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La prière de Gemma
5-1-Comment médite Gemma
Gemma continue à répondre aux
questions du Père Germano : “Me mettre à méditer ne me demande aucun effort :
mon âme se sent immédiatement plongée dans les immenses bienfaits de Dieu.
Tantôt elle se perd en l’un, tantôt en l’autre, mais je commence à représenter à
mon âme, qu’étant faite à l’image et à la ressemblance de son Dieu, lui seul
doit en être sa fin. À ces moments-là, il me semble que mon âme s’envole avec
Dieu, que mon corps perd sa pesanteur, et que, me trouvant devant Jésus, je me
perds toute en lui. Je me sens aimer le céleste amoureux des créatures. Plus je
pense à lui, plus je le connais doux et aimable. Comme Jésus se montre envers
moi, ainsi dois-je me montrer envers lui, humble, douce... Parfois il me semble
voir en Jésus une lumière divine, un Soleil d’éternelle clarté. Un grand Dieu
auquel il n’est rien sur la terre et au ciel qui ne lui soit soumis. Un dieu
dont la puissance réside dans sa volonté. Quoi qu’il en soit, il m’est toujours
doux de me souvenir de Jésus...”
À une amie, Gemma ne put cacher
l’amour qui emplissait son cœur :
Je voudrais que mon cœur ne
palpite, ne vive, ne soupire que pour Jésus. Je voudrais que ma langue ne sache
proférer que le nom de Jésus, que mes yeux n’aient de regards que pour lui, que
ma plume ne sache écrire que Jésus, que mes pensées enfin ne s’envolent que vers
lui... (Lettre du 8 août 1899 à Annetta Giannini)
5-2-Quelques oraisons jaculatoires
Gemma priait tout au long de la
journée. Ne pouvant être constamment recueillie, en raison de ses occupations,
elle exprimait, souvent, par des phrases courtes, toutes les préoccupations de
son cœur. En voici quelques-unes, choisies au hasard :
Deux choses, ô Jésus, désire
mon cœur: vivre mourante, puis mourir d’amour.
Si tous les hommes
s’efforçaient d’aimer et de connaître le vrai Dieu, ce monde serait changé en
paradis.
Que toujours, ô Jésus, me
guide votre main, pour que jamais je ne me trouve loin.
Ô Jésus, faites que je donne
si bien l’exemple que les bons deviennent meilleurs, et que les impies se
convertissent.
Faites, ô Jésus, que devant
Vous je m’incline avec l’humble ferveur des séraphins.
Ô Jésus bénissez mon âme:
qu’elle soit constante en amour.
À vous seul mon Dieu, en toute
action je porte mon attention.
Lorsque j’éprouve peine et
douleur, je souffre tout pour vous, Seigneur.
De vous avoir offensé, ô Dieu,
à tout moment, non par crainte, mais par amour, je me repens.
Jésus, que le flambeau de
votre foi resplendisse toujours en moi.
Sur votre sein, ô mon Jésus,
je me repose. Ah ! Réveillez-moi plus fervente envers vous. Je veux que tout
mouvement de mon cœur soit un soupir pour vous, Jésus et Marie.
Adorons et prions Jésus...
Adorons et prions le Dieu immense et immortel, infini. Adorons l’infinie majesté
de notre Dieu. Louange à toi, ô Père qui nous as sauvés; à toi, le Fils, qui
nous as rachetés; à toi, ô Esprit-Saint, qui nous as sanctifiés...
5-3-Les plaintes de Gemma[1]
Jésus, pense à ma pauvre âme,
viens à mon aide dans les moments d’épreuve. Mon Jésus, tu vois à quel point je
suis pauvre en vertus... Je voudrais mourir d’amour ici et que personne ne le
sache... Jésus, tu résistes encore en voyant mon cœur qui désire tant... et ne
peut se satisfaire. Jésus, sur la terre tout m’ennuie. Je ne désire qu’une
chose, Jésus, t’aimer... cesse de me faire soupirer : je veux mourir d’amour et
m’en aller avec toi.
J’ai toujours envie de pleurer et
j’ignore pourquoi...
Jésus, ne me fais pas de
reproches: je suis ta victime sur la croix et sur l’autel... Jésus, ne vois-tu
pas que, même dans les moments les plus douloureux, Jésus, je vis avec toi ? Ou
bien, est-ce toi qui vis avec moi ?
Ô Jésus, serait-il possible que
l’on pût dire un jour que ton amour m’a consumée? Sais-tu ce que je voudrais
être, Jésus ? La victime de ton amour.
5-4-Les supplications de Gemma
Gemma fut souvent obsédée par son
passé et ses “innombrables” péchés. Elle supplie le Seigneur de l’aider: “De
grâce! Jetez un regard sur vos souffrances, voyez le prix de sang qui coule de
vos veines. Mon Dieu, en cet instant, fermez les yeux sur mon indignité et
ouvrez-les sur vos mérites infinis. Et puisqu’il vous a plu de mourir pour mes
péchés, pardonnez-les moi tous, afin que je n’en sente plus jamais le poids. Oh!
Jésus, ce poids m’oppresse trop fort.
Mon Jésus, aidez-moi: je
désire à tout prix devenir meilleure. Ôtez, détruisez, anéantissez tout ce qui
en moi n’est pas conforme à votre volonté. Je vous prie aussi, Jésus, de
m’éclairer, afin que je puisse marcher dans votre sainte lumière.”
“Tu sais, mon Dieu, ce qui
peut décourager une âme amoureuse? C’est de ne pouvoir T’aimer suffisamment.
Mon Dieu, je t’adore, je meurs
d’amour pour vous; votre nom si doux, je l’aurai sans cesse à l’esprit, dans mon
cœur, sur mes lèvres. Jésus, Jésus, maintenant et toujours! Jésus, ma lumière,
mon cœur et mon âme! Jésus! Jésus!... (26 janvier 1901)
La mort
Oh ! Comme je serais contente
si ma vie s’achevait un jour en totale union à la volonté de Dieu! Un jour que
je nourrissais cette pensée, Jésus me dit : “Ce ne serait pas mourir, ce serait
vivre éternellement.” (12 juin 1901)
5-5-Prière au Saint-Esprit
Gemma écrit à une amie : Nous
voici enfin arrivés à la belle fête du Saint-Esprit ! Dieu fasse que ce divin
feu nous consume toutes deux ensemble. Que cette pure flamme nous rendrait
heureuses ! Ô flammes bien-aimées qui béatifiez les âmes que vous embrasez,
venez donc en nos cœurs aujourd’hui, rendez-les dignes de vous, enflammez-nous,
brûlez-nous, consumez-nous !... Que l’Esprit-Saint, véritable lumière de tous
les esprits, daigne nous communiquer ses divines ardeurs. Qu’il consume en moi
toute affection blâmable et rende mon pauvre cœur semblable au sien. (Lettre
du 21 mai 1901, à Mère Giuseppa du Sacré-Cœur).
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