CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

Troisième partie
LES Œuvres
DE Marie Lataste
(1822-1847)

 

Chapitre VII
 

La Sainte Vierge Marie,
Mère de Notre-Seigneur Jésus-Christ

  

6
Jésus chez les hommes
(Livre 3, chapitre 8)

 

6-1-La naissance

C'était une nuit de Noël... Marie Lataste méditait sur la naissance de Jésus dans l’étable de Bethléem. Elle se trouvait près de l'autel de Marie. S’adressant à Marie, elle pensait aussi à Jésus, et, par Marie, elle voulait arriver à Jésus. Avec Marie et saint Joseph dans l’étable, elle adorait Jésus enfant. Soudain la Vierge Marie devint la lumière de son autel, et elle appela Marie Lataste tout en présentant le tout petit Enfant Jésus, enveloppé de langes. Puis, écrit Marie Lataste, "Marie plaça son divin enfant entre mes mains, puis elle me rapprocha d’elle, comme pour me prendre avec Jésus sous sa protection. L’enfant Jésus était avec moi, mais il était sans parole. Je le regardais, puis je regardais Marie... et je lui dis: 'Vierge sainte, parlez-moi de la naissance du Sauveur Jésus.'"

Et, en ce jour anniversaire de la naissance de Jésus, la vierge Marie dit: "Cette naissance est le mystère d’une triple volonté au ciel et sur la terre: la volonté de Dieu le Père, qui chérissait les hommes à ce point qu'il leur donnait son Fils; la volonté du Verbe de Dieu, qui chérissait à ce point la volonté de son Père qu’il voulait l'accomplir au moment fixé par lui; la volonté du Saint-Esprit, qui avait tout disposé pour opérer cette naissance étonnante, et dont l’opération devait manifester la sagesse et la puissance. Voilà la triple volonté du Ciel... une dans sa triplicité...

La naissance de mon Fils Jésus renferme encore le mystère d’une triple volonté sur la terre: la volonté de Dieu le Père, de Dieu le Fils et de Dieu le Saint-Esprit, qui s’est formée dans le ciel et qui opère sur la terre; la volonté du Fils de Dieu fait homme, qui est mon Fils, et ma volonté. Ces trois volontés ne font qu'une volonté; elles étaient en moi, et opérèrent la naissance de mon Fils. Les trois personnes divines voulaient la naissance de Jésus, et Jésus est né; Jésus voulait naître, et Jésus est né; je voulais la naissance de Jésus, et Jésus est né...

Les trois personnes divines donnaient mon Fils au monde; je le donnais aux trois personnes divines. Les trois personnes divines me regardaient comme mère de Jésus; moi, je me regardais comme l’humble servante des trois personnes divines... et Celui qui commande au ciel et sur la terre me fut soumis... Ô ma fille! comprenez bien l’exemple qui ressort pour vous de la naissance de Jésus. C'est un exemple de soumission, un exemple de volonté exécutée et suivie, un exemple de subordination, et cet exemple vient du Ciel, vient de Dieu. Dieu a voulu, et j'ai voulu avec Dieu. Dieu le Père a voulu, et Dieu le Fils s’est soumis à volonté de son Père. Dieu le Père et Dieu le Fils ont voulu, et Dieu le Saint-Esprit a voulu avec eux, et il a disposé la réalisation et l'accomplissement de leur volonté. Ma volonté a toujours été conforme à la volonté de Dieu... Ne l’oubliez pas, ma fille, le péché de l'homme a été une opposition à la volonté de Dieu; pour réparer ce péché, il a fallu une soumission à la volonté divine... Portez vos regards plus loin, vous trouverez cette soumission dans sa mort. De Bethléem au Calvaire, tout en Jésus, tout en moi unie à Jésus est soumission à la volonté de Dieu..." (Livre 3, chapitre 8)

6-2-La venue des mages (Livre 3, chapitre 9)

Un jour de l’Épiphanie, après avoir communié, Marie Lataste s'offrait à Jésus pour le reconnaître comme son Roi, son Dieu et son Sauveur. Alors, des yeux de son âme, elle vit un jeune homme qui lui parut être un ange;  il adora d'abord devant le tabernacle, puis vint jusqu'à Marie Lataste et lui dit: "Marie, suivez-moi." Tous les deux passèrent derrière l’autel où s'étendait une plaine; au loin apparaissait une colline sur laquelle était assise une petite ville. Ils arrivèrent rapidement à la cité, puis près d’une grotte taillée dans le roc. L'ange dit: "Arrêtez-vous, Marie; c'est ici la maison du Seigneur et le lieu où il a pris naissance pour sauver les hommes."

Cette grotte, qui avait servi d’étable, avait été disposée en habitation; là habitaient réellement Jésus, Marie et Joseph, selon la vision de Marie Lataste.

L'ange conduisit Marie Lataste près de Jésus, et la Vierge Marie dit: "Ma fille, ne perdez jamais de vue la grâce qui vous est faite en ce jour... L'ange de votre salut... vous a amenée en ce lieu où Jésus habite, et je vous ai permis de le recevoir dans vos bras. Ainsi, ma fille, chaque fois que vous chercherez mon Fils avec un grand désir... vous ne le trouverez pas seul, vous me trouverez toujours avec lui; il ne se donnera pas lui-même à vous, ce sera moi qui vous le donnerai... qui lui ordonnerai d’aller à vous... Dieu a donné à mon Fils tout pouvoir sur la terre et dans le ciel; mais, parce que je suis sa mère, il veut ne le point exercer sans mon ordre. Unissez donc toujours mon nom au nom de mon Fils... ne nous séparez jamais et vous nous trouverez toujours unis... "

Marie s’arrêta. L'ange qui se tenait à l’entrée de la grotte vint dire à Jésus: "Seigneur, les mages d’Orient ont vu votre étoile, ils viennent vous adorer." L’enfant Jésus regarda Marie, et les mages entrèrent...

Le premier mage tenait dans les mains, de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Il se prosterna devant Jésus en disant: "Je vous adore, Fils de Dieu; je vous adore, Fils de Dieu fait homme; je vous adore, roi des Juifs."

Le second mage portait aussi dans ses mains de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Il se prosterna jusqu'à terre et déposa sa couronne aux pieds de Jésus en disant: "Je vous adore, Fils de Dieu; je vous adore, Fils de Dieu fait homme; je vous adore, roi des Juifs."

Le troisième mage portait également, dans ses mains, de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Il se prosterna aux pieds de Jésus en disant: "Je vous adore, Fils de Dieu; je vous adore, Fils de Dieu fait homme; je vous adore, roi des Juifs."

Jésus leva sa main sur eux pour les bénir et la Vierge Marie s’entretint longtemps avec les mages sur le péché originel, la promesse du Rédempteur, la sainte Trinité, et l’Incarnation. Les mages écoutaient la parole de Marie avec le plus profond respect... Quand Marie eut fini de parler, elle mit l’enfant Jésus entre les bras de chacun des mages. Ils furent heureux au-dessus de toute expression de cette faveur signalée, puis ils se retirèrent.. (Livre 3, chapitre 9)

6-3-La fuite en Égypte  (Livre 3, chapitre 10)

Trois jours plus tard, Marie Lataste priait. Son ange gardien arriva et dit: "Marie, ne vous attristez point, je vais vous conduire à Jésus." Alors silencieusement ils arrivèrent à la grotte du Sauveur, et l'ange dit: "Le Sauveur n'est plus dans l’habitation où vous l’avez vu naguère." Marie Lataste raconte: "Aussitôt j’entendis des voix de femmes désolées qui pleuraient, et poussaient des gémissements à me fendre le cœur. Ces voix venaient de Bethléem. L'ange me dit alors:

-Les voix que vous entendez sont les voix de pauvres mères à qui on arrache leurs enfants pour les livrer à la mort par ordre du roi Hérode qui, craignant la naissance du nouveau roi des Juifs, fait tuer à Bethléem et dans les environs tous les enfants de deux ans et au-dessous. Hâtons nos pas, Marie: Jésus a fui en Égypte avec sa mère; pressons-nous, nous le trouverons dans le désert.

Nous aperçûmes au loin Jésus, Marie et Joseph. Cette vue me donna de la force; j’en avais grand besoin, la chaleur du désert m’avait exténuée de fatigue. L'ange m’encourageait... Nous atteignîmes enfin la sainte famille; elle reposait sous un arbre couvert de fruits et au pied duquel coulait une source d’eau fraîche. Marie tenait l’enfant Jésus dans ses bras. Je m’approchai de Jésus et lui dis: 'Seigneur, voici bien longtemps que je vous cherchais et je ne vous trouvais point.' Il me tendit les bras et je le pressai sur mon cœur.

La Vierge Marie s’adressa à moi et me dit: 'Ma fille, si vous voulez établir le royaume de Dieu dans votre cœur, vous trouverez des obstacles immenses; mais ne vous découragez point. Fuyez le monde, fuyez le Démon, fuyez loin de vous-même. Vous vous trouverez alors peut-être dans un désert, mais ce désert ne sera pas sans avoir des charmes pour vous. Dans ce désert, vous trouverez Dieu et ses consolations qui vous sont figurées par cet arbre vous abritant des rayons du soleil et portant des fruits pour vous nourrir, et par cette source d’eau où vous pourrez vous désaltérer. Vous y trouverez Jésus et vous m’y trouverez avec lui. Alors ce désert ne sera plus pour vous un désert, mais une douce oasis..." (Livre 3, chapitre 10)

6-4-La Vierge Marie au pied du Calvaire (Livre 3, chapitre 11)

Un jeudi soir de la semaine sainte, Marie Lataste se transporta, en pensée, sur le Calvaire. Là, elle vit le Sauveur Jésus en croix et Marie debout au pied de la croix. Profondément émue, Marie Lataste aurait voulu être en croix à la place de Jésus...  Elle aurait voulu consoler Marie qui venait de sacrifier son Fils pour nous. Elle s'approcha de Marie, et vit ses yeux s'arrêter sur ses yeux. Son regard lui arracha des pleurs.

La Vierge Marie essuya ses larmes en disant: "Ma fille, j’ai voulu vous montrer l'état dans lequel m’avait mise la passion de mon Fils et vous faire comprendre tout ce qu’a souffert mon cœur de mère. En ce moment se réalisa la parole du saint vieillard Siméon, m’annonçant qu’un glaive de douleur percerait mon âme. J’avais vu mon Fils livré par un de ses disciples, conduit par une soldatesque barbare, flagellé, couronné d’épines, dépouillé de ses vêtements; je le voyais, à cette heure, cloué sur la croix élevée entre le ciel et la terre. Ah! vous ne comprendrez jamais l’excès de mes souffrances en ce moment de la passion de mon Fils; je souffrais tout ce qu'il souffrait de la part des soldats, de ses juges, de ses bourreaux; j'étais crucifiée avec lui. Oui, mon âme et ma bouche disaient bien haut à Dieu: 'Mon Dieu, que ce calice, s'il est possible, passe loin de moi!' Mais, sachant que par la mort de mon Fils le monde devait être sauvé, j’ajoutai: 'Que votre volonté soit faite et non la mienne.'...

Sera-t-il jamais douleur pareille à cette douleur? Combien les âmes rachetées au prix du sang de mon Fils m’ont coûté cher, ma fille. Combien ce rachat m’a fait souffrir! Il ne m’a point coûté la vie, mais il a coûté la vie de mon Fils, et, en ce moment, la vie m’était plus douloureuse que ne l’eût été la mort. Telle n'était point la volonté de Dieu; il voulait la mort de mon Fils et non ma mort, et j'ai vu mourir mon Fils, j'ai supporté, j'ai conservé ma vie avec soumission à sa sainte volonté."

S'adressant à Marie Lataste, la Vierge Marie dit: "Ma fille, vous aurez beaucoup à souffrir dans votre vie... Quand vous n’aurez plus ni force ni courage, venez dans mon cœur, il vous relèvera... il vous donnera patience et soumission... il guérira toutes vos blessures et vous fera croître en mérites devant mon Fils. La souffrance est le chemin du salut qui mène à la patrie... c'est le signe de ralliement avec mon Fils, le drapeau des soldats qui marchent sous ses ordres." (Livre 3, chapitre 11)

   

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