CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

 SAINT PAUL DE LA CROIX
 1694-1775

 SA VIE ET SA SPIRITUALITÉ

3
Les phénomènes extraordinaires

 

3-1-Des miracles météorologiques

Plus d'une fois le Seigneur fit des prodiges en faveur de ses fidèles serviteurs et de Paul en particulier. C'est ainsi qu'un jour, il le préserva de la pluie qui à ce moment-là tombait partout. Lui seul et ses compagnons n'en furent point mouillés. Ce prodige a été attesté par plusieurs témoins dignes de foi. (d'après la Vie du bienheureux Paul de la Croix, par Saint Vincent-Marie Strambi – Chapitre 19)

Un naufrage évité

La protection du Seigneur envers Paul de la Croix se manifesta parfois d'une manière tout à fait miraculeuse. Ainsi, devant se rendre à Pise, chez le marquis de Montemare, général de l'armée espagnole, pour donner une mission à ses soldats, Paul partit de la Retraite de la Présentation et s'embarqua à Saint-Étienne sur la felouque royale, pour Livourne. Mais bientôt une terrible tempête se leva. Le péril était grand, et déjà d'autres embarcations avaient sombré. L'angoisse des marins était à son comble... Cependant le Père Paul recourut au grand Maître à qui la mer et les vents obéissent et implora la protection de Marie. Il n'y avait plus aucun espoir lorsqu'il se plaça sur la poupe et dit aux marins désespérés: "Mes enfants, ne craignez point; ayez confiance en Dieu et dans la très sainte Vierge; ce sont les démons qui me persécutent."

 Immédiatement ils se trouvèrent près de la tour de Montenero...

Des orages imprévus

Le Père Paul prêchait un jour à Sainte Flore, du haut d'une estrade qu'on avait dressée près de la porte de la grande église. Le peuple était rassemblé sur la place en plein air, car il faisait très beau. Mais voici que soudain, commence à tomber une forte pluie qui disperse tout le peuple.. Le serviteur de Dieu comprit que c'était une ruse du démon. Il prit son crucifix, et le tenant élevé au-dessus de l'estrade, il exhorta ceux qui étaient demeurés sur la place à ne pas bouger. La pluie cessa instantanément, et ce qu'il y a de plus admirable, c'est que personne ne fut mouillé, bien qu'il fût tombé une pluie abondante.

Une autre fois, au même endroit, et bien que le jour fût serein, tout d'un coup on entendit le tonnerre retentir d'une manière épouvantable; le ciel se couvrit de nuages, l'air s'obscurcit et la pluie menaçait de tomber en abondance. "Le Père Paul, armé de sa foi, cria aux assistants de ne pas craindre et de ne pas quitter leur place, parce que c'était là un effort de l'ennemi, jaloux de leur bien.... En effet, la nuée se fondit en une pluie très épaisse, au point que tous les environs furent comme changés en un lac et que les campagnes furent toutes couvertes d'eau; mais sur la place où le peuple se trouvait avec le missionnaire, il n'en tomba pas une seule goutte..."

On fut de même préservé miraculeusement de la pluie à Satri, le jour où devait se donner la bénédiction papale. Le ciel s'obscurcit tout d'un coup et la pluie tomba en abondance aux alentours, excepté dans l'endroit où Paul prêchait et où le peuple était rassemblé pour l'entendre. Le même prodige se répéta de nombreuses autres fois...

3-2-D'autres miracles

Un accident évité

Un jour, pendant qu'il prêchait, monté sur un ambon, Paul tomba à la renverse. Sa chute aurait pu être grave, mais le Seigneur le préserva par un miracle: il se sentit soutenu par une main invisible, et se relevant aussitôt sans le moindre mal, il continua son sermon...

Des buffles calmés

Paul prêchait un jour sur la place publique d'Orbetello, devant une foule immense lorsque de grands cris se firent entendre: deux jeunes buffles furieux allaient arriver sur la grand'place où la population était réunie pour entendre le sermon. Les gens commencèrent à fuir... Le serviteur de Dieu sentit que c'était une manœuvre du démon: alors il se mit à crier avec force que personne ne quittât sa place. "Il prit ensuite le crucifix en main, et se tournant du côté des buffles qui étaient sur le point d'entrer dans la place, plein de confiance en Dieu, il commanda avec empire à ces bêtes furieuses de rebrousser chemin..." Aussitôt, les buffles s'arrêtèrent et s'en retournèrent sur leurs pas...

Une guérison

Il y avait à Castellazzo un homme appelé André Vegetto, un bon chrétien qui connaissait Paul. Or, un jour cet homme se blessa à la jambe et la plaie se gangréna. Paul alla visiter ce blessé et voyant dans cet infirme, la personne même de Jésus-Christ, il résolut de pratiquer à son égard un acte héroïque de charité: il lécha avec la langue la plaie nauséabonde... Le lendemain le chirurgien venu pour couper la jambe, trouva la plaie séchée; le malade put se lever au bout d'un jour ou deux et marcher librement. Se voyant miraculeusement guéri, André partit de Castellazzo et alla à Retorto qui en était éloigné d'environ trois milles pour raconter la merveille au marquis de Pozzo, un grand ami de Paul.

Un autre prodige

Un jour d'hiver, après avoir traversé une rivière et marché pieds nus par des chemins boueux, Paul avait les pieds très sales. Une pieuse femme, Thècle Gambarotta, touchée de compassion, lui offrit un linge pour se nettoyer et s'essuyer les pieds. Paul prit le linge, s'en servit et plein de reconnaissance, le remit tout malpropre à la pieuse dame. Quand, peu de temps après, la pieuse femme voulut laver le linge, elle le trouva blanchi comme si on ne s'en était jamais servi; il n'y avait seulement qu'une très petite tache à l'extrémité, comme pour attester la vérité du prodige[1]. "Il n'est donc pas surprenant que les habitants de Castellazzo, édifiés de la conduite de Paul, se confirmaient chaque jour davantage dans l'opinion qu'ils avaient conçue de sa sainteté."

Les lévitations

Entre avril et juin 1775, peu de temps avant sa mort, Paul de la Croix recevait fréquemment une de ses dirigées, Rosa Calabresi. Devenu presque sourd, il entendait pourtant les confidences de la jeune fille, dites à voix basse. Entre ces deux mystiques les échanges étaient très intimes et Rosa voyait souvent le Père Paul "s'élever au-dessus de la chaise sur laquelle il était assis, les yeux ouverts sur l'invisible, et la tête nimbée d'une lumière intense."

Les bilocations

De nombreuses personnes ont raconté des événements extraordinaires qui leur étaient arrivés. Ainsi, sa sœur Thérèse, malade, le vit entrer dans sa chambre, portant une étole violette; il la bénit, et elle se trouva guérie.  Un autre jour, il guérit, à Orbetello Madame Venturi, presque mourante. Or, il n'était pas à Orbetello. Rosa Calabrese raconte qu'au cours d'un voyage vers Rome, les chevaux de la diligence tombèrent dans un ravin laissant la voiture dans le vide. Elle invoqua le Père paul qui lui apparut et la rassura. Elle fut sauvée, et arrivée enfin à destination, elle trouva une lettre de Paul qui faisait référence à l'accident

3-3-Les conversions miraculeuses

Conversion d'un soldat

Un soir, après une retraite donnée à Orbetello, un des soldats présents fut emporté comme par une force invisible. Il criait: "Au secours! au secours! le démon m'emporte!" On appela le Père Paul; ce dernier, convaincu que c'était le démon qui entraînait ce malheureux, dit au soldat: "Ne craignez pas, je suis ici pour vous secourir; il suffit que vous vous repentiez de vos péchés". En même temps, il l'engageait à faire des actes de contrition, en renonçant à tout commerce ou pacte avec le démon, et à se confesser. Le soldat, français, fut délivré du démon. Cet événement prodigieux fit une profonde impression sur les habitants d'Orbetello...

Conversion de bandits  

Le Seigneur donna à Paul de la Croix un talent remarquable pour convertir les bandits et les criminels, et les ramener dans la voie du salut. Ces conversions furent innombrables. Nous donnerons ici un exemple fameux: la conversion, en 1750, d'un chef de contrebandiers, le caporal Horace, qui outre les fraudes à la douane, avait commis plusieurs crimes. Le Père Paul prêchait une mission dans la ville de Camerino. Le caporal Horace se trouvait alors dans cette ville avec une escorte de gens armés. "Son audace et sa témérité croissaient donc de jour en jour. Il en vint au point d'ouvrir dans la ville un magasin où il tenait et vendait publiquement des marchandises fraudées... Il se mit à assister aux exercices, sans trop savoir pour quel motif... Aux menaces terribles, aux tendres exhortations du ministre du Seigneur, le malheureux pécheur commença à s'émouvoir et à reconnaître le déplorable état de son âme... et il alla se confesser à un prêtre peu zélé..." 

Paul fut consterné: l'absolution que l'homme avait  reçue allait endormir de plus en plus sa conscience... Paul réfléchit, et puis il fit appeler ce pécheur public et il lui parla à l'écart; il lui mit sous les yeux tous les détails de sa vie criminelle. Horace, ébranlé dit: "Tout cela est très vrai, mais je me suis confessé." Le Père Paul lui montra alors qu'il n'avait pas de contrition... Ce fut un trait de lumière pour le pauvre pécheur qui se confessa de nouveau au Père Paul, avec, cette fois, la ferme résolution de changer de vie. Ses complices en firent autant.

Paul adressa ensuite une supplique au souverain pontife, Benoît XIV, afin qu'il obtint le pardon et la grâce du malfaiteur. Horace se retira dans sa maison, où il vécut ensuite chrétiennement jusqu'à sa mort, en 1765.

Saint Vincent-Marie Strambi raconte que de nombreuses prostituées se convertissaient, ainsi que tous les pécheurs publics, et demandaient pardon publiquement. Puis, Paul leur mettait sous les yeux la tendresse et la charité de Jésus-Christ jusqu'à leur arracher des larmes de repentir et d'amour. Et tous allaient confesser leurs fautes. "Paul les traitait avec une bonté inexprimable. On eût dit une mère pleine de tendresse, qui accueille ses enfants pour soigner leurs blessures et les guérir des morsures mortelles de quelque serpent venimeux." Parfois une voix miraculeuse pressait les pécheurs d'aller se confesser au Père Paul.

Oui, Paul se donnait beaucoup de mal et sa vie était extraordinairement pénitente, mais que de consolations cela lui valait de la part du Seigneur!

3-4-Les prédictions

On a rapporté que Paul savait des choses que tout le monde ignorait. Ainsi, au sujet d'un clerc mort jeune dans sa Congrégation, Paul écrivit: "Le frère Thomas est mort en saint, et je crois qu'il s'est envolé droit au paradis. Je connais quelqu'un qui ne saurait prier pour lui, tant il est certain de son bonheur, et qui sent le besoin de se recommander plutôt lui-même à ses prières. Oh! Qu'il est heureux!"

La mission d'un Crucifix

Un jour, en 1738, à Piagaro, diocèse de la Pieve, au cours d'une mission,  Paul déclara: "Il y a plusieurs personnes qui désirent ardemment mon départ et la fin de cette mission... mais je laisse quelqu'un qui fera la mission mieux que moi." La mission terminée, le Père Paul partit... 

Quelques personnes restèrent dans l'église pour prier. Tout à coup un grand crucifix sculpté, en bois, commença à répandre une sueur abondante, couleur d'azur. Les assistants regardaient attentivement cette sueur qui s'écoulait. Ils se rappelèrent alors les paroles du serviteur de Dieu. Pendant que les prêtres essuyaient avec des linges cette sueur miraculeuse, plusieurs personnes coururent après le Père Paul qui dit simplement: "Je le savais déjà." Et il poursuivit sa route...

Ainsi se vérifia la parole du Père Paul, qu'après son départ, il y aurait une autre mission beaucoup plus efficace que la sienne, où les prodiges tiendraient lieu de prédication. Le peuple de Piagaro voyant avec quelle miséricorde le Seigneur l'appelait à la pénitence fit, à la suite de ce miracle, ce qu'il n'avait pas voulu faire pendant la mission... Ils s'émurent à la vue de ce prodige si extraordinaire. On rendit bientôt un culte spécial à ce Crucifix béni qui opéra de nombreux miracles. [2]

Prédictions de décès

Le Bienheureux prédit avec la même assurance, et dans les termes les plus clairs, la fin malheureuse de certaines personnes... qui s'attiraient les châtiments de la justice en raison de leur endurcissement.

Au cours d'une  mission dans une paroisse du diocèse de Monte Fiascone, un prêtre vint se confesser à lui. Au cours de cette confession le Père Paul lui dit, entre autres: "Allez et sachez que si vous mettez encore les pieds dans cette maison, avant la fin de juillet, vous serez cité au tribunal de Dieu." Hélas! Le prêtre retourna dans la maison de son péché, et peu de temps après il tomba gravement malade. Avant de mourir, avant de recevoir le viatique, il demanda pardon du scandale qu'il avait donné et il raconta ce qui s'était passé pour lui avec le Père Paul. Puis, après avoir rendu témoignage à la prédiction du serviteur de Dieu, il mourut.

Au cours d'une autre mission, dans le même diocèse, il fut informé qu'un jeune ecclésiastique fréquentait deux jeunes personnes avec qui il se permettait des familiarités inconvenantes. Pour mettre fin à ce scandale, Paul de la Croix parla au jeune prêtre et lui prédit d'un ton ferme et assuré que s'il ne s'éloignait pas de cette maudite maison, il y mourrait d'une mort malheureuse. L'ecclésiastique en excellente santé, se moqua de cette parole.

Mais malheur à celui qui méprise les avertissements des hommes de Dieu! La prédiction du Père Paul avait eu lieu à la fin de mai; au mois d'octobre, le prêtre mourut frappé d'apoplexie sans avoir même eu le temps de se confesser.

En 1759, la même chose arriva à un autre prêtre, dans le diocèse de Viterbe. On pourrait multiplier les exemples.

Prédictions concernant l'Église

On a rapporté que Paul de la Croix eut de nombreuses visions concernant l'avenir de l'Église. Nous sommes en 1775. Paul de la Croix bavarde avec son ami Antonio Frattini. Soudain Paul le fixe gravement et lui demande de parler au pape Pie VI et de lui dire de sa part: "Je m'appelle Paul de la Croix, mais je ne suis tel que par mon nom. C'est avec plus de motifs que le Saint-Père peut se dire "de la Croix". Dites-lui de ma part de bien s'étendre sur la croix: cela va durer longtemps." Puis Paul s'écrie: "Pauvre Église! Oh! Pauvre religion catholique! Seigneur, donnez à votre Vicaire" la force, donnez-lui le courage et le discernement afin qu'il fasse en tout et pour tout, ce qui convient à l'accomplissement de votre très sainte volonté."

3-5-Quelques témoignages

Sœur Gandolfi, une des dirigées de Paul de la Croix, écrivit, deux mois après sa mort: "... Je l'ai toujours considéré comme un grand serviteur de Dieu, rempli de l'Esprit du Seigneur. Il prêcha deux fois les exercices spirituels dans ce monastère... Son zèle était grand lorsqu'il prêchait, au point qu'il aurait pu faire fondre même les pierres... On savait qu'il avait le don de discernement..."

Paul insistait particulièrement sur la nécessité se la conversion, de l'obéissance à l'Église, pour toutes les âmes, puis pour les plus avancées, sur l'intimité avec Dieu, voire sur le désir du martyre. À ce propos, Paul n'hésitait pas à affirmer "que seules les âmes de feu peuvent comprendre la nécessité du martyre, de la mort mystique à soi-même et au monde. Ce feu, Paul le portait et le communiquait à qui en était digne. Or ce feu divin.. qui engendre la passion d'amour... est aussi un feu guérisseur qui purifie l'esprit; et, le purifiant, le pacifie[3]..."


[1] D'après la Vie du bienheureux Paul de la Croix, par Saint Vincent-Marie Strambi.
[2] D'après une lettre du Père Paul adressée au docteur Dominique Antoine Ercolani de Castellana, et datée de Saint-Ange, 28 juin 1749.
[3] de Philippe PLET - Saint Paul de la Croix, directeur spirituel. Éditeur: Nouvelle cité.

   

  

Pour toute suggestion, toute observation ou renseignement sur ce site,
adressez vos messages à :

 voiemystique@free.fr