Je le dis dans la
simplicité de mon âme : Oui, si j’étais théologien, j’en
pourrais faire un traité admirable ; mais comme je ne suis que
le pauvre âne du saint Enfant, je me trouve, par ma condition,
réduite à garder le silence ; cependant je me rappelle que l’âne
de Balaam a bien parlé dans l’ancienne loi ; à son exemple, je
dirai donc sous la loi nouvelle quelques mots pour la gloire de
Jésus et de sa très sainte Mère. »
(...)
O Vierge sainte,
que vous êtes pure et admirable ! L’Esprit-Saint paraît sans
cesse occupé de vous. A votre naissance, je l’entends dire dans
son conseil divin : Notre sœur est petite..., que lui
ferons-nous au jour où il lui faudra parler ?... Il me semble
dans ma simplicité que ce jour, où il faudra lui parler et où
elle devra parler, est celui de l’Ambassade de l’ange Gabriel ;
c’est le moment de ce bienheureux fait, de cette consolante
parole qui doit être l’aurore de notre salut.
Ce moment marqué
par les décrets de Dieu est arrivé. Marie a trouvé grâce devant
le Seigneur et conçu le Verbe divin par l’opération du
Saint-Esprit. Je l’entends, cette auguste Vierge, annoncer au
genre humain son bonheur et la grande nouvelle de
l’Incarnation : Mon bien-aimé est tout à moi, et moi je suis
tout à lui.
O mystère
ineffable ! celui qui repose éternellement dans le sein du Père
éternel repose en même temps dans le sein d’une humble vierge.
Je vous adore, ô très saint Enfant-Jésus, dans cette couche
royale environnée de roses et de lis ; mon âme éprouve une joie
indicible de vous voir si bien logé dans cette Maison d’or que
la suprême sagesse a bâtie.
Mais voilà le genre
humain qui vous attend : depuis quatre mille ans la nature tout
entière soupire après votre bienheureuse naissance; elle la
demande à grands cris au ciel et à la terre par ces paroles :
Qui me rendra assez heureuse pour vous trouver dehors, ô mon
aimable Frère? Sortez donc, ô divin Jésus, de la prison
virginale où l’amour vous tient renfermé ; donnez-moi la
consolation de vous voir et de vous adorer! Réjouissons-nous,
voici l’auguste Marie qui nous donne l’espérance de voir nos
souhaits bientôt accomplis par cette douce promesse: Mon
bien-aimé est pour moi comme un bouquet de myrrhe; il reposera
sur mon sein; vous le verrez bientôt.
Enfin le jour de
joie est arrivé; les anges, dans leur admirable symphonie,
chantent: Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la
terre aux hommes de bonne volonté. L’heure du salut pour l’homme
a sonné : voilà son Sauveur qui sort du sein virginal de Marie.
O terre mille fois heureuse, en ce jour d’éternelle mémoire, tu
deviens un ciel!
O glorieuse Mère de
Dieu, je n’ai plus rien à désirer; mes souhaits sont accomplis ;
voilà que je trouve Jésus, mon divin Rédempteur, entre vos bras
sacrés ; il repose sur votre sein maternel ; il se nourrit de
votre lait virginal. C’est à cette heure que j’entends encore la
voix de l’Époux céleste vous féliciter de votre maternité
bienheureuse, en vous disant : Vous êtes toute belle, ô ma
bien-aimée, et il n’y a pas de tache en vous. Oui, auguste Mère,
vous êtes toute belle aux yeux du divin Époux, parce que vous
seule avez conservé la belle fleur de la virginité en produisant
le fruit de la plus riche fécondité. Vous êtes vierge avant,
vierge pendant, vierge après l’enfantement de votre très cher
Fils. Tandis que les anges chanteront dans le ciel le cantique
éternel de Dieu trois fois saint, nous chanterons sur la terre
le cantique virginal de la Mère trois fois vierge. »
« Vous voyez, ma
Révérende Mère, que l’Esprit-Saint ne cesse dans les Écritures
de préconiser la maternité virginale de Marie. Le Maître des
docteurs veut bien dans sa miséricorde donner quelques lumières
sur ce sujet à sa petite servante, afin qu’elle puisse honorer
avec confiance ce mystère ineffable et si digne de nos hommages:
mystère qui ne peut pas être apprécié de tous les chrétiens et
que Notre-Seigneur découvre à peu de personnes, en leur
accordant des grâces spéciales pour le comprendre et le bénir au
nom de tous ceux dont il reste ignoré.
O très sainte et
très pure Mère de Dieu, découvrez à nos âmes le profond mystère
de votre virginale maternité, et distillez pour tous vos chers
enfants ce lait précieux et sacré de la divine miséricorde! » |