LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

Quatrième partie

Méditations préparatoires à la Grande Passion du Christ

10
Tu es libre
“On ne prend pas ma vie, c’est Moi qui la donne”
Méditation sur la Passion

Contemplons Jésus et admirons sa liberté souveraine quand, son Heure étant venue, Il doit quitter sa sainte Maman pour commencer sa Mission. Jésus est souverainement libre: Il sait que la Maman souffre de voir partir Celui qu’elle aime plus que tout. Et Jésus souffre de la voir souffrir, mais Il est libre, Jésus, complètement libre des attaches humaines. Seule la volonté du Père compte pour Lui, la volonté du Père qui est aussi la sienne puisque le Père et Lui ne sont qu’UN.

Contemplons Jésus et admirons sa liberté souveraine face à Satan, lors des grandes tentations qui ouvrent sa vie publique. Les concupiscences humaines n’ont aucune prise sur Lui qui est la liberté souveraine... Tout au long de sa vie publique, Jésus restera souverainement libre, toujours uni au Père, toujours en contact avec le Père, car Il est Dieu tout en étant vrai homme.

Contemplons Jésus, souverainement libre, vrai Dieu et vrai homme, toujours uni au Père dans la joie de l’Esprit. Contemplons Jésus, Un avec le Père et l’Esprit-Saint, l’Esprit d’Amour qui guide sa vie et L’accompagne toujours.

Contemplons, Jésus, Homme-Dieu, Un avec le Père, toujours uni au Père qu’Il retrouve chaque jour dans ses longues prières amoureuses. Sa Passion, sa longue Passion est commencée depuis le jour de sa naissance, mais le Père ne L’abandonne jamais, et l’Esprit d’Amour est le pain de son âme.

La Passion de Jésus est commencée depuis longtemps, mais le Père Le soutient et L’accompagne tout au long de son douloureux chemin, à cause des hommes qui ont tant de mal à accepter son Amour. Sa Passion est commencée depuis longtemps, mais Jésus n’est jamais seul puisqu’Il est toujours dans la Trinité. Et son bonheur de Fils de Dieu uni au Père et à l’Esprit, est toujours son bonheur de la Trinité hors de la Création donc hors du temps...

Contemplons Jésus, heureux dans sa mission déjà si douloureuse. Il est heureux car le Père ne L’abandonnera jamais, ne peut pas L’abandonner. Nous contemplons Jésus, avec amour, sur les chemins de sa vie publique, et soudain...

Soudain nous sommes avec Lui à Gethsémani, soudain nous sommes avec  Jésus au pied de la Croix. Jésus, que s’est-il passé? Nous regardons Jésus et nous ne comprenons plus.

Nous regardons Jésus à Gethsémani; pour la première fois, il nous paraît, à nous, qu’il y ait comme une divergence entre la volonté du Père et la sienne. Jésus prie avec insistance: “Non Père, pas ça! Non Père, pas ces multitudes qui refusent notre Amour. Pas ces hommes qui préfèrent la haine à l’Amour. Pas ces millions de martyrs, pas ces enfants qu’on scandalise, pas ces prêtres qui trahissent, pas ces apostats qui me tournent le dos, ces chrétiens qui ne veulent plus l’être. Et ces guerres, et ces tortures, et ces tueries, et ces camps de la mort. Et le péché qui semble victorieux... Non Père, pas çà! Pas ces pauvres êtres qui se damnent, qui courent à leur perte, Non Père, pas le triomphe de Satan. Non!”

Voici que nous n’osons plus regarder Jésus; nous sommes comme atterrés, pétrifiés. Nous voyons sa sueur abondante. Nous la voyons qui rosit, qui rougit: c’est du sang... Jésus semble s’effondrer, ses forces L’abandonnent: “Père, pourquoi?”

Jésus, nous sommes pétrifiés: où est allée ta divinité, le Verbe de Dieu qui est en Toi, qui est Toi? Jésus, où sont tes amis? Tu es soudain si seul...

Mais voici que Jésus se redresse, d’abord difficilement, puis d’une manière plus assurée: “Oui! Père... Que ta volonté soit faite!”

L’Ange de sa douleur Lui apporte la coupe de sa consolation. Nous ne savons pas ce qu’elle contient, mais Jésus se lève... Jésus se lève, de nouveau plein de vigueur, pour affronter le traître qui approche.

Et maintenant, Jésus, nous voici au pied de la Croix. Tu vas mourir. Tu as obéi au Père, Tu as fait sa volonté, librement. Tout est accompli. Seule subsiste ta soif, ta soif de nos âmes. Tu voudrais nous sauver tous mais... Et, depuis quelques heures déjà, le Père n’est plus là. Et l’Esprit, où est-il?

Jésus, nous sommes avec Toi, au pied de ta Croix, tristes à en mourir. Ce mystère de la Croix nous dépasse, il est trop grand, trop lourd pour nous.

Jésus, Tu as fait toute la volonté du Père, Tu as accepté, sans jamais Te plaindre, sans un mot, toutes les souffrances qui T’ont été infligées. Tu as tout supporté, Tu as été conduit à l’abattoir comme un agneau, Tu as été immolé, comme l’Agneau pascal. Jésus, le Père devrait être pleinement satisfait: le Corps mystique est réparé. Alors, Jésus, alors, pourquoi ce cri: “Père, pourquoi m’as-Tu abandonné?”

Jésus, Tu devais prendre toutes nos peines, toutes nos souffrances, toutes nos douleurs. Tu devais tout prendre sur Toi pour tout sauver, mais il fallait que ce soit l’Homme, l’homme qui avait péché, il fallait que l’Homme seul répare. Dieu n’avait rien à réparer. Dieu n’avait pas à souffrir, seul l’homme devait assumer les conséquences de ses péchés. Et l’Homme qui avait pris sur Lui tous les péchés du monde devait aussi connaître la peine suprême, la peine du dam, la privation de Dieu.

Contemplons encore Jésus et admirons sa liberté souveraine. Il a fait toute la volonté du Père qui voulait que le Fils Bien-Aimé  prenne sur Lui tous les péchés du monde pour réparer l’offense mortelle. Le Père voulait que l’Innocent se fasse “péché” pour nous sauver, pour nous délivrer de tous nos péchés...

Mais le Père a horreur du péché, ce non-amour. Le Père ne peut supporter le péché et Il fuit le péché qu’Il rejette... Or Jésus, librement, par Amour, s’est fait non-amour. Librement, pour obéir à la volonté du Père, Il s’est fait péché pour nous délivrer du péché... Et le Père qui ne supporte pas le péché, le Père rejette Celui qui porte le péché du monde...

Jésus, Tu es Amour, Tu es obéissance, Tu es UN avec le Père, et parce que Tu as aimé le Père, parce que Tu as obéi, parce que Tu as accompli toute la volonté du Père, absolument toute la volonté du Père, le Père maintenant Te rejette, le Père T’abandonne...

Les hommes ne pouvaient être sauvés que par l’Homme, que par le Fils de l’Homme. Il fallait donc que la Passion soit subie par l’Homme, il fallait que la souffrance du Rédempteur soit une souffrance humaine. Il fallait qu’au moment de la mort de Jésus, ce soit un homme qui meure, un homme portant tous les péchés du monde, il fallait que sa nature humaine, portant les péchés du monde, soit seule face au désespoir qui saisit celui qui refuse Dieu. Il fallait que Jésus, l’Homme, connaisse l’horreur de l’abandon de Dieu.

Seigneur, notre méditation devient repentir. Nous avons beau nous dire: il fallait, il fallait... nous ne pouvons plus supporter l’horreur de la passion. Nous sommes dépassés, submergés par l’immensité d’un tel mystère...  Nous ne comprenons plus rien. Et pourtant nous restons là, comme anéantis, aux pieds de Jésus.

Nous contemplons Jésus, muets, adorants. Nous voyons mourir l’Innocent parce que nous sommes coupables. Nous voyons mourir la Vie parce nous avons flirté avec la mort, la mort éternelle. Nous voyons mourir Jésus, dans le désespoir, parce que nous refusions l’espérance. Nous voyons Jésus, abandonné de tous, même du Père; nous Le voyons appelant le Père qui se tait, nous Le voyons méprisé, délaissé, trahi, oublié, torturé, crucifié... Jésus va mourir... Jésus va mourir d’amour à cause de nos refus d’amour.

Jésus, Tu es attaché à la Croix. Tu ne peux plus quitter la Croix, Tu es le libre prisonnier de la Croix, Tu es le prisonnier des pécheurs. Jésus, Tu ne peux plus rien faire, Tu es lié à la Croix et Tu vas mourir... et le Père Te rejette, et ta souffrance est plus vaste que le monde, mais tout est accompli.

Jésus, tout est accompli! Tu as pris dans ton Cœur la volonté du Père pour la faire tienne, pour qu’elle devienne, librement, ta volonté à Toi. Jésus. Tu as fait tienne la volonté du Père pour Lui en faire l’hommage libre de ton Amour, l’Amour du Fils pour le Père.

Jésus, Tu es attaché à la Croix. Librement Tu T’es laissé clouer sur la Croix. Autour de Toi, à part quelques élus, il n’y a que de la haine, il n’y a que des prisonniers du péché, des concupiscences, de la haine, de l’orgueil. Tu vas mourir, Jésus, Tu vas mourir d’amour à cause de nos refus d’amour.

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