LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

Quatrième partie

Méditations préparatoires à la Grande Passion du Christ

Notre-Dame des douleurs
“Voyez s’il est douleur semblable à ma douleur...”

Soir du Vendredi Saint! Marie est au pied de la Croix, et la prédiction du vieillard Siméon s’accomplit dans sa plénitude: le coeur de Marie est transpercé par un glaive de douleurs. Marie pleure silencieusement au pied de la Croix, sans démonstration bruyante comme c’était la coutume à l’époque chez les peuples orientaux. Marie pleure silencieusement sa douleur grande comme le monde, sa douleur vaste comme les siècles, puisque sa douleur est celle de la Corédemptrice.

Marie pleure. Elle pleure son Fils, elle pleure pour ses enfants qui ne comprendront pas. Elle pleure des larmes d’amertume, des larmes de détresse, les larmes de son infinie douleur... Marie pleure et sa désolation est extrême. Marie pleure au pied de la Croix. Tout semble fini pour elle, elle n’a plus de Fils... Oui, Jésus lui a bien donné Jean, et Jean, elle saura l’adopter. Mais Jean, ce n’est pas son Jésus, Jésus qui vient de mourir, abandonné de tous, Jésus incompris, bafoué, mis au rang des malfaiteurs. Jésus que l’on a torturé, à qui l’on a imposé toutes les tortures qu’on pouvait imaginer. Jésus, son Jésus, Jésus, son Fils, son Amour, Jésus, son Dieu, Jésus qui n’est plus!...

Marie pleure. Marie souffre dans son coeur. Marie souffre dans son âme, son âme déchirée qui n’est qu’une plaie vive. Marie souffre dans son coeur et dans son âme. En elle renaissent toutes les plaies de Jésus. Marie souffre dans son être brisé. Marie est, en ce soir du premier Vendredi Saint, comme la douleur faite chair, la douleur faite coeur, la douleur qui déchire l’âme... Marie souffre et pleure, sa détresse est immense, qu’espérer maintenant?... “Voyez s’il est douleur semblable à ma douleur!”

Marie souffre, elle appelle Jésus, elle crie vers son Dieu, ce Dieu qui est son Père... Elle crie vers son Dieu, l’Esprit qui l’épousa et lui donna Jésus, ce Jésus qui est là, au-dessus d’elle, suspendu à la Croix, son Jésus, son Fils qui maintenant ne souffre plus. Son Jésus qui est dans la Paix, la Paix de Dieu.

Jésus est dans sa Paix, la Paix de Dieu, celle qu’Il donna aux hommes, mais pas comme le monde la donne. Jésus est dans sa Paix... Il ne souffre plus maintenant, on ne L’insulte plus: ils sont tous partis ceux qui Le bafouaient, Le méprisaient, L’insultaient. Ils sont tous partis car ils n’ont plus rien à craindre de Lui, Il est mort, Il ne pourra plus les inquiéter, leur rappeler leurs misères, la dureté de leurs coeurs...

Ils sont bien tranquilles maintenant ceux qui ont tué Jésus, ils vont enfin pouvoir respirer de nouveau. Ouf! Il est bien mort Celui qui les gênait, Il est bien mort, et dans de telles conditions, des conditions si atroces, qu’il est bien improbable qu’un autre illuminé se mêle de recommencer, de mettre encore en doute leur autorité. Bien sûr ils ont eu un peu peur tout à l’heure, à l’heure des ténèbres et du tremblement de terre. Mais ils ont su garder leur sang-froid: ce n’étaient que des phénomènes naturels, n’est-ce pas? Mais maintenant tout est fini, tout est rentré dans l’ordre. On peut célébrer la Pâque en paix!

Marie souffre toujours au pied de la Croix. Marie pleure toujours... “Voyez s’il est douleur semblable à ma douleur!”

Marie pleure toujours, mais regardant son Fils en Paix, dans sa Paix, regardant Jésus qui ne souffre plus, Marie s’apaise un peu et Marie se souvient. Marie se souvient des Écritures, Marie se souvient des prophètes... Des psaumes remontent à sa mémoire, ces psaumes qui reprenaient les images du Serviteur souffrant présenté par Isaïe. Marie se souvient, elle se souvient de tout. Elle comprend maintenant tout ce qu’elle gardait dans son cœur, tout ce qu’elle n’avait pas compris...

Marie souffre toujours car son Fils n’est plus là. Jamais plus elle ne sentira la chaleur de ses baisers et de ses embrassements. Jamais plus elle ne revivra sur la terre avec son Fils bien-aimé auprès d’elle, jamais plus elle ne Le suivra sur les routes de Palestine. Jamais plus... Marie pleure toujours, de grosses larmes d’amour, des larmes qui pleurent le Bien-aimé absent, et absent pour toujours. “Voyez s’il est douleur semblable à ma douleur!”

Marie pleure, mais ses larmes sont moins amères, moins désolées. Marie pleure mais son espoir revient et sa foi se ravive. Oui Marie croit que son Fils ressuscitera... dans trois jours, Il l’a dit. Dans trois jours Il sera là et la prendra dans ses bras et lui dira “Maman!” Dans trois jours, le Temple, le Temple de son Corps sera reconstruit: son Jésus l’a promis. Dans trois jours! Oui, malgré sa douleur, Marie croit: elle croit les paroles de son Fils, elle croit de toute la force de son coeur, de toute la force de son âme, son être n’est que foi...

Marie croit et Marie espère. Et Marie se souvient de ce qui s’est passé hier soir, le soir du Jeudi Saint: mon Dieu que ce soir-là est loin. Il semble à Marie que les quelques dernières heures ont duré des siècles. Marie se souvient de l’Eucharistie, de ce pain que son Fils est venu lui apporter, dans la pièce où elle se trouvait, de ce pain qui était son Corps, son Corps qui allait être livré et torturé, son Corps qu’Il allait donner pour le salut de tous les hommes, le Corps de la Grande Victime, le Corps de l’Hostie sainte, le Corps de l’Agneau Immolé.

Marie pleure, mais Marie s’apaise. Au pied de la Croix douloureuse qui deviendra la Croix glorieuse, Marie pleure des larmes d’Amour, des larmes de Paix. Marie pleure, mais ses larmes sont foi, ses larmes sont paix, ses larmes sont amour.

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