Sa vie
Saint
Pierre-Julien Eymard naquit le 4 février 1811 à La Mure d’Isère. Il y
mourut, le 1er août 1868, à l’âge de 57 ans. Il fut béatifié par Pie XI,
le 12 juillet 1925, puis canonisé par Jean XXIII, le 9 décembre 1962, au
terme de la première session du Concile Vatican II. Dans son homélie de
canonisation Jean XXIII précisait:
“Sa note caractéristique, l’idée
directrice de toutes ses activités sacerdotales, on peut le dire, ce fut
l’Eucharistie: le culte et l’apostolat eucharistiques.”
Mis en contact avec
toutes les classes de la société et tous les états de vie, Pierre-Julien
avait été providentiellement préparé à sa mission eucharistique. Tour à
tour vicaire, curé, religieux et provincial chez les Frères Maristes,
supérieur de collège et directeur du Tiers-ordre de Marie, catéchiste
des chiffonniers de Paris, et, enfin, fondateur des Prêtres du Très
Saint Sacrement, il a connu tous les besoins de toutes les catégories
d’âmes et a compris l’influence et la force, pour elles, de
l’Eucharistie.
Pierre-Julien eut une vie débordante d’activité. Ce fut cependant un
grand mystique. En effet, dès l’âge de vingt six ans, alors qu’il
n’était encore que vicaire à la Chatte, il fut, au cours d’une
méditation devenue extase, favorisé d’une grâce mystique qui lui fit
pénétrer la réalité de l’amour et de la bonté du Père. Pendant longtemps
il en parla avec reconnaissance. Cette grâce fut le point de départ d’un
apostolat dominé par une pensée dominante: devenir l’apôtre infatigable
de l’amour de Dieu et travailler à la glorification du Sacrement de
l’Amour du Fils: l’Eucharistie.
La jeunesse de
Pierre-Julien
L’enfance et la
jeunesse de Pierre-Julien Eymard furent relativement tristes. Il était
le dixième enfant de Julien Eymard, son père, et quatrième de sa mère,
deuxième femme de Julien devenu veuf. Un destin cruel semble avoir
marqué la famille Eymard. Successivement moururent ses frères et sœurs
aînés: Cécile, en 1805, François-Julien en 1807, Joseph-Justin-Julien en
1809. Du premier lit quatre enfants sur six étaient également morts. De
ce qui aurait pu être sa grande famille, Pierre-Julien, notre futur
saint, ne connut qu’Antoine et Marianne, respectivement âgés de dix-sept
et de douze ans à sa naissance en 1811. On croit savoir que la mère de
Julien était très pieuse. Quant à son père, Julien Eymard, coutelier de
son état, il fut reçu dans la Confrérie des Pénitents du Saint-Sacrement
le 8 décembre 1817.
Dans ce milieu
sérieux et fervent, il n’est pas étonnant que la piété de Pierre-Julien
ait été précoce. Un fait est dûment attesté: vers l’âge de cinq ans, le
petit garçon fait une fugue. On le cherche partout... On le retrouve
dans l’église, grimpé sur l’escabeau placé derrière l’autel:
— Que
fais-tu là, demande sa sœur, impatiente.
— Je
suis près de Jésus, et je l’écoute, répond naïvement le petit garçon.
À mesure qu’il
grandit, Pierre-Julien est de plus en plus attiré par l’Eucharistie.
Très jeune il désirera devenir prêtre. Son père, meurtri par tant de
deuils subis, refusa: il ne pouvait pas accepter de perdre encore le
dernier garçon qui lui restait et qui aurait dû prendre la succession de
son entreprise.
Pierre-Julien connut donc des difficultés énormes pour faire ses études.
Il apprit seul le latin, en cachette de son père. Le 5 août 1828, sa
mère mourait; le pauvre père restait seul avec sa fille Marianne et
Pierre-Julien. Pierre-Julien se devait d’aider son père.
Enfin la foi du papa
l’emporta, et Pierre-Julien fut reçu chez les Oblats de Marseille, le 7
juin 1829...
Les études et
le séminaire
Pour rattraper son
retard scolaire, Pierre-Julien travaillait comme quatre. Il tomba
rapidement malade; on crut qu’il allait mourir. Mais il se rétablit
lentement et, après la mort de son père, il entra au grand séminaire. Il
fut ordonné prêtre le 20 juillet 1834 et nommé vicaire à la Chatte, dans
l’Isère. Le 10 juin 1835 il était reçu tertiaire de l’Ordre des
Capucins. C’est à la Chatte qu’il fut gratifié d’une grâce mystique
exceptionnelle qu’il garda longtemps secrète, mais qui nourrit toute sa
vie spirituelle.
Pierre-Julien crachait le sang. Il dut quitter la Chatte; on le nomma
curé de Monteynard où il resta deux ans. Fin 1839, il entra chez les
Frères Maristes de Lyon et fut nommé directeur du collège de Belley. En
janvier 1845, on lui conféra la charge de provincial dans sa
congrégation, charge qu’il exerça pendant deux ans avant de devenir
Visiteur Général.
En décembre 1845 le
Père Eymard prit la direction de Tiers-Ordre de Marie au sein duquel il
fonda de nombreuses branches.
Les grâces
spirituelles
Lyon - mai
1845
Au sujet de la
cérémonie de la Fête-Dieu à Lyon, le 25 mai 1845, le Père Eymard écrit,
entre autres: “Je sens dans moi un grand attrait vers Notre-Seigneur;
jamais je ne l’avais éprouvé si fort. Cet attrait m’inspire dans mes
prédications, conseils de piété, de porter tout le monde à la
connaissance et à l’amour de Notre-Seigneur, de ne prêcher que
Jésus-Christ et Jésus-Christ Eucharistique...” Cette grâce
exceptionnelle est une grâce de foi et d’amour envers le
Christ-Eucharistique. L’amour de Dieu est premier, mais il se concentre
sur la contemplation du mystère de Jésus dans son Eucharistie.
Paris-1848
En juin 1848 le Père
Eymard est vivement frappé par l’intensité du culte eucharistique qui se
déploie à Paris, grâce à l’adoration nocturne des hommes et à la
création, par Adeline Dubouché, d’un Tiers-Ordre qui deviendra
l’Adoration Réparatrice.
La
grâce de Fourvière, le 21 janvier 1851
C’est ce que le Père
Eymard appellera une grâce de vocation. Ému à la vue du délaissement de
tant de prêtres séculiers, et par le manque de direction spirituelle des
hommes, le Père Eymard envisage la création “d’un corps d’hommes
comparable à l’Adoration Réparatrice en cours de création pour les
femmes.”
L’époque était rude
alors: le décret du 13 mars 1848 avait supprimé les congrégations
religieuses en France, et de très nombreux religieux vivaient dispersés.
À Mme Tholin-Bost qui avait créé l’Association de l’Adoration du Saint
Sacrement à domicile, le Père Eymard écrivit, en octobre 1851: “J’ai
souvent réfléchi sur les remèdes à cette indifférence universelle qui
s’empare d’une manière effrayante de tant de catholiques, et je n’en
trouve qu’un: l’Eucharistie, l’amour à Jésus Eucharistique. La perte de
la foi vient de la perte de l’amour.”
Et en février 1852,
à la même personne: “Maintenant il faut se mettre à l’œuvre, sauver
les âmes par la divine Eucharistie, et réveiller la France et l’Europe
engourdies dans un sommeil d’indifférence parce qu’elles ne connaissent
pas le don de Dieu: Jésus, l’Emmanuel Eucharistique. C’est la torche de
l’amour qu’il faut porter dans les âmes fidèles et qui se croient
pieuses, et ne le sont pas parce qu’elles n’ont pas établi leur centre
et leur vie dans Jésus au saint Tabernacle.”
La
Seyne, 18 avril 1853
Enfin, voici pour
Pierre-Julien, la grâce qui orientera définitivement sa vie: ce fut une
grâce de vocation exceptionnelle: créer l’ORDRE DU TRÈS
SAINT-SACREMENT.
La fondation
Les événements se
succèdent, et en avril 1856, le Père Eymard est relevé de ses vœux qui
le liaient à l’Ordre des Maristes. Il allait pouvoir travailler à la
fondation d’une nouvelle congrégation. Le 13 mai 1956, il reçoit, de
l’Archevêque de Paris, Mgr Sibour, l’autorisation de fonder son œuvre,
la Société du Saint-Sacrement,. Mgr Sibour était, en effet, très
désireux de voir commencer une Œuvre de la Première communion des
adultes. Le Père Eymard sera assisté, pour cette fondation, par le Père
de Cuers.
Le dénuement
matériel des premiers temps sera extrême et les vocations se firent
longtemps attendre. Enfin, le 6 janvier 1857, l’Adoration du
Saint-Sacrement exposé était inaugurée dans l’Institut. Les épreuves de
toutes sortes se multiplièrent...
Parallèlement à la
Société du Saint-Sacrement, une communauté féminine se mettait en place:
Les Servantes du Saint-Sacrement, et l’Œuvre de la Première
Communion des adultes était fondée dès 1858.
Le Père Eymard
décrit la situation des jeunes ouvriers parisiens de cette époque: “À
peine capables de travailler, les enfants pauvres de Paris sont placés
dans les fabriques pour y gagner quelques sous d’abord, puis dix, puis
un franc; et cela aide à avoir un peu de pain pour sa pauvre famille, et
à payer les quarante sous de loyer par semaine. S’il n’y a pas de place
dans les fabriques de boutons, de papier, etc, l’enfant, avec sa petite
hotte, part le matin ou le soir, chiffonner dans la ville. Que de
centaines d’enfants en sont là dans Paris!...
Si du moins la vie
religieuse compensait la misère de la vie du corps! Mais, hélas! elle
est encore plus déplorable. Le petit ouvrier ne va pas à l’Église
apprendre à connaître, à aimer et à servir Dieu; ses parents ne lui en
parlent pas. Ils ont été élevés ainsi; ou bien l’indigence les rend
honteux et les abrutit.
Car Paris a son côté
de missions étrangères, sa population nomade, sans autre religion que le
culte des morts... Non, rien ne ressemble à ce Paris de la misère et de
l’indifférence!”
Malgré les
difficultés l’œuvre se développe et essaime en province. L’adoration du
Saint-Sacrement est toujours la base de la vie de la congrégation. Entre
temps, au bord du découragement, le Père Eymard avait consulté le Saint
Curé d’Ars.[1] Le
Père A.Tesnières raconte la rencontre:“...Le Curé d’Ars éclata en
sanglots et répondit: ‘Mon bon ami, vous voulez que je prie le bon
Maître pour vous? Mais vous l’avez, vous, vous l’avez toujours devant
vous!’ Le Père touché des larmes du Curé laissa jaillir les siennes à
son tour, et il s’efforçait de le consoler en lui disant:
‘Pardonnez-moi, Monsieur le Curé, je ne voulais pas vous faire de peine,
pardonnez-moi, je vous en prie. Et ils tombèrent dans les bras l’un de
l’autre.’”
Le 10 juin 1863,
Pierre-Julien Aymard recevait le décret d’approbation de son institut,
La Congrégation du Très Saint-Sacrement. L’approbation avait été
donnée par le pape Pie IX le 8 mai précédent. Le but essentiel de cette
congrégation était double:
— “rendre
un culte solennel et perpétuel d’adoration à Notre Seigneur
Jésus-Christ, demeurant perpétuellement au Très-Saint-Sacrement de
l’autel, pour l’amour de l’homme.”
— ”se
dévouer à l’amour et à la gloire de ce très auguste Sacrement par
l’apostolat de chacun de ses membres qui, sous les auspices et la
conduite de l’Immaculée Vierge Marie, doivent s’y appliquer dans la
mesure de leur grâce et de leurs vertus.”
Il convient
d’ajouter que cette congrégation doit être, de par la volonté de son
fondateur, entièrement dévouée au Successeur de Pierre.
Parallèlement à la
fondation de la Congrégation du Très Saint-Sacrement, Pierre-Julien
Eymard, de 1858 à 1865, œuvra activement à la fondation d’une
congrégation féminine: Les Servantes du Saint-Sacrement,
entièrement centrée sur l’Eucharistie, tout en étant au service des
pauvres. Les épreuves, là aussi, furent nombreuses et parfois très
douloureuses...
La vocation
eucharistique
En plus des
activités liées au développement de ses communautés religieuses, le Père
Eymard prêche beaucoup: il veut faire connaître l’Eucharistie, l’Amour
qui institua l’Eucharistie, c’est-à-dire le Cœur de Jésus, le Cœur
Eucharistique. Il n’hésitait pas à dire, au cours des retraites
eucharistiques qu’il prêchait: “Quand on veut donner un mouvement
plus puissant, on double, on triple, on centuple la puissance du moteur.
Le moteur divin, c’est l’amour, l’amour eucharistique.”
Il écrivait aussi à
des correspondants: “J’ai eu la consolation de parler de Jésus au
Très Saint Sacrement à Rouen et à Tours; on est bien venu, on a écouté
avec dévotion: ce sera la semence.”
“Le Cœur
Eucharistique de Jésus a eu sa belle part à Rouen et Tours. J’ai fait un
sermon spécial à Tours. C’est la semence.”
“Je viens de prêcher
la neuvaine solennelle du Sacré-Cœur. Vous pensez bien que c’est surtout
du Cœur Eucharistique de Notre Seigneur que j’ai parlé; il n’est que là
vivant, puis au ciel! J’ai parlé de son amour, de l’ingratitude des
hommes, du peu d’âmes fidèles et dévouées qui se donnent entièrement à
lui.”
Retraite de
1865
Au cours d’une
retraite à Rome, en janvier 1865, le Père Eymard fait retour sur
lui-même et écrit: “J’ai vu comment je ne me suis donné à Notre
Seigneur au Très Saint-Sacrement que par le dévouement de l’amour, que
par le service, le culte, le zèle. La nature y trouvait son élément; la
vanité et l’activité de l’esprit aussi.”
Car la vie avec
Jésus-Eucharistie doit être contemplation et don du cœur: “Notre
Seigneur m’a fait comprendre qu’il préfère le don de mon cœur à tous les
dons extérieurs que je pourrais lui faire, quand même je lui donnerais
les cœurs de tous les hommes, sans lui donner le mien.”
Sur sa vocation
eucharistique il s’émerveille: “Comme le Bon Dieu m’a aimé! Il m’a
conduit par la main jusqu’à la Société du Très Saint-Sacrement! Toutes
mes grâces ont été des grâces de préparation, tous mes états, un
noviciat! Toujours le Saint-Sacrement a dominé. C’est la Très Sainte
Vierge qui m’a conduit à Notre-Seigneur: à la communion de tous les
dimanches, par le Laus, à 12 ans; de la Société de Marie à celle du Très
Saint Sacrement.”
À la messe d’action
de grâce de cette longue retraite, le 21 mars 1865, P.J.Eymard écrit:
“...de même je dois
être anéanti à tout désir, à tout propre intérêt, et n’avoir plus que
ceux de Jésus-Christ qui est en moi afin d’y vivre pour son Père. Et
c’est pour être ainsi en moi qu’il se donne dans la Sainte Communion.
C’est comme si le
Sauveur disait: ‘En m’envoyant par l’Incarnation, le Père m’a coupé
toute racine de recherche de moi-même, en ne me donnant pas la personne
humaine, mais en m’unissant à une personne divine afin de me faire vivre
pour lui, ainsi par la communion tu vivras pour moi, car je serai vivant
en toi. Je remplirai ton âme de mes désirs et de ma vie qui consumera et
anéantira en toi tout ce qui est propre; tellement que ce sera moi qui
vivrai et désirerai tout en moi, au lieu de toi. Et ainsi tu seras le
corps de mon cœur; ton âme, les facultés actives de mon âme; ton cœur,
le réceptacle, le mouvement de mon cœur. Je serai la personne de ta
personnalité, et ta personnalité sera la vie de la mienne en toi.’”
Le Père Eymard, dès
lors, fait un vœu qui le livre définitivement au Christ Jésus dans une
configuration au mystère de son Incarnation, à l’exemple de Marie:
“Oh! que je voudrais adorer Notre-Seigneur comme l’adorait cette bonne
Mère!... Je vais faire toutes mes adorations en union avec cette Mère
des adorateurs, cette Reine du Cénacle.”
Et, pensant à sa
Congrégation: “Ne serait-il pas nécessaire dans la Société d’avoir
les contemplatifs et les apôtres? D’avoir des adorateurs et des
incendiaires, puisque Notre-Seigneur veut voir ce feu eucharistique
incendier le monde...”
Dans les
constitutions de la Société du Saint-Sacrement, P. J. Eymard avait
clairement indiqué la raison suprême de l’Institut: “Afin que le
Seigneur Jésus soit toujours adoré dans son Sacrement et glorifié
socialement dans le monde entier.”
Voici quelques-unes
de ses réflexions: “Le mal du temps, c’est qu’on ne va pas à
Jésus-Christ comme à son Sauveur et à son Dieu... L’amour divin qui n’a
pas de vie, son centre, dans le Sacrement de l’Eucharistie, n’est point
dans les vraies conditions de sa puissance: il s‘éteindra bientôt.
Que faire donc?
Remonter à la source, à Jésus... et surtout à Jésus dans
l’Eucharistie.”
La mort du Père
Eymard
Les forces du P.
Eymard commencent à décliner; il sent la mort approcher. À l’une de ses
dirigées il écrit, le 26 avril 1868: “Plus les années se multiplient,
plus elles affaiblissent la nature: c’est la mort par degrés, il faut
s’y résigner! Mais heureusement que le cœur ne vieillit pas; il se
rajeunit, au contraire, en héritant de ce que les autres facultés
perdent. Aimez bien Notre Seigneur.”
C’était comme son
testament. Il mourra le 1er août suivant, à l’âge de 57 ans, après
d’ultimes épreuves tant physiques que morales.
Les épreuves
spirituelles
On connaît
relativement peu la vie mystique de Pierre-Julien Eymard, ni ses combats
avec Satan. Seul le frère Tesnière qui le soignait a pu apporter des
témoignages. En voici un: “Trois semaines avant sa mort le Père m’a
dit avec l’accent de quelqu’un qui a besoin de se soulager d’un mauvais
coup reçu: ‘Oh! que le diable est mauvais quand il vous bat. Ses
soufflets sont secs, comme s’il frappait sur du marbre. Ah! c’est qu’il
frappe vraiment et non pas seulement d’une manière imaginaire.’”
P. J. Eymard connut
aussi les terribles épreuves de la nuit de l’esprit. C’est encore le
Père Tesnière qui témoigne, lors lors du procès ordinaire de Paris:
“Il entra dans une voie d’oraison douloureuse: sécheresse du cœur,
impuissance de l’esprit à raisonner sur les vérités ou même à se
représenter les mystères: obscurité de la foi, insensibilité absolue,
vains efforts pour formuler une prière dans son cœur, vains appels à
Dieu qui semblait sourd à ses cris et s’éloignait à mesure qu’il le
cherchait davantage... vues très claires de l’inutilité de ses efforts
dans la prière comme de toutes ses actions dont il ne voyait que
lacunes, défauts et fautes, et par suite tentations de découragement et
de désespoir qui le poussaient à abandonner au moins la prière comme
inutile ou même injurieuse à Dieu.
Telle fut la voie du
Serviteur de Dieu durant ses dernières années... C’était donc plusieurs
heures par jour qu’il devait affronter ce combat de la prière, mais il
n’en abandonna jamais l’exercice ni par fatigue, ni par dégoût, et
surmonta ainsi cette longue et rude épreuve. Mais aller à la prière
équivalait pour lui à aller au sacrifice pour y immoler son âme sur le
plus cruel des bûchers.”
Ce texte très
éclairant se passe de commentaires.
[1] Cette
rencontre eut lieu trois mois avant la mort de Jean-Marie
Vianney
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