« La lettre que je
vous ai remise hier au sujet de la grâce que j’ai reçue de
Notre-Seigneur par rapport à l’œuvre par excellence consacrée à
la gloire de son Nom, ne suffit pas à mon cœur, qui éprouve un
besoin de s’épancher et de se dilater, car les effets de cette
communication sont si grands en mon âme et l’ont tellement
fortifiée, que tout l’enfer armé contre l’œuvre, et tous les
hommes réunis, si cela était possible, n’ébranleraient pas ma
confiance. Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?
Quand le moment de Dieu sera arrivé, tout cédera à sa souveraine
puissance. Oh! que cette œuvre est excellente! Qu’elle est
sublime! Quels biens immenses sont réservés aux défenseurs du
saint Nom de Dieu! Je voudrais publier par toute la terre les
vérités que mon âme a apprises en ce jour mémorable de la
Pentecôte, dans cette haute lumière qui ne se peut exprimer par
des paroles. Que n’ai-je l’éloquence d’un saint Bernard pour
engager tous les hommes à s’enrôler en cette sainte croisade!
Dans un des siècles passés le Seigneur a levé une armée de
soldats courageux, pour aller combattre les ennemis de la terre
sainte, et son fidèle serviteur, saint Bernard, a prêché cette
guerre avec un succès merveilleux; mais, dans le siècle actuel,
ce même Seigneur demande des soldats courageux, des défenseurs
de la gloire de son Nom, blasphémé et méprisé par ses ennemis.
Hélas! n’en trouvera-t-il point? Il n’est pas nécessaire
cependant en cette nouvelle croisade de quitter ses foyers comme
en la première, ni de s’armer de cuirasse et de bouclier, ni
d’exposer sa vie. En notre milice sacrée, la croix de
Jésus-Christ sera notre arme offensive et défensive pour
attaquer et combattre les ennemis de son Nom, et ce Nom sacré,
plein de vertu et de force, sera lui-même notre divin rempart.
Mais pour réussir en cette pieuse entreprise, adressons-nous
avec une confiance sans bornes à la glorieuse Vierge Marie;
prions-la de vouloir bien se mettre à la tête de cette sainte
milice, elle qui est la générale des armées de Dieu, et
qui est plus terrible aux démons qu’une « armée rangée en
bataille ». C’est cette aimable Mère qui m’a obtenu, malgré mon
indignité, l’insigne faveur que j’ai reçue hier de son très cher
Fils; qu’elle en soit à jamais bénie! Étant ces jours derniers
aux pieds de cette Mère auguste, je me sentis inspirée de
l’invoquer sous le titre de Notre-Dame du saint Nom de Dieu;
alors je lui fis une couronne composée de soixante-douze
invocations, pour honorer les précieuses années de sa très
sainte vie. A la suite de chaque dizaine je lui ai rappelé les
paroles qu’elle a prononcées elle-même en son divin cantique:
Il a fait en moi de grandes choses Celui de qui le Nom
est saint! Après ces paroles, j’ai ajouté: “O très sainte
et très digne Mère de Dieu, puissante avocate des chrétiens, je
remets la cause du saint Nom de Dieu entre vos mais.” Cette
petite dévotion toucha, je crois, le sensible Cœur de ma tendre
Mère, car j’éprouvai en la faisant une grâce toute particulière
en mon âme.
— O Vierge
sainte — dis-je — daignez recevoir ce nouveau titre, car
vous êtes véritablement Notre-Dame du Saint-Nom-de-Dieu, puisque
vous êtes la Fille du Père, la Mère du Fils, et l’Épouse du
Saint-Esprit, et que vous proclamez vous-même qu’il a fait en
vous de grandes choses, celui de qui le Nom est saint! Oui, ô
divine Vierge, vous l’honneur et la gloire du saint Nom de Dieu,
parce que vous êtes le chef-d’œuvre de ses mains, qui ont opéré
en vous des merveilles. Je vous appellerai donc Notre-Dame du
Saint-Nom-de-Dieu.
C’est ainsi, ma
Révérende Mère, que je dis tout ce que je pense à la très sainte
Vierge pour l’intéresser, si je peux m’exprimer ainsi, à l’œuvre
de la Réparation, lui rappelant respectueusement qu’elle est
obligée plus que tout autre de travaille à la gloire du saint
Nom de Dieu, qui l’a favorisée plus que toutes les autres
créatures, et je ne doute point qu’elle ne nous obtienne
l’établissement de cette œuvre que Notre-Seigneur a comparée au
festin délicieux des noces de Cana, et remarquons bien que c’est
la très sainte Vierge qui obtint de son Fils ce vin miraculeux.
En attendant, je vous prie très humblement d’inviter les
personnes qui ont à cœur cette œuvre à vouloir bien saluer avec
moi la sainte Vierge sous le titre de Notre-Dame du
Saint-Nom-de-Dieu. » |