Quelques citations des écrits de Padre Pio
Francesco Forgione est né à Pietrelcina, dans la province italienne du
Bénévent, le 25 mai 1887. Il entra chez les capucins à l’âge de 16 ans
où il prit le nom de Fra Pio de Pietrelcina. Il fut ordonné prêtre dans
la cathédrale de Bénévent le 10 août 1910. En juillet 1916, il monta
provisoirement au couvent de San Giovanni Rotondo: il y resta cinquante
deux ans, jusqu’à sa mort en 1968.
Avant d’entrer dans le cœur de la
correspondance de Padre Pio, il convient de noter les trois principaux
points qui caractérisent toute la vie de Padre Pio.
L’amour est douleur
Jésus m’a fait entendre sa voix encore
plus fort dans mon cœur: “Mon fils, l’amour se vérifie dans la
douleur; tu le sentiras intensément dans ton esprit et plus encore dans
ton corps.”
Les tentations contre la foi
Cet infâme apostat (le démon) veut
m’arracher du cœur ce que j’y ai de plus sacré: la foi. Il m’assaille à
toutes les heures du jour: il tourmente mon sommeil à toutes les heures
de la nuit. Jusqu’à aujourd’hui j’ai pleinement conscience qu’il n’a pas
réussi à en avoir raison; mais à l’avenir...
Les
tentations contre la foi sont de plus en plus nombreuses. je vis donc
dans l’obscurité parfaite, j’essaie de voir, mais en vain... Je n’ai
pour me soutenir que la parole de l’autorité. Que la volonté de Dieu
soit faite!
Les doutes sur sa vie intérieure
Je suis tourmenté par une profonde
tristesse et une pensée atroce me traverse l’esprit: est-ce que tout
cela n’est qu’illusion à mon insu? Dieu seul sait quel supplice c’est
pour moi!
Sur la mission des prêtres
Tout
ministre du Seigneur devrait toujours travailler pour le salut des âmes.
Jamais il ne devrait connaître la fatigue.
1 - Comment
Padre Pio vivait les vertus
1-1-La simplicité
Au Père
Agostino
Dieu se plaît à se révéler aux âmes
simples; efforçons-nous donc d’acquérir cette belle vertu, tenons-la en
grande considération; Jésus a dit: “Si vous ne retournez pas à l’état
des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux...”
Éloignons de notre cœur toute prudence terrestre. Tâchons d’avoir
toujours un esprit pur, des idées droites, des intentions saintes.
Veillons à ce que notre volonté ne cherche rien d’autre que Dieu et sa
gloire...
1-2-La confiance et l’abandon à Dieu
La paix
est simplicité d’esprit, sérénité, tranquillité, lien d’amour. Elle est
harmonie en nous; elle est joie continuelle qui naît du témoignage de
notre bonne conscience; c’est la sainte allégresse d’un cœur sur lequel
Dieu règne. La paix est le chemin de la perfection. Mieux, c’est en elle
que réside la perfection, et le démon, qui connaît fort bien tout cela,
s’efforce de nous la faire perdre. Soyons donc vigilants au moindre
symptôme de trouble; dès que nous nous rendons compte que nous cédons au
découragement, tournons-nous vers Dieu en toute confiance et avec un
abandon total. (10 juillet 1915)
Au Père
Agostino
”C’est
par votre patience que vous sauverez vos vies”,
nous dit le divin Maître. C’est donc par elle que nous sauverons notre
âme; et dans la mesure où elle sera parfaite, le salut de notre âme sera
total, parfait, certain. Il s’ensuit que, moins celle-ci est encombrée
de troubles et de soucis, plus notre patience est parfaite. (4 mai
1917)
Au père
Agostino
Vive
Dieu qui ne laisse pas longtemps sans réconfort ceux qui espèrent en lui
et s’abandonnent à lui! (1er septembre 1916)
Au Père
Agostino
Heureuses les âmes qui sont inscrites dans
le Livre de la vie éternelle! Heureuses mille fois les âmes en vie qui
sont les bien-aimées du Cœur de Dieu!...
L’espérance et le silence seront ma force
tant que cette misérable vie durera. Quant à vous, mon créateur et mon
Dieu, faîtes brûler dans mon cœur cette belle flamme de votre amour. (18
septembre 1915)
Au père
Agostino
Oh! mon
Père... j’ai une telle confiance en Jésus que, même si je voyais l’Enfer
ouvert devant moi et que je me trouvais au bord de l’abîme, je ne
douterais pas de lui, je ne désespérerais pas, je me fierais à lui. (3
décembre 1912)
Au père
Agostino
C’est en raison de leur manque de
confiance que la plus grande partie de cet immense peuple de Dieu qui
errait dans le désert, n’est pas entrée dans la Terre promise. Même leur
guide, Moïse, a connu ce sort pour avoir hésité à frapper la pierre d’où
devait jaillir l’eau qui allait désaltérer le peuple assoiffé. (17 août
1913)
Au Père
Agostino
Mettons toujours notre confiance en Dieu,
mon Père, et que la foi vivante et les réconforts de l’espérance
chrétienne nous y aident. (20 juin 1915)
Au Père
Agostino
Ayons confiance: la grâce de Jésus nous
soutiendra toujours. Combattons en hommes forts dotés d’une âme forte.
(24 juin 1915)
Au Père
Benedetto
Mon
Dieu! Que ta confiance éclaire mon intelligence une fois encore, que ton
amour réchauffe mon cœur broyé par la douleur de t’offenser à l’heure de
l’épreuve. (8 novembre 1916)
Au Père
Benedetto
Je prierai le divin Enfant de façon toute
spéciale pour qu’il vous fasse croître en charité et pour qu’il donne à
votre esprit la lumière de l’espérance céleste ainsi que l’esprit de
sagesse à propos de trois mystères en particulier: celui de notre
vocation chrétienne; celui des biens éternels qui nous sont réservés;
celui de notre justification. (19 décembre 1914)
Au Père
Benedetto
Soyez joyeux et tranquille et laissez
faire Dieu. (1er janvier 1921)
Au Père
Benedetto
Recommandez-moi et faites-moi recommander
à la divine Miséricorde afin que, par la grâce divine, je meure vraiment
à moi-même, et puisse vivre totalement pour Jésus et avec Jésus, et
qu’Il me donne la force de porter le poids du ministère sacré sous
lequel je me sens presque écrasé en ces jours de travail intense. (23
février 1921)
Au Père
Benedetto
Vous devez demander une seule chose à
Notre Seigneur: l’aimer. Et pour le reste, le remercier... Comment
est-il possible de voir Dieu qui s’attriste pour le mal, et de ne pas
être désolé pareillement?... Je ne ressens rien d’autre que d’avoir et
de vouloir ce que Dieu veut. (20 novembre 1921)
1-3-L’obéissance
Au Père
Agostino
Je suis un mystère pour moi-même et, si je
tiens bon, c’est parce que Dieu a réservé la parole ultime, et la plus
sûre à l’autorité sur cette terre et qu’il n’y a donc pas de règle plus
fidèle que la volonté et le désir du supérieur. Je me fie à cette
autorité comme un petit enfant dans les bras de sa mère... (15 août
1916)
Au Père
Benedetto
L’obéissance est tout pour moi et je
n’éprouve aucun effort à m’y soumettre. (26 août 1916)
Au Père
Benedetto
Qu’il est beau, Père bien-aimé, de savoir
vivre selon les dispositions du Seigneur! (18 mars 1917)
Au Père
Benedetto
Je l’affirme, en renonçant à toutes mes
volontés, à tout ce que je sais, à mes goûts et à mes connaissances:
j’affirme que je suis le fils très obéissant de mon directeur spirituel,
même au plus fort des rigueurs du Très-haut...
Je suis perdu, oui perdu dans l’inconnu.
Je suis privé de tout. Toutefois, j’ai beau n’éprouver aucun réconfort,
je suis résolu à m’en tenir à la seule voix de celui qui remplace Dieu.
J’ai faim, mon Père, du retour de mon Dieu en mon âme...
Je ne comprends plus rien, je redoute
terriblement d’être abandonné à moi-même pour toujours et c’est par
crainte que je m’agrippe — ou
que je prends le risque de m’agripper — à
l’obéissance qui, pourtant, semble elle aussi m’échapper inconsciemment.
(4 juin 1918)
1-4-L’Amour de Dieu
Au père
Agostino
Hélas! mon Père, comme les hommes
offensent Jésus! Mon sang se glace quand je pense que l’amour de Jésus
est si mal payé de retour. À voir la haine que les hommes lui portent,
on dirait qque Jésus ne les a jamais aimés... Qu’adviendrait-il des
hommes s’ils n’avaient plus Jésus au milieu d’eux? (8 septembre 1913)
Au père
Agostino
Il y a
une chose que je sais en toute vérité et certitude, c’est que mon cœur
aime infiniment plus que mon intelligence ne peut comprendre. (24
octobre 1913)
Au Père
Benedetto
Ce que je comprends en toute vérité et
clarté, c’est que, même dans un tel moment (de doute), mon cœur aime
beaucoup plus que mon intelligence ne connaît.(1er novembre 1913)1914)
Au Père
Agostino
Que Jésus soit sans cesse au centre de
votre âme pour l’enflammer toujours de son pur amour, ce qui est la plus
digne bénédiction de votre esprit et la plus désirable. (29 octobre
1917)
Au Père
Benedetto
Les
événements présents, tout désolants qu’ils soient, sont simplement des
épreuves suscitées par l’amour de l’époux divin. (12 avril 1921)
1-5-L’humilité et la charité
Au Père
Benedetto
Efforcez-vous chaque jour davantage, avec
l’aide de Dieu, de maintenir toujours solides en vous l’humilité et la
charité, qui sont les cordes maîtresses de tout le grand édifice, car
toutes les autres en dépendent.
Maintenez-vous bien dans ces vertus. L’une
est la plus basse et l’autre la plus haute. La solidité de tout
l’édifice dépend des fondations et du toit; si on garde toujours le cœur
tourné vers la pratique de ces vertus, on ne rencontrera pas de
difficulté ensuite pour les autres... Ce sont les mères de toutes les
vertus qui les suivent comme les poussins suivent leur mère. (29 avril
1919)
Au père
Agostino
Pour
une âme embrasée par la charité, subvenir aux nécessités de son prochain
est comme une fièvre qui va lentement la consumer.
Au Père
Agostino
Une seule chose doit vous préoccuper
continuellement: progresser dans la charité. (25 août 1915)
Au Père
Benedetto
J’éprouve un vif désir, mais la plupart du
temps sans penser à le faire, de passer chaque instant de ma vie à aimer
le Seigneur; je voudrais le tenir fort, fort par la main et parcourir
dans la joie cette voie douloureuse sur laquelle il m’a placé.
Je voudrais que mon âme ne pense qu’à
Jésus, que mon cœur ne batte que pour lui seul et toujours. Tout cela,
je le promets régulièrement à Jésus mais je me rends bien compte que ma
résolution disparaît dans la très dure épreuve à laquelle mon esprit est
soumis... Je suis un pauvre aveugle et j’ai absolument besoin que vous
me guidiez. Ne m’abandonnez pas, mon Père! (6 mars 1917)
Au Père
Benedetto
À la vue d’un pauvre, la grande compassion
qu’éprouve mon âme suscite en elle un désir brûlant de lui venir en aide
et, si je n’écoutais que ma volonté propre, j’irais jusqu’à me
dépouiller de mes vêtements pour l’en revêtir. (26 mars 1914)
Au Père
Benedetto
Soyez bon et patient envers celui qui vous
cause sans cesse de nouvelles difficultés.(11 mars 1915)
Au Père
Agostino
Priez Jésus pour moi et, surtout,
écrivez-moi longuement et fréquemment. (18 mars 1915)
Au Père
Benedetto
Pour
l’amour du Ciel, ne me refusez pas vos enseignements. (1er avril 1915)
Au Père
Agostino
La plus
grande preuve d’amour consiste à souffrir pour l’être aimé. par
conséquent, comme le Fils de Dieu a subi tant de souffrances par pur
amour, il ne fait aucun doute que la croix qu’il a portée devient aussi
aimable que l’amour. (1er juillet 1915)
Au père
Agostino
Par
dessus tout ayez à cœur l’amour de Dieu, du prochain et de vous-même.
Abstenez-vous de juger qui que ce soit, sauf ce qui relève de votre
devoir. En agissant ainsi vous garderez l’estime envers tous, et en
outre vous vous montrerez digne fils du Père du Ciel qui fait resplendir
son soleil sur le juste et sur le pécheur. (2 avril 1919)
Au Père
Benedetto
Je veux aimer Jésus comme cela me convient
à moi. Je désire l’aimer; je sais que je l’aime; mais mon Dieu, je me
rends compte que mon amour est tellement inférieur au désir que j’en ai...
(7 avril 1915)
Aidez-moi, je vous en prie, ne
m’abandonnez pas. (15 avril 1915)
1-6-La sainteté
À l’une de ses dirigées, Padre Pio écrit,
le 30 décembre 1915: “Sainteté veut dire être au-dessus de nous-mêmes,
cela veut dire être victorieux de toutes nos passions, cela veut dire
mépriser nous-mêmes et les choses du monde vraiment et sans cesse
jusqu’à préférer la pauvreté aux richesses, l’humiliation à la gloire,
la douleur au plaisir. La sainteté, c’est aimer le prochain comme
soi-même et par amour de Dieu. La sainteté, sur ce point, c’est aimer
même celui qui nous maudit, qui nous hait, qui nous persécute au point
même de lui faire du bien.
La
sainteté, c’est vivre dans l’humilité, le désintéressement; c’est être
prudents, justes, patients, charitables, chastes, doux, travailleurs,
c’est observer ses devoirs propres non pour un autre but que celui de
plaire à Dieu, et pour en recevoir de Lui seul la récompense méritée. En
bref, la sainteté, ô Raffaelina, a en elle la force de transformer,
selon le langage des Livres saints, l’homme en Dieu.”
2 - Les
obstacles à la vertu
2-1-La vanité et la vaine gloire
Au Père
Agostino
Mon
Dieu! Quel martyre que la tentation de la vanité! Cela semble n’être
rien, mais il faut être persuadé du contraire; il faut être passé par ce
feu pour en comprendre toute l’intensité. Le seul moyen de la vaincre,
c’est de contempler l’humanité de Jésus. Le christ, sa Mère bien-aimée,
mon bon ange gardien et tous les autres m’encouragent et ne cessent de
me répéter que, pour être une vraie victime, il faut aller jusqu’à
verser tout son sang. (18 novembre 1912)
Au Père
Agostino
Il me
semble que le Seigneur désire que je prenne la vanité pour sujet de
réflexion... C’est un ennemi propre aux âmes consacrées au Seigneur et
qui cherchent à approfondir leur vie spirituelle. Elle mite l’âme qui
tend à la perfection et les saints la qualifient de rongeur de sainteté...
La
vanité est d’autant plus à craindre qu’il n’y a pas de vertu pour s’y
opposer. En effet, à chaque vice correspond un remède et une vertu
contraire: la colère se combat par la mansuétude, l’envie par la charité,
l’orgueil par l’humilité, et ainsi de suite. Seule la vanité n’a pas de
vertu contraire. Elle s’insinue dans les actes les plus saints, et
jusque dans l’humilité si l’on n’y prend pas garde. Saint Chrysostome
écrit à ce sujet: “Tu excites d’autant plus la vanité que tu veux
l’exclure de tout le bien que tu fais”. Et quelle en est la cause? “Tout
ce qui mal naît du mal. Seule la vanité procède du bien; c’est pourquoi
elle n’est pas éteinte par le bien, mais au contraire s’en nourrit.”
La
vanité relève même la tête contre ceux qui la combattent et en sont
victorieux. Elle repart à l’assaut de ses vainqueurs en utilisant
jusqu’aux victoires qu’ils ont otenues sur elle. C’est un ennemi qui ne
se fatigue jamais, qui vient guerroyer dans tous nos actes et, si nous
ne nous en rendons pas compte, nous en sommes les victimes. (2 août
1913)
Au Père
Agostino
Il vous
faut être toujours vigilant sur vous-même, en particulier en ce qui
concerne ce maudit vice qu’est la vanité; c’est en effet ce qui ronge
l’âme pieuse. Il faut y veiller d’autant plus que ce vice pénètre
facilement dans l’âme sans qu’on s’en aperçoive; c’est pourquoi il est
extrêmement difficile de s’en rendre compte. Soyons toujours en alerte!
Il ne nous faut jamais croire que nous combattons trop cet ennemi
infatigable. (9 mai 1915)
Au Père
Agostino
Soyons toujours sur nos gardes pour ne pas
laisser le démon s’insinuer en nous par le vice maudit de la vanité. (17
octobre 1915)
2-2-Les scrupules
Au Père
Benedetto
Depuis plusieurs jours je ressens un
trouble de conscience continuel pour ma vie passée, si mal employée.
Mais ce qui me martyrise le plus le cœur et m’afflige outre mesure,
c’est la pensée de n’être pas certain d’avoir confessé tous les péchés
de ma vie, et aussi celle de les avoir ou non bien confessés. Mon Père,
j’ai besoin d’une aide qui apaise les flottements de mon esprit, car,
croyez-moi, c’est une pensés qui me tue; je ne sais quel parti prendre.
(20 juin 1910)
Au Père
Agostino
Restez donc tel que vous êtes et ne
permettez jamais que votre âme s’attriste ni qu’elle vive dans
l’amertume spirituelle ou dans les scrupules, car celui qui l’a aimée et
qui est mort pour la faire vivre est doux, bon et aimable. (10 août
1917)
Au père
Agostino
Il n’y a rien de pire que les regrets, les
afflictions et les mélancolies pour assécher le lait et le miel de la
charité. Vivez donc dans une sainte joie au milieu de ces enfants de la
patrie[1]:
soyez leur réconfort spirituel, montrez-vous bon et d’aspect agréable,
pour qu’ils accourent avec joie. (15 décembre 1917)
3 - Les
remèdes contre Satan
3-1-Marie
Au Père
Agostino
Que de fois n’ai-je pas confié à cette
Mère les angoisses torturantes de mon cœur troublé! Et que de fois elle
m’a réconforté!... Pauvre maman, comme elle m’aime! J’ai encore pu le
constater au tout début du mois. Ce matin, elle m’a elle-même accompagné
à l’autel avec beaucoup de gentillesse. J’avais l’impression qu’elle
n’avait rien d’autre à penser si ce n’est à me combler le cœur
d’affection... Je voudrais avoir une voix tellement puissante pour
inviter les pécheurs du monde entier à aimer la Vierge Marie! (1er mai
1912)
Au Père
Agostino
Oh! Que
cela est beau à voir! Regardons bien avec les yeux de l’esprit:
immédiatement après Jésus, voici venir notre très sainte Mère qui le
suit, chargée de sa propre croix, avec une totale perfection. Elle est
suivie par les apôtres, les martyrs, les docteurs, les vierges et les
confesseurs. Oh! Que cette foule est sainte, noble, auguste, priante et
chère! Comme sa joie est sincère, sa manière de vivre parfaite! La foi
l’anime, la confiance la soutient, la charité l’embrase, la pudeur
l’embellit, la pénitence l’orne. (24 juin 1915)
Au Père
Agostino
Que la Sainte Vierge nous obtienne d’aimer
la croix, les souffrances et les douleurs! Puisqu’elle fut la première à
mettre l’Évangile en pratique dans toute sa perfection et sa sévérité...
Efforçons-nous aussi, à l’exemple de tant d’âmes élues, de nous tenir
toujours derrière cette Mère bénie et de marcher à sa suite, car il n’y
a pas d’autre chemin qui conduise à la vie que celui que notre Mère
emprunte: ne nous en détournons pas si nous voulons atteindre notre but.
(1er juillet 1915)
3-2-Le repentir
Au Père
Benedetto
Je vois en moi quelque chose qui tient du
mystère; je me repens continuellement de mes péchés, je me propose
continuellement de ne plus les commettre, j’ai continuellement une
volonté résolue à ne plus pécher; et pourtant, c’est avec douleur que je
le dis, en versant des larmes de sang: je suis encore si imparfait qu’il
me semble que bien souvent je dois dégoûter le Seigneur. (2 septembre
1911)
3-3-La confession
Au Père
Benedetto
La
volonté de Dieu est que vous poursuiviez votre ministère de confession
et que vous soyez serein, car ce ministère sera pour vous l’occasion de
plus grandes grâces auprès du Seigneur. Maintenant que vous savez cela,
vous comprendrez bien que c’est l’esprit malin qui a suscité dans votre
âme tant de craintes à ce sujet.
Cette maudite bête connaît trop bien le
nombre d’âmes tièdes qui sont devenues ferventes grâce à vous; le nombre
d’âmes pécheresses qui se sont données entièrement au Seigneur grâce à
vos saintes exhortations; le nombre infini d’âmes qui se sont consacrées
à la perfection chrétienne parce que vous leur en avez donné le goût.
C’est pourquoi, à la vue de tant de belles œuvres, le diable a voulu
s’insinuer dans votre cœur par ces funestes craintes sur votre ministère.
(10 septembre 1915)
Au Père
Agostino
Une foule d’âmes assoiffées de Jésus me
tombe dessus au point que je m’en arrache les cheveux. Devant une
moisson si abondante, d’un côté je m’en réjouis dans le Seigneur, car je
vois les rangs des âmes élues grossir sans cesse et Jésus être plus aimé;
d’un autre côté, je me sens harassé sous un tel poids et presque
découragé, pour plusieurs raisons faciles à comprendre. (23 août 1916)
Pourquoi la confession fréquente,
hebdomadaire même, que Padre Pio conseillait à ses dirigés? À l’une de
ses filles spirituelles, Padre Pio conseilla: “Tu diras à ton papa
qu’une chambre bien nettoyée et même inoccupée, si l’on y retourne au
bout de huit jours, tu verras qu’il y a de la poussière et qu’elle a
besoin d’être époussetée à nouveau.” Car, disait encore Padre Pio,
“la confession est le bain de l’âme. Il le faut tous les huit jours
au moins. Je ne veux pas que les âmes restent éloignées de la confession
plus de huit jours.”
3-4-La prière et l’oraison
Au Père
Benedetto
Je recours à la prière, je me jette dans
les bras de la miséricorde divine, je pose mon cœur brisé de douleur et
las de combattre, sur le Cœur de Jésus. (4 décembre 1916) Car le Cœur de
Jésus est un refuge sûr. Voici ce qu’il écrivait déjà en septembre 1916:
“Vivez au calme et reposez-vous sur le divin Cœur, sans aucune
contrainte, car là, on est bien à l’abri des tempêtes, et la justice de
Dieu ne peut même pas arriver jusque là.”
Au Père
Benedetto
Voici comment je fais mon oraison
habituellement. Dès que je me mets à prier, mon âme se recueille dans
une paix et une tranquillité inexprimables. Mes sens sont comme en
suspens, à l’exception de l’ouïe qui ne l’est pas toujours; toutefois,
ce sens ne me gêne pas d’ordinaire, et je dois reconnaître que, même si
l’on menait grand tapage à côté de moi, cela ne me gênerait absolument
pas. Vous voyez donc que l’intelligence intervient rarement dans ma
prière...
Parfois, mon esprit demeure au contraire
dans une grande sécheresse; mon corps se sent accablé par tant
d’infirmités. J’ai l’impression d’être dans l’impossibilité de me
recueillir et de faire oraison malgré mon désir. (1er novembre 1913)
Au Père
Benedetto
Ce que je comprends en toute vérité et
clarté, c’est que, même dans un tel moment (de doute), mon cœur aime
beaucoup plus que mon intelligence ne connaît.(1er novembre 1913)
Au Père
Agostino
Dieu veut épouser l’âme dans la foi, et
l’âme qui doit célébrer ces noces célestes doit marcher dans la foi
pure, car c’est le seul et unique moyen de parvenir à une telle union
d’amour. Pour être élevée à la contemplation divine, il faut que l’âme
soit purifiée de toutes ses imperfections, non seulement actuelles -ce
qui s’obtient par la purification des sens-, mais aussi de toute
imperfection habituelle; il s’agit dans ce cas de certaines affections,
de certaines habitudes imparfaites que la purification des sens n’est
pas arrivée à extirper et qui reste au fond de l’âme comme à l’état de
racines; cela s’obtient par la purification de l’esprit, au cours de
laquelle Dieu pénètre toute l’âme d’une lumière vive, la transperce au
plus intime et la renouvelle totalement. (19 décembre 1913)
Au Père
Benedetto
Aussitôt que je me mets à prier, je sens
mon cœur être comme envahi par la flamme d’un vif amour. Cette flamme
n’a rien à voir avec toutes celles de ce bas monde. C’est une flamme
délicate et très douce qui dévore sans faire souffrir. Elle est si douce,
si délicieuse, que l’esprit y trouve un grand plaisir et qu’il en est
rassasié au point de ne plus jamais en perdre le désir. Mon Dieu! c’est
une chose qui m’émerveille au plus haut point et que je n’arriverai
peut-être jamais à comprendre, sinon dans la patrie céleste.
Loin de
faire disparaître la satiété de l’âme, ce désir l’affine toujours plus.
Il ne diminue pas le plaisir que l’âme éprouve au plus profond
d’elle-même, bien au contraire, ce dernier se perfectionne sans cesse;
il en va de même du désir de toujours jouir de cette flamme très vive
car, au lieu d’être assouvi par la jouissance, il devient toujours plus
pur. (26 mars 1914)
3-5-La crainte de Dieu
Au père
Agostino
Le
combat est une épreuve qui vise à l’union de l’âme avec Dieu, et un
signe de la présence de Dieu au plus intime de l’âme: “Je suis avec
lui dans la détresse.” (Ps 91, 15)
Que l’exemple de Jésus ”éprouvé en tout
d’une manière semblable, à l’exception du péché” vous encourage, car
il fut tenté et éprouvé jusqu’à n’en plus pouvoir et jusqu’à s’exclamer:
“Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?” Ne prêtez pas
foi à ce que vous suggèrent l’ennemi et votre imagination par laquelle
Satan vous souffle que Dieu vous punit pour des infidélités cachées...
Quand l’âme gémit et craint d’offenser
Dieu, elle ne l’offense pas et est bien loin de le faire. (25 mars
1918)
Au Père
Agostino
Efforcez-vous de vaincre et de réprimer en
vous cette peur excessive, autrement, Père, Jésus ne vous sourira pas.
(27 septembre 1916)
Au Père
Agostino
Mon
Père, gardez courage et ne craignez rien; puisque Jésus est avec vous,
de quoi avoir peur? Toutes les craintes qui surviendront n’ont pas lieu
d’être puisqu’elles sont sans raison. Elles sont suscitées par notre
sottise, mais aussi par notre ennemi commun; c’est pourquoi elles ne
méritent que notre mépris.
Ne vous faites pas de souci à l’idée que
l’épreuve sera encore longue; il vaut mieux souffrir le purgatoire par
la volonté de Dieu que de goûter aux délices du cloître, qui n’est
qu’une pâle figure de la Jérusalem céleste.
Le
Calvaire est le mont des saints; mais de là, on passe à un autre mont
qui s’appelle le Thabor. (10 octobre 1916)
Au Père
Benedetto
Celui qui craint d’offenser Dieu ne
l’offense pas; c’est quand cette crainte cesse qu’il l’offense. (29
janvier 1919)
Au Père
Benedetto
Dieu lui-même veut que vous vous moquiez
de tout cela (les craintes) et que vous supportiez ces épreuves dans la
paix... Il faut que vous vous résigniez et que vous laissiez faire, même
quand il ne vous est pas accordé de laisser faire. (9 janvier 1921)
[1] Le
Père Agostino était alors mobilisé
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