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Les stigmates
2-1-Les faits
C’est le 8 juin 1899, que Gemma
fut stigmatisée pour la première fois. La stigmatisation se renouvela pendant
deux ans, chaque semaine, du jeudi soir vers 20 heures, pour disparaître le
vendredi vers 15 heures. Dans son autobiographie, rédigée sur l’ordre de son
directeur, religieux passionniste, le Père Germano qu’elle rencontra en
septembre 1900, Gemma raconte: “C’était le soir: soudain, plus
rapidement qu’à l’accoutumée, je ressentis intérieurement une douleur de mes
péchés plus vive que jamais. Cette douleur me rendit pour ainsi dire comme
morte.
Après cela, je sentis toutes
les puissances de mon âme se rassembler: mon intelligence ne connaissait plus
que mes péchés et l’offense faite à Dieu; ma mémoire me les rappelait tous et me
faisait voir tous les tourments que Jésus avait soufferts pour me sauver; ma
volonté me les faisait détester pour les expier. Une foule de pensées
m’assaillit l’esprit: pensées de douleur, d’amour, de crainte, d’espérance et de
réconfort.
À ce recueillement intérieur
succéda bientôt le ravissement des sens. Je me trouvai devant ma Maman du ciel
qui avait à sa droite mon ange gardien. Il m’ordonna tout d’abord de réciter
l’acte de contrition. Lorsque je l’eus terminé, ma Maman m’adressa ces paroles :
“Ma fille, au nom de Jésus tous tes péchés te sont remis.” Puis elle ajouta :
– Jésus, mon fils, t’aime tant
et veut te faire une grâce; sauras-tu t’en rendre digne ?
Ma misère ne savait que
répondre. Elle ajouta encore :
– Je serai pour toi une mère,
te montreras-tu ma vraie fille ?
Elle ouvrit son manteau et
m’en recouvrit.
À cet instant Jésus apparut
avec toutes ses plaies ouvertes. De ces plaies ne sortait plus du sang, mais
comme des flammes de feu qui en un instant vinrent me toucher les mains, les
pieds et le cœur. Je me sentis mourir, je serais tombée par terre. Mais ma Maman
me souriait et me recouvrait toujours de son manteau. Je dus rester dans cette
position plusieurs heures. Puis ma Maman me baisa au front; tout disparut, et je
me retrouvai à genoux par terre. Mais je sentais encore une forte douleur aux
mains, aux pieds, au cœur.
Je me levai pour me mettre au
lit et m’aperçus qu’il sortait du sang aux endroits où j’avais mal. Je les
recouvris le mieux possible, puis, aidée par mon Ange, je pus monter sur le
lit. Ces souffrances et ces peines, au lieu de m’affliger, m’apportaient une
paix parfaite. Le matin, je pus aller communier avec peine et je mis une paire
de gants pour me cacher les mains. Je ne pouvais tenir debout, à chaque instant
je croyais mourir. Ces douleurs durèrent jusqu’à trois heures le vendredi, fête
solennelle du Sacré-Cœur de Jésus.”
Désormais, toutes les semaines,
du jeudi soir aux environs de vingt heures, jusqu’au vendredi quinze heures, le
même phénomène se reproduisait. Il faut ajouter à cela que Jésus lui-même, le
jeudi, enfonçait sa couronne d’épines sur la tête de Gemma, ce qui lui causait
de violentes douleurs de tête.
2-2-L’entourage
L’entourage familial trouvait le
comportement de Gemma quelque peu étrange. Elle quittait rarement sa chambre et
portait toujours des gants. Mais assez vite la vérité fut connue et Gemma devint
la proie de la curiosité des gens. Rapidement les médecins et les neurologues
voulurent examiner le cas Gemma Galgani... L’un deux, le docteur Pfanner
prétendit qu’il s’agissait d’hystérie. Toutefois, la plupart des témoins étaient
d’accord pour reconnaître la bonne santé physique et psychologique de Gemma. Et
le remarquable équilibre ainsi que le calme et la paix qu’elle conservait malgré
ces événements déconcertants.
Sur le plan spirituel, Gemma
continua à être suivie par son confesseur habituel: Mgr Volpi, évêque
auxiliaire de Lucques. Plus tard, Gemma correspondit très fréquemment avec le
Père Germano, prêtre passionniste, éloigné géographiquement. Jésus exigeait que
ces deux prêtres fussent tenus régulièrement informés de ce qui se passait chez
Gemma.
Mais la vie de Gemma dans sa
famille était devenue intolérable. Elle rencontra providentiellement la famille
Gianini qui l’accueillit avec amour. La famille Giannini comptait déjà 11
enfants. Gemma pourrait s’occuper d‘eux. La tante, Cécilia Giannini, qui vivait
également au sein de cette grande famille, sera non seulement la confidente de
Gemma, mais son appui le plus sûr. C’est à elle que le Père Germano demandera de
noter soigneusement chaque incident qui pourrait survenir et de lui en faire
part, afin qu’il puisse donner à Gemma les directives indispensables pour suivre
vraiment les appels du Seigneur.
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