CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

Sœur Marie de Saint-Pierre
(Perrine Éluère)
1816-1848

JOURNAL SPIRITUEL

51
Extraits – Encore la France...

Encore la France...

[Le 11 novembre, fête de saint Martin, la vierge du Carmel sentit une action de la grâce qui][1] « fut pour moi le signal du combat; Notre-Seigneur, après avoir durant six mois inondé mon âme de douceurs ineffables, m’a de nouveau chargée de la Réparation. »[2]

« Mais, ô jugement impénétrable de Dieu, qu’il faut adorer en silence, toutes nos démarches ont été inutiles.[3]

Je ne suis point pour cela découragée; car la très sainte Vierge m’a fait espérer qu’une œuvre si nécessaire à la France s’étendrait dans les villes de ce royaume, et que, en sa considération, elle verserait sur nous le lait de la miséricorde. L’Enfant-Jésus de son côté m’a promis, si elle se propageait selon sa volonté, qu’il donnerait à la France le baiser de paix et de réconciliation Une autre fois, la très sainte Vierge m’a de nouveau recommandé cette confrérie naissante, qui, approuvée par l’Église et enrichie de précieuses faveurs, était toute belle à ses yeux; notre divine Marie semblait avoir une grande joie de la naissance de cette association qui l’a portée à demander grâce pour la France. »

Jésus couvert de plaies...

« Il m’a fait entendre ces tristes paroles :

— Les Juifs m’ont crucifié le vendredi ; mais les chrétiens me crucifient le dimanche. Demandez donc de ma part, pour ce diocèse de Tours, l’établissement de l’œuvre réparatrice, afin que mes amis puissent embaumer mes plaies par de pieuses expiations, et obtenir miséricorde pour les coupables. Ma file, l’orage gronde déjà; mais je tiendrai ma promesse, si l’on fait ma volonté. Parlez avec humilité, mais en même temps avec une sainte liberté. »[4]

Prière de Noël

Prière du 25 décembre 1847

« O mon Dieu! bénissez-moi malgré mon indignité, parce que j’ai fait ce que vous m’avez commandé ; daignez aussi dans votre grande miséricorde me pardonner mes fautes, car je crains la souveraine rigueur de votre justice quand je pense à ces paroles : “On demandera beaucoup à celui qui aura reçu beaucoup”. Cependant, ô mon Dieu, deux choses me consolent dans la vue de votre jugement. La première, c’est que vous m’avez fait la grâce de marcher dans vos voies avec un esprit de droiture et de simplicité, et toujours sous l’étoile si douce de la sainte obéissance. La seconde, c’est que vous m’avez accordé ce que je vous avais demandé, de ne jamais me glorifier de vos dons; oui, Seigneur, je vous dirai jusqu’à la fin de ma vie: A vous seul tout honneur, toute louange et toute gloire, et à moi, misérable pécheresse, la honte, le mépris et la confusion!

Je vous rends mille actions de grâces, ô mon Dieu, d’avoir fait à votre indigne servante deux grands dons: celui de votre Face adorable, et le sein virginal de votre auguste Mère pour y puiser le lait mystérieux de la grâce et de la miséricorde. L’un et l’autre de ces dons charment mon cœur. O aimable Jésus, de quel côté me tournerai-je? D’une part, je vois la Face adorable de mon divin Sauveur, d’où coule un sang précieux qui m’assure la vie éternelle! De l’autre, je vois le sein maternel de Marie, d’où coule un lait mystérieux qui me fait goûter les douceurs d’une manne céleste, et qui remplit mon âme de confiance dans les infinies miséricordes dont la Vierge immaculée est le canal! O bienheureux saints anges, et vous tous, saints et saintes du ciel, remerciez pour moi Jésus et Marie qui m’ont comblée de leurs bienfaits pendant ma vie, et attirez-moi au ciel, afin que j’aille, malgré mon indignité, chanter éternellement avec vous l’hymne de la reconnaissance, pour toutes les grâces que j’ai reçues de mon Dieu et surtout pour l’œuvre réparatrice que sa miséricorde a établie en France.

O bon Jésus, ô tendre Marie, bénissez et propagez l’archiconfrérie ; je la dépose en vos aimables Cœurs, soyez à jamais ses puissants protecteurs !

Sit Nomen Domini benedictum.
Vade retro, Satana.

O très saint et très aimable Enfant-Jésus, je vous rends grâce de m’avoir aidée à faire cette petite relation en votre honneur et pour la gloire de votre divine Mère. Je la dépose à vos pieds en ce jour mémorable de votre auguste naissance, et vous prie très humblement de prendre en cette belle fête une nouvelle puissance sur mon âme. Je veux jusqu’à la fin de ma vie être votre petite bergère pour garder vos brebis, et votre petite domestique pour vous servir ainsi que votre sainte Mère. Oui, ô divin Enfant, céleste Époux de mon âme, je renonce à tout ce que je suis, et je me donne à tout ce que vous êtes, possédez-moi souverainement !

Ainsi soit-il.

Sœur Marie de Saint-Pierre de la Sainte Famille,
carmélite indigne.
Le 25 décembre 1847, jour de Noël.

Gloire à Dieu et paix aux hommes de bonne volonté! »


[1] Abbé Janvier: “Vie de la Sœur Saint-Pierre”. Larcher - Paris 1884.
[2] 11 novembre 1847.
[3] Suite aux instances faites, le 14 novembre auprès de Monseigneur l’Archevêque pour l’établissement de l’Œuvre de la Réparation.
[4] 2 décembre 1847.
— « On ne manqua pas de faire connaître cette communication à Monseigneur Morlot. Il fut, par conséquent, prévenu de “l’orage qui grondait”, et averti que c’était la dernière heure pour agir.
— Abbé Janvier: “Vie de la Sœur Saint-Pierre”. Larcher - Paris 1884.

   

 

Pour toute suggestion, toute observation ou renseignement sur ce site,
adressez vos messages à :

 voiemystique@free.fr