Chapitre VII
La
Sainte Vierge Marie,
Mère de Notre-Seigneur Jésus-Christ
5
Le Mystère de l'Incarnation
(Livre 3, chapitre 6)
5-1-L'annonce de l'ange
C'était un jour de fête de
l’Annonciation. Marie Lataste implorait Jésus afin qu'Il lui
expliquât ce mystère. Le Sauveur Jésus vint à elle et dit:
"Ma fille, vous aimez que je vous parle de ma Mère, moi aussi
j’aime. Pour vous éclairer sur le mystère de ce jour, je veux
vous emmener avec moi. Venez, ma fille, suivez-moi." Marie
Lataste se sentit élevée en l’air, et elle ne vit plus que
Jésus. Ils arrivèrent à une immense plaine. Autour de cette
plaine, Marie vit neuf immenses enceintes superposées. Chacune
était occupée par une multitude de jeunes gens vêtus de blanc.
Ils avaient tous deux ailes sur leurs épaules. Plus l’enceinte
était élevée et plus les jeunes hommes de cette enceinte étaient
éclatants de lumière. Au-dessus de ces enceintes il y avait un
trône magnifique qui n’était que lumière... Autour du trône,
sept jeunes hommes étaient prosternés à genoux...
Jésus dit: "Venez avec Moi."
Marie Lataste raconte: "Le Sauveur Jésus me prit encore par
la main, et nous arrivâmes... dans une petite cellule. Là, une
jeune fille, d’une quinzaine d’années... priait, les yeux levés
au ciel. Le jeune homme, celui que l'Évangile nomme: l'Ange du
Seigneur, se prosterna devant elle et lui dit: 'Je vous salue,
pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie
entre toutes les femmes.' À ces mots, la jeune fille me parut
troublée par la parole qu’elle venait d’entendre. Elle se
demandait quel pouvait être ce salut..." Marie Lataste
rapporte intégralement le texte de l'Évangile de Luc jusqu'à la
célèbre phrase de Marie: "Voici la servante du Seigneur,
qu'il me soit fait selon votre parole." Puis, tout disparut
aux yeux de Marie Lataste qui ne vit plus que le Sauveur Jésus,
en face de l'autel.
Jésus explique la vision que vient
d'avoir Marie Lataste: "Ma fille, j’ai voulu parler à vos
yeux avant de parler à votre intelligence, parce que votre
intelligence comprendra mieux maintenant ce que vos yeux auront
aperçu, ce que vos oreilles auront entendu. Cette plaine que
vous considériez, c'est le ciel; les neuf enceintes et ceux qui
les occupaient, les neuf chœurs des anges; le trône de lumière,
le trône de Dieu; les sept jeunes hommes qui entouraient ce
trône, les sept anges qui sont toujours devant mon Père; celui
qui s’est levé, qui est venu avec vous dans la cellule où nous
sommes entrés, c'est l’ange Gabriel; celle à qui il a parlé,
c'est Marie."
Jésus peut alors expliquer l'étonnant
mystère de l'Annonciation: "Écoutez-moi avec la docilité d’un
enfant. Mon incarnation était le chef-d’œuvre des manifestations
extérieures de Dieu, au ciel et sur la terre... Quand l’heure
fut venue Dieu envoya son ange, Gabriel, c’est-à-dire force de
Dieu, ou bien Dieu et homme. Ce n'est pas sans dessein qu'il
porte ce nom, force de Dieu, parce qu'il devait être le héros
annonçant la grande manifestation de la force et de la puissance
qui est en Dieu... parce qu'il devait annoncer la grande
merveille d’un Dieu fait homme.
Gabriel est l’un des anges les plus
puissants de la cour de mon Père, et il vient dans la cellule de
Marie, que mon Père avait choisie pour me donner le jour sur la
terre. C'est le ciel qui apprend cette grande nouvelle à la
terre; c'est un ange qui l’apprend à une vierge... c'est l'ange
de Dieu qui l’apprend à la mère de Dieu... Dieu vient lui dire
que les temps sont accomplis, que le Messie va naître d’elle...
Vous avez contemplé ce spectacle
admirable: l'ange venant au nom de Dieu... l'ange saluant Marie
pleine de grâce, temple de Dieu, femme bénie parmi les femmes,
servante de Dieu. Ce langage... était de Dieu, porté par un ange
et reçu par Marie. Or, ma fille la parole de Dieu est lumière,
une lumière incréée... qui reste en Dieu, mais dont les rayons
viennent et descendent jusqu’à la créature pour lui montrer les
choses de Dieu...
La vierge Marie Marie écouta la
parole de Dieu... et contempla les desseins éternels de Dieu,
contemplation pleine d’intelligence. L’ange, pénétré de respect,
vénéra le silence de Marie et demeura en silence devant elle."
Comme pour s'assurer que Marie
Lataste l'a bien compris, Jésus l'interroge sur le silence de
Marie. Et Marie Lataste dit qu'elle avait reconnu le récit
évangélique qui rapporte que Marie fut troublée par le discours
de l'ange. Jésus répond: "Il en a été ainsi, ma fille. Marie
était sainte et pleine de grâces, la pureté de son âme
surpassait la pureté de tous les esprits célestes; la présence
d’un ange sous une forme humaine ne pouvait la troubler...
Pourtant Marie fut troublée dans la parole de l'ange. C'est
qu'il y eut combat entre son humilité et la parole du messager
céleste et ce combat produisit le trouble de Marie qui se
demanda quelle pouvait être cette salutation et la signification
de ces paroles. Ah! ma fille, l’humilité était si grande en
Marie qu'elle ignorait les grandeurs qui étaient en elle... son
humilité lui enlevait la parole... L’ange ajouta: 'Ne craignez
point, Marie, vous avez trouvé grâce devant Dieu.'"
De nouveau Jésus interroge Marie
Lataste:
– "Savez-vous, ma fille, quelle
est cette grâce que Marie a trouvée devant mon Père?
– Non,
Seigneur.
– Écoutez
l’ange, il va vous l’apprendre: 'Voici, lui dit-il, que vous
concevrez dans votre sein et que vous enfanterez un Fils, et
vous lui donnerez le nom de Jésus.'
La grâce que Marie a trouvée devant
mon Père, c'est moi. Je suis la grâce de Dieu le Père, je suis
la splendeur de sa gloire, et Marie m’a trouvé par sa sainteté,
par sa vertu, par sa virginité... Elle m’a trouvé... je me
donnerai à elle, et elle se donnera à moi. Ma divinité descendra
en son humanité, son humanité voilera ma divinité. Ma divinité
remplira son humanité; vierge, elle deviendra mère; vierge mère,
elle sera Mère de Dieu, elle sera ma mère. Voilà la dignité que
l'ange annonça à Marie... qui s’écria: 'Comment cela pourra-t-il
s’opérer, je ne connais point d’homme?'
Jésus va insister fortement sur ce
mystère puis il dira à Marie Lataste: "Je désire, ma fille,
que vous compreniez bien ces paroles; écoutez-moi avec plus
d’attention. Marie ne doute pas de la parole de l'ange: elle
savait que je devais naître d'une vierge... Mais elle ne savait
point de quelle manière je devais naître d’elle. Être vierge et
mère en même temps, c'est là un mystère que nul ne comprendra
jamais... Aussi Marie s’écrie-t-elle:
– Comment
cela s’opèrera-t-il, je ne connais point d’homme?
Jésus poursuit: "Loin d’être une
parole de doute, cette parole est pleine de croyance et de foi;
une parole de croyance au pouvoir de Dieu, à sa maternité et
aussi à la conservation de sa virginité.... Quel est ce mode
nouveau que Dieu emploiera pour opérer son oeuvre? Quelle est
cette nouvelle faveur que Dieu me réserve? Telle était la pensée
de Marie. Vous devez remarquer aussi que cette parole n'est pas
une parole uniquement de Marie, c'est une parole de Dieu... Dieu
voulait par cette parole et sa conservation dans l’Évangile
faire éclater la vérité de sa promesse, faire observer la
réalisation des prophéties, tout en relevant la dignité, la
pureté, la sainteté de la créature qu'il avait choisie pour être
sa mère.
Marie, par sa virginité, a attiré
Dieu en elle. Il fallait que cette virginité apparût toute
brillante aux yeux de tous les hommes; et que cette vertu,
manifestée en elle d'une manière si éclatante, demeurât parmi
les hommes comme l’expression de ce qui pouvait être le plus
agréable à Dieu... Dieu voulait que parmi les enfants des hommes
je choisisse un peuple privilégié dont la pensée... méditât,
dans une chair sujette à la corruption, le mystère de l’union
incorruptible entre Dieu et l'homme...
Oui, ma fille, dans l’œuvre de mon
incarnation en Marie, il n'y a eu que l’œuvre de Dieu... Tout a
été divin dans cette nouvelle création. Le Saint-Esprit est venu
lui-même opérer en Marie cette merveille, la vertu de mon Père a
soutenu Marie dans la création de mon humanité en elle; mon
humanité unie à la divinité a été sainte comme ma divinité, et
j'ai été appelé parmi les hommes du nom que je portais dans le
sein de mon Père, du nom qui désigne et exprime ce que je suis,
le Fils de Dieu.
Voilà le prodige merveilleux, dont
l’explication est donnée à Marie... qu’Élizabeth sa cousine,
devenue mère malgré sa stérilité, annonçait, non pas dans sa
totalité, mais comme signe de l’efficacité de la puissance de
Dieu. Heureuses les âmes qui, comme Marie, suivent, dès leur
enfance l'attrait que Dieu met dans leur âme, qui se consacrent
à lui et ne désirent d’autre union que son union! En vérité...
pendant l’éternité elles reposeront en moi... Ma fille, je vous
appelle à moi, dites avec Marie: 'Voici la servante du
Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole.' Prononcez
souvent ces mots... ne désirant que la volonté de Dieu."
Jésus, extraordinaire pédagogue va
jusqu'au bout de ses explications. Il ajoute: "Quand l’ange
eut fini de parler, il dut attendre la réponse de Marie. En
effet, j’étais à même de m’incarner en Marie, mais il fallait le
consentement de Marie. Dieu allait renouveler son alliance avec
les hommes, mais cette alliance devait être acceptée par Marie;
et Dieu, et l'ange, et moi qui vous parle, nous attendions la
réponse de Marie. Ô grandeur communiquée à Marie! Jamais, Dieu
ne s’était soumis à l'homme, et il se soumet à Marie... Et il
fait dépendre la plus admirable de ses actions, de Marie... Ô
parole de Marie!... Je suis la parole éternelle de Dieu,
j’allais m’incarner dans Marie, et déjà ma parole était en
elle... 'Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon
votre parole.'
Le résumé de mon incarnation est dans
cette parole. Il n'y a que deux choses en elle: humilité et
puissance... C'est seulement par mon humiliation jusqu’à la mort
et jusqu’à la mort de la croix, que j’ai voulu manifester ma
puissance sur la mort, sur l’enfer, et sur l'homme pécheur à qui
je rendais la grâce et la liberté. Marie, au moment où le
messager du ciel proclame ses grandeurs, s’humilie jusque dans
le plus intime de son être: 'Voici la servante du Seigneur.'
Mais cette humilité acquît une force toute divine, qui m’attire
et m’incarne en elle par la puissance d'un commandement auquel
je ne résiste point: 'Qu’il me soit fait selon votre parole!'
L’œuvre de mon incarnation fut accomplie par cette parole.
J’habitai dès lors corporellement en Marie... et le ciel adora
ce mystère de l’abaissement du Fils de Dieu, de sa miséricorde
et de son amour pour les hommes, et de la dignité, de la
grandeur, de la puissance de la Vierge que j’avais choisie pour
être ma mère."
Marie Lataste, comme elle l'avoue
elle-même, n'a peut-être point rapporté à la perfection les
paroles du Sauveur. Par contre, ce qu'elle ne peut exprimer,
c'est le bonheur que l’onction de la parole de Dieu mit dans son
âme. (Livre 3, chapitre 6)
5-2-Dans le sein de Marie
(Livre 3, chapitre 7)
Marie Lataste méditait sur les grâces
privilégiées que Dieu avait données à la Vierge Marie. Selon la
recommandation de Jésus, elle se tenait silencieuse en sa
présence, devant le tabernacle. Jésus vint à elle, du fond du
tabernacle, et dit: "Ma fille, aujourd'hui je veux vous
parler de ma vie en Marie pendant les neuf mois que j'ai passés
en elle, et des mystères opérés par ma présence en son sein
virginal.
J’étais Dieu, Fils de Dieu, Verbe de
Dieu, lumière de Dieu, splendeur de la gloire de Dieu, vivant
dans Marie, femme mortelle, femme vierge, sainte, immaculée dans
sa conception, dans sa naissance et dans sa vie, femme mère de
Dieu. J’étais en Marie comme homme, comme Fils d’Adam, Fils de
David, en tout semblable aux autres hommes, hormis le péché.
J’étais en Marie, ayant ma vie comme Dieu, et ma vie comme
homme; en elle il y avait ma divinité et mon humanité, et les
deux natures: divine et humaine se réunissaient dans ma
personnalité de Sauveur. J’étais en Marie un Dieu soumis à Dieu
le Père, un Dieu incarné, un Dieu fait homme pour offrir à mon
Père le sacrifice qui seul pouvait lui être agréable.
J’étais en Marie, Dieu et homme tout
ensemble... Dieu-Homme répétant à Dieu, à chaque moment cette
parole: 'Mon Père, vous n’avez point voulu les holocaustes ni
les sacrifices des hommes, mais vous m’avez donné un corps, et
voici que je viens, ô mon Dieu, pour faire votre volonté.'
J’étais Dieu, et je m’adressais à Dieu; je reconnaissais qu'il
m’avait donné le corps dont était revêtue ma divinité. Je lui
offrais tout ce qu'il m’avait donné... afin de faire sa volonté
qui était de sauver le monde. N’était-ce pas être victime, que
de resserrer ma divinité dans le sein de Marie? N’était-ce pas
être soumis comme un serviteur, que de plier et de voiler ma
divinité dans l’humanité? N’était-ce pas être à la fois
serviteur et victime, que de m’offrir à Dieu en reconnaissant
son domaine sur moi? Ma vie dans le sein de Marie, c'était une
parole de soumission, d’obéissance, d’humilité... c'était la
parole éternelle, qui est dans le sein du Père, incarnée dans le
sein de Marie, et qui, du sein de Marie, s’élevait à Dieu mon
Père; c'était la parole du nouvel Adam conversant avec son
Créateur, nous plus dans l’orgueil, mais dans la plus profonde
humilité; et ce nouvel Adam n’était pas homme seulement, il
était Dieu et homme... j’étais en Marie pour accomplir la
volonté de Dieu.
Ma vie en Marie était donc ma vie
pour Dieu; c'était aussi ma vie pour ma mère. En vivant dans
Marie, je rendais gloire à mon Père, je lui ramenais l’humanité
coupable, je satisfaisais sa justice... En vivant en Marie, je
rendais aussi gloire à Marie, et jamais nulle créature n’a eu de
gloire pareille à cette gloire. Je lui soumettais ma divinité...
et l'œuvre de miséricorde que j’accomplissais à son égard... Je
voulais, par ma propre parole, achever l’œuvre de sanctification
et de grandeur qui devait s’opérer en elle... Par ma parole à
Marie, je complétais l’œuvre de son union avec moi. J'étais
Dieu, en cette qualité je lui donnais la vie; j'étais Fils de
l'homme, en cette qualité je recevais d'elle ma vie, et, par cet
échange réciproque, je l’unissais plus à moi et je m’unissais
plus à elle en même temps... Dieu, dans l’éternité, a été, est
et sera toujours, l’objet des contemplations de son Verbe. Dans
le temps, le Verbe de Dieu fait homme était le continuel objet
des contemplations de Marie..."
Ce cours de Jésus-professeur va
s'achever par quelques conseils, donnés pour nous à Marie
Lataste, et par une extraordinaire promesse.
Tout d'abord, des conseils:
"Aimez à me contempler dans vos méditations, vivant en Marie;
c'est là une dévotion qui est peu en usage. Attachez-vous-y, et
plus vous vous y attacherez, plus elle aura pour vous
d’attraits. Vous ne la comprendrez jamais parfaitement...
Contemplez-moi vivant en Marie, et vous pourrez recevoir dans
votre esprit une idée de mon humiliation et de la grandeur de
Marie, une idée de mon amour pour Marie, et de l’amour de Marie
pour moi... Contemplez-moi vivant en Marie, et vous aurez une
idée des relations ineffables que cette vie établit entre mon
Père et Marie: Dieu m’engendrant de toute éternité... Marie
seule aussi m’engendrant dans son sein par la vertu de Dieu,
Dieu m’appelant son Fils et Marie me donnant le même nom.
Conservez ces pensées dans votre cœur
comme un stimulant précieux qui vous fera désirer de plus en
plus que je vienne habiter en vous, vivre avec vous et vous
faire goûter les douceurs de ma présence et de mon amour."
Et voici la promesse :
"Sur la terre, ma vie en Marie demeurera comme un livre
fermé; néanmoins je l’ouvrirai pour vous si vous me le demandez.
Je vous montrerai le Fils de l'homme occupé, en Marie, de Dieu
et de l’humanité tout entière. Je vous montrerai Marie, seule,
dans toute l’humanité, occupée de la divinité; je vous montrerai
Celui qui est la vie, tirant la vie d’une créature; je vous
montrerai Celui qui est la lumière, enfermé dans les ténèbres et
dans le sein d’une créature; je vous montrerai Celui qui est
Dieu, devenu homme; l’Éternel devenu mortel; le Saint, fait
comme pécheur. Je vous montrerai une Vierge devenue mère, une
Vierge mère portant un Dieu dans son sein, une créature
vivifiant le Créateur, le Dieu du ciel et de la terre dépendant
de l’œuvre de ses mains; je vous montrerai la vie divine et la
vie humaine ne faisant plus qu’une vie, la vie du Fils de Dieu
fait homme. Vous me verrez Fils de Dieu et fils de Marie,
unissant Marie à Dieu et Dieu à Marie... regardant Dieu le Père
pour l’aimer comme mon Père, regardant Marie pour l’aimer aussi
comme ma mère... " (Livre 3, chapitre 7) |