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“Je donnerai au
monde de connaître mon divin Coeur comme ce qu’il est: Coeur éperdu de
ce que les hommes appellent sentimentalité et qui est l’essence de
l’Amour. Mes âmes consacrées elles-mêmes ont dépeint mon Coeur comme
étranger à toute sentimentalité humaine, considérée comme dangereuse par
bien des hommes, et ont fait de Moi un Dieu au Coeur dur et froid. Si la
sentimentalité humaine peut-être mauvaise en ceux qui me refusent leur
abandon total (à Moi, le Christ), elle est bonne et nécessaire à ceux
qui désirent M’adorer, du fond de leur coeur, comme Je le souhaite de
toute âme...
En ces temps si
dépourvus de tendresse, Je désire des âmes qui Me recherchent dans leur
sentiment... Je désire que les âmes éprouvent de la sensibilité et de la
délicatesse dans leur amour pour Moi, qu’elles Me demandent la grâce
immense de Me donner à elles “sentimentalement” de sorte qu’elles
brûlent de Me connaître et de M’adorer davantage en ressentant mon Amour
particulier pour chacune d’entre elles.
C’est par l’effusion
de l’Esprit-Saint, qui est mon Amour, que Je referai ce monde.”
Jésus à une âme mystique
H - Le
Cœur Eucharistique
Coeur Eucharistique de Jésus,
nous sommes des tout petits,
si petits et tellement limités!
Coeur Eucharistique de Jésus,
nous avons tout à apprendre de Vous,
enseignez-nous votre Amour
et nous vivrons...
L’offrande suprême,
accomplie sur la Croix par Jésus, donc par Dieu Lui-même, manifestation
de sa Miséricorde envers les hommes, va encore bien au-delà de la
Rédemption et du salut des hommes. Par l’Eucharistie, Jésus, l’Agneau
Immolé, transforme son sacrifice en action de grâce éternelle rendue au
Père, et en présence permanente auprès des hommes. Le Cœur Eucharistique
de Jésus, c’est l’expression de la Miséricorde de Dieu, c’est la
Présence, au milieu des hommes, de Jésus Ressuscité, c’est la
manifestation de l’Amour de Dieu pour les siècles des siècles. C’est
aussi la Gloire de Dieu.
Mais il ne faut pas
oublier que l’Eucharistie c’est avant tout le don du Cœur de Jésus juste
avant de partir pour sa Passion. Le Cœur Eucharistique de Jésus c’est la
réponse de l’Homme à l’Amour, c’est l’Agonie de Jésus à Gethsémani,
c’est la Croix, c’est tout le Mystère de la Rédemption et du Mystère
pascal, c’est l’abandon à l’Amour. Le Cœur Eucharistique de Jésus c’est
l’holocauste de Jésus, la grande Victime, pour le salut du monde, pour
tous les hommes, et pour la plus grande Gloire de Dieu.
À Gethsémani, Jésus
cherchera des consolateurs, et n’en trouvera pas. Dans l’Eucharistie,
Jésus attend l’amour des hommes, mais ne le trouve pas. Jésus est
souvent délaissé dans son Eucharistie. Dans son Eucharistie, Jésus
cherche des consolateurs... En trouvera-t-Il?
H-1-Consolation
de l’Agonie
À Gethsémani et, plus tard, dans son
Eucharistie, Jésus demande des consolateurs et Il n’en trouve pas...
Lui, le Dieu tout puissant fut laissé seul durant son Agonie au Jardin
des Oliviers. Dans les tabernacles, Il est souvent seul aussi. Dans son
Eucharistie comme au Jardin des Oliviers Jésus cherche des
consolateurs...
Consoler Jésus, c’est-à-dire,
consoler Dieu, qu’est-ce que çà veut dire? Comme si Dieu avait besoin
d’être consolé, Lui, le Créateur, Lui le Tout Puissant, le Maître du
monde. Lui qui possède tout, qui peut tout, qui n’a pas besoin de nous
alors que nous, pauvres hommes, nous avons tellement besoin de Lui pour
tout, absolument pour tout, car nous dépendons de Dieu, totalement,
intégralement. Ne serait-ce pas plutôt nous qui aurions besoin d’être
consolés par Dieu, soumis que nous sommes à de multiples contingences,
éprouvés par de nombreux chagrins, et souvent, hélas! victimes des
tentations de Satan?
Jésus nous a tout donné, Il s’est
donné Lui-même. Connaissant nos besoins, nos faiblesses, nos péchés, nos
misères, (Il les connaît d’autant mieux qu’Il a vécu homme parmi les
hommes et qu’Il a été crucifié par les hommes qu’Il venait aimer et
sauver), connaissant nos misères et notre besoin d’amour, Il a voulu
rester avec nous, tout près de nous, si près que nous pouvons Le manger.
Il a inventé l’Eucharistie et Il résidera dans ses tabernacles jusqu’à
la fin du monde. Miracle de l’Amour!
Dans l’hostie consacrée, Jésus est
là, tout entier, vivant, aimant, nous attendant. Oui! Jésus est là, mais
il faut bien admettre qu’il faut une grande foi pour le croire, pour
l’admettre, ce mystère insondable. Je vois un morceau de pain et je dis:
“C’est Vous mon Dieu.” Je vois du vin et je proclame: ”C’est votre
sang.” Il y a des jours où nous nous disons: ”Comment cela peut-il se
faire?” Oui, il y a des jours, où, écrasés par la réalité que nous livre
la foi, nous murmurons: “Comment cela est-il possible?” Et pourtant
nous Vous adorons, présent, vivant, là, pour nous... Mystère de l’Amour
de Dieu pour nous, mystère qui dépasse nos intelligences humaines!
L’Eucharistie consola l’agonie de
Jésus
Jésus, ta joie dans l’humilité de ton
Cœur Eucharistique, ce fut aussi la consolation de ton Agonie.
Jésus! Tu prends le pain, Tu le
bénis, Tu le romps et Tu le donnes à tes apôtres en disant: “Prenez
et mangez-en tous. Ceci est mon Corps...” Jésus, comme un jour Tu
avais béni le pain avant de le multiplier et de le donner aux foules
affamées, voici que Tu bénis ce même pain mais pour le transformer en
ton Corps, et le donner en nourriture aux foules affamées de Dieu.
Jésus, Tu regardes tes apôtres qui
communient pour la première fois. Tu sais qu’ils ne comprennent pas
encore très bien, mais qu’importe: bientôt ils recevront l’Esprit, ton
Esprit que Tu leur as promis. Mais avant, Tu dois recevoir un Baptême.
Jésus, les minutes défilent devant ton esprit. Tu vis déjà, en pensée,
ton Agonie. Tu sais que, dans quelques instants, écrasé sous le poids
des péchés du monde et des hommes désespérés qui se perdent et se
perdront, Tu sais qu’à ce moment-là Tu penseras à l’Eucharistie que Tu
viens de distribuer, Tu penseras à ce pain que Tu nous partageras
jusqu’à la fin des temps? Tu sais qu’en ce moment terrible de ta
première Agonie Tu verras les foules affamées de Dieu se presser près de
Toi, recevoir ton pain consacré, ton Corps béni livré pour nous, et Te
rendre grâces. Et cela Te consolera.
Jésus! Tu prends le vin et Tu le
bénis. Ce geste, Tu l’as fait, il y a bientôt trois ans: c’était à Cana,
et ils n’avaient plus de vin. Plus de vin pour des noces! Cela n’est pas
pensable. Alors, Tu changeas l’eau en vin. Ce soir, ce sont tes noces,
tes noces à Toi, Jésus, mais des noces de sang. Voici que le vin, le vin
de la coupe que Tu viens de bénir, c’est ton Sang qui va être versé.
C’est le Sang de l’Agneau, le Sang des noces de l’Agneau. Jésus, Tu sais
que dans quelques instants Tu seras en Agonie et que Tu pleureras des
larmes de sang, et que ta sueur sera une sueur de sang. Mais Tu sais
aussi que Tu penseras alors à tous ceux qui, ayant soif de Toi, soif de
Dieu, viendront à Toi, la source d’eau vive, et boiront la coupe de ton
Sang. Et cela Te consolera.
Jésus, Tu penses à tout cela en
bénissant le pain et le vin de ta première Eucharistie. Tu sais que tous
les peuples de toutes les nations et de tous les temps auront faim et
soif de Toi. Tu sais qu’avec ton Eucharistie Tu pourras rester près
d’eux, avec eux et pour eux. Mais Tu connais aussi leurs faiblesses,
leurs misères, leurs petitesses, et parfois aussi, leurs timidités, à
cause de leurs nombreux péchés.
Tu sais, Jésus, que lorsque les âmes
sont trop malades, il ne faut pas les effaroucher. Il faut se mettre à
leur portée, à leur taille. Il ne faut pas les bousculer, les
réprimander trop fort, mais il faut d’abord les panser, les soigner, les
accompagner et les dorloter un peu. Il n’est pas question alors de leur
faire de grands discours auxquels elles ne comprendraient d’ailleurs
rien. Non, il faut leur parler avec douceur, avec humilité. Et Toi,
Jésus, Toi la Miséricorde, Tu as un Cœur doux et humble, juste ce qu’il
faut pour délivrer les âmes malades, pour les attirer à Toi, pour les
soigner et les purifier.
Ton Cœur, Jésus est doux et humble.
Dans ton Eucharistie, quand Tu nous attends, quand Tu viens à nous, Tu
es toujours doux et humble. Car ton Cœur Eucharistique, ton Cœur qui
donne la joie, ton Cœur qui donne la vie, est un Cœur doux et humble, un
Cœur patient, un Cœur plein de Miséricorde, de tendresse et d’Amour.
Jésus, Tu regardes tes apôtres qui
boivent le Sang de ton Sacrifice. Tu sais qu’eux aussi, un jour, sauront
donner leur vie pour Toi. Tu sais que dans quelques heures Tu mourras
sur la Croix. Tu sais aussi que, dans ta deuxième Agonie, celle de
l’heure de l’abandon du Père, quand Tu seras désespérément seul,
abandonné de tous, livré à la mort, Tu penseras à ton Eucharistie, et
cela Te consolera.
Jésus, Tu sais que lorsque, sur la
Croix, Tu auras soif, soif de nous à en mourir, Tu sais que ton Sang
versé sera notre breuvage, l’eau qui donne la vie, et cela Te consolera.
Tu sais aussi que Toi, l’Homme humilié, crucifié mais ressuscité, Tu
seras toujours avec ceux que Tu aimes, Tu seras toujours près de tes
pauvres petits enfants qui pourront Te retrouver dans les tabernacles de
ton Eucharistie.
Tu sais, Jésus, que nous pourrons
toujours T’aimer et Te prier près ton Cœur Eucharistique, ton Cœur plein
d’Amour, de tendresse et de Miséricorde, et cela Te consolera.
H-2-Cœur
Eucharistique de Jésus
Unité du Cœur
mystique, unité du Corps mystique
L’Église du Christ, son Corps
mystique, c’est un grand corps vivant, et son Cœur mystique est la vie
qui l’anime. Dans le Corps mystique du Christ, son Cœur mystique
distribue partout le Sang de la vie, le sang de l’Eucharistie.
L’Eucharistie est comme le liant, le ciment que l’on emploie dans toutes
les constructions. L’Eucharistie est le liant qui maintient tout en
place, qui crée l’unité du Corps.
L’Église de Jésus, son Corps mystique
est constitué de millions de pierres vivantes, tous les chrétiens qui
L’aiment et vivent selon son Évangile. Dans le Corps mystique, il y a
aussi les saints et tous ceux qui sont morts dans l’amitié de Dieu.
Le Corps mystique du Christ, c’est
comme un grand ouvrage d’art. L’architecte a fait un plan, puis il a
procédé à de nombreux calculs afin que son œuvre ne puisse pas
s’effondrer, même après des siècles de services rendus. Il peut
commencer son travail: d’abord les fondations, bâties sur le roc. Le
reste de l’ouvrage pourra ensuite s’élever. Pour cela on utilisera des
pierres solides, résistantes, et belles de préférence. Chaque pierre,
avant d’être mise en place, devra d’abord être nettoyée de sa gangue,
puis soigneusement taillée, éventuellement polie ou sculptée, puis
ajustée avec précision afin qu’elle puisse répondre à l’usage auquel
elle est destinée.
Et pour que l’ensemble tienne
solidement, pour qu’aucune pierre ne puisse se détacher, on a pris soin
d’utiliser un liant adapté qui maintiendra le tout en place, réalisant
l’unité de la construction. Cette technique de construction, pourtant
bien humaine et sans prétention spirituelle, c’est un peu l’image de la
grande Œuvre voulue par Jésus: son Église, une et indivisible. Les
fondations, ce sont les commandements de Dieu: le Décalogue, et sa Loi
d’Amour révélée dans l’Évangile. Les pierres, ce sont les hommes, tous
les hommes qui ont su se sanctifier. Pour nous aider à nettoyer toutes
les gangues qui cachent la beauté des pierres, et risqueraient de les
fragiliser si on ne les en débarrassait pas, il y a les sacrements, et
spécialement le Sacrement de la Réconciliation. Merveilleux sacrement
qui apaise les cœurs meurtris et lave les âmes souillées pour leur
redonner leur beauté!
Pour faire tenir tout cela, pour
réaliser l’unité du Corps, il y a un liant unique, saint entre tous
puisque c’est le don du Seigneur, son véritable Testament, il y a
l’Eucharistie. L’Eucharistie, c’est l’Amour vivant que nous donne, sans
jamais se lasser, le Cœur de Jésus plein d’Amour et de Miséricorde.
L’Eucharistie, c’est Dieu vivant livré pour le salut de tous les hommes
dans l’unité du Dieu unique, pour une construction unique, le Corps
mystique du Christ. Ce liant divin, ce Sang de Jésus versé pour nous
jusqu’à la fin du monde, c’est son Cœur Eucharistique, le Cœur mystique
du Corps mystique, c’est le divin Amoureux de nos âmes qui nous attend
toujours dans tous les tabernacles de la terre.
Chaque fois qu’un chrétien communie,
Jésus vient le transformer en Lui, pour que, peu à peu, grâce à sa
patience, il devienne Eucharistie avec Lui, uni à son Cœur
Eucharistique. Jésus vient pour nettoyer, tailler, sculpter, façonner,
polir la pierre vivante qu’Il désire, la pierre qu’Il destine à une
vocation spéciale dans l’Œuvre mystérieuse de son Corps mystique dont le
Cœur mystique est et sera toujours son Cœur Eucharistique.
Mais, compte tenu de notre petitesse,
de l’extrême petitesse de la terre et de ses milliards d’habitants, dans
l’immensité de l’univers nous disparaissons complètement, nous sommes
vraiment des riens, des néants. Comment, alors, le Seigneur a-t-Il pu
nous aimer, et venir jusqu’à nous, et vivre jusqu’à nous? Comment cela
a-t-il pu se faire, et comment cela peut-il toujours se faire, et
qu’est-ce que l’Eucharistie? Quel vertige!
Comment Jésus, Verbe de Dieu, a-t-Il
pu venir chez nous, vivre avec nous, à notre échelle, nous voir
individuellement, nous connaître chacun par notre nom, et surtout nous
aimer?... Comment peut-Il rester toujours avec nous, à notre échelle, à
notre taille et encore plus petit que nous, dans son Eucharistie?
D’abord, il faut essayer de
comprendre ce que Jésus a voulu faire quand Il institua l’eucharistie.
L’Eucharistie est une nourriture pour nos âmes, c’est le Cœur du Christ
amoureux de nous. Son Cœur Eucharistique nous donne la nourriture
indispensable, le pain de notre vie, notre pain quotidien...
L’Eucharistie façonne les pierres vivantes que nous sommes. Le Corps que
Jésus construit, son Corps mystique est immense et il est en Dieu.
Le Père embrasse son Verbe, le Fils
unique. Le Père et le Verbe ne font qu’un et dans leur Amour jaillit
l’Esprit Créateur. Et le Cœur du Père, c’est le Cœur du Fils, c’est le
Cœur même de Dieu. Et dans le Cœur de la Trinité il y a l’univers, et
les mondes et la terre, et les hommes... Il y a le Corps mystique du
Christ, ce Pont merveilleux qui relie les hommes à Dieu, ce Pont qu’il
faut emprunter, nous dit Saint Bernard, pour aller vers le Père, vers
Dieu.
Le Corps mystique du Christ
renfermera un jour l’univers tout entier, et les hommes seront dans le
Cœur mystique de Jésus, le Cœur de l’Amour. Beaucoup y sont déjà,
beaucoup d’hommes et de femmes, vivants ou morts, mais vivants dans le
Christ: les élus sont déjà dans le Cœur de Dieu, dans le Cœur de Jésus,
dans le Cœur mystique du Christ ressuscité.
Comment comprendre l’immensité des
désirs de Dieu? Et quelle est la place de l’Eucharistie dans l’infini du
Cœur de Dieu? D’où vient-elle? Comment les atomes d’Amour du Cœur
Eucharistique peuvent-ils rejoindre les cellules microscopiques que nous
sommes? Nous ne sommes, en effet, sur la terre, qu’un minuscule
microcosme que Dieu regarde pourtant avec amour et intérêt. Comment
peut-Il?
Mon Dieu! Que sommes-nous pour Vous?
Et pourquoi tant d’Amour? Et comment le Cœur Eucharistique est-il comme
le ciment du Corps mystique du Christ?
Aujourd’hui, dans notre monde, la
construction du Corps du Christ est encore un immense chantier, mais
déjà nous commençons à voir comment, chacun à sa place, tous les enfants
de Dieu sont les pièces constitutives de cette Grande construction dont
le Cœur Eucharistique sera le ciment.
Que chaque homme soit une pièce
constituante du Corps mystique, c’est facile à comprendre. Les élus sont
déjà en place, et nous, les pauvres hommes encore en voyage et en cours
de finition, nous comprenons bien où est notre avenir éternel auprès de
Dieu. Mais comment le Cœur Eucharistique peut-il être comme le ciment du
grand Ouvrage de Dieu?
Contemplons Jésus, contemplons ses
œuvres. Nous voyons tous les enfants de Dieu: ils sont tous différents,
infiniment divers, et tous irremplaçables dans l’immense construction du
Corps mystique. Tous les hommes sont différents, toutes les
civilisations sont différentes, les façons de penser sont différentes,
les diversités sont infinies dans le monde des hommes et des âmes, et
pourtant tous sont destinés à construire le Corps, chacun à sa place,
celle que Dieu leur destine depuis toute éternité, celle où chacun sera
vraiment utile et heureux. Ainsi nous comprenons que, pour construire
son Corps mystique, Jésus a besoin de tous les hommes, et qu’Il les
place chacun, un à un, là où il sera, non seulement nécessaire, mais
indispensable.
Chaque homme est indispensable, car
chaque homme est une entité propre, une individualité particulière,
totalement différente des autres. Alors, comment l’ensemble pourra-t-il
tenir? Quel ciment assurera le liant solide, résistant, puissant,
indestructible, qui maintiendra l’ensemble en place? Mais tout
simplement l’Eucharistie et le Cœur amoureux qui nous la donne. Le
ciment du Corps mystique du Christ, c’est l’Eucharistie.
Tout cela est un peu abstrait, un peu
intellectuel... Alors essayons d’imaginer la réalité du Cœur de Dieu, la
vérité extraordinaire de l’Amour vivant et éternel, c’est-à-dire une
réalité bien concrète d’amour qui se manifeste déjà dans les œuvres
humaines, par définition, imparfaites.
Essayons encore d’imaginer, de voir,
de comprendre. Voici qu’une merveilleuse musique s’élève... une
symphonie sublime et des chœurs éblouissants: il y a une infinité de
notes et d’accords, une multitude d’instruments et de timbres, des
tessitures variées à l’infini... mais il n’y a qu’un concert qui se
tient parce que le chef d’orchestre unit tous les éléments disparates
selon un même rythme, une même harmonie.
Imaginons encore un château
magnifique, une cathédrale fabuleuse destinée à chanter la gloire de
Dieu, une architecture époustouflante. Des flèches montent droit dans le
ciel, des arcades décorent et soutiennent des façades ciselées et
légères comme de la dentelle. L’ensemble s’élance vers le Créateur comme
une symphonie de pierres, un concerto de nefs, de chambres, de fenêtres
et de verrières aux couleurs célestes, innombrables, mais sans heurt,
dans un fondu apaisant et splendide. L’ensemble a l’air si fragile...
mais il tient, et il durera autant que le temps, car la pensée du Maître
est le liant surpuissant qui assure l’équilibre, la beauté et la
solidité de l’œuvre.
Alors maintenant nous pouvons “voir”
le Corps mystique, l’Église éternelle, le Chef-d’Œuvre de Dieu. La
grande Croix du Christ glorieux devient le Sacré-Cœur aux bras étendus
pour accueillir le monde. Le Cœur de Jésus, son Sacré-Cœur donne vie et
amour au Corps, ce Pont qui relie tous les mondes créés au Père. Et
c’est Jésus-Eucharistie qui réalise l’unité de la Création tout
entière...
Le Corps mystique est achevé: il
scintille de millions d’étincelles de lumière, les lumières de l’Amour.
Tout est Amour dans le Corps, tout est action de grâce, tout est don...
Les étincelles d’Amour qui jaillissent du Cœur comme des myriades
d’hosties vivantes nourrissent le Corps. Le Cœur Eucharistique, le Cœur
d’action de grâces de Jésus, le Cœur qui nous donna la nourriture
destinée à soutenir nos efforts terrestres, le Cœur Eucharistique est
devenu comme le Ciment de son Corps vivant victorieux, le Corps mystique
du Christ, la Jérusalem céleste.
Quand on pénètre dans une église où
il n’y a plus le Saint Sacrement, l’église semble vide. On a
l’impression d’entrer dans une enceinte désertée dans laquelle on n’a
pas envie de rester et encore moins de prier. Par contre, lorsque le
Saint Sacrement, Jésus-Eucharistie, est présent dans son tabernacle, on
sent que l’église est habitée. D’instinct on se tait et le cœur se met
en prière car Jésus est là, et Il nous attend.
Lorsque plusieurs personnes décident
de prier ensemble dans l’église habitée, de chanter ensemble les
louanges de Dieu, elles sentent rapidement une unité qui se fait, une
joie qui unit tous les cœurs autour de l’Eucharistie, présence de Jésus
parmi nous, autour du Cœur Eucharistique qui rassemble dans l’amour et
dans la paix.
Autour du Cœur de Jésus présent dans
son Eucharistie il y a une unité d’amour qui se fait, un édifice qui se
construit dans la compréhension mutuelle, une paix qui s’établit, une
joie qui soude les cœurs, même dans les plus grandes tristesses. C’est
la communion des cœurs et des esprits déjà commencée ici-bas. C’est une
impression extraordinaire de bonheur, même quand ce bonheur est douleur,
lors de certaines occasions graves. Et cette communion des cœurs, on ne
la ressent vraiment et on ne la vit pleinement, qu’autour de
l’Eucharistie, de Jésus présent dans son Eucharistie.
Déjà sur cette terre, pour les hommes
encore pécheurs et souvent loin de Dieu, le Cœur Eucharistique de Jésus
révèle que son Corps mystique existe, et qu’Il en est le véritable
artisan, le véritable ciment. Et les milliards de milliards d’hosties
consacrées depuis la Cène du Jeudi-Saint sont comme les étincelles
d’amour qui contribueront éternellement à réaliser l’unité de la
Création.
Le ciment de
l’unité des chrétiens
qui deviendront
les martyrs de l’Église,
c’est
l’Eucharistie,
le Cœur
Eucharistique de Jésus.
H-3-Cœur
Eucharistique de Jésus - Ciment d’unité
Quand Jésus disait: “Père, qu’ils
soient un, comme Toi et Moi nous sommes Un,” pensait-Il, à ce
moment-là, aux grandes déchirures qui défigureraient son Église?
Pensait-Il aux doctrines perverses qui dresseraient les hommes les uns
contre les autres? Pensait-Il à la lutte des classes, cette invention
qui va tellement à l’encontre de sa Loi d’Amour? Pensait-Il à nos
guerres, à nos divisions, à nos philosophies orientées vers la volonté
de puissance des uns et à l’exclusion des autres? Jésus pensait-Il à
tout çà?
Jésus, nous Te voyons vivant dans ton
village, dans ta famille, avec tes apôtres sur les routes de Palestine.
Tout est Amour en Toi, tout est douceur, miséricorde, sollicitude sans
cesse renouvelée. Et tous les hommes ont droit à ton sourire, à ta
compréhension, à ton Amour. Tu n’exclus personne: dans ton Royaume, il
n’y a pas de divisions, il y a seulement des fonctions différentes, des
vocations complémentaires, toutes aussi utiles les unes que les autres.
Nous Te voyons, Jésus. Là où Tu
passais, il y avait, comme de nos jours, tant de gens différents, tant
de milieux différents. Tu aurais pu créer des divisions, introduire des
séparations dans le groupe de tes apôtres. Non, ils devaient ne faire
qu’un... Pourtant leurs origines étaient bien diverses, depuis le Zélote
jusqu’au fonctionnaire méprisé car dévoué au fisc romain. Il y avait
aussi des gens instruits, des pécheurs, des pères de famille aisée, des
artisans. Et tous avaient un métier manuel: c’était obligatoire dans la
société juive de l’époque.
Jésus, nous Te contemplons encore. Il
y avait aussi de tout parmi tes amis. Des pécheurs, des pauvres, des
gens très instruits et très riches, et même des femmes... ce qui était
incroyable à une époque où les femmes ne comptaient guère. Et au pied de
ta Croix, quand tous ceux de ton peuple furent partis, il ne restait que
Marie la toute sainte, la toute pure, et Jean, l’apôtre au cœur fidèle,
et Marie-Madeleine, la grande pécheresse pardonnée. Mais il y avait
aussi deux malfaiteurs et des soldats romains pas très recommandables.
Il y avait aussi deux membres
importants du Sanhédrin: on les oublie toujours, Nicodème et Joseph
d’Arimatie qui Te descendirent de la Croix pour T’ensevelir. Quel
courage, et quel amour aussi pour oser, après ta mort, prendre de tels
risques!
Jésus, dans la primitive Église, il y
avait également de tout: des patriciens et des gens des classes
moyennes, des hommes libres et des esclaves, des maîtres et des
serviteurs. Mais ils priaient ensemble, ils participaient ensemble à la
fraction du pain; et on les reconnaissait à ceci: ils s’aimaient les uns
les autres.
Jésus, dans ta primitive Église, ce
qui réunissait et soudait les chrétiens entre eux, c’était ton
Eucharistie, ton Cœur Eucharistique, l’unique Amour de Dieu présent au
milieu des hommes. Le ciment de l’unité des chrétiens qui deviendront
tes martyrs, c’était ton Eucharistie, ton Cœur Eucharistique.
Nous Te voyons, Jésus accueillant
tous les petits, c’est-à-dire tous les hommes, car pour Toi il n’y a pas
de différence: ils sont tous fils d’un même Père. Nous T’écoutons,
Jésus, et nous comprenons que ton désir le plus cher, c’est l’unité des
hommes autour de Toi nous donnant l’Eucharistie. Nous comprenons que ton
Cœur Eucharistique, c’est le liant qui maintient les pierres en place et
permet l’édification de la société de l’Amour.
Nous Te voyons, Jésus nous donnant
ton Corps et ton Sang en nourriture pour que nous devenions un comme le
Père et Toi Vous êtes Un. Nous Te regardons, et nous prenons conscience
de l’immense blasphème que sont la division des chrétiens, les guerres
et la lutte des classes. Notre cœur se brise Jésus quand nous
considérons que tes chrétiens, au lieu de travailler à l’unité qui T’est
si chère, ont dépensé tant d’énergie pour créer des mondes hostiles,
dressés les uns contre les autres, et inventé les guerres de religion.
Ne serait-ce pas le péché de nos
sociétés en voie de régression, que d’avoir inventé des mondes rivaux:
les mondes dits ouvriers, ruraux, intellectuels, dirigeants, techniciens
et patronaux, etc ?... Et ces divisions si perverses, si dangereuses, si
suicidaires, n’auraient-elles pas en fait, été inventées par ton Ennemi
qui est aussi le nôtre?
Jésus, Tu voulais l’Amour, Tu voulais
l’unité des cœurs et des âmes... Alors Satan a inventé la haine et les
divisions. Tu voulais une Église une et indivisible, sainte et
universelle... Alors il a inventé les divisions, les sectes, l’argent et
le sexe.
Jésus, nous Te regardons dans ton
Eucharistie. Nous contemplons ton Cœur Eucharistique nous livrant ton
Amour. Et nous Te prions, Jésus-Eucharistie: fais de nous, dès
maintenant, un seul Corps, donne-nous un seul Esprit d’Amour, ton
Esprit. Et surtout, soude-nous tous dans ton Cœur eucharistique.
Jésus, fais que nous T’aimions, et
que nous nous aimions les uns les autres, comme Tu nous as aimés, comme
Tu nous aimes toujours. Jésus, fais que ton Eucharistie sois le ciment
de notre amour mutuel et de l’union de nos cœurs.
H-4-Cœur
Eucharistique de Jésus, Doux compagnon de notre exil
Jésus, nous contemplons encore ton
Cœur Eucharistique. Tu es dans la salle du Cénacle, avec tes apôtres et
Tu es heureux. Tu viens de célébrer la Pâque avec eux, cette Pâque que
Tu avais désirée d’un grand désir. Le dîner pascal est terminé, les
apôtres sont agités et joyeux... et ils continuent à chanter les psaumes
de la vie... Les apôtres vivent la joie que Tu as mise dans leur cœur et
ils ne pensent plus à rien; mais Toi, Jésus, Tu penses...
Jésus, Tu es heureux. Les apôtres
rangent la salle qu’il faudra rendre propre à l’hôte qui la leur a
prêtée. Jean aussi fait son travail, mais parfois il se retourne vers
Toi, Te sourit, puis continue. Jean Te regarde encore, Jésus, il Te
sourit, mais son sourire se fige soudain: voici que Tu as l’air
soucieux. Alors, Jean se rapproche de Toi: les autres ne diront rien car
la salle est presque en ordre et la vaisselle se termine. Jean se
rapproche de Toi, Jésus, saisit une de tes mains, se penche un peu sur
Toi, et te demande, inquiet:
— Jésus, qu’as-Tu? Pourquoi cette
tristesse soudaine? Tu n’es donc plus heureux? Quelqu’un T’a-il blessé?
Jésus regarde Jean, sourit, et dit:
— Non, tout va bien mon Jean. Tout va
bien, car dans peu de temps le monde sera sauvé. Tout va bien, mais il
Me faut accomplir maintenant la dernière étape de ma mission. Jean, va
demander aux autres de préparer une table avec du pain et du vin.
Apporte aussi une bassine pleine d’eau, un tablier et un grand torchon:
J’ai un enseignement grave et nouveau à vous partager.
Rassuré, Jean s’éloigne... Jésus
s’assoit sur un des coussins posés dans la salle. Jésus est assis, mais
sa pensée s’éloigne: Jésus s’absorbe dans sa prière. Les apôtres, qui
ont l’habitude de voir Jésus prier ainsi, se taisent car ils savent que
Jésus va leur dire des choses très importantes. Ils savent aussi que,
discrètement, Jésus leur enseigne aussi la prière qui établit le cœur à
Cœur avec Dieu. Chaque fois que Jésus a rencontré le Père, les apôtres
découvrent la bonté du Père, et sa tendresse.
Maintenant les apôtres prient, en
silence, respectant le silence du Maître. Maintenant, Jésus, uni au
Père, contemple le monde qui L’entoure et les mondes qui viendront.
Jésus sait que la volonté du Père, c’est la sienne, et Jésus sait que
les heures qui viennent seront douloureuses. Jésus sait que les pauvres
hommes qui sont ici, près de Lui, ces pauvres hommes si sûrs d’eux
maintenant, seront dispersés dans peu de temps... Dispersés, en fuite,
décontenancés et si malheureux. Mais cela, c’est inévitable, car c’est
l’Heure.
Oui, c’est maintenant l’Heure de la
Rédemption et l’heure des ténèbres. Dans le Cœur de Jésus défilent les
siècles de l’histoire des hommes. Dans son Cœur, Jésus voit les hommes
désemparés, affrontés au mal, brisés par des souffrances qu’ils ne
pourront pas supporter, car beaucoup de ces souffrances ne seront pas
des souffrances humaines, mais des souffrances provoquées par le
Diviseur. Jésus voit, dans son cœur, marchant sans but, sans espoir, sur
les routes humaines, les foules emplies de solitude. Et dans son Cœur,
Jésus pleure. Jésus pleure parce qu’Il est venu apporter l’espérance au
monde, et le salut, et non pas la détresse...
Jésus pleure dans son Cœur la
solitude humaine, la solitude des cœurs meurtris, des cœurs blessés.
Jésus pleure dans son cœur la peur des tout petits, l’angoisse des plus
grands, et la peine des humbles, et des pauvres de cœur... Jésus
pleure...
Jésus pleure parce qu’Il va bientôt
quitter ses amis dans des conditions atroces, et que tous pécheront...
Jésus pleure parce qu’Il laisse à eux-mêmes ceux qui ont mis en Lui
toute leur confiance, ceux qui ont tout quitté pour Le suivre...
Pourtant, récemment, Il a promis à ses disciples de ne pas les laisser
orphelins...
Jésus pleure dans son Cœur... Mais
Jésus, dans son Cœur, a déjà réalisé le grand miracle de l’Amour: Il
restera toujours le compagnon de tous ceux qui, au long des siècles,
seront encore exilés sur la terre des épreuves. Jésus sera toujours là,
près de ses enfants, de ses pauvres de cœur, de ceux qui pleureront avec
Lui,... Jésus sera toujours le compagnon des hommes... Jésus pleure,
d’angoisse, mais aussi de bonheur. Allons! Il est temps, maintenant...
Jésus se lève et rejoint ses apôtres.
Jésus a rejoint ses apôtres et ceint
le tablier: voici qu’Il lave les pieds de ses amis!!! Jésus s’assoit de
nouveau: “Comprenez-vous ce que je viens de faire?...”
Dans quelques heures, tout sera
accompli, les hommes seront sauvés, et Jésus, crucifié, sera remonté
vers le Père. Oui, il est temps, maintenant; c’est l’Heure de l’Action
de Grâce, c’est l’Heure de l’Eucharistie et de la Rédemption... Jésus se
lève et prend le pain... Les hommes qu’Il aime ne seront plus jamais
orphelins, jusqu’à la fin du monde, il sera le doux compagnon de leur
exil...
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