4-1-L’oraison
4-1-1-L’oraison aride
Comme Marguerite-Marie se plaignait
de ses sécheresses, Jésus lui fit ce reproche: ”Si je te veux en ma présence
sourde, muette et aveugle, n’en dois-tu pas être contente?”
Le Seigneur lui fit aussi
comprendre que, lorsqu’il faisait sa demeure dans une âme, “ il voulait un
entendement sans curiosité, un esprit sans jugement et un jugement sans volonté,
et un cœur sans mouvements autres que ceux de son amour.”
À une religieuse qui se plaignait
de la pauvreté de son oraison: “Vous ne pouvez rien faire à l’oraison?
Contentez-vous d’offrir celle que ce divin Sauveur fait pour nous au Très saint
Sacrement de l’autel, offrant ses ardeurs pour réparer toutes vos tiédeurs; et
dites dans chacune de vos actions: mon Dieu, je vais faire ou souffrir cela dans
le Sacré-Cœur de votre divin Fils, et selon ses saintes intentions que je vous
offre pour réparer tout ce qu’il y a d’impur et d’imparfait dans les miennes...
Et surtout tâchez de conserver
la paix du cœur... Et le moyen de la conserver, c’est de ne plus avoir de
volonté, mais mettre celle de ce divin Cœur en place de la nôtre, pour la laisse
vouloir pour nous tout ce qui lui sera le plus glorieux, nous contentant de nous
soumettre et abandonner. Et en un mot, cet aimable Cœur suppléera à tout ce qui
pourra manquer de votre part, car il aimera Dieu pour vous, et vous l’aimerez en
lui et par lui.”
[1]
Voici maintenant quelques autres
conseils donnés par la sainte à ses novices ou à des religieuses amies. À
toutes, Marguerite-Marie recommande le silence et indique la nécessité de
retrancher de la prière, toutes les pensées inutiles et vaines, afin d’entendre
ce que Jésus dit à notre cœur...
Mais elle conseille aussi,
fortement, “de se tenir gaie, joyeuse et contente, car c’est la vraie marque
de l’esprit de Dieu qui veut qu’on le serve avec paix et contentement... sans
gêne ni contrainte.”
4-1-2-Les
consolations et les ténèbres
Et puis, il ne faut pas s’attacher
aux consolations sensibles: “Ne vous attachez point aux douceurs
spirituelles, parce que cela ne dure guère; mais cherchez Dieu par la foi et
pensez qu’il ne mérite pas moins notre amour en nous affligeant qu’en nous
consolant.”
“Les insensibilités où vous vous
trouvez sont pour vous apprendre que, pour être susceptible de son amour et de
sa grâce, il faut être insensible à toutes les choses crées et surtout au
mouvement que suggère votre amour-propre et votre volonté... De plus, ces
sécheresses et stérilités ne sont que pour vous apprendre que si vous voulez
être une plante fertile dans le divin parterre du Sacré-Cœur et y porter des
fruits de sanctification, il faut premièrement, que vous soyez sèche et stérile
de toute inclination vaine et complaisance d’affection et d’amitié envers les
créatures et vous-même et à toutes les productions de votre amour-propre...
Les ténèbres où vous vous
trouvez ne sont que pour éteindre en vous ces fausses lumières du raisonnement
humain qui empêchent l’accomplissement des desseins de Dieu sur vous, vous
retirent en même temps de la voie de votre perfection. Laissez-vous conduire par
la main de son bon plaisir dans les pures lumières de son divin amour, auquel il
vous faut entièrement abandonner, demeurant ferme et constante, paisible parmi
toutes les rigueurs qu’il lui plaira vous faire sentir, vous contentant de vous
tenir, soit à l’oraison ou ailleurs, dans une humble soumission à son bon
plaisir...”
4-2-Le Saint Sacrement
4-2-1-Marguerite-Marie et le Saint Sacrement
“Je me tiens à ses pieds comme
une hostie vivante qui n’a d’autre désir que de lui être immolée et sacrifiée,
pour me consumer comme un holocauste dans les pures flammes de son amour, où je
sens mon cœur se perdre comme dans une fournaise ardente. Il me semble que mon
esprit s’éloigne de moi pour s’aller perdre dans l’immense grandeur de Dieu,
sans qu’il soit en mon pouvoir de l’appliquer à mon point d’oraison.”
[2]
“Mon plus grand contentement est
d’être devant le Saint Sacrement où mon cœur est comme dans son centre. Je lui
dis: ‘Ô mon Jésus et mon Amour, prenez tout ce que j’ai et tout ce que je suis
et me possédez selon l’étendue de votre bon plaisir, puisque tout ce que j’ai
est à Vous sans réserve. Transformez-moi tout en vous, afin que je n’aie plus de
pouvoir de m’en séparer un seul moment et que je n’agisse plus que par les
mouvements de votre pur amour!’”
[3]
Et, à propos de l’Eucharistie,
Jésus dit:
– “Je prends tant de plaisir d’y
être désiré, qu’autant de fois que le cœur forme ce désir, autant de fois je le
regarde amoureusement pour l’attirer à moi.”
Au début de l’année 1686, un jour,
se trouvant en présence du Saint Sacrement, elle fut pressée dans son cœur du
désir ardent de faire régner le Sacré-Cœur dans tous les cœurs. Elle raconte:
“Il me fut montré l’ardeur dont les séraphins brûlent avec tant de plaisir, et
j’ouïs ces paroles: “N’aimerais-tu pas bien mieux jouir avec eux que de souffrir
et être humiliée et méprisée pour contribuer à l’établissement de mon règne dans
les cœurs des hommes?” À cela, sans hésiter, j’embrassai la croix toute hérissée
d’épines et de clous qui m’était présentée, et je disais sans cesse: Ah! mon
unique Amour, oh! qu’il m’est bien plus doux selon mon désir, et que j’aime bien
mieux souffrir pour vous faire connaître et aimer, si vous m’honorez de cette
grâce, que d’en être privée pour être un de ces ardents séraphins!”
[4]
Ah! Qu’heureuses sont les âmes
qui sont tout à lui, qui n’aiment qu’en lui et pour lui!... En un mot, Jésus,
son amour et sa croix font tout le bonheur de la vie.”
4-2-2-Pourquoi la vie d’oraison et la visite au Saint Sacrement?
Voici des conseils donnés par la
sainte à ses novices ou à des religieuses amies, d’autres congrégations.
(Marguerite-Marie s’adresse à une seule personne à la fois)
“Le Seigneur vous choisit pour
honorer sa vie cachée au Saint Sacrement: tâchez de vivre inconnue.
“Le Seigneur vous choisit pour
honorer sa vie sacrifiée au Saint Sacrement: offrez-vous à son Sacré Cœur comme
une hostie d’immolation à son divin sacrificateur
“Le Seigneur vous appelle pour
honorer sa vie de grâce: il faut fuir tout ce qui vous la pourrait faire perdre,
vous offrant à lui comme une esclave devant son libérateur.
“Le Seigneur vous a choisie pour
honorer sa vie humiliée au Saint Sacrement: c’est pourquoi vous vous offrirez à
lui comme le néant devant son tout.
“Le Seigneur vous a choisie pour
honorer sa vie d’opération au Saint Sacrement: c’est pourquoi il vous faut, en
qualité de servante fidèle, vous faire violence, pour travailler fervemment
(sic) au service de votre Maître qui ne récompensera vos actions qu’à la mesure
de votre amour, par lequel il vous unira à son aimable Cœur.
Puisque le Seigneur désire que
vous honoriez sa vie au Saint Sacrement, il vous faut tenir comme un cierge
ardent qui n’a d’autre désir que de se consumer en l’honorant, afin que sa
grandeur vous élève en vous abaissant. Vous vous abandonnerez à la merci de la
Providence, lui laissant faire de vous selon ses désirs... et ce divin Cœur aura
soin de vous selon la mesure de votre confiance et abandon à votre amour.
Vous serez la Sulamite, l’épouse
bien-aimée qui honorerez la vie d’amour de Jésus-Christ au Saint Sacrement.
C’est pourquoi vous devez faire attention à vous rendre toute pure et innocente,
pour plaire à ce divin Époux.”
Et encore:
“Le samedi, vous vous mettrez
dans ce Sacré-Cœur comme une victime qui se présente à son sacrificateur, pour
être égorgée et immolée sur l’autel de son pur amour qui la doit consommer (sic)
comme un holocauste de ses divines flammes, afin qu’il ne lui reste plus rien
d’elle-même, et qu’elle puisse dire avec Saint-Paul: “Non, ce n’est plus moi qui
vis, mais c’est Jésus et son pur amour qui vit en moi.” C’est en lui et pour lui
que j’agis, et c’est son Sacré-Cœur qui vit et agit en moi, qui aime pour moi,
et qui répare tous mes défauts. Faites en ce jour toutes vos actions en esprit
d’humilité.”
4-2-3-À
propos de la douceur et de l’humilité dont Jésus-Eucharistie est la source
Il faut regarder “Notre Seigneur
au très Saint Sacrement comme un bon maître qui nous dit: apprenez de moi à être
douces et humbles de cœur... La vertu de douceur vous rendra condescendantes
envers le prochain et vous le fera excuser et supporter charitablement et en
silence les chagrins que vous en pourriez avoir...”
La vertu d’humilité vous conformera
à Jésus “solitaire et anéanti au Saint Sacrement, pensant à ces paroles: Dieu
s’est anéanti lui-même... Pensez souvent qu’il n’y a que le cœur humble qui soit
capable d’entrer dans le Sacré-Cœur de Jésus-Christ et de converser avec lui, et
de l’aimer et d’être aimé de lui. ”
4-2-4-Sur
l’union à Dieu
Après avoir conseillé à sa
correspondante de ne rien négliger de tout ce qui peut lui donner quelque
conformité à son Époux crucifié et de vivre dans un amoureux abandon à la
Providence, Marguerite-Marie poursuit:
“Bannissez toutes les réflexions
d’amour-propre sur vous-même, pour vous entretenir simplement avec le divin Cœur
pour entrer, autant que vous le pourrez, dans la pureté de son saint amour et de
toutes ses saintes intentions en tout ce qu’il veut.”
“Une des manières les plus
agréables à Dieu pour nous tenir en sa sainte présence, c’est d’entrer dans le
Sacré-Cœur de Jésus et de lui remettre tout le soin de nous-mêmes, nous y tenant
comme dans un abîme d’amour, pour y perdre ce qui est de nous, afin qu’il mette
en sa place ce qui est de lui... le laissant vouloir pour nous tout ce qu’il
voudra, n’aimant rien que par son amour et dans son amour.”
“Lorsque nous voulons avoir son
amour pour notre hôte, il faut vider et détacher notre cœur de l’affection de
toutes les créatures et de nous-même; car tout ce qui attache nous le ravit et
nous ôte à Dieu et à son pur amour, qui règne dans la souffrance et triomphe
dans l’humilité, pour jouis dans l’unité.”
“Si vous souhaitez honorer le
Sacré-Cœur de Jésus-Christ, rendez-le dépositaire de tout ce que vous ferez et
souffrirez, lui offrant toutes vos actions, afin qu’il en dispose et qu’il les
applique selon son bon plaisir, vous unissant toujours à ses saintes intentions
en tout ce que vous ferez et en tout ce qui vous arrivera. Faites votre demeure
dans ce Cœur adorable; portez-y vos petits chagrins et amertumes: tout y sera
pacifié et vous y trouverez le remède à vos maux, la force en vos faiblesses et
votre refuge en toutes vos nécessités.”
Par contre, au sujet des prières
vocales, Marguerite-Marie avoue sa presque totale impuissance: “Pour mes
prières vocales, le les fais comme par force; j’en dis beaucoup sans savoir si
je les dis bien...”
5
La souffrance et la croix
“Qui dit pur amour dit pure
souffrance.”
5-1-La souffrance et Marguerite-Marie
La souffrance acceptée, voire
désirée, a toujours été la fidèle compagne de Sainte
Marguerite-Marie. Cela
faisait partie de sa vocation:
– ”Souviens-toi, lui dit
Jésus, que c’est un Dieu crucifié que tu veux épouser.”
[5] Ou
encore: “Je te veux être toute chose -ta joie et ta consolation- mais je
serai aussi ton supplice.”
[6]
“Le Seigneur voulait que je lui
tinsse fidèle compagnie, et que là, il m’apprendrait à l’aimer. Il est vrai
qu’il n’y avait plus de plaisir pour moi que dans ce petit cabinet de mon cœur
où je trouvais toujours mon Époux”
[7]
Car il n’y a pas d’amour sans
souffrance:
“Sans ce Sacré-Cœur la vie me
serait insupportable... Mais vouloir aimer Dieu sans souffrir pour son amour
n’est qu’une illusion. Mais aussi je ne puis comprendre qu’on puisse souffrir
quand on aime véritablement le Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ, parce
qu’il change toutes les plus amères amertumes en douceurs et fait goûter des
délices au milieu des plus grandes peines et humiliations.”
Et Marguerite-Marie conseille:
“Il faut en passer par là
(la souffrance) puisque c’est maintenant le temps de souffrir et combattre
avec une humble soumission, pour vous purifier et vous perfectionner à sa mode,
afin de vous rendre digne d’accomplir ses desseins en vous... Souvenez-vous
seulement que nul ne peut consoler ni soulager celui que Dieu veut faire
souffrir.”
“Il faut tout souffrir en
silence, sans vous plaindre de rien: voilà ce que le Cœur de Jésus demande de
vous... Si le Cœur de Jésus vous fait trouver de l’amertume et de l’inconstance
dans les créatures, c’est parce qu’il vous aime et ne veut pas que vous vous
attachiez à ce qui est périssable, mais à lui qui seul peut contenter votre
cœur... Tâchez de vous former votre vie sur le modèle de l’humble douceur de
l’aimable Jésus; unissez-vous à toutes ses saintes intentions...”
Marguerite-Marie parle aussi
“des peines intérieures, reçues avec amour, lesquelles ressemblent à un feu
purifiant qui va consommant insensiblement en l’âme tout ce qui déplaît au divin
Époux.”
[8]
5-1-1-Gethsémani
Marguerite-Marie méditait, plongée“
dans la tristesse et agonie d’une douleur rigoureusement amoureuse.” Elle
souhaitait participer aux angoisses du Seigneur qui lui dit: “C’est ici où
j’ai le plus souffert qu’en tout le reste de ma Passion, me voyant dans un
délaissement général du ciel et de la terre, chargé de tous les péchés des
hommes. J’ai paru devant la sainteté de Dieu qui, sans avoir égard à mon
innocence, m’a froissé en sa fureur, me faisant boire le calice qui contenait
tout le fiel et l’amertume de sa juste indignation, et comme s’il eût oublié le
nom de Père pour me sacrifier à sa juste colère.
Il n’y a point de créature qui
puisse comprendre la grandeur des tourments que je souffris alors. C’est cette
même douleur que l’âme criminelle ressent, lorsqu’étant présentée devant le
tribunal de la sainteté divine qui s’appesantit sur elle, la froisse et
l’opprime en sa juste rigueur... Ce sera lorsque tu sentiras appesantir ma
sainteté sur toi qui dois élever ton cœur et tes mains au ciel, par prières et
bonnes œuvres, me présentant continuellement à mon Père, comme une victime
d’amour, immolée et offerte pour les péchés de tout le monde; me mettant comme
un rempart et un fort assuré entre sa justice et les pécheurs, afin d’obtenir
miséricorde, de laquelle tu te sentiras environnée lorsque je voudrais faire
grâce à quelques-uns.”
[9]
5-1-2-Souffrances intimes
Marguerite-Marie craint d’être un
obstacle à la gloire du Sacré-Cœur: “Il me semble qu’il me fit entendre
combien il me faudrait souffrir pour ce même amour, et que les grâces qu’il
avait à me faire n’étaient pas tant pour moi que pour ceux qu’il m’enverrait...
Il n’y a aucune consolation pour moi que celle de voir régner le Cœur de mon
adorable Sauveur, lequel me gratifie toujours de quelques souffrances
extraordinaires lorsque cette dévotion prend quelque accroissement...
Mais toutes les plus amères
amertumes ne sont que douceur dans cet adorable Cœur où tout est changé en
amour.”
[10]
Pour un cœur qui aime,
“l’affliction ou la consolation, la santé ou la maladie, c’est tout un; pourvu
que notre Bon Dieu se contente, cela nous doit suffire, puisque nous ne voulons
que lui plaire... Moins il y a de nous-mêmes, plus il y a Dieu.”
[11] Mais,
précise Marguerite-Marie, “en vous abandonnant vous-même, vous le
posséderez, et en vous abandonnant à lui, il vous possédera.”
[12]
Marguerite-Marie dévoile une partie
de ses souffrances intimes:
“Il y a en moi trois
persécuteurs. Le premier, qui en produit deux autres, c’est un si grand désir de
l’aimer qu’il me semble que tout ce que je vois devrait être changé en des
flammes de son pur amour, afin qu’il fût aimé dans son divin Sacrement. Et ce
m’est un martyre de penser qu’il y est si peu aimé, et qu’il y a tant de cœurs
qui refusent son pur amour, le mettent en oubli et le méprisent. Si je l’aimais,
du moins, mon cœur serait soulagé de sa douleur; mais... Je veux tout souffrir
sans me plaindre, puisque mon pur amour m’empêche de rien craindre... “
[13]
Et le Seigneur lui disait souvent:
“Que
ferais-tu sans moi? Tu serais bien pauvre.” Un jour, d’une voix pleine
d’autorité, Jésus déclara: “Je te rendrai si pauvre, si vile et abjecte à tes
yeux, et je te détruirai si fort en la pensée de ton cœur, que je pourrai
m’édifier sur ce néant.”
[14] On
retrouve ici toute la spiritualité de l’École Française
5-2-La croix
5-2-1-La
croix est une grâce
La plus précieuse des grâces, c’est
le don de la croix: “Ah! si on en connaissait le prix, elle ne serait pas
tant fuie et rejetée d’un chacun; mais au contraire, elle serait tellement
chérie et aimée, que l’on ne pourrait trouver de plaisir qu’en la croix, de
repos que sur la croix, et l’on n’aurait d’autre désir que de mourir entre ses
bras, méprisé et abandonné de tout le monde. Mais il faut pour cela que le pur
amour soit le sacrificateur et le consommateur (sic!) de nos cœurs.”
[15]
La croix, il faut l’embrasser avec
joie et soumission, “car alors, le Seigneur se complaira à vous rendre
conforme à lui, et vous fera voir qu’il n’est pas moins aimable dans les
amertumes que dans les douceurs du Thabor.”
[16]
“La croix est tout mon trésor
dans l’adorable Cœur de Jésus-Christ, elle y fait tout mon plaisir, et toutes
mes délices et ma joie.”
[17]
Ou encore, à la même personne:
“Les croix, les mépris, les douleurs, les afflictions sont les vrais trésors des
amantes de Jésus-Crucifié...”
5-2-2-Les
oppositions au développement du culte du Sacré-Cœur
Satan suscitait beaucoup
d’oppositions à la dévotion au Sacré-Cœur, et cela était une grande souffrance
pour Marguerite-Marie. Mais, écrit-elle, le Sacré-Cœur “règnera malgré ses
ennemis et se rendra le maître des cœurs qu’il veut posséder, car c’est la
principale fin de cette dévotion: convertir les âmes à son amour. Voici ce qu’il
m‘a donné pour occupation: la Croix est ma gloire, l’amour m’y conduit, l’amour
me possède, l’amour me suffit.”
[18]
“Comme l’on ne peut aimer sans
souffrir, aimons donc et souffrons tout ensemble, et n’en perdons pas un moment;
car toutes les croix sont précieuses à un cœur qui aime son Dieu et qui veut
être aimé de lui. Tâchons donc de nous rendre des véritables copies de notre
Amour crucifié.”
[19]
5-2-3-Mais il
faut surtout tout abandonner au Seigneur qui prendra soin lui-même de ses
intérêts
“La croix est un baume précieux
qui perd sa bonne odeur devant Dieu lorsqu’il est éventé; c’est pourquoi il faut
la cacher et porter en silence autant que nous pourrons... Ne perdons pas un
moment de souffrir puisqu’on ne peut aimer sans cela. Ah! que la croix est bonne
en tout temps... Ce n’est pas qu’il faille demander la souffrance, car c’est le
plus parfait de ne rien demander et ne rien refuser mais s’abandonner au pur
amour pour nous laisser crucifier et consommer (sic) selon son désir...
N’ayons donc plus de réserve
avec lui, abandonnons-lui tout ce que nous sommes, sans nous mettre en peine de
l’avenir, non plus que de réfléchir sur nous-même ni sur notre incapacité.”
[20]
En effet, “L’adorable Cœur de
Jésus veut établir son règne d’amour dans tous les cœurs, détruire et ruiner
celui de Satan... Ne craignons donc pas la peine et les souffrances qui s’y
rencontreront dans ce grand ouvrage; mais plutôt, estimons-nous heureuses
lorsqu’il nous en estimera dignes pour un si noble objet: je dis même toutes
sortes de peines, contradictions, calomnies et douleurs; plus j’en trouve, plus
je me sens encouragée, et plus j’ai d’espérance qu’il réussira à la gloire de
cet aimable Cœur, et pour le salut de plusieurs âmes.
Mais c’est une dévotion qui ne
veut point être forcée et contrainte. Il suffit de la faire connaître, et puis
laisser à ce divin Cœur le soin de pénétrer les cœurs qu’il s’est destinés de
l’onction de sa grâce. Heureux ceux qui seront de ce nombre!... Dans ce divin
Cœur tout est changé en amour, jusques aux plus amères amertumes. Faisons-y
notre demeure actuelle et perpétuelle... et laissons-le faire et agir en nous et
pour nous, selon son désir.”
[21]
6
Les vertus
La bonté de Dieu et sa Miséricorde
sont infinies et “Notre Seigneur ne veut établir son empire que par la
douceur et la suavité de son pur amour et non par les rigueurs de sa justice.”
[22]
Mais il y a des vertus obligatoires
pour entrer dans l’amour de Dieu, des vertus auxquelles nul homme ne doit se
soustraire, et encore moins des religieuses. À la Sœur de Thélis, elle n’hésite
pas à écrire, en 1687, ces paroles sévères: “Je ne puis comprendre qu’un cœur
qui est à Dieu et qui le veut véritablement aimer, le puisse offenser de propos
délibéré, et je vous avoue que les fautes volontaires me sont insupportables,
parce qu’elles blessent le Cœur de Dieu.”
6-1-Que demande donc le Cœur de Jésus?
“Voici une chose que cet
adorable Cœur demande de ses amis: c’est la pureté dans l’intention, l’humilité
dans l’opération, et l’unité dans la prétention.”
[23]
Et voici, rapidement résumé,
l’essentiel de ce que doivent observer tous ceux qui veulent trouver Dieu:
“Une bonne religieuse doit tout quitter pour trouver Dieu, tout ignorer pour le
connaître, tout oublier pour le posséder, tout faire et tout souffrir pour
apprendre à l’aimer; et je vous assure qu’il ne faut pas un moindre engagement
que celui de l’obéissance pour l’engager à vous répondre.”
[24] Car
la première des vertus que Jésus demande, c’est l’obéissance.
6-1-1-L’obéissance
Ce que Jésus exige d’abord de ses
saints, c’est l’obéissance. Voici ce que Marguerite
raconte, quand elle était en
butte à de nombreuses contradictions:
“La contradiction m’a souvent
mise sur le point de cesser d’en parler (du Sacré-Cœur), mais j’étais si
fort reprise de mes vaines craintes par lesquelles Satan tâchait de m’intimider,
et ensuite tellement encouragée et fortifiée, que j’ai résolu, quoi qu’il doive
m’en coûter, de poursuivre jusqu’au bout, à moins que l’obéissance ne me le
défende; en ce cas je quitterais tout, parce que je lui défère toujours mes vues
et mes sentiments.”
[25]
Car “Notre Seigneur se plaît
plus dans notre soumission et conformité à sa sainte volonté que dans tout ce
que nous pourrions faire sans cela.”
[26]
Et “qu’y a-t-il de plus
obéissant que mon Jésus en la sainte Eucharistie?... À son imitation, il veut
que je m’abandonne entre les mains de mes supérieures, quelles qu’elles puissent
être.”
[27]
Voici maintenant des conseils
donnés par la sainte à ses novices:
“Jésus a été obéissant jusqu’à
la mort de la Croix, et tous les jours il obéit aux prêtres sur nos autels.
C’est pourquoi il vous faut mettre entre les mains de l’obéissance pour obéir
jusqu’à la mort de toutes vos volontés et inclinations... Soyez douce si vous
voulez plaire au Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ qui ne se plaît
qu’avec les doux et humbles de cœur.”
Elle conseille aussi:
“Songez, en toutes les
obéissances que vous pratiquez, que Jésus a été obéissant jusqu’à la mort de la
Croix.”
6-1-2-L’humilité
L’humilité est la vertu que Dieu
préfère, et tous les saints, même les plus grands, ont été de grands humbles.
Marguerite-Marie, ne fit pas exception à la règle malgré son exceptionnelle
intimité avec le Seigneur, ou peut-être à cause d’elle, car, dit-elle: “Le
divin Cœur n’est que douceur, humilité et patience”
[28] Et
“le divin Cœur ne se plaît que dans les âmes anéanties, lesquelles sont tout
en lui et trouvent tout en lui, lorsqu’elles ne sont rien en elles-mêmes...
C’est pourquoi, malgré nos répugnances il faut régaler souvent l’adorable Cœur
de Jésus de ce mets si délicieux à son goût, je veux dire les précieuses
humiliations, mépris et abjections dont il nourrit ses plus fidèles amis
ici-bas. Il ne faut pas les chercher, mais bien profiter de celles qu’il nous
présente...[29]
L’humilité de Marguerite-Marie
“Il me semble, écrit
Marguerite-Marie, être une petite goutte d’eau dans cet océan du Sacré-Cœur
qui est un abîme de toutes sortes de biens, une source inépuisable de toutes
sortes de délices, et plus on en prend, plus elle est abondante. C’est un trésor
caché et infini qui ne demande qu’à se manifester à nous, à se répandre et
distribuer pour enrichir notre pauvreté...“
[30]
Je vous puis dire que la plus
sensible douleur que je sente, c’est de me regarder comme un obstacle à cette
aimable dévotion; car jamais je ne me suis vue plus méchante, pauvre, destituée
de vertus et de tout bien spirituel, dans une infidélité si grande que je me
fais horreur à moi-même... Je me sens toujours plus pressée de vivre pauvre,
inconnue, et méprisée des créatures.”
[31]
C’est pourquoi elle conseille à une
religieuse amie de ne plus chercher de consolations dans les choses passagères,
mais dans l’humilité. Marguerite-Marie lui écrit: “Le Seigneur veut que vous
receviez ces sortes d’occasions d’humiliation comme un signal qu’il vous donne
et qu’il vous attend dans le plus intime de votre cœur, et qu’il faut tout
quitter pour lui aller tenir compagnie... Regardez cette voie humble comme la
vraie qu’il vous a tracée, et la plus sûre pour arriver à lui...“ Il faut
avancer sans savoir où l’on va, “car l’humilité a cela de propre qu’elle
disparaît du moment qu’on l’aperçoit dans soi-même.”
[32]
Et à une autre:
“Ma chère amie, ne vous troublez
pas de vos fautes... Nos chutes nous servent quelquefois beaucoup pour nous
humilier et nous apprendre ce que nous sommes, et combien il nous est utile
d’être cachées dans l’abîme de notre néant...”
[33]
Voici, en vrac, d’autres remarques
sur m’humilité
“L’humilité est la voie sûre de
votre salut... Faites donc tout par amour et par humilité... Il faut vous offrir
à Jésus-Christ au saint Sacrement, comme le néant devant son Créateur...
L’Esprit du Seigneur ne repose que sur l’humble de cœur.”
“Comme l’amour conforme les
amants, il faut, si vous voulez être aimée de ce Sacré-Cœur, tâcher de vous
rendre humble et douce de cœur comme lui. L’humilité vous fera réjouir, lorsque
l’on vous humiliera et méprisera; elle vous empêchera de vous excuser, disant en
vous-même: Jésus ne s’excusait pas! Elle vous rendra encore soumise et
obéissante à tout ce que l’on demande de vous sans réplique.”
Car Jésus ne demande pas d’autres
marques de votre amour ”sinon une profonde humilité d’esprit, la paix dans
votre âme et dans votre cœur, le désir de l’aimer, puisque, en vérité, il vous
aime et ne vous laissera pas périr.”
“Vous ne pouvez marcher dans la
voie que le Seigneur vous a tracée que par un continuel renoncement de vous-même
et de tous ces mouvements trop empressés que vous avez à la créature.”
“Faites tout par amour, dans
l’amour et pour l’amour, car c’est l’amour qui donne le prix à tout. L’amour ne
veut point d’un cœur partagé: il veut tout ou rien! L’amour vous rendra tout
facile...”
“Il nous faut être aveugle sur
les défauts d’autrui, pour n’en jamais mal parler ni juger... Lorsqu’il vous
vient envie de vous excuser, dites en vous-même: mon Jésus qui était innocent se
tait lorsqu’on l’accuse, et moi qui suis criminelle, pourrais-je me justifier?”
“La perfection consiste à
conformer sa vie et ses actions aux saintes maximes du Sacré-Cœur de Jésus,
surtout sa douceur, son humilité et sa charité... Conformez-vous le plus qu’il
vous sera possible à son humilité et à sa douceur envers le prochain, surtout
envers ceux pour qui vous aurez le plus d’antipathie.”
“Soyez toujours humblement prête
à tout, toujours soumise en tous les événements à la volonté de Dieu et de vos
supérieures, les laissant disposer de vous à leur gré.”
“Il ne faut parler de votre
intérieur qu’à très peu de personnes... regardez cette solitude comme un
purgatoire qui doit purifier en vous tout ce qui vous empêche d’entrer dans
l’adorable Cœur de Jésus qui veut des cœurs détachés de tout.”
6-1-3-L’Amour
du prochain
Comme à Sainte Thérèse d’Avila,
Jésus fit comprendre à Marguerite-Marie, que seules les œuvres prouvent qu’on
aime vraiment le Seigneur: “Il me fit voir que l’on ne lui peut mieux faire
voir son amour qu’en aimant le prochain pour l’amour de lui, et que je devais
m’employer à en procurer le salut, et qu’il fallait oublier mes intérêts pour
épouser ceux du prochain dans mes prières et dans tout ce que je pourrais faire
de bien, par la miséricorde de Dieu.”
[34]
6-2-Il faut s’abandonner entre les bras du
Seigneur et Le laisser faire
6-2-1-L’abandon
Surtout, il ne faut jamais
s’affliger ni craindre puisque le Seigneur ”ne demande que notre confiance en
sa bonté, pour nous faire éprouver la douceur et la force de son secours dans
nos besoins, mais toujours à la mesure de notre confiance.”
[35]
C’est ce que renferme explicitement
la consécration au Cœur de Jésus: “vie de sacrifice, d’abandon et d’amour:
– de sacrifice de tout ce
qui vous est le plus cher et qui vous coûtera le plus,
– d’abandon total de vous-même
aux soins de son amoureuse conduite, le prenant pour votre conducteur dans la
voie du salut,
– vivre de cette vie d’amour qui
nous unira à lui par celui de notre abjection et anéantissement de nous-mêmes,
pour nous conformer entièrement à ses états de sacrifice, d’abandon et d’amour
au très Saint Sacrement où l’amour le tient là, comme victime tout abandonnée à
être continuellement sacrifiée pour la gloire de son Père et notre salut...
Il faut aussi se référer à sa
gloire: établissez-y votre demeure, dans cet aimable Cœur de Jésus, et vous y
trouverez une paix inaltérable et la force d’effectuer tous les bons désirs
qu’il vous donne, et ne point faire de fautes volontaires... Tout ce qui vient
de ce Sacré-Cœur est doux, et il change tout en amour.”
[36]
À la Sœur Félice-Madeleine de la
Barge, Marguerite-Marie conseille:“ Il doit vous suffire de lui avoir remis
tout le soin de vous-même, et qu’à mesure que vous vous oublierez, il prendra un
soin tout particulier de vous perfectionner, purifier et sanctifier; mais le
trop de réflexion sur nous-mêmes empêche l’effet de ses desseins sur nous.”
[37] À
la même, en mars 1688, elle rappelle que le but du Seigneur pour elle, est
d’établir en son cœur l’empire de son pur amour. “C’est pourquoi il se presse
de ruiner en vous tout ce qu’il y a de terrestre et d’humain, pourvu que vous le
laissiez faire, en correspondant, suivant ses lumières, à ses desseins
adorables.”
“Vivez, mon enfant, tout
abandonnée au Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ, vous laissant conduire
et gouverner à son amoureuse providence, sans rien demander ni rien refuser,
mais vous tenir toujours disposée à tout souffrir et à tout faire au moindre
signe de l’obéissance que vous devez rendre à ceux qui vous conduisent de sa
part... Aimez le Sacré-Cœur de toutes vos forces, vous occupant toujours de lui,
lui laissant faire en vous et pour vous ce qu’il voudra, sans vous mettre en
peine de rien. Pourvu qu’il se contente, cela doit vous suffire.”
“Nous ne devons jamais nous
décourager ni laisser aller à l’inquiétude.”
“Abandon pour l’amour, abandon
dans l’amour et tout à l’amour, sans plus de réserve!”
“Soyez de ces violents qui
ravissent le ciel par force; mais le Seigneur vous aidera. Ne vous laissez
jamais abattre le courage ni troubler de rien. Tenez toujours votre âme en paix
parmi les divers changements de la vie et elle deviendra le trône de Dieu.”
Et pour arriver à un parfait
abandon entre les mains du Sacré-Cœur de Jésus, il faut d’abord Le laisser
faire.
6-2-2-Se
laisser faire par le Seigneur
Le Seigneur a appris à
Marguerite-Marie qu’il fallait Le laisser faire pour tout ce qui la concernait.
Il lui a dit mille fois: “Laisse-moi faire.”
Se laisser faire, c’est
s’abandonner à Dieu. “Lorsque nous sommes toutes consacrées et dévouées à ce
Cœur adorable, pour l’aimer et l’honorer de tout notre pouvoir, en nous
abandonnant tout à lui, il prend soin de nous, et nous fait arriver malgré tous
les orages au port de salut... Et puisque Celui qui aime est tout puissant,
aimons donc, et rien ne nous paraîtra difficile. Mais cet amour ne règne que
dans la souffrance et ne triomphe que dans la vraie humilité, et on n’en peut
jouir qu’en l’unité. C’est dans le Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ que
nous la trouverons.”
[38]
“Il faut que ce divin Cœur de
Jésus soit tellement substitué en la place du nôtre que lui seul vive et agisse
en nous et pour nous; que sa volonté tienne la nôtre tellement anéantie qu’elle
puisse agir absolument sans résistance de notre part; et enfin que ses
affections, ses pensées et ses désirs soient en la place des nôtres, mais
surtout son amour, qui s’aimera lui-même en nous et pour nous... afin qu’il
s’accomplisse parfaitement en nous, nous contentant d’aimer et de le laisser
faire; soit qu’il nous abaisse ou qu’il nous élève, qu’il nous console ou qu’il
nous afflige, tout nous doit être indifférent. Pourvu qu’il se contente, cela
doit nous suffire! Aimons-le donc cet unique amour de nos âmes, puisqu’il nous a
aimés le premier et qu’il nous aime encore avec tant d’ardeur qu’il en brûle
continuellement au Saint Sacrement. Et il ne faut que l’aimer ce Saint des
saints pour devenir saintes...”
[39]
“Pour les affaires qui regardent
immédiatement la gloire de Dieu, elles sont bien différentes de celles du monde
dans lesquelles il faut beaucoup agir; mais dans celles de Dieu, il faut se
contenter de suivre son inspiration, et puis laisser agir la grâce et suivre ses
mouvements de tout notre pouvoir...”
[40]
6-2-3-L’amour
de la pauvreté
“Il faut tout donner pour avoir
tout; l’amour divin ne peut souffrir aucun mélange.”
Conseils donnés par la sainte à ses
novices ou à des religieuses amies, d’autres congrégations, au sujet de la
pauvreté
“Soyez pauvre de tout et le
Sacré-Cœur de Jésus vous enrichira. Videz-vous de tout: il vous remplira.
Oubliez-vous de vous-même et vous abandonnez: il pensera et aura soin de vous.
Embrassez amoureusement tout ce qui vous humiliera et anéantira le plus, comme
les moyens les plus propres à faire triompher le doux, aimable cœur de Jésus et
pour faire régner le vôtre à son tour dans le sien. Vivez-y sans souci, comme un
enfant qui n’a que celui de l’aimer et s’abandonner toute à lui; tenant votre
âme en paix, sans aller au trouble ou inquiétude dans la vue de vos défauts et
misères... Et c’est pour cela que hors l’offense de Dieu, nous devrions être
bien aises de nous voir défaillantes involontairement.”
Pourtant, “c’est mal traiter la
bonté de notre Dieu que de croire qu’elle veuille abandonner à la privation de
son amour éternel un cœur qui aspire de l’aimer dans le temps et l’éternité.
Non! il ne l’a jamais fait et ne le fera pas, car il ne perd et n’abandonne pas
les pauvres misérables, quand ils ne sont pas tels par leur malice.”
“Il faut demeurer là où Dieu le
veut... Ôtez seulement tout ce qu’il vous fera connaître être un obstacle à son
amour, car il veut que vous viviez dans un entier dénuement de tout ce qui n’est
pas lui et qui peut contenter vos inclinations et lier vos affections.”
6-2-4-Les
prédilections du Cœur de Jésus
Pour résumer ce chapitre sur les
vertus que le Sacré-Cœur de Jésus demande de nous, voici, selon Sainte
Marguerite-Marie les prédilections du Cœur de Jésus:
“Celle qui sera la plus humble
et méprisée, sera le plus avant dans son Cœur adorable.
“La plus dépouillée et dénuée de
tout le possédera davantage.
“La plus mortifiée en sera la
plus caressée.
“La plus obéissante le fera
triompher.
“La plus charitable en sera la
plus aimée.
“La plus silencieuse en sera la
mieux renseignée.
6-3-Marguerite-Marie et la mort
À plusieurs reprises des âmes de
défunts apparurent à Marguerite-Marie. Certaines, au
Purgatoire, venaient
demander des prières pour soulager leurs souffrances. D’autres, déjà au Ciel,
venaient dire leur joie. Ainsi, un dimanche, jour de la fête du Bon Pasteur,
deux sœurs récemment décédées sont apparues à Marguerite-Marie. L’une répétait
sans cesse: “L’amour triomphe, l’amour jouit, l’amour en Dieu se réjouit.”
L’autre disait: “Que bienheureux sont les morts qui meurent au Seigneur,
et les religieuses qui vivent et meurent dans l’exacte observance de leur
règle... L’ingratitude n’est jamais entrée dans le ciel.”
Nous ne devons nous attacher qu’aux
seuls dons de Dieu, et “celui de son pur amour surpasse tous les autres;
c’est le seul qui nous doit posséder, faire agir et souffrir, car il n’est
jamais oisif dans un cœur.”
[41]
Marguerite-Marie conseillait à ses
correspondantes: “Il nous faut toujours tenir en la disposition où nous
voudrions paraître devant Dieu, et nous ne craindrons pas que la mort nous
surprenne. Et que peut craindre une bonne religieuse, dont la vie ne doit être
qu’une continuelle mort à soi-même et à tous les plaisirs de la vie, pour n’en
prendre point d’autre qu’à se crucifier avec notre cher Époux Jésus-Christ?...
Notre cœur n’est fait que pour Dieu. Malheur à lui s’il se contente de moins que
de Dieu ou s’il se laisse brûler de quelque autre feu que de celui de son pur
amour!...“
[42]
Quant à elle, Marguerite-Marie,
dans une retraite de préparation à sa mort (1690), fit cette prière:
“Ne me privez pas, ô mon Dieu,
de vous aimer éternellement pour ne vous avoir pas aimé dans le temps! Faites au
reste de moi tout ce qu’il vous plaira. Je vous dois tout ce que j’ai, tout ce
que je suis; et tout ce que j’ai fait de bien ne saurait réparer la moindre de
mes fautes, que par vous-même. Je suis insolvable, vous le voyez bien, mais
mettez-moi en prison, j’y consent, pourvu que ce soit dans votre Sacré-Cœur. Et
tenez-moi là captive et enchaînez-moi par les chaînes de votre amour, jusques à
ce que je vous aie payé tout ce que je vous dois; et comme je ne pourrai jamais
faire, aussi désiré-je de n’en jamais sortir.”
7
Marguerite-Marie, François de Sales et le Père de Croiset
7-1-Marguerite-Marie et Saint François de Sales,
fondateur de la Visitation
7-1-1-Pourquoi le Sacré-Cœur s’est-il manifesté à une Visitandine?
Avec beaucoup d’humilité
Marguerite-Marie explique pourquoi: ”Il me semble que notre saint Fondateur,
ce vrai ami du Cœur de Dieu, a été le principal moteur de ce don salutaire pour
l’obtenir en faveur de notre cher Institut, parce que Satan voulait vomir sa
rage à en détruire l’esprit, et par ce moyen le renverser. Mais j’espère qu’il
n’en viendra pas à bout, si nous voulons, selon les intentions de notre saint
Père, (François de Sales) nous servir des moyens qu’il nous présente pour
nous remettre dans la première vigueur de notre sainte vocation, vivant selon
les maximes de Jésus-Christ...”
[43]
Un jour Saint François de Sales
apparut à Marguerite-Marie, et il lui dit “qu’une véritable fille de la
Visitation doit être une hostie vivante, à l’imitation de Jésus-Christ, immolée
à tous les desseins de Dieu, sacrifiée par les supérieures ou par les
afflictions...“[44]
Un jour de la fête de Saint
François de Sales, ce dernier lui apparut encore et lui fit connaître, très
sensiblement, “l’ardent désir qu’il avait que le Sacré-Cœur de Jésus-Christ
fût connu, aimé et honoré dans tout son Institut, disant que c’était le moyen le
plus efficace qu’il avait pu obtenir pour le relever de ses chutes, et
l’empêcher de succomber sous les artifices d’un esprit étranger, plein d’orgueil
et d’ambition, qui ne cherche qu’à ruiner l’esprit d’humilité et de simplicité
qui est le fondement de l’édifice que Satan ne cherche qu’à renverser, ce qu’il
ne pourra faire, ayant ce Sacré-Cœur pour défenseur et pour soutien.”
[45]
7-1-2 Les
grâces pour la Visitation
Marguerite-Marie raconte une autre
apparition: “Notre Saint Fondateur parlant à ses filles, leur dit: Ô filles
de bonne odeur, venez puiser dans la source de bénédiction les eaux de salut...
C’est dans ce divin Cœur que vous trouverez un moyen facile de vous acquitter
parfaitement de ce qui vous est enjoint... Que le Sacré-Cœur soit la vie qui
nous anime... Et pour cela nous prierons dans le Cœur et par le Cœur de Jésus.“
[46]
Et Marguerite-Marie ajoute:
“Que de bénédictions et de
grâces, il me semble, qu’il (le Sacré-Cœur) s’est proposé de répandre sur ce
cher Institut, et en particulier dans les maisons qui lui procureront plus
d’honneur et de gloire pourvu que nous soyons fidèles... Le Sacré-Cœur, si je ne
me trompe, fait sentir des complaisances inconcevables à notre saint Fondateur
de ce que sa dévotion s’établit dans notre institut, parce qu’il s’en veut le
soutien et le défenseur, pourvu que nous n’y mettions point d’obstacle par nos
infidélités.”
[47]
7-2-Marguerite-Marie et ses lettres au Père de
Croiset
Remarque:
Après la mort du Père La
Colombière, c’est un jeune Jésuite, le Père Croiset (1656-1738), qui sera chargé
de recueillir les confidences de Marguerite-Marie, laquelle, par obéissance, lui
écrivit souvent et lui découvrit les secrets de son cœur. On possède dix lettres
adressées au Père Croiset. La dernière porte la date du 14 août 1690, soit deux
mois avant la mort de Marguerite-Marie, survenue le 17 octobre 1690.
On n’étudiera ici que les lettres
de Marguerite-Marie au Père Croiset. La dernière phrase de la dernière lettre de
Marguerite-Marie au Père Croiset est comme le résumé de ce que fut la vie de la
sainte: “Je prie le divin époux de nos âmes que, puisqu’il nous a faits
uniquement pour l’aimer, il vous consomme tout en son pur amour, afin que nous
ne cessions pas un moment de l’aimer.”
On découvre dans les lettres de
Sainte Marguerite-Marie adressées au Père Croiset, qui n’était pas encore prêtre
au début de leur correspondance, une direction spirituelle forte et étonnante,
car c’est la fille qui éduque le Père. Par ailleurs, l’ensemble présente une
telle unité sur le plan spirituel qu’il a semblé utile de les traiter à part.
Tout ce qui suit est donc intégralement consacré à ces lettres échelonnées du 14
avril 1689 au 21 août 1690, lettres qui sont comme le Testament spirituel de la
Sainte.
7-2-1-Pourquoi Marguerite-Marie confie-t-elle les secrets du Sacré-Cœur de Jésus
au Père Croiset?
Mission du Père Croiset
Dans la première lettre destinée au
Père Croiset, du 14 avril 1689, alors que le jeune jésuite n’était pas encore
ordonné, Marguerite lui fait part du “désir qu’a Jésus de lui départir avec
profusion les richesses inépuisables de son adorable Cœur, mais,
ajoute-t-elle, ”non pas tant seulement pour vous, mais afin que vous les
départiez aux âmes qu’il prétend gagner par votre moyen.
Plus de regard ni de souvenir de
vous-même, pour le laisser agir envers vous et par vous selon ses désirs, qu’il
vous fera connaître dans le temps qu’il a destiné. Cependant, voyez si vous
acceptez cette manière d’union... et si vous désirez qu’elle subsiste il faut
que vous fassiez la même donation au Sacré-Cœur le jour que vous lui offrirez le
premier saint Sacrifice, dans son mystère d’amour, vous consacrant et donnant
tout pour l’aimer et le glorifier, et lui procurer tout l’amour et la gloire
dont il vous rendra capable par lui-même, soit de paroles ou d’écrits, afin que,
par ces moyens, il vous fasse également part de ses trésors infinis, par
lesquels j’espère qu’il nous fera dire éternellement: ‘Misericordias Domini in
æternum cantabo...“
[48]
7-2-2-Pourquoi cette dévotion?
Pourquoi la dévotion au Sacré-Cœur
de Jésus? Marguerite-Marie répond:
“Le divin Cœur... a fait voir à
son indigne esclave, que cette dévotion était un des derniers efforts de son
amour envers les hommes, afin que, leur mettant en évidence dans un tableau
particulier de son divin Cœur percé d’amour pour leur salut, il pût mettre leur
salut en assurance en ne laissant périr rien de tout ce qui lui serait consacré,
par le grand désir qu’il a d’être connu, aimé et honoré de ses créatures... mais
pour cela, il faut vivre conformément à ses saintes maximes...
Lorsque mon souverain Maître
n’agrée pas ma pensée, il m’ôte toute mémoire et toute intelligence sur ce que
je voudrais dire, de sorte qu’il m’est impossible de le faire... Les souffrances
font mon exercice continuel depuis qu’il m’a destinée, si je ne me trompe, pour
être la victime de son divin Cœur et son hostie d’immolation, sacrifiée à son
bon plaisir et immolée à tous ses désirs, pour me consommer (sic)
continuellement, sur ce sacré autel, par les ardeurs du pur amour souffrant...
Oh! quel bonheur de pouvoir
participer ici-bas aux angoisses, amertumes et dérélictions du Sacré-Cœur de
Notre Seigneur Jésus-Christ!”
[49]
Le divin Cœur de Jésus “est le
trésor du ciel dont l’or précieux nous a déjà été donné, en plusieurs manières,
pour payer notre dette et acheter le ciel, et pour la dernière invention de son
amour, de laquelle il ne tiendra qu’à nous d’en profiter... Ce Cœur désire qu’en
nous sanctifiant nous le glorifiions, ce Cœur tout amour, lequel a plus souffert
que tout le reste de la sainte humanité de Notre Seigneur Jésus-Christ. Car dès
le moment de l’Incarnation, ce Sacré-Cœur a été changé en une mer d’amertume,
souffrant dès ce premier instant jusques à son dernier soupir sur la Croix. Tout
ce que cette sainte humanité a souffert intérieurement dans le cruel supplice de
la Croix, ce divin Cœur l’a ressenti continuellement, et c’est pour cela que
Dieu veut qu’il soit honoré par un hommage particulier...
[50]
Le divin Cœur est une source
intarissable où il y a trois canaux qui coulent sans cesse: premièrement de
miséricorde pour les pécheurs, sur lesquels découle l’esprit de contrition et de
pénitence; le second est de charité, qui s’étend pour le secours de tous les
misérables qui sont en quelque nécessité, et particulièrement pour ceux qui
tendent à la perfection... du troisième découlent l’amour et la lumière pour les
parfaits amis qu’il veut unir à lui, pour leur communiquer sa science et ses
maximes, afin qu’ils se consacrent entièrement à lui procurer de la gloire,
chacun en sa manière; et la Sainte Vierge sera la spéciale protectrice de
ceux-ci, pour les faire arriver à cette vie parfaite.”
[51]
7-2-3-Les
desseins de Jésus
Le divin Cœur “attend beaucoup
de la Compagnie de Jésus, et il a de grands desseins. C’est pourquoi il s’est
servi du bon Père La Colombière pour donner commencement à la dévotion de cet
adorable Cœur; comme j’espère que vous serez l’un de ceux dont il se servira
pour l’introduire dans votre ordre... Mais le tout doucement, suavement, suivant
les moyens qu’il vous en fournira, en lui laissant le succès de tout, sans plus
désirer ni vouloir faire que ce qu’il vous fera connaître, dans chaque occasion,
qu’il veut que vous fassiez... Ne nous étonnons pas des contradictions et
oppositions que le démon y suscitera... Enfin je crois qu’il vérifiera cette
parole qu’il faisait continuellement entendre à l’oreille du cœur de son indigne
esclave, (Marguerite-Marie), parmi les difficultés et oppositions qui ont
été grandes dans les commencements: ‘Je régnerai malgré mes ennemis et tous ceux
qui s’y opposeront.’”
[52]
7-2-4-Compléments à la révélation
Dans la quatrième lettre adressée
au Père Croiset, Marguerite-Marie décrit de nouveau les apparitions et
révélations du Sacré-Cœur “présenté comme dans un trône de flammes, plus
rayonnant qu’un soleil et transparent comme un cristal, avec cette plaie
adorable. Et il était environné d’une couronne d’épines, qui signifiait les
piqûres que nos péchés lui faisaient, et une croix au-dessus qui signifiait que,
dès les premiers instants de son incarnation... la Croix y fut plantée, et il
fut rempli, dès ces premiers instants de toutes les amertumes que lui devaient
causer les humiliations, pauvreté, douleurs et mépris que la Sacré Humanité
devait souffrir, pendant tout le cours de sa vie et en sa sainte Passion.”
La dévotion à son Sacré-Cœur
“était comme un dernier effort de son amour qui voulait favoriser les hommes en
ces derniers siècles de cette rédemption amoureuse, pour les retirer de l’empire
de Satan, lequel il prétendait ruiner, pour nous mettre sous la douce liberté de
l’empire de son amour, lequel il voulait rétablir dans les cœurs de tous ceux
qui voudraient embrasser cette dévotion.”
[53]
7-2-5-L’Eucharistie
“Oh! que vous serez heureux de
participer tous les jours à ce divin Sacrement, de tenir ce Dieu d’amour entre
vos mains et de le mettre en votre cœur!” Car c’est vraiment ”dans cet
admirable Sacrement, où son amour le tient captif que l’on peut dire: l’amour
triomphe, l’amour jouit, l’amour en Dieu se réjouit. Si vous saviez l’ardent
désir qui me presse qu’il soit connu, aimé et glorifié!”
[54]
Enfin, il semble à Marguerite-Marie
”que le Sacré-Cœur désirerait encore que l’on eût une particulière union et
dévotion aux saints anges qui sont particulièrement destinés à l’aimer et
honorer et louer dans ce divin Sacrement d’amour, afin qu’étant unis et associés
avec eux, ils suppléassent pour nous en sa divine présence, tant pour lui rendre
nos hommages, que pour l’aimer pour nous et pour tous ceux qui ne l’aiment pas,
et pour réparer les irrévérences que nous commettons à sa sainte présence.”
[55]
7-3 Confidences personnelles
Marguerite-Marie confie au Père
Croiset les trois désirs ardents qu’elle eut autrefois, trois désirs qu’elle
regarde comme trois tyrans qui lui faisaient souffrir un continuel martyre:
aimer Dieu, souffrir et mourir dans cet amour. Elle dit aussi la pensée qui la
console: “Le Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ fera tout cela pour
moi si je le laisse faire; il voudra, il aimera pour moi, et suppléera à toutes
mes impuissances et défauts.”
[56]
Marguerite-Marie dira dans sa
deuxième lettre au Père Croiset: “Depuis qu’il (le Sacré-Cœur) m’a fait la
miséricorde de me consacrer lui-même à son amour et à sa gloire, je ne me soucie
plus de de quelle manière il me traite. Pourvu qu’il se contente, cela me
suffit!... Je ne veux rien, en tout et partout, que l’accomplissement du bon
plaisir divin, laissant à ce divin Cœur de vouloir et désirer en moi et pour
moi selon ce qu’il lui plaira. Je me contente de l’aimer seul, et puis il aimera
pour moi tout ce qu’il veut que j’aime.”
[57]
7-3-1-Les
craintes de Sainte Marguerite-Marie
Dans la 4ème lettre au Père
Croiset, Marguerite-Marie raconte comment Notre Seigneur, s’étant un jour
présenté “à son indigne esclave, lui dit: ‘je cherche une victime pour mon
Cœur, laquelle je veuille sacrifier comme une hostie d’immolation à
l’accomplissement de ses desseins’.“
Alors Marguerite-Marie lui présenta
plusieurs saintes âmes qui correspondraient à ses desseins. Mais Jésus lui dit:
“Je n’en veux point d’autre que toi, et je veux que tu consentes à mon
désir.”
Marguerite-Marie lui redit son
indignité, mais Jésus “ne cessait de la poursuivre et elle de lui résister
pour la grande crainte qu’elle avait que ces voies extraordinaires ne la
retirassent de l’esprit simple de sa vocation.” Mais ce fut en vain qu’elle
résista. Alors, écrit Marguerite-Marie, “m’étant offerte, il me dit qu’il
savait mes craintes, mais qu’il me promettait, comme je crois vous l’avoir déjà
dit, d’ajuster tellement ses grâces à l’esprit de ma règle, à l’obéissance due à
mes supérieures et à ma faiblesse et infirmité, que l’un n’empêcherait point
l’autre.”
[58]
Et Jésus prépara son élue à de
nouvelles grâces. Voici quelques-unes de ses dispositions: “La première est
qu’après une confession générale de toute ma vie criminelle et méchante, d’abord
après l’absolution, il me montra une robe qu’il appelait d’innocence, laquelle
était plus blanche que la neige, dont il me revêtit, et il me dit: ‘Voici que
j’ôte pour toujours la malice de ta volonté, afin que désormais les fautes que
tu commettras soient pour t’humilier, et non pour m’offenser’. Et puis,
m’ouvrant derechef son Cœur adorable, il me dit, en m’y mettant: ‘Voici le lieu
de ta demeure actuelle et perpétuelle, où tu pourras conserver sans tache la
robe d’innocence dont j’ai revêtu ton âme’.”
Un des plus rudes supplices de
Marguerite-Marie était lorsque le divin Cœur lui était présenté avec ces
paroles: “J’ai soif, mais d’une soif si ardente d’être aimé des hommes au
saint Sacrement, que cette soif me consume; et je ne trouve personne qui
s’efforce, selon mon désir, pour me désaltérer, en rendant quelque retour à mon
amour.”
Les grâces que Dieu répand dans nos
âmes, il faut les laisser germer et fructifier:
“Et après avoir jeté la semence,
il faut laisser agir la grâce de ce divin Cœur, lequel prendra soin de la
cultiver et faire fructifier par l’onction amoureuse de son ardente charité...”
[59]
7-3-2-La
prière de Marguerite-Marie
“Je communie et j’entends la
messe à votre intention. Pour d’autres prières, je n’en fais guère, outre celle
d’obligation, que le chapelet, que je dis fort indévotement, et avec tant de
peine que quelquefois j’en demeure toute interdite, et la parole me manque pour
poursuivre, mon divin Maître me rendant impuissante à le prier vocalement...”
Marguerite-Marie rencontre les
mêmes difficultés pour la lecture spirituelle, mais, au lieu des livres,
“l’aimable Cœur de mon Jésus m’est ouvert comme un grand livre où il me fait
lire des leçons admirables de son pur amour, lequel ne le rebute point pour
toutes mes résistances, car souvent je combats avec lui, mais il reste toujours
victorieux et moi confuse, et jamais n’a été un si bon directeur, car en
enseignant il donne le moyen de faire, ou bien il le fait lui-même... Je le sens
agir en moi si indépendamment de moi-même, que je ne peux faire autre chose que
d’adhérer et me soumettre à ce qu’il fait.”
[60]
7-3-3-Confiance face aux contradictions
“De tout cela je ne m’afflige
pas, puisque, ne cherchant en cela que l’accomplissement du bon plaisir de mon
Souverain, s’il le prend à détruire ce qu’il a commencé, je l’y prendrai aussi
avec lui, m’en faisant un de ma sensible douleur, sachant bien qu’il est assez
puissant pour soutenir, poursuivre et achever ce que lui-même a commencé; et que
pour cela, il se servira même de toutes les contradictions et oppositions de
tous ceux qui lui sont contraires, pour s’en servir d’un plus solide fondement,
afin de l’établir plus solidement.”
[61]
“Le divin Cœur de mon divin
Maître, comme un sage conducteur, ne me distribue de forces que ce qu’il m’en
faut justement en chaque occasion.”
[62]
7-4-Les promesses et les désirs du Sacré-Cœur de
Jésus
Dans la deuxième lettre au Père
Croiset, adressée à “son très cher frère dans le Sacré-Cœur de Jésus-Christ”
qui veut qu’elle le nomme dorénavant ainsi, Marguerite-Marie expose les
promesses du Sacré-Cœur à ceux qui l’aimeront:
“Le Sacré-Cœur de Jésus promet
de grandes récompenses à tous ceux qui s’emploieront à le faire régner... Que
vous êtes heureux d’être de ce nombre!... Je voudrais fondre d’actions de grâces
et de reconnaissance envers ce divin Cœur, pour les grandes grâces qu’il nous
fait en voulant bien se servir de nous pour aider à le faire connaître, aimer et
honorer des hommes... pour réparer les grandes amertumes et humiliations qu’ils
lui ont fait souffrir, dont il veut, par ce moyen, leur en appliquer les
mérites.”
7-4-1-Promesses pour tous les hommes et les familles
“Mais il fait connaître ce désir
être (sic) si excessif, qu’il promet que tous ceux qui se consacreront et
dévoueront à lui, pour lui donner ce plaisir que de lui rendre et procurer tout
l’amour, l’honneur et la gloire qui sera à leur pouvoir, suivant les moyens
qu’il leur en donnera, qu’il ne les laissera jamais périr, et qu’il leur sera un
asile assuré contre toutes les embûches de leurs ennemis, mais surtout à l’heure
de la mort que ce divin Cœur les recevrait amoureusement, mettant leur salut en
assurance, prenant soin de les sanctifier et de les rendre grands devant son
Père éternel, autant que l’on prendrait de peine d’agrandir le règne de son
amour dans les cœurs. Et que, comme il est la source de toutes les bénédictions,
il les répandrait abondamment dans tous les lieux où serait honorée l’image de
ce Sacré-Cœur, parce que son amour le presse de départir le trésor inépuisable
de ses grâces sanctifiantes et salutaires dans les âmes de bonne volonté,
cherchant des cœurs vides pour les remplir de la suave onction de son ardente
charité, pour les consommer (sic) et les transformer tout en lui. Il veut des
esprits humbles et soumis, sans curiosité que d’accomplir son bon plaisir. De
plus, qu’il réunirait les familles divisées -par ce moyen- et protégerait celles
qui seraient en quelque nécessité; et qu’il répandrait cette suave onction de sa
charité dans toutes les communautés religieuses où il serait honoré, et
lesquelles se mettraient sous sa particulière protection; qu’il en tiendrait
tous les cœurs unis pour n’en faire qu’un avec lui...”
[63]
7-4-2-Promesses pour la compagnie de Jésus
Au sujet des Pères de la Compagnie
de Jésus, à qui est réservée la grâce de faire connaître la valeur et l’utilité
de ce précieux trésor, où, plus l’on prend, plus il y a à prendre,
Marguerite-Marie écrit: “Ce divin Cœur répandra tellement la suave onction de
sa charité sur leurs paroles, qu’elles pénétreront comme un glaive à deux
tranchants les cœurs les plus endurcis, pour les rendre susceptibles à l’amour
de ce divin Cœur; et les âmes les plus criminelles seront conduites par ce moyen
à une salutaire pénitence...”
7-4-3-Promesses pour les rois et spécialement le Roi de France
[64]
Le Sacré-Cœur de Jésus a des désirs
très particuliers au sujet du Roi de France: “Il y a une autre chose dont je
me sens fort pressée, par le grand désir qu’il me fait connaître d’en avoir,
c’est que cette dévotion coure dans les palais des rois et des princes de la
terre, afin qu’il y reçût autant de plaisir, comme aimé et honoré des grands,
comme ont été grandes les amertumes et angoisses qu’il y a ressenties, lorsqu’en
sa Passion il y a été tant méprisé, outragé et humilié; et je vous avoue qu’il
me semble que cette dévotion servirait d’une grande protection à la personne de
notre roi, et pourrait bien donner d’heureux succès à ses armes et lui procurer
de grandes victoires...
7-5-Conseils au Père Croiset
Marguerite-marie ne ménagea pas ses
conseils au Père Croiset: “Je crois, selon ce qu’il (le divin Cœur) me le
fait connaître, qu’il ne veut pas vous ôter les mouvements contraires à cette
vertu d’humilité, pour vous laisser en cela une matière de combattre, afin
d’avoir lieu de récompenser vos victoires, et de plus, afin que vous soyez
continuellement sur vos gardes, avec une grande défiance de vous-même.”
[65]
En ce qui concerne la sainteté du
Père Croiset: ”Pour l’ardent désir qui vous presse de vous faire un saint,
oui, je l’espère de la grâce du Sacré-Cœur, lequel vous rendra un grand saint;
mais je pense qu’il vous sanctifiera à sa mode et non à la vôtre. C’est
pourquoi, laissez-le faire, le regardant toujours pour le glorifier en vous
anéantissant, et il vous regardera pour vous purifier en vous sanctifiant.”
[66]
En réponse à certaines répugnances
exprimées par le très jeune prêtre qu’était alors le Père Croiset,
Marguerite-Marie écrit: “Je crois que vous ne devez point écouter la peine
que vous sentez à confesser, car elle vous sera d’un grand mérite, si vous
persévérez courageusement. Dieu en sera glorifié, par le support charitable que
vous exercerez envers les pécheurs pénitents.”
[67]
Enfin, au sujet de la souffrance
”Il faut que vous soyez éprouvé et purifié, comme l’or dans le creuset, pour
l’exécution des desseins de Dieu. Ils sont grands, à la vérité, car il y aura
beaucoup à souffrir de la part du démon, des créatures et de nous-même. Et ce
qui vous paraîtra le plus rude sera lorsque Dieu vous semblera se mettre de
partie pour vous faire souffrir; mais vous n’avez rien à craindre, puisqu’il
vous aime de cette façon... Et puis, que devez-vous craindre, puisque vous dites
la sainte messe? Ô mon Dieu! que vous êtes heureux, et que vous lui devez rendre
d’actions de grâces, pour toutes celles dont il comble nos âmes par ce moyen.”
[68]
8
En guise de conclusion
8-1-Chantons avec Marguerite-Marie
Peut-être est-il temps maintenant,
de chanter avec Marguerite-Marie:
“Tout pour Dieu, rien pour moi!
Un seul cœur, un seul amour à un
seul Dieu!
Rien de souillé dans
l’innocence!
Rien de perdu dans la puissance!
Rien dans ce beau séjour qui n’y
soit consumé dans l’amour!
La Croix est ma gloire, l’amour
m’y conduit!
L’amour m’y possède, l’amour m’y
suffit!
Mon Dieu, mon unique et mon
tout, vous êtes tout à moi et je suis tout à vous!”
8-2-Quelques derniers conseils
Voici encore quelques conseils
prodigués à diverses personnes par une très grande sainte:
“Le Sacré-Cœur de Jésus est un
abîme d’amour où il faut abîmer tout l’amour-propre qui est en nous, avec toutes
ses mauvaises productions, qui sont les respects humains et désirs de nous
satisfaire...
Si vous vous trouvez dans un
abîme de sécheresse et d’impuissance, allez vous abîmer dans l’aimable Cœur de
Jésus qui est un abîme de puissance en vous, sans vouloir en goûter la suavité,
sinon quand il lui plaira.
Si vous êtes dans un abîme de
pauvreté, dénuée de tout et aussi de vous-même, allez vous abîmer dans le
Sacré-Cœur; il vous enrichira et vous vêtira avec plaisir si vous le laissez
faire.
Si vous êtes dans un abîme de
misères, allez les abîmer dans celui des miséricordes de ce Cœur adorable; et
là, en perdant vos misères, considérez-vous comme un composé de ses
miséricordes.
Si vous vous trouvez dans un
abîme d’orgueil et de vaine estime de vous-même, abîmez-le aussitôt dans celui
de l’humilité du Sacré-Cœur, où il vous fera perdre tout ce qui se soulève en
vous, pour vous revêtir de son anéantissement sacré, par l’amour à votre
abjection.
Si vous êtes dans un abîme
d’ignorance, allez vous abîmer dans l’aimable Cœur de Jésus, qui est un abîme de
science, où vous apprendrez à l’aimer et à faire ce qu’il désire de vous.
Si vous vous trouvez dans un
abîme de ténèbres, allez vous abîmer dans celui de lumière du divin Cœur; et là,
en perdant vos ténèbres, il vous revêtira de sa lumière à laquelle il vous faut
laisser conduire comme une aveugle qui ne veut plus rien regarder que dans cette
divine lumière.
Lorsque vous vous trouverez
plongée dans un abîme de tristesse, allez l’abîmer dans celui de la divine joie
de ce Sacré-Cœur, où vous en trouverez un trésor qui dissipera toutes vos
tristesses et afflictions d’esprit.
Quand vous vous trouverez dans
le trouble et l’inquiétude, allez vous abîmer dans la paix de ce Cœur adorable
que personne ne pourra vous ôter.
Si vous vous trouvez dans un
abîme de crainte, abîmez-vous dans celui de confiance du Sacré-Cœur; et là, vous
ferez céder la crainte à l’amour.
Lorsque vous vous trouverez dans
un abîme d’amertume et de souffrances, abîmez-vous dans le Sacré-Cœur de Jésus,
pour les unir aux siennes; et là vous trouverez un trésor de joie qui vous
rendra soumise à tout ce qu’il voudra faire de vous, pour souffrir tout en
silence sans vous plaindre.
Abîmez-vous souvent dans la
charité de cet aimable Cœur, afin que vous ne fassiez rien au prochain qui
blesse tant soit peu cette vertu, ne faisant rien à autrui que ce que vous
voudriez qui vous fût fait.”
Dîtes souvent en vous-mêmes:
“Puisque ce divin Cœur est à
moi, qu’est-ce qui peut me manquer? Et si je suis toute à lui, qui peut me
nuire?” Et sachez que:
”Vous ne pouvez lui donner de
plus forte marque d’amour, et qui lui soit plus agréable, que de le loger dans
l’édifice qu’il s’est lui-même bâti, qui est votre cœur, duquel il faut chasser
ces idoles que vous avez si longtemps adorées, soit de votre orgueil ou de votre
propre volonté, ou de quelque attache à la créature.
Par une profonde humilité, vous
creuserez les fondements du trône où règne le Sacré-Cœur. C’est le pur amour
divin, au milieu des ardeurs duquel il est toujours comme une victime
d’holocauste, immolée et sacrifiée à la gloire de son divin Père pour notre
amour.
Lorsque vous voudrez faire
oraison, entrez dans ce Sacré-Cœur comme dans un oratoire où vous trouverez de
quoi rendre à Dieu ce que vous lui devez, en offrant l’oraison de Notre Seigneur
pour suppléer aux défauts de la vôtre; aimant Dieu par l’amour de ce divin Cœur,
adorant par ses adorations, louant par ses louanges et opérant par ses
opérations, et voulant par ses volontés.”
8-3-Et enfin, quelques suggestions de
résolutions
“Quand je garderai le silence,
je l’unirai à celui de Jésus au Saint Sacrement. Quand j’obéirai, ce sera pour
honorer l’obéissance qu’il rend au prêtre. Quand je m’humilierai et mortifierai
mes sens, ce sera pour honorer l’humilité qu’il y pratique et la mortification
des siens. Je ferai tout mon possible pour me rendre douce et soumise,
mortifiant mes ressentiments et répugnances.”
Rien que des choses simples, mais quelle
perfection!
[1] Lettre
à Sœur Félice-Madeleine de la Barge (27 mai 1690)
[2] Extrait
des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise
N° 12
[3] Extrait
des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise
N°16
[4] Lettre
à la Mère Greyfié (1686)
[5] Extrait
des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise
N° 7 Dans Vie et Œuvres de Sainte Marguerite-Marie
Tome 2 N° 7 Éditions
Saint-Paul
[6] Extrait
des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise
N° 25
[7] Extrait
des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise
N°10
[8] Extrait
des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise
N° 20
[9] Extrait
des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise
N° 53
[10] Lettre
à la Mère de Saumaise (vers 1680)
[11] Lettre
à la Sœur Payelle (1681)
[12] Lettre
à Sœur Félice-Madeleine de la Barge (Mars 1689)
[13] Lettre
à la Mère de Saumaise (1682)
[14] Lettre
à la Mère de Saumaise (1687)
[15] Lettre
à la Mère de Saumaise (1684)
[16] Lettre
à la Mère de Saumaise (mai 1679)
[17]
Lettre à la Mère de Saumaise (1680)
[18] Lettre
à la Mère de Saumaise (1687)
[19] Lettre
à la Mère Marie-Félice Dubuysson (Janvier 1689)
[20] Lettre
à Sœur Félice-Madeleine de la Barge (5 janvier 1689)
[21] Lettre
à Sœur Jeanne-Madeleine Joly (10 avril 1690)
[22] Lettre
à Sœur Jeanne-Madeleine Joly (1689)
[23] Lettre
à la Mère Greyfié (1689 ou 1690 ?)
[24] Lettre
à une religieuse (non datée)
[25] Lettre
à la Mère Greyfié (1685)
[26] Lettre
à Sœur Jeanne-Madeleine Joly (1689)
[27] Notes
de retraite de 1684
[28] Lettre
à la Mère de Saumaise (12 août 1689)
[29] Lettre
à Sœur Félice-Madeleine de la Barge (21 août 1689)
[30] Lettre
à la Mère de Saumaise (Juillet 1688)
[31] Lettre
à la Mère Greyfié (1690 )
[32] Lettre
à la Sœur de la Barge (Mars 1688)
[33] Lettre
à Sœur Félice-Madeleine de la Barge (12 août 1688)
[34] Extrait
des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise
N° 6
[35] Lettre
à la Mère de Soudeilles (Juin 1685)
[36] Lettre
à Sœur Félice-Madeleine de la Barge (1686)
[37] Lettre
à la Sœur de la Barge (15 octobre 1687)
[38] Lettre
à la Mère de Soudeilles (Août 1685)
[39]Lettre
à Sœur Félice-Madeleine de la Barge (22 octobre 1689)
[40]Lettre
à la Mère de Saumaise (22 décembre 1689)
[41]
Lettre
à la Mère de Saumaise (1683)
[42] Lettre
à une religieuse ursuline
[43] Lettre
à la Mère de Saumaise
[44] Extraits
de “Fragments”Publiés dans Vie et Œuvres de Sainte
Marguerite-Marie Tome 2 Éditions Saint-Paul
[45] Lettre
à la Mère de Saumaise (Mars 1686)
[46] Lettre
à la Mère de Saumaise (Juillet 1688)
[47] Lettre
à la Mère de Saumaise
[48]
Première lettre au Père Croiset (4 avril 1689)
[49] Troisième
lettre au Père Croiset (15 septembre 1689)
[50] Troisième
lettre au Père Croiset (15 septembre 1689)
[51] Troisième
lettre au Père Croiset (15 septembre 1689)
[52] Deuxième
lettre au Père Croiset (10 ou 20 août 1689)
[53] Quatrième
lettre au Père Croiset (3 novembre 1689)
[54] Première
lettre au Père Croiset (4 avril 1689)
[55] Deuxième
lettre au Père Croiset (10 ou 20 août 1689)
[56] Première
lettre au Père Croiset (4 avril 1689)
[57]
Deuxième lettre au Père Croiset (10 ou 20 août 1689)
[58] Quatrième
lettre au Père Croiset (3 novembre 1689)
[59] Quatrième
lettre au Père Croiset (3 novembre 1689)
[60] Sixième
lettre au Père Croiset (17 janvier 1690)
[61] Neuvième
lettre au Père Croiset (16 mai 1690)
[62]
Septième lettre au Père Croiset (18 février 1690)
[63] Deuxième
lettre au Père Croiset (10 ou 20 août 1689)
[64] Troisième
lettre au Père Croiset (15 septembre 1689)
[65] Deuxième
lettre au Père Croiset (10 ou 20 août 1689)
[66] Sixième
lettre au Père Croiset (17 janvier 1690)
[67] Neuvième
lettre au Père Croiset
[68]Dixième
lettre au Père Croiset (21 août 1690)
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