“Ad Gentes”
“Envoyée par Dieu
aux peuples pour être le Sacrement universel du salut, l’Église,...
obéissant au commandement de son Fondateur, est tendue de tout son
effort vers la prédication de l’Évangile à tous les hommes. Les apôtres
eux-mêmes, en effet, sur lesquels l’Église a été fondée, ont suivi les
traces du Christ, prêché la parole de vérité et engendré des églises. Le
devoir de leurs successeurs est de perpétuer cette œuvre.”
De nos jours,
compte tenu des conditions nouvelles pour l’humanité, l’Église est
appelée de façon encore plus pressante au salut de tous les hommes. (1)
Le dessein du
Père
“De sa nature,
l’Église, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire,
puisqu’elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission
du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père.”
Ce dessein découle
de la Charité du Père, Principe sans Principe, de qui le Fils est
engendré et de qui procède le Saint-Esprit. Dieu qui, dans son immense
Amour, nous a créés et nous a appelés à partager avec lui sa vie et sa
gloire, continue à répandre sur nous sa Miséricorde, et nous invite à
constituer un peuple rassemblant dans l’unité ses enfants dispersés. (2)
La Mission du
Fils
“Pour affermir la
paix, autrement dit la communion avec lui, et pour établir la fraternité
entre les hommes... Dieu décida d’entrer dans l’histoire humaine... en
envoyant son Fils dans notre chair, afin d’arracher par lui les hommes à
l’empire des ténèbres et de Satan, et de se réconcilier le monde...”
Jésus Christ est
le médiateur entre Dieu et les hommes; c’est Lui le Nouvel Adam, chef de
l’humanité régénérée, rempli de grâce et de vérité. “Par les voies
d’une incarnation véritable, le Fils de Dieu est venu pour faire
participer les hommes à la nature divine; il s’est fait pauvre alors
qu’il était riche afin de nous enrichir par sa pauvreté.”
Jésus-Christ est venu pour servir et donner sa vie en rançon pour nous
tous. “Il a assumé la nature humaine dans toute sa réalité... mais
elle est chez lui sans péché.” Et l’Esprit du Seigneur est sur lui.
Le Christ Jésus a été envoyé par l’Esprit pour porter la Bonne Nouvelle
aux pauvres... chercher et sauver ce qui était perdu. “Ce qui a été
une fois prêché par le Seigneur ou accompli en lui pour le salut du
genre humain, doit être proclamé et répandu jusqu’aux extrémités de la
terre.”(3)
La mission du
Saint-Esprit
“Le jour de la
Pentecôte, le Saint-Esprit descendit sur les disciples pour demeurer
avec eux à jamais... C’est à la Pentecôte que commencèrent les actes des
Apôtres... C’est le Saint-Esprit qui unifie l’Église tout entière dans
la communion et le ministère, et qui la munit des divers dons
hiérarchiques et charismatiques.”
(4)
L’Église est
envoyée par le Christ
Jésus appela à lui
ses douze apôtres pour les envoyer prêcher. Après sa mort et sa
résurrection, “le Seigneur qui avait tout pouvoir au ciel et sur la
terre, fonda son Église comme le sacrement du salut avant d’être élevé
au ciel... Il envoya ses apôtres dans le monde entier en leur donnant
cet ordre: “Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les
baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit...”
“La mission de
l’Église s’accomplit donc par l’opération au moyen de laquelle,
obéissant à l’ordre du Christ, et mue par la grâce de l’Esprit-Saint et
la charité, elle devient un acte plénier présent à tous les hommes et à
tous les peuples, pour les amener, par l’exemple de sa vie, par la
prédication, par les sacrements et les autres moyens de grâce, à la foi,
à la liberté, à la paix du Christ... pour participer pleinement au
mystère du Christ...”
L’Église continue
la mission du Christ en suivant la route qu’Il a suivie sous la poussée
de l’Esprit-Saint, c’est-à-dire “la route de la pauvreté, de
l’obéissance, du service et de l’immolation de soi dont il est sorti
victorieux par sa résurrection.” (5)
“Cette tâche,
c’est par l’Ordre des évêques, à la tête duquel se trouve le successeur
de Pierre, qu’elle doit être accomplie, avec la prière et la
collaboration de toute l’Église. Elle est unique et la même partout”
bien
que les conditions de sa mise en œuvre, généralement progressive,
dépendent des conditions liées à l’Église, aux peuples ou aux groupes
humains à qui elle s’adresse. “Les initiatives particulières par
lesquelles les prédicateurs de l’Évangile, envoyés par l’Église dans le
monde entier... sont communément appelées missions.”
Le but de ces
missions est l’évangélisation des peuples où l’Église n’est pas encore
implantée. Le moyen principal de cette évangélisation est la prédication
de l’Évangile de Jésus-Christ. Ensuite, quand l’Église est implantée,
“l’action missionnaire ne cesse pas: le devoir incombe aux églises
particulières déjà formées de la continuer et de prêcher l’Évangile à
tous ceux qui sont encore au dehors... L’activité missionnaire découle
profondément de la nature même de l’Église; elle en propage la foi qui
sauve, elle en réalise l’unité catholique en la répandant,
l’apostolicité de l’Église lui donne sa vigueur, elle met en œuvre le
sens collégial de sa hiérarchie, elle en atteste, répand et procure la
sainteté.”
Le décret Ad
Gentes évoque alors les méfaits de la division des Chrétiens et
incite tous les baptisés à se regrouper en un seul troupeau afin de
rendre témoignage du Christ devant les nations. (6)
Dieu veut que tous
les hommes connaissent la vérité et soient sauvés: c’est la véritable
raison d’être de l’activité missionnaire. “Il faut donc que
tous se convertissent au Christ connu par la prédication de l’Église, et
qu’ils soient incorporés par le Baptême à Lui et à l’Église qui est son
Corps.” Certes, il y a des hommes qui, sans faute de leur part,
ignorent l’Évangile. Ils seront sauvés s’ils ont vécu selon leur
conscience, et l’Église se doit de poursuivre son activité missionnaire,
“aujourd’hui comme toujours... C’est par elle que le Corps mystique
du Christ rassemble et ordonne sans cesse les forces en vue de son
propre accroissement.” Ce faisant, l’activité missionnaire glorifie
Dieu. (7)
“L’activité
missionnaire possède un lien intime avec la nature humaine elle-même et
ses aspirations... Le Christ et l’Église qui rend témoignage à son sujet
par la prédication, transcendent tout particularisme de race ou de
nation... Le Christ lui-même est la vérité et la voie que la prédication
évangélique découvre à tous, en portant aux oreilles de tous ces paroles
du même Christ: Faites pénitence et croyez à l’Évangile... car c’est
seulement en faisant mourir ce qui est vieux que nous pouvons parvenir à
la nouveauté de vie.”
Tous les hommes
ont besoin du Christ, Modèle, Maître, Libérateur et Sauveur. Pour nous
tous, le Christ a donné sa vie, et l’Évangile a toujours été et
continuera d’être un ferment de liberté et de progrès, un ferment de
fraternité, d’unité et de paix. (8)
Il ne faut pas
oublier -et le Décret Ad Gentes insiste sur ce dernier point-
l’aspect eschatologique de l’activité missionnaire, “car avant la
venue du Seigneur, il faut que la bonne nouvelle soit proclamée à toutes
les nations.” Rien ne périt de ce qui est bon dans l’homme, “mais
il doit être purifié, élevé et porté à sa perfection pour la gloire de
Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme.” (9)
L’œuvre
missionnaire
Des milliards
d’hommes n’ont pas encore été évangélisés. Aussi la tâche de l’Église
est-elle énorme. Il faut que l’Église soit présente dans tous les
groupements humains.(10) “Tous les chrétiens sont tenus de
manifester, par l’exemple de leur vie et le témoignage de leur parole,
l’homme nouveau qu’ils ont revêtu par le baptême, et la force du
Saint-Esprit qui les a fortifiés au moyen de la confirmation...”
Aussi les chrétiens, “profondément pénétrés de l’Esprit du Christ”,
doivent-ils être présents dans les groupements humains, connaître les
hommes qui les composent et au milieu desquels ils vivent, établir avec
eux un dialogue sincère et patient, et s’efforcer de laisser briller
autour d’eux la lumière évangélique “qui ramènera leurs frères sous
l’autorité du Dieu Sauveur.” (11)
Présence
de la charité
“La présence des
chrétiens dans les groupements humains doit être animée de cette charité
dont nous a aimés Dieu qui veut que nous aussi nous nous aimions
mutuellement de la même charité. La charité chrétienne s’étend
véritablement à tous les hommes, sans aucune distinction de race, de
condition sociale ou de religion; elle n’attend aucun profit ni aucune
reconnaissance... De même l’Église est, par ses fils, en liaison avec
tous les hommes... et de tout son cœur elle se sacrifie pour eux.
Les chrétiens
doivent donc travailler, ils doivent collaborer avec tous les autres...
” et
prendre une part active à l’amélioration des conditions de vie. “Ils
doivent se dévouer avec un soin spécial à l’éducation des enfants et des
jeunes au moyen d’écoles de toutes sortes... C’est un service de très
haute valeur pour les hommes, surtout pour les nations qui montent...
Mais l’église ne
veut en aucune manière s’ingérer dans le gouvernement de la cité
terrestre. Elle ne revendique pour elle-même d’autre titre que celui
d’être au service des hommes, Dieu aidant, par sa charité et son
service fidèle.”
(12)
La prédication
de l’Évangile et le rassemblement du Peuple de Dieu
“Partout où Dieu
ouvre un champ libre à la prédication pour proclamer le mystère du
Christ, on doit annoncer, à tous les hommes... le Dieu vivant et Celui
qu’Il a envoyé pour le salut de tous, Jésus-Christ, pour que les
non-chrétiens, le Saint-Esprit ouvrant leur cœur, croient et se
convertissent librement au Seigneur...”
Cette conversion
initiale introduit dans le mystère de l’amour de Dieu et incite le
nouveau converti à entreprendre l’itinéraire spirituel, parfois semé
d’épreuves, qui le fera passer du vieil homme à l’homme nouveau.(13)
“Ceux qui ont reçu
de Dieu par l’intermédiaire de l’Église la foi au Christ doivent être
admis au catéchuménat... formation à la vie chrétienne intégrale... et
apprentissage adapté par lesquels les disciples sont unis au Christ.
Cette initiation chrétienne au cours du catéchuménat doit être l’œuvre,
de toute la communauté des fidèles... La vie de l’Église étant
apostolique, les catéchumènes doivent apprendre à coopérer activement
par le témoignage de leur vie et la profession de leur foi, à
l’évangélisation et à la construction de l’Église. ”
(14)
La
formation de la communauté chrétienne
Ceux que
l’Esprit-Saint a appelés, qui croient au Christ, et qui ont été baptisés
sont rassemblés “en un seul Peuple de Dieu qui est une race élue, un
sacerdoce royal, une nation sainte, le Peuple que Dieu s’est acquis...
Les missionnaires doivent faire naître des assemblées de fidèles... qui
soient telles qu’elles puissent exercer les fonctions à elles confiées
par Dieu: sacerdotale, prophétique, royale...”
Par le sacrifice
eucharistique la communauté chrétienne devient signe de la présence de
Dieu, témoigne du Christ et marche dans la charité.
La communauté des
fidèles, pénétrée de l’esprit évangélique, pourvoit elle-même à ses
besoins. Des écoles valables, et des associations faciliteront
l’apostolat des laïcs et l’exercice de la charité. “Les chrétiens
venus de tous les peuples et rassemblés dans l’Église doivent vivre pour
Dieu et le Christ selon les usages et le comportement de leur pays, pour
cultiver vraiment et efficacement, en bons citoyens l’amour de la
patrie, pour éviter cependant de manière absolue le mépris à l’égard des
races étrangères, le nationalisme acerbe, et promouvoir l’amour
universel des hommes.”
Après avoir
précisé l’importance de l’action des laïcs, le décret rappelle la
nécessité des ministères divers, suscités par l’appel divin, au sein
même de l’assemblée des fidèles: les prêtres, les diacres et les
catéchistes, les religieux et les religieuses. (15)
Il est
indispensable, en effet, que se constitue un clergé local “et que les
jeunes églises acquièrent peu à peu une structure diocésaine avec leur
clergé propre.” Il conviendra de veiller à la formation spirituelle,
doctrinale et pastorale de ces jeunes églises qui apprendront à se
consacrer au service du Corps du Christ et à l’œuvre d’évangélisation.
La formation sacerdotale, pratiquée dans un esprit d’œcuménisme,
intégrera l’histoire et le but de “l’action missionnaire de l’Église
et les conditions particulières, sociales, économiques et culturelles de
leur propre peuple.”
Le décret Ad
Gentes souhaite également que des prêtres venant du clergé local
soient envoyés dans des universités étrangères et surtout romaines.
“Et là où les Conférences épiscopales le jugeront opportun, l’ordre du
diaconat devra être rétabli comme état de vie permanent, selon les
dispositions de la Constitution sur l’Église.[1]”
(16)
Les catéchistes
ont un rôle essentiel à jouer.“Leur formation doit donc être
tellement menée à bien et accomodée au progrès culturel qu’ils puissent
remplir le plus parfaitement possible leur fonction en collaborateurs
efficaces de l’ordre sacerdotal... Il faut donc multiplier les écoles
diocésaines et régionales dans lesquelles les futurs catéchistes
cultiveront avec soin la doctrine catholique, surtout en matière
biblique et liturgique...” (17)
Enfin le décret
insiste sur la nécessité d’introduire la vie religieuse sous ses
diverses formes, dans les jeunes églises. “La vie contemplative
relevant du développement complet de la présence de l’Église, il faut
qu’elle soit instaurée partout dans les jeunes églises.” (18)
Les églises
particulières
Les
jeunes Églises
“Dans les jeunes
Églises, la vie du Peuple de Dieu doit acquérir sa maturité dans tous
les domaines de la vie chrétienne... Les assemblées de fidèles doivent
devenir des communautés de foi, de liturgie et de charité. Les familles
doivent devenir des séminaires d’apostolat des laïcs et de vocations
sacerdotales et religieuses... Les moyens de communication sociale
seront employés de manière opportune et prudente.”
Les évêques, de
plus en plus pénétrés du sens du Christ et de l’Église,“doivent
sentir et vivre avec l’Église universelle. Intime doit demeurer la
communion des jeunes Églises avec l’Église tout entière; elles doivent
en joindre les éléments traditionnels à leur culture propre pour
accroître la vie du Corps Mystique par des échanges mutuels.”
Les jeunes
églises,“situées très souvent dans des contrées plus pauvres du
globe, souffrent d’une insuffisance, d’ordinaire très grave, de prêtres
et d’un manque de subsides matériels. Aussi ont-elles un grand besoin
que l’action missionnaire continuée, de l’Église tout entière, leur
procure les secours qui servent tout d’abord au développement de
l’église locale et à la maturité de la vie chrétienne... Cette action
missionnaire doit aussi apporter son aide aux églises fondées de longue
date, qui se trouvent dans un état de régression et de faiblesse.”
(19)
L’activité
missionnaire des jeunes Églises
L’église
particulière doit savoir qu’elle aussi est envoyée à ceux qui ne
connaissent pas encore le Christ.
“Le ministère de
la parole est indispensable pour que l’Évangile parvienne à tous.”
L’évêque doit donc, d’abord et avant tout, être un prédicateur de la foi
qui amène au Christ de nouveaux disciples. “Dans les jeunes églises,
les prêtres locaux doivent entreprendre avec ardeur l’œuvre de
l’évangélisation, organisant une action commune avec les missionnaires
étrangers avec lesquels ils forment un seul presbytérium parfaitement
uni sous l’autorité de l’évêque... Du même zèle doivent brûler les
religieux et les religieuses, et de même les laïcs à l’égard de leurs
concitoyens...
Les Conférences
épiscopales doivent veiller à ce que, à des époques fixes, soient
organisés des cours de renouvellement biblique, théologique, spirituel
et pastoral...”
car les églises
doivent avoir des prêtres capables. Enfin, il convient tout à fait que
les jeunes églises participent effectivement, et le plus tôt possible, à
la mission universelle de l’Église.(20)
La présence active
des laïcs est indispensable: ils appartiennent aussi au Christ, tout
dans leur vie et leurs actions nouvelles (après leur baptême) doit, dans
le Christ, être soumis à Dieu afin que Dieu soit tout en tous. “Leur
principal devoir c’est le témoignage du Christ... Il faut donc
qu’apparaisse en eux l’homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et
la sainteté véritable.” Ils doivent exprimer cette nouveauté de vie
dans leur milieu social et culturel afin de les transformer. “Ils
doivent se joindre à leurs concitoyens avec une charité sincère, afin
que, dans leur comportement apparaisse un nouveau lien d’unité et de
solidarité universelle, puisé dans le mystère du Christ.” Ils
doivent aussi répandre la foi du Christ autour d’eux.
L’apostolat des
laïcs est difficile et grandement estimable. Les ministres de l’Église
auront à cœur de les former, de les instruire profondément dans le
mystère du Christ.(21)“La semence qui est la parole de Dieu venant à
germer dans une bonne terre... portera un fruit abondant... Les jeunes
églises enracinées dans le Christ... empruntent aux coutumes et aux
traditions de leurs peuples, à leur sagesse, à leur science... tout ce
qui peut contribuer à manifester la Gloire du Créateur...” On
examinera comment la philosophie et les sagesses des peuples peuvent
s’accorder avec les mœurs chrétiennes, mais “toute apparence de
syncrétisme et de faux particularisme sera repoussée.” (22)
Les
missionnaires
“Le Christ appelle
toujours parmi ses disciples ceux qu’il veut pour qu’ils soient avec lui
et pour les envoyer prêcher aux peuples païens... Aussi, par le
Saint-Esprit... inspire-t-il la vocation missionnaire dans le cœur
d’individus et suscite-t-il dans l’Église des Instituts qui se chargent
de la mission d’évangélisation.”
Il s’agit ici de
vocations spéciales douées de certaines aptitudes particulières.
“Envoyés par l’autorité légitime, ils partent dans la foi et
l’obéissance vers ceux qui sont loin du Christ, et pour l’œuvre en vue
de laquelle ils ont été choisis.” (23)
Quand Dieu
appelle, l’homme doit répondre et s’attacher tout entier à l’œuvre de
l’Évangile. “Mais cette réponse ne peut être donnée qu’à l’invitation
et avec la force de l’Esprit-Saint.” Le missionnaire doit donc être
prêt à renoncer à lui-même et à se faire tout à tous. Il doit avoir
l’audace de parler comme il le faut, “sans rougir, du scandale de la
Croix. Suivant les traces de son Maître qui est doux et humble de
cœur... il doit rendre témoignage à son Seigneur et même, si c’est
nécessaire, jusqu’à l’effusion du sang.” (24)
La
formation des missionnaires
“Le futur
missionnaire doit être préparé à une si noble tâche par une formation
spirituelle et morale spéciale. Il doit être prompt à prendre des
initiatives, avoir de la constance pour mener à bout ses œuvres,
persévérant dans les difficultés; il doit supporter patiemment,
courageusement, la solitude, la fatigue, le travail stérile...Il
s’adaptera généreusement aux mœurs étrangères des peuples, aux
situations changeantes... En plein accord avec eux et avec une charité
réciproque, il apportera son travail et son aide à ses frères... en
sorte qu’ils soient, à l’imitation de la communauté apostolique, un seul
cœur et une seule âme...
Pénétré d’une foi
vive et d’une espérance inébranlable, le missionnaire doit être un homme
de prière... Par l’esprit de sacrifice, il doit porter en lui l’état de
mort de Jésus, afin que la vie de Jésus opère en ceux à qui il est
envoyé.”
Le missionnaire
continuera ainsi la mission du Christ sous l’autorité hiérarchique de
l’Église.(25)
“Tous les
missionnaires -prêtres, frères, sœurs, laïcs- doivent être préparés et
formés chacun selon sa situation... Leur formation doctrinale doit être
organisée de telle manière qu’elle embrasse l’universalité de l’Église
et la diversité des nations...”
De plus, il est
abssolument nécessaire “au futur missionnaire de s’adonner aux études
missiologiques, c’est-à-dire de connaître la doctrine et les règles de
l’Église sur l’activité missionnaire, de savoir quels chemins les
messagers de l’Évangile ont parcourus au cours des siècles, ainsi que la
situation actuelle des missions, en même temps que les méthodes jugées
actuellement plus efficaces... Le plus grand nombre possible de frères
et de sœurs doivent être instruits convenablement de l’art de la
catéchèse...” Le décret souhaite aussi que les instruments
techniques et les moyens de communication soient utilisés.(26) Le décret
Ad Gentes loue les œuvres accomplies par les instituts
missionnaires, et les estiment toujours absolument indispensables.(27)
Le décret donne de
nombreux conseils pratiques sur l’organisation de l’activité
missionnaire, tant des individus que des instituts, et toujours sous
l’autorité du Pontife romain.(28 à 34)
La
Coopération
“L’Église étant
tout entière missionnaire, et l’œuvre de l’évangélisation étant le
devoir fondamental du peuple de Dieu, le Saint Concile invite tous les
chrétiens à une profonde rénovation intérieure, afin qu’ayant une
conscience vive de leur propre responsabilité dans la diffusion de
l’Évangile, ils assument leur part dans l’œuvre missionnaire auprès des
païens.”
(35) Tous les
fidèles, quels qu’ils soient, “ sont tenus de coopérer à l’expansion
et au développement de son Corps, pour l’amener le plus vite possible à
sa plénitude... Tous les fils de l’Église doivent avoir une vive
conscience de leur responsabilité à l’égard du monde, nourrir en eux un
esprit véritablement catholique et dépenser leurs forces pour l’œuvre de
l’évangélisation.” Et cela, en vivant leur foi chrétienne le mieux
possible.
Enfin, tous les
chrétiens doivent aussi connaître la situation de l’Église dans le monde
et entendre la voix des multitudes qui demandent de l’aide.(36) C’est
généralement aux communautés chrétiennes “qu’il appartient de rendre
témoignage au Christ devant les nations... C’est ainsi que la communauté
tout entière prie, coopère, exerce une activité parmi les peuples
païens, par l’intermédiaire de ses fils que Dieu choisit pour cette
fonction si magnifique.” Il sera souvent utile de garder contact
avec les missionnaires sortis de sa communauté, ou avec une paroisse ou
un diocèse des missions.(37)
Il ne faut pas
oublier que tous les évêques ont été consacrés pour le salut du monde
entier, et que, sous la dépendance de Pierre, ils doivent prêcher
l’Évangile, le diocèse de chaque évêque devenant ainsi missionnaire avec
lui.(38) En ce qui concerne le devoir missionnaire des évêques, le
décret Ad Gentes donne une certain nombre de conseils
d’organisation, notamment avec les Conférences épiscopales.(38)
Tous les prêtres,
qui représentent le Christ, doivent “comprendre à fond, que leur vie
a été consacrée aussi au service des missions.” Pour ce faire, ils
stimuleront le zèle des fidèles pour l’évangélisation du monde.“Ils
enseigneront aux familles chrétiennes la nécessité et l’honneur de
cultiver des vocations missionnaires parmi leurs propres fils et
filles...” Enfin les prêtres “ne devront pas rougir de demander
des aumônes pour les missions, devenant comme des mendiants pour le
Christ et le salut des âmes.” (39)
Tous les Instituts
religieux, qu’ils soient de vie contemplative ou active, ont une très
grande importance “dans la conversion des âmes, puisque c’est Dieu
qui envoie à notre prière des ouvriers pour sa moisson... Bien plus, ces
Instituts sont invités à fonder des maisons dans les territoires des
missions... Ils rendent ainsi parmi les non-chrétiens un magnifique
témoignage de la majesté et de la charité de Dieu, et de l’union dans le
Christ.” (40)
Les laïcs sont des
témoins dans l’œuvre d’évangélisation.“Dans les territoires des
missions, les laïcs, qu’ils soient étrangers ou autochtones, doivent
enseigner dans les écoles, avoir la gestion des affaires temporelles,
collaborer à l’activité paroissiale et diocésaine, établir et promouvoir
les diverses formes de l’apostolat des laïcs, pour que les fidèles des
jeunes églises puissent assumer le plus vite possible leur propre part
dans la vie de l’Église.” (41)
Conclusion
“Les Pères du
Concile sentent très profondément le devoir d’étendre partout le Règne
de Dieu...”
Comme tous ceux
qui souffrent la persécution, ils “sont enflammés du même amour dont
le Christ a brûlé pour les hommes... Ils répandent leurs prières avec
tous les chrétiens pour que, par l’intercession de la Vierge Marie,
Reine des Apôtres, les nations soient amenées le plus tôt possible à la
connaissance de la vérité, et que la gloire de Dieu qui resplendit sur
la face du Christ commence à luire pour tous par le Saint-Esprit.”
(42)
[1] Princeps
Pastorum
de Jean
XXIII, du 28 nov. 1959
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