4-1-Les
crucifixions
Alexandrina, qui
s'était offerte totalement à Dieu en 1930, fut prise au mot par le
Seigneur, lequel, pendant des années, la fit participer à sa
Passion. Mais Dieu respecte toujours la liberté de chacun, aussi
demanda-t-Il d'abord à Alexandrina, sa permission. Dans la Lettre
du 8 septembre 1934 au Père Mariano Pinho, elle écrit: "Jésus m'a
demandé:
-Donne-moi tes
mains: je veux les clouer avec les miennes; donne-moi tes pieds: je
veux les clouer avec les miens; donne-moi ta tête: je veux la
couronner d’épines, comme ils me l’ont fait à moi; donne-moi ton
cœur: je veux le transpercer avec la lance, comme ils ont transpercé
le mien; consacre-moi tout ton corps; offre-toi toute à moi; je veux
te posséder entièrement."
Mais les souffrances
que Dieu demande à ses saints ont toujours une grande utilité
réparatrice. Dans son journal, Alexandrina confie: "Mes
souffrances continuent d’augmenter de plus en plus, mais je ne
crains pas, parce que mon cher Jésus souffre avec moi. Bien au
contraire, je me sens joyeuse et contente, car par l’augmentation de
mes souffrances, je peux davantage aider les pauvres pécheurs et
réparer les offenses dont Notre-Seigneur est victime de leur part."
4-1-1-Première
crucifixion
Les choses se
précisent; la première crucifixion va avoir lieu; mais, tout au long
de cette première crucifixion, Jésus explique ce qui se passe.
Alexandrina écrit: "Au matin du 2 octobre 1938, Jésus m’a dit que
je devrais souffrir toute sa sainte Passion, du Jardin des Oliviers
au Calvaire, sans aller jusqu’au 'Consummatum est'. Je devrais la
souffrir le 3 et ensuite tous les vendredis... mais que pour la
première fois Il resterait avec moi jusqu’à 18 heures pour me
confier ses lamentations." En effet, le lendemain 3 octobre
1938, fête de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, Jésus conduisit
Alexandrina du jardin des Oliviers au Calvaire. Alexandrina écrit
dans son journal: "Midi sonné, Jésus est venu m’inviter:
— Voilà, ma fille,
le Jardin des Oliviers est prêt, ainsi que le Calvaire. Acceptes-tu?
J’ai senti que
Jésus, pendant quelque temps, m’accompagnait sur le chemin du
Calvaire. Ensuite, je me suis sentie seule. Je le voyais là haut,
grandeur nature, cloué sur la Croix. J’ai cheminé sans le perdre de
vue: je devais arriver près de Lui...
J’ai vu deux fois sainte Thérèse: la
première fois à la porte du Carmel, dans sa tenue, entre deux autres
sœurs, puis entourée de roses et recouverte d’un manteau céleste."
4-1-2-Autres
crucifixions
Alexandrina écrit:
"Si jusque là toutes les lettres de mon directeur spirituel me
rendaient joyeuse, à partir de ce moment, je n’en éprouvais plus la
moindre consolation: je vivais dans la crainte qu’il me désapprouvât
et me dît que tout cela n’était qu’illusion. J’avais cédé à
l’invitation du Seigneur, mais je pensais que les sacrifices qu’Il
me demandait n’étaient que ceux résultant de ma maladie, même si
majorés; il ne m’était pas venu à l’esprit qu’Il me ferait passer
par des phénomènes singuliers. Le directeur m'a demandé de tout
écrire mais, pendant deux ans et demi, il ne m’a jamais dit s’il
s’agissait bien de choses de Dieu. Ce silence m’a fait beaucoup
souffrir."
Heureusement, ajoute
Alexandrina: "À cette époque Jésus m'apparaissait, et me parlait
souvent. La consolation spirituelle était grande et les souffrances
plus faciles à supporter. En toute chose je sentais de l'amour pour
mon Jésus et je sentais qu'Il m'aimait, étant donné que je recevais
abondance de tendresse."
Après une crucifixion
de novembre 1938, les examens, très douloureux des médecins et des
théologiens commencèrent. Quelle souffrance pour Alexandrina! Le 6
décembre 1938, elle était transportée en ambulance à Porto pour y
subir de nouveaux examens.
4-1-3-Autres
souffrances
La semaine sainte de
l'année 1942 fut très douloureuse pour Alexandrina. Dans le pays un
bruit courait qui annonçait pour bientôt la mort prochaine de la
malade: on disait que Alexandrina ne survivrait pas jusqu'à Pâques.
Des nausées, des crises de vomissements, une soif brûlante,
symptômes de mort la torturaient. Alexandrina se sentait mourir.
Quand on lui portait à la bouche la moindre gorgée d'eau, elle
s'exclamait: "Ô mon Dieu, ma soif ne peut être rassasiée qu'en
vous! Sur la terre, aucun remède!"
Pendant les
insupportables nausées, elle gémissait: "Oh quelles nausées! Ce
sont celles des damnés de l'enfer. Elles ne peuvent qu'être le fruit
du péché!" Le Jeudi-Saint 1942, elle s'étonna: "Je ne ressens
pas la peur habituelle avant la passion de demain."
À qui lui en demandait
le motif, elle répondit: "Je ne saurais le dire, mais je pense
que le Seigneur ne me la fera pas revivre." Le
Vendredi-Saint, en effet, elle ne souffrit pas la passion. Le
Seigneur lui parla trois fois: "N'aie pas peur, ma fille; tu ne
seras plus crucifiée comme par le passé. La crucifixion qui
commencera maintenant sera encore plus douloureuse. Après Je te
conduirai au ciel..." C'était le début des crucifixions
invisibles. Ce même Vendredi-Saint, le 3 avril 1942, Alexandrina
vécut pour la deuxième fois, une mort mystique.
Le 20 octobre 1944 elle
commença à souffrir la Passion intime de Jésus, bien plus
douloureuse que la Passion physique.
4-2-La
présence et les persécutions de Satan
La souffrance des
saints ne laisse jamais Satan indifférent. Il sait que les épreuves
des saints sont toujours sources de nombreuses conversions; aussi
s'efforce-t-il, non seulement d'apporter le trouble dans leur
esprit, mais également d'accroître leurs souffrances. Alexandrina
déclara: "Il y eut des jours pendant lesquels le démon me tentait
à tel point que j'avais la sensation que tout l'enfer était tombé
sur moi."
En février 1934
Alexandrina rapporta au Père Pinho ce que le maudit lui avait dit: "Excommuniée,
excommuniée et justement excommuniée, si tu lui écris encore quelque
chose!... Convertis-toi, malheureuse! Convertis-toi pauvre fille!
C’est l’amour que j’ai pour toi qui me fait parler de la sorte. Je
viens à peine de parler à ton Christ; il m’a dit de prendre soin de
toi, car il n’a plus de salut possible pour toi. Combien il était en
colère contre toi! Il m’a dit qu’il ne peut plus te voir, et que
c’est justement à cause de tout ce que tu écris. Si tu me promets de
ne plus rien écrire, je crois pouvoir encore arranger les choses..."
Alexandrina poursuit:
"Il a ajouté qu’il était inutile que je prie, car il n’y a plus
de salut possible, pour moi... que plus personne ne peut me
secourir... que je serai condamnée... Ensuite, j’ai vu une ombre
toute noire dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises; je l’ai
vu sauter vers moi et je l’ai entendu me dire: 'Je viens de la part
de ton Christ, te chercher, afin de te mener en enfer. Si tu
t’endors, je te prendrai, toi et ton lit...' J’embrassais le
crucifix, tandis que la voix continuait."
Voici un résumé de
divers paragraphes d'autres lettres adressées à son directeur, au
sujet de ce que pouvaient être ces infestations diaboliques: "Le
démon me suggérait de me suicider; il me disait que pour ce faire,
il me fournirait un moyen indolore et facile; que je souffrais
inutilement, sans espoir de recevoir la moindre récompense. Il me
faisait croire que le Seigneur ne m'aimait pas; que vous, mon
directeur spirituel, ne croyiez rien de ce que je vous écris; que
les choses que je ressens en moi quand le Seigneur me parle ne sont
rien d'autre qu'une manifestation du temps et de ma maladie..."
Quelle angoisse!
En février 1935
Alexandrina écrit: "Et moi, au milieu de tout cela, sans avoir un
ministre de Notre-Seigneur à qui je puisse ouvrir ma conscience,avec
qui je puisse m’épancher!... Comment ne devrais-je pas me sentir
triste? J’ai pleuré, mais grâce à mon bien-aimé Jésus, ce n’étaient
que des larmes d’une grande résignation à sa très sainte Volonté."
En juillet 1937, le
boiteux,
non content de tourmenter ma conscience et de me dire des choses
obscènes, a commencé à me jeter en bas du lit, aussi bien la nuit
qu'à n'importe quelle heure de la journée."
Le Père Mariano Pinho
confirme: "Quelquefois j'étais présent... comme par exemple, le
17 octobre 1937. Durant cette lutte, Alexandrina, paralysée et sans
force (elle ne pesait alors que 33 kilos), essayait violemment de se
jeter contre les ferrailles du lit, de se mordre; quatre personnes
ne réussissaient pas à l'immobiliser complètement. Ainsi il arriva
que ce 17 octobre le démon lui fît dire des blasphèmes et des
paroles obscènes, dont elle ignorait la signification, comme elle me
le déclara ensuite. Pendant l'un de ces moments épouvantables, j'ai
interrogé, en latin, le démon, lui demandant de me dire qui il
était. Il me répondit immédiatement et sans hésitation: “Je suis
Satan et je te haïs.” Pour plus d'assurance, j'ai changé la
phrase, mais toujours en latin; la réponse immédiate fut celle-ci: “C'est
moi, c'est moi, n'en doute pas”.
À partir de 1945, Satan
eut recours à d'autres phénomènes; par contre, il ne fut plus été
autorisé à la toucher. Un après-midi, les personnes de la famille
s'aperçurent que le lit d'Alexandrina était entouré d'une fumée
épaisse et nauséabonde.
4-2-1-L'enfer
existe
Jésus révèla à
Alexandrina: "Beaucoup de gens disent: 'il n'y a pas d'enfer'. Je
suis pourtant mort pour eux... et ils disent que personne ne m'y a
obligé; ou alors ils tissent contre Moi des hérésies et profèrent
des blasphèmes. Pour les sauver, Je choisis certaines âmes, Je
dépose sur elles la croix et me propose de les aider. Heureuse l'âme
qui comprend la valeur de la souffrance! Ma croix est suave, quand
elle est portée avec amour." Jésus lui dit aussi: "Ne Me
refuse aucune souffrance, aucun sacrifice. Si tu M'aimes, si tu
M'appartiens entièrement, ne Me refuse pas ce que Je te demande:
Sois Ma victime."
4-2-2-Quelques
manifestations infernales
Vers 1938 ou 1939
Alexandrina se trouvait elle-même comme en enfer, et, sous l'empire
de cette souffrance, elle écrivit: "Je n'en peux plus de
souffrir." Et en 1945: "Que le Ciel soit avec moi. Je
me sens condamnée à l’enfer. Mon âme souffre d’horribles supplices.
Avec les yeux de l’âme je vois les démons qui me tourmentent. Dans
tout le corps il me semble sentir le feu qui me consume. Mes
oreilles entendent les grognements des démons et les hurlements de
la désespérance infernale. Quelquefois je reste comme quelqu’un qui
tressaille d’épouvante... Je ne sais pas quoi faire. Mon Dieu!
Quelle terrible chose que d’être condamnée à l’enfer! J’espère de
ta bonté infinie qu’il n’en soit pas ainsi."
4-2-3-Les
attaques du démon et le déchaînement des
forces infernales
Alexandrina
raconte:
"Ce fut au mois de juillet 1937 que le
'manchot', non content de me tourmenter la conscience et de me dire
des turpitudes, après quelques mois de menaces, a commencé à me
battre et à me faire tomber du lit, de jour comme de nuit. Pendant
ces assauts je ressentais en moi la rage et la fureur infernales. Je
ne consentais pas que l’on me parle de Jésus et de Marie, ni même de
voir leurs images: je leur crachais dessus et les piétinais. Je ne
pouvais pas non plus sentir la présence de mon Directeur spirituel:
je l’insultais et voulais même le frapper, ainsi que quelques
personnes de la maison. Mon corps devenait violet et sanguinolent à
cause des morsures[3].
Je disais pareillement des gros mots envers les personnes présentes.
Au début j’ai caché
la chose y compris aux personnes de la maison, excepté à Deolinda,
leur disant qu’il s’agissait de crises du cœur. Mais, par la suite,
ma mère et une jeune fille[4]
qui vivait avec nous, ont été informées. Une nuit, le malin m’a
jetée sur le parquet, me faisant passer par-dessus ma sœur qui
dormait sur un matelas étalé par terre à côté de mon lit. Deolinda
s’est levée, m’a prise dans ses bras m’ordonnant: 'Va dans ton
lit!... Ce ne fut que quand j’ai pu m’emparer de l’eau bénite qu’il
m’a laissée en paix..."
4-2-4-Quelques
consolations
Il émanait souvent
autour d’Alexandrine des parfums très agréables et indéfinissables.
Plusieurs personnes l’attestent; ces parfums furent même ressentis
par tous les salésiens de Mogofores, que ce soit à l’intérieur de la
maison, ou dans la cour. Dans le journal du 27 septembre 1944
Alexandrina dicta, de la part de Jésus: "Dis à mon cher Père
Umberto que le parfum est divin; c’est le parfum des vertus. Je dis
cela parce qu’il en aura besoin pour son étude."
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