

6
Le développement des principales œuvres
de Don Bosco
Don Bosco comprit très vite qu’il
devait se faire aider pour mener sa tâche à bien. Aussi, partir de 1842, don
Bosco chercha-t-il des
collaborateurs;
ce ne fut pas toujours facile et à plusieurs reprises ceux sur qui il comptait
le plus lui firent défaut. Enfin, vers 1847, arriva Michel Rua qui, 5 ans plus
tard, le 3 octobre 1852, revêtirait la soutane avec un autre ami de don Bosco,
Rocchetti.
D’autres compagnons allaient suivre
et peu à peu l’idée de don Bosco se précisait. Le 26 janvier 1854, après une
neuvaine préparatoire à la solennité de saint François de Sales, très
discrètement, dans la chambre de don Bosco, autour de lui et avec lui, Cagliero,
Rocchetti, Artiglia et Rua s’engagèrent à travailler pour le prochain. Après une
période d’essai, le groupe se lia par une promesse qui, le 25 mars 1855, se
transforma pour Michel Rua, en vœux annuels entre les mains de don Bosco. La
Société de Saint François de Sales, l’Ordre des Salésiens, naissait. Après Rua,
un par un, d’autres “fils” de don Bosco suivirent l’abbé Rua en s’engageant
entre les mains du fondateur. La Vierge Marie envoyait enfin des auxiliaires
indispensables.
Très rapidement don Bosco écrivit
ce qui deviendra le but de la Congrégation: “Le premier objet de notre
société est la sanctification de ses membres...
Dieu seul doit en être le chef,
le vrai maître des Salésiens. C’est pour l’amour de Dieu que chacun doit se
faire inscrire dans la Société, pour son amour qu’il doit travailler, obéir,
abandonner ce qu’il possédait dans le monde pour pouvoir dire, à la fin de sa
vie, au Sauveur que nous avons choisi comme modèle : ‘Voilà que nous avons tout
quitté et t’avons suivi: qu’en sera-t-il donc pour nous ?’”
Dès le premier projet des
Constitutions, en 1858, don Bosco insistait sur la nécessité pour les Salésiens,
d’être, ensemble, pleinement disponibles entre les mains de Dieu pour servir
les jeunes: “Le but de cette Congrégation est de réunir ses membres,
ecclésiastiques, clercs et aussi laïcs, dans l’intention de se perfectionner
eux-mêmes en imitant les vertus de notre divin Sauveur, spécialement par
l’exercice de la charité envers les jeunes pauvres.”
Don Bosco avait obéi aux conseils
de don Cafasso, son confesseur: “Fondez une Congrégation, mon cher don Bosco,
fondez une Congrégation si vous voulez asseoir votre Œuvre de façon stable.”
Son archevêque et d’autres amis, y
compris Son Excellence Urbain Rattazzi, ministre d’un gouvernement anticlérical,
lui avaient prodigué les mêmes conseils. Il fallait maintenant penser aux Règles
et aux constitutions qui assureraient l’avenir de la jeune congrégation. Il
fallait aussi obtenir l’approbation de Rome. Le pape Pie IX était très favorable
au projet de don Bosco, mais il y avait aussi, hélas! des ennemis (les saints
ont toujours eu des ennemis) et les épreuves ne manquèrent pas: l’affaire
traînera pendant seize ans.
Les obstacles rencontrés
n’empêchaient pas notre fondateur d’aller de l’avant. Le 9 décembre 1859 la
Congrégation Salésienne était officiellement présentée à la réunion habituelle
du dimanche soir. Le mercredi 14 mai 1862, les vingt deux premiers disciples de
don Bosco émirent entre ses mains leurs premiers vœux triennaux publics. En 1865
après le décret de Louange, ils purent émettre des vœux perpétuels. Parmi eux il
y avait, en plus de don Bosco: Don Alasonatti, le premier économe, Cagliero qui
deviendra cardinal, Rua, qui sera le premier successeur de don Bosco, Albera qui
deviendra le troisième supérieur général de la Congrégation, enfin, Francesia,
Cerruti et Bonetti qui occuperont des charges importantes au sein de la société.
L’Œuvre continuera à se développer,
et Jean Bosco verra ses rêves se réaliser. En janvier 1863, les Salésiens
étaient 39; le 3 avril 1874, au moment de l’Approbation définitive des
Constitutions de la Congrégation, ils étaient 320. On en comptait 768 à la mort
de don Bosco et plus de 11000 en 1929. Le 31 décembre 2005, ils étaient 16.008,
avec en plus 560 novices. Les Salésiens travaillent actuellement dans les cinq
continents, et dans 128 pays.
Un tel succès n’est-il pas la
confirmation d’une étonnante prédiction de don Bosco peu de jours avant sa mort?
“Notre Congrégation a devant elle un heureux avenir préparé par la divine
providence; et sa gloire durera tant que nos règles seront fidèlement
observées... En son temps nous porterons nos missions jusqu’en Chine, et d’une
façon précise à Pékin. Mais qu’on n’oublie pas que nous y allons pour les
enfants pauvres et abandonnés. Là, parmi des peuples inconnus et ignorants du
vrai Dieu, on verra des merveilles, jusqu’à présent incroyables, mais que le
Dieu puissant rendra manifestes aux yeux du monde.”
Au début de l’année 1872, et malgré
la répugnance qu’il avait pour le monde féminin, don Bosco jeta les bases d’une
congrégation de femmes pour l’éducation des jeunes filles. Il y pensait depuis
longtemps déjà et s’informait. Ainsi, en 1861, il avait rencontré Don Pestinaro
qui avait fondé dans le diocèse de Mornèse une Association de jeunes filles: la
Pieuse Union des Enfants de Marie Immaculée.
D’un autre côté, deux jeunes
filles, Marie Mazarello et son amie Pétronille s’étaient décidées à apprendre la
couture pour enseigner aux enfants le métier de tailleur. Au bout d’un an, elles
se mirent à leur compte et accueillirent des enfants à garder et à instruire.
Elles logeaient dans un local construit par don Pestarino qui pensait le donner
à ses filles de Marie Immaculée pour leurs réunions. Leur nombre grossissait, et
elles étaient déjà vingt sept quand don Bosco fut chargé, par don Pestarino de
procéder à l’élection de la supérieure. Marie Mazzarello fut élue et don Bosco
décida qu’elles s’appelleraient les Filles de Marie Auxiliatrice.
Ce jour-là, don Bosco leur dit:
“Vous aurez des élèves à ne pas savoir où les mettre. Vous n’êtes maintenant que
quelques-unes, et si pauvres! Mais courage, demeurez fidèles à la règle que je
vous ai tracée et vous verrez croître prodigieusement votre nombre. Par vous, la
Sainte Vierge veut venir en aide aux fillettes du peuple.”
Cette prédiction devait se réaliser
au-delà de toute espérance. Dans de nombreux pays du monde, les Salésiennes,
comme on les appelle couramment, furent appelées à fonder des patronages, des
écoles: primaires, secondaires, professionnelles ou normales, des crèches et des
colonies de vacances, des orphelinats, des maisons pour personnes âgées,
etc. ...
Leurs constitutions furent
approuvées en 1906. Les Filles de Marie Auxiliatrice, ou Salésiennes, sont
actuellement au nombre de 14.700.
L’accueil de la Croix :
Dans une conférence aux Filles de
Marie-Auxiliatrice, le 23 août 1885, après une cérémonie de profession, don
Bosco déclara: “Je vois que vous êtes encore jeunes et je désire que vous
puissiez devenir vieilles, mais sans les inconvénients de la vieillesse... Ce
matin j’ai eu le plaisir de distribuer des croix... Je vous recommande
d’accepter toutes de la porter volontiers, et de ne pas vouloir porter la croix
que nous voulons, nous, mais celle que veut pour nous la sainte volonté de Dieu;
et de la porter allègrement... Oui, mes filles, portons la croix avec amour, et
ne la faisons pas peser sur les autres, au contraire, aidons les autres à porter
la leur. Dîtes-vous à vous-même: ’Certes, je suis une croix pour les autres
comme les autres, souvent, sont une croix pour moi; mais je veux porter ma croix
sans être une croix pour les autres.’”
”Je vous laisserai un souvenir
que vous ne vous repentirez jamais d’avoir mis en pratique: faites du bien,
faites des bonnes œuvres, fatiguez-vous, travaillez beaucoup pour le Seigneur,
et toutes, avec bonne volonté. Oh! Ne perdez pas de temps, faites du bien,
faites-en tellement! Vous ne vous repentirez jamais de l’avoir fait.”
Don Bosco compléta ses deux
familles religieuses par un groupement de laïcs: les Coopérateurs Salésiens. En
effet, malgré la présence à ses côtés de prêtres dévoués: don Borrel, don
Cafasso, et l’abbé Picco, don Bosco ne suffisait plus à sa tâche et il dut
penser à se faire aider par des laïcs, hommes ou femmes, ayant des compétences
particulières.
Dès 1845 il les regroupa en une
association dont il fut reconnu le ‘Directeur-chef’ par un décret de l’Église du
31 mars 1852. À ce groupe, appelé Les Coopérateurs salésiens, constitués
comme une vraie Congrégation sous le titre de saint François de Sales, don
Bosco proposait un idéal de sainteté particulièrement ambitieux.
Mais ce projet était trop en avance
sur son temps, et ce n’est qu’en 1876 que sera accepté le règlement[1]
de “La pieuse union des Coopérateurs salésiens”, autonome vis-à-vis de
la Société salésienne. En 1877, don Bosco fondait, pour ses coopérateurs,
Le Bulletin Salésien destiné à la formation et à l’union des coopérateurs
entre eux.
Ces Coopérateurs Salésiens
apportèrent tout leur dévouement là où les besoins se faisaient sentir, comme
moniteurs de gymnastique, chefs d’orchestre, instituteurs, metteurs en scène,
conférenciers, administrateurs, etc., au service des nombreuses activités des
maisons de don Bosco.
Le règlement définitif du 12
juillet 1876 reprit en gros ce qui avait déjà été mis en œuvre, en précisant
toutefois que le pape avait assimilé cette association aux anciens tiers-ordres,
tout en indiquant le but spécifique des coopérateurs: ”l’exercice actif de la
charité envers le prochain et plus spécialement envers la jeunesse exposée aux
dangers du monde et de la corruption.”
Don Bosco, disciple de saint
François de Sales, estimait que la voie de la perfection était ouverte aussi aux
laïcs. Le but des coopérateurs s’avérait donc double:
1-proposer un moyen
de perfection à tous ceux qui sont raisonnablement empêchés d’aller se retirer
en quelque institut religieux.
2-participer aux
œuvres de piété et de religion que les membres de la Congrégation salésienne
(les religieux Salésiens) accomplissent en public ou en privé sous diverses
formes pour la plus grande gloire de Dieu et pour le bien des âmes. Don
Bosco ajoutait: “On peut facilement obtenir ces deux avantages en observant
les règles de cette Congrégation sur les points qui sont compatibles avec l’état
de chacun.
À cela s’ajoute un autre motif: la
nécessité de s’unir pour faire le bien. Donc: “Le but de cette association
est d’unir les bons catholiques dans la volonté de promouvoir le bien de notre
sainte religion et en même temps mieux assurer son propre salut par la pratique
de celles des règles de la Société de Saint François de Sales qui sont
compatibles avec l’état de celui qui vit dans le monde.”
Don Bosco écrira dans le Bulletin
Salésien de septembre 1877: “Un coopérateur peut faire du bien privément,
mais le résultat en reste fort limité et le plus souvent de brève durée. Au
contraire, uni à d’autres, il trouve appui, conseil, encouragement, et souvent
avec une légère fatigue il obtient beaucoup, parce que les forces, même faibles,
deviennent fortes quand elles s’unissent...”
Don Bosco détaille les œuvres
essentielles auxquelles devront s’adonner les coopérateurs, dont les principales
sont orientées vers la charité envers le prochain et l’éducation des enfants
pauvres.
Comme il le faisait avec les
Salésiens, s’adressant aux Coopérateurs don Bosco insistait particulièrement
l’obéissance due au pape: “Chaque associé aura particulièrement à cœur
d’empêcher tout discours et tout acte qui soient contre le Pontife romain et
contre son autorité suprême. Donc observer les lois de l’Église et en promouvoir
l’observance, inculquer le respect envers le Pontife romain, les évêques, les
prêtres.”
Suit un mot sur la presse : “...
Les Coopérateurs Salésiens mettront le plus grand soin à empêcher la diffusion
de la presse antireligieuse ou immorale, et à répandre de bons livres,
feuillets, opuscules, imprimés de toute sorte, dans les endroits et parmi les
personnes où il apparaîtra opportun de le faire.”
En 1874, le projet de don Bosco
concernant L’Œuvre des vocations Tardives reçut l’approbation de Pie IX.
Voici l’exposé des motivations exprimées par don Bosco:
“Les vocations sacerdotales
diminuent dans des proportions inquiétantes. Celles là mêmes qui persévèrent
courent maintenant, du fait du service militaire obligatoire, grand péril de
naufrage. Un moyen très efficace pour parer au mal est l’Œuvre des Vocations
tardives, recommandée et enrichie d’indulgences par Pie IX. Son but est de
recueillir des jeunes gens ou des hommes faits, pleins de bonne volonté et munis
d’aptitudes suffisantes, pour les acheminer vers le sacerdoce. L’expérience m’a
révélé que sur cent enfants qui commencent leurs études, dans l’intention de
devenir prêtres, à peine six ou sept persévèrent. Au contraire, parmi les
adultes, sur cent qui se mettent en route, environ quatre-vingt-dix arrivent au
terme...”
Léon XIII lira le mémoire complet
qui éclairera ses futures décisions. Don Bosco rédigea alors un petit document
qu’il pensait pouvoir répandre dans le clergé pour expliquer son œuvre. Il ne
put jamais obtenir l’imprimatur de Turin, et il fut obligé d’ouvrir sa première
maison de Vocations Tardives à Gênes. Les épreuves continuaient...
Don Bosco avait appris, en songe,
que sa congrégation partirait dans les missions lointaines. Il avait d’abord
pensé envoyer les siens en Éthiopie, puis en Chine ou en Australie, et enfin aux
Indes. Mais en décembre 1874, ce fut le consul d’Argentine qui vint, au nom de
l’Archevêque de Buenos-Aires, lui demander d’évangéliser les régions immenses et
désertes qui s’étendaient au sud du pays: Patagonie, Terre de Feu, Îles
Magellan...
L’année 1875 se passa à choisir et
à instruire quelques apôtres chargés d’ouvrir la route aux futurs missionnaires.
Dix partirent: quatre prêtres et six laïcs. Voici les conseils que Don Bosco
leur confia au moment du départ:
— Ne vous préoccupez que des
âmes, et faites fi des honneurs, des dignités, des richesses.
— Voulez-vous mériter les
bénédictions de Dieu et la bienveillance des hommes ? Ayez une tendresse
spéciale pour les malades, les enfants, les vieillards, les malheureux.
— Soyez toujours et partout
respectueusement soumis aux autorités civiles et religieuses.
— Faites-vous les apôtres de la
dévotion à l’Eucharistie et à Notre-Dame Auxiliatrice.
— Faites ce que vous pouvez et
abandonnez le reste au Seigneur.
— Ayez une confiance éperdue
dans l’Hostie et dans la Vierge Auxiliatrice, et vous verrez ce que sont les
miracles.
Le plus grand des miracles fut
certainement le développement prodigieux de cette œuvre missionnaire. Vingt ans
après l’arrivée des premiers Salésiens, les déserts d’Amérique du Sud étaient
conquis à l’Évangile: Patagonie et Pampa argentine formèrent un vicariat
apostolique. Bientôt on pourrait penser à l’Équateur, au Brésil, au Paraguay.
Incontestablement, les fils de
Saint Jean Bosco avaient été choisis pour être les grands spécialistes de
l’évangélisation des Indiens d’Amérique.
Don Bosco ne vit pas ces
merveilleux résultats: il mourut avant. Oui, mais il savait. En effet, la nuit
du 3 août 1883, un rêve épuisant lui avait fait parcourir toute l’Amérique du
Sud. Son petit ami, Louis Colle, mort deux ans plus tôt, en odeur de sainteté, à
l’âge de 17 ans, lui servait de guide en lui disant:
— Tenez, là, sous vos yeux...
sur les rives des fleuves, au cœur des forêts profondes, près de l’immensité des
flots, voici des milliers et des milliers de malheureux qui attendent la foi
depuis des siècles. Allez vers eux. Ils forment la moisson réservée aux
Salésiens.
Quant au chef de l’expédition, le
Père Cagliero, il mourut le dernier, cardinal, à l’âge de quatre-vingt-huit ans
en 1926.
La mission des Salésiens ne
s’arrêtera pas là. Le 9 avril 1886, au cours d’un dernier songe, la Vierge Marie
transporta don Bosco du pied de la Cordillères des Andes à Santiago et à
Valparaiso; puis de là, dans la brousse africaine et même à Pékin. Et la Dame
mystérieuse de dire:
— Ne t’inquiète pas. Ce sont non
seulement tes fils, mais les fils de tes fils et les fils de ceux-là qui
accompliront ces prodiges.
Don Bosco n’abandonna jamais ses
missionnaires, et jusqu’à sa mort il leur prodigua ses conseils. En voici
quelques-uns:
À un missionnaire inquiet :
“Quand le démon va te déranger
dans tes affaires, fais-en autant à son égard avec une oraison jaculatoire, avec
une mortification, en te fatiguant pour l’amour de Dieu.”
À un autre :
“Retiens ces quelques avis qui
sont pour moi comme un testament. Efforce-toi :
– de supporter les défauts
d’autrui même quand ils nous font du tort.
– de couvrir les taches des
autres,
– de ne jamais plaisanter
quelqu’un quand il en resterait offensé.
Travaille, mais travaille pour
l’amour de Jésus; souffre tout plutôt que de briser la charité.”
À un missionnaire gravement tenté :
“Dieu permet pour toi une grande
épreuve, mais tu en tireras un grand avantage. La prière surmontera tout.
Travail, tempérance, spécialement le soir, ne pas prendre de repos en cours de
journée, ne jamais dépasser les sept heures au lit: autant de choses très
utiles.
Aussi, à peine vois-tu venir la
tentation, mets-toi à travailler si c’est pendant la journée, à prier si c’est
pendant la nuit, et n’arrête la prière que vaincu par le sommeil. Mets ces
conseils en pratique; je te recommande durant la sainte messe. Dieu fera le
reste.”
À don Fagnano :
“... Partout où tu iras, cherche
à fonder des écoles; à fonder aussi des petits séminaires en vue de cultiver ou
au moins de chercher des vocations pour les Sœurs et pour les Salésiens...
Encore une chose: conserve
jalousement le secret de tout ce qui te sera confié par les confrères et par nos
sœurs, et donne-leur pleine liberté et assurance du secret pour leurs lettres
comme le prescrivent nos règles.” (10 août 1885)
Et à don Tomatis, le 14 août
suivant :
“Comme ma vie court à grands pas
vers son terme, les choses que je veux t’écrire dans cette lettre sont celles
mêmes que je te recommanderais dans mes derniers jours d’exil. Voici mon
testament pour toi, cher Tomatis: garde bien présent à l’esprit que tu t’es fait
Salésien pour te sauver; prêche et recommande la même vérité à tous nos
confrères. Rappelle-toi qu’il ne suffit pas de savoir les choses, il faut les
pratiquer... Tâche de voir avec tes propres yeux les affaires qui te concernent.
Quand un confrère se laisse aller à des manquements ou à des négligences,
avertis-le promptement sans attendre que les maux se soient multipliés.
Par ta manière de vivre
exemplaire, par ta charité dans les paroles, dans les ordres donnés, dans le
support des défauts d’autrui, tu en gagneras beaucoup à la Congrégation. Ne
cesse pas de recommander la pratique fréquente des sacrements de la confession
et de la communion.
À une jeune missionnaire
salésienne :
“Écoutez la voix de Dieu qui
vous appelle à vous sauver... Soyez même contente des troubles et inquiétudes
que vous éprouvez, car la voie de la croix est celle qui conduit à Dieu... Donc,
retenez:
On ne va à la gloire que
moyennant une grande fatigue.
Nous ne sommes pas seuls, mais
Jésus est avec nous, et saint Paul dit qu’avec l’aide de Jésus nous devenons
tout puissants.
Qui abandonne patrie, parents et
amis pour suivre le divin Maître, celui-là s’assure dans le ciel un trésor que
personne ne pourra lui enlever.
La grande récompense préparée
dans le ciel doit nous encourager à supporter n’importe quelle peine sur la
terre.
Prenez donc courage, Jésus est
avec nous. Quand vous avez des épines, mettez-les avec celles de la couronne de
Jésus-Christ.”
À une autre, Eulalie Bosco, une
petite nièce :
“Ce que l’on donne au Seigneur
ne se reprend plus. Retiens que la vie religieuse est une vie de continuels
sacrifices, mais que chaque sacrifice est largement récompensé par Dieu.
L’obéissance aux règles, l’espérance du prix qui nous attend: voilà notre seul
réconfort au cours de cette vie mortelle.”
Don Bosco allait bientôt mourir
quand on lui annonça le retour de Mgr Cagliero, l’enfant à qui, jadis, il avait
rendu la santé. La Patagonie venait à don Bosco en la personne d’une petite
fille de Patagonie... Don Bosco pouvait mourir, ce qui arrivera à Turin, le 31
janvier 1888.
[1] En
fait, une règle de vie chrétienne, apostolique pour laïcs. Projet des
associés de 1874.


|