Jésus priait, tous les jours. Depuis le jour de sa naissance, Jésus a entendu ses parents prier, tous les jours, et plusieurs fois par jour, comme le faisaient tous les juifs pieux de son époque. Jésus a prié tous les jours sur les textes de l’Écriture, et surtout sur les psaumes. Jésus a prié sur les psaumes et sur les livres des Prophètes... Priant ainsi il n’est pas imaginable que Jésus, tout au long de sa vie, n’ait pas compris la richesse dramatique de certaines phrases qui parlaient de Lui et qui annonçaient sa Passion.  Ainsi, Jésus, Dieu et homme, mais homme total, sensible, intelligent, Jésus vrai homme comme l’un de nous, et vrai Dieu car Verbe de Dieu, a certainement vécu par avance toutes les stations de son douloureux chemin de Croix.

Parfois, certains textes inspirés annoncent la Passion, comme dans une vision dramatique, mais c’est l’espérance qui domine. Certes les hommes chercheront à combattre Celui que Dieu envoie pour les sauver mais qui pourtant les gêne. Mais Dieu est toujours le plus fort: le Père qui est infiniment bon et qui aime les hommes ne peut, à plus forte raison, abandonner son Fils Bien-Aimé entre les mains des ennemis. Aussi, Jésus a-t-Il dû souvent dire et redire les paroles du psaume 9:

3-Je tressaille de joie en Vous, et je chanterai votre nom, ô Très-Haut!
4-Car mes ennemis ont tourné bride, ils ont chancelé et péri devant vos yeux.
11-Ceux-là peuvent se confier en vous qui connaissent votre nom, car, Seigneur, vous n’abandonnez jamais ceux qui vous cherchent.
13-Vengeur du sang répandu, le Seigneur en garde le souvenir. Il n’a pas oublié le cri des malheureux.
14-Ayez pitié de moi, Seigneur, voyez la misère où m’ont réduit mes ennemis; arrachez-moi des portes mêmes de la mort.
19-Le malheureux, en effet, ne restera pas éternellement dans l’oubli; l’espoir de l’affligé ne sera pas frustré pour toujours.
20-Levez-vous, Seigneur! Que ce ne soit pas l’homme qui ait le dernier mot.

Jésus ! Nous Te contemplons.

C’est le soir. Tu es entre Marie et Joseph pour la prière du soir. Longuement vous avez rendu grâce au Seigneur votre Dieu pour tout le bien que vous avez reçu durant toute cette journée. Oui, vous avez travaillé dur, mais Joseph avait beaucoup de travail, un bon travail, le travail que Tu aimes entre tous, Jésus. Ce sont des bancs pour la synagogue que vous avez confectionnés aujourd’hui, des bancs pour la prière! Et Marie n’a pas cessé de chanter tout en tissant la nappe qui recouvrira la chaire destinée à recevoir le Saint Livre de la Loi.

Oui, Jésus, ta Sainte Famille a longuement rendu grâce pour la journée bénie qui s’achève. Vous n’avez pas manqué de pain. Il y avait même, pour accompagner les légumes de votre jardin, quelques oeufs que Marie avait préparés avec une sauce délicieuse. Oui, il y avait de quoi rendre grâces au Seigneur qui pourvoit à tous les besoins de ses enfants.

Maintenant, toujours avec le psaume 9, vous louez le Seigneur de tout votre cœur, avec ces paroles qui racontent ses œuvres merveilleuses. Vous tressaillez de joie, vous chantez le nom du Très-Haut, votre Dieu qui a délivré son peuple de la mains de ses ennemis.

Mais, que se passe-t-il, Jésus, dans ton cœur ? Voici que, furtivement, Tu essuies une larme. Marie a vu ton geste et elle Te sourit. Elle pense certainement qu’un insecte indiscret a effleuré ton œil... Marie Te sourit, et Toi, Tu lui souris. Pourtant, Tu Te retournes un peu, et nous voyons des larmes couler. Aurais-Tu compris, Jésus, qu’il s’agit de Toi dans le psaume ?...

Oui, il s’agit de Toi, et Tu le sais... Tu seras affligé, tes ennemis T’environneront de toutes parts, mais ils tourneront vite bride car le Seigneur n’abandonne jamais ceux qui Le cherchent... Le Seigneur a toujours pitié de la misère des pauvres qui se fient en lui, Il ne t’abandonnera pas. Tu peux, en toute confiance Te tourner vers Lui. D’ailleurs ne dis-Tu pas, chaque jour dans ta prière, au psaume 3:

2-Ô Seigneur, mes ennemis se sont multipliés, combien d’adversaires!
4-Mais Toi, Seigneur, Tu es mon bouclier protecteur... Lève-toi Seigneur, sauve-moi, ô mon Dieu.
5-Je crie, j’appelle le Seigneur, et lui, de sa montagne sainte, il m’entend.

Et le psaume 54 (53) dit aussi :

3-Ô Dieu, sauve-moi par ton nom, toi le vaillant, fais-moi justice.
4-Ô Dieu entends ma prière, prête l’oreille aux paroles de ma bouche.
5-Car des arrogants m’attaquent, des forcenés pourchassent mon âme, ils ne pensent pas à Dieu.
6-Mais voici que Dieu vient à mon secours, le Seigneur, avec ceux qui me soutiennent.
7-Que retombe le mal sur mes tyrans; Seigneur, par ta vérité, détruis-les.
8-Je te ferai des offrandes généreuses, et je chanterai ton nom Seigneur, car il est bon.
9-Car le Seigneur m’a délivré de toutes mes épreuves, et mes ennemis me sont donnés en spectacle.

Parfois, cependant, les paroles du sage se font plus angoissantes comme celles du psaume 116 (114-115):

3- Les filets de la mort se refermaient sur moi, j’étais pris au lacet fatal et ne voyais plus qu’angoisse et tristesse.

Mais la confiance et le secours de Dieu l’emportent toujours:

4-J’ai invoqué le nom du Seigneur: “Ô Seigneur, sauve mon âme!”
5-Le Seigneur est vraiment bon, il est juste, notre Dieu est compatissant.
6-Le Seigneur prend soin des humbles, il m’a sauvé, me voyant faible.
7-Reviens, mon âme, à ton repos car le Seigneur t’a prise en charge.
8-Il a gardé mon âme de la mort...
10-J’ai eu foi alors même que je disais: “Je suis vraiment bien en peine.”   

Jésus, as-Tu donc déjà commencé ton chemin de Croix ? Vois-tu déjà tes ennemis T’environner de toutes parts ? Mais les psaumes disent qu’ils tournent bride... que le Seigneur T’a entendu et qu’Il T’a délivré. Jésus, le Père Te donne parfois comme une vision rapide de ta Passion et de ton agonie. Mais le Père ne T’abandonnera pas et Tu mets ton espoir en Lui.  

Jésus, nous, nous savons ce que sera ton agonie. Nous, nous savons que le Père semblera T’abandonner. Jésus, nous Te regardons, nous Te contemplons priant les psaumes... À quoi pensais-Tu alors ? Déjà Tu pleurais à cause de nous. Jésus, la station de ton Chemin de Croix: la station de Gethsémani, as-Tu déjà commencé à la vivre dès ton enfance, dès ton adolescence, tout au long de ta vie à Nazareth ? Jésus, ta Passion a-t-elle duré tout au long de ta vie mortelle comme elle se continue maintenant et continuera jusqu’à la fin des temps?