CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

Sœur Marie de Saint-Pierre
(Perrine Éluère)
1816-1848

JOURNAL SPIRITUEL

57
Comme un testament

“O Reine du Carmel...”

« Depuis quelques jours je me trouve tout de nouveau appliquée à la très sainte Enfance du Verbe incarné. Vous savez que mon âme est vouée à ce mystère. Notre-Seigneur me conduit de temps en temps à la contemplation des autres mystères de sa sainte vie ; mais l’étable de Béthléem est mon point de ralliement.

Le Sauveur m’a fait entendre dimanche dernier que beaucoup de bonnes âmes s’occupaient des humiliations de sa Passion, mais peu des anéantissements de sa sainte Enfance, et il désire que je m’y applique pour combattre l’esprit d’orgueil, d’ambition et d’indépendance, par les humiliations, la pauvreté de sa crèche et la captivité de ses langes. Ainsi, le Père éternel, je crois, n’auras pas moins agréable la Face du petit Jésus couverte de larmes que la Face de Jésus couverte de sang et délaissée sur la croix. Il est notre auguste Victime en la crèche et à la croix. J’offre donc ce divin Enfant au Père éternel; je le mets entre le ciel et la terre pour apaiser sa colère. Le Saint-Esprit m’applique aussi de nouveau à contempler Jésus prenant le lait virginal de sa divine Mère. Hier, sur la fin de mon oraison, la très sainte Vierge, malgré mon indignité, a daigné se montrer à moi. Elle m’a dit qu’elle était la Reine du Carmel ; elle protégera ses maisons dans ces jours de calamité; il faut avoir une grande confiance en elle et en son adorable Fils ; elle m’a fait entendre aussi qu’il fallait travailler avec zèle à la fin de son Institut, c’est-à-dire prier pour l’Église, et faire violence au ciel. Cette tendre Mère m’a prescrit de dire en l’honneur de sa maternité divine, autant de fois que nous avons de maisons en France, l’hymne O gloriosa virginum ; et cette auguste Reine arrosera les fleurs du Carmel de son lait virginal, emblème de la miséricorde. Elle me l’a promis.

Elle m’a dit aussi que plus l’armée de Dieu augmenterait (les défenseurs de son Nom), plus l’armée de Satan s’affaiblirait (les ennemis de l’Église et de l’État).

Voilà à peu près, ma très Révérende Mère, ce qui s’est passé dans mon âme. J’ai dit soixante-douze fois l’hymne indiqué par Marie, en l’honneur des années de sa bienheureuse vie ; et j’ai prié saint Joseph notre bon Père et notre Mère sainte Thérèse de les offrir à la Reine du Carmel pour le salut de nos chères maisons.

O divine Marie, arrosez de votre lait mystérieux les fleurs du Carmel, afin qu’elles prennent une forte racine dans cette terre de bénédiction et qu’elles n’en soient jamais arrachées par le démon.

Sœur Marie de Saint-Pierre de la Sainte Famille,
carmélite indigne. »


[1] « Ici nous arrivons à la dernière communication écrite de notre chère sœur ; la fin de son pèlerinage approche, suivant l’annonce qu’elle en a reçue. La lettre qui la contient est datée du 12 avril 1848, et, comme les autres, adressée à la Mère prieure, Marie de l’Incarnation. Elle nous ramène à la vue de la sainte Enfance dont l’âme innocente et candide de l’humble vierge ne s’était jamais trop éloignée. Elle est courte et porte le même cachet de simplicité que toutes les autres : nous la transcrivons en son entier avec un sentiment de piété et de vénération qui sera sans doute partagé. »
— Abbé Janvier: “Vie de la Sœur Saint-Pierre”. Larcher - Paris 1884.

   

 

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