CHAPITRE
VI
Premier
Prieurat
1608-1615
Parmi
le
grand
nombre
de
novices
qui,
à
cette
époque,
passèrent
au
Carmel
du
faubourg
Saint-Jacques
sans
aboutir
à
la
profession,
il
y en
eut
une
que
sa
maîtresse
ne
put
certainement
voir
partir
sans
une
double
peine
:
ce fut
Louise
du
Bois.
Sa
santé
par
trop
débile
la
força
à
quitter
le
cloîtré.
Inconsolable,
la
jeune
fille
obtint
d'habiter
au
moins
une
petite
chambre
chez
les
tourières,
ce
que
toutefois
M.
de
Fontaines
vit
d'assez
mauvais
œil.
Pour
tout
concilier
;
Mme
Acarie
promit
au
père
de
s'employer
à
lui
ramener
sa
fille,
s'il
consentait
à
fonder
un
monastère
de
Carmélites
où
cette
dernière
aurait
le
droit
d'entrer
en
qualité
de
fondatrice,
et
où
elle
se
dédommagerait
ainsi
quelque
peu
de
ne
pouvoir
être
religieuse.
Telle
fut
l'origine
de
la
fondation
d'un
Carmel
à
Tours.
M.
de
Fontaines,
en
acceptant,
mit
pour
condition
que
la
bienheureuse
Anne
de
Saint-Barthélemy
ferait
elle-même
cet
établissement.
Cette
Mère
était
d'ailleurs,
avec
Isabelle
des
Anges
—
encore
occupée
à
affermir
le
couvent
d'Amiens
—,
la
seule
Carmélite
espagnole
demeurée
en
France...
Il
fallut
donc
penser
à
donner
au
monastère
de
Paris
une
prieure
française.
La
Providence,
qui
avait
préparé
de
loin
son
élue,
voulut
la
disposer
par
quelque
pressentiment
à
ce
qui
l'attendait.
«
Je
vous
prie
de
me
recommander
à
Dieu,
dit-elle
un
jour
à
une
Sœur — peut-être
Catherine
elle-même
qui
rapporte
le
trait
—.
J'ai
si
peur
que
l'on
me
charge
de
cette
maison
!
Il
m'a
semblé
voir
la
« même
chose
que
le
bienheureux
François
Xavier,
qui
sentait
que
l'on lui
mettait
un
Indien
sur
les
épaules ! »
Le
20
avril
1608,
ce
pressentiment
devenait
une
réalité,
et
la
Mère
Madeleine
était
élue
par
les
voix
unanimes
des
capitulantes.
Touchante
coïncidence,
que
ses
Filles
remarquèrent
:
c'était
le
dimanche
du
Bon
Pasteur.
La
nouvelle
prieure
allait
avoir
trente
ans.
Son
élection,
qui
d'ailleurs
ne
surprit
personne,
combla
de
joie
les
religieuses
et
fut
applaudie
par
les
Mères
espagnoles,
les
supérieurs
et
tous
les
amis
du
couvent.
Quant
à
l'intéressée,
«
je ne
crois
pas,
dit
le
P.
Gibieuf,
que
personne
ait
jamais
plus
ressenti
la
pesanteur
de
la
charge,
car,
étant
éclairée
de tant
de
lumières,
elle
voyait l'importance
d'être
comptable,
au
tribunal
de
Dieu,
du
gouvernement
de
tant
d'âmes,
et
âmes
appelées
à
une
si
haute
manière
de
grâce
et
de
perfection — et
elle
a
dit
plusieurs
fois
que
si,
entrant
dans
la
religion,
elle
eût
cru
qu'on
eût
dû
penser
à
elle
pour
la
faire
prieure,
elle
ne
savait
si
elle
eût
eu
le
courage
de
passer
outre
et
cela
par
une
juste
défiance
de
sa
propre
faiblesse,
et
non
par
aucune
appréhension
du
travail.
Mais
lorsqu'elle
s'y
vit
engagée
par
une
conduite
qu'elle
ne
pouvait
douter
être de
Dieu
»,
elle
embrassa
sa
croix
et
se
mit
à
l'œuvre
de
façon
à
faire
connaître
«
incontinent
que
le
Saint-Esprit
avait
présidé
à
son
élection.
»
Écoutons
plutôt
la
Mère
Marie
de
Jésus,
que
son
office
de
sous-prieure
et
la
charge
de
maîtresse
des
novices,
qui
lui
fut
confiée
alors,
rapprochaient
maintenant
davantage
encore
de
la
Servante
de
Dieu.
« Tout
le
monde
[ayant]
une
extraordinaire
estime
de
son
esprit,
de
sa
vertu
et
de
la
grâce
qui
raccompagnait,
l'on
se
promettait
dès
lors
une
grande
utilité
et
beaucoup
de
bénédictions
dé
son
sage
gouvernement.
Je
ne
saurais
rien
dire
qui
approche
de
là
consolation
qui
s'épancha
dans
les
cœurs
pour
une
si
heureuse
élection.
Mais
le
succès
surpassa
de
beaucoup
ces
grandes
attentes,
et
tout
ce
que
l'opinion
que
nous
avions
conçue
de
son
esprit
nous
en
avait
fait
espérer.
Pour
moi,
je
confesse
et
assure
que
je
voyais
Une
si
grande
plénitude
de
Dieu
en
elle,
que
je
ne
la
pouvais
regarder
sans
grande
vénération
et
respect;
et
je
me
voyais,
en
comparaison
d'elle,
si
petite
devant
Dieu,
que
je
n'osais
approcher
d'elle.
Et
ce
que
je
sentais
pour
elle
était
de
même
de
toute
la
communauté.
Il
est
vrai
que
quand
elle
entra
en
la
charge
de
maîtresse
des
novices,
l'on
vit
manifestement
un
renouvellement
dé
grâce
dans
[ces
jeunes
Sœurs].
Mais
il
parut
bien
plus
grand dans
tout
le
monastère
lorsqu'elle
fut
faite
prieure.
Et
je
puis
dire
avec
vérité
qu'il
semblait
un
paradis,
tant
l'on
voyait
de
ferveur
dans
les
âmes,
et
de
désir
de
la
perfection.
C'était
à
qui
serait
là
plus
humble,
la
plus
pénitente,
la
plus
mortifiée,
la
plus
dégagée,
là
plus
recueillie,
la
plus
solitaire,
la
plus
charitable,
bref,
à
qui
serait
la
plus
conforme
à
l'esprit
de
Notre-Seigneur
Jésus-Christ.
Et
tout
cela
dans
une
paix,
dans
une
innocence,
dans
une
exaction
et
dans
une
élévation
à
Dieu
qui
ne
se
peut
exprimer.
Et
cette
Servante
de
Dieu
était
parmi
nous
comme
un
flambeau
qui
nous
éclairait,...
comme
une
règle
vivante
sur
l'exemple
de
laquelle
nous
pouvions
apprendre
à
devenir
saintes.
»
«
Il
semblait
qu'on
voyait
lever
un
nouveau
soleil — y
déclare
à
son
tour
la
Mère
Catherine,
traduisant
avec
ingénuité
le
sentiment
général — la
ferveur
s'augmentait
[ainsi
que]
l'exaction
dans
toutes
les
choses
de
la
religion...
L'on
en
voyait
quelques-unes
qui,
pour
être...
nouvelles,
n'avaient
pas
encore
acquis
la
mortification
ni
la
vertu,
être
en
moins
de
rien
changées,
en
sorte
que
cela
était
remarquable.
»
Tel
était
également
le
jugement
de.
Mme
Acarie.
Ayant
vers
cette
époque
passé
quelques
jours
en
communauté,
par
une
permission
spéciale
du
Saint-Siège,
cette
sainte
femme
fut
dans
le
ravissement
—
c'est
son
expression — de
tout
ce
que
«
son
esprit
extrêmement
lumineux
et
discernant »
lui
fit
découvrir
de
perfection
dans
la
Mère
et
dans
les
Filles.
En
quittant le
couvent,
elle
s'écriait,
«
joignant
les
mains
et
élevant
les
yeux
au
ciel
:
“Vraiment
je
sors
d'avec
des
anges
!
Cette
maison
est
un
paradis” »
Par
quelles
vertus
en
particulier
la
nouvelle
prieure
édifiait-elle
ainsi
son
entourage ?
Quelle
tactique
sainte
lui
permit
de
donner
un
tel
élan
à
ses
Sœurs,
et
de
les
maintenir
ensuite
constamment
en
haleine ?
Tout d'abord,
même
sans
parler
de
sa
vie
intérieure
proprement
dite,
elle
priait
beaucoup,
tant
pour
ses
besoins
personnels
que
pour
ceux
des
âmes
confiées
à
ses
soins.
«
Et
c'est
chose
admirable
comme
elle
pouvait
tant
prier
et
tant
travailler.
»
Elle
se
mortifiait
aussi
et
de
bonne
façon.
On
a
peine
à
comprendre
qu'elle
l'ait
pu
faire
à
ce
point
avec
si
peu
de
forces
et
tant
d'occupations.
Haire,
ceinture
de
fer,
disciplines
rigoureuses
et
autres
macérations
lui
étaient
familières.
La
nuit
du
jeudi
au
vendredi,
elle
faisait
ordinairement
quelques
pénitences
spéciales,
et
quand
l'excès
de
fatigue
l'empêchait
de
passer
la
nuit
entière
en
prières,
elle
se
couchait
toute
vêtue,
mortification
qu'elle
a
longtemps
pratiquée
pendant
les
avents
et
les
carêmes.
«
Elle
ne
voulait
[alors]
pas
même
accommoder
sa
paillasse,
et
disait,
pour
cacher
sa
pénitence...,
que
le
grand
besoin
qu'elle
avait
de
se
reposer
l'empêchait
de
s'amuser
à
tout cela
»
Ses
longues
séances
à
genoux
lui
valurent
de
grosses
tumeurs
qu'elle
souffrit
sans
en
rien
dire.
Enfin,
un
jour,
se
trouvant
au
parloir
avec
ses
supérieurs,
agenouillée
selon
la
coutume,
elle
ne
put
éviter
de
laisser
paraître
quelque
malaise;
ces Messieurs,
en
apprenant la
cause,
pourvurent
aussitôt
à
ce
qu'il
y
fût
remédié.
Mais
la
guérison
demanda
d'autant
plus
de
temps
que
le
mal
était
invétéré.
Ces
austérités
suférogatoires;
oui
Je
pense
bien,
étaient
sans
préjudice
de
celles
imposées
par
la
règle,
dont
la
Vénérable
ne
se
dispensait
qu'en
maladie.
M.
de
Bérulle
dut même
intervenir
pour
l'obliger
à
modérer
ses
jeûnes,
l'ayant
vue
un
jour
à
la
grillé
si
faible
«
qu'elle
ne
put
prononcer
aucune
parole
».
Fidèle
aux
principes
des
Mères
espagnoles,
elle
«
s'assujettissait
exactement
à
toutes
les
communautés
(sic),
quelque
incommodité
qu'elle
y
ressentît
»,
atteste
la
Mère
Marie
de
la Croix,
et
bien
qu'elle
fût
«
fort
occupée
en
l'exercice
de
sa
charge,
tant
que
sa
santé
lui
a
pu
permettre,
elle
trouvait
dû
temps
pouf
le
travail,
lavant
les
écuelles,
balayant
le
réfectoire...
Elle
portait
aussi
du
bois
et
de
l'eau
à
la
cuisine,
labourait
au
jardin,
aidait
aux
officières
en
leurs
offices
en
ce
qu'il
y
avait
de
pénible.
Et
l'avons
plusieurs
fois
vue
avoir
tant
travaillé
à
porter
des
herbes
du
jardin...
durant
les
récréations,
qu'elle
en
sortait toute
gouttante
de
sueur,
de
telle
façon
que
la
Mère
sous-prieure
la
contraignait
de
s'aller
changer.
Elle
prenait
ainsi
part
à
tout
ce
qui
était
dé
travail
pour
la
communauté »,
et
l'on
remarquait
que
«
les
exercices...
les
plus
humbles...
lui
étaient
les
plus
agréables.
Elle
disait
quelquefois
sur
ce
sujet
qu'étant
la
première
en
charge,
elle
devait
être
la
première
à
l'observance
et
en
humilité.
»
Il
faut
ajouter
: la
première
aussi
en
charité, car,
si
elle
courait
avec
tant
d'empressement
aux
travaux
domestiques,
c'est
en
grande
partie
parce
«
qu'elle
en
voulait
soulager
toutes
ses
Filles
».
Sa
charité
était
« si
grande
et
si
compassible
!
»
«
Un
jour
qu'on
serrait
des
bûches,
raconte
encore
Marie
de
la
Croix,
ma
Sœur
Marie
de
Saint-Jérôme
s'en
laissa
tomber
une
sur
son
pied,
ce
qui
lui
fit
grand
mal;
aussitôt
notre
charitable
Mère
y
accourut,
et
je
l'en
vis
pleurer
de
compassion.
D'autres
fois
aussi,
compatissant
à
la
peine
et
travail
intérieur
de
quelques
autres,
ses
larmes
ne
se
pouvaient
retenir.
»
Elle
portait
en
effet
les
afflictions
de
ses
Filles
«
avec
plus
de
sentiment
que
les
siennes
propres
».
En
même
temps,
«
elle
avait
si
grand
soin
que
rien
ne
manquât
à
[leur]
nécessité,
qu'on
l'affectionnait
non
pas
comme
une
prieure,
mais
comme
une
mère
amoureuse
de
ses
enfants
».
Sa
sollicitude
eut
parfois
un
succès
qui
tenait
du
prodige.
Catherine
du
Saint-Esprit
se
trouvait
à
cette
époque
«
dans
une
si
grande
faiblesse
et
si
extrême
indigence
de
nourriture,
qu'elle
était
obligée
d'en
prendre
d'heure
en
heure,
sans
que
néanmoins
elle
s'en
sentît
fortifiée.
Se
voyant
en
cet
état,
et
ayant
une
grande
peine
de
ne
pouvoir
garder
la
règle,
elle
s'en
alla
trouver
la
Mère
pour
lui
raconter
sa
douleur.
Et
cette
sainte...,
prenant
part
à
sa
peine,
s'éleva
à
Notre-Seigneur,
et
ayant
été
un
peu
de
temps
à
prier
pour
elle,
elle
lui
dit
par
après
quelques
paroles
pour
la
consoler,
et
lui
donna
sa
bénédiction,
qui
fut
si
efficace,
qu'au
même
moment
la
religieuse
se
trouva
dans
toute
là
force
dont
elle
avait
besoin
pour
faire
la
règle.
Ce
qu'elle
tint
pour
un
miracle
évident.
»
Un
second
fait
est
à
rapprocher
du
précédent,
bien
qu'il
soit
Un
peu
postérieur
au
premier
priorat
de
la
Vénérable.
«
Étant
un
jour
extraordinairement
travaillée
d'une
grande
migraine
à
laquelle
j'ai
toujours
été
fort
sujette,
raconte
l'intéressée
—
Marie
de
Jésus —,
je
fus
contrainte
de
me
jeter
sur
le
lit,
ce
que
je
portais
avec
d'autant
plus
dé
peine,
que...
ce
jour-là
était
l'un
de
ceux
auxquels
ma
charge
[de
prieure]
m'obligeait
de
faire
l'office...
La
Mère
Madeleine
de
Saint-Joseph...
me
vint
visiter,
et
comme...
elle
reconnut
à
ma
façon
que
le
mal
était
fort
pressant,
elle
mit
sa
main
sur
ma
tête
et
me
dit,
d'un
accent
qui
témoignait
bien
la
compassion
de
son
cœur
:
«
Si
j'étais
une
grande
sainte,
«
je
vous
guérirais.
»
Dieu
autorisa
sa
parole
et
donna
une
si
grande
efficace
à
sa
main
qu'en
même
temps
qu'elle
la
mit
sur
ma
tête,
je
me
trouvai
non
seulement
guérie
et
en
parfaite
santé,
mais
l'effet
miraculeux
de
l'attouchement
de
la
main
de
cette
Bienheureuse
passa
jusques
à
l'intérieur,
car
je
sentis
mon
esprit
en
une
disposition
d'extraordinaire
liberté,
beaucoup
plus
élevé
et
bien
plus
fortement
appliqué
à
Dieu
qu'il
n'avait
été
jusques
alors.»
Cependant,
la
charité
de
la
Vénérable
s'exerçait
surtout
envers
les
âmes,
prenant
toutes
les
formes
requises
par
sa
délicate
mission
:
support,
dévouement,
fermeté,
tendresse,
vigilance;
et
toujours
avec ce
cachet
de
douceur
et
de
sagesse
que
le
lecteur
a
appris
à
connaître.
Il
faut
ici
encore
laisser parler
les
contemporaines.
«
Sur
la
sagesse
de
sa
conduite
et
sur
les
dons
que
Dieu
lui
avait
faits
pouf
cela,
il
y
aurait
dés
choses
infinies
à
dire,
assuré
le
plus
fidèle
témoin
de
sa
vie,
la
Mère
Marie
de
Jésus...
L'esprit
de
Dieu
nous
conduisait
par
elle.
Je
n'ai
jamais
eu
recours
à
elle
que
je
n'en
sois
revenue
satisfaite
et
que
je
n'aie
senti
les
effets
de
Dieu
en
moi
par
l'organe
de
cette
sienne
Servante.
Ce
qu'elle
opérait
dans
les
âmes
était
par
un
pur
esprit
de
charité...
Aussi
opérait-elle...
des
effets
merveilleux,
comme
j'ai
expérimenté
en ma
personne.
»
Les
exhortations
générales
ou
particulières
étaient
l'un
des
principaux
facteurs
de
ces
«
effets
merveilleux
»,
et
la
Mère
Madeleine
les
prodiguait
sans
ménager
ses
forces.
«
A
ce
commencement,
note
sa
sœur,
comme
plusieurs
étaient
un
peu
neuves
dans
la
voie
de
la
perfection,
elle
les
assemblait
quelquefois
pour
leur
parler
de
la
vertu,
ce
qu'elle
faisait
en
paroles
simples,
familières,
et
telles
qu'elle
la
rendait
toute
facile
[ce]
qui
est
une
grâce,
que
Dieu
lui
avait
donnée
très
rare.
L'on
lui
a
quelquefois
ouï
dire
:
«
Je
voudrais
vous
pouvoir
rendre
notre
«
règle
toute
la
plus
facile
qu'il
se
peut
»
Elle
ne
laissait
pour
cela
d'être
des
plus
exactes
à
la
garder
et
faire
garder.
Ce
qu'elle
a
continué
jusques
à
la
fin
de
sa vie,
comme
aussi
cette
grâce
de
rendre
toutes
choses
faciles,
qui
est
allée
croissant
avec
ses
années.
Car
sans
qu'elle
fît
aucune
répréhension,
mais
par
une
application
qu'elle
avait
à
Dieu,
et
une
manière
d'écouter
ce
que
l'on
lui
disait
sur
lès
imperfections
que
1;on
sentait
ou
que
l'on
avait
faites,
sans
qu'elle
dît
quasi
rien,
demeurant
dans
sa
douceur
ordinaire;
elle
mettait
les
âmes
dans
la
vertu,
et
on
sortait
d'auprès
d'elle
fortifiée
et
liée
à
Jésus-Christ.
« L'on
amena
pour
quelque
bonne
raison
une
jeune
religieuse
d'un
des
autres
couvents,
laquelle,
encore
qu'elle
fût
fort
bonne
fille,
avait
le naturel un
peu
fort.
L'on
voulait
que
cette
Bienheureuse
usât
de
quelque
sévérité
vers
elle,
« croyant
que
cela
lui
serait
utile.»
Jamais
la
Servante
de
Dieu
ne
put
s'y
résoudre,
et
elle
dit
familièrement
à
une
religieuse
:
«
L'on
m'a
dit
que
je
fisse
telle
chose
a
cette
bonne
Sœur ;
mais
j'ai
répondu
que
l'on
me
le
fît
à
moi-même
si
on
le
trouvait
bon,
mais
que
je
ne
le
pouvais
faire
à personne.
»
Elle
n'usa
vers
elle
que
de
sa
manière
ordinaire
de
douceur,
et,
dans
une
année
qu'elle
l'eût
en
sa
charge,
[cette
âme]
devint
tout
autre
et
fût
tellement
changée
que
la
grâce
y
paraissait
particulière.
»
«
Sa
manière
ordinaire
de
douceur
»,
le
mot
est à
souligner.
Déjà,
en
parlant
de l'heureuse
transformation opérée
par
la
Vénérable,
presque
dès
son
élection,
chez
quelques-unes
de
ses
Filles
qui
jusque-là
traînaient
peut-être
un
peu
de
l'aile,
la
Mère
Catherine
avait
constaté
que
sa
sœur
«
ne
tenait
autre
manière
pour
faire
ce
changement
que
sa
grande
douceur
ordinaire
».
Avec
cela,
«
elle
était
si
humble...
qu'elle
craignait
de
prendre
trop
d'autorité,
tellement
qu'elle
demanda
un
jour
à
une
religieuse
familièrement
ce
qu'elle
en
connaissait...
«
Je
vous
prié,
dites-moi
si
je
ne
prends
point
trop
d'autorité ?
»
Cette
religieuse,
qui
n'avait
pas
pensé
de
prendre
garde
à
cela,
ne
lui
pouvait
rien
répondre.
Mais,
[comme
sa
prieure]
la
pressa,
elle
fut
contrainte
de
s'y
appliquer,
ainsi
elle
l'assura
que
non.
»
Aussi
bien
aurait-on
pu
parler
en
premier
lieu
de
l'humilité
de
la
nouvelle
supérieure,
puisque
son
Maître
intérieur
ne
lui
recommandait
peut-être
alors
rien
davantage.
Elle
confia
plus
tard
à
une
de
ses
Filles,
prieure
elle-même,
que
quand
elle
fut
mise
en
charge
pour
la
première
fois,
«
Notre-Seigneur
lui
avait
montré
que,
pour
bien
s'en
acquitter,
il
fallait
être
fort
humble,
que,
la
seconde
fois...,
il
le
lui
avait
encore
fait
voir
davantage,
et
qu'elle
croyait
que
si
elle
avait
à,
y
rentrer,
il
le
lui montrerait
encore
plus
».
Cependant,
pour
humble
et
douce
qu'elle
fût,
rien
n'était
capable
de
la
faire
transiger
avec
la
régularité.
Elle
« avait
une
fort
grande
application
à
faire
garder
les
règles,
les
constitutions
et
toutes
les
observances
et
coutumes
de
l'Ordre,
dit
encore
Marie
de
Jésus,
et
d'imprimer
l'exaction
pour
toutes
ces
choses
dans
les
esprits
des
religieuses,
leur
représentant
que
c'étaient
toutes
ordonnancés
que
Dieu
nous
avait
données
par
nos
saints
fondateurs,
que
nous
ne
devions
rien
estimer
de
petit
de
ce
qui
venait
de
cette
part, et
confirmait
par
son
exemple
ce
qu'elle
nous
enseignait de
bouche.
»
Un
jour;
le
P.
Coton,
«
qui
[l']aimait
et
estimait
fort,...
envoya
un
de
ses
neveux,
qui
était
Jésuite
et
frère
[des
Sœurs
Claire
de
Jésus
et
Thérèse
du
Saint-Sacrement],
pour
leur
dire
adieu
à
cause
qu'il
s'en
allait
à
Rome...
Jamais
notre
bienheureuse
Mère
ne
voulut
permettre
qu'il
leur
dît
seulement
un
mot,
parce
que
c'était
dans
le
silence
des
avents
ou
carême...
Et,
quelques
instances
que
fît
le
jeune
Père,
même
de
la
part
du
P.
Coton,
elle
tint
toujours
ferme
pour
ne contrevenir
à
nos
règlements.
Et
ce
Père
lui
ayant
fait
dire
qu'il
croyait
de
mourir
à
ce
voyage,
et
qu'il
n'espérait
pas
de
jamais
plus voir
ses
sœurs,
elle
[répondit]
qu'elle
le
priait
de
l'excuser,
que
c'était
chose
impossible,
et
que,
s'il
mourait,
qu'il
aurait
joie
de
n'avoir
pas
causé
ce
petit
relâche
à
ses
bonnes
sœurs
contre
nos
coutumes.
»
Et
l'histoire
ajoute
:
«
Il
s'en
alla
fort
édifié
et
sans
être
indisposé,
ni
le
P.
Coton.
»
« Comme
j'étais
sacristine,
dépose
aussi
Anne
de
Saint-Joseph,
elle
me
reprit
bien
fort
de
ce
que
j'avais
lu
quelque
petit
billet
qu'on
avait
apporté
par
le
tour
de
la
sacristie,
avant
que
de
lui
avoir
présenté,
comme
la
constitution
recommande
de
ne
lire
aucune
lettre
avant
que
la
prieure
les
ait
lues.
Et
elle
me
montra
qu'encore
que
ce
ne
fût
rien
que
ce
billet,
néanmoins
c'était
une
grande
faute
contre
la
constitution
que
de
l'avoir
lu
avant
que
lui
porter.
»
« Elle
se
rendait
facile
à
pardonner
les
manquements
qui
se
commettaient
par
fragilité
ou
inadvertance,
observe
une
autre.
Néanmoins,
si
elle
voyait
que
celle
qui
les
commettait
n'en
fît
pas
état
et
s'y
rendît
indifférente,
elle
ne
le
trouvait
pas
bon,
désirant
qu'on
s'en
reconnût
avec
humilité
et
contrition.
Un
jour...
une
Sœur,
servant
au
réfectoire,
laissa
tomber
la
table
du
service,
el
se
cassa
(sic)
plusieurs
plats
qui
étaient
dessus,
dont
celte
bonne
Sœur
parla
à
la
récréation,
comme
n'y
ayant
pu
que
faire,
avec
assez
d'indifférence.
Cela
déplut
si
fort
à
notre
Bienheureuse,
qu'après,
au
noviciat
—
car
cette
Sœur
était
novice
professe
—,
elle
lui
ordonna
[une
sérieuse
pénitence],
non
tant
pour
la
faute
contre
la
pauvreté...
que
pour
le
peu...
d'humiliation
qu'elle
en
avait
témoigné
avoir.
»
La
Vénérable
«
portait
puissamment
les
âmes
à
la
retraite
intérieure
et
à
la
solitude,
disant
que
c'était
là
l'esprit
de
notre
sainte
Mère,
qui
avait
prétendu
que
chaque
maison
de
son
Ordre
fût
un
ermitage.
Et
elle
nous
enseignait
—
[c'est
la
Mère
Marie
de
Jésus
qui
parle]
—
comment
il
y
faut
vivre
avec
Jésus-Christ
et
converser
avec
les
anges
».
Sous
le
rapport
de
la
pénitence,
elle
constatait
avec
joie
une
généreuse
ardeur
dans
la
communauté.
Et
voyant
que
Dieu
y
faisait
ainsi
«
reluire
la
perfection
et
la
grâce
éminente
dans
laquelle
sainte
Thérèse
avait
établi
[sa
Réforme],
elle
ne
le
pouvait
assez
louer
et
remercier.
On
ne
peut
croire
le
soin
qu'elle
a
pris,
les
prières
qu'elle
à
faites
et
les.
bonnes
œuvres
qu'elle
a
offertes
à
Sa
Divine
Majesté
afin
que
cette
ferveur
et
cet
esprit
primitif
ne
s'attiédit
jamais
».
Toutefois,
en
pratique,
elle
usait
de
retenue
pour
les
permissions
qu'elle
accordait à
ses
religieuses.
«
Elle
épargnait
fort
leur
faiblesse,
particulièrement
quand
elle
ne
les
voyait pas
bien
fortement
attirées
»,
ou
qu'elle
avait
lieu
de
penser
que
telle
âme
était
mue,
sans
s'en
rendre
compte,
par
le
désir
de
faire
comme
les
autres,
car,
selon
la
remarque
du
P.
Gibieuf,
«
elle voulait toujours
voir
quelque
fond
de
grâce
qui
soutînt
les
désirs
et
les pratiques
extraordinaires
».
Mais
«
il
y
avait
peu
de
[Sœurs]
que
son
exemple
et
l'Esprit
de
Dieu
n'attirassent
»
à
la
pratique
d'austérités
parfois
effrayantes.
La
prudente
supérieure
était
peut-être
plus
réservée
encore
en
face
dé
certains
désirs,
souvent
téméraires.
« Quoiqu'elle
ait mit
sur
toutes
choses
l'esprit
de
pénitence
en
ses
Filles
et
qu'elle
demandât
à
Dieu
pour
soi-même
qu'il
la
rendît
digne
de
beaucoup
souffrir,
rapporte
sa
fidèle
amie,
elle
ne
permettait
pas
aux
autres
de
faire
dé
semblables
demandes
si
elle
ne
reconnaissait
manifestement
l'attrait
de
Dieu
dans
leurs
âmes
pour
celai
«
Parce;
disait-elle,
que
là
créature
a
si
peu
dé
connaissance
de
ce
qui
lui
est
propre,
qu'il
est
bien
mieux
de
s'abandonner
à
Dieu
et
de
se
préparer
à
tout
ce
qu'il
voudra
faire
d'elle.
»
Par
contre,
nul
excès
n'étant
à
craindre
dans
la
charité
fraternelle,
la
Servante
de
Dieu
en
recommandait
l'exercice
avec
insistance.
«
Souvent
nous
lui
avons
ouï
dire
en
ses
chapitres,
raconte
une
autre
ancienne
Mère,
que
les
défauts
commis
contre
cette
vertu
la
touchaient
si
fort
qu'elle
ne
les
pouvait
souffrir
que,
pour
tous
les
autres,
elle
les
pardonnerait
volontiers,
mais
que
pour
celui
de
la
charité...,
elle
ne
le
pourrait,
et
même
n'approuvait
pas
qu'on
s'appliquât
aux
actions
les
unes
des
autres,
sous
prétexte
de
zèle
de
perfection,
mais
que,
suivant
l'avis
de
notre
Mère
sainte
Thérèse
en
nos
constitutions,
chacune
s'appliquât
à
ses
propres
défauts
pour
s'en
amender,
supportant
ceux
des
autres
sans
les
discerner,
se
conservant
en
estime
et
très
grand
respect
et
affection
toutes
ensemble.
»
Elle
avait
également
«
soin
sur
toutes
choses
de
tenir
les
esprits
dans
la
paix
et
tranquillité
intérieure,
el
Dieu
lui
avait
donné
de
grandes
grâces
pour
les
maintenir
en
cet
étal
et
pour
y
mettre
celles
qui
n'y
étaient
pas
».
Enfin,
elle
prenait
et
donnait
aux
autres
pour
modèle
Celui
qu'avec
un
si
ardent
et
respectueux
amour
elle
appelait
d'ordinaire
«
le
Fils
de
Dieu
».
«
Établir
les
âmes
en
l'imitation
des
vertus
[de
ce
divin
Maître]
et
de
sa
très
sainte
Mère
»
fut,
au
rapport
de
Marguerite
du
Saint-Sacrement,
«
sa
principale
occupation
dans
ses
chapitres
»
à
cette
époque.
Et
la
Mère
Marguerite
ajoute
:
«
Elle
nous
[y]
portait
si
puissamment,
par
ses
exemples
aussi
bien
que
par
ses
paroles,
que
cela
passe
tout
ce
que
j'en
puis
représenter
par
les
miennes.
»
Les
lignes
suivantes
de
Marie
de
la
Croix
achèveront
de
peindre
le
gouvernement
de
la
Mère
Madeleine
dès
sa
première
charge,
et
montreront
aussi
que
la
communauté
offrait
à
sa
jeune
prieure
bien
des
consolations.
«
Quelque
infirme
ou
occupée
qu'elle
fût,
rien
ne
se
faisait
au
dedans
ni
au
dehors
du
couvent
que
par
son
ordre,
et
ai
souvent
admiré
l'étendue
de
sa
conduite,
ou
plutôt
de
celle
de
Dieu
par
elle,
et
l'assujettissement
et
dépendance
de
toutes
les
personnes
qu'elle
employait.
.Car,
depuis
la
Mère
sous-prieure
jusques
à
la
dernière
Sœur,
toutes
lui
avaient
rapport
avec
telle
correspondance,
docilité
et
déférence,
qu'il
semblait
qu'elle
les
portait
toutes
en
son
esprit
et
que
chacune
en
recevait
conduite
et
influence
selon
ce
qu'elle
avait
à
rendre.
Aussi,
Dieu
y
mettait-il
telle
bénédiction,
que
sa
volonté
était
celle
de
toutes,
qui
était
suivie
eh
simplicité
et
sans
aucun
retour
en
toutes
choses,
dans
Une
paix
et
union
admirable,
ce
qui
rendait
son
couvent
un
ciel
en
terre,
en
une
société
et
charité
très
parfaite.
»
Pour
se
donner
ainsi
corps
et
âme
au
soin
de
sa
maison,
la
Vénérable
n'avait
pas
seulement
à
surmonter
les
difficultés
naissant
de
sa
chétive
santé
ou
de
sa
tâche
elle-même,
elle
devait
en
quelque
sorte
lutter
contre
Dieu
et
résister
aux
envahissements
de
son
amour.
L'action
divine
devenait
en
effet
de
plus
en
plus
forte
dans
son
âme,
et,
durant
ces
années
de
son
premier
priorat,
elle
commença
d'être
admise
fréquemment
à
une
haute
contemplation.
Les
données
que
l'on
possède
sur
ces
matières
sont
malheureusement
très
incomplètes.
Voici
cependant
le
témoignage,
bref
mais
suggestif,
de
Catherine
du
Saint-Esprit
:
« Les
premières
années
de
sa charge,
elle
était
souvent
prévenue
de
Dieu
par
des
effets
fort
intérieurs
en
tout
temps,
allant
et
venant.
Les
Sœurs
qui
ne
pouvaient
pas
voir
cela,
se
rencontraient
souvent
à
lui
venir
parler
durant
ce
temps-là.
Elle dit
un
jour
à
une
à
qui
elle
était
familière
:
«
Si
on
me
laissait
seulement
un peu
pour
me
rendre
« dans
l'occupation
qui
se
présente
!
Mais
je
n'ai
pas
de
temps
!
».
Comme
elle
était
si
dégagée
de
toutes
choses,
elle
se
fendait
à
la
charité
sans
faire
rien
paraître
de
ce
qu'elle
avait
au
dedans.
L'un
des
Révérends
Pères
supérieurs,
qui
savait
son
état
intérieur,
disait
que,
sans
la
grande
nécessité
qu'il
y
avait
qu'elle
fût
en
charge,
il
ne
l'eût
jamais
permis,
afin
de
lui
laisser
tout
le
temps
pour
se
rendre
dans
les
grands
effets
qu'elle
portait
de
Dieu.
»
La
Mère
Catherine
explique
ensuite
—
sans
du
reste
se
départir
de
sa
laconique
simplicité
—
quelque
chose
de
ce
que
sa
sœur
«
avait
ainsi
au
dedans
»
:
«
Elle
fut
un
temps
que
l'âme
de la
très
Sainte
Vierge
lui
était
présente,
et
elle
lui
montra
qu'elle
irait
dans
un
couvent
de
son
Ordre,
ce
qui
arriva
quelques
années
après. »
Le
P.
Talon
assure
que
cette
sorte
de
vision
« dura
bien
une
année,
et
peut-être
même
davantage,
selon
ce
qu'on
peut
juger
par
quelques
paroles
que
la
Mère
Madeleine
en
a
dites
et
écrites
en
divers
temps
».
Et
vraisemblablement
ce
fut
alors
qu'elle
reçut
la
communication
ainsi
consignée
dans
ses
notes
spirituelles
:
«
Priant
un
jour
la
Vierge
Mère
de
Dieu,
elle
me
dit
que
Notre-Seigneur,
étant
sur
la
terre,
lui
avait
parlé
de
notre
Ordre,
et
qu'il
lui
avait
promis
qu'étant
renouvelé
dans
les
derniers
temps,
il
lui
rendrait
beaucoup
de
services
et
lui
serait
fort
agréable;
j'appris
d'elle
aussi
que
cette
promesse
était
maintenant
accomplie
par
une
nouvelle
grâce
qu'elle
répandait
dans
les
âmes
de
l'Ordre.
»
Ces
faveurs,
on
le
conçoit,
accrurent
encore
l'amour
de
la
Vénérable
pour
Marie
et
son
zèle
à
la
faire
honorer
dans
sa
communauté.
Aussi
ne
manquait-elle
pas,
«
les
jours
de
ses
fêtes,
de
convier
[les
Sœurs]
à
se
renouveler
dans
la
dévotion
très
spéciale
qu'elles
devaient
avoir
vers
elle,
comme
vers
leur
Mère
et
Patronne;
la
grâce
de
pouvoir
[la]
regarder...
en
ces
deux
qualités
étant
l'une
des
plus
grandes
de
leur
vocation
».
Et
quant
à
elle,
« ce
lui
était
une
sensible
consolation
»
de
songer
à
cette
«
appartenance
des
âmes
de
l'Ordre
à
la
Vierge'
».
Les
«
petits
papiers
»
intimes
laissés
par
la
Servante
de
Dieu
font
encore
connaître
deux
autres
révélations
dont
elle
fut
gratifiée
à
cette
époque.
Voici
comment
elle
note
la
première
:
«
Notre-Seigneur
me
montra
un
jour
ce
qu'il
voulait
donner
aux
âmes
de
cette
maison;
et
me
semblait
que
c'était
un
lieu
où
devaient
reposer
sa
gloire
et
son
esprit.
Et
je
vis
une
si
grande
perfection
qu'il
n'y
a
langue
qui
la
puisse
exprimer.
Je
voyais
tant
de
choses
toutes
en
une
que
je
disais
:
Bienheureuses
âmes
à
qui
doit,
(sic)
arriver
de
si
grandes
grâces ! »
Et
la seconde
:
«
Le
jour
de
saint
Gabriel
mil
six
cent
quatorze,
mon
âme
a
vu
plus
clairement
qu'il
ne
le
lui
a
jamais
été
montré
ce
que
Dieu
demandait
d'elle,
et
ce
fut
un
si
extrême
anéantissement
que
cela
ne
se
peut
comprendre.
Et
l'obligation
de
cet
anéantissement
et
la
nécessité
que
je
compris
que
j'en
avais
ne
se
peut exprimer.
J'eus
aussi
quelque
vue
de
la
chute
des
esprits
malins.
Je
voyais
qu'elle
leur
était
arrivée — comme
la
foi
nous
l'enseigne
-— pour
s'être
voulu
élever,
et
que
la
préservation
des
bons
avait
été l'adoration
très
profonde
qu'ils
avaient
rendue
à
Dieu
par
la
reconnaissance
de
leur
néant.
Ce
qui
touche
les
esprits
n'est
pas
demeuré
si
clairement
dans
le
mien,
mais
ce
qui
me
regarde
ne
s'en
doit
jamais
effacer,
dont
je
supplie
la
bonté
divine
par
ses
infinies
miséricordes.
»
Il
faut
aussi
lire
ici
quatre
relations
spirituelles,
les
plus
longues
et
peut-être
les
plus
radieuses
qui
soient
tombées
de
la
plume
de
notre
Vénérable;
elle
les
écrivit
très
probablement
à
la
fin
de
son
priorat,
ou
du
moins
peu
après,
et
y
révèle
à
souhait
sa
vie
profonde
à
cette
époque.
Première
relation
:
«
[L'état
de
mon
âme
est
quasi
toujours
de
pareille
sorte
que
ce
que
j'en
ai
dit.
Mais] je
ne
puis
dire
combien
ce
que
je
ressens
est
éloigné
de
toutes
mes
paroles
;
[et
c'est
pourquoi,
le
plus
souvent,
je
me
retiens
d'en
parler].
«
Les
opérations
de
Dieu
en
mon
âme
sont
si
intimes,
et
l'amour
—
au
moins
ce
que
j'appelle
ainsi
—
est
si
secret,
que
je
dis
quelquefois
:
Amour,
vu
que
vous
êtes
si
puissant,
comment
opérez-vous
avec
si
peu
de
bruit
?
Comment
êtes-vous
si
caché
?
Comment
est-ce
qu'on
ne
vous
peut
nommer,
sinon
que
vous-même
formiez
dans
l'âme
ce
nom
d'amour,
sans
qu'elle
ait
autre
connaissance
?
Mais
il
la
laisse
bien
peu
parler,
parce
qu'il
faut
qu'elle
meure.
El
il
semble
que
sans
cesse
mon
âme
ne
fasse
autre
chose,
et
que
tout
me
serve
à
cela,
c'est-à-dire
à
mourir.
C'est
pourquoi,
quand
j'entends
dire
qu'on
est
consolé
ou
qu'on
affectionne
quelque
créature,
je
pense
:
Hélas
!
comment
se
pourrait-il
faire
?
Les
bons
et
les
mauvais
doivent
tous
mourir
en
moi.
Comment
pourrait
mon
âme
rechercher
ce
qu'il
lui
faut
à
l'heure
même
perdre ?
Mais
Dieu,
pour
maintenant,
a
soin
de
m'en
donner
l'usage
nécessaire.
Et
lorsqu'il
me
vient
la
vue
de
quelque
besoin
de
communication,
je
le
laisse
à
Dieu,
ne
m'en
chargeant
la
mémoire
ni la
pensée,
mais
je
me
souviens
seulement
qu'une
seule
chose
est
nécessaire.
Or
il
faut
que
Dieu
opère
toutes
ces
choses,
car
quand
il
laisse
travailler,
l'âme,
c'est
comme
la
nuit
auprès
du
jour.
Et
l'intelligence
ne
peut
de
rien
servir
ni
comprendre
;
mais
il
faut
que
Dieu
opère
cette
œuvre,
laquelle,
est-
fort
simple
et
pure,
et
ne
peut
être
entendue
que
par
la
lumière
de
Dieu.
Et
l'âme
aussi
ne
peut
entendre
ce
qu'on
lui
dit
que
par
là
même
lumière.
Il
me
semble
que
mon
âme
en
cet
état
n'est
quasi
plus
en
cette
vie,
pour la
grande
séparation
qu'elle
a
de
tout
ce
qui
est
créé,
et
pour
la
familiarité
et
la
présence
continuelle
de
tout
ce
qui
est
incréé.
Mon
âme a
maintenant
grande
joie
de
la
mort
et
beaucoup
de
consolation
de
la
vie,
l'une
pour
croire
qu'elle
verra
Dieu,
l'autre
parce
qu'ici
elle
se
sent
en
une dépendance
de
Dieu, qui
ne
peut
être
au
ciel,
pour ce
qu'il la
peut
perdre
où
sauver
ainsi
qu'il
veut,
et
ce
divin
plaisir
dont
elle
dépend
lui
donne
un
extrême
contentement,
pour ce
qu'il
semble
qu'elle
n'ait
rien
de
si
cher
que
de
lui
voir
tout
entre
les
mains.
C'est
pourquoi,
tout
ce
qu'il
me
donne,
je
le lui
redonne
aussitôt;
et
même
quelquefois
qu'il
me
montre
qu'il
m'aime,
je
lui
dis
:
Seigneur,
je
sais
que
vous
êtes
Amour,
je
suis
contente
!
Lorsque
je
sens
quelque
bassesse,
il
m'est
presque
impossible
d'en
retirer
les
yeux,
et
je
suis
comme
une
personne
qui
serait
en
sa
maison
et
verrait
toute
l'étendue
de
ses
biens.
Il
me
semble
le
plus
souvent
que
mon
âme
se
sent
comme
la
boue
des
rues
du
chose
très
immonde,
sur
laquelle
repose
une
très
grande
pureté.
Et
comme
un
jour,
je
demandais
à
Dieu,
dans
la
vue
de
mes
bassesses
et
de
mes
misères,
comment
il
m'aimait
ainsi,
il
me
montra
par
une
Vérité
qu'il
n'y
avait
point
d'autre
raison
en
l'amour,
sinon
qu'il
était
Amour
pur,
qu'il
aimait
à
cause
de
lui-même.
«
Je
sens
une
extrême
joie
qu'on
m'abaisse
par
toutes
sortes
d'humiliations
et
d'abaissements,
et j'ai
grande
dévotion
à
un
passage
des
Cantiques,
qui
dit
:
Si
tu,
te
me connais,
ô
très
belle,
va
paître
tes
troupeaux,
c'est-à-dire
retourne
à
ta
première
condition,
à
la
connaissance
de
toi-même,
à
la
vue
de
tes
misères
et
du
peu
que
tu
es
devant
Dieu.
»
Deuxième
relation
:
«
Je
me
sens
tellement
pressée
de
parler
de
mon
intérieur,
que
je
ne
le
peux
quasi...
[mot
illisible].
Il
me
semblait
il
y
a
quelques
jours
que
Notre-Seigneur
me
disait
que
je
voulais
cacher
sa
gloire
et
pourquoi
j'avais
tant
de
contradiction
à
parler
?
Que
ce
ne
serait
pas
par
moi-même
que
je
me
préserverais
de
vanité.
Et
depuis
j'ai
senti
mon
âme
abandonnée
à
lui
par
une
opération
si
admirable
que
je
ne
la
puis
dire.
Et
il
me
semble
que
je
ne
me
souviens
quasi
plus
si
j'ai
une
âme
ou
un
corps.
Je
ne
sens
quasi
nul
discernement
:
toutes
choses
me
sont
indifférentes.
Je
vois
en
moi
toutes
choses
anéanties
par
cette
opération,
qui
est
une
union
de
Dieu
avec
mon
âme
par
anéantissement,
si
douce
que
cela
ne
se
peut
exprimer. Or
je
ne
puis
dire
comme
cela
se
fait,
car
je
sens
l'usage
libre
do
tous
mes
sens,
et
ne
me
trouve
empêchée
de
nulle
action.
Ma
raison
et
mon
intelligence
ne
peuvent
comprendre
comme
Dieu
se
veut
communiquer
à
une
telle
que
moi
(sic),
car
devant
Dieu
et
devant
les
hommes,
il
est
très
clair
que
je
suis
très
imparfaite!
Et
pour
ce,
je
disais
aujourd'hui
:
Seigneur,
on
ne
peut
pénétrer
par
quelle
voie
vous
vous
glorifiez
el
par
où
vous
vous
rendez,
admirable.
Ce
sont
des
œuvres
de
l'Amour,
que
lui
seul
peut
entendre
et
faire
entendre
à
qui
il
lui
plaît.
Douce
Bonté
I
que
vous
êtes
glorieuse
el
juste
par
vous-même!
Quand
il
vous
plaît
de
découvrir
la
vérité,
on
le
voit
clairement,
mais
on
ne
le
peut
déclarer,
et
le
mieux
qu'on
se
puisse
faire
entendre,
c'est
:
“Je
ne
puis
ou
je
ne
saurais
parler
de
cela
parce
qu'il
me
surpasse”.
Or
il
est
certain
qu'en
ce
temps-là,
nulle
créature
ne
peut
aider,
mais
Dieu
est
tout
à
l'âme
et
l'âme
ne
voit
que
Dieu,
et
semble
que
cette
opération
soit
si
simple
qu'il
n'y
peut
avoir
lieu
pour
aucune
chose
créée.
Dieu
occupe
tout,
il
opère
seul,
et
l'âme
seulement
s'anéantit.
Il
la
mène
par
des
voies
qui
lui
sont
inconnues,
et
faut
qu'elle
soit
conduite
à
chaque
pas,
parce
qu'autrement
elle
se
détourne
et
manque
à
Dieu.
El
chaque
fois
qu'il
vient
nouvelle
lumière,
l'âme
voit
nouvelles
fautes.
Et
l'Amour
lui
montre
combien
peu
elle
lui
correspond,
et
l'âme
dit
toujours
.:
Il
est
vrai.
Car
on
lui
fait
voir
cela
clairement ;
et
si
tous
les
hommes
lui
disaient
qu'elle
n'a
point
failli,
elle
n'y
aurait
nulle
créance. »
«
C'est
chose
admirable
de
voir
l'amour
que
Dieu
porte
aux
âmes,
et
chose
épouvantable
de
la
résistance
que
l'âme
fait
à
Dieu,
et
il
faut
une
force
extrême
pour
porter
cette
vue
sans
se
troubler.
Et
quand
je
suis
fort
faible
ou
que
je
me
trouve
mal,
je
ne
puis
quasi
souffrir
cette
connaissance,
et je
dis
à
Dieu
:
Seigneur,
pourquoi
endurez-vous
qu'une
chose
si
petite
empêche
une
si
grande
puissance
et
arrêté
vos
divins
plaisirs. ? »
Troisième
relation
:
«
Quand
il
plaît
à
Dieu
enseigner
à
l'âme
quelque
chose
de
sa
pureté
et
beauté,
si
elle
n'est
bien
infidèle,
les
créatures
s'éloignent
bientôt
d'elle,
et,
pour
bonnes
qu'elles
soient,
il
semble
qu'elle
n'en
puisse
supporter
la
vue
un
seul
moment
en
son
intérieur.
Car
l'amour
ne
peut
être
séparé.
Il
donne
le
tout
pour
le
tout,
comme
celui
qui
se
donne
à
lui
se
donne
tout
entier
lui-même.
Ainsi
l'âme
dit
:
J'ai
trouvé
Celui
que
mon
cœur
aime,
rien
ne
m'en
pourra
séparer,
car
l'amour
est
fort
comme
la
mort
et
peut
vaincre
toutes
choses
et
les
rendre
au-dessous
de
soi.
Je
dis
donc
que,
quand
l'âme
connaît
que
Dieu
la
veut
occuper
seul,
il
me
semble
que
toutes
les
communications
avec
les
créatures
lui
sont
une
grande
croix.
Car
il
faut
qu'elle
meure
à
elles
d'une
mort
si
étroite
qu'elle
dirait
volontiers
:
A
quoi,
Seigneur,
m'avez-vous
assujettie
qu'il
faille
que
je
vive
comme
si
je
mourais
toujours,
et
que
je
parle
sans
nulle
consolation
?
»
Quatrième
relation
:
«
En
pensant
un
jour
à
une
chose
à
laquelle
j'avais
grande
résistance
—
et
me semblait
en
avoir
quelque
raison
—,
parce
que
je
vis
une
si
grande
répugnance,
je
m'offris
pour
l'amour
de
Dieu
à
souffrir
cette
croix.
Or,
m'offrant
à'
cela
avec
un
retour
à
Dieu
très
intime,
je
vis
intérieurement
des
choses
fort
particulières
d'un
esprit
plein
de
gloire,
el
ressentis
une
union
si
grande
de
mon
âme
avec
Dieu
qu'il
m'est
impossible
de
la
pouvoir
exprimer.
Et
comme
je
revenais
à
moi,
je
disais
:
Mais,
Seigneur,
qui
se
pourrait
opposer
à
vos
œuvres
? Y
aurait-il
quelque
chose
qui
ne
fût
indifférente
à
l'âme
qui
vous
aime
?
Et
ainsi,
je
voyais
une
opération
de
Dieu
pure,
simple
et
qui
devait
opérer
selon
son
divin
plaisir.
Et
ces
paroles
me
furent
imprimées
en
l'esprit
:
Ceci
.est
l'œuvre
du
Seigneur
et
c'est
chose
de
merveille
à
nos
yeux.
»
Ces
pages
ne
chantent-elles
pas
comme
un
épithalame
?
Et
d'autre
part,
cependant,
ne
font-elles
pas
pressentir
que
celle
qui
les
écrivait
était
appelée
à
connaître
—
plus
même
que
bien
d'autres
—
les
rigueurs
du
Divin
Amour,
cette
jalousie
implacable
comme
l'enfer
dont
parle
le
Cantique !
Mélange
presque
déconcertant,
mais
habituel
pourtant
dans
l'histoire
des
grands
contemplatifs,
de
suavités,
de
délices
déjà
célestes,
et
de
souffrances
que
nous
entendrons
plus
tard
la
sainte
patiente
comparer
à
celles
du
purgatoire.
“Propter
verba
labiorum
tuorum,
ego
custodivi
vias
duras”,
disait-elle
souvent
dès
cette
époque,
après
le
roi-prophète.
Et
ces
voies
dures,
c'étaient
les
détachements
auxquels
la
grâce
la
contraignait
à
s'exercer
sans
merci
—
«car
il
faut
qu'elle
meure»,
déclarait-elle
elle-même
il
n'y
a
qu'un
instant
—
;
c'étaient
aussi
et
déjà
les
purifications
passives
qu'elle
devait
éprouver
plus
encore
par
la
suite.
Purifications
combien
douloureuses
!
mais
combien
nobles
et
glorieuses
!
Quelques fragments
de
notes tracées
par
M.
de
Bérulle
viennent
ici
fort
à
propos.
Le
saint
prêtre
possédait,
nous
le
savons,
toute
la
confiance
de
sa
pénitente
;
il
sut
d'elle
tout
ce
que
la
grâce
lui
laissait
la
liberté
de
redire
de
sa.
vie
intérieure ;
d'autre
pari,
initié
lui-même
expérimentalement
aux
secrets
de
la
mystique,
il
était
apte
à
en
juger.
« Dieu est
présent
en
elle,
écrit-il,
parlant
de
notre
Vénérable,
d'une
sorte
de
présence
très
particulière
qui
l'élève
par-dessus
son
intelligence
sans
que
son
âme
voie
d'élévation, car
les
effets
de Dieu
en
elle
sont
d'une
qualité
si
simple
que
l'esprit,
qui
est
habitué
à
des
choses
plus
palpables,
ne
les
comprend
pas ;
et
c'est
un
point
de
son
mérite
et
de
ses
souffrances ».
Et
un
peu
après
il
dit :
« Dieu,
qui
a
tant d'amour
pour
cette
âme
a
pris
possession
de
sa
liberté
pour
opérer
en
elle
selon
son
vouloir.
Ce
n'est
pas
qu'il
la
force
de
se
donner
à
lui,
car
elle
s'en
peut
détourner,
mais
il
veut
user
de
sa
puissance
et
de
sa
volonté
divine
sur
elle,
comme
elle
le
lui
demande
continuellement,
et
non
suivre
les
désirs,
quoique
bons,
qu'elle-pourrait
avoir
par
elle-même.
Or
cette
voie
est très
difficile,
parce
que
la
créature fuit
naturellement
selon
le
corps
et
selon
l'esprit la
privation
d'elle-même,
spécialement
en
une manière
si
intime
comme
est
celle-ci ».
Le
pieux
directeur
confia
aussi
«
à
une
personne
de
grand
mérite,
que
saint
Joseph lui
avait...
révélé
des
choses
admirables
»
relativement
à
l'âme
privilégiée
qu'il
conduisait.
Voici
le
peu
qui
en
a
été
consigné
:
« La
Mère
Madeleine
est
dans
une
voie
très
pure
et
très
élevée
;
elle
porte
des
souffrances
divines,
opérées
immédiatement
par
la
puissance
de
Dieu.
Choses
grandes
se
doivent
passer
en
cette
âme,
mais
elles
lui
coûteront
bien
cher ».
Remarquons-le,
du
reste,
et
ne
le
perdons
jamais
de
vue
au
cours
dé
cette
histoire
:
les
épreuves
intimes
de
Madeleine
de
Saint-Joseph,
quelque
lourdes
qu'elles
aient
été,
ne
l'ont
jamais
déprimée,
jamais
abattue
;
elles
l'ont
seulement
prosternée,
dirait-on
volontiers,
car
tout
dans
sa
grâce
allait
à
faire
d'elle
une
adorante
aussi
bien
qu'une
amante.
Un
mot,
pour
finir,
sur
la
nature
des
faveurs
extraordinaires
reçues
par
notre
Vénérable.
Presque
toujours,
dès
lors
comme
ensuite,
«
c'était
par
voie
intellectuelle
que
le
Seigneur
communiquait
ainsi
avec
elle,
usant
de
modes
d'opération
si
relevés qu'ils
sembleraient
convenir
plus
proprement
à
sa
manière
d'agir
avec
les
purs
esprits
qu'avec
une
âme
encore
engagée
dans
le
corps
».
La
Mère
Madeleine
confia
elle-même
à
Marie
de
Jésus,
dans
les
premières
années
de
sa
charge,
«
qu'elle
était
souvent
en
un
état
que
l'essence
de
son
âme
se
voyait
séparée
de
ses
sens
intérieurs,
et
qu'elle
opérait
vers
Dieu
en
cette
manière-là
».
Elle
lui
conta
aussi
un
incident
qui
montre
son
humilité,
son
dégagement
parfait,
sa
souplesse
d'âme
en
présence
même
de
ces
phénomènes
transcendants
de
la
mystique,
alors
que
Dieu
lui
faisait
voir
«
qu'il
avait
mis
son
âme
dans
une
autre
région
»,
alors
qu'il
opérait
en
elle
d'une
«manière
si
profonde
et
si
secrète...
et
immédiatement
d'esprit
à
esprit
».
Voici
le
fait
:
«
Un
serviteur
de
Dieu,
à
qui...
[la
Vénérable]
se
trouva
obligée
de
déclarer
quelques-uns
des
grands
effets
qui
se
passaient
en
son
âme,
y
reconnaissant
des
marques
visibles
d'une
grâce
tout
extraordinaire,
lui
conseilla
de
prendre
une
nouvelle
conduite,
et
des
usages
intérieurs
qui
eussent
de
la
correspondance
avec
cet
état
si
sublime
où
Dieu
la
mettait;
mais
elle
ne
crut
pas
devoir
suivre
cet
avis,
et
elle
témoigna
humblement
à
celui
qui
lui
parlait
qu'elle
aimait
mieux
demeurer
dans
la
simplicité
et
continuer
autant
qu'il
serait
en
son
pouvoir
à
se
servir
des
usages
ordinaires.
»
Elle
avoua
enfin
à
sa
confidente
«
qu'aussitôt
que
Dieu
cessait
d'opérer
en
elle
de
cette
manière
extraordinaire,
elle
n'y
pensait
plus
du
tout
».