CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

Troisième partie
LES Œuvres
DE Marie Lataste
(1822-1847)

 

Chapitre I

Dieu, la Création et le salut des hommes

Les œuvres de la Sainte Trinité

 

5
Les vices

(Livre 10, chapitre 5)

 

Un dimanche, pendant la messe, Marie Lataste aperçut Jésus sur son trône, resplendissant de lumière, mais dont le visage était empreint d'une profonde tristesse. Jésus regarda Marie et dit: "Ma fille, ce qui cause mon affliction ce sont les vices nombreux que je vois dans les cœurs des hommes et qui les entraînent à leur ruine et à leur malheur éternel. Les vices sont les adversaires des vertus... ils souillent les cœurs et leur font perdre toute beauté... Le vice dans un cœur, c'est l’origine du péché, l’origine de tous les maux, la racine de la mort... Le vice, c'est une souillure plus pénétrante que la poix et qui corrompt tout ce qu'il touche. C'est le plus grand ennemi de l'homme... Il lutte constamment contre l'homme pour le vaincre et le faire succomber, il ne lui laisse pas un moment de repos...

Il n'y a pas un instant de repos, de calme ni de tranquillité pour un cœur vicieux, car le repos est impossible quand on est loin de Dieu. Or, le vice éloigne de son Dieu le coeur de l'homme... Le vice a chassé Dieu loin du cœur et soufflé en lui le vent des tempêtes... Que d'âmes perdues ont succombé sous le poids de leurs vices... À la vue de tous ces désastres je ne puis que m’affliger; je voudrais que toutes les âmes fussent embellies par les vertus dont je leur ai donné l’exemple par ma vie, et la grâce par ma passion... Je gémis, ma fille, sur l’aveuglement, l’indifférence et l’ingratitude des hommes qui ne font rien pour m’être agréables, rien pour travailler à leurs véritables intérêts. Ma fille, venez consoler mon coeur affligé, luttez constamment contre les vices qui voudraient s’implanter dans votre cœur... Déracinez tous les vices, vous ne pécherez plus...

5-1-Comment lutter contre les vices

"Celui qui veut faire la guerre aux vices de sa nature... doit s’attacher d’abord à connaître leur nature... Puis il doit les poursuivre avec une haine implacable à cause des malheurs qu'ils opèrent en lui... Il doit éloigner de lui les vices de sa nature corrompue et fuir toutes les occasions capables d’entretenir ou de fortifier ces vices. Si vous êtes portée à la colère, fuyez les disputes, fuyez les débats et les contradictions... Celui qui veut éloigner de lui les vices de sa nature corrompue combattra ces vices par les vertus opposées: l’impureté par la chasteté, l’orgueil par l’humilité, la colère par la douceur. Il ne se pardonnera pas le moindre échec, et le punira par quelque austérité qui maîtrisera la révolte produite par ce vice. Celui qui veut éloigner de lui les vices de sa nature corrompue s’observera fidèlement... pour ne rien faire par pensées, par paroles ou par actions qui soit capable de les stimuler... Il ne cherchera point à les combattre tous à la fois, il attaquera d'abord le plus enraciné, le plus dangereux... et quand il l’aura abattu, il en attaquera un autre...

Celui qui veut éloigner de lui les vices de sa nature corrompue ne demeurera jamais oisif. Le travail est l’ennemi de tous les vices; mais comme il en est qui résistent même au travail, et que le travail, dans certaines occasions, peut même développer, comme l’orgueil par exemple, il joindra au travail la prière, il demandera à Dieu son secours et sa grâce, il s’abandonnera à sa miséricorde et à sa providence, il invoquera le secours de ma Mère et des saints qui contemplent sa lutte; et quand il aura triomphé, il ne s’attribuera point la victoire, il reconnaîtra qu'il tient tout de Dieu et que sans lui il aurait succombé mille fois." (Livre 10, chapitre 5)

5-2-Les sept vices capitaux  (Livre 10, chapitre 6) 

Pour aller jusqu'au fond de ces choses graves, Jésus va traiter longuement des sept vices capitaux. Il explique à Marie Lataste: "On compte, ma fille, sept vices capitaux, c'est-à-dire sept vices, sources et origines de tous les autres vices. Ce sont: l’orgueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, l’envie, la colère et la paresse.

            5-2-1-L'orgueil

L’orgueil est une exagération ou un désir immodéré de sa propre excellence et de ses propres mérites. Il est permis à l'homme, ma fille, de s’aimer lui-même, d’estimer le bien que Dieu a mis en lui, l’intelligence, et tous les dons de la fortune, mais à condition de reconnaître que tout lui vient de Dieu... Celui qui est orgueilleux... rapporte tout à lui-même et s’en croit l’auteur et le maître... Il n’écoute les avis de personne, pas même des personnes les plus sages... Il cherche en tout les premières places... il tourne en ridicule la simplicité des humbles, se soumet difficilement, aime la contradiction, préfère une haute naissance à de bonnes mœurs... L’orgueilleux ne connaît point la discipline dans ses mœurs, la modestie dans sa parole... Il est tenace dans sa volonté, plein de jactance dans ses discours... il est opiniâtre dans sa haine, ennemi de la soumission, désireux de la puissance... Il veut tout savoir et sait très peu, toujours parler même de ce qu'il ne connaît point... Enfin, l’orgueilleux croit ne faire que des actes de vertu, et s'il reconnaît ses péchés, il trouve toujours mille causes pour en diminuer la gravité ou lui servir d’excuse. C’est ainsi, ma fille, que tous les défauts se trouvent dans l’orgueilleux: la vaine gloire, l’ambition, la présomption, l’opiniâtreté, l’esprit de contradiction, l’hypocrisie, le faste et la grandeur.

– La vaine gloire est la complaisance extérieure et quelquefois secrète des avantages qu'on croit avoir sur les autres, et le désir d'être remarqué et loué par autrui...

– L’ambition est un désir immodéré du cœur qui fait désirer les dignités, à cause de la considération qui s'y trouve attachée.

– La présomption est cette confiance exagérée en soi-même qui fait qu'on se persuade être capable de ce qui dépasse ses forces.

– L’opiniâtreté est l’attache irraisonnable et non raisonnée à son sentiment, qu'on croit supérieur à celui d’autrui.

– L’esprit de contradiction est un mouvement du coeur qui porte à réfuter l’opinion des autres, et à se croire supérieur à eux.

– L’hypocrisie est l’accomplissement menteur et faux de certains actes de vertu pour s’attirer l’estime des hommes.

– Le faste est l’emploi immodéré de la magnificence en toutes les nécessités de la vie: les habitations, les vêtements, la nourriture, afin d’obtenir une plus grande considération. Cette inclination porte à traiter le prochain avec empire, à lui parler avec fierté, à le regarder avec mépris.

Voilà l’orgueil et les vices qu'il fait naître dans l’âme. Vous devez comprendre par ces paroles combien l’orgueil est un vice commun. Comprenez aussi combien c'est un vice dangereux. C'est lui qui dissipe toutes les vertus, qui les coupe dans leurs racines; c'est lui qui entraîne ensuite à toutes sortes de désordres. L’orgueilleux est capable de tout; il tenterait même de s’élever réellement au dessus de Dieu, s’il le pouvait. Aussi, de tous les péchés, le péché d’orgueil est-il celui que Dieu déteste le plus...

L’orgueilleux veut s’élever, mais Dieu l’abaissera jusqu'au plus profond des abîmes. Fuyez, ma fille, ce vice affreux, pour demeurer toujours sous la protection de Dieu et à l’abri de la domination de Satan; fuyez ce vice affreux, pour ne point donner entrée dans votre cœur à tous les crimes et pour y faire germer toutes les vertus... Éloignez de vous tout ce qui pourrait vous porter à l’orgueil; maîtrisez ce sentiment quand vous le sentez venir dans votre cœur.

Enfin, ma fille, ayez toujours sous les yeux l’exemple de mon humilité, ayez toujours dans l’esprit le souvenir des promesses qui sont faites aux humbles et des vengeances réservées aux orgueilleux; attachez-vous à Dieu de toute votre âme, recourez à lui à l'heure de la tentation, venez vous entretenir doucement avec moi, vous reposer dans mon coeur, et l’orgueil fuira loin de vous... Si vous rapportez toutes choses à Dieu, si vous voulez lui soumettre tout ce qui est en vous et dans les autres créatures... si vous ne recherchez point les premières places, ni les honneurs... si vous reconnaissez... que tout bien vous vient de Dieu et si vous vous croyez indigne de tout bienfait de Dieu; si vous supportez patiemment toute les épreuves et les contradictions de la vie... si vous êtes toute de Dieu et tout à moi, ma fille, vous ne serez point orgueilleuse." (Livre 10, chapitre 6)

            5-2-2-La gourmandise  (Livre 10, chapitre 7)

Jésus poursuit: "Un des vices les plus honteux, c'est la gourmandise. La gourmandise est un désir et un usage immodéré des aliments nécessaires à la vie. Il faut dans la nourriture de l'homme une règle qui fixe la quantité et l'heure de la nourriture, la manière de prendre sa nourriture et l’esprit avec lequel on doit la prendre. Le défaut de cette règle, qui est la tempérance et la sobriété, constitue le vice de gourmandise, son désordre et sa malice. Cette règle ne peut pas être une pour tous les individus, parce que les uns doivent prendre une nourriture plus abondante et plus souvent répétée à cause de leur tempérament ou de leurs travaux, mais elle est une en ce sens qu'elle ne permet l’excès à personne.

Vous pouvez pécher par gourmandise, ma fille, de plusieurs manières:

– Celui qui mange ou boit avec excès, et plus qu'il n’en a besoin... son péché est d’autant plus grave que son excès est plus considérable.

– Celui qui désire des mets rares, recherchés et dont la délicatesse puisse accommoder sa sensualité... celui-là pèche par gourmandise. On peut pourtant user, sans pécher, de ces aliments, en fonction des  circonstances, pour être agréable à quelqu'un par exemple...

– Celui qui mange avec empressement, avec avidité... pèche par gourmandise. Celui qui, dans ses repas, n’emploie que des mets de grand prix, pèche par gourmandise. Celui qui devance l'heure de ses repas sans nécessité, uniquement pour le plaisir de manger, celui-là pèche encore par gourmandise. Quel vice honteux que celui de la gourmandise! C’est lui, ma fille, qui a chassé vos premiers parents du paradis terrestre, lui qui les a entraînés au péché, lui qui les a condamnés à la mort, car la mort est la peine du péché.

Pour éviter ce vice, considérez combien je vous ai donné l’exemple de la pénitence, de la sobriété, de l’abstinence, de la mortification. Considérez l’exemple que les saints vous ont aussi donné dans la fuite de ce vice... C’est la fuite de ce vice qui leur a permis de soupirer ardemment après la nourriture céleste de l’âme... qui a maintenu en eux la force, la vigueur et le courage. La gourmandise, au contraire, fait oublier Dieu et fait perdre la raison... elle fait perdre les pensées pieuses, les affections saintes vers Dieu, parce qu'elle excite la concupiscence... Si vous êtes fidèle à offrir à Dieu votre nourriture et à le remercier après l’avoir prise, jamais la gourmandise n’aura accès dans votre coeur." (Livre 10, chapitre 7)

            5-2-3-La luxure  (Livre 10, chapitre 8)

"La luxure est le vice qui excite en l'homme tous les mouvements désordonnés de la chair et lui fait accomplir les actes contraires à la pureté. Celui qui s’arrête volontairement à des pensées déshonnêtes, celui qui ne règle pas son regard et lui permet la vue d’objets indécents, celui qui ne réprime pas en lui les mouvements coupables et se permet des actes défendus sur lui-même ou sur autrui, celui qui ne met pas un frein à sa langue et lui fait proférer des discours mauvais, celui qui ne s’observe pas dans ses relations et recherche la compagnie des personnes d'un sexe différent, celui qui lit ou écrit des ouvrages immoraux, celui-là, ma fille, est la victime du vice de luxure.

C’est ce vice qui a provoqué le déluge, c'est ce vice qui a causé la destruction de Sodome et de Gomorrhe... c'est ce vice dont mes apôtres recommandaient tant la fuite aux âmes chrétiennes, c'est ce vice qui dans tous les temps a peuplé l’enfer... Ceux qui sont adonnés à ce vice, ma fille, sont rarement pénitents et rarement se convertissent à Dieu; c'est une lèpre affreuse qui les ronge et les dévore en secret... c'est une inclination qui l’abrutit et le rend plus vil que les animaux. L’intelligence du luxurieux s’épaissit et finit par disparaître complètement... Combien il faut fuir ce vice pour ne pas en éprouver les tristes effets. Mais parmi tous les motifs qui doivent vous porter à fuir ce vice, il n’en est pas de plus puissant que celui de l’immensité de l’injure qu'il fait à Dieu."

Jésus resitue alors l'homme par rapport à Dieu. "Qu’est-ce que l'homme? dit-il. C’est un être vivant et raisonnable, composé de corps et d’âme, et fait à l’image de Dieu. Que fait le luxurieux? Il souille cette image, il la couvre d’ignominie, il dit à Dieu: 'Je suis votre image, mais je vous méprise, et je traînerai dans la fange cette image de vous-même si belle et si pure dont vous m’aviez donné la garde et le soin. Que fait le luxurieux? Il résiste à la volonté de Dieu le Père qui veut que l'homme se sanctifie et repousse loin de lui toute impureté. Que fait le luxurieux? Il m’outrage en rendant inutile le prix de la rançon que j’ai payée pour lui et en souillant une partie de mon corps mystique... Il fait injure au Saint-Esprit, qui a fait de son corps son temple, en repoussant sa grâce et ses dons, pour se livrer à Satan et à ses inspirations...

Pour fuir à jamais ce vice honteux... repoussez les premières pensées de luxure, comme un charbon ardent qui tomberait sur vos habits; ne leur donnez jamais entrée dans votre cœur; faites pénitence, mortifiez-vous, et surtout priez beaucoup... Vous reconnaîtrez votre force contre ce vice... si vous repoussez toutes les mauvaises pensées sans vous y arrêter volontairement, et si vous aimez la chasteté comme la prunelle de vos yeux..." (Livre 10, chapitre 8)

            5-2-4-L'avarice  (Livre 10, chapitre 9)

Jésus continue: "L’avarice, ma fille, est un amour déréglé des richesses. Désirer les richesses ou les biens de ce monde pour s’en servir d’une manière convenable et selon les besoins de sa condition et de son état est une chose permise; mais désirer les richesses uniquement pour les voir s’accroître et pour les posséder, désirer les richesses et se servir de toutes sortes de moyens injustes pour les augmenter, c'est un vice des plus coupables." En effet, l’avare est un vrai scélérat car il porte à son prochain toutes sortes de préjudices, et de plus, il vendrait son âme pour de l’argent. "L’avare n’aime point Dieu, il n’aime point son prochain, il ne s’aime point lui-même, il n’aime que l’argent... L’avare emploie tous les moyens pour accroître sa fortune, sans examiner leur justice ni leur injustice. L’avare vit d'une manière pauvre et misérable, non seulement pour conserver ce qu'il a, mais encore pour l’augmenter en excitant la pitié... L’avare n’a qu'une pensée: l’argent."

Jésus donne quelques conseils pour fuir l'avarice: les biens de ce monde, et les richesses passent vite; les richesses sont incapables de satisfaire les désirs des âmes que Dieu seul remplir. Il faut donc aimer le détachement et la pauvreté et ne désirer et n’aimer que Dieu.

"Celui qui n'est pas avare partage volontiers ses biens avec les pauvres, ne craint point de manquer du nécessaire, se met peu en peine du lendemain... ne commet point d’injustice vis-à-vis de ses frères, espère en Dieu et s’abandonne à lui." (Livre 10, chapitre 9)

            5-2-5-L'envie  (Livre 10, chapitre 10)

"L’envie est une tristesse et une douleur conçues à la vue de la prospérité d’autrui." Si cette tristesse est produite par la crainte du mal que peut causer la puissance de celui qui est considéré comme un ennemi, elle n'est point coupable. Si cette tristesse est produite par la vue de l’abondance des biens spirituels en autrui, elle n'est point criminelle, et  elle peut faire marcher dans la voie de la justice et de la vérité pour mériter les biens de Dieu. Par contre, si cette tristesse vient de ce que les autres nous surpassent en biens et en fortune, il s'agit du vice de l’envie.

"Ce vice, dit Jésus, est abominable et déplaît souverainement à Dieu. Le jaloux s’attriste du bien d’autrui et se réjouit des maux qui arrivent à son prochain... Il interprète en mal le bien que son prochain a fait et dévoile tout ce qu'il lui connaît de défectueux. Il n'est pas de vice pire que l’envie, car il n'est rien de plus difficile à guérir... L’envie ne donne que peines et soucis. L’envie... accable celui en qui elle se trouve; elle ne lui laisse point un moment de calme, de tranquillité et de repos... L’envie procède de l'orgueil; ce n'est que parce qu'on voudrait être au dessus de quelqu'un qu'on lui porte envie, qu'on le jalouse... Il faut fuir l'envie qui brise la charité dans les cœurs, qui nous rend odieux aux anges et à Dieu.

Celui qui n'est point envieux, loin de s’attrister du bien d’autrui, s’en réjouit de tout son cœur... Il ne désire que les biens de l’éternité pour lui et pour ses frères, et ne soupire qu’après Dieu." (Livre 10, chapitre 10)

            5-2-6-La colère  (Livre 10, chapitre 11)

Jésus va parler, non pas de nos petits énervements, certes regrettables, mais de la vraie colère, celle qui est "un amour désordonné de la vengeance." Cette expression peut nous surprendre, mais n'oublions pas que nous sommes avant 1847, et que, depuis, le vocabulaire et les mentalités ont beaucoup évolué. Ainsi Jésus dira: "La colère, d'après le sens que vous y attachez, emporte toujours l’idée de désir de vengeance et de vengeance personnelle." Pour ce qui concerne la colère dont Jésus va parler, nous le laisserons s'exprimer. Il dit: "Toute sorte de colère n'est pas un vice coupable. La colère n'est un vice et une faute que si l'on a un désir déréglé de la vengeance. La colère vient d'une offense reçue ou supposée et du désir qu'on a de se venger de cette offense.

Avoir de la colère contre le péché et contre le pécheur, parce que le péché offense Dieu, n'est point un vice ni un péché; en ce sens, la colère est la règle de la discipline, et le désir de la punition, pour une faute commise, n'est pas la colère telle que l’entendent les hommes.  On peut être porté à la colère pour une injure reçue ou supposée; alors on s'énerve, on s’échauffe au point de battre ou de blesser quelqu'un. On peut être porté à la colère pour une offense, d'où des injures ou des insultes contre l'offenseur. On peut aussi, dans ce cas, montrer sa colère par du ressentiment contre lui, ou garder rancune pendant plusieurs jours, ou plusieurs mois et même plusieurs années... Enfin, celui-là est porté à la colère, qui punit ses inférieurs bien plus qu'ils ne le méritent et abuse ainsi de son autorité.

Rien de plus pernicieux et de plus dangereux que la colère: elle fait perdre la raison; elle éloigne de Dieu; elle sépare les frères et les amis les plus intimes; elle produit les guerres les plus désastreuses; elle cause toutes sortes de maux. Ma fille, ne vous mettez jamais en colère; que jamais rien ne soit capable d’exciter en vous un si bas sentiment. Quelle que soit l’offense, quel que soit celui qui vous aura offensée, dites-vous à vous-même que Dieu l'a permis pour vous éprouver et vous habituer à la douceur. Loin de vous mettre en colère, quand vous en avez quelque occasion, modérez-vous, possédez-vous et ne témoignez ni par parole, ni par action, ni par aucun mouvement de votre trouble ou de votre animosité. Agir ainsi, ma fille, sera calmer ceux qui vous ont offensée.

Ma fille, au lieu de vous mettre en colère, réconciliez-vous dès le jour même avec celui qui vous aura offensée; au lieu de lui faire du mal, faites-lui du bien; au lieu de le haïr, donnez-lui des témoignages de votre amour. Ne parlez jamais contre lui, prenez toujours sa défense. Recourez à Dieu, ma fille, demandez-lui le calme, la tranquillité, la paix, quand vous vous sentirez le plus poussée à la colère, et Dieu vous écoutera." (Livre 10, chapitre 11)

            5-2-7-La paresse  (Livre 10, chapitre 12)

Il y a deux sortes de paresse: la paresse de l'esprit et celle du corps:

– La paresse de l'esprit peut concerner les affaires du salut, ou les travaux intellectuels de la vie du temps. La paresse de l'esprit, fait négliger l'affaire du salut, elle engourdit pour la pratique du bien spirituel et surnaturel. Elle entraîne directement à la perte du salut. La paresse de l'esprit, fait aussi négliger d’occuper son intelligence à des choses utiles; elle est également très dangereuse, parce qu'un esprit non occupé tend naturellement vers le mal. L’esprit peut être paresseux même quand le corps travaille, car il peut être occupé de pensées mauvaises qui le conduisent au mal.

-La paresse du corps consiste à demeurer inoccupé, à ne point travailler selon les devoirs de son état et à demeurer dans l’inaction. Cette paresse est dangereuse et entraîne aussi au péché, parce que l'homme inoccupé est environné de mille tentations auxquelles il ne peut résister parce qu'il ne travaille pas. La paresse du corps est moins grave que celle de l'esprit. Il y a, en effet, des personnes qui ne peuvent s’adonner aux travaux matériels et qui travaillent intellectuellement. Pour elles, ne point occuper leur corps n'est point un vice, parce que la plus noble partie d’elles-mêmes travaille et fuit la paresse.

"Fuyez la paresse de l'esprit, dit Jésus, elle inspire toutes sortes de maux. Rien n’agit sur un esprit paresseux: ni les exhortations, ni les reproches, ni les menaces, ni les promesses; tout est inutile, il s’endort dans l’inaction et dans la mort. Fuyez la paresse du corps: le travail est un bien, le travail prolonge la vie, tandis que la paresse, au contraire, l’arrête et la suspend. Que deviendrait le laboureur, s'il ne travaillait pas son champ? Ne mourrait-il pas de faim?

Habituez-vous dès votre jeunesse au travail, vous vous réjouirez toujours d’avoir porté ce joug dès votre jeune âge... Tout le monde doit travailler: le riche doit veiller à l’administration de ses biens, le pauvre à se procurer son pain de chaque jour. Chacun, dans sa profession, doit remplir les devoirs qui lui sont imposés."

D'où les conseils de Jésus à Marie Lataste: "La paresse est odieuse au Seigneur, qui condamne aux ténèbres extérieures le serviteur inutile. Si vous ne semez point, vous ne pourrez rien récolter... Considérez que le travail matériel fournit à l’entretien de la vie naturelle, que le travail intellectuel réjouit le cœur et l’intelligence, considérez enfin que je suis venu moi-même sur la terre pour vous donner l’exemple du travail, que j'ai gagné mon pain de chaque jour à la sueur de mon front, que j'ai gagné la gloire du ciel par mes travaux, ma passion et ma croix. Suivez mon exemple, soyez toujours occupée comme moi de la gloire de mon Père... Ne demeurez jamais oisive. Quand vous n’avez rien à faire, pensez à Dieu, pensez à moi et vous vous occuperez utilement." (Livre 10, chapitre 12)

5-3-Le ciel et l'enfer  (Livre 1 chapitres 8 et 9)

Les vices sont la conséquence directe des blessures provoquées par le péché. Ils sont aussi la cause des péchés actuels et à venir, et la cause, si nous n'y prenons pas garde et si nous ne les combattons pas, de la condamnation éternelle. Aussi Jésus revient-Il souvent sur ce thème, et Il affirme: "Ces hommes se flattent en vain de pouvoir continuer, avec impunité, leurs injustices, et leurs rapines, et leurs trahisons... Ils se trompent en pensant que Dieu... ne se vengera jamais... Ils avancent et marchent... vers l’éternelle justice de Dieu, à laquelle nul ne pourra échapper. Quand viendra l’heure de la justice, Dieu mettra sous les yeux de chaque homme en particulier toutes ses actions, et alors tous recevront la terre qu’ils auront cherchée... L’enfer sera la terre nouvelle et éternelle que Dieu donnera aux réprouvés... Le ciel sera la terre nouvelle et éternelle que Dieu donnera aux élus. La terre de l’humanité sera la possession ou la privation de Dieu: Dieu avec les hommes, Dieu loin des hommes. Ô ma fille, pensez toujours à la nouvelle terre que vous devez habiter un jour, pensez au ciel que Dieu veut vous donner... où Dieu habite et se donne... Fuyez au contraire toujours la terre où Dieu n’habite que par sa justice et ne se manifeste... aux réprouvés que comme Dieu vengeur et souverainement juste."

5-4-Le Ciel du ciel

Après ces paroles, le Sauveur Jésus ajouta: "Vous comprenez, ma fille, comment l'homme trouvera ce qu'il cherche dans la terre que Dieu lui a donnée; vous voyez quelle bonté Dieu témoigne à l'homme de vouloir lui donner une place dans le ciel qui est à Dieu.

Je veux vous faire remarquer une chose à laquelle vous n’aviez point pensé: le ciel est le lieu de la récompense des justes; il est à Dieu et Dieu le donne à ses élus. Mais il est un ciel supérieur à celui que Dieu donnera à l'homme, un ciel qui... est véritablement le ciel du ciel, c’est-à-dire le ciel de Dieu, le ciel qui appartient à Dieu. Ce ciel c'est le sein de Dieu dans lequel le Saint-Esprit unit le Père et le Verbe; ce ciel c'est Dieu même. Ce ciel n'est pas comme celui qui sera donné aux élus, un ciel créé. C'est un ciel incréé, qui n’a jamais eu de commencement et n’aura jamais de fin... qui existera toujours. Ce ciel était en Dieu, ce ciel était Dieu. C'est le ciel du ciel; c'est... la félicité éternelle en elle-même, la toute-puissance, la souveraine sagesse, la souveraine perfection, Dieu." (Livre 1 chapitres 8 et 9)

   

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