PREMIERE PARTIE
Les Principes
BUT ET DIVISION DE LA PREMIÈRE PARTIE
49. Cette première partie a pour
but de nous rappeler brièvement les dogmes principaux sur lesquels s'appuie
notre vie surnaturelle, d'exposer la nature et la perfection de cette vie, ainsi
que les moyens généraux qui conduisent à la perfection. Nous y suivons l'ordre
ontologique, nous réservant d'indiquer, dans la seconde partie, l'ordre
psychologique que suivent normalement les âmes dans l'emploi de ces divers
moyens.
CH. I. Les origines de la
vie surnaturelle : élévation de l'homme à l'état surnaturel, chute et
rédemption.
CH. II. Nature de la vie chrétienne ; rôle de Dieu et de l'âme.
CH. III. Perfection de cette vie : l'amour de Dieu et du prochain poussé
jusqu'au sacrifice.
CH. IV. Obligation de tendre à cette perfection pour les laïques,
religieux et prêtres.
CH. V. Moyens généraux, intérieurs et extérieurs, pour réaliser cette
perfection.
50. On voit facilement la raison de
cette division. Le premier chapitre, en retraçant les origines de la vie
surnaturelle, nous aide à en mieux saisir la nature et l'excellence.
Le second expose la nature de la vie chrétienne dans l'homme régénéré ; le rôle
qu'y joue Dieu, en se donnant à nous soit en lui-même, soit par son Fils, et en
nous assistant par la Ste Vierge et les Saints ; le rôle qu'y joue l'homme en se
donnant à Dieu par une coopération généreuse et constante à la grâce.
Le troisième montre que la perfection de cette vie consiste essentiellement dans
l'amour de Dieu et du prochain pour Dieu, mais que cet amour sur terre ne peut
se pratiquer sans de généreux sacrifices.
Dans le quatrième on détermine l'obligation de tendre à cette Perfection, et ce
à quoi sont tenus laïques, religieux et prêtres.
Il ne reste plus dans un cinquième chapitre, qu'à préciser les moyens généraux
qui nous aident à nous rapprocher de la perfection, moyens communs à tous, mais
à des degrés divers qu'indiquera la seconde partie en traitant des trois voies.
CHAPITRE I
Les origines de la vie surnaturelle
51. Ce chapitre a pour but de nous
faire mieux connaître ce qu'il y a de gratuit et d'excellent dans la vie
surnaturelle, comme aussi les grandeurs et les faiblesses de l'homme auquel
cette vie est conférée. Pour le mieux saisir, voyons :
I. Ce qu'est la vie naturelle de
l'homme ;
II. Son élévation à l'état surnaturel ;
III. Sa chute ;
IV. Sa restauration par le divin Rédempteur.
ART. I. DE LA VIE
NATURELLE DE L'HOMME
52. Il s'agit de décrire l'homme
tel qu'il eût été dans l'état de simple nature, tel que le dépeignent les
Philosophes. Comme notre vie surnaturelle vient se greffer sur notre vie
naturelle et la conserve tout en la perfectionnant, il importe de rappeler
brièvement ce que nous enseigne sur celle-ci la droite raison.
I° L'homme est un composé mystérieux de corps et d’âme, de matière et d'esprit
qui s'unissent intimement en lui pour ne former qu'une nature et qu'une
personne. C'est donc, pour ainsi dire, le point de jonction, le trait d'union
entre les esprits et les corps, un abrégé des merveilles de la création, un
petit monde qui résume tous les mondes et qui manifeste la sagesse divine qui a
su unir deux êtres aussi disparates.
53. C'est un monde plein de vie selon la remarque de S. Grégoire le Grand, on y
distingue trois vies, la vie végétative, la vie animale et la vie intellectuelle
: "Homo habet vivere cum plantis, sentire, cum animantibus, intelligere cum
angelis." Comme la plante, l'homme se nourrit, croît et se reproduit; comme
l’animal il connaît les objets sensibles, se porte vers eux par l'appétit
sensitif avec ses émotions et ses passions, et se meut d'un mouvement spontané ;
comme l'ange, mais à un degré moindre et d'une manière différente, il connaît
d'une façon intellectuelle l'être suprasensible, le vrai, et sa volonté se porte
librement vers le bien rationnel.
54. 2° Ces trois vies ne se superposent pas, mais se compénètrent, se
coordonnent et se subordonnent pour concourir au même but, qu'est la perfection
de l'être tout entier. C'est une loi à la fois rationnelle et biologique que,
dans tout être composé, la vie ne peut se maintenir et se développer qu'à la
condition de coordonner, et donc, de subordonner ses divers éléments à l'élément
principal, de les asservir pour s'en servir. Pour l'homme, par conséquent, les
facultés inférieures, végétatives et sensitives, doivent être soumises à la
raison et à la volonté. Cette condition est absolue : dans la mesure où elle
fait défaut, la vie s'affaiblit ou disparaît ; quand cesse en effet la
subordination, la dissociation des éléments commence, c'est l'affaiblissement du
système, et enfin la mort.
55. 3° La vie est donc une lutte : car nos facultés inférieures se portent avec
ardeur vers le plaisir, tandis que nos facultés supérieures se portent vers le
bien honnête. Or, entre les deux il y a souvent conflit : ce qui nous plaît, ce
qui nous est ou du moins nous semble utile, n'est pas toujours bon moralement ;
il faut donc que la raison, pour faire régner l'ordre, combatte les tendances
contraires et qu'elle triomphe : c'est la lutte de l'esprit contre la chair, de
la volonté contre la passion. Cette lutte est parfois pénible : de même qu'au
printemps la sève monte dans les arbres, il y a parfois dans la partie sensitive
de notre âme des poussées violentes vers le plaisir sensible.
56. Toutefois elles ne sont pas irrésistibles ; la volonté, aidée de
l'intelligence, exerce sur ces mouvements passionnels un quadruple pouvoir : 1)
pouvoir de prévoyance, qui consiste à prévoir et à prévenir, par une sage et
constante vigilance, beaucoup d'imaginations, d'impressions, d'émotions
dangereuses ; 2) pouvoir d'inhibition et de modération, par lequel nous enrayons
ou du moins modérons les mouvements violents qui s'élèvent dans notre âme ;
ainsi je puis empêcher mes yeux de s'arrêter sur un objet dangereux, mon
imagination de garder des images malsaines ; si un mouvement de colère s'élève
en moi, je puis le modérer ; 3) pouvoir de stimulation, qui excite ou intensifie
par la volonté des mouvements passionnels ; 4) pouvoir de direction qui nous
permet de diriger ces mouvements vers le bien, et par là même de les détourner
du mal.
57. Outre ces luttes intestines, il peut en existe d'autres entre l’âme et son
Créateur. Sans doute nous voyons par la droite raison que nous devons nous
soumettre pleinement à Celui qui est notre souverain Maître. Mais cette
obéissance nous coûte il y a en nous une certaine soif d'indépendance et
d'autonomie qui nous incline à nous soustraire à l'autorité divine ; c'est de
l'orgueil, dont on ne peut triompher que par l'humble aveu de son indignité et
de son impuissance, en reconnaissant les droits imprescriptibles du Créateur sur
sa créature.
Ainsi donc, dans l'état de nature, nous aurions eu à lutter contre la triple
concupiscence.
58. 4° Quand l'homme, au lieu de céder à ses mauvais penchants, fait son devoir,
il peut à juste titre attendre une récompense : ce sera, pour son âme immortelle
une connaissance plus étendue, plus approfondie de la vérité et de Dieu, mais
toujours conforme à sa nature, c'est-à-dire analytique ou discursive, et un
amour plus pur et plus durable. Si au contraire il viole librement la loi en
matière grave, et ne se repent pas avant de mourir, il manque sa fin et mérite
un châtiment, qui sera la privation de Dieu accompagnée de tourments
proportionnés à la gravité de ses fautes.
Tel eût été l'homme dans ce qu'on appelle l'état de pure nature, qui du reste
n'a jamais existé, l'homme ayant été élevé à l'état surnaturel, soit au moment
de sa création, nous dit S. Thomas, soit immédiatement après, dit S.
Bonaventure.
Dans son infinie bonté, Dieu ne s'est pas contenté de conférer à l'homme les
dons naturels ; il a voulu l'élever à un état supérieur en lui conférant des
dons préternaturels et surnaturels.
ART. II. DE L'ÉLÉVATION
DE L'HOMME A L’ÉTAT SURNATUREL
I. Notion du
surnaturel
59. Rappelons brièvement qu'en
théologie on distingue deux sortes de surnaturel absolu : le surnaturel absolu
par essence, quoad substantiam, et le surnaturel absolu quant au mode, quoad
modum.
I° Le surnaturel par essence est un don divin fait à la créature intelligente,
et qui dépasse absolument toute la nature, en ce sens qu'il ne peut ni être
produit par elle, ni même postulé, exigé, mérité par elle ; il dépasse donc non
seulement toutes ses capacités actives, mais encore tous ses droits et toutes
ses exigences. C'est quelque chose de fini, puisque c'est un don fait à une
créature ; mais c'est en même temps quelque chose de divin, puisque seul le
divin peut dépasser les exigences de toute créature. Mais c'est du divin
communiqué, participé d'une façon finie, et ainsi nous évitons le panthéisme. Il
n'y a en réalité que deux formes de surnaturel par essence : l'Incarnation et la
grâce sanctifiante.
A) Dans le premier cas, Dieu s'unit à l'humanité dans la personne du Verbe, de
telle sorte que la nature humaine de Jésus ait pour sujet personnel la seconde
personne de la Sainte Trinité, sans être altérée comme nature humaine ; ainsi
donc Jésus, homme par sa nature humaine, est vraiment Dieu quant à sa
personnalité. C'est là une union substantielle, qui ne fond pas deux natures en
une seule, mais les unit, en conservant leur intégrité, dans une seule personne,
la personne du Verbe ; c'est donc une union personnelle ou hypostatique. C'est
le plus haut degré de surnaturel quoad substantiam.
B) La grâce sanctifiante est un degré moindre de ce même surnaturel. Par elle,
en effet l'homme garde sa personnalité propre, mais est modifié divinement,
quoique accidentellement, dans sa nature et ses capacités d'action ; il devient
non pas Dieu, mais déiforme, c'est-à-dire semblable à Dieu, divinæ consors
naturæ, capable d'atteindre Dieu directement par la vision béatifique, quand la
grâce sera transformée en gloire, et de le voir face à face, comme il se voit
lui-même : privilège qui dépasse évidemment les exigences des créatures les plus
parfaites, puisqu'il nous fait participer à la vie intellectuelle de Dieu, à sa
nature.
60. Le surnaturel absolu quant au mode est en soi quelque chose qui ne dépasse
pas les capacités ou les exigences de toute créature, mais seulement de quelque
nature particulière. Ainsi la science infuse, qui dépasse les capacités de
l'homme, mais non celle de l’ange, est du surnaturel de ce genre.
Dieu a communiqué à l’homme ces deux formes de surnaturel : il conféra en effet
à nos premiers parents le don d'intégrité (surnaturel quoad modum) qui, en
complétant sa nature, la disposait à la réception de la grâce, et en même temps
la grâce elle-même, don surnaturel quoad substantiam : l'ensemble de ces deux
dons constitue ce qu'on appelle la justice originelle.
II. Dons
préternaturels conférés à Adam
61. Le don d’intégrité perfectionne
la nature de l'homme sans l'élever jusqu'à l'ordre divin ; c'est assurément un
don gratuit, préternaturel, qui dépasse ses exigences et ses forces ; mais ce
n'est pas encore le surnaturel par essence. Il comprend trois grands privilèges,
qui, sans changer la nature humaine en son fonds, lui donnent une perfection à
laquelle elle n'avait aucun droit : la science infuse, la maîtrise des passions
ou l'exemption de concupiscence, l’immortalité du corps.
62. A) La science infuse. Par nature nous n'y avons pas droit, puisqu'elle est
le privilège des anges ; ce n'est que progressivement et avec difficulté que
selon les lois psychologiques nous arrivons à la conquête de la science. Or,
pour faciliter au premier homme son rôle de chef et d'éducateur du genre humain,
Dieu lui donna gratuitement la connaissance infuse de toutes les vérités qu'il
lui importait de connaître, et une certaine facilité pour acquérir la science
expérimentale : ainsi il se rapprochait des anges.
63. B) La maîtrise des passions ou l'exemption de cette concupiscence tyrannique
qui rend la vertu si difficile. Nous avons dit que, de par la constitution même
de l'homme, il y a en lui une lutte terrible entre le désir sincère du bien et
l'appétit désordonné des plaisirs et des biens sensibles, et de plus une
tendance marquée à l'orgueil : c'est au fond ce que nous appelons la triple
concupiscence. Pour remédier à ce défaut naturel, Dieu conféra à nos premiers
parents une certaine maîtrise des passions, qui sans les rendre impeccables,
leur facilitait la vertu. Il n'y avait pas en Adam cette tyrannie de la
concupiscence qui incline violemment vers le mal, mais seulement une certaine
tendance au plaisir, subordonnée à la raison. Parce que sa volonté était soumise
à Dieu, les facultés inférieures étaient soumises à la raison, et le corps à
l'âme c'était l'ordre, la rectitude parfaite.
64. C) L'immortalité corporelle. Par nature, l'homme est sujet à la maladie et à
la mort ; par une providence spéciale, il fut préservé de cette double
faiblesse, afin que l'âme pût ainsi plus librement vaquer à l'accomplissement de
ses devoirs supérieurs.
Mais ces privilèges étaient destinés à rendre l'homme plus apte à recevoir et à
utiliser un don beaucoup plus précieux, entièrement et absolument surnaturel,
celui de la grâce sanctifiante.
III. Les
privilèges surnaturels
65. A) Par nature, l'homme est le
serviteur de Dieu, sa chose, sa propriété. Par une insigne bonté, dont nous ne
saurons jamais trop le remercier, Dieu voulut le faire entrer dans sa famille,
l'adopter pour enfant, en faire son héritier présomptif en lui réservant une
place en son royaume ; et pour que cette adoption ne fût pas une simple
formalité, il lui communiqua une participation à sa vie divine, une qualité
créée, il est vrai, mais réelle, qui lui permettrait de jouir sur terre des
lumières de la foi bien supérieures à celles de la raison, et de posséder Dieu
dans le ciel par la vision béatifique et un amour, proportionné à la clarté de
cette vision.
66. B) A cette grâce habituelle, qui perfectionnait et divinisait, pour ainsi
dire, la substance même de l'âme, s'ajoutaient des vertus infuses et des dons du
Saint Esprit qui divinisaient ses facultés, et une grâce actuelle qui, mettant
en branle tout cet organisme surnaturel, lui permettait de faire des actes
surnaturels, déiformes, et méritoires de la vie éternelle.
Cette grâce est substantiellement la même que celle qui nous est octroyée par la
justification, et c'est pourquoi nous ne la décrivons pas en détail, nous
réservant de le faire plus tard en parlant de l'homme régénéré.
Tous ces privilèges, sauf la science infuse, avaient été donnés à Adam, non
comme un bien personnel mais comme un patrimoine de famille qui devait être
transmis à toute sa descendance, pourvu qu'il demeurât fidèle à Dieu.
ART. III. LA
CHUTE ET LE CHÂTIMENT
I. La chute
67. Malgré tous ces privilèges,
l'homme demeurait libre, et fut soumis à une épreuve pour pouvoir, avec l'aide
de la grâce, mériter le ciel. Cette épreuve consistait dans l'accomplissement
des lois divines, et en particulier d'un précepte positif ajouté à la loi
naturelle, et qui est exprimé par la Genèse sous la forme de la prohibition de
manger du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal. L'Ecriture raconte
comment le démon, sous la forme du serpent, vient tenter nos premiers parents en
soulevant un doute dans leur âme sur la légitimité de cette défense. Il essaie
de leur persuader que loin de mourir, s'ils mangent de ce fruit, ils seront
comme des dieux, sachant par eux-mêmes ce qui est bien et ce qui est mal, sans
avoir besoin de recourir à la loi divine : « eritis sicut dii, scientes bonum et
malum » (Gen ., III, 5). C'était une tentation d'orgueil, de révolte contre
Dieu. L'homme succombe et commet formellement un acte de désobéissance, comme le
remarque S. Paul (Rom., V), mais inspiré par l'orgueil, et bientôt suivi
d'autres défaillances. C'était une faute grave, puisque c'était un refus de se
soumettre à l'autorité de Dieu, une sorte de négation de son souverain domaine
et de sa sagesse, ce commandement étant un moyen d'éprouver la fidélité du
premier homme ; faute d'autant plus grave que nos premiers parents connaissaient
l'infinie libéralité de Dieu à leur égard, ses droits imprescriptibles, la
gravité du précepte manifestée par la gravité de la sanction qui y était
attachée, et que n'étant pas entraînés par l'impétuosité des passions, ils
avaient le temps de réfléchir sur les conséquences redoutables de leur acte.
68. On s'est demandé même comment ils purent pécher, n'étant pas soumis aux
entraînements de la concupiscence. Pour le comprendre, il faut se souvenir que
nulle créature libre n'est impeccable ; elle peut en effet détourner son regard
du bien véritable pour le tourner vers le bien apparent, s'attacher à ce dernier
et le préférer au premier ; et c'est précisément cette préférence qui constitue
le péché. Comme le fait remarquer S. Thomas, celui-là seul est impeccable dont
la volonté se confond avec la loi morale : ce qui est le privilège de Dieu.
II. Le châtiment
69. Le châtiment ne se fit pas
attendre, châtiment personnel, et châtiment de leur postérité.
A) Le châtiment personnel de nos premiers parents est décrit dans la Genèse ;
mais ici encore apparaît la bonté de Dieu : il aurait pu immédiatement appliquer
la peine de mort à nos premiers parents ; par miséricorde il ne le fit pas. Il
se contenta de les priver des privilèges spéciaux qu'il leur avait conférés,
c'est-à-dire du don d'intégrité et de la grâce habituelle : ils gardent donc
leur nature et leurs privilèges naturels ; sans doute leur volonté est
affaiblie, si on la compare à ce qu'elle était avec le don d'intégrité ; mais il
n’est pas prouvé qu'elle soit plus faible qu’elle n’eût été dans l’état de
nature ; en tout cas, elle demeure libre et peut choisir entre le bien et le
mal. Dieu voulut même leur laisser la foi et l'espérance et il fit aussitôt
briller à leurs yeux découragés l'espoir d'un libérateur, sorti de la race
humaine, qui un jour triompherait du démon et restaurerait l'homme déchu. En
même temps, par sa grâce actuelle, il sollicitait leurs cœurs au repentir, et le
moment vint où leur péché fut pardonné.
70. B) Mais que deviendra la race humaine qui naîtra de leur union ? Elle aussi
sera privée en naissant de la justice originelle, c'est-à-dire de la grâce
sanctifiante et du don d'intégrité. Ces dons purement gratuits, qui étaient pour
ainsi dire un bien de famille, ne devaient se transmettre à la postérité d'Adam
que si celui-ci demeurait fidèle à Dieu ; la condition n'ayant pas été remplie,
l’homme naît privé de la justice originelle. Quand Adam fit pénitence et
recouvra la grâce, ce ne fut que comme personne privée et pour son compte
particulier ; il ne put donc la transmettre à sa postérité. Il était réservé au
Messie, au nouvel Adam, devenu désormais chef de la race humaine, d'expier nos
fautes et d'instituer le sacrement de la régénération pour transmettre à chaque
baptisé la grâce perdue par Adam.
71. Ainsi donc les enfants d'Adam naissent privés de la justice originelle,
c'est-à-dire de la grâce sanctifiante et du don d'intégrité. La privation de
cette grâce constitue ce qu'on appelle le péché originel, péché dans un sens
large qui n'entraîne aucun acte coupable de notre part, mais un état de
déchéance, et, en tenant compte de la fin surnaturelle à laquelle nous demeurons
destinés, une privation, le manque d'une qualité essentielle que nous devrions
posséder, et par conséquent une tache, une souillure morale qui nous écarte du
royaume des cieux.
72. Et comme le don d'intégrité est aussi perdu, la concupiscence sévit en nous,
et, si nous n’y résistons courageusement, nous entraîne vers le péché actuel.
Nous sommes donc, par rapport à l'état primitif, diminués et blessés, sujets à
l'ignorance, enclins au mal, faibles pour résister aux tentations. L'expérience
montre que la concupiscence n'est pas égale chez tous les hommes : tous n'ont,
pas en effet le même tempérament et caractère, ni par conséquent les passions
également. Ardentes ; quand donc le frein de la justice originelle, qui les
maîtrisait, a disparu, les passions reprenant leur liberté, seront plus
violentes chez quelques uns, plus tempérées chez d'autres ; c’est l'explication
qu'en donne saint Thomas (Sum. theol ., Ia 2æ, q. 82, a.4, ad I ).
73. Faut-il aller plus loin, et admettre, avec l'école Augustinienne, une
certaine diminution intrinsèque de nos facultés et de nos énergies naturelles ?
Ce n'est pas nécessaire, et rien ne le prouve.
Faut-il admettre, avec certains Thomistes, une diminution extrinsèque de nos
énergies, en ce sens que nous avons plus d'obstacles à vaincre, en particulier
la tyrannie que le démon exerce sur des vaincus, et la soustraction de certains
secours naturels que Dieu nous eût octroyés dans l'état de nature pure ? C'est
possible, c'est bien probable ; mais, pour être juste, il faut ajouter que ces
obstacles sont abondamment compensés par les grâces actuelles que le Bon Dieu
nous donne, en vertu des mérites de son Fils, et par la protection des bons
anges, et surtout de nos anges gardiens.
74. Conclusion. Ce que l'on peut dire c'est que, par la déchéance originelle,
l'homme a perdu ce bel équilibre que Dieu lui avait donné, qu'il est, par
rapport à l'état primitif, un blessé et un déséquilibré, ainsi que le montre
l'état présent de nos facultés.
A) C'est ce qui paraît d'abord dans nos facultés sensitives.
a) Nos sens extérieurs, nos regards, par exemple, se portent avec avidité vers
ce qui flatte la curiosité, les oreilles écoutent avec empressement tout ce qui
satisfait notre désir de connaître du nouveau, notre toucher se porte vers les
sensations agréables, et, cela sans souci des règles de la morale.
b) Il en est de même de nos sens intérieurs : l'imagination nous représente
toutes sortes de scènes plus ou moins sensuelles, nos passions se portent avec
ardeur, violence même, vers le bien sensible ou sensuel, sans se préoccuper de
son côté moral, et essaient d'entraîner le consentement de la volonté.
Assurément ces tendances ne sont pas irrésistibles ; car ces facultés demeurent,
dans une certaine mesure, soumises à l'empire de la volonté ; mais que de
tactique et d'efforts pour soumettre ces sujets révoltés ?
75. B) Les facultés intellectuelles, qui constituent l'homme proprement dit,
l'intelligence et la volonté, ont été atteintes elles aussi par le péché
originel.
a) Sans doute notre intelligence demeure capable de connaître la vérité, et, par
un patient labeur, acquiert, sans même le secours de la révélation, la
connaissance d'un certain nombre de vérités fondamentales de l'ordre naturel.
Mais que de faiblesses humiliantes ! 1) Au lieu de se porter spontanément vers
Dieu et les choses divines, au lieu de s'élever des créatures au Créateur, comme
elle l'eût fait dans l'état primitif, elle tend à s'absorber dans l'étude des
choses créées sans remonter à leur cause, à concentrer son attention sur ce qui
satisfait sa curiosité et à négliger ce qui se rapporte à sa fin ; les
préoccupations du temps l'empêchent souvent de songer à l'éternité. 2) Et quelle
facilité à tomber dans l'erreur ! Les préjugés nombreux auxquels nous sommes
enclins, les passions qui agitent notre âme et jettent un voile entre elle et la
vérité nous égarent hélas ! trop souvent, et cela dans les questions les plus
vitales, d'où dépend la direction de notre vie morale.
b) Notre volonté elle-même, au lieu de se soumettre à Dieu, a des prétentions à
l'indépendance ; elle a peine à se soumettre à Dieu et surtout à ses
représentants sur terre. Et, quand, il s'agit de vaincre les difficultés qui
s'opposent à la réalisation du bien, que de faiblesse et que d'inconstance dans
l'effort ? Et que de fois elle se laisse entraîner par le sentiment et les
passions ? Saint Paul a décrit, en termes frappants, cette déplorable faiblesse
: « je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas ...
Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur, mais je vois
dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de la raison, et qui me
rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres. Malheureux que je suis
! Qui me délivrera de ce corps de mort ? Grâces soient rendues à Dieu par
Jésus-Christ Notre Seigneur. » (Rom., VII, 19-25). Ainsi donc, au témoignage de
l'Apôtre, le remède à cet état lamentable, c'est la grâce de la rédemption, dont
il nous reste à parler.
ART. IV. LA
RÉDEMPTION ET SES EFFETS
76. La Rédemption est une œuvre
merveilleuse, le chef-d'œuvre de Dieu, qui refait l'homme défiguré par le péché,
et le remet, en un certain sens, dans un état meilleur que celui qui a précédé
sa chute, si bien que l'Eglise ne craint pas, dans sa liturgie, de bénir la
faute qui nous a valu un Rédempteur tel que l'Homme-Dieu : « O felix culpa quæ
talem ac tantum meruit habere Redemptorem ! »
I. Sa nature
77. Dieu, qui de toute éternité
avait prévu la chute de l'homme, voulut aussi de toute éternité préparer aux
hommes un Rédempteur en la personne de son Fils : il résolut de se faire homme,
pour que devenu chef de l'humanité, il pût expier d'une façon parfaite notre
péché et nous rendre, avec la grâce, tous nos droits au ciel. Ainsi il sut tirer
le bien du mal et concilier les droits de sa justice avec ceux de sa bonté.
Il n'était pas tenu sans doute d'exercer pleinement tous les droits de sa
justice ; il aurait pu pardonner à l'homme, en se contentant de la réparation
imparfaite que celui-ci aurait pu offrir. Mais il jugea plus digne de sa gloire
et plus utile à l'homme de mettre celui-ci en état de réparer complètement sa
faute.
78. A) La justice parfaite demandait une réparation adéquate, égale à l'offense,
offerte par un représentant légitime de l'humanité. C'est ce que Dieu réalise
pleinement par l'Incarnation et la Rédemption.
a) Dieu incarne son Fils, en fait par là même le chef de l'humanité, la tête
d'un corps mystique dont nous sommes les membres ; ce Fils a donc le droit
d’agir au nom de ses membres et de réparer en leur nom.
b) Cette réparation est non-seulement égale à l'offense, mais la dépasse de
beaucoup ; elle a en effet une valeur morale infinie ; car, puisque la valeur
morale d'une action vient avant tout de la dignité de la personne, toutes les
actions de l'Homme-Dieu ont une valeur infinie. Un seul de ses actes aurait donc
suffi à réparer d'une façon adéquate, tous les péchés des hommes. Or Jésus a
fait des actes innombrables de réparation inspirés par l'amour le plus pur ; il
les a complétés par l'acte le plus sublime et le plus héroïque, l’immolation
totale de lui-même pendant sa douloureuse passion et au Calvaire ; il a donc
satisfait abondamment et surabondamment : « Ubi abundavit delictum,
superabundavit gratia » (Rom., V, 20).
c) Cette réparation est du même genre que la faute : Adam avait péché par
désobéissance et par orgueil ; Jésus expie par une humble obéissance, inspirée
par l'amour et allant jusqu'à la mort et la mort de la croix : « factus obediens
usque ad mortem, mortem autem crucis » (Philip., II, 8). Et de même qu'une femme
était intervenue dans la chute pour entraîner Adam, ainsi une femme intervient
dans la rédemption par son pouvoir d'intercession et ses mérites ; c'est Marie,
la Vierge immaculée, la mère du Sauveur, qui coopère avec lui, bien que
secondairement, à l'œuvre réparatrice.
Ainsi la justice est pleinement satisfaite, mais la bonté le sera encore plus.
79. B) C'est en effet à l'infinie miséricorde de Dieu, à l'amour excessif qu'il
nous porte que la Ste Ecriture attribue la rédemption : « Dieu, nous dit S.
Paul, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a
aimés... nous a rendus vivants avec le Christ : « Deus qui dives est in
misericordiâ, propter nimiam caritatem quâ dilexit nos…, convivificavit nos in
Christo » (Ephes., II, 4).
Les trois divines personnes y concourent à l'envi, et chacune d'elles par un
amour qui semble vraiment aller à l'excès.
a) Le Père n'a qu'un Fils, égal à lui-même, qu'il aime comme un autre lui-même,
et dont il est infiniment aimé ; or ce Fils unique, il le donne, il le sacrifie
pour nous, pour nous rendre la vie perdue par le péché : « Sic Deus dilexit
mundum ut Filium suum unigenitum daret, ut omnis qui credit in eum non pereat,
sed habeat vitam æternam » (Joan., III, 16). Pouvait-il être plus généreux et
donner plus que son Fils ? Avec Lui du reste, ne nous a-t-il pas tout donné ? «
Qui etiam proprio Filio non pepercit, sed pro nobis tradidit ilium, quomodo non
etiam cum illo omnia nobis donavit » (Rom., VIII, 32)
80. b) Le Fils accepte joyeusement et généreusement la mission qui lui est
confiée ; dès le premier moment de l'Incarnation, il s'offre à son Père comme
victime pour remplacer tous les sacrifices de l'ancienne loi, et sa vie tout
entière ne sera qu'un long sacrifice complété par l'immolation du Calvaire,
sacrifice inspiré par l'amour qu'il a pour nous : « (Christus) dilexit nos et
tradidit semetipsum pro nobis oblationem et hostiam Deo : le Christ nous a aimés
et s'est livré lui-même à Dieu pour nous comme une oblation et un sacrifice
d'agréable odeur » (Ephes., V, 2) .
81. c) Pour compléter son œuvre, il nous envoie le S. Esprit, l'amour
substantiel du Père et du Fils, qui non content de répandre dans nos âmes la
grâce et les vertus infuses, surtout la divine charité, se donnera lui-même à
nous, pour que nous puissions jouir non-seulement de sa présence et de ses dons,
mais de sa personne : « La charité est répandue dans nos cœurs par le Saint
Esprit, qui se donne lui-même à nous : Caritas Dei diffusa est in cordibus
nostris per Spiritum Sanctum qui datus est nobis » (Rom., V, 5).
La rédemption est donc bien l'œuvre d'amour par excellence ; ce qui nous permet
de présager ses effets.
II. Les effets de
la Rédemption
82. Non content de réparer, par sa
satisfaction, l'offense faite à Dieu, et de nous réconcilier avec lui, Jésus
nous mérite toutes les grâces que nous avions perdues par le péché et d'autres
encore. Il nous rend tout d'abord les biens surnaturels perdus par le péché
a) la grâce habituelle, avec son cortège de vertus infuses et de dons du Saint
Esprit, et, pour mieux s'adapter à la nature humaine, institue les sacrements,
signes sensibles qui nous confèrent la grâce dans toutes les circonstances
importantes de notre vie, et nous donnent ainsi plus de sécurité et de confiance
;
b) des grâces actuelles très abondantes, et que nous avons le droit de
considérer même comme plus abondantes que dans l'état d'innocence, en vertu de
la parole de S. Paul « ubi autem abundavit delictum superabundavit gratia »
(Rom., V, 20)
83. c) Il est parfaitement vrai que le don d'intégrité ne nous est pas rendu
immédiatement, mais progressivement. La grâce de régénération nous laisse aux
prises avec la triple concupiscence (toutes les misères de la vie, mais elle
nous donne la force nécessaire pour en triompher, nous rend plus humbles, plus
vigilants et plus actifs pour prévenir et vaincre les tentations, nous affermit
ainsi dans la vertu et nous fournit l'occasion d'acquérir plus de mérites ; en
mettant sous nos yeux les exemples de Jésus, qui a porté si vaillamment sa croix
et la nôtre, elle stimule notre ardeur dans la lutte et soutient notre constance
dans l'effort ; et les grâce actuelles qu'il nous a méritées et nous accorde
avec une sainte prodigalité, facilitent singulièrement nos efforts et nos
victoires. Au fur et à mesure où nous luttons, sous la conduite et avec l'appui
du Maître, la concupiscence diminue, notre force de résistance augmente, et le
moment vient où des âme privilégiées sont tellement affermies dans la vertu que,
tout en demeurant libres de pécher, elles ni commettent aucune faute vénielle de
propos délibéré. La victoire définitive n'a lieu qu'à notre entrée dans le ciel
; mais elle sera d'autant plus glorieuse qu’elle aura été achetée au prix de
plus grands efforts. Ne pouvons-nous donc pas dire : O felix culpa !
84. d) A ces secours intérieurs, Notre Seigneur en a joint d'extérieurs, en
particulier cette Eglise visible qu'il a fondée et organisée pour éclairer nos
esprits par son autorité doctrinale, soutenir nos volontés par son pouvoir
législatif et judiciaire, sanctifier nos âmes par les sacrements, les
sacramentaux et les indulgences. Ne trouvons-nous pas là un immense secours,
dont il faut remercier Dieu : O felix culpa !
85. e) Enfin il n'est pas certain que le Verbe se fût incarné sans le péché
originel. Or l'Incarnation est un bien tellement précieux qu'à lui seul il
suffit pour justifier et expliquer le chant de l'Eglise : O felix culpa !
Au lieu d'un chef bien doué sans doute, mais faillible et peccable, nous avons à
notre tête le Fils éternel de Dieu, qui, ayant revêtu notre nature, est aussi
véritablement homme qu'il est vraiment Dieu. Il est le médiateur idéal,
médiateur de religion aussi bien que de rédemption, adorant son Père
non-seulement en son nom, mais au nom de l'humanité tout entière, bien plus, au
nom des Anges qui par Lui sont heureux de glorifier Dieu : « per quem laudant
Angeli », le prêtre parfait, ayant libre accès auprès de Dieu par sa nature,
divine, et s'inclinant avec compassion vers les hommes, devenus ses frères,
qu'il traite avec indulgence, étant lui-même entouré de faiblesse : « qui
condolere possit iis qui ignorant et errant, quoniam et ipse circumdatus est
infirmitate » (Hebr., V, 2).
Avec lui et par lui nous pouvons rendre à Dieu les hommages infinis auxquels il
a droit ; avec lui et par lui nous pouvons obtenir toutes les grâces dont nous
avons besoin pour nous et pour nos frères : quand nous adorons, c'est lui qui
adore en nous et par nous ; quand nous demandons secours, c'est lui qui appuie
nos requêtes ; et c'est pourquoi tout ce que nous demandons au Père en son nom
nous est libéralement octroyé.
Nous devons donc nous réjouir d'avoir un tel rédempteur, un tel médiateur, et
avoir en lui une confiance sans borne.
Conclusion
86. Ce coup d'œil historique fait
merveilleusement ressortir l'excellence de la vie surnaturelle, comme aussi la
grandeur et la faiblesse de celui qui en est le bénéficiaire.
1° Excellente assurément est cette vie, puisque :
a) Elle vient d'une pensée affectueuse de Dieu, qui de toute éternité nous a
aimés et a voulu nous unir à lui dans la plus douce intimité : « In caritate
perpetuâ dilexi te, ideo attraxi te miserans : Je t'ai aimé d'un amour constant,
et c'est pour cela que je t'ai attiré à moi. » (Jer., XXXI, 3).
b) Elle est une participation réelle, quoique finie, à la nature et à la vie de
Dieu, « divinæ consortes naturæ ». (Voir n°106).
c) Elle est estimée par Dieu à un si haut prix que, pour nous la rendre, le Père
sacrifie, son Fils unique, Celui-ci s'immole complètement, et le Saint Esprit
vient en notre âme pour nous la communiquer.
C'est donc le bien précieux entre tous, « maxima et pretiosa nobis promissa
donavit » (Petr., I, 4), que nous devons estimer au-dessus de tout, garder et
cultiver avec un soin jaloux : tanti valet quanti Deus !
87. 2° Et cependant nous portons ce trésor dans un vase fragile. Si nos premiers
parents, doués du don d'intégrité et entourés de toutes sortes de privilèges,
l'ont malheureusement perdu pour eux et pour leur race, que n'avons-nous pas à
craindre, nous, qui, malgré notre régénération spirituelle, portons en nous la
triple concupiscence ? Sans doute il y a en nous des tendances nobles et
généreuses qui viennent de ce qu'il y a de bon en notre nature et surtout de
notre incorporation au Christ, des énergies surnaturelles qui nous sont données
en vertu de ses mérites ; mais nous demeurons faibles et inconstants, si nous
cessons de nous appuyer sur celui qui est notre bras droit en même temps que
notre tête ; le secret de notre force n'est pas en nous, mais en Dieu et en
Jésus Christ. L'histoire de nos premiers parents et de leur chute lamentable
nous montre que le grand mal, le seul mal en ce monde, c'est le péché ; que nous
devons par conséquent être constamment vigilants pour repousser immédiatement et
énergiquement les premières attaques de l'ennemi, d'où qu'il vienne, du dehors
ou du dedans. Nous sommes du reste bien armés contre lui, comme le montrera
notre chapitre second sur la nature de la vie chrétienne.
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