
Méditations
préparatoires à la Grande Passion du Christ

11
Avec un grand cri...
Le
cri de ta douleur
On
a beaucoup épilogué sur ce cri. On lui a fait dire beaucoup de choses. En
fait,
quand Jésus a remis
son âme entre les mains du Père, quand l’âme de Jésus, dont la volonté
est restée fidèle jusqu’au bout à la Volonté du Père, est sur le point de
quitter son Corps, alors, son corps humain, ce lambeau de corps humain qui
n’est plus soutenu par une volonté divine, ce corps qui est en train de
mourir dans les pires souffrances qu’on puisse imaginer, ce corps va
brusquement se détendre et crier sa douleur et sa détresse infinies.
Jésus
qui meurt ne peut plus retenir sa douleur humaine et un grand cri s’exhale.
Que crie-t-il : “Maman !...”
comme crient tous ceux qui vont mourir, qui meurent dans de grandes douleurs,
dans un délaissement total ?
Ou
bien crie-t-il : “Abba !
Papa, pourquoi m‘as-tu ainsi délaissé, ainsi abandonné ?” Comme
nous comprenons ces paroles, nous dont la plus grande douleur est de n’être
pas aimés, ou plutôt de croire que nous ne sommes pas aimés, que nous sommes
abandonnés, laissés seuls avec notre détresse.
Jésus
a-t-il, au contraire, encore pensé à nous et permis le jaillissement de ce
cri, dans la détente de son corps torturé ? “J’ai soif! soif de vous
qui ne me comprenez pas, soif de vous qui ne voulez pas vous sauver, soif de
vous qui refusez l’amour de l’Amour.” Jésus voulait-Il nous montrer
qu’Il nous aimait, tous, jusque là, jusqu’à ce grand cri ?
Quel
qu’il soit, ce grand cri de Jésus a glacé d’effroi l’univers tout
entier. Ce grand cri de Jésus a transpercé les cœurs, a fait frémir le
monde, a traversé les siècles. Le voici parmi nous. Et le voici chez nous, ce
grand cri de Jésus, ce cri de la détresse humaine, de la misère humaine.
Entendez-vous
ce cri terrible qui traverse les siècles ? Entendez-vous ce cri de Jésus
qui rencontre le cri de l’agonie des hommes ? Entendez-vous ce cri des
peuples affamés ? Entendez-vous ce cri des enfants sans pasteur ?...
Entendez-vous l’appel des victimes des guerres, des femmes abandonnées, des
enfants qu’on égorge ?...
Entendez-vous
le cri des hommes qui cherchent Dieu, qui courent après Dieu qu’on leur
cache. Entendez-vous le cri des mondes déchirés, des mondes assoiffés, des
peuples sans travail, ou de ceux écrasés par de lourdes richesses, richesses
insupportables car fabriquées avec le sang des pauvres ? Entendez-vous le
cri de ceux qui cherchent Dieu ? Entendez-vous ce cri, ce grand cri de Jésus ?
Entendez-vous ? Entendez-vous ?...
Le
grand cri de Jésus a traversé les mondes, a traversé les siècles. Nous
l’entendons encore: il est là, dans nos cœurs et dans le cœur de tous les
hommes...
Jésus,
nous entendons ton cri, ton grand cri de ta mort. Mais ton cri de détresse,
c’est le cri de ta gloire.
Jésus,
nous entendons toujours ton cri, ton grand cri de détresse, ton grand cri de
l’Amour qui nous cherche, de l’Amour qui aujourd’hui se meurt...
Jésus,
nous entendons toujours ton grand Cri qui accompagna ton retour vers le Père.
Mais maintenant ton grand cri sonne pour nous comme un cri de victoire, comme un
grand cri de gloire... Car ton grand cri, Jésus, c’est ton cri de triomphe,
c’est le cri de ta gloire, le cri de ta victoire: ta victoire sur le mal, ta
victoire sur Satan. Ton cri est glorieux, Jésus, car, dans sa douleur immense
il annonce déjà le jour de ta Résurrection. Non, Jésus n’est pas mort, Jésus
vit toujours, Jésus est toujours là...
Jésus,
nous entendons toujours ton cri, ton grand cri, le grand cri de ta gloire, le
cri de ta victoire. Ton cri est glorieux, Jésus, car il annonce aussi ton
retour parmi nous, ton retour dans la Gloire. Grande est ta Victoire, ô Croix
de Jésus-Christ !


|