Encore la France...
[Le 11 novembre,
fête de saint Martin, la vierge du Carmel sentit une action de
la grâce qui]
« fut pour moi le signal du combat; Notre-Seigneur, après avoir
durant six mois inondé mon âme de douceurs ineffables, m’a de
nouveau chargée de la Réparation. »
« Mais, ô jugement
impénétrable de Dieu, qu’il faut adorer en silence, toutes nos
démarches ont été inutiles.
Je ne suis point
pour cela découragée; car la très sainte Vierge m’a fait espérer
qu’une œuvre si nécessaire à la France s’étendrait dans les
villes de ce royaume, et que, en sa considération, elle
verserait sur nous le lait de la miséricorde. L’Enfant-Jésus de
son côté m’a promis, si elle se propageait selon sa volonté,
qu’il donnerait à la France le baiser de paix et de
réconciliation Une autre fois, la très sainte Vierge m’a de
nouveau recommandé cette confrérie naissante, qui, approuvée par
l’Église et enrichie de précieuses faveurs, était toute belle à
ses yeux; notre divine Marie semblait avoir une grande joie de
la naissance de cette association qui l’a portée à demander
grâce pour la France. »
« Il m’a fait
entendre ces tristes paroles :
— Les Juifs
m’ont crucifié le vendredi ; mais les chrétiens me crucifient le
dimanche. Demandez donc de ma part, pour ce diocèse de Tours,
l’établissement de l’œuvre réparatrice, afin que mes amis
puissent embaumer mes plaies par de pieuses expiations, et
obtenir miséricorde pour les coupables. Ma file, l’orage gronde
déjà; mais je tiendrai ma promesse, si l’on fait ma volonté.
Parlez avec humilité, mais en même temps avec une sainte
liberté. »
Prière de Noël
« O mon Dieu!
bénissez-moi malgré mon indignité, parce que j’ai fait ce que
vous m’avez commandé ; daignez aussi dans votre grande
miséricorde me pardonner mes fautes, car je crains la souveraine
rigueur de votre justice quand je pense à ces paroles : “On
demandera beaucoup à celui qui aura reçu beaucoup”. Cependant, ô
mon Dieu, deux choses me consolent dans la vue de votre
jugement. La première, c’est que vous m’avez fait la grâce de
marcher dans vos voies avec un esprit de droiture et de
simplicité, et toujours sous l’étoile si douce de la sainte
obéissance. La seconde, c’est que vous m’avez accordé ce que je
vous avais demandé, de ne jamais me glorifier de vos dons; oui,
Seigneur, je vous dirai jusqu’à la fin de ma vie: A vous seul
tout honneur, toute louange et toute gloire, et à moi, misérable
pécheresse, la honte, le mépris et la confusion!
Je vous rends mille
actions de grâces, ô mon Dieu, d’avoir fait à votre indigne
servante deux grands dons: celui de votre Face adorable, et le
sein virginal de votre auguste Mère pour y puiser le lait
mystérieux de la grâce et de la miséricorde. L’un et l’autre de
ces dons charment mon cœur. O aimable Jésus, de quel côté me
tournerai-je? D’une part, je vois la Face adorable de mon divin
Sauveur, d’où coule un sang précieux qui m’assure la vie
éternelle! De l’autre, je vois le sein maternel de Marie, d’où
coule un lait mystérieux qui me fait goûter les douceurs d’une
manne céleste, et qui remplit mon âme de confiance dans les
infinies miséricordes dont la Vierge immaculée est le canal! O
bienheureux saints anges, et vous tous, saints et saintes du
ciel, remerciez pour moi Jésus et Marie qui m’ont comblée de
leurs bienfaits pendant ma vie, et attirez-moi au ciel, afin que
j’aille, malgré mon indignité, chanter éternellement avec vous
l’hymne de la reconnaissance, pour toutes les grâces que j’ai
reçues de mon Dieu et surtout pour l’œuvre réparatrice que sa
miséricorde a établie en France.
O bon Jésus, ô
tendre Marie, bénissez et propagez l’archiconfrérie ; je la
dépose en vos aimables Cœurs, soyez à jamais ses puissants
protecteurs !
Sit Nomen Domini benedictum.
Vade retro, Satana.
O très saint et
très aimable Enfant-Jésus, je vous rends grâce de m’avoir aidée
à faire cette petite relation en votre honneur et pour la gloire
de votre divine Mère. Je la dépose à vos pieds en ce jour
mémorable de votre auguste naissance, et vous prie très
humblement de prendre en cette belle fête une nouvelle puissance
sur mon âme. Je veux jusqu’à la fin de ma vie être votre petite
bergère pour garder vos brebis, et votre petite domestique pour
vous servir ainsi que votre sainte Mère. Oui, ô divin Enfant,
céleste Époux de mon âme, je renonce à tout ce que je suis, et
je me donne à tout ce que vous êtes, possédez-moi
souverainement !
Ainsi soit-il.
Sœur Marie de
Saint-Pierre de la Sainte Famille,
carmélite indigne.
Le 25 décembre 1847, jour de Noël.
Gloire à Dieu et
paix aux hommes de bonne volonté! »
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