Martyr de la
Miséricorde de Dieu,
(dans le confessionnal)
Image vivante
de la Passion de Jésus,
(les stigmates)
Amoureux de
Jésus-Eucharistie
(à l’autel)
Francesco Forgione
est né à Pietrelcina, dans la province italienne du Bénévent, le 25 mai
1887. Il entra chez les capucins à l’âge de 16 ans où il prit le nom de
Fra Pio de Pietrelcina. Il fut ordonné prêtre dans la cathédrale de
Bénévent le 10 août 1910. En juillet 1916, il monta provisoirement au
couvent de San Giovanni Rotondo: il y resta cinquante deux ans, jusqu’à
sa mort en 1968.
La vie
de Padre Pio fut extraordinaire à de nombreux points de vue car il avait
une mission très spéciale à remplir: il devait apporter le pardon de
Dieu à des milliers de pécheurs repentis. Il devait également, en
portant pendant cinquante ans les stigmates de la Passion de Jésus, “achever
dans sa chair, ce qui manquait aux souffrances du Christ, pour son
Corps, l’Église.” On a dit de Padre Pio qu’il fut
“comme une incarnation mystique du
Crucifié du Golgotha”.
La vie de Padre Pio
1 - Les grandes
dates
de la vie de
Padre Pio
1-1-L’enfance
et la jeunesse
25 mai 1887.
Naissance, à
Pietrelcina, de Francesco Forgione, deuxième d’une famille de cinq
enfants. La famille, très pieuse, était pauvre, et plus tard, le papa
dut s’expatrier en Amérique pour pouvoir payer les études de Francesco.
Francesco était un
enfant tout à fait normal, silencieux et réservé. Ce qui, dès l’âge de
cinq ans fut exceptionnel chez cet enfant, demeura caché aux yeux de
tous, y compris de ses plus proches parents. Jusqu’à l’âge de 16 ans,
Francesco ne parla jamais de ses visions et apparitions, ni de ses
combats avec Satan, car il croyait que c’étaient “des choses
ordinaires qui arrivaient à toutes les âmes.”
27 septembre 1899.
Francesco
fit sa première communion et reçut la confirmation. Il ne commença à
aller à l’école qu’à l’âge de 10 ans.
1-2-La vie
religieuse
6 janvier 1903
Entrée au noviciat des Capucins du Couvent de Morcone.
Francesco, après sa prise d’habit, devient Fra Pio de Pietrelcina.
Rapidement on constata, à sa grande honte, qu’il avait le don des
larmes, au point de laisser de grandes taches sur le sol. Mais ce
que l’on continua à ignorer pendant longtemps, c’est que peu de temps
après son noviciat, le jeune religieux commença à être favorisé de
célestes visions et reçut les stigmates dits “invisibles”. Cela, il ne
le révéla au Père Agostino, et suite à ses demandes instantes, que le 10
octobre 1915:
”La première fois où
Jésus voulut l’honorer de ses faveurs, ils furent visibles, surtout à
une main. Devant un tel phénomène cette âme en fut effrayée, elle pria
le Seigneur de vouloir retirer ces phénomènes visibles. Depuis lors, ils
n’apparurent plus. Cependant, ces blessures disparues, la douleur très
aiguë qui se faisait sentir, spécialement en certaines circonstances et
à des jours déterminés, ne disparut pas pour cela.”
Dans cette même
lettre, le Padre révèle qu’il subit le couronnement d’épines et la
flagellation “presque une fois par semaine”.
27 janvier 1907.
Fra Pio
fait sa profession religieuse solennelle. Il suit des études de
théologie avec le Père Agostino, son premier Directeur. Bientôt il sera
atteint d’une mystérieuse maladie accompagnée de fièvres
exceptionnelles, de transpirations, de toux et de violentes douleurs. Il
était également assailli de scrupules: déjà le démon se déchaînait.
Cette épreuve durera des années.
1-3-Séjour à
Pietrelcina
De 1908 à 1916
En décembre 1908,
Fra Pio doit interrompre ses études pour des raisons de santé. En mai
1909 ses supérieurs l’envoient se soigner à Pietrelcina pour quelque
temps: il y restera 7 ans, jusqu’au 17 février 1916.
La santé de Fra Pio
se dégrade tellement que l’on croit qu’il va mourir. Aussi, à sa
demande, sera-t-il ordonné prêtre le 10 août 1910. Fra Pio, devenu
Padre Pio, célèbre sa première messe le lendemain, à Pietrelcina: il
avait 23 ans.
Son union à Dieu
s’approfondit et le 20 décembre 1910, il reçoit les premiers stigmates,
invisibles et non permanents. Visiblement Satan n’est pas content, et
pendant son séjour à Pietrelcina, Padre Pio subit, presque
quotidiennement, des attaques diaboliques redoutables et d’un rare
cruauté, tant physiques que spirituelles.
Il écrit, entre
autres, en janvier 1912: “Barbe-Bleue ne veut pas s’avouer vaincu. Il
a pris presque toutes les formes. Il y a quelques jours, il est venu me
rendre visite accompagné de ses satellites armés de bâtons et d’engins
de fer, et surtout, -ce qui est pire,- sous votre propre aspect. Qui
sait combien de fois il m’a tiré hors du lit pour me traîner dans la
chambre...”
Parfois les
persécutions redoublent: les démons vont jusqu’à lui retirer ses
vêtements et le laisser nu dans sa chambre glaciale. Mais Jésus le
soutient et lui déclare: “Combien de fois m’aurais-tu abandonné, mon
fils, si je ne t’avais pas crucifié? Sous la croix, on apprend à aimer,
et je ne la donne pas à tous, mais seulement aux âmes qui me sont les
plus chères.” Jésus a fait de son fils chéri, un véritable CRUCIFIÉ.
En octobre 1911,
Padre Pio fut rappelé au couvent de Venafro. Pendant son séjour à
Venafro, il ne se nourrit que de l’Eucharistie. Le 7 décembre 1911, de
plus en plus malade, il fut ramené à Pietrelcina. Ses yeux étaient très
affaiblis par le don des larmes: Padre Pio craignit de perdre la vue.
Dès 1912,
Padre Pio a deux directeurs. Curieusement, à mesure que les mois
passent, Padre Pio devient le conseiller et le Directeur de ses propres
Directeurs!
Les ténèbres
spirituelles que Padre Pio connait depuis longtemps s’intensifient. Le
doute l’envahit: “Je me vois complètement entouré d’un épais
brouillard. Mon esprit est en train de faire la dure expérience de la
parole de David: tout autour de moi tu as mis obscurité et ténèbre...
Mais maintenant, je suis presque fatigué, je suis sur le point de me
noyer, car les eaux, comme le dit le royal prophète, sont entrées
jusqu’au fond de mon âme. Je suis désormais fatigué de crier: “À l’aide!
À l’aide!” Ma gorge s’est enrouée, mon cœur est aride et mes yeux, levés
vers le ciel dans l’espérance de mon Dieu, se sont fatigués et ne sont
plus capables de laisser couler une larme.”
Pourtant, au milieu
des plus profondes ténèbres spirituelles, le Seigneur envoie parfois des
rayons de lumière. En mars 1914, Padre Pio répond à une question du Père
Benedetto: “Dès que je me mets à prier je sens tout de suite mon cœur
comme envahi par une flamme de vif amour. Cette flamme n’a rien à voir
avec une flamme quelconque de ce bas-monde. C’est une flamme délicate et
très douce qui consume et ne cause aucune peine.”
Le 5 juin 1914.
Padre Pio reçoit l’ordre de quitter Pietrelcina et d’aller au couvent de
Morcone. Il y resta 5 jours, et on dut le renvoyer à Pietrelcina à cause
de l’aggravation mystérieuse de son état de santé. Dans son Ordre, on
demande un bref à tempus, afin de régulariser une situation
anormale. Les épreuves se multiplient pour Padre Pio. Le Cœur de Jésus
est son seul asile: tout est nuit pour le pauvre Padre qui,
personnellement, ne comprend plus rien. Il ne voit pas clair pour lui:
la nuit de l’âme l’éprouve toujours, mais, paradoxalement, il
reçoit pour les autres: ses directeurs et les personnes qu’il dirige, de
grandes lumières. Au Père Agostino il donne ce conseil: “Continuez,
continuez, ô Père, à dépenser toutes vos forces pour le salut des
autres. C’est exactement ce que Jésus attend de vous!”
À cette même époque,
commencent, pour Padre Pio, d’étranges phénomènes: les bilocations, ces
surprenantes “visites en esprit”. Nous ne savons que peu de
choses sur ces “visites”, car la personne qui en avait bénéficié,
Raffaelina Cerase, avait reçu l’ordre d’en conserver le secret. C’est à
cette même personne que Padre Pio, quelques jours plus tard, le 4
novembre 1914, écrira: “Gardez-vous de la vaine gloire, défaut propre
aux personnes dévotes. Celui-ci nous pousse, sans nous en apercevoir, à
paraître toujours plus que les autres, à conquérir pour nous l’estime de
tous... L’humilité, au contraire, nous rendra semblables au Seigneur
qui, dans son Incarnation, s’est abaissé et s’est anéanti, prenant la
forme d’un esclave.”
Il y a ausi les
locutions intérieures qui surprennent Padre Pio et lui font craindre
d’être abusé par le démon. Il écrit au Père Benedetto: ”Je ne
voudrais en rien être victime du démon, et bien que je sois certain de
la réalité de ces locutions, plus que je suis certain de mon existence
même, je déclare cependant avec force, en me faisant violence, ne pas
croire à tout cela, pour l’unique raison que vous, mon Directeur, vous
l’avez mis en doute. Est-ce que je fais bien ou non?”
Le 15 janvier 1915,
Padre Pio est autorisé à faire partie du clergé de Pietrelcina, ce qui
signifie, en clair, qu’il est mis en congé de l’ordre des Capucins.
Quelle souffrance pour le pauvre Pio qui décrit son martyre d’amour:
“C’est comme si mes os se fussent disloqués. Je sens, sans rien en voir
avec les yeux du corps, mais le voyant bien avec ceux de l’âme, que
Jésus me plonge peu à peu un couteau, avec une pointe bien affilée qui
jette presque du feu, à travers le cœur, et il le pousse jusque dans les
viscères. Ensuite, avec une grande force, il le retire pour renouveler
l’opération un instant après... (On ne peut s’empêcher de penser aux
descriptions de Saint Jean de la Croix.) Quelques jours plus tard,
revenant sur le même sujet, Padre Pio écrit: ”Combien est triste, mon
Père, l’état d’une âme que Dieu a rendue malade de son amour!”
Plus tard, il écrira
au même correspondant: “Je sens mes os se disloquer comme s’ils
étaient brisés et broyés.”
Le 18 mars 1915,
il dira au Père Benedetto: “Je suis CRUCIFIÉ d’amour!” En effet,
l’âme de Padre Pio est dévorée par la faim et la soif de correspondre
vraiment à l’amour de Dieu, mais elle ne le peut pas, car Dieu est
infini, inaccessible... Alors, ce sont le découragement et les larmes.
24 mai 1915,
l’Italie déclare la guerre à l’Autriche et entre dans les horreurs de la
Grande Guerre. Mais il faut conserver la paix du cœur: c’est ce que
conseille Padre Pio au Père Agostino: “Prenons bien garde de ne
jamais nous troubler pour n’importe quel sinistre malheur qui pourrait
nous arriver... De plus, lorsque notre cœur s’inquiète, plus fréquentes
et plus directes sont les attaques de l’ennemi... L’ennemi de notre
salut sait trop bien que la paix du cœur est le signe certain de
l’assistance divine.”
Le 6 novembre 1915,
Padre Pio doit de nouveau se présenter devant les responsables de
l’Armée pour être mobilisé. On crut déceler les symptômes de la
tuberculose, et on l’affecta à la 10ème Compagnie sanitaire; mais dès la
mi-décembre 1915, on le mit en convalescence pour un an, et Padre Pio
retourna à Pietrelcina.
1-4-Padre Pio quitte Pietrelcina-La Guerre
Arrivée à San Giovanni Rotondo
Padre Pio
est toujours à Pietrelcina.
On le pressait de
revenir au couvent, mais pour des raisons demeurées inconnues, il ne le
pouvait pas. Enfin, le 17 février 1916, Padre Pio sera à Foggia. Très
vite il sera recherché pour diriger les âmes.
Le diable au
couvent
Enfin, Padre Pio a
pu retrouver un couvent! Mais, ce que ses supérieurs n’avaient pu
imaginer, c’est qu’il amènerait le diable avec lui!!!... Et un diable
tellement bruyant qu’il fallut implorer le Seigneur d’interdire les
excès explosifs de ce démon déchaîné. Le diable se calma, mais Padre Pio
n’en continua pas moinsà subir ses attaques terrifiantes.
Attaques de Satan,
consolations de Jésus, ténèbres profondes de la purification nécessaire
en vue de sa mission future, tout est incompréhensible pour le pauvre
Padre qui écrira: “Je suis un mystère pour moi-même!” Car Padre
Pio était déjà ”possédé par Jésus”, et Jésus revivait en lui le
mystère de son Agonie et de sa Passion.
Le 4 septembre 1916,
Padre Pio est transféré à San Giovanni Rotondo, pour un séjour
provisoire: il y restera 50 ans! Pendant quelques années la direction
spirituelle, par écrit, sera sa tâche principale en attendant qu’il soit
nommé Directeur Spirituel du Séminaire séraphique. Padre Pio avait 29
ans.
Le 26 novembre 1916.
Padre Pio
doit encore retourner à l’armée. On lui accordera 6 mois de
convalescence !!!
Le 6 janvier suivant il sera de retour à San Giovanni Rotondo.
1917
Padre Pio reprend
toutes ses activités, mais dès le 27 janvier, il est de nouveau malade,
avec une température atteignant les 52°C! Neuf jours plus tard, Padre
Pio était debout... Heureusement, car il ne restait plus que deux pères
au couvent, tous les autres ayant été mobilisés.
Padre Pio recherche
toujours plus l’amour de Dieu, secret de sa vie et de sa souffrance.
S’il est lumière pour les autres, c’est toujours l’obscurité pour lui.
En juillet, il écrit au Père Benedetto: “Dieu grandit toujours
davantage devant l’œil de mon esprit. Je le vois toujours au ciel de mon
âme, il s’entoure d’une nuée épaisse. Je le sens tout proche, et
pourtant, je le vois loin, loin. Lorsque grandit ce soupir, Dieu se fait
plus intime à moi-même, et je le sens, mais pourtant ces aspirations me
le font voir toujours plus lointain. Mon Dieu! Quelle chose étrange!...
Août 1917.
Après plusieurs
péripéties — Padre
Pio avait été porté déserteur car personne ne le connaissait sous son
vrai nom et, à San Giovanni Rotondo, on cherchait en vain un dénommé
Francesco Forgione — il
fut déclaré apte au service militaire! En octobre, il fut atteint
d’une de ses fièvres épouvantables: le 4 novembre suivant, on lui donna
4 mois de permission. Retour à San Giovanni Rotondo. Il ne sera réformé
qu’en mars 1918, pour tuberculose pulmonaire.
1-5-1918 Année
terrible, année de la crucifixion du Padre
Padre Pio doit faire
face au manque de personnel: soin des collégiens, confessions qui
commencent à se multiplier, lettres de direction... Mais il ne cherche
que l’Amour du Seigneur. Il renouvelle son offrande de victime pour le
salut de toutes les âmes dont il a la charge, car il sait que ces grâces
ne s’achètent qu’avec du sang. Les souffrances physiques et les ténèbres
spirituelles s’accroissent. Et Satan multiplie les tentations contre la
foi: “Où est-il ton Dieu?” ne cesse de crier une voix intérieure
à laquelle il ne peut pas répondre. Et, quelques mois plus tard, il
écrira: ”Mon Dieu, où es-Tu?... Mon Dieu, mon Dieu... Je ne sais plus
rien Te dire d’autre: pourquoi m’as-Tu abandonné?”
Le 19 juin, Padre
Pio écrit au Père Benedetto: “Je n’ai presque plus de foi. Je suis
incapable de m’élever sur les ailes fortunées de l’espérance qui est
cette vertu si nécessaire pour l’abandon en Dieu quand la tempête est
déchaînée au plus haut point, et quand la mesure débordante de ma misère
m’écrase. Je n’ai pas la charité! Ah! Aimer mon Dieu, c’est la
conséquence de ce qui est pleine connaissance dans la foi laborieuse et
dans les promesses où l’âme se plonge, se recrée, s’abandonne, et se
repose encore dans la douce espérance. Je n’ai pas la charité pour le
prochain, car celle-ci est la conséquence de celle-là, et si la première
fait défaut, celle de laquelle vient tout son suc vital dans les
branches, chaque branche périt.”
En réalité, le cœur
de Padre Pio est blessé d’amour, et le 5 août 1918, c’est la
transverbération du cœur. Par obéissance Padre Pio écrit, le 21
août 1918 au Père Benedetto:
“Je désespère de
tout, sauf de celui qui est Vie, Vérité et Voie. C’est à lui que je
demande tout, c’est à lui que je m’abandonne, car il a été et il est
encore tout pour moi.
La lumière m’aveugle
avant même de dissiper le brouillard autour de moi. Comment cela se
fait-il? Je suis fatigué de fatiguer mon guide... Je me résous à vous
révéler ce qui m’est advenu le 5 au soir et pendant toute la journée du
6 de ce mois.
J’ai du mal à vous
dire ce qui s’est passé pendant cette période d’intense martyre. Le 5 au
soir, j’étais en train de confesser nos garçons quand je fus saisi
soudain d’une terreur extrême à la vue d’un personnage céleste qui se
présentait à l’œil de mon intelligence. Il tenait à la main une sorte
d’objet semblable à une très longue lame de fer dont la pointe était
bien effilée; on aurait dit que du feu jaillissait de cette pointe.
Voir tout ceci et
observer ce personnage lancer à toute force cet objet dans mon âme fut
une seule et même chose. C’est à peine si j’émis une plainte, je me
sentais mourir. Je dis au jeune garçon de se retirer parce que je me
sentais mal et que je n’avais pas la force de continuer. Ce martyre
dura, sans interruption, jusqu’au 7 au matin. Je ne saurais vous décrire
ce que j’ai souffert pendant cette période si douloureuse. Je voyais que
même mes viscères étaient arrachés et tiraillés par cet objet et que
tout était mis à feu et à sang. À partir de ce jour, j’ai été blessé à
mort. Au plus intime de l’âme je sens une blessure toujours ouverte qui
me fait souffrir constamment...”
Enfin, le 20
septembre 1918,
c’est la stigmatisation totale et visible, y compris une plaie dont on
parle rarement: la plaie sur l’épaule droite causée par le poids de la
Croix. Elle durera cinquante ans, jusqu’à sa mort.
Padre Pio était
seul, ce jour-là: le Père Paolino, Père gardien, se trouvait à
l’extérieur. Les étapes et le détail de la crucifixion de Padre Pio sont
rapportées plus loin, mais, à un ami, Padre Pio donna, verbalement,
d’autres précisions [1]:
“J’étais au chœur pour faire l’action de grâce de la Messe. Je me
sentis tout doucement m’élever vers quelque chose d’immense qui
grandissait toujours, et qui me comblait de joie en priant. Plus je
priais, plus cette jouissance augmentait. Tout d’un coup une grande
lumière frappa mon regard, et au milieu de cette grande lumière
m’apparut le Christ avec ses plaies. Il ne me dit rien... Il disparut.
Lorsque je revins à
moi, je me suis retrouvé à terre, blessé. Les mains, les pieds, le cœur
saignaient et me faisaient si mal qu’ils m’enlevaient toute force pour
me relever. Je me suis traîné à quatre pattes, du chœur jusqu’à la
cellule, à travers le long couloir...”
Désormais, Padre Pio
est cloué sur la Croix, avec le Christ; il participe à toutes les
souffrances de Jésus, le Rédempteur, -toutes sans exception,
flagellation et couronnement d’épines inclus- donc à la Rédemption du
monde. Padre Pio est un autre Christ, une humanité de surcroît pour
Jésus. Ses blessures ne se sont jamais, ni fermées, ni aggravées, ni
cicatrisées, malgré les efforts de certains médecins. Contre ce genre de
choses, la science est impuissante!
La guerre est enfin
terminée; les religieux vont revenir dans leurs couvents. Mais, en ce
qui concerne Padre Pio, sa vocation de confesseur va rapidement
commencer et attirer les foules de ceux qui vont se convertir...
1-6-De 1919 à
1921 - Les
premières persécutions
Des indiscrétions
ont été commises et la grande presse s’est emparée du phénomène Padre
Pio. La science s’en mêle également, et les pélerinages affluent à
San Giovanni Rotondo. Même de très grands personnages viennent
rencontrer Padre Pio. C’est ainsi que le Prince KLUGKIST, orthodoxe et
expert en sciences ocultes, vint trouver, Padre Pio, pendant l’été 1919.
Il se convertit, se fit religieux dans l’Ordre des Trinitaires, fut
ordonné prêtre et mena la vie d’un saint.
Le Calvaire continue
pour le pauvre Padre Pio soumis à de nombreux contrôles médicaux, pas
toujours très objectifs. On doit ajouter aussi que Padre Pio devait
vivre l’intégralité de la Passion de Jésus. Outre les plaies du corps,
il devait subir aussi les douleurs de l’âme et du cœur. Comme Jésus il
fut bousculé par les foules qui voulaient le voir, le toucher... Comme
Jésus, il fut moqué, combattu, calomnié, persécuté, trahi, condamné, et
souvent par certains membres du clergé, trop gênés (ou trop dérangés?)
par la sainteté du stigmatisé.
1-7-De 1922 à
1933 - Les
grandes persécutions
Padre Pio, victime
de l’amour de Dieu, vivait toujours ses douloureuses épreuves
spirituelles, se croyant même rejeté de Dieu. Ses tempêtes intérieures
se déchaînaient. Mais Padre Pio allait connaître d’autres terribles
épreuves, infligées, celles-là par les hommes et l’Église elle-même.
2 juin 1922.
Premières notes
du Saint offfice préconisant des mesures disciplinaires contre Padre
Pio.
Les critiques et des
accusations déplacées pleuvaient sur le couvent de San Giovanni Rotondo,
et sur ses religieux. Mais le pape de l’époque, Benoit XV soutenait
Padre Pio. Cependant les autorités compétentes, soucieuses de rétablir
le calme, décidèrent que Padre Pio célébrerait dorénavant sa Messe à des
heures irrégulières, et en privé. Et tous ses contacts avec le Père
Benedetto, son Directeur, lui furent interdits. On voulut le transférer
dans un autre couvent, mais les réactions du pays furent telles que l’on
dut renoncer à cette idée: Padre Pio resta donc à San Giovanni.
31 mai 1923.
Les stigmates ne seraient pas d’origine surnaturelle!!!
Mais ce n’est pas
tout. Le 31 mai 1923, le Saint Office publie une déclaration disant que
“la surnaturalité des faits n’est pas constatable, et exhorte les
fidèles à se conformer dans leur façon d’agir à cette déclaration.”
Réaction de l’intéressé: “Qu’ils fassent de moi ce qu’ils veulent. Il
suffit qu’ils ne m’interdisent pas de célébrer la messe et de recevoir
Jésus dans mon cœur.” Un transfert à Ancône fut envisagé: nouvelle
reculade des autorités face à une menace locale quasi insurrectionnelle:
Padre Pio restera à San Giovanni Rotondo!
Janvier 1925.
Inauguration du petit hôpital San Francesco à San Giovanni Rotondo.
23 mai 1931.
Padre Pio est privé de tout exercice de son ministère, sauf de la Messe
qu’il doit dire en privé.
Enfin! 14 juillet
1933.
Décret libératoire du Saint Office.
1934.
Padre Pio peut
reprendre les confessions, mais les épreuves vont continuer jusqu’à
l’accabler. Pourtant Padre Pio continuera à se taire et à obéir à
l’Église et à ses supérieurs...
2 - Création de l’hôpital
et des groupes de prière
2-1-La Fondation de la Casa Sollievo della Sofferenza
1940
Constitution du Comité en vue de la construction de la
Casa Sollievo della sofferanza
Avant la dernière
guerre mondiale, trois fils spirituels de Padre Pio: un pharmacien, un
médecin et un ingénieur agronome, s’établissent à San Giovanni Rotondo
pour se mettre à son service.
En janvier 1940, une
pauvre femme et un aveugle lui remettent quelques lires. L’œuvre est
née: elle s’appellera Casa Sollievo della Sofferanza. Le projet est
présenté aux fidèles et les dons affluent. Mais la guerre fait rage, et
rien ne peut être entrepris. Après la guerre seulement, le projet pourra
se concrétiser.
Le 5 octobre 1946,
une société par actions est constituée. Son but: Recevoir, au nom du
Christ les personnes qui demandent charité et assistance.” Le 19 mai
1947, le chantier démarre. C’est Giuseppe Orlando qui est chargé de
coordonner les travaux, sans plan, sans architecte!!! L’équipe de Padre
Pio et le comité sont considérés comme des fous... Mais l’argent afflue,
du monde entier. En 1947, l’UNRRA[2] accorde
une subvention de 400 millions de lires. Il n’est peut-être pas inutile
de noter ici que l’État italien, au passage, préleva 150 millions de
lires sur cette subvention internationale!
Le 8 décembre 1949,
le gros œuvre est achevé. Le 5 mai 1956, le complexe hospitalier le plus
moderne du monde est inauguré. C’est vraiment l’Œuvre de Dieu: l’argent
n’a jamais manqué... Dans l’esprit de Padre Pio, on doit toujours
soigner les âmes en même temps que l’on soigne les corps. Écoutons Padre
Pio:
“Ici, les patients,
les médecins, les prêtres, seront des réserves d’amour qui, plus il sera
abondant en l’un d’eux, plus il se communiquera aux autres. Les prêtres
et les médecins, unis dans le devoir d’exercer la charité à l’égard des
corps souffrants, doivent en ressentir une stimulation brûlante à rester
eux aussi dans l’amour de Dieu, parce que, eux-mêmes et ceux qu’ils
assistent ont tous leur unique demeure en Lui, qui est Lumière et
amour.”
Et aussi:
“Cette œuvre, si
elle n’était destinée qu’au seul soulagement des corps, constituerait
une clinique modèle, édifiée grâce aux moyens qu’a procuré
l’extraordinaire générosité de votre charité...”
Ou encore:
“Grâce à cette
œuvre, le malade doit pouvoir rencontrer le mystère de l’amour de Dieu
par l’apprentissage d’une sagesse qui lui permette d’accepter ses
épreuves dans la sereine méditation des souffrances du Christ.”
[3]
Le pape Pie XII
insistera plus tard, sur cette particularité de la Casa. Hélas! comme
pour toutes les œuvres de Dieu, les critiques vont se multiplier...
5 mai
1956. Inauguration de la Casa Sollievo della Sofferanza.
11 mai 1964.
Pour protéger la Casa Sollievo della Sofferanza de toutes les
convoitises, Padre Pio institue le Saint Siège légataire universel de
ses biens.
2-2-Les groupes
de prière
1948 Les
premiers groupes de prières
Pendant la guerre,
Pie XII avait, à plusieurs reprises, insisté sur la nécessité de prier,
et de prier en groupes de prière constitués. Soucieux de répondre à cet
appel du pape, Padre Pio incite les fidèles qui viennent le voir à se
réunir pour prier ensemble. Dès 1947 des groupes se forment
spontanément. La formation de ces groupes coïncide avec les débuts des
travaux de construction de l”hôpital. L’un ne va pas sans l’autre et
Padre Pio, par l’intermédiaire du Bulletin destiné à faire connaître aux
donateurs l’usage de leurs dons, reviendra souvent sur le lien étroit
existant entre les groupes de prière et la Casa.
La
prière des groupes
Padre Pio souhaite
que la prière des groupes comprennent: la Messe, suivie de la récitation
du chapelet aux intentions de l’Église et du Pape. Il exclut les
causeries, les débats, les commentaires de l’Écriture, etc. Pour lui les
groupes de prière doivent être uniquement centrés sur l’Eucharistie.
3 - La grande épreuve
À
partir de 1955
Les pèlerins
continuent d’affluer à San Giovanni Rotondo pour se confesser à Padre
Pio. Est-ce pour cela, ou en raison de la gêne inévitable qu’une telle
affluence provoquait, que des plaintes sont déposées à la Curie, les 11
mars et 8 avril 1955. Par ailleurs Satan s’agite: de prétendues
prophéties circulent sous le manteau, et le nom de Padre Pio, qui n’y
est pour rien, y est associé. Et des conflits naissent au sein de
l’administration de la Casa... Padre Pio adresse une supplique au Pape
Pie XII en mars 1957. Des suites favorables lui seront accordées...
Les épreuves
continuent... 24 juin 1958, c’est l’affaire Giuffré: liquidation
frauduleuse de la Société des Banquiers, créée par Giuffré, et dans
laquelle de nombreux ecclésiastiques et religieux capucins sont
impliqués. Padre Pio, qui se méfiait, n’est pas touché, mais... les
persécutions vont reprendre. Pour résorber leurs pertes sévères, de
nombreux frères en religion du Padre, prétendent avoir des droits sur
les sommes considérables qui affluent à l’attention de la Casa. On
demande même aux donateurs d’utiliser le compte courant du couvent. Les
fidèles sont partagés entre le couvent et La Casa. Padre Pio estime
qu’il s’agit d’un vol, mais il est cependant contraint d’assister,
impuissant, à ces détournements de fonds...
5
novembre 1960. Remise
par Mgr Maccari de son rapport au Saint office qui édicte de nouvelles
mesures restrictives à l’encontre de Padre Pio.
Les persécutions
continuent; des évêques demandent la suppression des groupes de prière
de leurs diocèses. Les calomnies se multiplient. Padre Pio se tait. Mais
à Rome, le Cardinal Ottaviani s’inquiète et cherche la vérité. Une
enquête est lancée. Mgr Crovini séjourne à San Giovanni Rotondo du 18 au
28 avril 1960, et en arrive aux conclusions suivantes:
— Padre
Pio est un moine d’une obéissance sans faille, et d’une rare humilité.
— L’administration
et la gestion de la Casa sont irréprochables.
— Les
supérieurs locaux détournent à leur profit une large part des offrandes
des fidèles.
Malheureusement un
nouveau rapport d’accusation (en 16 volumes!!!) sur la moralité de Padre
Pio est envoyé à Rome. Le Décret de Mgr Ottaviani est annulé! Le
Supérieur Général de l’Ordre des Capucins demande une nouvelle enquête.
Une incroyable campagne de presse est lancée contre Padre Pio.
Padre Pio a 73 ans;
il aspirait à être un frère comme les autres; il ignorait tout ce qui se
tramait. Mais il souffre car la persécution s’accentue encore:
dorénavant Padre Pio sera constamment espionné: on ira même jusqu’à
placer des micros dans son confessionnal! Mais il y a pire: des femmes
sans scrupule ont été payées pour se confesser, auprès de saints
prêtres, d’avoir entretenu des relations douteuses avec Padre Pio!!! Cet
espionnage a duré quatre mois.
1962. La
situation semble se détendre un peu, mais, les forces du mal tentent de
nouveaux assauts, physiques et spirituels. Padre Pio offre toutes ses
souffrances et reste fidèle à son confessionnal.
12 septembre 1968. Padre
Pio écrit une lettre d’attachement filial et de fidélité au Saint Père,
Paul VI.
22 septembre. 1968
Dernière messe de Padre Pio, à 5 h
du matin.
23 septembre 1968. Mort
de Padre Pio, à 2 h 30.
En faisant la
toilette du mort, on constate que tous les stigmates ont disparu.
2 mai 1999. Béatification
de Padre Pio da Pietrelcina, par le pape Jean-Paul II.
16 juin 2002. Canonisation
du Bienheureux Pio da Pietrelcina, par le pape Jean-Paul II.
[1] Précisions
rapportées par le Père Jean Derobert dans son livre Padre
Pio, Transparent de Dieu.
[2] UNRRA
United Nations Relief and Réhabilitation Administration.
L’INRRA sera plus tard
intégré à l’ONU.
[3] Padre
Pio La città posta sul monte.
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