CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

 SAINT PAUL DE LA CROIX
 1694-1775

 SA VIE ET SA SPIRITUALITÉ

12
Approbation de la Congrégation
Dernières étapes

 

12-1-Ultime tentative en vue de l’obtention des voeux solennels: 1758-1760

Nous sommes en 1758. Il était temps d'affermir la Congrégation et de réparer les pertes: plusieurs de ses religieux, dont des prêtres, avaient quitté l'institut qu'ils trouvaient trop rigoureux. Paul de la Croix voulait obtenir, pour ses religieux, la grâce des vœux solennels. En juillet 1758, un bienfaiteur de Paul, le cardinal Rezzonico, était élu pape, sous le nom de Clément XIII. Paul fut rempli d'espérance, et il demanda instamment de prier avec confiance, afin de connaître ce qui serait le plus expédient à l'avancement de son œuvre. Il écrivit: "Il est très vrai que l'exaltation du cardinal Rezzonico au trône pontifical peut nous être favorable, pourvu que le Bon Dieu veuille, comme j'espère, répandre sur nous ses grandes bénédictions. Mais pour cela, il faut le conjurer par de ferventes prières... afin que cette sainte œuvre puisse, au moyen des vœux solennels, s'enraciner plus profondément dans le champ de l'Évangile et la vigne de l'Église. C'est le seul point qui reste à décider et qu'on sollicite en ce moment. En effet, après l'approbation que vous connaissez, il y en a eu une seconde plus solennelle, par un bref apostolique, dans lequel ont été insérées les règles et les constitutions..."

Une congrégation[1] de cinq cardinaux fut nommée, en 1760, par le Saint Père; mais les délibérations demandèrent beaucoup de temps...  Paul de la Croix écrit: "Le pape a choisi une congrégation de cinq cardinaux pour avoir leur avis, en vue d'élever la Congrégation à la qualité d'ordre religieux avec des vœux solennels. Si cela se fait, ce sera une faveur miraculeuse dans ces temps si déplorables. Pour moi je suis indifférent, et je serai également content du bon ou du mauvais succès. Dieu me fait la grâce de ne vouloir ni désirer autre chose que son bon plaisir." (Chap. 35)

Le résultat fut négatif. "Les cardinaux, prenant en considération la grande austérité de la règle, jugèrent plus expédient de laisser la Congrégation avec des vœux simples. De cette manière, la porte restait toujours ouverte pour ceux qui n'auraient pas la force d'en soutenir les rigueurs..." Paul de la Croix rendit grâces, plus tard, de cette décision,  quand il dut se séparer de sujets remuants et inquiets, ou qui avaient perdu l'esprit de prière[2]. Cependant, "s'il n'obtint pas l'approbation dont il s'agissait... il eut bien sujet de se réjouir dans le Seigneur. En effet, à cette occasion Clément XIII voulut lui témoigner sa bienveillance et son affection paternelle, en lui accordant  diverses grâces et divers privilèges." (Vie du bienheureux Paul de la Croix, par Saint Vincent-Marie Strambi – Chap. 35)

La mort du Père Jean-Baptiste avait été une dure épreuve pour Paul de la Croix. Cependant, du sein de ses afflictions, il se tournait constamment vers Dieu et ne pensait qu'à consoler et à encourager les autres... Convaincu, dès 1766 qu'il allait mourir bientôt, il voulut, quoique chargé d'années et d'infirmités, revoir encore une fois tous ses frères passionistes et leur porter une dernière bénédiction... Il eut la consolation de "voir que la petite vigne plantée par la main du Seigneur croissait et fructifiait"

Mais ce n'était pas encore l'heure. Le pape Clément XIII exigeant la présence de Paul à Rome, une maison fut ouverte près du Latran en janvier 1767, sous le nom d'"Hospice du Crucifix"

12-2-La grande épreuve de 1762 à 1767

Le 26 juin 1762, Paul de la Croix écrit à son ami Thomas Fossi: "Dans nos régions le temps est très étrange et inconstant. Depuis longtemps on n'a pas eu une journée qui soit bonne: les pluies sont presque continuelles, et la grêle a ravagé plusieurs villages dans les environs. En somme, on voit que Dieu est indigné, et il semble que des fléaux plus graves soient imminents." En effet une grande famine s'abattit sur l'Italie. L'épreuve fut terrible et dura quatre ans. Les passionistes, héroïques donnèrent aux pauvres même le peu de nourriture qu'ils pouvaient avoir. Beaucoup tombèrent malades, et le Père Jean-Baptiste en mourut, le 30 août 1765.

Paul fit de nombreux miracles pour que les siens ne mourussent pas de faim: multiplication du blé au fond d'un sac, présentation d'un vieil homme se présentant à la porte de retraite de Vetralla, avec deux mules l'une chargée de pain, et l'autre d'huile. Quand les mules furent déchargées, l'attelage disparut sans laisser de trace dans la neige... On pourrait multiplier les exemples.

12-3-Approbation des Règles et de l'Institut en 1769

Le pape Clément XIII mourut le 3 février 1769. Comme le Père Paul l'avait prédit, ce fut le cardinal Ganganelli qui fut élu, le 25 mai suivant; ce dernier prit le nom de Clément XIV. Malgré son extrême fatigue, Paul revint à Rome où il fut très chaleureusement accueilli par le nouveau pape. "Paul lui présenta un mémoire dans lequel il suppliait Sa Sainteté d'approuver l'institut, en qualité de congrégation, avec vœux simples, et de lui accorder les grâces et les privilèges des autres congrégations. Le Saint-Père se montra très favorable à sa prière, et lui ayant donné sa bénédiction apostolique, le renvoya à l'hospice", près de Saint Jean-de-Latran, où il retrouva ses religieux, "plein d'espoir de voir bientôt son œuvre définitivement établie..."  (Vie du bienheureux Paul de la Croix, par Saint Vincent-Marie Strambi – Chapitre 37)

Après un examen minutieux de quarante jours, et quelques modifications concernant le repos de la nuit: cinq heures pleines de repos avant matines, et jeûne restreint à trois jours par semaine, l'affaire fut enfin conclue. Le bref du 15 novembre 1769 et la bulle du 16 novembre 1769 confirmaient les Règles et approuvaient l'Institut.

12-4-Nouvelle confirmation des Règles et de l'institut en 1775

Le Père Paul s'affaiblissait de plus en plus. Sa fin semblait proche. "Mais plus le corps allait s'affaiblissant, plus il témoignait de vigueur d'esprit et d'ardeur à s'unir parfaitement à Dieu; il se préparait à la mort par l'exercice continuel de toutes les vertus et surtout d'une humilité profonde... Cependant, il ne cessait de veiller au bien de la congrégation dont il était le fondateur et le père, et ne négligeait rien pour assurer l'exacte observance des règles." Il voulut relire les Règles une dernière fois avec le conseil de quelques anciens de ses religieux, et lors du chapître de 1775, il soumit les quelques corrections nécessaires aux Pères capitulaires. Après une relecture complète par les Pères du chapître, les Règles furent de nouveau approuvées par la bulle Proeclara virtutum exempla, datée du 15 septembre 1775. (Chapitre 43)

Malgré ses prières instantes, Paul de la Croix, malade, infirme, fut de nouveau réélu supérieur général des Passionistes. La maladie du Père s'aggrava rapidement: bientôt il allait rejoindre son Seigneur et Époux.


[1] Ici l'expression: congrégation de cardinaux, signifie: un groupe de travail composé de cinq cardinaux.
[2] Entre 1760 et 1761, dix religieux quittèrent la congrégation.

   

  

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