LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

Quatrième partie

Méditations préparatoires à la Grande Passion du Christ

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Pourquoi m’as-Tu abandonné ?
Les deux agonies

Jésus va mourir. Tout est entièrement accompli de la volonté du Père. Jésus a obéi jusqu’à la mort et la mort sur la Croix. Jésus va mourir dans un océan de souffrances physiques et morales, dans un océan de souffrances qu’Il manifeste en murmurant: “Éli ! Éli ! Lama sabactani! Père, pourquoi m’as-Tu abandonné ?”

Jésus, va mourir, Il vit ses dernières secondes d’agonie... Dans quelques instants, Il remettra son âme entre les mains du Père, et son pauvre Corps torturé, définitivement seul et abandonné, hurlera son indescriptible souffrance. De son pauvre Corps torturé jaillira l’immense Cri qui retentira sur le monde jusqu’à la fin des siècles. Cette vision, pour nous insoutenable, soulève dans nos esprits, une foule de questions.

Souvenons-nous de quelques histoires racontées dans la Bible. Elles ont un très important rôle pédagogique. Pensons à la reine Esther, au vieux Tobie, au pauvre Job. Ces trois personnages ont traversé de grandes et pénibles épreuves. Leur vie avait été vertueuse, conforme à la Loi et à la Volonté de Dieu, et... soudain Dieu semblait les abandonner. Pourtant ils ne se plaignent pas et, après un moment de douloureuse inquiétude, ils continuent à louer Dieu. Et bientôt, leurs épreuves cessent, et la prospérité revient.

Dans la Bible, les fables se terminent généralement bien... Par ces histoires, les hommes apprennent peu à peu à connaître Dieu pour mieux vivre selon sa Loi, et pour découvrir son Amour: “Vivez mes commandements d’amour, et vous serez heureux, car mes commandements sont Amour.” Alors, Jésus, pourquoi, pour Toi, et plus tard pour ceux que Tu aimes, pourquoi l’histoire ne se termine-t-elle pas bien?

Pourquoi, Jésus, pour Toi et pour tes amis, pourquoi l’histoire ne se termine-t-elle pas bien?

Nous sommes de nouveau avec Jésus au pied de la Croix. Le Père semble L’avoir abandonné. Dans sa deuxième Agonie, celle de la Croix, Jésus revit sa première Agonie. Jésus se souvient de son appel au Père: “Non! Père, pas ça! Pas ça! Pas la mort de mes fidèles, pas le désespoir des hommes que l’on éloigne de Moi. Pas ces petits enfants qu’on scandalise, pas la déchirure de mon Église, mon Corps mystique. Pas ce cri douloureux de tous ceux qu’on massacre à cause de mon Nom, pas le règne du vice. Pas la trahison de mes élus, de mes prêtres, de mes âmes privilégiées... Père, que mon Sacrifice ne soit pas inutile! Éloigne de Moi ce Calice!”

Jésus, dans sa deuxième Agonie, se souvient aussi que le Père, à ce moment-là, Lui envoya son Ange, l’Ange de sa douleur, lequel Lui présenta la Coupe de sa consolation. Et Jésus se souvient qu’Il vit alors l’innombrable foule des hommes, et qu’Il comprit que, de son Sacrifice, devaient naître des héroïsmes surhumains pour ne pas Le renier, des îlots étonnants de pureté, des âmes merveilleuses totalement données et livrées à son Amour. Jésus se souvient aussi, qu’après avoir bu la Coupe de sa consolation, Il reprit suffisamment de forces pour accepter la volonté du Père: “Si le Calice ne peut s’éloigner, Père, que ta volonté soit faite!”

Sur la Croix, au moment de mourir, Jésus vit sa deuxième Agonie; la Coupe de sa Consolation n’est plus là. Le Père a abandonné le Fils: Jésus est seul! Désespérément seul... Pourtant, Jésus, est vraiment le Fils du Père, Il est vraiment le Bien-Aimé. Son être vit encore de l’union hypostatique... Où est donc partie la vision béatifique dont Jésus jouissait sans cesse? Et comment, nous, pauvres humains pouvons-nous comprendre ces choses?

Comment pouvons-nous comprendre ces choses? Comment pouvons-nous pénétrer dans ces mystères si déconcertants et si difficiles à admettre? Repensons aux divers épisodes de la tentation au désert:

– L’homme ne vit pas seulement de pain, c’est évident.

– Les grands événements extraordinaires n’apportent pas grand’chose: un enthousiasme passager bientôt remplacé par des doutes, des explications fallacieuses... En un mot, le plus souvent par la faute de ceux qui se croient savants, les grands événements extraordinaires sont contestés, raisonnés, combattus, puis oubliés. Alors, Jésus éloigna la tentation: Il ne sauvera pas les hommes avec des prodiges.

– Il y a aussi les gouvernements. Les grands hommes, les petits rois, les empereurs glorieux imposent leurs lois. Ce sont des maîtres absolus que l’on adore comme des idoles adulées... Mais, Dieu seul peut être adoré...

Jésus, très doux et très humble de Cœur, ne fera pas de prodige, Il ne règnera pas sur la terre: son Royaume n’est pas de ce monde...

Nous sommes encore au pied de la Croix de Jésus. Il va mourir dans un instant. Il a fait la volonté du Père, Il est allé jusqu’au bout, Tout est accompli. Jésus peut remettre son âme entre les mains du Père, du Père qui L’abandonné!...

On raconte que souvent, beaucoup de saints, juste au moment de mourir, après de longues souffrances, ont eu un sourire merveilleux: le sourire de la rencontre avec Dieu qu’ils avaient tant attendu. Jésus est là qui les accueille, et leur bonheur transparaît sur leur visage laissé sans vie.

Mais quand Jésus meurt, il n’y a rien pour Lui, absolument rien... Aucun soulagement, aucune consolation... Rien que l’abandon du Père, et le désespoir horrible des damnés... Pourtant Jésus est le Fils Unique, le Bien-Aimé en qui le Père met sa complaisance, Il est la Parole de Dieu, la deuxième Personne de la Très Sainte Trinité. Il est le Tout-Puissant, le Créateur des univers. Il est Dieu, égal du Père! Et cependant l’Homme-Dieu, le Dieu-Incarné qu’Il a voulu être, venu sur la terre, parmi nous, pour nous sauver tous, l’Homme-Dieu meurt seul, abandonné de tous, abandonné de Dieu...

Qui peut comprendre ces choses? Qui peut accepter dans son cœur la réalité de cette horreur? Pourquoi fallait-il que Jésus vive cela? Nos pauvres esprits et nos pauvres cœurs d’êtres humains pécheurs sont noyés dans cet océan de douleur et ils ne peuvent s’empêcher de crier: “Meurs, Jésus, meurs vite pour échapper à cet enfer de souffrances!” Mais Jésus doit boire la Coupe jusqu’à la dernière goutte... Jésus ne partira que lorsque l’Heure aura sonné...

Quand ce sera l’Heure, son Heure, alors Jésus pourra mourir, dans un grand Cri... Jésus pourra rendre l’Esprit au Père.

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