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La vie extraordinaire du Père Lamy
2-1-Les vertus et les
volontés du Père Lamy
2-1-1-Le travail du dimanche
À une époque où
l'on cherche à remettre en cause le repos du dimanche, il est bon de se rappeler
les positions d'un saint prêtre sur ce sujet brûlant.
Il
disait, entre autres: "Vous
me trouvez bien regardant sur le travail du dimanche. On ne l'est jamais trop.
Je vais jusqu'à préférer de ne pas offrir une fleur à la Très Sainte Vierge que
de la cueillir le dimanche. Quand le travail du dimanche entre dans une âme,
c'est comme la gangrène: tout y passe! Les jeux et les sports, tels qu'ils sont
compris actuellement pour la plupart, c'est une attaque directe de Satan, contre
les offices du dimanche...
Afin d'éviter
les châtiments du ciel, il faudrait d'abord que les catholiques se concertent
pour observer et faire observer la sanctification du dimanche. J'ai toujours été
strict sur cet article dans ma paroisse, et la Très Sainte Vierge goûtait cette
sévérité."
2-1-2-Le souci
des âmes
Le Père Lamy priait pour toutes les âmes qu'il approchait. Souvent il lisait
dans les âmes "comme dans son bréviaire, quand on y lit." De même, il
sentait l'odeur du péché... car "c'est
une odeur qui se sent intérieurement."
Le Père priait
pour tous les hommes, mais spécialement pour les Anglicans dont il disait: "Parmi
les Anglicans, disait-il, il y en a beaucoup qui sont moins coupables que nous.
Ils sont dévots à la Très Sainte Vierge, au Saint-Sacrement. Leur erreur, ce
n'est pas à eux-mêmes qu'il faut l'imputer, mais à leurs aînés."
De même pour les
juifs: "Les Juifs, eux-mêmes, sont dans
tous les pays, mais ne sont pas abandonnés. Dieu n'abandonne jamais les siens."
2-1-3-Les
vertus
Tous ceux qui
ont eu l'occasion de rencontrer le Père Lamy ont été frappés par sa charité, sa
simplicité, son humilité et son solide bon sens.
La charité
Lorsque le Père
Lamy commença à rédiger les règles de sa future congrégation, il s'attarda sur
la vertu de charité, fruit de l'amour de Dieu. Il écrivit, entre autres:
"La charité est une vertu divine que le Sauveur
donne à tous les hommes... Elle est la plus excellente de toutes les vertus...
Sans elle la foi est sans vie, l'espérance sans fondement, et toutes les autres
vertus ne sont que de vains fantômes... C'est la vertu de charité qui fait les
saints... L'amour de Dieu est la force surnaturelle dans l'épreuve... Les saints
de toutes conditions ont combattu pour l'amour de Dieu, ont soutenu de rudes
combats...
L'amour de Dieu ouvre les
portes de son Église par le saint Baptême... il nous ouvre la porte mystérieuse
du tabernacle où il se tient voilé... pour devenir journellement le pain qui
nourrit et le vin qui fortifie... Dieu est tout amour, il nous demande de
laisser embraser nos cœurs par le feu qui embrase le sien... La méditation sur
la charité est nécessaire pour bien remplir toutes nos obligations à l'égard du
cher prochain, que nous devons aimer et édifier...
Il faut bien le dire: si la
charité est la vertu qui nous rapproche le plus de Dieu, elle nous est
grandement nécessaire pour faire naître en nous l'énergie dont nous avons besoin
pour dompter la nature corrompue de laquelle nous sommes nés et nous attacher
aux enseignements du Sauveur... Voilà les plus beaux fruits de la charité:
l'humilité et la douceur... Les saints convertissaient les âmes: le cœur rempli
de l'amour de Dieu, ils en déversaient le trop plein dans les âmes avec humilité
et tant de douceur que l'orgueil humain était vaincu... La paix, fruit délicieux
de l'amour de Dieu, est aussi le fruit de l'amour du prochain... À ce fruit
savoureux de la paix, l'amour de Dieu apporte encore, avec l'humilité,
l'obéissance et la patience, compléments ordinaires de cette céleste vertu..."
Enfin, il ne faut jamais oublier que "le véritable amour de Dieu, quand il
pénètre dans une âme, la prédispose à l'amour du prochain... qui, quand il est
vraiment sincère, est amour de sacrifice et de dénaturement en faveur du
prochain... " Le Père Lamy dira souvent:
"Pour l'amour de Dieu, il faut se sacrifier pour
le prochain. Pour l'amour de Dieu, il faut être prêt à marcher au martyre..."
L'obéissance
L'obéissance à la Loi de Dieu est une obligation pour tous les hommes. Selon le
Père Lamy, l'obéissance, "c'est la clé du ciel. C'est avec cette vertu que
l'on tient la porte ouverte. Quand une âme est bien établie dans l'amour de
Dieu, elle devient facilement obéissante... Rien ne lui paraît difficile: la foi
et l'amour de Dieu viennent au secours de sa faiblesse. Elle se jette au travail
sans compter... L'âme ne raisonne pas: on me commande, j'obéis. Tel fut Notre
Seigneur: Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort, à la mort de la croix. Les
saints l'ont imité... Et tous les saints martyrs ont pratiqué héroïquement cette
belle vertu... Par son obéissance en mourant sur la croix, le Sauveur nous ouvre
le ciel... La Très sainte Vierge a mérité d'entrer dans le ciel et d'en être la
Reine... Aux noces de Cana, elle n'a qu'un mot pour les serviteurs de la
maison: "Faites tout ce qu'Il vous
dira!"
"Ô
merveilleuse vertu de l'obéissance, que ta puissance est grande! Le Fils de Dieu
lui-même ne sait pas te résister... L'obéissance arrête le désordre dans nos
pensées, elle règle notre vie, elle est la gardienne des âmes... mais, la sainte
obéissance, greffée sur la vertu d'amour de Dieu, ne donne tout son effet que si
elle est accompagnée, ou plutôt comme enveloppée, de la vertu d'humilité... La
vertu d'obéissance est l'armarture de toutes les sociétés. C'est elle qui
inspire le respect des lois justes et maintient la paix entre les citoyens."
Elle maintient l'harmonie dans les familles; quand les parents respectent Dieu
et lui obéissent, les enfants respectent leurs parents, puis Dieu, et le
prochain.
L'humilité
Le comte Bivet
ne craint pas d'écrire: "L'humilité semblait innée
dans le Père Lamy, tant elle avait jeté en lui des racines profondes. À qui le
connaissait bien, le plus léger mouvement de vanité, la plus légère complaisance
en soi-même eût paru, chez lui, être l'impossible. L'orgueil lui semblait bien
moins quelque chose de criminel que d'absurde."
Et le comte Biver rapporte d'autres paroles du Père Lamy: "Que de choses
extraordinaires j'ai vues dans ma pauvre vie!" Son ami Biver s'inquiète
alors: "Et combien malaisé d'éviter tout
orgueil, alors qu'on voit le ciel s'abaisser jusqu'à soi?
— Que cela vous trompe! rétorque le Père Lamy.
Que c'est faux! Il est absolument impossible alors
d'avoir de l'orgueil, de concevoir la moindre vanité. Alors seulement, on
conçoit la distance qui sépare le ciel de la terre. On voit qu'on n'est rien,
moins que rien devant Dieu et devant la Très Sainte Vierge. Alors seulement,
nous estimons ce que nous sommes en réalité, et nous voudrions être encore plus
petits pour plaire davantage. Quand vous voyez le respect des anges pour Dieu,
pour la Très Sainte Vierge, vous rentrez en vous-même. De quelle façon
respectueuse le saint Archange Gabriel parle-t-il à la Très Sainte Vierge?
'Reine', et il s'incline. Elle lui répond sur un ton, que je dirais presque
maternel. »
La prudence
Le Père Lamy conseille les âmes religieuses:
"Une autre vertu est bien nécessaire à l'âme
religieuse, c'est la sainte vertu de prudence qui est une compagne inséparable
de la vertu d'humilité... La prudence est la gardienne de la fidélité... elle
nous est nécessaire pour éviter les occasions de pécher... Aussi faut-il la
demander souvent à Dieu. Veillons et prions... Le prudent sait... que le feu
couve sous la cendre... le serpent venimeux se cache sous la verdure et
l'ombrage: malheur à l'imprudent qui s'y endort sans souci... Le prudent est un
vigilant qui, de son regard, éclaire le chemin..."
Par ailleurs, "la prudence attire l'âme
vers l'oraison: 'Veillez et priez!' C'est la suprême recommandation de Notre
Seigneur Jésus-Christ... Lorsque l'âme est imprégnée de l'esprit d'oraison elle
est en communion en Dieu. C'est un mouvement de tout l'être vers la vie
éternelle... Or nous sommes, par la force des choses, entre deux pôles
attractifs: le bien et le mal... L'habitude de l'oraison nous mettra en garde
contre les menées de Satan, de quelque côté qu'elles viennent... Devenons bien
fidèles à l'acte matinal de l'oraison... Vivons-en tout le jour, faisant comme
l'atmosphère respirable pour notre esprit et notre cœur, de ce feu en lequel
nous nous serons plongés: l'oraison vive développe en nous l'amour divin.
Devenons des hommes d'oraison, nous deviendrons rapidement des religieux
parfaits."
La délicatesse
envers les âmes
Le Père Lamy fut amené, dans sa vie à conseiller de très nombreuses âmes, et il
estimait que même si parfois le Père spirituel doit montrer une certaine
sévérité, il doit toujours se montrer d'une extrême délicatesse. Le comte Biver
affirme: "Avec le prochain sa
délicatesse extrême, de même sa réserve dans les conseils qu'il donnait. 'Avec
quel doigté, disait-il, les religieux devront traiter les âmes! On les prend
souvent comme des fagots! Respect pour les âmes, respect pour leurs fautes
mêmes, ö felix culpa! que la Providence fait concourir à leur sanctification. La
conscience est un lieu qui nous est défendu. C'est le Saint des Saints, un
sanctuaire inviolable. Il n'y faut pas entrer... Si j'ai eu quelque influence
sur les enfants, c'est pour le respect que je leur ai porté. Cela ne veut pas
dire que je ne leur aie tiré les cheveux quelquefois; mais j'ai respecté leur
conscience.'"
Il conseillait
le même respect envers l'âme des religieux: "N'entrez pas dans leur
conscience," n'hésitait-il pas à dire. "Beaucoup de supérieurs ne
comprennent pas ça, et cela cause un grand mal. Rappelez cette parole que je
vous ai dite dans le Bois-Notre-Dame: 'L'âme du chrétien est un sanctuaire qui
ne doit pas être violé.'"
La fermeté
Le comte Biver rappelle que le Père Lamy "savait
rappeler à l'ordre avec fermeté, quand il remarquait un manquement aux
bienséances ou une atteinte à la pudeur. Il disait, à propos des modes: on voit
les anges dans les sanctuaires, disait-il, se détourner, tourner le dos devant
les personnes vêtues immoralement. Je suis sévère, mais pas au point où je
devrais l'être. On ne s'imagine pas la sévérité du tribunal de Dieu pour
certains gestes: ce sera terrible. On va me répétant: 'C'est la mode; c'est la
mode!' Ce sera la mode de passer sous le pressoir."
Un solide bon sens
Le Père Lamy, depuis son enfance eut des relations fréquentes avec la Sainte
Vierge. Toutefois cela ne l'empêchait pas de conserver un solide bon sens, comme
le prouve cette histoire savoureuse, qui lui est arrivée alors qu'il était à
Saint-Ouen. "On avait signalé au curé
une maison hantée et il m'avait délégué pour les exorcismes en me disant: 'Je
n'aime pas me mêler de ces choses-là.' Je m'étais enquis auprès de mes gamins et
j'avais appris que la maison hantée était simplement habitée par des voleurs. Le
soir venu, j'apposte trois de mes gamins près du mur que le voleur escaladait
pour rentrer chez lui, avec la consigne de crier: 'Coa, coa, coa' quand celui-ci
viendra repasser le mur, et je reste moi-même, au guet. Quand le voleur rentre,
la nuit, il commence par jeter son sac par-dessus le mur; mais quand il entend
les 'coa, coa', il prend la fuite. Aussitôt, je dis à un des gamins de courir
vite auprès du commissaire de police. Le sac contenait des lapins, des poules,
des bouteilles de liqueurs, et l'exorcisme a fini par un bon temps de prison
infligé au possédé."
Toujours à
Saint-Ouen, un jour, à cause d'une de ses chaussures qui était restée prise dans
la boue, il entra en relation avec Président de la Libre Pensée de la Place
Clichy, qu'il réussit à convertir complètement six semaines avant sa mort.
2-2-Les miracles
2-2-1-La
guérison de l'eczéma
Le Père
Lamy appartenait à ce que les militaires appellent la réserve de l'active. Vers
le 2 septembre 1883,
il était en manœuvre et tint garnison à Langres. En raison des conditions
hygiéniques déplorables, Jean-Édouard Lamy attrapa un très grave eczéma: toutes
les peaux de son tronc se soulevaient et s'arrachaient laissant la chair à
vif... Plus tard, "tout le régiment alla de Champlitte à Gray." À
Champlitte, déjà malade, le Père Lamy était allé voir un médecin. À Gray, après
avoir rencontré le major du régiment, comme il avait un peu de
temps pour lui, il alla, après avoir dîné avec le sacristain, passer la soirée
au pied de la Sainte-Vierge. Il raconte: "J'ai prié devant la chapelle. Je me
suis un peu endormi à la chapelle. J'étais fatigué. Le sang coulait des plaies,
et toute ma chemise faisait une plaque, qui s'était durcie. J'ai été guéri tout
à coup. J'ai passé ma main entre la chemise et la peau en me réveillant. J'ai
ramassé quantité de peaux: elles étaient toutes sèches. Au lieu de cette douleur
lancinante, je sentais presque du bien-être..." Jean-Édouard était guéri.
2-2-2-Les moyens de
subsistance
À Troyes, le Père Lamy avait
dû "reconstruire" l'Œuvre de la jeunesse de A à Z. Il avait installé des
jeux de toutes sortes; il avait créé une chorale (trente chantres) qui allait
dans les paroisses. Il avait aussi fondé une fanfare (quarante cinq personnes).
Les curés offraient peu pour le dédommager des frais, et il lui fallait aussi
nourrir tous ses jeunes avec presque rien. Mais la Providence veillait. Écoutons
le Père Lamy:
"Combien
de fois Elle
m'est venue en aide! À un moment où il ne restait plus un sou pour acheter du
pain, on m'a envoyé l'argent de deux messes. Dans une autre circonstance, ayant
quatre ou cinq enfants à nourrir durant quelque temps et ne pouvant pas leur
fournir du pain sec, une étrangère, absolument inconnue de moi, a envoyé un
énorme jambon... À
la Visitation, la Mère de
Bélingue me faisait
d'énormes galettes, où je faisais quarante parts pour les enfants. "
Le Père Lamy avait toujours des jeunes à nourrir, sans compter ceux qui
s'invitaient... "On était souvent une vingtaine. J'avais presque chaque
dimanche quarante jeunes gens à souper, et souvent le jeudi pareillement."
Et pendant le repas, on faisait la lecture!... C'est que
"ces pauvres enfants avaient chez eux de bien
mauvais exemples. Beaucoup d'hommes ne valaient pas grand'chose, et on voyait
des femmes déplorables. Et, parmi ces enfants, il y avait des cœurs d'or. Ils
sentaient qu'on les affectionnait dans le Bon Dieu, et ils payaient de retour."
2-3-Les visions du Père Lamy
2-3-1-Le Père Lamy et la
fausse mystique
On a dit que le
Père Lamy lisait souvent dans les âmes. Il eut parfois des connaissances sur
l'avenir et selon le Comte Biver, "il répondait
très fréquemment aux questions avant qu'elles fussent posées, ou il annonçait
tel et tel événement relatifs à une âme: sa conversion imminente, son prochain
appel au service des autels, la nécessité d'agir vite auprès d'elle avant sa
comparution inopinée devant le tribunal de Dieu; mais, seules, les âmes
l'intéressaient."
À ceux qui le questionnaient sur leur avenir ou
sur la fin des temps, il répliquait, parfois vertement: "Notre-Seigneur a dit
dans l'Évangile que ce jour n'était connu de personne, pas même des anges dans
le ciel... Il ne faut jamais bâtir son existence sur des visions, et surtout sur
celles des autres. Dans les choses matérielles, il ne faut connaître que le bon
sens. Et dans les choses spirituelles, il faut encore du bon sens; mais, là,
nous ne saurions nous tromper, ayant les règles infaillibles, que Dieu nous a
tracées." Pourtant, curieusement, ce grand mystique éclairé n'hésitait pas à
dire: "Il faut se défendre de la mystique. Le démon est derrière la Mère de
Dieu (allusion au 9 septembre 1909):
si on laisse passer Celle-ci, on trouve le démon."
2-3-2-Le Père Lamy
connaissait-il l'avenir?
Le Père Lamy,
dès sa plus tendre enfance fut en relations très étroites avec le Seigneur et la
Vierge Marie. Ces relations durèrent tout au cours de sa vie, et, malgré son
extrême discrétion il laissait parfois échapper quelques confidences. Ces
confidences ont une telle actualité qu'il nous semble nécessaire d'en rappeler
quelques-unes, des miettes, comme il disait. Ainsi, parlant de Lucifer
dans le monde: "Il joue son va-tout; il croit la
partie gagnée, en quoi il se trompe." Mais, ajoutait-il,
"on
sentira encore davantage quelle est la délicatesse de bonté de la Très Sainte
Vierge."
Un jour il confia à son ami, le Comte Biver:
"La paix sera rendue au monde, mais je ne verrai
pas cela, et il se passera d'autres choses, dont je ne verrai pas
personnellement la fin. Quand la paix aura été rétablie dans le monde, que de
choses seront changées! La grosse industrie, c'est la guerre. La fabrication des
avions, l'exploitation des mines, le travail du fer, tout cela diminuera. Il n'y
aura plus de ces grandes usines où la moralité dégénère et disparaît. Les
ouvriers seront bien obligés de se rejeter sur la terre. Le travail de la terre
reprendra une grande extension. La terre redeviendra très chère. Quand la paix
sera rendue au monde, l'industrie se ramènera à des proportions moindres et y
restera. Tout s'amoindrira. Ils vont devant l'inévitable; ils y arriveront tout
de même. Ici, la terre a perdu beaucoup de sa valeur et il n'y a plus de bras
pour la culture. Nous avions une jolie vigne: ma sœur a voulu absolument vendre
sa part pour s'en débarrasser. Elle l'a vendue 100 francs! Treize ares pour 100
francs! Aux Archots, j'ai eu l'exemple de 12 ares vendus pour 13 francs; une
autre fois, 13 ares vendus 35 francs. Quand la paix sera rendue au monde, les
terres acquerront plus de valeur qu'elles n'ont. Que les vieux ouvriers
s'entêtent à mourir dans les villes, cela arrivera... Quand Dieu rendra la paix
au monde, il faudra le réévangéliser, et cela sera l'œuvre de toute une
génération... L'état d'âme des premiers chrétiens reviendra, d'ailleurs, mais il
y aura alors si peu d'hommes sur terre! Et il y aura à nouveau une floraison
magnifique des ordres et des congrégations."
2-4-Le Père
Lamy et la Vierge Marie
2-4-1-La
conseillère
Nous avons vu plus haut que le Père Lamy visitait les malades et portait les
sacrements aux mourants même la nuit. Or, nous savons qu'il était devenu presque
aveugle depuis son service militaire. Comment trouvait-il son chemin à travers
les chemins sombres? La Sainte Vierge le guidait et dans les cas difficiles,
elle lui disait: "Vous direz ça et ça." Souvent, il était très mal reçu
par le malade. Alors, il lui disait ça et ça: "C'était un coup de marteau;
l'âme était ouverte. C'étaient des secrets qui touchaient immédiatement le
moribond. Ce n'était pas pour tous. C'était le fruit, soit de leur dévotion à la
Sainte Vierge à un moment, soit à la souffrance de ceux qui les avaient
entourés. L'âme s'ouvrait. Le prêtre n'y était pour rien, le moribond non plus.
C'étaient des faveurs de la Très Sainte Vierge. Au coma, Dieu donne
personnellement. Ce n'est pas en vain qu'il a souffert: il puise dans le trésor
de ses souffrances..." Le Père Lamy disait parfois:
"Il y a bien des curés qui, à l'heure de la mort, seront bien étrillés!... La
responsabilité des âmes est énorme. Chaque âme a coûté le sang de Son divin
Fils. Aucune, comme Elle, n'a compris le sacrifice de la croix. Nous ne le
comprenons pas..."
2-4-2-L'apparition de Gray le 9 septembre 1909. Une messe en compagnie de Marie
C'était le 9 septembre 1909. Le Père Lamy était venu à Gray, comme chaque année,
rencontrer le curé de Violot. Il se souvient et raconte au Comte de Biver: "J'ai
commencé ma messe. L'abbé Lemoine était dans l'intérieur de la chapelle, à
droite, sur le prie-Dieu qui est encore là. La Très Sainte Vierge s'est montrée
à moi brusquement, et en même temps qu'Elle le démon. Cela m'a causé une émotion
extrême. Je me doutais bien, mais je n'osais pas croire à cause de mon
indignité, que je me trouvais en face de la Très Sainte Vierge. Cela me
dépassait tellement! La Très Sainte Vierge est descendue de la voûte, assise
dans une grande gloire, tout doucement, tout doucement. Elle était comme dans un
foyer. Sa gloire pénétrait tout peu à peu: les bougies, le calice, l'autel, les
ornements sacerdotaux et moi-même, comme le soleil pénètre le verre, l'eau.
Jusqu'où va la gloire? Il faut savoir ce qu'est la gloire de Dieu en considérant
celle qu'il donne à la plus chère de ses créatures. C'était tel qu'un soleil; je
n'ai pas vu ses extrémités. Elle descendait de la voûte comme cela, les mains
jointes. Elle avait un petit sourire avant d'élever la voix. Quand Elle a
décroisé ses mains, cela a fait comme un remous autour d'Elle...
Je
restais toujours au Dominus vobiscum. Si j'avais osé, je me serais précipité
dans la sacristie, si je n'avais été à l'autel. Quand je regarde le curé de
Violot, il met ses deux mains sur sa figure, et sa figure dans son livre, et se
penche tout sur son prie-Dieu... Elle causait, Elle m'interpellait: je n'osais
pas Lui répondre. Elle se lève. Elle était d'une taille médiocre. Au mouvement
qu'Elle fait, il se produit tout un remous de paillettes lumineuses. Sa couronne
n'est apparue que quand Elle s'est mise debout. Ses pieds étaient à peu près à
la hauteur de ces chaises. Elle reste un peu au-dessus du sol. De la main
droite, Elle m'a fait signe très maternellement: 'Continuez', pour me rendre
courage. Je me suis dit en moi-même: 'Si vous êtes la Très Sainte Vierge,
faites-le voir.' Elle me dit: 'Je suis la Mère de Dieu.' Quand Elle m'a dit: 'Je
suis la Mère de Dieu', très doucement, j'ai eu en moi comme un effondrement. De
La voir ainsi, sans préparation! Je ne doutais pas de la parole de la Mère de
Dieu. Je L'ai crue; mais Elle venait en pauvre compagnie (en compagnie du démon)!...
Je La voyais
reflétée sur la glace devant moi, dans le canon d'autel. L'entretien a continué,
et, pour ne pas causer une interruption trop longue, Elle m'a fait signe de
faire la lecture de l'épître.
Le petit
servant a dit: 'C'est la Sainte Vierge, Monsieur l'Abbé?' tout en prenant le
livre du côté de l'épître pour le porter du côté de l'Évangile. Je lui ai
répondu à voix basse: 'Ne dis rien! Tu La ferais partir!' Elle l'a regardé avec
une tendresse maternelle. Elle s'est reculée, l'a laissé passer, et Elle a
repris Sa place au milieu de l'autel. Quand j'ai dit le Munda cor meum, Elle a
quitté le milieu de l'autel et s'est dirigée du côté de l'Évangile."
Le Père Lamy continue le récit de cette messe hors du commun:
"Après l'Évangile, le prêtre
est revenu dire le Credo. Elle a repris Sa place à côté du prêtre, presque
devant le livre. Elle l'a laissé commencer le Credo; à l'Incarnatus est, Elle
s'est inclinée, semblant dire: 'C'est comme ça'. Au Sub Pontia Pilato, Elle a
tendu ses mains fermées au-dessus de l'autel, en crispant ses poings dans un
geste de grande douleur. Elle avait les bras tout à côté de moi (et le Père
montre la distance d'une dizaine de centimètres). J'étais tellement ému que je
me suis trompé. J'ai bafouillé. Quand Elle a vu que je n'en sortais plus, Elle a
continué le Credo comme si Elle disait la messe. Ça m'avait donné une telle
secousse! Elle m'a remis où j'en étais resté, bien tranquillement (souriant):
Elle sait bien ses prières...
Aux Mementos
Elle recommanda au prêtre de demander davantage: il y a abondance et
surabondance pour donner...
Le prêtre a alors recommandé sa paroisse à la Très Sainte Vierge qui l'a, plus
tard, protégée d'une façon très particulière pendant la guerre, surtout le jour
de l'explosion.
Ensuite, poursuit le narrateur, "la Très
Sainte Vierge annonça la guerre, me parla maternellement de mon enfance, fonda
le pèlerinage de Notre-Dame des Bois, me dit qu'Elle désirait une congrégation
nouvelle, Elle condamna avec grande énergie le modernisme, traita différents
sujets, me défendant contre Lucifer."
Suit une
description détaillée de la Vierge Marie, puis le récit de la messe continue,
accompagné de prédictions concernant la guerre: peut-être celle de 1914-1918,
relativement proche. Enfin la Vierge Marie demanda la création d'un nouveau
centre de pèlerinage: celui de Notre-Dame des Bois: "Le bois est apparu.
La Vierge dit:
'Ils n'ont rien dans ces contrées; ils n'ont pas de pèlerinage.' Lucifer lui a
dit: 'Vous vous appelez déjà Notre-Dame de Lourdes... vous vous appellerez
Notre-Dame des Bois.' Elle a tourné légèrement la tête. J'ai suivi la direction
et Elle m'a montré la baraque. J'ai vu la baraque, j'ai vu la statuette. Elle
l'aura peut-être choisie à cause de ses gestes. La Vierge étend son manteau pour
nous protéger et l'Enfant bénit la terre, sur laquelle il n'y a plus de croix.
Tout à ce moment, Elle s'est reculée un peu de l'autel: c'était pour laisser
passer l'enfant
avec le livre."
Le Père Lamy reconnaît le bois, situé à près de 40 km du lieu où il se trouvait:
"Il y a bien des années que je n'étais allé au Bois-Guyotte, mais je l'ai
reconnu tout de suite." Le Père Lamy parle ensuite des monastère dont
beaucoup, à l'époque, était menacés d'expulsion, ou déjà chassés. Après une
description détaillée de certains monastères, il ajoute:
"La dispersion des congrégations était un
châtiment plus pour le peuple que pour les individus. Elle m'a montré tous les
monastères de France dans les temps passés et dans les temps futurs, avec leurs
habitants."
Le Père Lamy semble voir sa future fondation: "Ce qui m'a intéressé, c'est de
voir naître et grandir l’Oeuvre. Je serai une pierre de la fondation." Puis
la Sainte Vierge s'intéresse à la vie du Père Lamy:
"Elle causait avec moi, et me faisait un rendement
de comptes de ma vie journalière jusques et y compris le Sub tuum terminant la
prière du soir, qui n'était pas souvent bien récité... Elle a repassé mon
existence. La Très Sainte Vierge m'a expliqué toute mon enfance. Elle m'a parlé
de l'incendie de notre maison. Elle m'a dit qui l'a allumé. Elle m'a parlé aussi
de la Médaille Miraculeuse. la Sainte Vierge est autour de nous! Elle veille sur
nous, Elle nous protège, Elle nous défend! Enfin, au service, j'étais si fatigué
que je serais tombé malade si la Très Sainte Vierge n'avait veillé sur moi. Elle
m'a encore parlé de Troyes, de Saint-Ouen. Elle a encore dit sur Le Pailly, mais
je ne dirai rien sur Le Pailly."
Importance du
chapelet
Tous ceux qui
avaient connu le Père Lamy savaient qu'il priait sans cesse le chapelet. Il
disait: "Quand vous circulez en récitant le
Rosaire, vous n'avez rien à craindre. Vous pouvez circuler en toute confiance.
On ne craint rien en le récitant. La Très Sainte Vierge enverrait quelques-uns
de Ses anges –Elle en a tant!– pour nous protéger, s'il y avait péril." La
Vierge Marie lui dit aussi "qu'elle
donnait autant de joie aux âmes qui sont sur la terre en train de méditer les
saints mystères du chapelet qu'aux saints qui sont au Ciel."
Comme pour confirmer ces paroles, la Vierge elle-même, à Gray, se présente avec
un chapelet: "Sur la poitrine de la
Vierge m'est apparu un chapelet avec les Pater et les Ave, dont les grains
ressemblaient à des perles blanches... En dessous, comme s'il y avait une petite
plaie ouverte à l'endroit du cœur, sortaient, à chaque instant, une flamme rouge
et une flamme verte qui montaient et qui marquaient Sa respiration, et ce détail
m'a profondément touché, m'a rendu bien reconnaissant. Le chapelet est le
symbole de la Foi; une flamme rouge c'était la Charité ; une flamme verte,
c'était l'Espérance. La flamme montait et s'éteignait, montait et s'éteignait.
Je compris que la prière en union avec la Très Sainte Vierge avait un grand
pouvoir sur le cœur de Dieu. la Très Sainte Vierge a voulu montrer combien Elle
est attachée à la prière du chapelet..."
L'apparition va maintenant s'achever: "Une conversation très vive s'engagea
entre Elle et Lucifer. Elle me parla de ma mort, me promit son assistance, et
dit au démon: 'Maintenant que nous n'avons plus rien à faire ici, partons.'
Lucifer disparut le premier, et comme je La regardais avec beaucoup de respect
et d'attention, j'ai dû cligner des yeux. Le clignotement fini, il n'y avait
plus personne. La chapelle était devenue d'un sombre! Ils étaient l'un et
l'autre du côté de l'Évangile." Le Père poursuit:
"L'interruption apportée à la messe a été longue.
Je ne saurais préciser combien elle a duré. Elle a disparu, et son divin Fils
est apparu ensuite à la consécration. Il m'a dit simplement: 'Dans un an d'ici.'
Il m'est réapparu, en effet, ainsi, un an après, jour pour jour."
Et plus
tard...
"Que de
sentiments m'assiègent quand je me retrouve devant cette chapelle! Quand je
redis la messe en cet endroit où j'ai été tellement favorisé! À l'autel, tout me
revient à la mémoire, comme si j'y étais encore. Cela a été surprenant,
effrayant, attirant et réconfortant tout à la fois. Oui, chacun de ces quatre
qualificatifs me paraît approprié. Je me retournais pour lire l'oraison: je
reste stupéfait... Oh ! Quels sentiments! Surtout quand ils ont parlé... À Gray,
je ne puis pas dire que j'aie saisi la portée de tout immédiatement. J'écoutais
avec la plus grande attention ce que disait la Sainte Vierge, et après, j'ai
essayé de classer ces choses dans mon esprit. J'étais aussi tout abasourdi par
la révélation qu'Elle me faisait d'une guerre imminente. J'ai pris part à la
peine qu'Elle exprimait. Si on L'avait écoutée, la guerre ne serait pas arrivée.
Elle demandait des pénitences, le retour à Dieu. Mais personne n'a fait la
commission!...
Je crois
l'avoir dit à La Courneuve, l'avoir dit assez. Je le répétais tout le temps,
tous les dimanches. Les gens disaient: 'C'est un brave homme, mais il est
toujours avec la guerre, et il faut faire ceci et faire cela! C'est sa marotte.'
Ils disaient simplement que j'étais toqué. Ils se disaient: 'Il l'a dit, il l'a
dit encore, et tu verras, il le dira dimanche.' Après, on m'a dit:
— Ah
! Si nous avions su!
— Mais
je vous l'avais assez dit!
— Nous
ne vous avons pas cru."
2-4-3-Les
visites de Marie à La Courneuve
Le Père Lamy continue le récit de sa vie au Comte de Biver.
"La Très Sainte Vierge est venue le 18 mai 1912
avec saint Lucien (patron de l'église) et des saints que j'ai connus et
quelques-uns d'entre eux avec lesquels j'avais habité, que j'avais connus de
longues années."
Le prêtre était alors en train de nettoyer son église qui était très sale après
deux fêtes. "Je venais d'apercevoir de
vieux journaux traînant par terre, et je m'étais mis à les ramasser. C'étaient
des gamins qui les avaient laissés là, et je me disais: ‘Ils sont
insupportables!’ J'étais à quatre pattes pour ramasser ces papiers. La Très
Sainte Vierge était là, au milieu des saints, et moi dans cette belle position.
Elle dit aux saints qui l'environnaient: ‘Tenez! Regardez-le, le voilà, c'est
lui.' J'ai piqué un fard. Je ne savais où me mettre; j'aurais voulu rentrer sous
terre. J'ai enlevé ma barrette; mais, pour le tablier (gesticulant), je tirais
sur les cordons, et plus je tirais, plus je serrais. Il y a une espèce
d'attraction quand Elle est là. Je sentais bien que c'était pitoyable. ‘Tenez,
le voilà tout rouge!' a-t-Elle dit aux saints en voyant que je me démenais. Je
me suis dit, mais plus tard: ’Le ciel n'est pas le pays de la bile.’ Elle saisit
toutes les nuances. Elle a voulu me montrer qu'Elle n'était pas blessée de me
voir avec un chiffon épouvantable…
Mais la Vierge
Marie aime que le travail soit bien fait: Elle est bonne, très bonne, mais Elle
aime bien que ce qu'on fait soit fait. Elle reprend bien maternellement, mais
Elle a montré par Son regard.. Si j'étais passé une heure auparavant, Elle
n'aurait pas vu ça... Son regard s'est arrêté sur les taches de cire, sur l'eau
des vases et le fond des vases, et sur la terre qui avait coulé des pots de
fleurs et se trouvait sur les gradins. Elle sait montrer, et tout devient clair
là où s'arrête Son regard…
La Très Sainte
Vierge était en arrière du tabernacle, Sa figure allant jusqu'au front de la
statue, à peu près. Il y a de la place en arrière du tabernacle. Quand Elle a
voulu rentrer dans le chœur, Elle est passée devant (le tabernacle), a marché
sur l'autel et est passée par le mur, et là, a disparu immédiatement. Elle a
retourné encore la tête pour me reparler en partant, au dernier moment. Elle
marchait en l'air, à mi-hauteur du tabernacle. Elle marche toujours en l'air: je
ne lui ai jamais vu toucher terre."
La Vierge au
doux sourire
Le père Lamy avait fait acheter 3.000 mètres carrés environ de terrain à La
Courneuve pour faire construire une nouvelle église, qui fût plus centrale que
l’autre. N’ayant pu réaliser ses desseins, il établit un joli bosquet, et il
voulut y dresser une statue de la Sainte Vierge. Pendant l’installation de la
statue, il recula de quelques pas pour juger de l’effet. Il raconte:
"Je me suis reculé d'un pas, pour juger de
l'effet. Justement, le soleil couchant éclairait un peu. Je vois la Sainte
Vierge devant la statue, entre la statue et moi, qui me regardait très
maternellement, en souriant. C'est pourquoi, j'ai appelé cette statue la Vierge
au Doux Sourire... Elle n'a rien dit ce jour-là. Je L'ai regardée: j'étais
saisi. Elle s'est mise entre l'image, et moi…"
Été 1913 ou
1914
"C'était dans
l'église de La Courneuve en 1913 ou 1914, pendant l'été, un dimanche avant les
vêpres. Je La sentais présente pendant la récitation du chapelet… Sa Présence se
sent bien. Elle est pour l'âme comme le parfum est pour le corps: on ne s'y
trompe pas."
2-4-4-Le Père
Lamy parle de la Personne de la Vierge Marie
Quand le Père Lamy parle de ses relations avec la Vierge Marie, il reste
toujours évasif, car "il y a des lumières qui sont intimes: il faut les
garder. On ne peut dire ces choses-là à l'extérieur... Ce sont des faveurs
gratuites, imméritées." Pourtant il va tenter de la décrire:
"La Très Sainte Vierge est vêtue de bleu foncé avec un voile blanc; mais, quand
Elle remonte au ciel, Elle semble revêtir un vêtement blanc. On croirait qu'Elle
dépouille Son habit bleu; il semble blanchir au moment où Elle disparaît.
Catherine Emmerich lui donne soixante-quatre ans; je la crois un peu plus
vieille: soixante-six... Elle est belle au suprême degré... Quand Elle est en
face de Son Fils, Elle rayonne d'amour. La Sainte Vierge a la parole un peu plus
rapide que Lui.
Son
Immaculée-Conception est, de la part de Dieu, une faveur gratuite. Elle le sait
bien. Mais, comment rendre la bonté et la condescendance de la Sainte Vierge
dans ses paroles? Tout ce que je répète semble déformé quand ce n'est plus dans
Sa bouche... Dans la Sainte Vierge, la joie surabonde. Elle a la plénitude des
joies du ciel. Essayer de définir sa joie est pour moi l'impossible. Il faudrait
un bon théologien, et encore! La Sainte Vierge dit: 'Je donne toujours.'... Elle
est infiniment bonne, mais ne nous passe rien. Je ne L'ai jamais vu faire de
compliments, mais plutôt des reproches maternels. Qu'est-ce qu'Elle peut louer
dans un homme? Le démon est capable de faire des compliments: 'Vous serez comme
des dieux!' De pauvres dieux et de tristes dieux! Elle semble dire: 'Regardez ce
que vous avez coûté à mon Fils! Et pour quelles bêtises vous faites des
péchés!'... Elle nous écoute tous, mais Elle a une prédilection pour la prière
humble et confiante des petits... Elle me disait un jour: 'Ils veulent me faire
travailler la matière: ils n'ont plus que cela!' Elle ne se perd pas dans les
prières compliquées quand Elle prie Notre-Seigneur. Elle dit: 'Jésus!' ou bien
'Mon Fils!'' Il lui dit : 'Mère!' Ils se sont compris.
Je comprends
que le diable La redoute, car Elle sait attirer la miséricorde de Dieu sur
presque rien. Ce qui importe, c'est de prier. La Sainte Vierge offre nos prières
à Dieu. Elle les embellit; Elle en fait quelque chose de plaisant. Elle les
dore, même quand ce n'est qu'une misérable ferraille. Elle sera la patronne de
la Congrégation:
j'espère qu'Elle maintiendra les âmes tout en blanc. On y met les corps
(souriant): qu'Elle y mette les âmes!... Elle aime qu'on La prie avec confiance
et qu'on La laisse faire à sa manière. Quand on demande un miracle à la Très
Sainte Vierge, et qu'Elle vous le refuse, Elle dit pourquoi: c'est que le vœu
est en contradiction avec les décrets de Dieu."
2-4-5-
Le Père Lamy parle des anges
Parlant de la Vierge Marie, le Père Lamy est comme obligé de mentionner les
anges. Ainsi, dit-il, "La protection des saints anges sur les habitants de la
Courneuve était remarquable. Et moi, dans combien de circonstances m'ont-ils
aidé, par leur lumière, à La Courneuve! Ils s'illuminaient, et, presque aveugle,
je portais les derniers sacrements par les chemins les plus sombres..." Le
Père Lamy allait même jusqu'à les décrire:
"Les anges sont bien mieux comme apparence que la Sainte Vierge. Avec ces beaux
reflets, qui changent incessamment de place sur leurs vêtements blancs, ils ont
l'air de brillants officiers autour d'Elle, si simple. Je parle de la Très
Sainte Vierge indépendamment de Sa lumière. Quand Elle se montre dans ce que je
pourrais appeler Sa grande gloire, Elle est un peu effrayante, car le soleil
n'est qu'une lumière à côté. Ce que je disais, c'est quand Elle conserve
seulement Sa petite gloire... Avec quelle simplicité et quelle affection les
anges L'entourent! Dieu Lui en a donné des milliers et des milliers. Elle les
connaît tous par leur nom. Eux ne La connaissent que sous un nom: 'Reine'.
Chacun d'eux a sa physionomie particulière, mais tous sont aussi beaux. Les
anges L'appellent 'Reine' d'un ton très respectueux, et quand Elle s'adresse à
l'Archange, Elle lui dit tout simplement: 'Gabriel', d'un ton très maternel.
Elle considère les anges avec un regard doux et direct."
Et voici un bon conseil: "Nous ne
donnons pas aux anges l'importance qu'ils ont; nous ne les prions pas assez! Les
anges sont très touchés quand nous les prions. Il y a une grande utilité à prier
les anges."
Et encore: Nos anges gardiens, nous ne
les prions pas suffisamment... Leur miséricorde est bien grande à notre égard,
et souvent nous ne l'utilisons pas assez. Ils nous regardent comme de petits
frères indigents; leur bonté à notre égard est extrême. Nous ne recourons pas
assez aux saints anges; ils sont là; on les laisse tranquilles. On ne les
dérange pas assez..."
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