie, mais il fallait le consentement de Marie. Dieu allait renouveler son alliance avec les hommes, mais cette alliance devait être acceptée par Marie; et Dieu, et l'ange, et moi qui vous parle, nous attendions la réponse de Marie. Ô grandeur communiquée à Marie! Jamais, Dieu ne s’était soumis à l'homme, et il se soumet à Marie... Et il fait dépendre la plus admirable de ses actions, de Marie... Ô parole de Marie!... Je suis la parole éternelle de Dieu, j’allais m’incarner dans Marie, et déjà ma parole était en elle... 'Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole.'

Le résumé de mon incarnation est dans cette parole. Il n'y a que deux choses en elle: humilité et puissance... C'est seulement par mon humiliation jusqu’à la mort et jusqu’à la mort de la croix, que j’ai voulu manifester ma puissance sur la mort, sur l’enfer, et sur l'homme pécheur à qui je rendais la grâce et la liberté. Marie, au moment où le messager du ciel proclame ses grandeurs, s’humilie jusque dans le plus intime de son être: 'Voici la servante du Seigneur.' Mais cette humilité acquît une force toute divine, qui m’attire et m’incarne en elle par la puissance d'un commandement auquel je ne résiste point: 'Qu’il me soit fait selon votre parole!' L’œuvre de mon incarnation fut accomplie par cette parole. J’habitai dès lors corporellement en Marie... et le ciel adora ce mystère de l’abaissement du Fils de Dieu, de sa miséricorde et de son amour pour les hommes, et de la dignité, de la grandeur, de la puissance de la Vierge que j’avais choisie pour être ma mère."

Marie Lataste, comme elle l'avoue elle-même, n'a peut-être point rapporté à la perfection les paroles du Sauveur. Par contre, ce qu'elle ne peut exprimer, c'est le bonheur que l’onction de la parole de Dieu mit dans son âme. (Livre 3, chapitre 6)

5-2-Dans le sein de Marie (Livre 3, chapitre 7)

Marie Lataste méditait sur les grâces privilégiées que Dieu avait données à la Vierge Marie. Selon la recommandation de Jésus, elle se tenait silencieuse en sa présence, devant le tabernacle. Jésus vint à elle, du fond du tabernacle, et dit: "Ma fille, aujourd'hui je veux vous parler de ma vie en Marie pendant les neuf mois que j'ai passés en elle, et des mystères opérés par ma présence en son sein virginal.

J’étais Dieu, Fils de Dieu, Verbe de Dieu, lumière de Dieu, splendeur de la gloire de Dieu, vivant dans Marie, femme mortelle, femme vierge, sainte, immaculée dans sa conception, dans sa naissance et dans sa vie, femme mère de Dieu. J’étais en Marie comme homme, comme Fils d’Adam, Fils de David, en tout semblable aux autres hommes, hormis le péché. J’étais en Marie, ayant ma vie comme Dieu, et ma vie comme homme; en elle il y avait ma divinité et mon humanité, et les deux natures: divine et humaine se réunissaient dans ma personnalité de Sauveur. J’étais en Marie un Dieu soumis à Dieu le Père, un Dieu incarné, un Dieu fait homme pour offrir à mon Père le sacrifice qui seul pouvait lui être agréable.

J’étais en Marie, Dieu et homme tout ensemble... Dieu-Homme répétant à Dieu, à chaque moment cette parole: 'Mon Père, vous n’avez point voulu les holocaustes ni les sacrifices des hommes, mais vous m’avez donné un corps, et voici que je viens, ô mon Dieu, pour faire votre volonté.' J’étais Dieu, et je m’adressais à Dieu; je reconnaissais qu'il m’avait donné le corps dont était revêtue ma divinité. Je lui offrais tout ce qu'il m’avait donné... afin de faire sa volonté qui était de sauver le monde. N’était-ce pas être victime, que de resserrer ma divinité dans le sein de Marie? N’était-ce pas être soumis comme un serviteur, que de plier et de voiler ma divinité dans l’humanité? N’était-ce pas être à la fois serviteur et victime, que de m’offrir à Dieu en reconnaissant son domaine sur moi? Ma vie dans le sein de Marie, c'était une parole de soumission, d’obéissance, d’humilité... c'était la parole éternelle, qui est dans le sein du Père, incarnée dans le sein de Marie, et qui, du sein de Marie, s’élevait à Dieu mon Père; c'était la parole du nouvel Adam conversant avec son Créateur, nous plus dans l’orgueil, mais dans la plus profonde humilité; et ce nouvel Adam n’était pas homme seulement, il était Dieu et homme... j’étais en Marie pour accomplir la volonté de Dieu.

Ma vie en Marie était donc ma vie pour Dieu; c'était aussi ma vie pour ma mère. En vivant dans Marie, je rendais gloire à mon Père, je lui ramenais l’humanité coupable, je satisfaisais sa justice... En vivant en Marie, je rendais aussi gloire à Marie, et jamais nulle créature n’a eu de gloire pareille à cette gloire. Je lui soumettais ma divinité... et l'œuvre de miséricorde que j’accomplissais à son égard... Je voulais, par ma propre parole, achever l’œuvre de sanctification et de grandeur qui devait s’opérer en elle... Par ma parole à Marie, je complétais l’œuvre de son union avec moi. J'étais Dieu, en cette qualité je lui donnais la vie; j'étais Fils de l'homme, en cette qualité je recevais d'elle ma vie, et, par cet échange réciproque, je l’unissais plus à moi et je m’unissais plus à elle en même temps... Dieu, dans l’éternité, a été, est et sera toujours, l’objet des contemplations de son Verbe. Dans le temps, le Verbe de Dieu fait homme était le continuel objet des contemplations de Marie..."

Ce cours de Jésus-professeur va s'achever par quelques conseils, donnés pour nous à Marie Lataste, et par une extraordinaire promesse.

Tout d'abord, des conseils: "Aimez à me contempler dans vos méditations, vivant en Marie; c'est là une dévotion qui est peu en usage. Attachez-vous-y, et plus vous vous y attacherez, plus elle aura pour vous d’attraits. Vous ne la comprendrez jamais parfaitement... Contemplez-moi vivant en Marie, et vous pourrez recevoir dans votre esprit une idée de mon humiliation et de la grandeur de Marie, une idée de mon amour pour Marie, et de l’amour de Marie pour moi... Contemplez-moi vivant en Marie, et vous aurez une idée des relations ineffables que cette vie établit entre mon Père et Marie: Dieu m’engendrant de toute éternité... Marie seule aussi m’engendrant dans son sein par la vertu de Dieu, Dieu m’appelant son Fils et Marie me donnant le même nom.

Conservez ces pensées dans votre cœur comme un stimulant précieux qui vous fera désirer de plus en plus que je vienne habiter en vous, vivre avec vous et vous faire goûter les douceurs de ma présence et de mon amour."

Et voici la promesse : "Sur la terre, ma vie en Marie demeurera comme un livre fermé; néanmoins je l’ouvrirai pour vous si vous me le demandez. Je vous montrerai le Fils de l'homme occupé, en Marie, de Dieu et de l’humanité tout entière. Je vous montrerai Marie, seule, dans toute l’humanité, occupée de la divinité; je vous montrerai Celui qui est la vie, tirant la vie d’une créature; je vous montrerai Celui qui est la lumière, enfermé dans les ténèbres et dans le sein d’une créature; je vous montrerai Celui qui est Dieu, devenu homme; l’Éternel devenu mortel; le Saint, fait comme pécheur. Je vous montrerai une Vierge devenue mère, une Vierge mère portant un Dieu dans son sein, une créature vivifiant le Créateur, le Dieu du ciel et de la terre dépendant de l’œuvre de ses mains; je vous montrerai la vie divine et la vie humaine ne faisant plus qu’une vie, la vie du Fils de Dieu fait homme. Vous me verrez Fils de Dieu et fils de Marie, unissant Marie à Dieu et Dieu à Marie... regardant Dieu le Père pour l’aimer comme mon Père, regardant Marie pour l’aimer aussi comme ma mère... "  (Livre 3, chapitre 7)

   

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