« Le Sauveur me fit
entendre qu’il avait remis toutes choses entre ses mains,
et qu’elle nous obtiendrait le bref du souverain pontife. Cette
œuvre réparatrice est si nécessaire à la France et si glorieuse
à Dieu, qu’il veut que sa très sainte Mère ait l’honneur de la
donner à ce royaume, comme un gage nouveau de sa miséricorde.
Allons donc à la très sainte Vierge, qui est la trésorière des
grâces de Dieu; disons-lui sans cesse que la France lui est
consacrée et qu’elle lui appartient. Redoublons de zèle pour
cette œuvre; que les difficultés ne nous abattent point; pour
moi, Notre-Seigneur me donne une confiance sans bornes.
— Sit Nomen
Domini benedictum!
« Notre-Seigneur
m’a fait entendre qu’il ne voulait que mon cœur et ma volonté,
et que, plus je l’aimerais, plus aussi j’obtiendrais de grâces
de sa libéralité pour l’accomplissement de son dessein. Bientôt
ce divin Sauveur, s’emparant de plus en plus des puissances de
mon âme, l’a favorisée d’une lumière admirable sur la beauté et
l’excellence de cette œuvre réparatrice. Je l’ai vue sous
l’emblème d’une mine d’or, et Notre-Seigneur m’a dit qu’il
fallait travailler pour l’exploiter, et que ce n’était qu’à
force de travail qu’on réussirait. Le divin Maître m’a dit
encore:
— Oh! si l’on
savait les biens immenses que je réserve à ceux qui travaillent
à ma mine, je ne manquerais pas d’ouvriers. Faites connaître
cette communication.
Ensuite ce bon
Sauveur m’a montré, pour ma consolation, que le travail fait à
cette mine depuis quatre ans n’avait pas été infructueux. J’ai
vu, en effet, que les nombreuses prières de Réparation déjà
répandues, ainsi que le petit Manuel et les autres objets
concernant l’œuvre, étaient comme de l’or exploité de cette mine
précieuse, et Notre-Seigneur m’a adressé ces mots consolants, à
propos des prières réparatrices:
— Cette
nouvelle harmonie a charmé mes oreilles, ravi les anges et
apaisé mon courroux; mais je ne reviens pas sur ce que j’ai dit
primitivement, je veux l’œuvre achevée.
Cette déclaration
si encourageante a rempli mon cœur de joie; les larmes cependant
inondaient mon visage, mais c’était avec une extrême douceur;
alors j’ai repris: “Mon Sauveur, si je vais dire à présent
que vous n’êtes plus fâché, j’ai grand’peur que cela ne nuise au
projet, en refroidissant le zèle de ceux qui n’y sont pas trop
portés par eux-mêmes.” Notre-Seigneur m’a répondu:
— Ah! ma
fille, que dites-vous là? Il faudrait avoir bien peu d’amour
envers moi pour ne pas s’enflammer, au contraire, d’une nouvelle
ardeur à perfectionner une chose qui m’est si agréable, qu’elle
calme mon courroux.
Ensuite il m’a
donné une grande lumière touchant la sublimité de cette
association, et la préférence qu’il lui attribuait sur les
autres déjà établies dans l’Église, à cause que sa fin est de
réparer les outrages faits à la Divinité pas les blasphèmes et
la violation du dimanche, comparant les premières au vin commun
des noces de l’Époux, et cette dernière au vin miraculeux qui
fut servi à la fin du souper aux noces de Cana. Je lui ai dit
que nous avions de grands obstacles qui s’opposaient à son
dessein. Il m’a consolée, en m’assurant que toutes ces
oppositions ne feraient que lui donner une lumière plus
éclatante, et que je devais dire à ma Mère prieure de continuer
d’y travailler quand elle trouverait des occasions favorables;
il m’a fait entendre qu’il fallait prier, désirer et souffrir.
Voilà à peu près,
ma très Révérende Mère, ce qui s’est passé dans mon âme. En
finissant, ce divin Sauveur m’a dit:
— C’est à ma
sainte Mère que vous êtes redevable de la communication que vous
venez de recevoir; c’est elle qui vous l’a obtenue; continuez de
l’honorer.
Vivent Jésus et
Marie! »
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