Chapitre VII
La
Sainte Vierge Marie,
Mère de Notre-Seigneur Jésus-Christ
1
Un peu de théologie: Marie, Mère de Dieu
(Livre 3, chapitre
1)
1-1-Une profession de foi
Marie Lataste commence son Livre 3 par
une profession de foi: "J’aime le Sauveur Jésus de toute mon
âme, de tout mon cœur, de tout mon esprit, de toutes les forces
qui sont en moi. J’aime Marie comme lui. J’aime le Sauveur
Jésus, parce qu'il est Fils de Dieu et mon Rédempteur. J’aime
Marie, parce qu'elle est la Mère du Fils de Dieu, mon
Rédempteur, et ma mère. J’aime Jésus, parce qu'il s’est sacrifié
pour moi par amour. J'aime Marie, parce qu'elle a sacrifié Jésus
pour les hommes et par amour pour moi. Jésus est Dieu, et par
cela seul, au-dessus de toutes choses; et je l’adore. Marie est
mère de Jésus, et par cela seul, au-dessus de toutes les
créatures. Je ne l’adore point parce qu’elle n'est point Dieu,
mais je lui rends tous les honneurs, tous les devoirs que peut
recevoir une créature et qui ne sont point dus à Dieu seul."
1-2-Considérations théologiques
Puis Marie Lataste poursuit par
quelques considérations théologiques difficiles, mais qu'elle
exprime avec une clarté exceptionnelle: "Jésus, Fils de Dieu,
Marie, mère de Dieu! Je distingue l’un de l’autre... Je les vois
séparés et unis. Je vois un Dieu éternel et une créature mère de
ce Dieu éternel fait homme, et, dans cette maternité, j’unis le
Fils à la Mère, la créature au Créateur.
Je vois Dieu créant Marie,
et je distingue l’œuvre de l’ouvrier. Cependant, les
relations sont si grandes entre ce Dieu fait homme et cette
Vierge, mère de Dieu, l’unité d’action dans le monde des âmes
est si frappante et si visible entre Jésus et Marie, que je ne
sais ce qu'il faut le plus admirer de Jésus opérant dans cet
univers surnaturel et invisible placé dans l’univers naturel et
visible, ou de Marie sans laquelle Jésus n’opère rien et ne veut
rien opérer. Dieu fait homme! merveille admirable pour la terre
et les cieux. Dieu fait homme, ou l’infini devenu fini, sans
cesser d'être infini; devenu mortel, sans cesser d’être la
justice par excellence et la sainteté sans tache.
Marie, mère de Dieu! merveille aussi
admirable pour la terre et les cieux. Marie, mère de Dieu, ou
le fini engendrant l’infini et demeurant fini malgré cette
génération! Marie, mère de Dieu, femme mortelle engendrant
l’Éternel! Ô prodige au-dessus de tout! Je ne vous adore
point, mais je vous donne ma vénération, et j’adore en vous
Celui que vous avez conçu, engendré, mis au monde, et livré pour
le salut du monde en union avec le Dieu, Père éternel du Verbe
fait homme en vous."
Marie Lataste reprend une idée de
saint Louis-Marie Grignion de Montfort: "Quand on dit
'Marie', Marie dit: 'Dieu!'" Elle écrit, en effet:
"Lorsque Jésus me parle de Marie, il me parle de lui-même; quand
je vois Marie, je vois Jésus; quand Marie m’entretient et me
fait entendre sa voix, il me semble que c'est Jésus qui parle.
Je ne mets point de différence entre la voix de Jésus et celle
de Marie. Si j’avais les yeux du corps ou de l’âme fermés, et
que j’entendisse Jésus ou Marie, sans les voir, je ne saurais
dire quelle est cette voix. J’ai remarqué pourtant que la voix
de Marie est toujours pleine de douceur, de bonté, de tendresse,
et que la voix de Jésus est quelquefois sévère et prend un
accent de justice ou de menace que je n’ai jamais reconnu en
Marie. La voix de Marie est toujours la même, d’une douceur
inexprimable envers les justes comme envers les pécheurs.
Pourquoi cela? Je ne sais; mais ce que je sais, c'est que Marie
est mère du Fils de Dieu mort sur la croix, et qu'elle est notre
mère. Marie, mère de Dieu et ma mère, c'est Marie et sa douceur,
Marie et sa bonté, Marie et sa tendresse, Marie et sa
commisération! Ô Marie! Mère de Jésus et ma mère, je vous aime,
je vous bénis, je vous loue, je me donne à vous." (Livre 3,
chapitre 1)
Remarque:
Les visions reçues par des mystiques
n'ont qu'un véritable but: l'enseignement du mystique lui-même,
et souvent, à travers lui, des personnes que le Seigneur voudra
enseigner, aujourd'hui ou de nombreuses années plus tard. Ces
visions ne sont pas, sauf exception, des photographies de
tableaux historiques, mais des moyens concrets, sorte de
paraboles, pour mieux faire comprendre un enseignement. Ceci
semble particulièrement vrai pour la vision donnée à Marie
Lataste un jour d'Épiphanie, (voir paragraphe 6-2) vision durant
laquelle les mages rendirent leur hommage à Jésus dans la grotte
de Bethléem, et non dans une maison de cette petite cité comme
on le dit parfois. |