751. Quand j’ai dit à
la Mère Générale que le Seigneur exigeait que la Congrégation dise
le chapelet, pour fléchir la colère Divine, elle me répondit qu’elle
ne pouvait introduire de nouvelles prières non approuvées. Mais je
lui donne ce chapelet, peut-être qu’à l’occasion d’une adoration on
pourrait le dire, « nous verrons ». Ce serait bien si l’abbé docteur
Sopocko pouvait éditer une brochure avec ce chapelet. Alors ce
serait mieux et plus facile de le réciter en communauté, car comme
cela c’est un peu difficile.
752. La miséricorde du
Seigneur est glorifiée au ciel, par les âmes, qui ont éprouvées en
elles-mêmes, l’infinie miséricorde. Ces âmes font au ciel, je le
commencerai déjà sur terre. Je vais glorifier Dieu pour son infinie
bonté et je vais tâcher de faire connaître à d’autres âmes cette
inexprimable et inconcevable miséricorde Divine, et de la leur faire
adorer.
753. La Promesse du
Seigneur : « Ma Miséricorde enveloppera les âmes, qui réciteront ce
chapelet pendant leur vie et surtout à l’heure de la mort. »
754. O Jésus,
apprenez-moi à découvrir les profondeurs de la miséricorde et de
l’amour à chacun de ceux qui me le demandent. Jésus, mon Chef que
toutes mes prières et toutes mes actions portent le sceau de Votre
miséricorde.
755. 18.XI. 1936. Ce
soir, je tâchais de faire tous mes exercices jusqu’à la bénédiction,
car je me sentais plus malade qu’à l’ordinaire. Tout de suite après
la bénédiction je suis allée mme coucher. Mais suis entrée dans ma
chambre, soudain, j’ai senti intérieurement qu’il fallait que
j’aille dans la cellule de Sœur N. car elle avait besoin d’aide. Je
suis tout de suite entrée dans sa cellule, et Sœur N. me dit : « Oh
! Comme c’est bien, ma Sœur, que Dieu vous ait amenée. » Et elle
parlait d’une voix si basse que j’ai pu à peine l’entendre. Elle me
dit : « Ma Sœur, veuillez, s’il vous plait, m’apporter un peu de thé
avec du citron, car j’ai tellement soif et je ne peut bouger, car je
souffre beaucoup. » Et vraiment elle souffrait beaucoup et elle
avait beaucoup de fièvre. Je l’ai placée plus commodément et avec un
peu de thé elle a apaisé sa soif. Quand je suis entrée dans ma
cellule, mon âme a été pénétrée d’un grand amour de Dieu et j’ai
compris qu’il faut faire très attention aux inspirations intérieures
et les suivre fidèlement. Et la fidélité à une grâce en amène
d’autres.
756. 19.XI.1936.
Aujourd’hui, durant la Sainte Messe, je vis le Seigneur Jésus, qui
me dit : « Sois tranquille, Ma fille, Je vois tes efforts. Ils Me
sont très agréables. » Et le Seigneur disparut. C’était le moment
d’aller communier. Après avoir reçu la Sainte communion, tout-à-coup
je vis le Cénacle dans lequel se tenaient le Seigneur Jésus et les
Apôtres. J’ai vu l’institution de l’Eucharistie. Jésus me permit de
pénétrer et de comprendre de l’intérieur Sa grande Majesté et en
même temps Sa grande humiliation. Cette étrange lumière étrange
lumière qui me permit de connaître Sa Majesté m’a découvert en même
temps ce qui est dans mon âme.
757. Jésus me fit
connaître la profondeur de Sa douceur et de Son humilité. Il me fit
comprendre qu’Il exigeait expressément de moi ces deux qualités. Je
sentis Son regard dans mon âme ce qui me remplit d’un indicible
amour. Mais je compris que le Seigneur voyait avec amour mes vertus
et mes efforts héroïques. Et je reconnus que c’est ce qui attire
Dieu dans mon cœur. C’est là que j’ai compris qu’il ne me suffit pas
de pratiquer les verts ordinaires, mais que je dois m’exercer aux
vertus héroïques. A l’extérieur, cela restera une chose tout à fait
ordinaire, mais seul, l’œil de Dieu verra que la manière est
différente. O mon Dieu ce que j’ai écrit n’est qu’un pâle reflet de
ce que je comprends dans mon âme. Il s’agit de choses purement
spirituelles. Mais pour décrire ce que Dieu me permet de connaître,
je dois employer des mots dont je suis tout à fait mécontente car
ils ne rendent pas la réalité.
758. La première fois
j’expérimentai cette souffrance ainsi : après les vœux annuels un
certain jour, pendant la prière, je vis une grande lumière. De cette
lumière, sortirent des rayons qui m’enveloppèrent de toutes parts.
Et soudain, je sentis une terrible douleur dans les mains, les
pieds et je sentis les épines de la couronne d’épines. Je sentais
ces douleurs, pendant la Sainte Messe le vendredi, mais durant un
très court moment. Cela revint pendant plusieurs vendredis. Et
ensuite je n’éprouvais plus aucune souffrance jusqu’au moment
présent, c'est-à-dire la fin du mois de septembre de cette année.
Pendant cette maladie, durant la Sainte Messe, le vendredi, j’ai
senti que les mêmes souffrances me transperçaient. Et ceci se
répète chaque vendredi, et parfois aussi au contact d’une âme qui
n’est pas en état de grâce, quoique cela soit rare. Cette souffrance
dure très peu de temps, cependant elle est terrible et sans une
grâce spéciale de Dieu, je ne la supporterais pas. Et à l’extérieur,
je n’ai aucun signe de ces souffrances. Ce qui viendra encore, je ne
le sais. Mais tout cela est pour les âmes…
759. 21.XI.1936. Jésus,
Vous savez que je ne suis ni gravement malade, ni bien portante.
Vous remplissez mon âme d’enthousiasme pour l’action et je n’ai pas
de force. Le feu de Votre amour me dévore. Mais je compenserai par
l’amour ce que je ne pourrai réaliser à cause de mon manque de
forces physiques.
760. Jésus mon esprit
est plein de nostalgie et je désire beaucoup m’unir à Vous. Mais Vos
œuvres me retiennent. Et aussi le nombre des âmes que je dois Vous
amener n’est pas encore atteint. Je désire les fatigues, les
souffrances, tout ce que Vous avez proposé avant les siècles, Ô Mon
créateur et Seigneur. Je ne comprends que Votre parole. Elle seule
me donne la force. Votre Esprit, ô Seigneur, est l’esprit de paix et
rien n’en trouble la profondeur en moi car Vous y habitez, Seigneur.
Je sais que je vis sous
Votre regard attentif, ô Seigneur. Je n’analyse pas avec crainte Vos
plans à mon égard. Ma tâche est d’accepter tout de Votre main. Je
n’ai peur de rien, quoique la tempête fasse rage et que la foudre
frappe avec violence autour de moi et que je me sente alors si seule
! Cependant mon cœur Vous sent, et ma confiance grandit et je vois
que Votre toute puissance me soutient. Avec Vous, Jésus, je vais par
la vie, parli les arc-en-ciel et les orages, criant de joie et
chantant le chant de Votre miséricorde. Je n’interromprai mon chant
d’amour que lorsque le cœur des anges le continuera. Aucune force ne
peut me retenir dans mon élan vers Dieu. Je vois que même mes
Supérieures ne comprennent pas toujours le chemin par lequel Dieu me
mène et je n’en suis pas surprise.
761. À un certain
moment je vis l’abbé Sopocko qui priait tout en méditant ces choses.
Je vis comme tout à coup un cercle lumineux se dessina autour de sa
tête. Quoique l’espace nous sépare, je le vois souvent, surtout
quand il travaille à son bureau, malgré sa fatigue.
762. 22.XI.1936.
Aujourd’hui pendant la sainte confession, le Seigneur Jésus me parla
par la bouche d’un certain prêtre. Ce prêtre ne connaissait pas mon
âme et moi je m’accusais seulement de mes péchés. Cependant il me
dit ces paroles : « Accomplissez fidèlement tout ce que Jésus
réclame de vous, malgré les difficultés. Sachez, que même si les
gens se fâcheraient contre vous, Jésus ne se fâchera pas et qu’il ne
se fâchera jamais. Ne faites pas attention à l’estime des gens. »
Cette leçon m’étonna d’abord. Mais j’ai compris que Jésus parlait
par sa bouche sans qu’il ne s’en rende compte. O saint mystère,
quels grands trésors tu contiens ! O sainte foi, tu m’indiques la
route.
763. 24.II.1936.
Aujourd’hui j’ai reçu une lettre de l’abbé Sopocko. Cette lettre m’a
révélé que Dieu seul conduit toute cette affaire. Et de même que le
Seigneur l’a commencée, de même Il la mènera à bonne fin/ Et plus
les difficultés que je vois sont grandes, plus je suis tranquille.
Oh ! S’il ne s’agissait pas d’une grande gloire pour Dieu, et de son
utilité pour le bien des âmes, dans toute cette affaire. Satan ne
s’y opposerait pas tant. Il sent qu’il y perdra. Maintenant je
reconnais que Satan ne hait rien autant que la miséricorde. C’est
elle qui lui cause la plus grande souffrance. Cependant, la parole
de Dieu ne passera pas, elle est vivante. Les difficultés ne tueront
pas les œuvres divines, mais démontreront qu’elles viennent de Dieu…
764. À un certain
moment je vis le couvent de cette nouvelle congrégation. Je m’y
promenait et visitait tout, quand soudain je vis un groupe
d’enfants, qui avaient de cinq à onze ans. Quand ils me virent, ils
m’entourèrent et se mirent à crier très fort : « Défendez-nous du
mal ! » et ils m’introduisirent dans la chapelle qui se trouvait
dans ce couvent. Quand je suis entrée dans cette chapelle, j’y vis
Jésus supplicié.. Jésus me regarda gracieusement et me dit que les
enfants L’offensaient profondément : « Toi, défends-les du mal. »
Depuis ce moment, je prie pour ces enfants, mais je sens que la
prière ne suffit pas.
765. O mon Jésus, Vous
savez quels efforts il faut faire pour vivre des relations simples
et sincères avec les personnes qui nous sont antipathiques, ou avec
celles qui, consciemment ou non, nous ont infligé des souffrances.
Humainement parlant c’est impossible. A ces moments-là, je tâche
plus encore qu’à d’autres de découvrir le Seigneur Jésus dans la
personne en question. Et pour ce même Jésus, je fais tout pour ces
personnes-là. De telles actions, sont inspirées par l’amour pur, et
de tels exercices sur la pratique de l’amour trempent et fortifient
l’âme. Je ne m’attends à rien de la part des créatures, donc je n’ai
aucune désillusion. Je sais que la créature est pauvre en elle-même.
Qu’attendrais-je donc de sa part ? Dieu est tout pour moi et je
veux tout juger selon Dieu.
766. Mon commerce avec
le Seigneur est maintenant purement spirituel. Mon âme est touchée
par Dieu et se plonge entièrement en Lui jusqu’à l’oubli
d’elle-même, tant elle est pénétrée à fond par Dieu, noyée par Sa
beauté, perdue toute entière en Lui. Je ne sais le décrire, car en
écrivant j’emploie les sens. Et dans cette union les sens n’agissent
pas. Il y a fusion entre Dieu et l’âme, qui est admise à une vie en
Dieu tellement grande, que cela ne peut s’exprimer par la parole.
Quand ‘âme reprend sa vie habituelle, elle voit que cette vie est un
crépuscule, un brouillard, un désordre, l’emmaillotement d’un petit
enfant. Dans de tels moments, l’âme reçoit uniquement de Dieu, car
d’elle-même elle ne fait rien. Elle ne fait pas le moindre effort,
Dieu fait tout en elle.
Cependant, quand l’âme
revient à son état ordinaire, elle voit qu’elle n’aurait pas la
force de supporter plus longtemps cette union. Ces moments sont
courts, les autres durables. L’âme ne peut pas rester longtemps dans
cet état, car forcément, elle se délivrerait des liens du corps pour
toujours, bien qu’elle soit soutenue par Dieu à l’aide d’un miracle.
Dieu fait clairement connaître à l’âme, qu’Il aime, comme si elle
seule était l’objet de Sa prédilection. L’âme le perçoit de façon
nette et évidente. Elle s’élance de toute sa force vers Dieu, mais
elle se sent enfant. Elle sait que ce n’est pas dans ses
possibilités. Dieu s’abaisse alors vers elle, et s’unit à elle d’une
manière… ici je dois me taire, car ce que l’âme éprouve, je ne sais
le décrire.
767. C’est une chose
étrange, que l’âme puisse éprouver cette union avec Dieu et ne sache
pas en donner une définition. Cependant quand elle rencontre une
autre âme ayant vécu les mêmes expériences, elles se comprennent
mutuellement dans ces choses, sans beaucoup se parler. L’âme unie de
cette manière à Dieu, reconnaît facilement une âme vivant cette même
union, quoique celle-ci ne lui découvre pas tout son cheminement
intérieur, mais cause tout simplement avec elle. C’est comme une
parenté spirituelle. Les âmes unies de telle façon à Dieu ne sont
pas nombreuses. Il y en a beaucoup moins qu’on ne pense.
768. J’ai remarqué que
Dieu accorde cette grâce aux âmes lorsqu’elles ont quelque grande
œuvre à accomplir, dans deux buts. Le premier c’est pour aider l’âme
à remplir cette œuvre qui normalement dépasse absolument ses forces.
Dans le second cas, j’ai remarqué que Dieu l’accorde pour conduire
et tranquilliser ces âmes. Quoique le Seigneur puisse accorder cette
grâce, comme Il Lui plait et à qui Il Lui plaît. Cependant j’ai
remarqué cette grâce chez trois prêtres. L’un d’eux est un prêtre
séculier, les deux autres des prêtres réguliers et deux religieuses,
mais pas au même degré..
769. Quant à moi, j’ai reçu cette grâce pour la première fois et
pendant un moment très court à l’âge de dix-huit ans durant l’octave
de la Fête-Dieu, pendant les vêpres, quand je fis au Seigneur Jésus
le vœux de chasteté perpétuelle. Je vivais encore dans le monde mais
je devais bientôt entrer au couvent. Cette grâce dura un moment très
court, mais la force de cette grâce est grande.
Après cela il y eut un
long intervalle. Je recevais, il est vrai, durant cet intervalle
beaucoup de grâces, mais elles étaient d’un autre ordre. C’était une
période d’épreuves et de purification. Ces épreuves étaient si
douloureuses que mon âme ressentit un complet délaissement de la
part de Dieu et fut plongée dans de grandes ténèbres. Je remarquai
et je compris que personne ne saurait me conduire hors de cette
tourmente, ni me comprendre. Il y eu deux moments, où mon âme fut
plongée dans le désespoir, une fois durant une demi-heure, l’autre
trois quarts d’heure. Quant aux grâces reçues, je ne puis en décrire
exactement la grandeur. En ce qui concerne les épreuves divines, je
ne sais quelles paroles employer car tout n’en serait qu’un pâle
reflet. Cependant, de même que le Seigneur m’a plongée dans les
tourments, ainsi m’en a-t-Il fait sortir. Seulement cela a duré
plusieurs années.
Et à nouveau j’ai reçu
cette exceptionnelle grâce d’union qui dure jusqu’à présent. Dans
cette seconde union, il y eut quelques courtes interruptions. Mais
maintenant, depuis un certain temps, je n’éprouve plus aucune
interruption, mais je me plonge de plus en pus profondément en Dieu.
La grande lumière, dont est illuminée l’intelligence, permet de
connaître l grandeur de Dieu. Non que je reconnaisse un par un Ses
attributs comme autrefois, non ici c’est différent. En un moment je
reconnais l’essence même de Dieu.
770. L’âme, à ce
moment, est tout entière noyée en Lui et éprouve un bonheur aussi
grand que celui de élus dans les cieux. Quoique ceux-ci regardent
Dieu face à face et soient complètement heureux, cependant leur
connaissance de Dieu n’est pas égale, Dieu me l’a fait savoir. Une
plus profonde connaissance commence ici sur terre dans la mesure de
la grâce, mais celle-ci dépend en grande partie de notre fidélité à
cette grâce. Cependant l’âme qui éprouve cette grâce inouïe de
l’union, ne peut pas dire qu’elle voit Dieu face à face, car il
reste ici le voile ténu de la foi, mais tellement ténu que l’âme
peut dire qu’elle voit Dieu et qu’elle s’entretien avec Lui. Elle
est « déifiée ». Dieu laisse voir à l’âme à quel point Il l’aime. Et
l’âme constate que des âmes meilleures et plus saintes qu’elles
n’ont pas bénéficié de cette grâce. Et à cause de cela un saint
étonnement s’empare d’elle et l’entretient dans une profonde
humilité, la plongeant dans sa nullité et dans une sainte
stupéfaction. Et plus elle s’abaisse et plus étroitement Dieu S’unit
à elle, t S’abaisse vers elle. L’âme à ce moment là est, pour ainsi
dire, cachée, ses sens n’agissent pas. A un moment donné, elle
reconnaît Dieu et est noyée en Lui. Elle reconnût toute la
profondeur de l’Inconcevable. Et plus cette connaissance est
profonde plus l’âme Le désire ardemment.
771. La réciprocité de
l’âme avec Dieu est grande. Quand l’âme sort de sa cacherie, ses
sens goûtent les délices qu’elle éprouvait. Cependant, ceci aussi
est une grande grâce de Dieu, mais elle n’est pas purement
spirituelle. Les sens n’y ont pas une part de premier rang. Chaque
grâce, donne à l’âme, force et vigueur pour l’action, et courage
pour endurer la souffrance. L’âme sait bien ce que Dieu veut d’elle
et elle remplit Sa sainte volonté, malgré les contrariétés.
772. Cependant, l’âme
ne peut pas agir seule en ces choses, elle doit chercher le conseil
d’un confesseur éclairé, car autrement elle peut errer ou bien n’en
retirer aucun profit.
773. Je comprends bien,
ô mon Jésus, que comme la maladie se mesure à l’aide d’un
thermomètre et qu’une forte fièvre nous indique la gravité de la
maladie, ainsi dans la vie spirituelle, la souffrance est le
thermomètre qui mesure l’amour Divin dans l’âme.
774. Dieu est mon but…
et mon bonheur est d’accomplir la volonté Divine et rien au monde ne
peut troubler ce bonheur, aucune puissance, aucune force.
775. Aujourd’hui le
Seigneur vint chez moi, dans ma cellule et me dit : «Ma fille, Je ne
te laisserai plus longtemps dans cette congrégation. Je te le dis
pour que tu profites avec plus de diligence des grâces que je
t’accorde. »
776. 27.XI.1936.
Aujourd’hui j’étais en esprit au Ciel, et j’ai vu des beautés
inimaginables et le bonheur qui nous attendent après la mort. J’ai
vu comme toutes les créatures rendent perpétuellement honneur et
gloire à Dieu. J’ai contemplé l’immensité du bonheur en Dieu qui
s’écoule sur toutes les créatures, les rend heureuses, et revient à
sa source. Et toute gloire et honneur provenant du bonheur reçu,
sont rendus à Dieu et entrent dans les profondeurs divines. J’ai vu
toutes les créatures contempler la vie intérieure de Dieu le Père,
le Fils et le Saint-Esprit, que jamais elles ne comprendront ni
n’approfondiront. Cette source de bonheur est invariable dans son
essence, et cependant toujours nouvelle, jaillissant pour le bonheur
de toute créature. Je comprend maintenant Saint Paul qui a dit : «
Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui
n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu à préparé pour
ceux qui L’aiment. »
777. Et Dieu m’a laissé
comprendre l’unique chose, qui ait à Ses yeux une valeur infinie :
c’est l’amour, l’amour de Dieu, l’amour. L’amour et encore une fois
l’amour, et rien ne peut être comparé à l’acte de pur amour de Dieu.
Oh ! Quels inconcevables égards Dieu à envers l’âme qui l’aime
sincèrement ! Oh ! Que l’âme qui déjà sur terre jouit de Ses égards
particuliers est heureuse ! Et c’est l’âme petite et humble.
778. J’ai compris plus
profondément cette grande Majesté Divine qu’adorent les esprits
célestes selon leur degré de grâce et leur hiérarchie. Mon âme n’a
éprouvé ni frayeur ni terreur, non absolument aucune, à la vue de
cette puissance et de cette grandeur de Dieu. Mon âme a été remplie
de paix et d’amour. Et plus je connais la grandeur de Dieu, plus je
me réjouis qu’il soit Tel. Et sa grandeur me comble de bonheur. Et
je me réjouis de ce que je sois si petite car, puisque je suis si
petite, Il me tient dans Sa main et près de Son Cœur.
779. O mon Dieu, comme
j’ai pitié des gens qui ne croient pas à la vie éternelle ! Comme je
prie pour eux pour qu’un rayon de miséricorde les saisisse et que
Dieu les presse sur Son Cœur Paternel.
780. O amour, ô roi !
L’amour ne connaît pas la peur, il passe par tous les chœurs des
anges, qui montent la garde devant le trône de Dieu. Il n’aura peur
de personne, il atteint Dieu et se plonge en Lui comme dans son
unique trésor. Le Chérubin avec l’épée de feu, qui garde le Paradis,
n’a pas de force contre l’amour. O pur amour de Dieu, comme tu es
grand et incomparable. Oh ! Si les âmes connaissaient ta force !
781. Aujourd’hui je me
sens très faible, je ne peux même pas faire ma méditation à la
chapelle et je dois me coucher. O mon Jésus, je vous aime et je
désire vous adorer par ma faiblesse en me soumettant complètement à
votre Sainte volonté.
782. Je dois beaucoup
veiller sur moi, aujourd’hui surtout, car une excessive sensibilité
vis-à-vis de tout s’empare de moi. Des choses, qu’en bonne santé je
n’aurais même pas remarqués, me choquent aujourd’hui. O mon Jésus,
mon bouclier et ma force, accordez-moi la grâce de sortir
victorieuse de ces combats. O mon Jésus, changez-moi en Vous-même
par la force de votre amour, pour que je sois un instrument digne de
proclamer Votre miséricorde.
783. Je remercie Dieu
pour cette maladie et pour cette faiblesse physique, car j’ai du
temps pour causer avec le Seigneur Jésus. Ma joie est de passer de
longs moments aux pieds du Dieu caché. Et les heures passent comme
des minutes. Je sens qu’un feu brûle en moi et je ne comprends
d’autre vie que celle du sacrifice, qui provient directement du pur
amour.
784. 29.XI.1936.
Notre-Dame m’a enseigné comment me préparer à la fête de Noël. Je
l’ai vue aujourd’hui sans l’Enfant Jésus. Elle me dit : « Ma fille,
applique-toi à être douce et humble pour que Jésus qui habite
constamment dans ton cœur, puisse S’y reposer. Adore-Le dans ton
cœur, n’en sors pas. J’obtiendrai pour toi, ma fille la grâce d’une
vie intérieure, telle que toute en restant à l’intérieur de
toi-même, tu puisses accomplir à l’extérieur tous tes devoirs avec
une précision encore plus grande. Sois continuellement avec Lui,
dans ton propre cœur. Il sera ta force. Avec toutes les créatures
aie seulement les contacts que réclament le devoir et la nécessité.
Tu es un logis agréable, au Dieu vivant, dans lequel il séjourne
constamment avec amour et plaisir. Et la vivante présence Divine que
tu ressens de façon réelle et distincte, te confirmera, Ma fille
dans ce que Je t’ai dit. Tâche d’agir ainsi jusqu’au jour de Noël et
ensuite Lui-même te fera connaître de quelle manière tu dois agir et
t’unir à Lui. »
785. 30. XI. 1936.
Aujourd’hui pendant les vêpres, une douleur me pénétra l’âme. Je
vois qu’à tous points de vue cette œuvre dépasse mes forces. Je suis
comme un petit enfant devant l’immensité de cette tâche, et v’est
seulement sur un ordre divin formel que je procède à son
accomplissement. Et d’autre part, même ces grandes grâces me sont un
fardeau, que j’ai peine à porter. Je vois l’incrédulité de la part
de mes Supérieures et la méfiance et les doutes de toutes sortes
avec lesquelles elles me traitent pour cette raison. Mon Jésus, je
vois que même de si grandes grâces peuvent être une souffrance et
cependant c’est ainsi..
Non seulement, elles
peuvent être une cause de souffrance, mais elles doivent l’être
comme signe de l’action Divine. Je comprends bien que si Dieu ne
fortifiait pas mon âme dans ces différentes épreuves, elle n’en
viendrait pas à bout d’elle-même. Donc Dieu Lui-même est son
bouclier. Quand par la suite, je méditais durant les vêpres sur
cette sorte de mélange de souffrances et de grâces, j’entendis la
voix de la Très Sainte Vierge : « Sache, ma fille, que quoique j’ai
été élevée à la dignité de Mère de Dieu, sept glaives de douleur ont
transpercé mon cœur. Ne fait rien pour te défendre. Supporte tout
avec humilité. Dieu seul te défendra. »
1. XII. 1936. Retraite
d’un jour.
Aujourd’hui pendant les
méditations matinales le Seigneur me fit connaître et comprendre
nettement l’irrévocabilité de Ses désirs. Et je vois clairement que
personne ne peut me dispenser de ce devoir d’accomplir la volonté
Divine que j’ai appris à connaître. Un manque évident de santé et de
forces physiques n’est pas une raison suffisante et ne me libère pas
de cette œuvre que Dieu lui-même réalise. Je dois être seulement un
instrument dans Sa main. Eh bien ! Alors Seigneur me voici pour
accomplir Votre volonté. Ordonnez-moi selon Vos éternelles
intentions et prédilections. Donnez-moi seulement la grâce pour que
je sois toujours fidèle.
787. Alors que je
causais avec Dieu caché, Il m’a fait connaître et comprendre que je
ne dois pas trop réfléchir, ni avoir peur des difficultés qui
peuvent se trouver sur mon chemin. « Sache, que Je suis avec toi. Je
provoque les difficultés et Je les renverse. Et les dispositions
malveillantes peuvent en un instant tourner en faveur de cette
cause. » Le Seigneur m’éclaire en beaucoup de choses durant la
conversation d’aujourd’hui, mais je n’écrit pas tout.
788. Céder toujours le
pas aux autres en toutes circonstances, surtout durant la
récréation. Ecouter tranquillement sans interrompre, même si l’on
vous raconte dix fois la même chose. Je ne poserai jamais de
questions sur une chose qui m’intéresse beaucoup.
789. Résolution,
toujours la même : m’unir au Christ miséricordieux.
Résolution générale : calme intérieur, silence.
790. Cachez-moi, Jésus,
dans les profondeurs de Votre miséricorde et alors le prochain peut
me juger comme il lui plaît.
791. Ne jamais parler
de mes propres épreuves. Dans la souffrance, chercher le
soulagement. Dans la prière, dans les doutes, même les plus petits,
chercher conseil seulement auprès de mon confesseur. Avoir le cœur
toujours accueillant pour accepter les souffrances d’autrui et
noyer mes propres souffrances dans le Cœur Divin pour qu’à
l’extérieur, autant que possible, on ne s’en aperçoive pas.
Toujours travailler à maintenir l’équilibre, même si les
circonstances sont contraires. Ne pas permettre que soient troublés
le calme et le silence intérieurs. Rien ne peut être comparé à la
paix de l »âme. Si l’on me reproche quelque chose injustement, ne
pas m’excuser.
Si la Supérieure veut savoir la vérité, si j’ai raison ou non,
qu’elle le sache plutôt par d’autres que par moi. Ma part est de
tout accepter en toute humilité.
792. Je passe un moment
avec la Très Sainte Vierge. J’attends avec grand désir la venue du
Seigneur. Mes désirs sont Grands. Je souhaite que tous les peuples
connaissent le Seigneur. Je voudrais préparer toutes les nations à
la venue du Verbe Incarné. O Jésus, faites que la source de Votre
miséricorde jaillisse avec plus d’abondance, car l’humanité est très
malade et plus que jamais elle a besoin de Votre Pitié. Vous êtes
une mer sans fond de miséricorde envers nous, les pécheurs. Et plus
notre misère est grande, plus nous avons droit à Votre miséricorde.
Vous êtes la source du bonheur pour toutes les créatures par Votre
infinie miséricorde.
793. Aujourd’hui je
pars faire une cure à Pradnik, situé un peu en dehors de Cracovie.
Je dois y rester trois mois. La grande sollicitude des Supérieures
en a décidé ainsi, et surtout notre chère Mère Générale qui se
soucie tant des Sœurs malades.
794. J’ai accepté la
faveur de cette cure, car j’accepte complètement la volonté Divine.
Que Dieu fasse de moi ce qui Lui plaît. Je ne désire rien d’autre
qu’accomplir Sa sainte volonté. Avec la Vierge Marie, je quitte
Nazareth pour aller à Bethléem. Là, je passerai la fête de Noël,
parmi des étrangers, mais avec Jésus, Marie et Joseph, car telle est
la volonté de Dieu. Je tâche d’accomplir en tout la volonté de Dieu.
Je ne désire pas plus le retour à la santé que la mort. Comme un
petit enfant, je me confie entièrement à Son infinie miséricorde, et
je vis dans la plus grande paix. Je m’efforce seulement de rendre
mon amour pour Lui, de plus en plus profond et pur, afin qu’il soit
un délice pour Son divin regard.
795. Le Seigneur m’a
dit de réciter ce chapelet pendant neuf jours, avant la fête de la
Miséricorde. La neuvaine doit commencer le Vendredi Saint. Pendant
ce temps j’obtiendrai aux âmes beaucoup de grâces.
796. A la pensée que
j’allais rester si longtemps seule, en dehors de la Communauté, la
peur s’empara de moi. Jésus me dit : « Tu ne sera pas seule, car je
suis avec toi toujours et partout. Auprès de Mon Cœur n’aie peur de
rien. C’est Moi, qui ai provoqué ton départ. Sache que Mon regard
suit avec grande attention tous les mouvements de ton cœur. Je te
sépare des autres pour pouvoir Moi-même former ton cœur en vue de
Mes projets. De quoi as-tu peur ? i tu es avec Moi, qui oserais te
toucher ? Cependant je Me réjouis beaucoup que tu Me confies tes
inquiétudes. Ma fille, parle-Moi de tout simplement, tu Me fais un
grand plaisir. Je te comprends, car Je suis Homme-Dieu. Cette simple
conversation de ton cœur M’est plus agréable que des hymnes composés
en Mon honneur. Sache, Ma fille que plus tes paroles sont simples,
plus tu m’attires vers toi. Et maintenant sois en paix. Et
maintenant sois en paix près de Mon Cœur. Mets de côté ta plume, et
prépare toi au départ. »
797. Je suis partie ce
matin pour Pradnik . Sœur Chryzostome m’a conduite. J’ai une
chambre séparée, je ressemble à une Carmélite. Quand Sœur
Chryzostome est partie et que je suis restée seule, je me suis
plongée en prière, me mettant sous la protection spéciale de la Très
Sainte Vierge. Elle seule est toujours avec moi. Comme une bonne
Mère elle surveille mes épreuves et mes efforts.
798. Soudain je vis le
Seigneur Jésus, qui me dit : « Sois tranquille, Mon enfant, tu vois
que tu n’est pas seule. Mon Cœur veille sur toi. » Jésus me remplit
de force à l’égard d’une certaine personne, je le sens bien dans mon
âme.
799. Principe
moral.
Quand on ne sait pas ce
qu’il y a de meilleur, il faut réfléchir, considérer et prendre
conseil, car on n’a pas le droit d’agir dans l’incertitude de la
conscience. Dans l’incertitude de la conscience. Dans l’incertitude
il faut se dire : quoi que je fasse, ce sera bien pourvu que j’aie
l’intention de bien faire. Ce que nous considérons comme bon, Dieu
l’accepte et le considère comme bon. Ne pas se chagriner, si après
un certain temps l’on voit que ces choses ne sont pas bonnes. Dieu
regarde l’intention avec laquelle nous commençons et Il accordera la
récompense selon cette intention. C’est un principe que nous devons
suivre.
800. Encore
aujourd’hui, je suis allée faire une courte visite au Seigneur avant
de me coucher. Mon esprit s’est abîmé en Lui, mon seul Trésor. Mon
cœur a reposé un instant près du Cœur de mon époux. J’ai reçu la
lumière sur la manière de me comporter à l’égard de mon entourage et
je suis revenue dans ma solitude. Le médecin s’est occupé de moi et
je me sens entourée de cœurs bienveillants.
801. 10. XII.
Aujourd’hui je me suis levée plus tôt et j’ai fait ma méditation
avant la Messe. La Sainte Messe est célébrée à six heures. Après la
Sainte Communion, mon âme fut noyée dans le Seigneur, unique objet
de mon amour. Je me sentis absorbée par Sa Toute-Puissance. Quand je
suis revenue dans ma solitude, je me sentis mal et je dus me
coucher. La Sœur m’a apporté des gouttes, mais toute la journée je
me suis sentie mal. Le soir, j’ai tenté de faire les méditations de
l’Heure Sainte. Cependant je n’y suis pas arrivée, je m’unissais
seulement au Christ souffrant.
802. Ma chambre est
voisine de la chambre des hommes. Je ne savais pas que les hommes
étaient de tels bavards. Dès le matin, jusque tard dans la nuit,
conversations sur différents sujets. C’est beaucoup plus tranquille
dans la salle des femmes. On fait toujours aux femmes ce reproche
d’être bavardes, cependant j’eus l’occasion de me convaincre du
contraire. Il m’est difficile de me concentrer sur ma prière à cause
des rires et de ces plaisanteries. Ils ne me gênent pas quand la
grâce de Dieu me prend totalement, car alors je ne sais pas ce qui
se passe autour de moi.
803. Mon Jésus comme
ces gens parlent peu de Vous. Ils parlent de tout, mais pas de Vous,
Jésus. Et s’ils en parlent peu c’est, que probablement, ils n’y
pensent pas du tout. Le monde entier les intéresse, mais sur Vous,
le Créateur : silence. Que c’est triste Jésus, de voir cette
indifférence et cette ingratitude des êtres crées. O mon Jésus, je
désire vous aimer à leur place et Vous dédommager par mon amour. |