« Oh ! si vous
saviez tout ce que mon cœur éprouve en ce moment !... Je ne peux
retenir les sentiments qui le pressent; je pleure, mais ce sont
des larmes de reconnaissance et d’amour, à cause des paroles de
miséricorde et de paix que ce tout aimable Sauveur vient de me
faire entendre. Oh! doux Jésus, si l’on vous connaissait ! Vous
ne pouvez voir la justice divine nous frapper sans être touché,
plus vivement que nous-mêmes, de ces châtiments que nous avons
mérités par nos péchés.
Après la sainte
Communion, Notre-Seigneur m’a fait voir que la coupe de la
justice divine n’était pas encore entièrement versée sur nous.
J’ai vu d’autres châtiments préparés pour satisfaire cette
divine justice. A cet aspect, j’ai dit à Notre-Seigneur :
— O doux Jésus,
si je pouvais boire le reste de cette coupe, afin que mes frères
soient épargnés.
Notre-Seigneur m’a
fait entendre qu’Il agréait ma bonne volonté, mais que je
n’étais pas capable de vider cette coupe, qu’il n’y avait que
Lui qui pouvait la boire. Ce divin Sauveur, voyant ma peine, m’a
fait signe d’entrer dans son divin Cœur, qu’Il m’a donné dans
son excessive miséricorde comme un vase digne d’être présenté au
Père éternel pour recevoir le vin de sa colère, me faisant
entendre que, passant par ce divin canal, il se changerait pour
nous en vin de miséricorde. Mais Il ne veut pas léser
entièrement les droits de la justice, si je peux m’exprimer
ainsi. Il veut faire une concession entre sa justice et sa
miséricorde, et pour cette fin, Il demande l’établissement de
l’Œuvre de la Réparation à la gloire de son saint Nom. Oui,
Notre-Seigneur désarmera la colère de Dieu son Père, s’il lui
offre pour nous, une œuvre réparatrice. N’est-ce pas la moindre
chose, ô doux Jésus, que nous réparions par nos prières, par nos
gémissements et par nos adorations les énormes péchés dont nous
sommes coupables envers la majesté de Dieu? Voilà, ma Mère, la
prière que Notre-Seigneur m’a mise dans la bouche et que je
répète sans cesse :
« Père éternel,
regardez le divin Cœur de Jésus que je vous offre pour recevoir
le vin de votre justice, afin qu’il se change pour nous en vin
de miséricorde. »
Notre-Seigneur me
faisait entendre que chaque fois que je ferais cette offrande,
j’obtiendrais une goutte de ce vin de la colère de Dieu qui,
tombant, comme je l’ai dit plus haut, dans le vase divin du
Sacré-Cœur de Jésus, se changerait en liqueur de miséricorde.
Veuillez, ma bonne Mère, engager mes sœurs à faire souvent cette
offrande car hélas ! que suis-je, moi, vil néant, pour être une
digue capable d’arrêter la colère de Dieu ?
Ma Révérende Mère,
je ne saurais vous dire l’impression que m’a fait cette
communication. Je me suis de nouveau chargée de solliciter
auprès de Monseigneur l’Archevêque l’Œuvre de la Réparation. Ma
conscience sera tranquille lorsque j’aurai déposé aux pieds de
Sa Grandeur l’œuvre pour laquelle je crois avoir reçu une
mission spéciale de Notre-Seigneur. J’ai l’âme extrêmement
affligée, mais je suis pleine de confiance en Dieu. Il tirera le
bien du mal, si ses desseins sont accomplis; et j’ai l’intime
conviction que cette œuvre sera pour nous un rempart contre les
traits de la Justice divine. O consolante pensée : le Sacré-Cœur
de Jésus boira cet amer calice, et sa douce et Sainte-Face
apaisera la colère de Dieu. » |