CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

SAINTE
Gemma Galgani
vierge, passioniste, stigmatisée
(1878-1903)

BIOGRAPHIE

6
L’heure des ténèbres

Comme tous les grands saints, Gemma connut les heures douloureuses de l’apparente absence de Dieu, les heures de doute, les heures de l’incompréhension des proches. Ainsi, pendant longtemps même son confesseur douta de la réalité des stigmates. Durant une extase Gemma laissa son cœur parler : elle-même en était arrivée à douter de la réalité des faits extraordinaires qui survenaient en elle :

6-1-Quand tout le monde doute d’elle

Ô Jésus, je n’en puis plus. Ô Maman, Maman! J’ai envie de dire: Y crois-tu Jésus ? Eux n’y croient pas. (On la croyait hystérique) Jésus, dis-moi exactement ce qu’il en est. Oui, Jésus... Va lui dire, toi! Pas moi: mon confesseur ne me croit pas.

6-2-Silence de Dieu et nuit de l’esprit

Extrait d’une lettre de Gemma au Père Germano :

Je me suis bien persuadée que seul Dieu peut me satisfaire et j’ai mis en lui toutes mes espérances. Que Jésus ne veuille plus de moi, qu’il me repousse, moi, je le chercherai toujours. (12 novembre 1900)

À une amie, Gemma écrit : Je m’ennuie à vivre encore ici-bas, c’est là pour moi une torture si amère de vivre et de rester en ce monde, séparée de Jésus, que je n’en peux vraiment plus. Et puis quelle est mon anxiété à la pensée qu’à tout moment je puis perdre Jésus, je ne saurais le dire. Celui-là seul le comprend qui l’aime éperdument. Souvent, lorsque je me sens auprès de lui, je lui redis: Jésus, après toi seul je soupire, tu peux me donner tout ce que tu veux, alors donne-moi le paradis... J’ai peur, ma vie passée me fait trembler... (Lettre du 21 mai 1901 à Mère Giuseppa du Sacré-Cœur)

Le silence de Dieu, Gemma l’exprime même pendant ses extases. Voici quelques-unes de ses plaintes à Jésus :

Ô Jésus, je te cherche toujours. Je cherche à promouvoir sans cesse ta gloire, à n’aimer rien d’autre que ton amour. Mais Jésus, réponds-moi : pourquoi ce silence ?... Pourquoi ne réponds-tu pas? Dis-moi quelque chose. Si tu désires que je corresponde à tes dons, dispense-les moi en douceur et non point avec tant de hâte.

Ô Jésus, ô Lumière, où es-tu ?... Illumine mes yeux. Ô mon Dieu, ne me laisse pas vivre dans les ténèbres... Ô Jésus, quand donc te reverrai-je ? Mais peut-être m’as-tu dit que je ne te reverrai plus ? Je ne me rappelle pas si tu me l’as dit... Mais je ne te vois pas... pas du tout... Lorsque j’étais petite, on me disait que tu étais toujours là. Mais je ne te vois pas... Où es-tu ?... Où es-tu parti ?... Sans même me dire adieu !...

Mon Dieu, mon secours... ma force... mon soutien... ma lumière ! Éclaire mes pas... Où es-tu parti, mon amour ?... Où t’es-tu caché ?... Pourquoi ne te montres-tu plus ?... Mon Jésus, où es-tu parti ? Infinie Beauté, où t’es-tu cachée. Ô Jésus, où dois-je te chercher. Montre-toi au moins une fois...

Ô saint amour, embrase-moi ! Ô Jésus, tout m’ennuie, tout m’est pénible. Il n’est en ce monde pas une seule chose que je désire: je n’aspire qu’après l’Amour céleste, lui seul je l’aime et n’aime que lui... Ô Saint Amour, embrase-moi! Je ne désire que toi. Puis, lorsque je serai morte, je voudrais que tout le monde dise : “Gemma a été victime d’amour, elle est morte uniquement victime d’amour.” Cela, afin que tout le monde aime Jésus...

Regarde, Jésus : tu es un Roi puissant et généreux  qui suscite des batailles, mais qui veut toujours la victoire. Accorde-moi la grâce de céder à tous tes appels et de t’aimer avec tendresse.

Jésus, je t’aime. Supplée toi-même à ce qui manque à mon amour. Bon Jésus, je te bénis ; mais supplée toi-même à ce qui manque. Bon Jésus, je te loue pour aujourd’hui et pour demain. Supplée toi-même à ce qui manque à ma louange.

Sois béni, Jésus, d’avoir pour ainsi dire ordonné aux créatures de m’abandonner, afin que je te sois toujours plus proche. Ah ! toi, tu consoles, toi seul consoles. Jésus, que m’importe de ne pas trouver de consolation dans le monde ? Toi seul me suffis. Que m’importerait d’être méprisée ? C’est toi qui consoles. Si tu m’avais fait comprendre cela plus tôt, je me serais abandonnée entre tes bras. Et si c’est ainsi que tu traites une pécheresse, qu’en est-il des âmes pures et saintes qui sont tiennes ?

Ô Seigneur, si j’avais du moins quelque certitude d’être en état de grâce...

6-3-Jésus s’explique

Avant de partir, Jésus m’avait consolée en disant : “Ne t’afflige pas si je fais semblant de t’abandonner. Ne crois pas qu’il s’agisse d’une punition, c’est une invention de ma part pour te détacher entièrement des créatures et t’unir à moi. Quand tu auras le sentiment que je te repousse, c’est que je t’attire encore plus fortement à moi. Lorsque je te paraîtrai loin, c’est alors que je serai le plus près... Ma fille, la fidélité et l’amour te sont nécessaires. Aussi, prends donc patience si je te laisse seule. Souffre, résigne-toi, console-toi. N’imite pas certaines âmes  attachées aux consolations et joies spirituelles et qui aiment peu la croix. Dans l’aridité spirituelle, elles abrègent peu à peu leurs prières parce qu’elles n’y trouvent plus les consolations qu’elles y éprouvaient auparavant. Toi, au contraire, agis de la sorte: unis tes peines aux miennes, considère comme un grand bienfait ce dont je t’ai privée, embrasse joyeusement cette croix, si tu veux m’être agréable...” Après ces paroles, Jésus m’a chargée de vous rappeler ceci : “Lorsqu’il désire élever une âme, il commence par beaucoup l’humilier...”” (Lettre à Mg Volpi, de mai 1901)

6-4-Les attaques du démon

Gemma eut souvent à faire avec le démon. Son Ange, pour lui rappeler que l’obéissance est le plus sûr moyen de pouvoir résister au démon, lui donna le conseil suivant : “Ma fille, souviens-toi que lorsque tu manques à l’obéissance, quelle qu’elle soit, tu commets toujours un péché. Pourquoi donc es-tu toujours aussi rétive pour obéir à ton confesseur ? Rappelle-toi aussi qu’il n’y a pas de chemin plus court et plus vrai que celui de l’obéissance.”

Après une terrible attaque du démon, Gemma écrit : “L’assaut a été violent, je dirais même terrible. Aucune bénédiction, aucun scapulaire n’ont suffi à modérer la tentation la plus laide qu’on puisse imaginer. Le démon était si affreux que j’ai fermé les yeux et ne les ai rouverts qu’une fois complètement délivrée. Mon Dieu, si je suis sans péché aucun, c’est à Toi seul que je le dois. Sois-en remercié. Que dire en de pareils moments ? Chercher Jésus sans le trouver est une souffrance plus grande que la tentation elle-même...”

Comme Gemma se plaignait douloureusement à Jésus, elle obtint la réponse suivante :

... Quant à toi, sois heureuse de ce que je te conduise comme je le préfère, par des voies âpres et douloureuses. Tu as l’impression que la terre se dérobe sous tes pieds et le ciel à tes yeux, mais toi, ne manque pas de foi, ni d’amour, ni d’espérance. Ne cherche qu’à gagner des mérites en pratiquant les vertus, méprise les propos du monde, et, en dépit de tes ennemis, cours dans les voies de ma volonté divine. Tiens-toi étroitement unie à Jésus, humilie-toi en s présence, aie recours en tout à son infinie bonté, sache tirer parti de ce que le démon utilise pour te perdre. Ma fille, a-t-il ajouté, si vraiment tu m’aimes, aime-moi aussi dans les ténèbres. Le Seigneur prend plaisir à jouer avec les âmes qui lui sont les plus chères, c’est par amour qu’il joue: tantôt il les console et les met en honneur auprès des hommes, tantôt il permet qu’elles deviennent la risée du monde.” (Lettre à Mg Volpi, de mars 1900)

   

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