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Approbation de la Congrégation
Dernières étapes
12-1-Ultime tentative en vue de l’obtention des voeux solennels:
1758-1760
Nous sommes en 1758. Il était temps
d'affermir la Congrégation et de réparer les pertes: plusieurs de
ses religieux, dont des prêtres, avaient quitté l'institut qu'ils
trouvaient trop rigoureux. Paul de la Croix voulait obtenir, pour
ses religieux, la grâce des vœux solennels. En juillet 1758, un
bienfaiteur de Paul, le cardinal Rezzonico, était élu pape, sous le
nom de Clément XIII. Paul fut rempli d'espérance, et il demanda
instamment de prier avec confiance, afin de connaître ce qui serait
le plus expédient à l'avancement de son œuvre. Il écrivit: "Il
est très vrai que l'exaltation du cardinal Rezzonico au trône
pontifical peut nous être favorable, pourvu que le Bon Dieu veuille,
comme j'espère, répandre sur nous ses grandes bénédictions. Mais
pour cela, il faut le conjurer par de ferventes prières... afin que
cette sainte œuvre puisse, au moyen des vœux solennels, s'enraciner
plus profondément dans le champ de l'Évangile et la vigne de
l'Église. C'est le seul point qui reste à décider et qu'on sollicite
en ce moment. En effet, après l'approbation que vous connaissez, il
y en a eu une seconde plus solennelle, par un bref apostolique, dans
lequel ont été insérées les règles et les constitutions..."
Une congrégation
de cinq cardinaux fut nommée, en 1760, par le Saint Père; mais les
délibérations demandèrent beaucoup de temps... Paul de la Croix
écrit: "Le pape a choisi une congrégation de cinq cardinaux pour
avoir leur avis, en vue d'élever la Congrégation à la qualité
d'ordre religieux avec des vœux solennels. Si cela se fait, ce sera
une faveur miraculeuse dans ces temps si déplorables. Pour moi je
suis indifférent, et je serai également content du bon ou du mauvais
succès. Dieu me fait la grâce de ne vouloir ni désirer autre chose
que son bon plaisir." (Chap. 35)
Le résultat fut
négatif. "Les cardinaux, prenant en considération la grande
austérité de la règle, jugèrent plus expédient de laisser la
Congrégation avec des vœux simples. De cette manière, la porte
restait toujours ouverte pour ceux qui n'auraient pas la force d'en
soutenir les rigueurs..." Paul de la Croix rendit grâces, plus
tard, de cette décision, quand il dut se séparer de sujets remuants
et inquiets, ou qui avaient perdu l'esprit de prière.
Cependant, "s'il n'obtint pas l'approbation dont il s'agissait...
il eut bien sujet de se réjouir dans le Seigneur. En effet, à cette
occasion Clément XIII voulut lui témoigner sa bienveillance et son
affection paternelle, en lui accordant diverses grâces et divers
privilèges." (Vie du bienheureux Paul de la Croix, par Saint
Vincent-Marie Strambi – Chap. 35)
La mort du Père Jean-Baptiste avait été
une dure épreuve pour Paul de la Croix. Cependant, du sein de ses
afflictions, il se tournait constamment vers Dieu et ne pensait qu'à
consoler et à encourager les autres... Convaincu, dès 1766 qu'il
allait mourir bientôt, il voulut, quoique chargé d'années et
d'infirmités, revoir encore une fois tous ses frères passionistes et
leur porter une dernière bénédiction... Il eut la consolation de
"voir que la petite vigne plantée par la main du Seigneur croissait
et fructifiait"
Mais ce n'était pas encore l'heure. Le
pape Clément XIII exigeant la présence de Paul à Rome, une maison
fut ouverte près du Latran en janvier 1767, sous le nom d'"Hospice
du Crucifix"
12-2-La grande épreuve de 1762 à 1767
Le 26 juin 1762, Paul de la Croix écrit à
son ami Thomas Fossi: "Dans nos régions le temps est très étrange
et inconstant. Depuis longtemps on n'a pas eu une journée qui soit
bonne: les pluies sont presque continuelles, et la grêle a ravagé
plusieurs villages dans les environs. En somme, on voit que Dieu est
indigné, et il semble que des fléaux plus graves soient imminents."
En effet une grande famine s'abattit sur l'Italie. L'épreuve fut
terrible et dura quatre ans. Les passionistes, héroïques donnèrent
aux pauvres même le peu de nourriture qu'ils pouvaient avoir.
Beaucoup tombèrent malades, et le Père Jean-Baptiste en mourut, le
30 août 1765.
Paul fit de nombreux miracles pour que
les siens ne mourussent pas de faim: multiplication du blé au fond
d'un sac, présentation d'un vieil homme se présentant à la porte de
retraite de Vetralla, avec deux mules l'une chargée de pain, et
l'autre d'huile. Quand les mules furent déchargées, l'attelage
disparut sans laisser de trace dans la neige... On pourrait
multiplier les exemples.
12-3-Approbation des Règles et de l'Institut en 1769
Le pape Clément XIII mourut le 3 février
1769. Comme le Père Paul l'avait prédit, ce fut le cardinal
Ganganelli qui fut élu, le 25 mai suivant; ce dernier prit le nom de
Clément XIV. Malgré son extrême fatigue, Paul revint à Rome où il
fut très chaleureusement accueilli par le nouveau pape. "Paul lui
présenta un mémoire dans lequel il suppliait Sa Sainteté d'approuver
l'institut, en qualité de congrégation, avec vœux simples, et de lui
accorder les grâces et les privilèges des autres congrégations. Le
Saint-Père se montra très favorable à sa prière, et lui ayant donné
sa bénédiction apostolique, le renvoya à l'hospice", près de
Saint Jean-de-Latran, où il retrouva ses religieux, "plein
d'espoir de voir bientôt son œuvre définitivement établie..."
(Vie du bienheureux Paul de la Croix, par Saint Vincent-Marie
Strambi – Chapitre 37)
Après un examen minutieux de quarante
jours, et quelques modifications concernant le repos de la nuit:
cinq heures pleines de repos avant matines, et jeûne restreint à
trois jours par semaine, l'affaire fut enfin conclue. Le bref du 15
novembre 1769 et la bulle du 16 novembre 1769 confirmaient les
Règles et approuvaient l'Institut.
12-4-Nouvelle confirmation des Règles et de l'institut en 1775
Le Père Paul s'affaiblissait de plus en
plus. Sa fin semblait proche. "Mais plus le corps allait
s'affaiblissant, plus il témoignait de vigueur d'esprit et d'ardeur
à s'unir parfaitement à Dieu; il se préparait à la mort par
l'exercice continuel de toutes les vertus et surtout d'une humilité
profonde... Cependant, il ne cessait de veiller au bien de la
congrégation dont il était le fondateur et le père, et ne négligeait
rien pour assurer l'exacte observance des règles." Il voulut
relire les Règles une dernière fois avec le conseil de quelques
anciens de ses religieux, et lors du chapître de 1775, il soumit les
quelques corrections nécessaires aux Pères capitulaires. Après une
relecture complète par les Pères du chapître, les Règles furent de
nouveau approuvées par la bulle Proeclara virtutum exempla, datée du
15 septembre 1775. (Chapitre 43)
Malgré ses prières instantes, Paul de la
Croix, malade, infirme, fut de nouveau réélu supérieur général des
Passionistes. La maladie du Père s'aggrava rapidement: bientôt il
allait rejoindre son Seigneur et Époux.
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