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Les relations privilégiées de Gemma avec Jésus
4-1-Comment Gemma voit et entend Jésus
Méditons ce que Gemma écrit à son
Père spirituel: “Je vois Jésus non point avec les yeux du corps, mais je le
connais clairement parce qu’il me fait tomber en un doux abandon et je le
reconnais dans cet abandon. Sa voix se fait entendre si fort que, plusieurs
fois, j’ai dit que la voix de Jésus me blesse plus qu’une épée à plusieurs
tranchants, tant elle me pénètre l’âme: ses paroles sont paroles de vie
éternelle.
Lorsque je vois Jésus, lorsque je
l’entends, il ne me semble pas voir la beauté du corps, ni du visage, ni
entendre un doux son, un chant suave. Mais lorsque je vois Jésus et que je
l’entends, je vois (jamais avec les yeux) une lumière, un bien immense, une
lumière infinie qu’aucun regard mortel ne saurait voir, une voix que personne en
saurait entendre; ce n’est pas une voix articulée, mais mon esprit l’entend
mieux et plus fort que si l’on prononçait des paroles.”
4-2-Ce que Gemma ressent lorsqu’elle est avec
Jésus.
Gemma continue sa relation au
Père Germano: “Je me sens comme hors de moi, je ne distingue pas où je me
trouve, si je suis hors de mes sens ou bien... dans une paix, un calme que je
n’ai encore jamais connus. Je me sens comme attirée par une force; non pas une
force fatigante, mais douce. Puis, lorsque je me trouve dans la plénitude de la
douceur de posséder Jésus, j’oublie complètement le monde; je sens mon esprit
comblé, il ne peut rien désirer, mon cœur ne cherche plus rien, il y a en lui un
bien immense, un bien infini, incomparable, sans mesure, parfait. C’est Jésus
qui m’emplit. Ni avant, ni après, je ne saurais volontairement rechercher ou
désirer quoi que ce soit, si grande est la douceur que Jésus me fait goûter dans
sa bonté et sa charité infinies. Mais il ne s’agit pas toujours d’un amour de
douceur: je suis parfois saisie d’une telle douleur de mes péchés qu’il me
semble que je vais en mourir.”
Il y a une chose dont je ne sais
que penser: samedi, je me trouvais à l’église devant le Saint Sacrement exposé.
J’ai voulu m’en approcher le plus possible, Papa[1],
mais si je ne m’étais vivement échappée, je serais... Je me suis sentie brûler
entièrement, jusqu’à la tête, c’est-à-dire au visage... Papa, je ne comprends
pas comment tous ceux qui s’approchent de Jésus ne sont pas réduits en cendres.
Moi, j’ai l’impression que si je restais, ne serait-ce qu’un quart d’heure, je
ne serais plus qu’un tas de cendres. (10 mai 1991)
4-3-Demandes de Jésus après la communion
“Viens pauvre petite fille...
Cela fait si longtemps que j’attendais, j’ai été si patient, j’ai tant souffert
pour toi. Tu revenue, cela suffit. Comme je suis heureux! Je te retrouve après
si longtemps, mais désormais je deviens le Maître absolu de ton cœur. Je veux
moi-même en faire ce qu’il me plaira, ne me résiste pas comme par le passé,
sinon je t’en ferai repentir. Sois mienne. Moi seul veux être le Maître de ton
cœur et de ses affections. J’aime ton cœur, le sais-tu ? Je l’ai toujours aimé,
je l’ai désiré, mais toi ? Mais je te pardonne parce que tu ne me connaissais
pas.”
4-4-Les exigences de Jésus
Le Cœur de Jésus veut tout, ou rien
[2]
Un jour, après l’Heure Sainte du
jeudi, Gemma entend la voix familière lui dire : “Dis-moi de quoi as-tu peur
pour refuser le sacrifice de ton cœur à Jésus? N’est-ce donc pas Jésus lui-même
qui le veut ? Allez, courage, oublie tout, abandonne-toi à lui sans réserve.
Aime beaucoup Jésus. N’oppose jamais aucun obstacle à ses desseins et tu verras
bientôt quel chemin il t’aura fait parcourir sans que tu t‘en aperçoives. Ne
crains rien, car le Cœur de Jésus est le trône de la miséricorde où les
misérables sont les mieux accueillis, pourvu que par amour, ils se présentent
dans l’abîme de leurs misères.
Mais souviens-toi que Jésus veut
l’amour pur et que l’amour pur veut tout ou rien. Ton cœur est si petit qu’il ne
pourrait contenir deux amours. Or comme il n’est fait que pour l’amour divin, il
n’aura pas de repos tant qu’un autre amour y est mêlé.”
Comme à Thérèse d’Avila, Jésus
reproche à Gemma ses bavardages. Elle raconte: Un jour que je bavardais à la
maison avec les autres... j’entendis la voix habituelle: “Plus tu t’entretiens
avec les tiens et plus Jésus s’éloigne de toi avec ses anges.”
Un autre jour, j’avais beaucoup
de peine. Je disais à Jésus que j’aurais voulu beaucoup l’aimer, mais la voix
dit: “Tu es une de ces âmes qui aiment Jésus tant qu’il leur apporte des
consolations. Mais lorsqu’elles rencontrent au contraire l’adversité, elles ont
vite fait de s’attrister! Toi, une chose t’est nécessaire: tu dois écarter
complètement l’amour-propre de ton cœur, parce que tu empêches Jésus de venir y
habiter.
Vaincs-toi toi-même et deviens
chaque jour plus forte.” (Ecrit par Gemma entre mars et décembre 1899)
4-5-L’union à Dieu dans la communion
L’union à Dieu dans la communion[3]
Ce matin, j’ai reçu Jésus, et
maintenant je le possède tout-à-fait dans mon âme misérable. À ces moments-là,
mon cœur et celui de Jésus ne font qu’un. Oh ! Si je pouvais l’y garder
toujours ! Il faudrait que je ne commette plus de péché. Oh ! Combien ils sont
précieux ces moments de communion ! Il me semble que la communion est un bonheur
qui ne peut être comparé qu’à la béatitude des saints et des anges. Ils
contemplent Jésus face à face, certains de ne pas pécher et de ne plus le perdre.
(22 avril 1901)
Jésus est un amant bien-aimé
auquel on ne peut résister !... Sa miséricorde me ravit entièrement! Comment ne
pas aimer Jésus de toute mon âme, de tout mon cœur ? Comment ne pas désirer me
laisser absorber totalement par lui et consumer au feu de son saint amour ?
(4 juillet 1901)
Laissez-moi vous parler de la
communion... Y aurait-il des âmes qui ne comprennent pas ce qu’est
l’Eucharistie ? Il est absolument impossible qu’il se trouve des âmes
insensibles aux étreintes divines, à la mystérieuse et ardente effusion du Cœur
Sacré de mon Jésus ! Ô Jésus ! Comment ne pas vous consacrer tous les battements
de nos cœurs, tout le sang de nos veines ? Cœur de Jésus, Cœur d’Amour ! (18
juillet 1901)
Grandeur de Jésus
Je voudrais vous dire tant de
choses sur Jésus. Je voudrais vous parler de sa bonté si grande qui chaque jour
m’invite à la fête de l’Amour et nourrit de sa chair très sainte la vile
créature que je suis... Je voudrais dire qu’il est si bon, si affectueux, si
aimable, si délicat qu’un seul mot de lui nous fait éclater le cœur, une parole
de lui suffit à captiver notre amour, un regard de lui met la douceur en notre
âme. (Lettre du 5 octobre 1901, à Mère Giuseppa du Sacré-Cœur)
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