3
Les phénomènes extraordinaires
3-1-Des miracles météorologiques
Plus d'une fois le Seigneur fit des prodiges en faveur de ses
fidèles serviteurs et de Paul en particulier. C'est ainsi qu'un
jour, il le préserva de la pluie qui à ce moment-là tombait partout.
Lui seul et ses compagnons n'en furent point mouillés. Ce prodige a
été attesté par plusieurs témoins dignes de foi. (d'après la Vie du
bienheureux Paul de la Croix, par Saint Vincent-Marie Strambi –
Chapitre 19)
Un naufrage évité
La
protection du Seigneur envers Paul de la Croix se manifesta parfois
d'une manière tout à fait miraculeuse. Ainsi, devant se rendre à
Pise, chez le marquis de Montemare, général de l'armée espagnole,
pour donner une mission à ses soldats, Paul partit de la Retraite de
la Présentation et s'embarqua à Saint-Étienne sur la felouque
royale, pour Livourne. Mais bientôt une terrible tempête se leva. Le
péril était grand, et déjà d'autres embarcations avaient sombré.
L'angoisse des marins était à son comble... Cependant le Père Paul
recourut au grand Maître à qui la mer et les vents obéissent et
implora la protection de Marie. Il n'y avait plus aucun espoir
lorsqu'il se plaça sur la poupe et dit aux marins désespérés:
"Mes enfants, ne craignez point; ayez confiance en Dieu et dans la
très sainte Vierge; ce sont les démons qui me persécutent."
Immédiatement ils se trouvèrent près de la tour de Montenero...
Des orages imprévus
Le
Père Paul prêchait un jour à Sainte Flore, du haut d'une estrade
qu'on avait dressée près de la porte de la grande église. Le peuple
était rassemblé sur la place en plein air, car il faisait très beau.
Mais voici que soudain, commence à tomber une forte pluie qui
disperse tout le peuple.. Le serviteur de Dieu comprit que c'était
une ruse du démon. Il prit son crucifix, et le tenant élevé
au-dessus de l'estrade, il exhorta ceux qui étaient demeurés sur la
place à ne pas bouger. La pluie cessa instantanément, et ce qu'il y
a de plus admirable, c'est que personne ne fut mouillé, bien qu'il
fût tombé une pluie abondante.
Une
autre fois, au même endroit, et bien que le jour fût serein, tout
d'un coup on entendit le tonnerre retentir d'une manière
épouvantable; le ciel se couvrit de nuages, l'air s'obscurcit et la
pluie menaçait de tomber en abondance. "Le Père Paul, armé de sa
foi, cria aux assistants de ne pas craindre et de ne pas quitter
leur place, parce que c'était là un effort de l'ennemi, jaloux de
leur bien.... En effet, la nuée se fondit en une pluie très épaisse,
au point que tous les environs furent comme changés en un lac et que
les campagnes furent toutes couvertes d'eau; mais sur la place où le
peuple se trouvait avec le missionnaire, il n'en tomba pas une seule
goutte..."
On
fut de même préservé miraculeusement de la pluie à Satri, le jour où
devait se donner la bénédiction papale. Le ciel s'obscurcit tout
d'un coup et la pluie tomba en abondance aux alentours, excepté dans
l'endroit où Paul prêchait et où le peuple était rassemblé pour
l'entendre. Le même prodige se répéta de nombreuses autres fois...
3-2-D'autres miracles
Un accident évité
Un
jour, pendant qu'il prêchait, monté sur un ambon, Paul tomba à la
renverse. Sa chute aurait pu être grave, mais le Seigneur le
préserva par un miracle: il se sentit soutenu par une main
invisible, et se relevant aussitôt sans le moindre mal, il continua
son sermon...
Des buffles calmés
Paul prêchait un jour sur la place publique d'Orbetello, devant une
foule immense lorsque de grands cris se firent entendre: deux jeunes
buffles furieux allaient arriver sur la grand'place où la population
était réunie pour entendre le sermon. Les gens commencèrent à
fuir... Le serviteur de Dieu sentit que c'était une manœuvre du
démon: alors il se mit à crier avec force que personne ne quittât sa
place. "Il prit ensuite le crucifix en main, et se tournant du
côté des buffles qui étaient sur le point d'entrer dans la place,
plein de confiance en Dieu, il commanda avec empire à ces bêtes
furieuses de rebrousser chemin..." Aussitôt, les buffles
s'arrêtèrent et s'en retournèrent sur leurs pas...
Une guérison
Il
y avait à Castellazzo un homme appelé André Vegetto, un bon chrétien
qui connaissait Paul. Or, un jour cet homme se blessa à la jambe et
la plaie se gangréna. Paul alla visiter ce blessé et voyant dans cet
infirme, la personne même de Jésus-Christ, il résolut de pratiquer à
son égard un acte héroïque de charité: il lécha avec la langue la
plaie nauséabonde... Le lendemain le chirurgien venu pour couper la
jambe, trouva la plaie séchée; le malade put se lever au bout d'un
jour ou deux et marcher librement. Se voyant miraculeusement guéri,
André partit de Castellazzo et alla à Retorto qui en était éloigné
d'environ trois milles pour raconter la merveille au marquis de
Pozzo, un grand ami de Paul.
Un autre prodige
Un jour d'hiver, après avoir traversé
une rivière et marché pieds nus par des chemins boueux, Paul avait
les pieds très sales. Une pieuse femme, Thècle Gambarotta, touchée
de compassion, lui offrit un linge pour se nettoyer et s'essuyer les
pieds. Paul prit le linge, s'en servit et plein de reconnaissance,
le remit tout malpropre à la pieuse dame. Quand, peu de temps après,
la pieuse femme voulut laver le linge, elle le trouva blanchi comme
si on ne s'en était jamais servi; il n'y avait seulement qu'une très
petite tache à l'extrémité, comme pour attester la vérité du prodige.
"Il n'est donc pas
surprenant que les habitants de Castellazzo, édifiés de la conduite
de Paul, se confirmaient chaque jour davantage dans l'opinion qu'ils
avaient conçue de sa sainteté."
Les lévitations
Entre avril et juin 1775, peu de temps
avant sa mort, Paul de la Croix recevait fréquemment une de ses
dirigées, Rosa Calabresi. Devenu presque sourd, il entendait
pourtant les confidences de la jeune fille, dites à voix basse.
Entre ces deux mystiques les échanges étaient très intimes et Rosa
voyait souvent le Père Paul
"s'élever au-dessus de la chaise sur laquelle il était assis, les
yeux ouverts sur l'invisible, et la tête nimbée d'une lumière
intense."
Les bilocations
De
nombreuses personnes ont raconté des événements extraordinaires qui
leur étaient arrivés. Ainsi, sa sœur Thérèse, malade, le vit entrer
dans sa chambre, portant une étole violette; il la bénit, et elle se
trouva guérie. Un autre jour, il guérit, à Orbetello Madame
Venturi, presque mourante. Or, il n'était pas à Orbetello. Rosa
Calabrese raconte qu'au cours d'un voyage vers Rome, les chevaux de
la diligence tombèrent dans un ravin laissant la voiture dans le
vide. Elle invoqua le Père paul qui lui apparut et la rassura. Elle
fut sauvée, et arrivée enfin à destination, elle trouva une lettre
de Paul qui faisait référence à l'accident
3-3-Les conversions miraculeuses
Conversion d'un soldat
Un
soir, après une retraite donnée à Orbetello, un des soldats présents
fut emporté comme par une force invisible. Il criait: "Au
secours! au secours! le démon m'emporte!" On appela le Père
Paul; ce dernier, convaincu que c'était le démon qui entraînait ce
malheureux, dit au soldat: "Ne craignez pas, je suis ici pour
vous secourir; il suffit que vous vous repentiez de vos péchés".
En même temps, il l'engageait à faire des actes de contrition, en
renonçant à tout commerce ou pacte avec le démon, et à se confesser.
Le soldat, français, fut délivré du démon. Cet événement prodigieux
fit une profonde impression sur les habitants d'Orbetello...
Conversion de bandits
Le
Seigneur donna à Paul de la Croix un talent remarquable pour
convertir les bandits et les criminels, et les ramener dans la voie
du salut. Ces conversions furent innombrables. Nous donnerons ici un
exemple fameux: la conversion, en 1750, d'un chef de contrebandiers,
le caporal Horace, qui outre les fraudes à la douane, avait commis
plusieurs crimes. Le Père Paul prêchait une mission dans la ville de
Camerino. Le caporal Horace se trouvait alors dans cette ville avec
une escorte de gens armés. "Son audace et sa témérité croissaient
donc de jour en jour. Il en vint au point d'ouvrir dans la ville un
magasin où il tenait et vendait publiquement des marchandises
fraudées... Il se mit à assister aux exercices, sans trop savoir
pour quel motif... Aux menaces terribles, aux tendres exhortations
du ministre du Seigneur, le malheureux pécheur commença à s'émouvoir
et à reconnaître le déplorable état de son âme... et il alla se
confesser à un prêtre peu zélé..."
Paul fut consterné: l'absolution que l'homme avait reçue allait
endormir de plus en plus sa conscience... Paul réfléchit, et puis il
fit appeler ce pécheur public et il lui parla à l'écart; il lui mit
sous les yeux tous les détails de sa vie criminelle. Horace, ébranlé
dit: "Tout cela est très vrai, mais je me suis confessé." Le
Père Paul lui montra alors qu'il n'avait pas de contrition... Ce fut
un trait de lumière pour le pauvre pécheur qui se confessa de
nouveau au Père Paul, avec, cette fois, la ferme résolution de
changer de vie. Ses complices en firent autant.
Paul adressa ensuite une supplique au souverain pontife, Benoît XIV,
afin qu'il obtint le pardon et la grâce du malfaiteur. Horace se
retira dans sa maison, où il vécut ensuite chrétiennement jusqu'à sa
mort, en 1765.
Saint Vincent-Marie Strambi raconte que de nombreuses prostituées se
convertissaient, ainsi que tous les pécheurs publics, et demandaient
pardon publiquement. Puis, Paul leur mettait sous les yeux la
tendresse et la charité de Jésus-Christ jusqu'à leur arracher des
larmes de repentir et d'amour. Et tous allaient confesser leurs
fautes. "Paul les traitait avec une bonté inexprimable. On eût
dit une mère pleine de tendresse, qui accueille ses enfants pour
soigner leurs blessures et les guérir des morsures mortelles de
quelque serpent venimeux." Parfois une voix miraculeuse pressait
les pécheurs d'aller se confesser au Père Paul.
Oui, Paul se donnait beaucoup de mal et sa vie était
extraordinairement pénitente, mais que de consolations cela lui
valait de la part du Seigneur!
3-4-Les prédictions
On a rapporté que Paul savait des
choses que tout le monde ignorait. Ainsi, au sujet d'un clerc mort
jeune dans sa Congrégation, Paul écrivit:
"Le frère Thomas est mort en saint, et
je crois qu'il s'est envolé droit au paradis. Je connais quelqu'un
qui ne saurait prier pour lui, tant il est certain de son bonheur,
et qui sent le besoin de se recommander plutôt lui-même à ses
prières. Oh! Qu'il est heureux!"
La mission d'un Crucifix
Un
jour, en 1738, à Piagaro, diocèse de la Pieve, au cours d'une
mission, Paul déclara: "Il y a plusieurs personnes qui désirent
ardemment mon départ et la fin de cette mission... mais je laisse
quelqu'un qui fera la mission mieux que moi." La mission
terminée, le Père Paul partit...
Quelques personnes restèrent dans l'église pour prier. Tout à coup
un grand crucifix sculpté, en bois, commença à répandre une sueur
abondante, couleur d'azur. Les assistants regardaient attentivement
cette sueur qui s'écoulait. Ils se rappelèrent alors les paroles du
serviteur de Dieu. Pendant que les prêtres essuyaient avec des
linges cette sueur miraculeuse, plusieurs personnes coururent après
le Père Paul qui dit simplement: "Je le savais déjà." Et il
poursuivit sa route...
Ainsi se vérifia la parole du Père
Paul, qu'après son départ, il y aurait une autre mission beaucoup
plus efficace que la sienne, où les prodiges tiendraient lieu de
prédication. Le peuple de Piagaro voyant avec quelle
miséricorde le Seigneur l'appelait à la pénitence fit, à la suite de
ce miracle, ce qu'il n'avait pas voulu faire pendant la mission...
Ils s'émurent à la vue de ce prodige si extraordinaire. On rendit
bientôt un culte spécial à ce Crucifix béni qui opéra de nombreux
miracles.
Prédictions de décès
Le
Bienheureux prédit avec la même assurance, et dans les termes les
plus clairs, la fin malheureuse de certaines personnes... qui
s'attiraient les châtiments de la justice en raison de leur
endurcissement.
Au
cours d'une mission dans une paroisse du diocèse de Monte Fiascone,
un prêtre vint se confesser à lui. Au cours de cette confession le
Père Paul lui dit, entre autres: "Allez et sachez que si vous
mettez encore les pieds dans cette maison, avant la fin de juillet,
vous serez cité au tribunal de Dieu." Hélas! Le prêtre retourna
dans la maison de son péché, et peu de temps après il tomba
gravement malade. Avant de mourir, avant de recevoir le viatique, il
demanda pardon du scandale qu'il avait donné et il raconta ce qui
s'était passé pour lui avec le Père Paul. Puis, après avoir rendu
témoignage à la prédiction du serviteur de Dieu, il mourut.
Au
cours d'une autre mission, dans le même diocèse, il fut informé
qu'un jeune ecclésiastique fréquentait deux jeunes personnes avec
qui il se permettait des familiarités inconvenantes. Pour mettre fin
à ce scandale, Paul de la Croix parla au jeune prêtre et lui prédit
d'un ton ferme et assuré que s'il ne s'éloignait pas de cette
maudite maison, il y mourrait d'une mort malheureuse.
L'ecclésiastique en excellente santé, se moqua de cette parole.
Mais malheur à celui qui méprise les avertissements des hommes de
Dieu! La prédiction du Père Paul avait eu lieu à la fin de mai; au
mois d'octobre, le prêtre mourut frappé d'apoplexie sans avoir même
eu le temps de se confesser.
En
1759, la même chose arriva à un autre prêtre, dans le diocèse de
Viterbe. On pourrait multiplier les exemples.
Prédictions concernant l'Église
On a rapporté que Paul de la Croix eut
de nombreuses visions concernant l'avenir de l'Église. Nous sommes
en 1775. Paul de la Croix bavarde avec son ami Antonio Frattini.
Soudain Paul le fixe gravement et lui demande de parler au pape Pie
VI et de lui dire de sa part: "Je m'appelle Paul de la Croix,
mais je ne suis tel que par mon nom. C'est avec plus de motifs que
le Saint-Père peut se dire "de la Croix". Dites-lui de ma part de
bien s'étendre sur la croix: cela va durer longtemps." Puis Paul
s'écrie: "Pauvre Église! Oh!
Pauvre religion catholique! Seigneur, donnez à votre Vicaire" la
force, donnez-lui le courage et le discernement afin qu'il fasse en
tout et pour tout, ce qui convient à l'accomplissement de votre très
sainte volonté."
3-5-Quelques témoignages
Sœur Gandolfi, une des dirigées de
Paul de la Croix, écrivit, deux mois après sa mort: "...
Je l'ai toujours considéré comme un grand serviteur de Dieu, rempli
de l'Esprit du Seigneur. Il prêcha deux fois les exercices
spirituels dans ce monastère... Son zèle était grand lorsqu'il
prêchait, au point qu'il aurait pu faire fondre même les pierres...
On savait qu'il avait le don de discernement..."
Paul insistait particulièrement sur la
nécessité se la conversion, de l'obéissance à l'Église, pour toutes
les âmes, puis pour les plus avancées, sur l'intimité avec Dieu,
voire sur le désir du martyre. À ce propos, Paul n'hésitait pas à
affirmer
"que seules les âmes de feu peuvent
comprendre la nécessité du martyre, de la mort mystique à soi-même
et au monde. Ce feu, Paul le portait et le communiquait à qui en
était digne. Or ce feu divin.. qui engendre la passion d'amour...
est aussi un feu guérisseur qui purifie l'esprit; et, le purifiant,
le pacifie..."
D'après la Vie du bienheureux
Paul de la Croix, par Saint Vincent-Marie Strambi.
D'après une lettre du Père Paul
adressée au docteur Dominique Antoine Ercolani de Castellana,
et datée de Saint-Ange, 28 juin 1749.
de Philippe PLET - Saint Paul de la Croix, directeur
spirituel. Éditeur: Nouvelle cité.
|