« Depuis quelques
jours je me trouve tout de nouveau appliquée à la très sainte
Enfance du Verbe incarné. Vous savez que mon âme est vouée à ce
mystère. Notre-Seigneur me conduit de temps en temps à la
contemplation des autres mystères de sa sainte vie ; mais
l’étable de Béthléem est mon point de ralliement.
Le Sauveur m’a fait
entendre dimanche dernier que beaucoup de bonnes âmes
s’occupaient des humiliations de sa Passion, mais peu des
anéantissements de sa sainte Enfance, et il désire que je m’y
applique pour combattre l’esprit d’orgueil, d’ambition et
d’indépendance, par les humiliations, la pauvreté de sa crèche
et la captivité de ses langes. Ainsi, le Père éternel, je crois,
n’auras pas moins agréable la Face du petit Jésus couverte de
larmes que la Face de Jésus couverte de sang et délaissée sur la
croix. Il est notre auguste Victime en la crèche et à la croix.
J’offre donc ce divin Enfant au Père éternel; je le mets entre
le ciel et la terre pour apaiser sa colère. Le Saint-Esprit
m’applique aussi de nouveau à contempler Jésus prenant le lait
virginal de sa divine Mère. Hier, sur la fin de mon oraison, la
très sainte Vierge, malgré mon indignité, a daigné se montrer à
moi. Elle m’a dit qu’elle était la Reine du Carmel ; elle
protégera ses maisons dans ces jours de calamité; il faut avoir
une grande confiance en elle et en son adorable Fils ; elle m’a
fait entendre aussi qu’il fallait travailler avec zèle à la fin
de son Institut, c’est-à-dire prier pour l’Église, et faire
violence au ciel. Cette tendre Mère m’a prescrit de dire en
l’honneur de sa maternité divine, autant de fois que nous avons
de maisons en France, l’hymne O gloriosa virginum ; et cette
auguste Reine arrosera les fleurs du Carmel de son lait
virginal, emblème de la miséricorde. Elle me l’a promis.
Elle m’a dit aussi
que plus l’armée de Dieu augmenterait (les défenseurs de son
Nom), plus l’armée de Satan s’affaiblirait (les ennemis de
l’Église et de l’État).
Voilà à peu près,
ma très Révérende Mère, ce qui s’est passé dans mon âme. J’ai
dit soixante-douze fois l’hymne indiqué par Marie, en l’honneur
des années de sa bienheureuse vie ; et j’ai prié saint Joseph
notre bon Père et notre Mère sainte Thérèse de les offrir à la
Reine du Carmel pour le salut de nos chères maisons.
O divine Marie,
arrosez de votre lait mystérieux les fleurs du Carmel, afin
qu’elles prennent une forte racine dans cette terre de
bénédiction et qu’elles n’en soient jamais arrachées par le
démon.
Sœur Marie de
Saint-Pierre de la Sainte Famille,
carmélite indigne. »
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