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L’Agonie et l'arrestation du Seigneur
Jésus sur le Mont des
Oliviers
(Chapitre I)
Nota:
Tous les textes en italique
sont extraits de La douloureuse Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ,
d’Anne-Catherine Emmerich, publiée par les Éditions TÉQUI. Les numéros des
chapitres sont ceux qui ont été retenus dans cette étude. Ici, il faut se
rapporter au grand chapitre global intitulé La douloureuse Passion de Notre
Seigneur Jésus-Christ.
Après l’institution du
Saint-Sacrement, Jésus se dirigea vers le Mont des Oliviers avec ses onze
apôtres. Nous connaissons les propos tenus alors par Jésus à ses apôtres pour
les mettre en garde sur tout ce qui allait se passer durant les heures à venir.
Mais ce que nous ignorons c’est que la tristesse de Jésus allait croissant et
que ses disciples “ne comprirent pas et crurent, ce qui leur arriva souvent
au cours de cette soirée, que la faiblesse et l’épuisement Le faisaient
délirer.” (sic) Quand ils furent arrivés à Gethsémani, Jésus semblait
tellement abattu que “Jean Lui demanda comment Lui, qui les avait toujours
consolés, pouvait être si abattu.”
Bientôt, quand Il se fut
éloigné des trois apôtres, Jésus vit de tous côtés l’angoisse et la tentation
s’approcher, et Il se réfugia dans une grotte afin d’y prier, mais les visions
menaçantes L’y poursuivirent: horrible spectacle de tous les péchés commis
depuis la première chute jusqu’à la fin du monde.
Anne-Catherine continue:
“J’eus le sentiment que Jésus... se livrant à la justice divine en satisfaction
pour les péchés du monde, faisait rentrer en quelque façon sa divinité dans le
sein de la Sainte trinité. ...il se renfermait dans sa pure, aimante et
innocente humanité... et la dévouait à toutes les angoisses et à toutes les
souffrances.”
Laissé à sa seule humanité
Jésus prit sur Lui tous les péchés du monde et s’offrit à la justice du Père
pour payer cette effroyable dette. Satan s’agitait au milieu de toutes ces
horreurs avec un rire infernal. “Lorsque la masse des forfaits de l’humanité
eut passé sur l’âme de Jésus et qu’Il se fut offert comme victime expiatoire,
Satan lui suscita des tentations innombrables, comme autrefois dans le
désert...” Satan Lui reprocha aussi une foule de fautes imaginaires ou
commises par d’autres: massacre des innocents, souffrances de ses parents, mort
de Jean-Baptiste, etc, etc... car, pour Satan, Jésus n’était que le plus juste
des hommes, sa divinité lui étant cachée. Anne-Catherine avoue que, parmi les
péchés du monde, elle vit aussi les siens.
C’est en proie à une
angoisse et à une douleur d’une extrême violence que Jésus s’écria: “Père, si
c’est possible, que ce Calice s’éloigne de Moi.. Cependant, que votre volonté se
fasse et non la mienne.” Méconnaissable, baigné d’un sueur froide et tout
chancelant, Jésus se leva et se traîna jusqu’auprès des trois apôtres, car Il
n’ignorait pas qu’eux aussi étaient dans l’angoisse et la tentation...
La suite, on la connaît,
mais à une question de Jean qui s’inquiétait et voulait appeler les autres,
Jésus répondit: “ N’appelle pas les huit. Je les ai laissés parce qu’ils ne
pourraient me voir dans cette détresse sans se scandaliser: ils tomberaient en
tentation, oublieraient tout et douteraient de Moi. Pour vous qui avez vu le
Fils de l’homme transfiguré, vous pouvez Le voir dans son obscurcissement et son
délaissement...”
Pendant ce temps, tout
semblait calme à Jérusalem, les Juifs étant occupés à préparer la Pâque dans
leurs maisons. Les amis de Jésus ne savaient encore rien de la trahison de
Judas.
Quand Jésus fut retourné
dans la grotte, pendant qu’il priait le Père, des anges vinrent lui montrer tout
ce qu’il devait souffrir afin d’expier le péché, “et comment la dette du
genre humain devait être payée par la seule nature humaine exempte de péché,
celle du Fils de Dieu. L’horreur de ces visions fut telle qu’une sueur de sang
sortit de son corps. Dans cette seconde agonie, Jésus vit dans toute son étendue
et son amertume, la souffrance expiatoire nécessaire à la justice divine... ”
Jésus s’étant complètement
abandonné à la volonté du Père, Satan éveilla des doutes dans son âme “et posa
la terrible question: “Quel sera le profit de ce sacrifice?” et le tableau du
plus terrible avenir accabla son cœur aimant.”
Jésus vit toutes les
souffrances de ses disciples, de l’Église primitive, les hérésies, les schismes,
l’orgueil des hommes et leurs désobéissances. Il vit la tiédeur, la corruption
d’un nombre infini de chrétiens, les sacrilèges des prêtres vicieux, les
scandales de tous les siècles, jusqu’à la fin du monde. Il vit tous les
apostats, les hérésiarques,, les corrupteurs, les réformateurs à l’apparence
sainte. Beaucoup le maltraitaient, le reniaient, l’insultaient. Il vit ceux qui
s’éloignaient de son église blessée, il vit les troupeaux égarés conduits par
des mercenaires dans de mauvais pâturages, et ceux “qui lançaienr les débris
de leurs cabanes contre la pierre angulaire de l’Église qui restait
inébranlable.”
Jésus les vit tous et pleura
sur eux. Pendant toutes ces visions la voix du tentateur ne cessait de répéter:
“Veux-tu donc souffrir pour de pareils ingrats?. Le combat fut si terrible que
la sueur de sang coulait de son corps jusqu’à terre. “Les images hideuses de
l’ingratitude des hommes futurs roulaient vers Lui toujours plus terribles et
plus impétueuses. Au milieu de toutes ces apparitions je voyais Satan se mouvoir
sous diverses formes hideuses qui se rapportaient aux diverses espèces de
péchés... Il me fut dit que ces troupes innombrables d’ennemis du Sauveur
étaient ceux qui maltraitaient de différentes manières Jésus-christ réellement
présent dans le Saint-Sacrement... Je reconnus toutes les espèces de
profanateurs de la divine Eucharistie et tous les outrages qu’elle subit:
négligence, irrévérence, omission, mépris, abus et sacrilèges. Parmi ces ennemis
du Sauveur, je vis des aveugles qui ne voulaient pas voir la vérité, des sourds
qui refusaient d’écouter ses avertissements... des enfants égarés à la suite de
parents et de maîtres mondains et oublieux de Dieu... Parmi ces enfants je vis
beaucoup d’enfants de choeur mal élevés et irrévérencieux... Je vis avec
épouvante que beaucoup de prêtres maltraitaient aussi Jésus dans le très
Saint-Sacrement...
Tout était abandonné dans la
maison du Seigneur, tout dépérissait dans la poussière et la saleté, ... Je vis
que souvent les plus pauvres étaient mieux entourés dans leurs cabanes que le
Maître du ciel et de la terre. Par suite de semblables négligences, je vis les
faibles scandalisés, le Sacrement profané, l’Église abandonnée, les prêtres
méprisés... Je vis des prêtres légers, ou sacrilèges dans la célébration du
saint Sacrifice et la distribution de la sainte Eucharistie, des troupes de
communiants tièdes et indignes, des serviteurs du démon employant la sainte
Eucharistie aux mystères d’un effroyable culte infernal. Je vis des personnes...
perdre la foi dans la présence réelle... Je vis une troupe nombreuse d’apostats,
chefs de sectes ...arracher du cœur de Jésus une multitude d’hommes pour
lesquels il a répandu son sang... Je vis des peuples entiers arrachés de son
sein et privés de la participation au trésor des grâces laissées à l’Église. Je
vis tous ceux qui s’étaient séparés de l’Église plongés dans l’incrédulité, la
superstition, l’hérésie, la fausse philosophie mondaine.”
Remarque:
Force est de constater, une
fois encore, que ce sont les péchés des hommes qui sont la cause de l’Agonie de
Jésus, tout comme ce sont les âmes qui se perdent définitivement qui sont la
vraie soif de Jésus mourant sur la Croix.
Jésus, tremblant et
gémissant s’approcha de ses trois apôtres. Lorsqu’ils le virent dans la clarté
de la lune, ils ne Le reconnurent pas d’abord. Ensuite, Jésus leur prédit ce qui
allait se passer le lendemain et “les pria de consoler sa mère et
Madeleine.” Pendant ce temps, les huit autres apôtres s’étaient endormis
après s’être longuement entretenus sur ce qu’ils deviendraient quand on aurait
fait mourir Jésus.
Jésus, épuisé de fatigue,
retourna dans la grotte en disant encore, pour la troisième fois: “Mon Père,
si c’est votre volonté, éloignez de Moi ce calice. Cependant que votre volonté
se fasse et non la mienne.” ”Alors l’abîme s’ouvrit devant Lui et les premiers
degrés des Limbes Lui apparurent...” Et Jésus vit Adam et Eve, les
patriarches, les prophète,... tous les justes, et Jean Baptiste qui attendaient
son arrivée. Cette vue Le fortifia. Les anges Lui présentèrent ensuite les
cohortes des bienheureux à venir qui joignaient leurs combats aux mérites de sa
Passion. “Jésus vit le salut et la sanctification qui sortaient à flots
intarissables de la source de rédemption ouverte par sa mort: les apôtres, les
disciples, les vierges, les saintes femmes,... l’armée entière des bienheureux
s’offrit à sa vue... Tous puisaient à une source unique: le Saint Sacrement et
sa Passion... Cette vue donna à l’âme de Jésus un peu de consolation et de
force.“
Mais ces images consolantes
s’évanouirent et les anges Lui montrèrent les différentes scènes de sa Passion
maintenant très proche. Jésus accepta tout et les visions s’évanouirent. Enfin
un ange descendit près de Jésus, Lui donna un aliment mystérieux, Le fit boire à
un petit calice lumineux et disparut. Jésus fortifié essuya son visage, remit
ses cheveux en ordre et revint vers ses apôtres: le traître était proche.
Commentaires
Comme il a été dit plus
haut, les révélations privées ne sont pas des articles de foi: la Révélation, en
effet, est close depuis la mort du dernier des apôtres. Cependant Dieu peut
accorder à certains voyants certains éclairages jusque-là passés sous silence ou
inaperçus, ou encore donner quelques compléments susceptibles de fortifier la
foi des fidèles amenés à vivre, à certaines époques, des évènements douloureux
ou déconcertants. Ces révélations privées qui peuvent parfois surprendre, voire
choquer, sont cependant, dans certaines circonstances, appelées à devenir des
sujets de méditation fructueux. C’est le cas pour les remarques qui suivent,
d’Anne-Catherine Emmerich:
“J’eus le sentiment que
Jésus... se livrant à la justice divine en satisfaction pour les péchés du
monde, faisait rentrer en quelque façon sa divinité dans le sein de la Sainte
Trinité... Il se renfermait dans sa pure, aimante et innocente humanité... et la
dévouait à toutes les angoisses et à toutes les souffrances.”
“Lorsque la masse des
forfaits de l’humanité eut passé sur l’âme de Jésus et qu’Il se fut offert comme
victime expiatoire,
Satan Lui suscita des
tentations innombrables, comme autrefois dans le désert...
Cela signifie en clair,
d’une part, puisque c’est seulement l’humanité qui a péché, que c’est
essentiellement l’humanité de Jésus qui devra expier, se rendant “obéissante
jusqu’à la mort...” et que, d’autre part, les premières tentations de Jésus au
désert, juste avant de commencer sa vie publique, revinrent à son esprit. Jésus
aurait pu, en effet, faire de grands miracles pour convaincre son peuple,
réaliser les actions spectaculaires qu’attendaient les juifs: chasser les
Romains, établir son Royaume, conquérir le monde, etc.. Mais ce n’était pas la
volonté du Père. Et de plus, on ne doit pas tenter Dieu.
Les autres tentations que
dut subir Jésus lui montraient l’inutilité de son sacrifice, les hommes ingrats,
traîtres ou apostats, son Église trahie, déchirée et défigurée, la masse des
forfaits de l’humanité... Mais “victime expiatoire ‘débordant d’amour,”se
livrant à la justice divine en satisfaction pour les péchés du monde,”
sachant que seul son sacrifice sauverait l’humanité, Jésus se fit obéissant, et
obéissant jusqu’à la mort. Plus que la vie terrestre compte la volonté de
Dieu.
Judas et sa troupe
(Chapitre II)
Quelques considérations sur
Judas
“Judas ne s’attendait pas à
ce que sa trahison eût les conséquences dont elle fut suivie... L’argent seul
préoccupait son esprit. Il était las de la vie fatigante, errante et persécutée
que menaient les apôtres... Il avait toujours espéré un royaume temporel de
Jésus et un emploi brillant et lucratif dans ce royaume. Ne le voyant pas
paraître, il cherchait à amasser une fortune, et dans les derniers mois il
n’avait cessé de voler. Voyant les persécutions s’accroître, il pensait à se
mettre bien avec les puissants ennemis du sauveur.”
Il n’est pas nécessaire de rapporter ici les diverses démarches de Judas, mais
peut-être est-il intéressant de noter qu’il fut frappé du mépris et de la
méfiance qui perçaient dans leurs manières (celles des membres du Sanhédrin)
envers lui. Il est curieux de remarquer que même les soldats qui accompagnèrent
Judas jusqu’auprès de Jésus manifestèrent la même méfiance envers lui.
Jésus est fait prisonnier
(Chapitre III)
Il est inutile d’insister
sur les détails de l’arrestation de Jésus mais il convient de noter que Malchus,
le valet du grand prêtre à qui Pierre avait coupé l’oreille et tous les soldats
qui étaient tombés à terre les deux fois que Jésus avait dit: “C’est moi” à ceux
qui cherchaient Jésus de Nazareth, se convertirent et devinrent chrétiens plus
tard.
Quand Jésus fut bien ligoté,
ce qui se fit très brutalement, “ils lui mirent autour du corps une espèce de
large ceinture où étaient des pointes de fer et y assujettirent ses mains avec
des liens d’osier. Ils lui passèrent autour du cou une sorte de collier où
étaient des piquants d’où partaient deux courroies se croisant sur la
poitrine... A la ceinture aboutissent quatre longues cordes au moyen desquelles
ils tiraient le Seigneur selon leurs caprices inhumains.”
Les disciples erraient çà et
là. Jean suivait de près. Quand on voulut l’arrêter, il s’enfuit, laissant son
vêtement (le texte traduit suaire, mais il s’agit en fait d’une sorte de
vêtement de dessous court et sans manche) entre les mains des soldats.
Nota:
En ce qui concerne la façon
dont Jésus fut ligoté, lors de son arrestation, certains détails diffèrent entre
les visions des différentes mystiques étudiées. Mais il s’agit toujours de liens
préparés d’avance pour être très douloureux.
Commença alors pour Jésus ce
que l’on pourrait appeler le premier chemin de croix. Jésus, pieds nus, fut mené
par les chemins les plus rudes, sur les pierres et dans la boue. Les archers Le
malmenaient et Le maltraitaient de la manière la plus cruelle... Avec des cordes
à noeuds ils Le frappaient violemment et L’insultaient de manière ignoble. On
marchait vite. Par deux fois Jésus fut jeté à terre puis jeté de toute sa
hauteur dans le torrent du Cédron. Jésus but l’eau du Cédron accomplissant ainsi
une prophétie du psaume 110: “Au torrent il boit en chemin, c’est pourquoi il
redresse la tête.”
Le sinistre cortège continua
et Jésus continua à endurer de multiples mauvais traitements. Il tomba encore et
fut relevé, toujours au milieu des insultes les plus ignobles.
“Les habitants d’Ophel,
quartier pauvre où Jésus avait fait beaucoup de miracles furent réveillés par
les cris des soldats.” Ils voulurent s’interposer mais furent violemment
repoussés par les soldats. Cependant la canaille qui venait de la ville
grossissait sans cesse et fut l’occasion, pour les bourreaux de Jésus, de
redoubler d’insultes.
On arriva enfin à la maison
d’Anne. Sur le chemin, Jésus était tombé sept fois. |