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vision troisième
Sommaire : De la
construction de l'Eglise qui engendre toujours ses fils dans la régénération de
l'esprit et de l'eau. - Que l'Eglise dans sa naissance a été illustrée par les
apôtres et les martyrs. - Que l'Eglise est ornée par l'office sacerdotal et la
distribution des aumônes.- De la maternelle bonté de l'Eglise - Que l'Eglise non
encore parfaite, par la beauté de sa constitution arrivera à sa perfection
environ le temps du fils de perdition. - Comment l'Eglise élève dévotement ses
fils dans la pureté. - Que nulle perversité du démon ne peut ternir la beauté de
l'Eglise. - Que l'intelligence humaine ne peut saisir complètement les mystères
de l'Eglise. - De la virginité de Marie. - De l'étendue des sacrements de la
vraie Trinité. - Que le ministère des anges est pour chaque fidèle. - De ceux
qui dans foi de la sainte Trinité sont régénerés par l'Eglise mère qui conserve
son intégrité. - Comparaison du baume, de l'onix et de l'escarboucle, - Que la
bienheureuse Trinité apparaît. le ciel ouvert. aux baptisés, dans le baptême, et
que leur enlevant la tache du péché, elle les revêt de la robe d'innocence.- De
la plainte de l'Eglise sur l'erreur de ses fils. - Que deux signes ont été
donnés aux hommes pour se défendre. - Comparaison de la jeunesse. - Pourquoi une
double loi ne devait pas être donnée à Adam. - Que l'avertissement du
Saint-Esprit se manifestant, il menace l'antique serpent dans Noé, la
Circoncision le frappe à la m‚choire dans Abraham, l'Eglise le couvre de
chaînes. - De trois ailes, ce qu'elles signifient. - Que les mâles qui, au temps
de la Circoncision, ne furent pas circoncis, furent transgresseurs de la loi.-
Comme dans la création d'Adam, trois causes sont désignées, ainsi pareillement
trois causes sont (indiquées) dans l'homme, dans la procréation. - Que la femme,
par amour de Dieu, observant la virginité, est parée magnifiquement par Dieu. -
Que l'homme refusant le lien du mariage, par amour de Dieu, devient le compagnon
du Fils de Dieu. - Les paroles du Prophète Isaïe. - Que la chute d'Adam ferma le
ciel à l'homme ; et qu'il resta fermé jusqu'à la venue du Fils de Dieu.- Paroles
de l'Evangile. - Exhortation de Dieu. - Que dans la Circoncision d'Abraham, un
membre est circoncis ; mais dans le baptême du Christ tous les membres. -
Paroles de l'Evangile. - Qu'en tout temps et à tout ‚ge Dieu reçoit avec amour
dans le baptême, l'homme et la femme. - Qu'en l'honneur de la sainte Trinité,
trois (personnes) doivent être présentes au baptême, à savoir, le prêtre et deux
autres qui se portent garants de la foi du baptisé ; mais ils ne doivent pas lui
être unis par les liens charnels. - Comparaison de l'Enfant. - Que tous les
péchés sont remis dans le baptême. - Que bien que le prêtre soit un pécheur,
cependant Dieu accepte de lui l'office du baptême. - Comparaison du riche. -
Dans le cas de nécessité, faute de prêtre, tout fidèle peut baptiser, en
observant la forme du baptême.
Après cela, je vis comme une image
de femme, de proportions immenses, à l'instar d'une grande cité, elle avait la
tête couronnée d'un merveilleux diadème, et ses bras étaient entourés de
bracelets, splendeur rayonnant du ciel sur la terre.
(Son ventre) sa poitrine était comme un filet percé
de nombreuses cavités à travers lesquelles une grande multitude d'hommes
entraient. Elle n'avait ni jambes ni pieds, mais seulement se tenait sur son
ventre, en face l'autel qui est devant le regard de Dieu, en l'embrassant de ses
mains étendues. Elle plongeait ses yeux pénétrants dans le ciel immense. Et je
ne pouvais distinguer ses vêtements, si ce n'est que toute rayonnante de clarté
lumineuse, elle était environnée d'une grande splendeur. Sur sa poitrine était
comme une aurore empourprée, d'o j'entendis, dans une merveilleuse harmonie
chanter ce cantique, comme sortant du sein de la splendide aurore. Et cette
image répandit sa splendeur comme un vêtement, en disant : Il m'importe de
concevoir et d'enfanter. Et bientôt accourut à elle, avec la rapidité de
l'éclair, une multitude d'anges, dressant en elle des degrés et des sièges pour
les hommes, par qui l'image devait être complétée.
Ensuite je vis des enfants noirs,
rampant entre ciel et terre comme les poissons dans l'eau, et pénétrant dans le
ventre par les cavités de l'image qui étaient ouvertes à ceux qui voulaient
rentrer. Mais elle gémit, attirant plus haut ceux qui sortirent de sa bouche, et
elle-même restant dans son intégrité. Et voici que cette lumière sereine, et
dans elle la forme humaine complète, brillante d'un feu étincelant, m'apparut de
nouveau, comme dans la vision que j'avais eue précédemment; et leur enlevant à
chacun d'eux la peau noire, jetant ces dépouilles en dehors de la voie, elle
revêtit chacun d'eux d'une tunique resplendissante de blancheur, et découvrit à
chacun d'eux la lumière éclatante, en disant : Dépouille-toi de la vieille
iniquité, et revêts la jeunesse de la sainteté, car la porte de ton héritage
t'est ouverte. Considère donc comment tu es
instruit, afin de reconnaître le père que tu as confessé. Je t'ai reçu et tu
m'as confessé. Maintenant donc regarde ces deux sentiers, l'un vers l'orient,
l'autre vers l'aquilon. Si donc tu me regardes diligemment de tes yeux
intérieurs, comme tu l'as appris par la foi, je te recevrai dans mon royaume. Et
si tu m'aimes parfaitement, je ferai tout ce que tu demanderas. Mais si tu me
méprises, en t'éloignant de moi, et me laissant en arrière sans vouloir me
connaître ni me comprendre, toi qui es plongé dans le péché, en revenant à moi
par une pénitence sincère ; si tu as recours à Satan comme s'il était ton père :
alors tu tomberas dans la perdition, parce que tu seras jugé selon tes œuvres ;
car lorsque je t'ai donné le bien, tu n'as pas voulu me connaître.
Mais les enfants qui étaient rentrés dans le ventre
de l'image, se promenaient dans la splendeur qui l'environnait. Et elle, les
considérant avec bienveillance, disait d'une voix triste : Ces enfants qui
m'appartiennent, retourneront de nouveau en poussière ; cependant j'en conçois
et j'en enfante beaucoup qui me fatiguent, moi leur mère, par diverses
concussions et m'oppriment en me combattant par des hérésies, des schismes et
des querelles inutiles, par les rapines et les homicides, les adultères et les
fornications, et par beaucoup d'autres erreurs semblables. Mais un grand nombre
d'entre eux ressusciteront dans la vraie pénitence, pour la vie éternelle, et
beaucoup d'autres, par un faux entêtement, tomberont dans la seconde mort.
Et de nouveau, j'entendis une voix
du ciel qui me disait : L'édifice complet des âmes vivantes qui est élevé dans
le ciel de pierres vivantes, orné des ornements infinis des vertus, dans ses
fils qu'il contient à l'instar d'une immense cité : c'est l'énorme foule des
peuples, et, comme dans un large filet, une grande multitude de poissons.
Il resplendit très dignement par les vertus d'en
haut, suivant que I'œuvre des hommes fidèles prospère, au nom du Christ.
C'est pourquoi, ce que tu vois maintenant qui
ressemble à une image de femme, de proportions immenses, comme une grande cité,
désigne l'épouse du Fils de Dieu qui engendre toujours des fils par la
régénération de l'esprit et de l'eau ; puisque le Tout Puissant guerrier l'a
établie sur la grandeur des vertus, pour captiver et façonner la foule immense,
et l'élever à la dignité des élus. Et elle ressemble à une grande tour, Parce
que nul ennemi ne peut prévaloir contre celle qui chasse loin d'elle
l'infidélité par des combats victorieux, et qui se répand par les œuvres de la
foi : ce qui, dans le siècle mortel, est compris en ce sens que chaque fidèle
donne l'exemple à son prochain, ce par quoi ils accomplissent de nombreux actes
de vertu, en vue des choses célestes. Mais lorsque chacun des justes parviendra
jusqu'aux fils de lumière, alors apparaîtra en eux I'œuvre salutaire qu'ils ont
accomplie : ce qui ne peut être connu dans la mortalité de la poudre
terrestre,parce qu'il est impossible de le voir dans le trouble et l'inquiétude.
Elle a le front orné d'un merveilleux diadème, parce
que, à sa naissance, lorsqu'elle a été suscitée dans le sang de l'Agneau, parée
dignement par les apôtres et les martyrs, elle a été unie par de vraies
fiançailles à mon Fils ; parce que dans son sang elle s' est édifiée fidèlement
pour l'édification des saintes âmes. C'est pourquoi, de ses bras un
ruissellement de splendeur, comme de merveilleux bracelets, rayonne du ciel
sur la terre : ce qui signifie l'acte de puissance
qui s'accomplit par les prêtres, qui, avec la pureté du cœur et des mains, dans
le sacrement du corps et du sang du Sauveur offrent, en vertu des bonnes œuvres,
le saint Sacrifice sur le saint Autel. L'œuvre la plus noble est celle de ceux
qui font miséricorde, qui, dans leur générosité, secourent toutes les douleurs,
distribuant dans la bonté de leur cœur l'aumône aux pauvres, et se disant dans
la perfection de leur âme : Ce bien n'est pas à moi, mais à celui qui m'a créé ;
car cette œuvre inspirée par Dieu, est représentée devant ses yeux, dans le
ciel, lorsque par l'enseignement de l'Eglise, elle est accomplie sur la terre
par les âmes fidèles. Mais que son ventre soit comme un vaste filet, ayant de
nombreuses mailles par lesquelles pénètre la multitude nombreuse des hommes :
cela signifie la maternelle bonté de l'Eglise qui se manifeste dans la capture
des âmes fidèles, par l'élévation des vertus, au moyen desquelles les peuples
croyants s'entretiennent dévotement dans la vraie foi. Mais celui qui jette son
filet pour la capture des poissons, est mon Fils, l'époux de l'Eglise bien-aimée
qu'il a épousée dans son sang, pour réparer la chute de l'homme perdu.
Elle n'a ni jambes ni pieds, parce qu'elle n'est pas
parvenue à la force de sa constitution, et à la suprême beauté de sa perfection
; parce qu'environ le temps du fils de perdition (I'Antechrist), qui doit
induire le monde en erreur, elle doit souffrir abondamment dans ses membres, les
persécutions violentes et sanglantes de sa perversité cruelle; et étant conduite
par les calamités de ses blessures sanglantes à l'état parfait, elle courra avec
allégresse dans Ia céleste Jérusalem ; et de même qu'elle est devenue la
nouvelle épouse bien-aimée du Fils de Dieu, dans l' effusion de son sang, elle
sera introduite avec le même amour dans la plénitude de la vie, au milieu de
l'allégresse de ses enfants.
Mais elle se tenait seulement sur
son ventre, en face l'autel qui est devant les yeux de Dieu, et l'embrassait de
ses mains étendues parce qu'elle est toujours enceinte et dans l'enfantement,
par la véritable ablution, et telle offre ses enfants très dévotement à Dieu,
par les prières très pures des saints ; et, par la suave odeur du discernement
des vertus cachées ou manifestes, qui sont exposées à l'intention des yeux de
l'âme ; laissant de côté toute trace de simulation et tout désir d'humaine
gloire, comme l'encens est purifié de tout mélange contraire à son parfum ; et
cette opération fructueuse est un sacrifice très agréable aux yeux de Dieu ; par
lequel la nouvelle épouse accomplit, avec toute l'ardeur de son désir, les
œuvres des vertus fécondes, aspirant vers les choses célestes, et édifiant par
le trentième, le soixantième et le centième fruit, la haute tour des murailles
éternelles. C'est pourquoi elle plonge ses
yeux dans l'immensité des cieux, parce que nulle perversité ne peut ternir son
intention, qu'elle maintient dévotement dans les choses célestes ; ni aucune
persuasion de l'erreur diabolique, ni l'hérésie du peuple prévaricateur, ni les
agitations des peuples divers, chez lesquels les hommes insensés se déchirent
cruellement dans le déchaînement de leur fureur.
Mais que tu ne puisses distinguer aucun de ses
vêtements, cela signifie, que l'intelligence humaine obscurcie par l'infirmité
de sa nature fragile, ne peut comprendre parfaitement ses mystères ; si ce n'est
que resplendissante d'une merveilleuse clarté, elle est environnée de lumière,
parce que le vrai soleil, par la claire inspiration du Saint-Esprit et le digne
ornement des vertus, la pénètre de toute part.
Sur sa poitrine est comme une aurore empourprée, parce que dans le cœur des
fidèles l'intégrité de la bienheureuse Vierge, engendrant le fils de Dieu,
brille de la plus ardente dévotion. Ce qui fait que tu entends un ensemble
d'harmonies délicieuses, qui répètent les louanges de la Vierge, au milieu de
cette aurore resplendissante : c'est que la voix des croyants, comme il apparaît
à ton esprit, s'élève dans un concert unanime, pour exalter avec l'église
universelle la Virginité sans tache de Marie.
Mais, que cette image étende sa splendeur comme un vêtement, en disant qu'il
importe qu'elle conçoive et enfante : cela signifie que dans l'église se répand
le dogme de la vraie Trinité, parce que son voile s'étend pour la protection des
peuples fidèles, à travers lesquels elle s'élève pour l'édification des pierres
vivantes, blanchies dans la fontaine du bain très pur, comme il est nécessaire
qu'elle le confesse pour le salut, afin qu'elle conçoive des fils par la bonne
parole, et qu'elle les enfante dans l'ablution, par la régénération de l'esprit
et de l'eau. C'est pourquoi se précipite vers elle, avec la rapidité de
l'éclair, la multitude des anges, établissant des sièges et des degrés en elle,
pour les hommes par lesquels cette même image doit être achevée, parce que, à
tout homme croyant, se manifeste le ministère redoutable et aimable des esprits
bienheureux, qui préparent à ces fidèles l'ascension, par la foi et l'espérance,
dans le souverain repos, par lesquelles marques on reconnaît que la bienheureuse
mère l'Église doit arriver à sa suprême perfection.
Mais ensuite, tu vois des enfants
noirs se trouvant, près de terre dans l'air, comme les poissons dans l'eau,
pénétrant dans le ventre de l'image, à travers les mailles (du filet) par
lesquelles elle est ouverte à ceux qui veulent rentrer : ce qui signifie la
noirceur des hommes insensés, qui ne sont pas encore lavés dans le bain du salut
; mais qui, aimant les choses terrestres et les recherchant en toutes choses,
pour faire leur demeure dans leur instabilité, parviennent enfin à la mère de
sainteté ; et, considérant la dignité de ses mystères, reçoivent sa bénédiction
(bonne parole), par laquelle ils sont enlevés au démon et rendus à Dieu ; se
soumettant à la sacrée constitution de l'Église, par laquelle l'homme fidèle
doit être béatifié pour le salut, lorsqu'ils disent en eux-mêmes : Je crois en
Dieu, et les autres paroles qui concernent la foi bienheureuse. C'est pourquoi
elle gémit, attirant plus haut ceux qui sortent de sa bouche, sans que son
intégrité soit lésée, car cette mère bienheureuse soupire dans son cœur,
lorsqu'elle consacre par le baptême, avec l'onction du saint chrême, dans la
sanctification du saint Esprit, afin que l'homme, dans la vraie circoncision de
l'esprit et de l'eau, soit innové, en l'élevant de cette manière à la vraie
béatitude, qui est le but de toute chose ; et qu'il devienne ainsi membre du
Christ, lorsque par l'invocation de la sainte Trinité, comme par la bouche de la
bienheureuse Marie, l'homme est régénéré pour le salut. Cette mère ne souffre
aucune lésion, parce qu'elle doit rester pour l'éternité dans l'intégrité de sa
virginité, ce qui est de foi catholique, car elle est née dans le sang de
l'agneau véritable, son époux qui, sans aucune corruption de son intégrité, est
né de la Vierge très pure. Ainsi elle-même restera l'épouse immaculée, que nul
schisme ne pourra corrompre.
Souvent cependant elle est
persécutée par la perversité des hommes, mais avec l'aide de son époux elle se
garde très puissamment; comme la vierge qui, souvent, dans la concupiscence de
la chair, est poursuivie par la malice du démon et par les suggestions de
beaucoup d'hommes, mais cependant, par les prières qu'elle adresse au Seigneur,
elle se délivre vaillamment de leurs tentations, et conserve sa beauté
(virginale). Ainsi pareillement l'Église repousse les corrupteurs pervers qui
propagent Ies hérésies, celles des mauvais chrétiens, aussi bien que des Juifs
et des autres infidèles qui l'infectent voulant corrompre sa virginité, qui est
la foi catholique, mais elle leur résiste courageusement de peur d'être
corrompue, car elle a toujours été vierge, elle l'est et le restera ; sa vraie
foi qui est la matière de sa virginité, restant toujours à l'abri de toute
erreur ; comme l'honneur d'une vierge chaste persévère, dans la matière de la
pudeur de son corps, en se préservant de toute souillure de passion. C'est
pourquoi l'Église est la mère vierge de tous les Chrétiens ; parce qu'elle les
conçoit et les enfante par le mystère du Saint-Esprit, en les offrant à Dieu, de
telle sorte qu'ils sont appelés les Fils de Dieu. Et de même que le Saint-Esprit
a couvert de son ornbre la bienheureuse mère, pour qu'elle engendre et enfant‚t
merveilleusement, sans douleur, le Fils de Dieu, et qu'elle reste cependant
vierge ; ainsi pareillement l'Église, bienheureuse mère des croyants, est
illustrée par le Saint-Esprit ; et elle conçoit et -engendre simplement des
fils, sans aucune corruption, en restant vierge.
Comment cela ? Comme le baume dégoutte de l'arbre et
comme les remèdes efficaces coulent du vase d'onyx qui les renferme, et comme la
splendeur rayonnante jaillit sans entrave de l'escarboucle : ainsi le Fils de
Dieu est né d'une vierge, sans aucun obstacle de corruption, et ainsi l'Église
son épouse engendre ses fils, sans aucune souillure d'erreur, et restant vierge
dans l'intégrité de la foi. Mais tu vois
comment cette splendide lumière, et, dans elle, la forme de l'homme toute
rayonnante d'un feu brillant, t'apparaît de nouveau comme dans une vision
précédente : c'est parce que la vraie Trinité, dans la véritable unité, à savoir
la splendide lumière du Père, et dans le Père, son Fils très doux, qui est avant
le temps dans le Père selon la divinité, mais est conçu du Saint-Esprit et né de
la Vierge, selon la chair et dans le temps, comme il t'a été indiqué dans une
vision véritable, t'est montrée maintenant aussi pour la confirmation de la foi
; parce que la même Trinité bienheureuse apparaît, le ciel ouvert, aux baptisés
dans le baptême, afin que l'homme fidèle accepte cette foi et qu'il honore un
Dieu en trois personnes; et cette (trinité) apparut aussi véritablement dans le
premier baptême. Et, retirant à tous leur peau
noire pour les rejeter loin de la voie, elle revêt chacun d'eux de la robe
d'innocence, et leur découvre une splendide lumière, en leur disant les paroles
de bon conseil ; parce que la divine puissance qui voit les cœurs des hommes,
efface miséricordieusement l'infidélité de leurs crimes dans l'eau du baptême,
et rejette loin de la voie, qui est le Christ, ces péchés ; parce que la mort
n'est pas dans le Christ mais la vie, par la confession sincère et par
l'ablution des péchés ; puisque par lui, chaque fidèle est revêtu de la robe du
salut ; et par lui, la porte rayonnante de clarté du bienheureux héritage duquel
le premier homme a été chassé, lui est ouverte ; étant averti, par les paroles
de la vérité, de déposer sa vieille habitude de l'iniquité pour accepter, en vue
du salut, le nouveau don de la grâce.
Mais que les enfants qui étaient
rentrés dans le ventre de l'image, marchent dans la splendeur qui l'environne :
cela signifie que ceux dont la sainte Eglise est devenue la mère, dans la
fontaine du saint baptême, doivent rester dans la loi divine qui embellit et
orne cette mère, et dont elle les a instruits pour qu'ils la conservent
toujours, de peur qu'en l'abandonnant, ils ne se souillent de nouveau des péchés
dont ils ont été purifiés. Aussi, les regardant avec bonté, elle dit d'une voix
triste : que ces fils qui sont siens retourneront en poussière ; parce que la
même bienheureuse mère, les aimant d'un amour intérieur et compatissant à leurs
maux du fond de ses entrailles, se plaint que ceux qu'elle a engendrés dans le
bain de la régénération, et qui ont été purifiés pour les choses célestes, de
nouveau attirés par les biens terrestres, se vautrent dans le péché. Comment ?
Parce que beaucoup, acceptant extérieurement la foi, la combattent
intérieurement par des vices divers, suivant davantage la voie de l'erreur que
celle de la vérité ; du nombre desquels cependant plusieurs reviennent de
l'erreur, et d'autres persévèrent dans l'iniquité, comme le démontre cette mère
par les paroles ci-dessus. Car les hommes se
reconnaissent à deux signes indiqués par la loi, à savoir : la circoncision pour
les anciens pères, et le baptême pour les nouveaux docteurs ; et les hommes leur
sont insoumis comme le bœuf à son joug, car, bien qu'il soit contraint par
l'aiguillon, il tracerait un sillon de travers, s'il n'était pas assujetti au
joug. De la même manière, les hommes ne marcheraient pas dans mes voies, s'ils
n'étaient assujettis au joug de mes signes. C'est comme si un jeune homme,
marchant par quelque sentier, son père lui disait : Marche par le droit chemin;
sans lui donner cependant un glaive ni d'autres armes belliqueuses, pour se
défendre en cas de péril. Que ferait-il alors? Il fuirait dénudé, et n'oserait
ni ne pourrait se défendre du péril qui le menacerait, pour le détourner de sa
route ; mais il se cacherait, parce qu'il ne serait pas défendu par l'armure
terrible qui pourrait le préserver.
Ainsi, mon peuple serait nu s'il
n'était pas baptisé ; c'est pourquoi il apparaît terrible à ses ennemis qui le
voient marqué de l'onction du baptême, par lequel signe il résiste puissamment à
ceux qui veulent le détruire, que ce soit la foule humaine ou la légion
diabolique. Mais une double loi ne devait pas
être donnée à Adam. Comment ? Je lui ai donné une loi, à propos de l'arbre (de
la science du bien et du mal), lorsqu'il me regardait dans l'innocence de son
cœur ; mais lui-même me méprisa en se soumettant aux perfides suggestions de
Satan ; ce qui fut si nuisible, qu'il ne peut plus me voir de ses yeux mortels,
tant qu'il reste dans ce siècle qui passe. Mais, parce qu' Adam transgressa mon
précepte, il demeura sans loi avec tout le genre humain, jusqu'au temps ou fut
prédite la grande naissance du Fils de Dieu. Et l'avertissement du Saint-Esprit
à Noé fut fait lorsque le genre humain se hâtait vers sa perte : alors, sur le
déluge, s'érigea l'arche, parce que Dieu prévit, avant les siècles, qu'après
cette humanité qui s'était souillée de la plus noire iniquité, une nouvelle race
devait surgir. Car, après la mort d'Adam, sa race, ignorant que je suis Dieu,
errait en disant : Qui est Dieu ? qui est Dieu? Et alors naissait parmi eux tout
mal, de telle sorte que l'antique serpent, ayant brisé ses liens,courut au
milieu d'eux pour leur persuader de faire toute sa volonté. Car il était
déchaîné alors ; de telle sorte que, sans être menacé avant le déluge,
l'avertissement du Saint-Esprit lui était un obstacle, comme je fus son
adversaire en Noé par lequel naquit une nouvelle race ; lorsque j'instruisis
tellement mon peuple, qu'il ne pût oublier mes leçons. Car l'avertissement du
Saint-Esprit fut la première menace qui lui fut adressée en Noé ; mais ensuite,
la circoncision le frappa à la mâchoire, dans la personne d'Abraham ; et après,
l'Église le lia pour une ère nouvelle, jusqu'au temps ou le monde passera, au
dernier jour. Mais moi, je permis que Satan
exerçât sa puissance dans le monde, avant le déluge, à cause de l'antique combat
dans lequel il vainquit Adam, jusqu'à ce qu'il eût rempli son ventre du cadavre
de toute iniquité ; et cela, je le permis parce que mon jugement est juste.
C'est pourquoi aussi je suscitai les eaux du déluge, et je fis mourir les
pécheurs, réservant pour mes desseins mystérieux Noé, que le même Satan ne put
dépouiller ; parce que, par ma volonté, (il l'emportait) sur le déluge. Et moi,
je désignai dans le déluge un germe très pur, à savoir en annonçant au nouveau
siècle mon Fils qui, venant silencieusement dans le monde, manifesta que la
sainte Trinité devrait être véritablement adorée. Comment? Il montra trois ailes
qui signifient la sainte Trinité ; ou toi Synagogue, tu me renieras, là, un
autre peuple me reconnaîtra, et toi tu me glorifieras, ô Abraham. Car tu es
fortifié par la circoncision, tu es environné de la forteresse de l'Ancien
Testament, tu es orné de l'aurore du soleil de l'Église. Car je t'ai donné, à
toi et à ta race, la circoncision, jusqu'à la venue de mon Fils, qui remettra
ouvertement les péchés des hommes, et qui fera tomber la circoncision charnelle
de l'ancien prépuce ; lorsque la fontaine du baptême surgira véritablement, dans
la sanctification du bain de mon Fils. Mais
ceux qui de ta race ne furent pas circoncis, au temps qui leur avait été
prescrit, qu'ils fussent jeunes ou avancés en ‚ge, transgressèrent le pacte de
mon alliance, excepté les femmes auxquelles la circoncision ne fut pas ordonnée
; car la femme ne peut être circoncise, parce que le sein maternel est en elle,
et ne peut être touché extérieurement ; et parce qu'elle est sous la puissance
du mari, comme le serviteur sous celle de son maître. Car l'homme a trois
mobiles de ses actes : la concupiscence, la force et l'amour.
La concupiscence embrase la force
et l'inclination vers l'objet, l'ardeur de la volonté proviennent des deux. Cela
est ainsi, de même que dans la création d'Adam trois causes se manifestent,
parce que la volonté de Dieu a formé l'homme pour manifester sa puissance, et il
a complété son œuvre, pour prouver son amour infini, lorsqu'il a créé l'homme à
son image et à sa ressemblance. D'une part, la volonté de Dieu, de l'autre, la
concupiscence de l'homme ; la puissance de Dieu et la force de l'homme; l'amour
provenant de la volonté et de la puissance de Dieu, l'inclination de la
concupiscence et de la force de l'homme. De cette manière, le genre humain est
procréé par l'homme, de la femme, parce que Dieu a fait l'homme du limon de la
terre, et la femme est constituée, en vertu de l'honneur, procréatrice, pour
l'enfantement, comme la terre, en vertu du germe, pour produire des fruits.
Comment cela ? La femme, au temps voulu, sent se révéler en elle cette humeur
qui verse en elle la chaleur et la vertu procréatrice ; sans quoi, elle ne
recevrait pas volontairement l'homme ; mais le méprisant, elle s'opposerait à sa
volonté, et la procréation ne se produirait pas. Car si elle n'avait pas en
elle, par la chaleur, la vertu procréatrice, elle resterait stérile, comme la
terre aride qui ne peut être fécondée. Mais cette vertu ne produit pas toujours
dans la femme, par la chaleur, l'incendie de la concupiscence ardente, avant
que, touchée par l'homme, elle ressente l'ardeur de la passion : car, dans elle,
la concupiscence n'est pas si forte et si ardente que dans l'homme, qui est
puissant comme le lion, pour la concupiscence de I'œuvre de procréation ; de
telle sorte qu'il a la force de la concupiscence et de l'acte ; la femme ne
pouvant que se soumettre à l'empire de sa volonté, car elle est occupée à la
procréation, jusqu'à ce qu'elle produise ses fils dans le monde.
Lorsque la femme aime mon Fils,
désirant, dans son amour, observer la virginité : elle est toute belle dans son
lit nuptial, parce qu'elle méprise l'ardeur qu'elle supporte pour sa charité ;
ne voulant pas se laisser consumer par le feu de la passion, persévérant dans sa
pudeur, car elle méprise l'homme charnel dans ses épousailles spirituelles,
aspirant de tout son désir à la possession de mon Fils et repoussant le souvenir
de l'homme charnel. Ô rejetons très chers! ô fleurs plus douces et plus suaves
que tous les parfums ! ou la débile et faible nature s'élève comme l'aurore pour
les épousailles de mon Fils, l'aimant d'un chaste amour, elle, étant son épouse,
et lui étant son époux ; car il aime infiniment cette race de vierges, qui doit
être ornée de parures insignes dans le royaume d'en-haut. Mais encore ?
Lorsque la vertu de l'homme refuse de contracter le
lien matrimonial, de telle sorte que l'homme, pour l'amour de mon Fils, se
contraigne dans la vigueur de sa nature qui s'épanouit en vue de la procréation,
réprimant ses membres pour qu'ils n'exercent pas la concupiscence de la chair:
cela m'est très agréable, parce que l'homme, de cette manière, est vainqueur de
soi-même. C'est pourquoi je le ferai le compagnon de mon Fils, et je le placerai
comme un miroir très pur devant sa face, parce qu'il résiste courageusement au
démon, qui avait attiré à lui le genre humain, par l'infidélité de sa faute
honteuse. Pour qu'il fût arraché de ses liens, j'ai envoyé mon Fils dans le
monde, né d'une Vierge très douce, sans aucune souillure du péché ; faisant
couler la fontaine du salut, que lui-même l'agneau innocent consacra, afin que
le prépuce (la marque) de l'ancien crime fût aboli par lui. Que signifie cela?
Le prépuce très fâcheux, c'est le crime de la transgression d'Adam, que mon fils
enleva, lorsque lui-même, entrant dans la fontaine du salut, consacra divinement
la cohorte chrétienne, afin que l'antique serpent qui avait trompé l'homme, fût
noyé dans ce bain. Comment ? Le Fils répond à la condition de son Père, et garde
son héritage. Que signifie cela ? La race d'Adam, par sa transgression, fut
chassée du Paradis ; et par le baptême du salut, elle reçut de mon Fils une
nouvelle vie. Comment ? Lui-même fit entendre la voix de la bonne parole, aux
incrédules qui résistèrent à mes préceptes ; de telle sorte que, dans la
crainte, ils demandassent le pardon dans un esprit de contrition, comme Isaïe
mon serviteur, selon ce qu'il a reçu de moi, en rend témoignage en disant . Et
ils viendront à toi, les fils humiliés de ceux qui t'avaient abaissé ; et ils
adoreront les vestiges de tes pas, ceux qui te calomniaient
.
Que signifie cela ?
Ô toi qui es la paix suprême et le soleil très pur,
par toi germera la racine vivante, qui est la régénération de l'esprit et de
l'eau ; lorsque viendront à te connaître ceux qui, dans l'inf‚mie de leurs
crimes, étaient sous le coup de la malédiction ; et ainsi, humiliés, ils se
lèveront enfin pour la vérité et pour la justice. Comment ? Ils goûteront
eux-mêmes la maternelle douceur de la vraie foi, en la voyant réellement, sans
la comprendre ; mais en la saisissant par la fidélité de leur croyance. Et quels
sont ceux-là ? Ceux qui, sortis du milieu d'eux par la matérialité du péché, ne
te virent jamais avec une charité ardente ; mais en t'opprimant cruellement,
t'affligèrent obstinément, comme si tu ne l'emportais pas sur eux; et, revenant
à des sentiments meilleurs, t'aimèrent affectueusement. Et c'est pourquoi,
lorsqu'ils auront embrassé la vraie foi, ils te regarderont comme leur roi et
t'adoreront comme Seigneur, et ils se hâteront de courir, en suivant les
sentiers sacrés que tu leur as indiqués ; de telle sorte qu'ils te contempleront
toujours, les mains levées vers toi, et ils seront toujours avec toi dans
l'accomplissement des bonnes œuvres, par la foi, c'est-à-dire sans éprouver
d'ennui en ta présence ; et ceux-là agiront ainsi, qui, auparavant, te
déchirèrent sans crainte et sans respect, et qui, dans la haine et l'envie, se
séparèrent de toi, avant que, te voyant dans l'ardeur de leur foi, ils
s'unissent à toi amoureusement.
Que signifie cela ? La chute
d'Adam ferma le ciel dans mon indignation, lorsque l'homme me méprisa et qu'il
écouta la fourberie du serpent. C'est pourquoi la gloire du paradis lui fut
interdite. Et cette déchéance dura jusqu'à la manifestation de mon Fils qui, par
ma volonté, entra dans les eaux du Jourdain ; ou ma voix retentit clairement,
lorsque je dis qu'Il était mon Fils bien aimé, dans lequel j'ai mis toutes mes
complaisances ; parce que je voulus, à la fin des temps (marqués), racheter
l'homme par mon Fils, qui m'est uni d'un lien d'amour, aussi indissolublement
que le rayon adhère au miel, et qui aussi me désignait, moi fontaine de vie,
lorsque lui, fontaine du salut, ressuscitait, les âmes de la mort éternelle, en
leur accordant la rémission des péchés, dans l'eau, par le Saint-Esprit. C'est
pourquoi le Saint-Esprit lui apparut, parce que la rémission des péchés se fait
par lui aux fidèles, quand, par un mystère mystique, le Saint-Esprit, sous la
forme d'une colombe douce et naïve, manifesta mon Fils unique ; car le
Saint-Esprit est la justice infinie et le sincère distributeur de tous les dons
parfaits. Et cela était convenable, parce que
mon Fils est né d'une vierge, sans aucune souillure de crime, afin que l'homme
aussi, qui est né avec le péché, de l'homme et de la femme, pût renaître
splendidement et glorieusement sans péché, comme mon Fils dit lui-même à
Nicodème dans l'Evangile : En vérité, en vérité, je te le dis, si quelqu'un
ne renaît pas de l'eau et de l'esprit il ne peut rentrer dans le royaume de Dieu
.
Que signifie cela ? Je te le dis
avec une certitude constante et non avec une ambiguïté instable, à toi qui es né
de la corruption : que l'homme qui a été engendré dans la chaleur de la
concupiscence et enveloppé d'un vêtement contaminé, s'il ne renaît pas dans la
vraie joie du nouvel enfantement, dans l'eau de la sanctification et l'esprit
d'illumination, sera confondu dans le temps de sa négligence. Comment ? Parce
que l'homme, comme l'eau, inonde avec l'esprit de sa force, car, de même que
l'eau purifie les souillures, et que l'esprit vivifie les choses inanimées,
(s'il n'est pas purifié dans une génération véritable), il ne pourra, par la
porte du salut, devenir l'héritier du royaume de son Créateur, parce qu'il est
embarrassé dans les liens du péché du premier père, que Satan a trompé
frauduleusement. Comment ? Car, de même que le voleur qui veut prendre le trésor
précieux du roi, rentre furtivement: ainsi une conception défectueuse s'insinue
par l'orifice creusé par l'artifice de Satan, de telle sorte qu'il enlève
méchamment lui-même, en ceux qui sont le tabernacle du Saint-Esprit, la perle de
l'innocence et de la chasteté. C'est pourquoi maintenant ils doivent être
purifiés par l'opération sainte de l'ablution. Car l'ardeur mortelle que la
passion embrasa dans l'augmentation de la concupiscence, provenant de la
prévarication des préceptes du Dieu tout-puissant, devait être éteinte
(submergée) par celui qui ne cache jamais envieusement ses merveilles, mais les
dévoile miséricordieusement dans son amour incompréhensible. Ecoutez donc le
Fils, dans sa constitution, en vue de la régénération qui est la révélation de
mon royaume ; et apprenez de lui, à accomplir mes préceptes. Faites ainsi, car
cela m'est agréable, et prenez garde que l'antique serpent ne vous séduise ; et
vous ne mourrez pas, si vous gardez (l'innocence) de votre baptême, comme il
vous est ordonné, au nom de la sainte Trinité. Et toutes les fois que vous
tomberez, relevez-vous en vous corrigeant, par la pénitence que vous ferez de
vos fautes, selon ma miséricorde. Ô vous, mes fils bien-aimés, reconnaissez la
bonté de votre père, qui vous a délivrés en vertu de ses mérites, par la
confession sincère et le pardon véritable, de la gueule du démon ; et qui vous a
octroyé tous les biens, en vertu desquels vous devez travailler pour posséder la
céleste Jérusalem, que vous avez perdue par une fourberie désastreuse ; car nul
ne peut récupérer l'héritage perdu, que par la sueur du travail. Mais vous
pouvez recevoir la suprême béatitude, c'est-à-dire l'excellence de votre
héritage facilement et non en vertu d'une loi difficile. Car le Saint-Esprit,
comme il a été dit, chasse de l'homme la puissance de Satan par le baptême, le
sanctifiant comme un homme nouveau, par la régénération ; afin qu'il puisse
recouvrer les joies perdues. C'est pourquoi, quiconque veut être sauvé par la
purification des péchés, ne refuse pas d'être régénéré.
Car j'ai ordonné aux mâles de la race d'Abraham la
circoncision d'un seul membre ; mais, par mon Fils, j'ai prescrit aux hommes et
aux femmes de tous les peuples la circoncision de tous les membres.
Comment ? La Circoncision du baptême a pris son
origine dans le baptême de mon Fils; et elle doit durer jusqu'au dernier jour ;
et après ce jour sa sainteté durera pour l'éternité et n'aura pas de fin ; et
ainsi, ceux qui seront circoncis dans le bain du baptême se conserveront, s'ils
persévèrent dans l'innocence baptismale, par l'accomplissement des bonnes œuvres
; parce que je recevrai l'homme, jeune ou avancé en ‚ge, s'il est fidèle à
l'alliance qu'il a contractée avec moi, en croyant à ma parole, en me confessant
dans la Trinité véritable, par lui-même ou par ceux qui répondaient pour lui,
soit qu'il fût enfant, ou qu'étant muet et privé de la parole, il dût emprunter
le langage d'autrui ; et je ne le perdrai pas pour l'éternité, comme celui qui
aurait refusé de recourir à cette fontaine, et d'accomplir les œuvres de la foi
; ainsi qu'il est écrit dans la doctrine de l'Evangile de mon Fils : Celui qui
croira et sera baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné
.
Que signifie cela? L'homme qui,
par sa science qui est I'œil intérieur, voit ce qui est caché au regard
extérieur, et ne doute pas de ces choses, celui-là croit d'une manière très
sûre, et c'est la foi, car, ce que l'homme voit extérieurement, il le connaît
aussi extérieurement ; et ce qu'il voit en soi, intérieur, il le considère
également en lui-même. C'est pourquoi, lorsque la science de l'homme regarde
amoureusement, par le miroir de la vie, l'incompréhensible divinité que I'œil
extérieur ne peut contempler: alors les désirs de la chair sont réprimés et se
heurtent contre la pierre. Aussi l'esprit de cet homme aspire vers les vrais
sommets, ressentant cette régénération, que le Fils de l'homme, conçu du
Saint-Esprit, apporta, qu'une mère très pure reçut, non de la chair de l'homme
qui peine dans la volupté, mais par un mystère du créateur de toutes choses. Ce
Fils plein de douceur, venant (en ce monde) montra dans l'eau un très pur et
vivant miroir ; de telle sorte que, par lui, l'homme vit dans la régénération.
Car, de même que l'homme naît de la chair, par la divine puissance qui le crée
sur la forme d'Adam : ainsi le Saint-Esprit restitue la vie à l'âme, par le
baptême de l'eau, lorsqu'elle reçoit en elle l'esprit de l'homme, pour le
ressusciter à la vie, comme auparavant il a été suscité dans le sang lorsqu'il
s'est manifesté dans le vase corporel. De même en effet que la forme de l'homme
prend une manière sensible, lorsqu'elle est appelée homme : ainsi l'esprit de
l'homme, devant les yeux de Dieu, est vivifié dans l'eau (baptismale), afin que
Dieu le reconnaisse pour l'héritage de vie. De là vient que celui qui (se
purifie) à la fontaine du salut, et ne viole pas le pacte de justice, trouve la
vie dans le salut, parce qu'il a cru fidèlement. Mais celui qui ne veut pas
croire est mort, parce qu'il ne possède pas le souffle de l'esprit, qui peut le
faire voler dans les hauteurs du ciel. Or dans son aveuglement il t‚tonne, ne
vivant pas dans la science ténébreuse de la chair, parce qu'il ignore la
discipline de vie, que Dieu a inspirée à l'homme, qui veut monter plus haut
contre la volonté de la chair. C'est pourquoi, celui-là sera condamné dans la
mort d'infidélité, parce qu'il n'a pas reçu le baptême du salut. Car je n'ai
écarté ni les temps ni les races de ce salut, mais j'ai donné
miséricordieusement cette vocation à tout peuple, par mon Fils.
En effet, en quelque temps que ce
soit, des heures qui passent, de quelque sexe ou de quelque âge que soit
l'homme, mâle ou femelle, enfant ou vieillard, lorsqu'il reçoit le baptême dans
un sentiment de dévotion, je le reçois avec l'aide de l'amour. Et je ne refuse
pas le bain du baptême de l'enfant, comme quelques faux docteurs le disent ; et
ils mentent en prétendant que je dédaigne une telle oblation, puisque dans
l'Ancien Testament je n'ai pas refusé la circoncision de l'enfant, que lui-même
ne pouvait demander de sa voix, ni accepter par sa volonté, mais que les parents
accomplissaient pour lui. Ainsi pareillement, dans la nouvelle grâce, je ne
dédaigne pas le baptême de l'enfant, quoiqu'il ne le demande ni par sa parole ni
par son consentement; mais ces choses se faisant pour lui, par l'intermédiaire
des parents. Et cependant, si celui-là (le baptisé) désire mériter le salut, il
doit accomplir le plus équitablement la promesse fidèle que les siens ont faite
pour lui, en le présentant à la fontaine Sacrée. Ils doivent être trois, en
l'honneur de la sainte Trinité, à savoir : le prêtre qui le baptise, et deux
autres qui prononcent pour lui les paroles de foi. Mais ceux là sont ainsi unis
par le baptême au baptisé ; et ils ne peuvent lui être unis pour la procréation
charnelle, à cause du lien spirituel qui les attache à lui car, dans le baptême
de mon Fils, moi Père, je me manifestai: ce que montre le prêtre qui bénit dans
l'administration du baptême ; et le Saint-Esprit descendit sous la forme d'une
colombe: ce qu'indique, dans la simplicité du cœur, celui qui parle pour
l'instruire à celui qui reçoit le baptême ; et mon Fils qui devait être baptisé
dans la chair était là : ce qu'indique la femme présente dans sa douceur
maternelle, pour la très douce incarnation de ce même Fils. Et maintenant ? De
même que l'enfant se nourrit corporellement du lait et des mets à lui préparés
par un autre : ainsi pareillement, il doit observer du fond du cœur la doctrine
et la foi à lui proposées dans le baptême. Que, s'il ne suce pas le sein
maternel et ne prend pas la nourriture qu'on lui prépare, il meurt incontinent :
de même, s'il ne reçoit pas la nourriture de sa très pieuse mère l'Église, et ne
garde pas les paroles que les fidèles docteurs proposent dans le baptême, il
n'évite pas la cruauté de la mort de l'âme, parce qu'il refuse le salut de son
âme et les délices de la vie éternelle. Et de même que, pour l'enfant qui ne
peut mâcher de ses dents la nourriture corporelle, un autre les prépare pour
lui, de peur qu'il ne meure : ainsi pareillement il faut faire, lorsqu'il n'a
pas de parole, pour confesser ma foi dans le baptême des tuteurs spirituels
doivent lui proposer la nourriture de vie, c'est-à-dire la foi catholique, de
peur qu'il ne tombe dans les liens de la mort éternelle.
Comment ? Le Seigneur propose à
son serviteur sa volonté, par la voix de celui qui enseigne, et il l'accomplit
par la crainte ; et la mère instruit sa fille dans la charité, et celle-ci
observe ses paroles avec fidélité; et de même, les débiteurs de la foi
profèrent, d'une manière opportune, les paroles du salut au baptisé, afin que
celui-ci les observe avec une fidèle dévotion, pour l'amour des biens célestes.
Car nul n'est écrasé sous le poids des péchés, si, au
nom de la très Sainte Trinité, est envoyé dans le Saint Baptême, celui qui
efface toute souillure de ses péchés; comme dans l'enfant qui est plongé dans la
fontaine de la régénération, j'efface véritablement l'ancienne faute d'Adam.
Mais tu n'admires pas, ô homme, que dans la fontaine du baptême, l'homme soit
justifié de tous ses péchés, de telle sorte qu'il est débarrassé
miséricordieusement en elle, du poids de ses péchés. Car, l'innocent agneau qui,
sans aucune souillure du péché, est rentré dans les eaux du baptême, en vertu du
grand moyen de sanctification qu'est son incarnation, a ôté miséricordieusement,
dans le baptême, les péchés des hommes.
Mais je scrute toutes choses
minutieusement, et dans ce siècle et dans l'éternité, ou la mort des corps n'est
pas ; et toutes choses sont (pour moi) sans voiles. Que ,signifie cela ? La
géhenne se prouve par les œuvres de mort, et la vie éternelle par les œuvres qui
sont un gage de vie. Comment ? La mort se prouve par la mort, parce que lorsque
l'homme, par un juste jugement de Dieu, meurt dans le péché sans la pénitence et
sans la miséricorde de Dieu (qu'il ne demande pas), sa mort se résout par la
mort de l'enfer. Mais la vie se prouve par la vie, de telle sorte que les bonnes
œuvres resplendissent dans le ciel, lorsqu'elles sont dominées par la vie
éternelle. Ainsi donc, ceux qui sont baptisés dans la fontaine de bénédiction,
sont éprouvés dans les œuvres de sainteté de la régénération sainte. Et lorsque,
dans ce cas, je suis invoqué par les supplications de la bénédiction du prêtre,
mes. oreilles s'ouvrent aux paroles de foi, bien que celui qui m'invoque alors
soit dans les entraves du péché. Car, quoique le prêtre soit un pécheur,
cependant j'accepte de lui l'office du baptême, s'il l'exerce fidèlement par
l'invocation de mon- nom. Mais son iniquité sera sa propre condamnation, s'il y
persévère sans faire pénitence. Toutefois, je ne refuse pas de recevoir de lui
la célébration du baptême, lorsqu'il m'invoque avec les paroles de foi. Que
signifie cela ? Si quelque homme riche a un intendant, qui dispense avec justice
ses biens à ses soldats, exerçant ainsi fidèlement son emploi, bien que ce même
dispensateur se rende coupable, sur un autre point de sa gestion, son maître
cependant ne dédaigne pas de recevoir de lui ses bons offices, en lui disant
peut-être : Tu es un mauvais serviteur dans l'accomplissement de ton devoir. Ce
qui fait qu'il le considère comme indigne dans son esprit, sans toutefois
dédaigner de recevoir les œuvres de sa justice. Ainsi pareillement, moi qui ai
nombre de dispensateurs, je ne refuse pas de recevoir mon sacrement des mains du
prêtre qui, oint légitimement, demeure fidèlement dans son office, bien qu'il
soit répréhensible sur ses autres œuvres ; et tout en le jugeant contraire à
moi, par ses autres actes injustes, je ne refuse pas cependant de recevoir de
lui ce qui est mien.
Que si quelqu'un veut être
baptisé, pensant que la séparation de son âme et de son corps est proche, et
qu'ayant demandé un prêtre, il ne puisse l'obtenir: alors, si quelqu'un verse
sur lui l'eau, en invoquant la Sainte Trinité, il est baptisé. Et par cette
ablution, il reçoit la rémission de ses péchés et la grâce de la suprême
béatitude, parce qu'il est baptisé dans la foi catholique, et ce baptême ne
pourra être changé. Mais cependant, dans cette invocation, aucune de ces trois
ineffables personnes ne peut être omise, car, si quelqu'une des trois est omise
par infidélité dans l'invocation, alors la vérité n'opère pas le salut, mais
plutôt l'erreur cause la déception. Donc, l'invocation de cette ineffable
Trinité ne peut faire défaut; car la Trinité se manifesta dans le baptême très
pur de mon Fils ; et elle déclara merveilleusement, par elle-même, ses miracles.
C'est pourquoi, que les hommes qui veulent être sauvés reçoivent, en vue du
salut, la régénération de la vie; et qu'ils ne négligent pas de la recevoir,
s'ils ne veulent périr ; car, de même qu'un avorton, qui périt sans chaleur
vitale, est rejeté sans qu'il puisse s'attacher aux entrailles maternelles, ni
dans sa formation ni dans son accroissement; ainsi pareillement, dans le péril
de mort, restent sans la consolation du Saint-Esprit, ceux qui ne sont purifiés
ni dans l'esprit, ni dans l'acte du Sacrement de l'Église, qui est la mère de
toute sainteté. Que tous les peuples écoutent et entendent ces paroles, s'ils
veulent pénétrer dans le royaume de Dieu, par la régénération de l'esprit et de
l'eau, selon ce qui leur a été proposé dans les Saintes Ecritures par le don du
Saint-Esprit.
Mais celui qui voit de ses yeux
ouverts, et écoute de ses oreilles attentives, fait ses délices de ces paroles
mystiques, qui émanent de moi qui suis la Vie.
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