LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

Quatrième partie

Méditations préparatoires à la Grande Passion du Christ

12
J’ai soif !
Jésus a soif de nous

Jésus est sur la Croix et Jésus va mourir. Durant toute sa Passion, Il n’a pensé qu’aux autres: à son peuple égaré, à sa patrie aveuglée, aux femmes de Jérusalem, à sa Mère, à Saint Jean, au Bon Larron... Il a pensé à son Père aussi, à son Père dont Il accomplissait la sainte Volonté, cette Volonté terrible dont Il a tout accompli jusqu’aux moindres détails : “Père, tout est accompli !”

Tout est accompli et Jésus peut mourir... Ce sera fait dans quelques minutes.

Jusqu’à présent Jésus s’est tu, Jésus ne s’est jamais plaint. Pourtant, juste au moment de retourner au Père, de Lui rendre l’Esprit, Jésus, qui a tout accompli de la volonté du Père, Jésus prononce deux plaintes : “J’ai soif !” et “Père, pourquoi m’as-Tu abandonné ?”

Jésus a soif, une atroce soif physique, mais aussi une intense soif de notre salut et des âmes pour qui Il agonise et meurt sur la Croix.

Jésus appelle le Père qui semble L’avoir abandonné afin de rendre sa souffrance plus totale et son sacrifice plus parfait. Car il fallait que Jésus connût jusqu’à l’horreur de nos désespoirs, l’horreur de l’absence de Dieu.

Jésus va mourir, Jésus meurt... Dans quelques secondes son âme aura quitté son Corps meurtri, blessé, torturé, disloqué, écartelé, martyrisé jusque dans ses fibres les plus profondes. Son Cœur pourra s’ouvrir et nous donner l’Amour, et nous donner l’Esprit. Jésus meurt... dans son déchirant silence. La terre et la nature se taisent et pleurent. Même ses ennemis baissent le ton de leur voix et ne ricanent plus. Jésus meurt. C’est la neuvième heure, il fait nuit... Tout se tait...

Tout se tait, quand soudain...

Jésus va mourir... Mais avant que son âme ne quitte complètement sa nature humaine, avant que la nature hurle sa douleur dans un effroyable tremblement de terre doublé d’un foudroyant orage, Jésus  lance sa première plainte : “J’ai soif !”

Jésus ! Vous êtes sur la Croix, et nous contemplons votre bonté, votre immense bonté, et encore une fois, nous ne comprenons pas. Nous sommes près de Vous au pied de votre Croix, et nous entendons votre appel : ”J’ai soif !” Et, sans savoir pourquoi, nous pensons encore une fois à notre monde d’aujourd’hui, celui qui Vous fit tant souffrir durant votre Agonie.

Jésus! à Gethsémani, Vous aussi Vous les voyiez tous ces hommes des XXe et XXIe siècles. Vous les voyiez ces millions de martyrs victimes des totalitarismes sauvages. Vous les voyiez tous ceux-là qui ont eu le courage de témoigner de leur foi... A côté de ces géants, nos contemporains, nous nous sentons tellement petits et misérables, nous qui sommes si pleins de respect humain! Alors que nous ne craignons rien...

Vous les voyiez, aussi, Jésus, tous ces peuples qui Vous oubliaient, qui ne pensaient plus à Vous, perdus qu’ils étaient dans leur confort et leurs richesses matérielles. Mais Vous, Vous voyiez leur pauvreté spirituelle, notre pauvreté, notre misère...

Jésus ! Vous aviez soif de nous, de nous tous, Vous connaissiez nos misères, nos faiblesses, nos lâchetés. Vous saviez que vos enfants étaient comme pris dans de monstrueux filets, piégés dans des corridors sans issue, enfermés dans des prisons qui ne disaient pas leur nom, mais qui étaient pires que des bagnes.

Vous les voyiez tous nos contemporains, les hommes de notre temps, égarés par des doctrines perverses... Seuls les saints ont su résister... Jésus, Vous nous voyiez dans nos misères, et Vous aviez soif de nous, et nous ne le savions pas. Et si nous le savions, nous ne savions pas comment nous extraire des rets englués et perfides.

Jésus ! Vous aviez soif de nous ! Votre Cœur était tellement meurtri, tellement triste, tellement douloureux... Mais Vous nous aimiez toujours: c’est pour nous d’ailleurs que Vous étiez venus sur la terre. C’est pour nous que Vous expiriez là, sur la Croix.

Jésus, nous Vous contemplons. Nous ne savons pas comprendre l’immensité de votre Amour, de votre bonté. Nous sommes près de Vous, Jésus, et en Vous contemplant nous comprenons soudain votre soif.

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