LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

Sœur Marie de Saint-Pierre
(Perrine Éluère)
1816-1848

JOURNAL SPIRITUEL

31
Paroles de miséricorde

« Oh ! si vous saviez tout ce que mon cœur éprouve en ce moment !... Je ne peux retenir les sentiments qui le pressent; je pleure, mais ce sont des larmes de reconnaissance et d’amour, à cause des paroles de miséricorde et de paix que ce tout aimable Sauveur vient de me faire entendre. Oh! doux Jésus, si l’on vous connaissait ! Vous ne pouvez voir la justice divine nous frapper sans être touché, plus vivement que nous-mêmes, de ces châtiments que nous avons mérités par nos péchés.

Après la sainte Communion, Notre-Seigneur m’a fait voir que la coupe de la justice divine n’était pas encore entièrement versée sur nous. J’ai vu d’autres châtiments préparés pour satisfaire cette divine justice. A cet aspect, j’ai dit à Notre-Seigneur :

O doux Jésus, si je pouvais boire le reste de cette coupe, afin que mes frères soient épargnés.

Notre-Seigneur m’a fait entendre qu’Il agréait ma bonne volonté, mais que je n’étais pas capable de vider cette coupe, qu’il n’y avait que Lui qui pouvait la boire. Ce divin Sauveur, voyant ma peine, m’a fait signe d’entrer dans son divin Cœur, qu’Il m’a donné dans son excessive miséricorde comme un vase digne d’être présenté au Père éternel pour recevoir le vin de sa colère, me faisant entendre que, passant par ce divin canal, il se changerait pour nous en vin de miséricorde. Mais Il ne veut pas léser entièrement les droits de la justice, si je peux m’exprimer ainsi. Il veut faire une concession entre sa justice et sa miséricorde, et pour cette fin, Il demande l’établissement de l’Œuvre de la Réparation à la gloire de son saint Nom. Oui, Notre-Seigneur désarmera la colère de Dieu son Père, s’il lui offre pour nous, une œuvre réparatrice. N’est-ce pas la moindre chose, ô doux Jésus, que nous réparions par nos prières, par nos gémissements et par nos adorations les énormes péchés dont nous sommes coupables envers la majesté de Dieu? Voilà, ma Mère, la prière que Notre-Seigneur m’a mise dans la bouche et que je répète sans cesse :

« Père éternel, regardez le divin Cœur de Jésus que je vous offre pour recevoir le vin de votre justice, afin qu’il se change pour nous en vin de miséricorde. »

Notre-Seigneur me faisait entendre que chaque fois que je ferais cette offrande, j’obtiendrais une goutte de ce vin de la colère de Dieu qui, tombant, comme je l’ai dit plus haut, dans le vase divin du Sacré-Cœur de Jésus, se changerait en liqueur de miséricorde. Veuillez, ma bonne Mère, engager mes sœurs à faire souvent cette offrande car hélas ! que suis-je, moi, vil néant, pour être une digue capable d’arrêter la colère de Dieu ?

Ma Révérende Mère, je ne saurais vous dire l’impression que m’a fait cette communication. Je me suis de nouveau chargée de solliciter auprès de Monseigneur l’Archevêque l’Œuvre de la Réparation. Ma conscience sera tranquille lorsque j’aurai déposé aux pieds de Sa Grandeur l’œuvre pour laquelle je crois avoir reçu une mission spéciale de Notre-Seigneur. J’ai l’âme extrêmement affligée, mais je suis pleine de confiance en Dieu. Il tirera le bien du mal, si ses desseins sont accomplis; et j’ai l’intime conviction que cette œuvre sera pour nous un rempart contre les traits de la Justice divine. O consolante pensée : le Sacré-Cœur de Jésus boira cet amer calice, et sa douce et Sainte-Face apaisera la colère de Dieu. »

   

 

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