Chapitre I
Dieu, la Création et le salut des hommes
Les œuvres de la Sainte Trinité
5
Les vices
(Livre 10,
chapitre 5)
Un dimanche,
pendant la messe, Marie Lataste aperçut Jésus sur son trône,
resplendissant de lumière, mais dont le visage était empreint
d'une profonde tristesse. Jésus regarda Marie et dit: "Ma
fille, ce qui cause mon affliction ce sont les vices nombreux
que je vois dans les cœurs des hommes et qui les entraînent à
leur ruine et à leur malheur éternel. Les vices sont les
adversaires des vertus... ils souillent les cœurs et leur font
perdre toute beauté... Le vice dans un cœur, c'est l’origine du
péché, l’origine de tous les maux, la racine de la mort... Le
vice, c'est une souillure plus pénétrante que la poix et qui
corrompt tout ce qu'il touche. C'est le plus grand ennemi de
l'homme... Il lutte constamment contre l'homme pour le vaincre
et le faire succomber, il ne lui laisse pas un moment de
repos...
Il n'y a pas un
instant de repos, de calme ni de tranquillité pour un cœur
vicieux, car le repos est impossible quand on est loin de Dieu.
Or, le vice éloigne de son Dieu le coeur de l'homme... Le vice a
chassé Dieu loin du cœur et soufflé en lui le vent des
tempêtes... Que d'âmes perdues ont succombé sous le poids de
leurs vices... À la vue de tous ces désastres je ne puis que
m’affliger; je voudrais que toutes les âmes fussent embellies
par les vertus dont je leur ai donné l’exemple par ma vie, et la
grâce par ma passion... Je gémis, ma fille, sur l’aveuglement,
l’indifférence et l’ingratitude des hommes qui ne font rien pour
m’être agréables, rien pour travailler à leurs véritables
intérêts. Ma fille, venez consoler mon coeur affligé, luttez
constamment contre les vices qui voudraient s’implanter dans
votre cœur... Déracinez tous les vices, vous ne pécherez plus...
5-1-Comment
lutter contre les vices
"Celui qui veut
faire la guerre aux vices de sa nature... doit s’attacher
d’abord à connaître leur nature... Puis il doit les poursuivre
avec une haine implacable à cause des malheurs qu'ils opèrent en
lui... Il doit éloigner de lui les vices de sa nature corrompue
et fuir toutes les occasions capables d’entretenir ou de
fortifier ces vices. Si vous êtes portée à la colère, fuyez les
disputes, fuyez les débats et les contradictions... Celui qui
veut éloigner de lui les vices de sa nature corrompue combattra
ces vices par les vertus opposées: l’impureté par la chasteté,
l’orgueil par l’humilité, la colère par la douceur. Il ne se
pardonnera pas le moindre échec, et le punira par quelque
austérité qui maîtrisera la révolte produite par ce vice. Celui
qui veut éloigner de lui les vices de sa nature corrompue
s’observera fidèlement... pour ne rien faire par pensées, par
paroles ou par actions qui soit capable de les stimuler... Il ne
cherchera point à les combattre tous à la fois, il attaquera
d'abord le plus enraciné, le plus dangereux... et quand il
l’aura abattu, il en attaquera un autre...
Celui qui veut
éloigner de lui les vices de sa nature corrompue ne demeurera
jamais oisif. Le travail est l’ennemi de tous les vices; mais
comme il en est qui résistent même au travail, et que le
travail, dans certaines occasions, peut même développer, comme
l’orgueil par exemple, il joindra au travail la prière, il
demandera à Dieu son secours et sa grâce, il s’abandonnera à sa
miséricorde et à sa providence, il invoquera le secours de ma
Mère et des saints qui contemplent sa lutte; et quand il aura
triomphé, il ne s’attribuera point la victoire, il reconnaîtra
qu'il tient tout de Dieu et que sans lui il aurait succombé
mille fois." (Livre 10, chapitre 5)
5-2-Les sept
vices capitaux (Livre 10, chapitre 6)
Pour aller jusqu'au
fond de ces choses graves, Jésus va traiter longuement des sept
vices capitaux. Il explique à Marie Lataste: "On compte, ma
fille, sept vices capitaux, c'est-à-dire sept vices, sources et
origines de tous les autres vices. Ce sont: l’orgueil, la
gourmandise, la luxure, l’avarice, l’envie, la colère et la
paresse.
5-2-1-L'orgueil
L’orgueil est
une exagération ou un désir immodéré de sa propre excellence et
de ses propres mérites. Il est permis à l'homme, ma fille, de
s’aimer lui-même, d’estimer le bien que Dieu a mis en lui,
l’intelligence, et tous les dons de la fortune, mais à condition
de reconnaître que tout lui vient de Dieu... Celui qui est
orgueilleux... rapporte tout à lui-même et s’en croit l’auteur
et le maître... Il n’écoute les avis de personne, pas même des
personnes les plus sages... Il cherche en tout les premières
places... il tourne en ridicule la simplicité des humbles, se
soumet difficilement, aime la contradiction, préfère une haute
naissance à de bonnes mœurs... L’orgueilleux ne connaît point la
discipline dans ses mœurs, la modestie dans sa parole... Il est
tenace dans sa volonté, plein de jactance dans ses discours...
il est opiniâtre dans sa haine, ennemi de la soumission,
désireux de la puissance... Il veut tout savoir et sait très
peu, toujours parler même de ce qu'il ne connaît point... Enfin,
l’orgueilleux croit ne faire que des actes de vertu, et s'il
reconnaît ses péchés, il trouve toujours mille causes pour en
diminuer la gravité ou lui servir d’excuse. C’est ainsi, ma
fille, que tous les défauts se trouvent dans l’orgueilleux: la
vaine gloire, l’ambition, la présomption, l’opiniâtreté,
l’esprit de contradiction, l’hypocrisie, le faste et la
grandeur.
– La vaine
gloire est la complaisance extérieure et quelquefois secrète des
avantages qu'on croit avoir sur les autres, et le désir d'être
remarqué et loué par autrui...
– L’ambition est
un désir immodéré du cœur qui fait désirer les dignités, à cause
de la considération qui s'y trouve attachée.
– La présomption
est cette confiance exagérée en soi-même qui fait qu'on se
persuade être capable de ce qui dépasse ses forces.
– L’opiniâtreté
est l’attache irraisonnable et non raisonnée à son sentiment,
qu'on croit supérieur à celui d’autrui.
– L’esprit de
contradiction est un mouvement du coeur qui porte à réfuter
l’opinion des autres, et à se croire supérieur à eux.
– L’hypocrisie
est l’accomplissement menteur et faux de certains actes de vertu
pour s’attirer l’estime des hommes.
– Le faste est
l’emploi immodéré de la magnificence en toutes les nécessités de
la vie: les habitations, les vêtements, la nourriture, afin
d’obtenir une plus grande considération. Cette inclination porte
à traiter le prochain avec empire, à lui parler avec fierté, à
le regarder avec mépris.
Voilà l’orgueil
et les vices qu'il fait naître dans l’âme. Vous devez comprendre
par ces paroles combien l’orgueil est un vice commun. Comprenez
aussi combien c'est un vice dangereux. C'est lui qui dissipe
toutes les vertus, qui les coupe dans leurs racines; c'est lui
qui entraîne ensuite à toutes sortes de désordres. L’orgueilleux
est capable de tout; il tenterait même de s’élever réellement au
dessus de Dieu, s’il le pouvait. Aussi, de tous les péchés, le
péché d’orgueil est-il celui que Dieu déteste le plus...
L’orgueilleux
veut s’élever, mais Dieu l’abaissera jusqu'au plus profond des
abîmes. Fuyez, ma fille, ce vice affreux, pour demeurer toujours
sous la protection de Dieu et à l’abri de la domination de
Satan; fuyez ce vice affreux, pour ne point donner entrée dans
votre cœur à tous les crimes et pour y faire germer toutes les
vertus... Éloignez de vous tout ce qui pourrait vous porter à
l’orgueil; maîtrisez ce sentiment quand vous le sentez venir
dans votre cœur.
Enfin, ma fille,
ayez toujours sous les yeux l’exemple de mon humilité, ayez
toujours dans l’esprit le souvenir des promesses qui sont faites
aux humbles et des vengeances réservées aux orgueilleux;
attachez-vous à Dieu de toute votre âme, recourez à lui à
l'heure de la tentation, venez vous entretenir doucement avec
moi, vous reposer dans mon coeur, et l’orgueil fuira loin de
vous... Si vous rapportez toutes choses à Dieu, si vous voulez
lui soumettre tout ce qui est en vous et dans les autres
créatures... si vous ne recherchez point les premières places,
ni les honneurs... si vous reconnaissez... que tout bien vous
vient de Dieu et si vous vous croyez indigne de tout bienfait de
Dieu; si vous supportez patiemment toute les épreuves et les
contradictions de la vie... si vous êtes toute de Dieu et tout à
moi, ma fille, vous ne serez point orgueilleuse." (Livre 10,
chapitre 6)
5-2-2-La gourmandise
(Livre 10, chapitre 7)
Jésus poursuit:
"Un des vices les plus honteux, c'est la gourmandise. La
gourmandise est un désir et un usage immodéré des aliments
nécessaires à la vie. Il faut dans la nourriture de l'homme une
règle qui fixe la quantité et l'heure de la nourriture, la
manière de prendre sa nourriture et l’esprit avec lequel on doit
la prendre. Le défaut de cette règle, qui est la tempérance et
la sobriété, constitue le vice de gourmandise, son désordre et
sa malice. Cette règle ne peut pas être une pour tous les
individus, parce que les uns doivent prendre une nourriture plus
abondante et plus souvent répétée à cause de leur tempérament ou
de leurs travaux, mais elle est une en ce sens qu'elle ne permet
l’excès à personne.
Vous pouvez
pécher par gourmandise, ma fille, de plusieurs manières:
– Celui qui
mange ou boit avec excès, et plus qu'il n’en a besoin... son
péché est d’autant plus grave que son excès est plus
considérable.
– Celui qui
désire des mets rares, recherchés et dont la délicatesse puisse
accommoder sa sensualité... celui-là pèche par gourmandise. On
peut pourtant user, sans pécher, de ces aliments, en fonction
des circonstances, pour être agréable à quelqu'un par
exemple...
– Celui qui
mange avec empressement, avec avidité... pèche par gourmandise.
Celui qui, dans ses repas, n’emploie que des mets de grand prix,
pèche par gourmandise. Celui qui devance l'heure de ses repas
sans nécessité, uniquement pour le plaisir de manger, celui-là
pèche encore par gourmandise. Quel vice honteux que celui de la
gourmandise! C’est lui, ma fille, qui a chassé vos premiers
parents du paradis terrestre, lui qui les a entraînés au péché,
lui qui les a condamnés à la mort, car la mort est la peine du
péché.
Pour éviter ce
vice, considérez combien je vous ai donné l’exemple de la
pénitence, de la sobriété, de l’abstinence, de la mortification.
Considérez l’exemple que les saints vous ont aussi donné dans la
fuite de ce vice... C’est la fuite de ce vice qui leur a permis
de soupirer ardemment après la nourriture céleste de l’âme...
qui a maintenu en eux la force, la vigueur et le courage. La
gourmandise, au contraire, fait oublier Dieu et fait perdre la
raison... elle fait perdre les pensées pieuses, les affections
saintes vers Dieu, parce qu'elle excite la concupiscence... Si
vous êtes fidèle à offrir à Dieu votre nourriture et à le
remercier après l’avoir prise, jamais la gourmandise n’aura
accès dans votre coeur." (Livre 10, chapitre 7)
5-2-3-La luxure
(Livre 10, chapitre 8)
"La luxure est
le vice qui excite en l'homme tous les mouvements désordonnés de
la chair et lui fait accomplir les actes contraires à la pureté.
Celui qui s’arrête volontairement à des pensées déshonnêtes,
celui qui ne règle pas son regard et lui permet la vue d’objets
indécents, celui qui ne réprime pas en lui les mouvements
coupables et se permet des actes défendus sur lui-même ou sur
autrui, celui qui ne met pas un frein à sa langue et lui fait
proférer des discours mauvais, celui qui ne s’observe pas dans
ses relations et recherche la compagnie des personnes d'un sexe
différent, celui qui lit ou écrit des ouvrages immoraux,
celui-là, ma fille, est la victime du vice de luxure.
C’est ce vice
qui a provoqué le déluge, c'est ce vice qui a causé la
destruction de Sodome et de Gomorrhe... c'est ce vice dont mes
apôtres recommandaient tant la fuite aux âmes chrétiennes, c'est
ce vice qui dans tous les temps a peuplé l’enfer... Ceux qui
sont adonnés à ce vice, ma fille, sont rarement pénitents et
rarement se convertissent à Dieu; c'est une lèpre affreuse qui
les ronge et les dévore en secret... c'est une inclination qui
l’abrutit et le rend plus vil que les animaux. L’intelligence du
luxurieux s’épaissit et finit par disparaître complètement...
Combien il faut fuir ce vice pour ne pas en éprouver les tristes
effets. Mais parmi tous les motifs qui doivent vous porter à
fuir ce vice, il n’en est pas de plus puissant que celui de
l’immensité de l’injure qu'il fait à Dieu."
Jésus resitue alors
l'homme par rapport à Dieu. "Qu’est-ce que l'homme? dit-il.
C’est un être vivant et raisonnable, composé de corps et d’âme,
et fait à l’image de Dieu. Que fait le luxurieux? Il souille
cette image, il la couvre d’ignominie, il dit à Dieu: 'Je suis
votre image, mais je vous méprise, et je traînerai dans la fange
cette image de vous-même si belle et si pure dont vous m’aviez
donné la garde et le soin. Que fait le luxurieux? Il résiste à
la volonté de Dieu le Père qui veut que l'homme se sanctifie et
repousse loin de lui toute impureté. Que fait le luxurieux? Il
m’outrage en rendant inutile le prix de la rançon que j’ai payée
pour lui et en souillant une partie de mon corps mystique... Il
fait injure au Saint-Esprit, qui a fait de son corps son temple,
en repoussant sa grâce et ses dons, pour se livrer à Satan et à
ses inspirations...
Pour fuir à
jamais ce vice honteux... repoussez les premières pensées de
luxure, comme un charbon ardent qui tomberait sur vos habits; ne
leur donnez jamais entrée dans votre cœur; faites pénitence,
mortifiez-vous, et surtout priez beaucoup... Vous reconnaîtrez
votre force contre ce vice... si vous repoussez toutes les
mauvaises pensées sans vous y arrêter volontairement, et si vous
aimez la chasteté comme la prunelle de vos yeux..." (Livre
10, chapitre 8)
5-2-4-L'avarice (Livre 10, chapitre 9)
Jésus continue:
"L’avarice, ma fille, est un amour déréglé des richesses.
Désirer les richesses ou les biens de ce monde pour s’en servir
d’une manière convenable et selon les besoins de sa condition et
de son état est une chose permise; mais désirer les richesses
uniquement pour les voir s’accroître et pour les posséder,
désirer les richesses et se servir de toutes sortes de moyens
injustes pour les augmenter, c'est un vice des plus coupables."
En effet, l’avare est un vrai scélérat car il porte à son
prochain toutes sortes de préjudices, et de plus, il vendrait
son âme pour de l’argent. "L’avare n’aime point Dieu, il
n’aime point son prochain, il ne s’aime point lui-même, il
n’aime que l’argent... L’avare emploie tous les moyens pour
accroître sa fortune, sans examiner leur justice ni leur
injustice. L’avare vit d'une manière pauvre et misérable, non
seulement pour conserver ce qu'il a, mais encore pour
l’augmenter en excitant la pitié... L’avare n’a qu'une pensée:
l’argent."
Jésus donne
quelques conseils pour fuir l'avarice: les biens de ce monde, et
les richesses passent vite; les richesses sont incapables de
satisfaire les désirs des âmes que Dieu seul remplir. Il faut
donc aimer le détachement et la pauvreté et ne désirer et
n’aimer que Dieu.
"Celui qui n'est
pas avare partage volontiers ses biens avec les pauvres, ne
craint point de manquer du nécessaire, se met peu en peine du
lendemain... ne commet point d’injustice vis-à-vis de ses
frères, espère en Dieu et s’abandonne à lui." (Livre 10,
chapitre 9)
5-2-5-L'envie (Livre 10, chapitre 10)
"L’envie est une
tristesse et une douleur conçues à la vue de la prospérité
d’autrui." Si cette tristesse est produite par la crainte du
mal que peut causer la puissance de celui qui est considéré
comme un ennemi, elle n'est point coupable. Si cette tristesse
est produite par la vue de l’abondance des biens spirituels en
autrui, elle n'est point criminelle, et elle peut faire marcher
dans la voie de la justice et de la vérité pour mériter les
biens de Dieu. Par contre, si cette tristesse vient de ce que
les autres nous surpassent en biens et en fortune, il s'agit du
vice de l’envie.
"Ce vice,
dit Jésus, est abominable et déplaît souverainement à Dieu.
Le jaloux s’attriste du bien d’autrui et se réjouit des maux qui
arrivent à son prochain... Il interprète en mal le bien que son
prochain a fait et dévoile tout ce qu'il lui connaît de
défectueux. Il n'est pas de vice pire que l’envie, car il n'est
rien de plus difficile à guérir... L’envie ne donne que peines
et soucis. L’envie... accable celui en qui elle se trouve; elle
ne lui laisse point un moment de calme, de tranquillité et de
repos... L’envie procède de l'orgueil; ce n'est que parce qu'on
voudrait être au dessus de quelqu'un qu'on lui porte envie,
qu'on le jalouse... Il faut fuir l'envie qui brise la charité
dans les cœurs, qui nous rend odieux aux anges et à Dieu.
Celui qui n'est
point envieux, loin de s’attrister du bien d’autrui, s’en
réjouit de tout son cœur... Il ne désire que les biens de
l’éternité pour lui et pour ses frères, et ne soupire qu’après
Dieu." (Livre 10, chapitre 10)
5-2-6-La colère (Livre 10, chapitre 11)
Jésus va parler,
non pas de nos petits énervements, certes regrettables, mais de
la vraie colère, celle qui est "un amour désordonné de la
vengeance." Cette expression peut nous surprendre, mais
n'oublions pas que nous sommes avant 1847, et que, depuis, le
vocabulaire et les mentalités ont beaucoup évolué. Ainsi Jésus
dira: "La colère, d'après le sens que vous y attachez,
emporte toujours l’idée de désir de vengeance et de vengeance
personnelle." Pour ce qui concerne la colère dont Jésus va
parler, nous le laisserons s'exprimer. Il dit: "Toute sorte
de colère n'est pas un vice coupable. La colère n'est un vice et
une faute que si l'on a un désir déréglé de la vengeance. La
colère vient d'une offense reçue ou supposée et du désir qu'on a
de se venger de cette offense.
Avoir de la
colère contre le péché et contre le pécheur, parce que le péché
offense Dieu, n'est point un vice ni un péché; en ce sens, la
colère est la règle de la discipline, et le désir de la
punition, pour une faute commise, n'est pas la colère telle que
l’entendent les hommes. On peut être porté à la colère pour une
injure reçue ou supposée; alors on s'énerve, on s’échauffe au
point de battre ou de blesser quelqu'un. On peut être porté à la
colère pour une offense, d'où des injures ou des insultes contre
l'offenseur. On peut aussi, dans ce cas, montrer sa colère par
du ressentiment contre lui, ou garder rancune pendant plusieurs
jours, ou plusieurs mois et même plusieurs années... Enfin,
celui-là est porté à la colère, qui punit ses inférieurs bien
plus qu'ils ne le méritent et abuse ainsi de son autorité.
Rien de plus
pernicieux et de plus dangereux que la colère: elle fait perdre
la raison; elle éloigne de Dieu; elle sépare les frères et les
amis les plus intimes; elle produit les guerres les plus
désastreuses; elle cause toutes sortes de maux. Ma fille, ne
vous mettez jamais en colère; que jamais rien ne soit capable
d’exciter en vous un si bas sentiment. Quelle que soit
l’offense, quel que soit celui qui vous aura offensée,
dites-vous à vous-même que Dieu l'a permis pour vous éprouver et
vous habituer à la douceur. Loin de vous mettre en colère, quand
vous en avez quelque occasion, modérez-vous, possédez-vous et ne
témoignez ni par parole, ni par action, ni par aucun mouvement
de votre trouble ou de votre animosité. Agir ainsi, ma fille,
sera calmer ceux qui vous ont offensée.
Ma fille, au
lieu de vous mettre en colère, réconciliez-vous dès le jour même
avec celui qui vous aura offensée; au lieu de lui faire du mal,
faites-lui du bien; au lieu de le haïr, donnez-lui des
témoignages de votre amour. Ne parlez jamais contre lui, prenez
toujours sa défense. Recourez à Dieu, ma fille, demandez-lui le
calme, la tranquillité, la paix, quand vous vous sentirez le
plus poussée à la colère, et Dieu vous écoutera." (Livre 10,
chapitre 11)
5-2-7-La paresse (Livre 10, chapitre 12)
Il y a deux sortes
de paresse: la paresse de l'esprit et celle du corps:
– La paresse de
l'esprit peut concerner les affaires du salut, ou les travaux
intellectuels de la vie du temps. La paresse de l'esprit, fait
négliger l'affaire du salut, elle engourdit pour la pratique du
bien spirituel et surnaturel. Elle entraîne directement à la
perte du salut. La paresse de l'esprit, fait aussi négliger
d’occuper son intelligence à des choses utiles; elle est
également très dangereuse, parce qu'un esprit non occupé tend
naturellement vers le mal. L’esprit peut être paresseux même
quand le corps travaille, car il peut être occupé de pensées
mauvaises qui le conduisent au mal.
-La paresse du
corps consiste à demeurer inoccupé, à ne point travailler selon
les devoirs de son état et à demeurer dans l’inaction. Cette
paresse est dangereuse et entraîne aussi au péché, parce que
l'homme inoccupé est environné de mille tentations auxquelles il
ne peut résister parce qu'il ne travaille pas. La paresse du
corps est moins grave que celle de l'esprit. Il y a, en effet,
des personnes qui ne peuvent s’adonner aux travaux matériels et
qui travaillent intellectuellement. Pour elles, ne point occuper
leur corps n'est point un vice, parce que la plus noble partie
d’elles-mêmes travaille et fuit la paresse.
"Fuyez la
paresse de l'esprit, dit Jésus, elle inspire toutes
sortes de maux. Rien n’agit sur un esprit paresseux: ni les
exhortations, ni les reproches, ni les menaces, ni les
promesses; tout est inutile, il s’endort dans l’inaction et dans
la mort. Fuyez la paresse du corps: le travail est un bien, le
travail prolonge la vie, tandis que la paresse, au contraire,
l’arrête et la suspend. Que deviendrait le laboureur, s'il ne
travaillait pas son champ? Ne mourrait-il pas de faim?
Habituez-vous
dès votre jeunesse au travail, vous vous réjouirez toujours
d’avoir porté ce joug dès votre jeune âge... Tout le monde doit
travailler: le riche doit veiller à l’administration de ses
biens, le pauvre à se procurer son pain de chaque jour. Chacun,
dans sa profession, doit remplir les devoirs qui lui sont
imposés."
D'où les conseils
de Jésus à Marie Lataste: "La paresse est odieuse au
Seigneur, qui condamne aux ténèbres extérieures le serviteur
inutile. Si vous ne semez point, vous ne pourrez rien
récolter... Considérez que le travail matériel fournit à
l’entretien de la vie naturelle, que le travail intellectuel
réjouit le cœur et l’intelligence, considérez enfin que je suis
venu moi-même sur la terre pour vous donner l’exemple du
travail, que j'ai gagné mon pain de chaque jour à la sueur de
mon front, que j'ai gagné la gloire du ciel par mes travaux, ma
passion et ma croix. Suivez mon exemple, soyez toujours occupée
comme moi de la gloire de mon Père... Ne demeurez jamais oisive.
Quand vous n’avez rien à faire, pensez à Dieu, pensez à moi et
vous vous occuperez utilement." (Livre 10, chapitre 12)
5-3-Le ciel et l'enfer
(Livre 1 chapitres 8 et 9)
Les vices sont la conséquence directe
des blessures provoquées par le péché. Ils sont aussi la cause
des péchés actuels et à venir, et la cause, si nous n'y prenons
pas garde et si nous ne les combattons pas, de la condamnation
éternelle. Aussi Jésus revient-Il souvent sur ce thème, et Il
affirme: "Ces hommes se flattent en vain de pouvoir
continuer, avec impunité, leurs injustices, et leurs rapines, et
leurs trahisons... Ils se trompent en pensant que Dieu... ne se
vengera jamais... Ils avancent et marchent... vers l’éternelle
justice de Dieu, à laquelle nul ne pourra échapper. Quand
viendra l’heure de la justice, Dieu mettra sous les yeux de
chaque homme en particulier toutes ses actions, et alors tous
recevront la terre qu’ils auront cherchée... L’enfer sera la
terre nouvelle et éternelle que Dieu donnera aux réprouvés... Le
ciel sera la terre nouvelle et éternelle que Dieu donnera aux
élus. La terre de l’humanité sera la possession ou la privation
de Dieu: Dieu avec les hommes, Dieu loin des hommes. Ô ma fille,
pensez toujours à la nouvelle terre que vous devez habiter un
jour, pensez au ciel que Dieu veut vous donner... où Dieu habite
et se donne... Fuyez au contraire toujours la terre où Dieu
n’habite que par sa justice et ne se manifeste... aux réprouvés
que comme Dieu vengeur et souverainement juste."
5-4-Le Ciel du ciel
Après ces paroles, le Sauveur Jésus
ajouta: "Vous comprenez, ma fille, comment l'homme trouvera
ce qu'il cherche dans la terre que Dieu lui a donnée; vous voyez
quelle bonté Dieu témoigne à l'homme de vouloir lui donner une
place dans le ciel qui est à Dieu.
Je veux vous faire remarquer une
chose à laquelle vous n’aviez point pensé: le ciel est le lieu
de la récompense des justes; il est à Dieu et Dieu le donne à
ses élus. Mais il est un ciel supérieur à celui que Dieu
donnera à l'homme, un ciel qui... est véritablement le ciel
du ciel, c’est-à-dire le ciel de Dieu, le ciel qui appartient à
Dieu. Ce ciel c'est le sein de Dieu dans lequel le
Saint-Esprit unit le Père et le Verbe; ce ciel c'est Dieu même.
Ce ciel n'est pas comme celui qui sera donné aux élus, un ciel
créé. C'est un ciel incréé, qui n’a jamais eu de commencement et
n’aura jamais de fin... qui existera toujours. Ce ciel était en
Dieu, ce ciel était Dieu. C'est le ciel du ciel; c'est... la
félicité éternelle en elle-même, la toute-puissance, la
souveraine sagesse, la souveraine perfection, Dieu."
(Livre 1 chapitres 8 et 9) |