CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

Sœur Marie de Saint-Pierre
(Perrine Éluère)
1816-1848

JOURNAL SPIRITUEL

42
Marie, trésorière des grâces
“Je veux l'œuvre achevée”

« Le Sauveur me fit entendre qu’il avait remis toutes choses entre ses mains,[1] et qu’elle nous obtiendrait le bref du souverain pontife. Cette œuvre réparatrice est si nécessaire à la France et si glorieuse à Dieu, qu’il veut que sa très sainte Mère ait l’honneur de la donner à ce royaume, comme un gage nouveau de sa miséricorde. Allons donc à la très sainte Vierge, qui est la trésorière des grâces de Dieu; disons-lui sans cesse que la France lui est consacrée et qu’elle lui appartient. Redoublons de zèle pour cette œuvre; que les difficultés ne nous abattent point; pour moi, Notre-Seigneur me donne une confiance sans bornes.

Sit Nomen Domini benedictum!

“Je veux l’œuvre achevée...”

« Notre-Seigneur m’a fait entendre qu’il ne voulait que mon cœur et ma volonté, et que, plus je l’aimerais, plus aussi j’obtiendrais de grâces de sa libéralité pour l’accomplissement de son dessein. Bientôt ce divin Sauveur, s’emparant de plus en plus des puissances de mon âme, l’a favorisée d’une lumière admirable sur la beauté et l’excellence de cette œuvre réparatrice. Je l’ai vue sous l’emblème d’une mine d’or, et Notre-Seigneur m’a dit qu’il fallait travailler pour l’exploiter, et que ce n’était qu’à force de travail qu’on réussirait. Le divin Maître m’a dit encore:

Oh! si l’on savait les biens immenses que je réserve à ceux qui travaillent à ma mine, je ne manquerais pas d’ouvriers. Faites connaître cette communication.

Ensuite ce bon Sauveur m’a montré, pour ma consolation, que le travail fait à cette mine depuis quatre ans n’avait pas été infructueux. J’ai vu, en effet, que les nombreuses prières de Réparation déjà répandues, ainsi que le petit Manuel et les autres objets concernant l’œuvre, étaient comme de l’or exploité de cette mine précieuse, et Notre-Seigneur m’a adressé ces mots consolants, à propos des prières réparatrices:

— Cette nouvelle harmonie a charmé mes oreilles, ravi les anges et apaisé mon courroux; mais je ne reviens pas sur ce que j’ai dit primitivement, je veux l’œuvre achevée.

Cette déclaration si encourageante a rempli mon cœur de joie; les larmes cependant inondaient mon visage, mais c’était avec une extrême douceur; alors j’ai repris: “Mon Sauveur, si je vais dire à présent que vous n’êtes plus fâché, j’ai grand’peur que cela ne nuise au projet, en refroidissant le zèle de ceux qui n’y sont pas trop portés par eux-mêmes.” Notre-Seigneur m’a répondu:

Ah! ma fille, que dites-vous là? Il faudrait avoir bien peu d’amour envers moi pour ne pas s’enflammer, au contraire, d’une nouvelle ardeur à perfectionner une chose qui m’est si agréable, qu’elle calme mon courroux.

Ensuite il m’a donné une grande lumière touchant la sublimité de cette association, et la préférence qu’il lui attribuait sur les autres déjà établies dans l’Église, à cause que sa fin est de réparer les outrages faits à la Divinité pas les blasphèmes et la violation du dimanche, comparant les premières au vin commun des noces de l’Époux, et cette dernière au vin miraculeux qui fut servi à la fin du souper aux noces de Cana. Je lui ai dit que nous avions de grands obstacles qui s’opposaient à son dessein. Il m’a consolée, en m’assurant que toutes ces oppositions ne feraient que lui donner une lumière plus éclatante, et que je devais dire à ma Mère prieure de continuer d’y travailler  quand elle trouverait des occasions favorables; il m’a fait entendre qu’il fallait prier, désirer et souffrir.

Voilà à peu près, ma très Révérende Mère, ce qui s’est passé dans mon âme. En finissant, ce divin Sauveur m’a dit:

— C’est à ma sainte Mère que vous êtes redevable de la communication que vous venez de recevoir; c’est elle qui vous l’a obtenue; continuez de l’honorer.

Vivent Jésus et Marie! »[2]


[1] Entre les mains de Marie.
[2] Lettre du 23 mai 1847.

   

 

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